Jurassic Park World RPG
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 Tirer un trait sur le passé - Mise au point

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Cole Hudson
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Cole Hudson


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MessageSujet: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyVen 27 Jan 2023 - 18:12

Mercredi 10 juin 2015


■■■ Part 1 ■■■

Musique :
Spoiler:

Derrière son bureau, Cole broyait du noir. Le regard sévère, il agite énergiquement son crayon sur quelques morceaux de papiers qu’il indiffère. Des contrats, des requêtes et documents variés qu’il valide ou non selon certains critères bien définis. Budgets, protocoles, processus, chartes, etc. Multitudes d’éléments rébarbatifs qui divaguent dans sa tête à longueur de journée mais qu’il a appris à apprécier. S’il avait repris très sérieusement ses fonctions dès les premiers jours de son retour, l’inquiétude avait rapidement fini par le rattraper. Cela se répercutait grandement sur sa capacité de concentration et donc d’une certaine façon sur son travail. Sans aller dire qu’il négligeait les tâches qu’il devait accomplir, il passait néanmoins beaucoup de son temps libre à quémander des rapports réguliers à Angel qu’il avait mis dans la combine, comme elle aimait à le dire. La connaissant, elle devait commencer probablement à en avoir marre de lui puisque sa réponse était toujours par la négative. Shivak lui avait pourtant dit 5 à 10 jours. Cela faisait désormais exactement 13 jours et il n’avait pas eu, pas une seule fois, la moindre nouvelle de sa part. Et lorsque Cole, résigné à ne pas le faire au départ, avait finalement tenté de l’appeler sur le numéro que ce dernier avait enregistré dans ses contacts, il tombait directement sur le répondeur. Le jeune homme était pris d’un profond désarroi. Personne. Il n’y avait juste aucune activité suspecte, rien d’anormal et rien qui correspondait à ce que lui avait décrit l’ancien agent de la Chimère. Est-ce qu’il s’était tout simplement foutu de sa gueule ? Est-ce qu’il s’était joué de lui pour mieux s’enfuir ? Est-ce qu’il lui avait donc menti ? Et si c’était le cas, est-ce que cela devait réellement l’étonner ? Après tout et il fallait se rendre à l’évidence, cela ne serait pas la première fois que Cole se faisait manipuler et/ou qu’on se jouait de lui.

La problématique, c’était qu’il transmettait malgré lui ses sentiments, son stress et sa tension à Priscilla qui, sans qu’elle ne le dise vraiment, commençait elle aussi à douter des dires de son compagnon. Elle se méfiait et il sentait sur lui poser ses regards lourds pleins de questions. On pouvait le dire, Cole n’avait pas été une source fiable jusqu’à maintenant, pour de multiples raisons, et pendant un temps n’avait pas été entièrement sincère avec elle non plus. Ça aussi il le savait et il espérait au fond qu’elle s’armerait de patience car il savait qu’il ne tiendrait pas sans elle. S’il avait réussi à la convaincre en premier lieu lors de leur retrouvaille à San Diego, pouvait-on alors la blâmer d’une quelconque façon de douter maintenant un tant soit peu quand lui-même n’avait aucune certitude de ce qu’il allait advenir ensuite ? Mais Priscilla n’était pas du genre à se laisser abattre ni à se laisser faire. Elle n’avait donc pas hésité à le confronter sur le sujet et si au début cela avait provoqué une violente dispute entre le jeune couple, Cole s’était rapidement ravisé. Il lui avait présenté ses excuses et lui avait alors expliqué que lui aussi ne comprenait pas tellement ce qu’il se tramait et si même, à vrai dire, quelque chose se tramait tout court. Cependant, il n’avait pas totalement baissé les bras non plus. Il s’accrochait tant bien que mal au dernier petit espoir qui le maintenait hors de l’eau. Et donc, dès le dixième jour, il appelait désormais régulièrement Angel pour lui demander son rapport. Alors qu’il l’avait interceptée devant une machine à café, elle avait fini par gentiment lui faire comprendre qu’à la moindre mouche suspecte elle l'appellerait aussitôt mais qu’il fallait désormais qu’il la laisse faire son boulot. Sans surprise. Cole pouvait vraiment être chiant et insistant quand il le voulait et c’était aussi ça qui le rendait professionnellement aussi tenace.

Aujourd’hui, le gérant était ainsi une nouvelle fois accroché à son téléphone. Il signait un document, un de plus et, entre chaque coup de crayon, allumait machinalement son portable qu’il laissait traîner à proximité sur son bureau. Il était littéralement près à le dégainer à chaque instant. Entre ses quelques péripéties, la vie sur Isla Nublar avait bel et bien changé. Les protocoles étaient devenus complexes et parfois alambiqués. Le courrier était systématiquement fouillé, les plateformes de transferts en ligne et les portails interactifs internes étaient protégés par des certicodes liées aux téléphones professionnels et/ou personnels de chaque employé. Chaque manipulation, chaque faits et gestes étaient systématiquement surveillés par les rangers et les informaticiens, que ce soit sur le net ou physiquement. Des fouilles et des contrôles étaient réalisés aux diverses entrées du Jurassic World, voire même dans l’enceinte du parc parfois aléatoirement à la moindre suspicion. Rien n’était laissé au hasard. Rien n’était ignoré. Angel n’avait donc pas seulement suivi les conseils de Cole et les menaces de Shivak, elle avait contribué en seulement deux ans a triplé la sécurité de l’intégralité de l’île. Si bien que lorsque cette dernière lui disait surveiller la moindre mouche suspecte, il fallait presque la prendre au mot. C’était à la fois effrayant et fascinant les moyens matériels, financiers mais aussi humains qui étaient mis à disposition et déployés sur Isla Nublar. Le gérant signait d’ailleurs encore aujourd’hui des demandes les concernant pour un composé capable d’endormir un dinosaure de plusieurs tonnes en une seconde. C’était notamment un cocktail élaboré et mis au point par un chasseur de gros gibier qui avait déjà côtoyé les créatures sur Isla Sorna des années auparavant. Un échantillon devrait être livré dans un mois, tout au plus.

C’est notamment cette ambiance étouffante qui avait immédiatement inquiété le jeune homme pour Shivak et en partie parce que ce dernier ne lui avait absolument rien dit et rien donné concernant sa possible infiltration sur l’île. Cole n’avait aucune idée de comment il comptait s’y prendre et s’il pouvait seulement y arriver. Et si ce cloporte était tout simplement mort ? Il lui avait dit qu’il avait des choses à régler mais aurait-il pu en réalité échoué dans sa mission ? Et s’il avait été capturé ? Avec les informations que le gérant avait à sa disposition, il était tout à fait naturel de s’attendre au pire. Tellement de personnes voulaient potentiellement mettre la main sur lui que ça en donnait le tournis. Cet abruti s’était vraiment mis tout le monde à dos…

Assise en face de lui, Priscilla était au téléphone et réglait les dernières préparations de quelques rendez-vous prévus dans la journée. Il était notamment convenu que Claire rencontre des membres du conseil de Verizon Wireless, une importante entreprise de télécommunications spécialisée dans les services mobiles. L’objectif étant de convaincre et de conclure un marché avec Hal Osterly, vice-président de cette compagnie, Jim Drucker, responsable du service financier et Erica Brand, secrétaire générale, pour sponsoriser la prochaine attraction du parc : l’Indominus Rex. La journée allait être chargée pour tout le monde et Cole avait gentiment proposé de remplacer Claire pour la partie administrative pour qu’elle puisse au moins passer un moment avec ses deux neveux qui arriveraient dans la matinée. Priscilla posait sa main sur le combiné de son téléphone fixe pour étouffer sa voix. Elle adressait alors un regard insistant au jeune homme pour attirer son attention et mimait un “ça va ?” avec ses lèvres. Cole se contentait d'acquiescer en reposant lui-même son portable qu’il venait à nouveau de regarder et se saisissait de son crayon pour signer le dernier document de cette première vague. Le reste se ferait essentiellement sur son ordinateur. Durant ces derniers jours, Priscilla s’était notamment attelée à lui montrer les dernières nouveautés et les quelques protocoles numériques désormais mis en place et utilisés au quotidien par les employés du Jurassic World. Cole appuyait sur la barre d’espace et entrait le code de sa session, code qui changeait désormais toutes les deux semaines, encore une fois par mesure de sécurité. À peine eut-il posé les mains sur son clavier et sa souris qu’une vibration bien distinctive se répercuta sur son bureau. Il avait beau être sur le qui-vive, le gérant sursauta malgré tout et attrapa son téléphone portable immédiatement. Dans la précipitation, il manqua de peu de le faire tomber et eut un haut le cœur lorsqu’il vit enfin le numéro s’afficher. Il décrochait sans plus attendre et, d’une voix presque tremblante, s’annonçait à la personne au bout du fil.

« Cole Hudson, je t’écoute. »
« Le colis est réceptionné »

À ces mots, le jeune homme déglutit. Il n’était définitivement pas prêt. La gorge serrée, il marquait un silence suffisamment long pour que la ranger l’interpelle à nouveau.

« D’accord… Très bien. Amenez-les au point de rendez-vous, j’y serais avant vous si tout va bien. À tout de suite. Merci Angel. »

Cole raccrochait et gardait le téléphone en main quelques instants. Il était soudain pris de vertiges et restait là complètement bouche bée. Il n’avait qu’une dizaine de minutes devant lui.

C’était donc maintenant ? C’était maintenant que tout allait commencer ? Shivak lui avait donc bel et bien dit la vérité ?

Cette révélation provoquait un sifflement strident dans ses oreilles et un mal de crâne insupportable l’envahissait soudainement. La main sur le front, les sourcils froncés, Cole avait attendu et imaginé ce moment milles et une fois et pourtant, il ne se sentait pas prêt. Il ne voulait pas y croire mais il n’avait pourtant plus le choix.

C’était maintenant.

Maintenant et pas un autre moment.
Maintenant ou jamais.

Plus le temps de réfléchir, de s’inventer des histoires ou de se créer des dialogues dans sa tête.

C’était maintenant et c’était urgent.

Une main se posa sur son épaule et le gérant à fleur de peau sursauta à nouveau.

« Cole ? Qu’est-ce qui se passe ? Je te parle mais tu ne me réponds pas. Ça va ? C’était qui ? », s’inquiétait Priscilla d’une petite voix.

Cole ne s’était même pas aperçu que la jeune femme avait quitté sa chaise et se trouvait désormais à côté de lui. Il ne l’avait ni entendu ni vu. Complètement déboussolé et tentant de retrouver son calme par une grande inspiration non dissimulée, il lui répondit d’un air grave.

« Ça a commencé Pris’. C’est “eux”... Ils sont là. Je pars tout de suite. Fais comme on a dit. Couvres mes arrières et tiens Claire à l’écart de tout ça. Fais comme si de rien n'était, je reviens au plus vite. Ok ? »

Priscilla se contentait d’acquiescer. Sans plus tarder, le gérant rassemblait ses affaires et glissait son téléphone dans sa poche. La jeune femme restait planter là, les bras le long du corps et un visage qui trahissait son inquiétude. Cole se leva finalement de sa chaise et enlaça sa compagne en lui promettant de rester sur ses gardes. Une vaine tentative pour la rassurer qui ne marcherait probablement pas au vu de l’agitation du jeune homme. Il n’avait malheureusement pas beaucoup de temps devant lui et il se dirigeait donc vers la sortie pour rejoindre son véhicule de fonction. Il adressait en sortant quelques sourires et des “bonjour” à quelques employés sur le chemin. Il ne connaissait pas encore tout le monde mais il avait déjà su faire bonne impression avec certains d’entre eux. Une chose n’avait cependant pas changé : il ne portait toujours pas Nedry dans son cœur. Il avait beau eu tenter de le contacter, ce dernier n’avait jamais répondu à l’appel.

Musique :
Spoiler:

Pénétrant désormais dans l’habitacle de la voiture, Cole ajustait sa chemise blanche pour respirer un peu mieux. Il était de sa fonction de toujours bien s’habiller, d’être toujours présentable. Costume, cravate et chaussures en cuir noir était désormais son quotidien. Si cela faisait sens, il avait davantage pris goût à la confiance que ça lui procurait et au regard des autres qu’au style vestimentaire lui-même. Après avoir inséré la carte magnétique, il démarrait le véhicule en trombe. Cole était partagé entre un sentiment d’excitation et d’inquiétude. Le tout se trahissait et pesait sur son pied qui appuyait déjà lourdement sur la pédale d’accélérateur.

Tirer un trait sur le passé - Mise au point Ewd8

Machinalement et sous l’effet du stress, il ne put s’empêcher de sortir son portable et de vérifier encore une fois qu’il n’avait pas d’appel en cours ou qu’il n’en avait pas manqué. La voiture répondit immédiatement à son inattention et fit aussitôt une embardée qui manqua de peu d’écourter son trajet dans le fossé. Ses mains se crispèrent sur le volant après avoir redressé violemment les roues. Pris d’un coup de chaud et se frappant mentalement le front, il lâcha son téléphone sur le siège passager et se concentra finalement et pleinement sur la route. Cela serait parfaitement idiot que de se foutre en l’air maintenant. Il inspira et frotta énergiquement sa main gauche sur sa cuisse pour retrouver un peu de son calme.

Virage à droite.

Le geste faisait couiner les pneus et grincer les essieux de désapprobation.

Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir lui dire ? Comment était-elle ? Comment allait-elle ?

C’était des questions qui lui avaient tiraillé l’esprit pendant presque deux ans et il allait enfin pouvoir avoir toutes les réponses qu’il voulait. Malgré cela, il n’était pas prêt. Il avait peur. Peur de flancher et de craquer. Il avait peur de sa propre réaction et des siennes.

Virage à gauche.

Nouvelle embardée que le chauffeur redressait d’un coup de volant.

Shivak avait donc eu raison, il avait dit vrai. Shaélynn était avec Marcos et ils étaient de retour sur Nublar. C’était de la folie. Cole n’y croyait pas et il n’y croirait certainement pas avant de l’avoir vu de ses propres yeux. Et si Shivak avait dit la vérité à ce sujet, pourquoi aurait-il menti sur le reste ? Est-ce qu’il lui était donc arrivé quelque chose ? Où était-il ?

Bordel mais qu’est-ce qu’il foutait ?

Le gérant ralentissait finalement à l’approche des bungalows et de quelques employés qui marchaient le long de la route pour se rendre sur leurs secteurs. Certains semblaient même s’indigner au passage du véhicule qui roulait bien trop vite pour cette zone. En moins de 10 minutes, Cole se trouvait déjà devant chez lui. Il garait la voiture, récupérait la carte magnétique et les quelques affaires qu’il avait prises avec lui dont les clés de son logement. En l’insérant dans la serrure, il ne put s’empêcher de se remémorer des souvenirs lointains avec une once de nostalgie.

Qu’allait-il pouvoir dire à la jeune femme ? Est-ce qu’il y avait seulement quelque chose à dire ? Qu’est-ce qu’elle allait lui dire ? Cole n’était pas prêt et cela se trahissait dans ses pas qui semblaient maladroits.

Ses pensées filèrent irrémédiablement vers Marcos. Cole avait l’impression d’avoir trahi le paléontologue. D’une certaine manière cela avait été le cas puisque cela n’avait plus jamais été pareil après cette fameuse soirée. Il estimait devoir s’excuser auprès de lui, il ignorait simplement comment le faire. Le français était resté lucide tout du long, il avait eu raison sur toute la ligne et c’était en partie grâce à lui qu’il avait enquêté sur Shivak avant les élections de 2013. Marcos n’avait pas lâché l’affaire et, s’il osait le prononcer ainsi et même si ce n’était pas entièrement de son fait, lui ramenait désormais Shaélynn saine et sauve. Plus que des excuses, Cole devrait probablement le remercier. Il ignorait cependant à quel point le paléontologue pouvait être rancunier bien que l’heure n’était pas à l’amertume. Et tout ça était encore une fois une preuve que le gérant n’était pas prêt à retrouver la jeune femme. Il arrivait à anticiper et à préparer plus de choses, plus de mots pour Marcos que pour elle. Cette pensée pour le moins saugrenue lui décrochait un sourire alors qu’il remettait un peu d’ordre dans le bungalow avant l’arrivée de ses hôtes d’infortunes. Il le faisait plus pour se changer les idées que pour soigner son image. Après la cuisine et le salon au rez-de-chaussée, il montait rapidement à l’étage où se trouvait notamment la chambre et un espace de travail. Alors qu’il rangeait le dernier papier qui traînait sur son bureau, il entendit soudain une voiture arrivée et se garer dans l’allée…
Tirer un trait sur le passé - Mise au point C9uo

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptySam 28 Jan 2023 - 0:56

■■■ Part 2 ■■■


Musique :
Spoiler:

Des pneus qui crissent, un moteur qui se coupe et des portières qui claquent. Il n’y a plus aucun doute. Cole relève alors la tête subitement. La pression monte. Son souffle est coupé. Un souvenir douloureux remonte à la surface. Il se remémore son départ, cette terrible soirée et la peur qu’il a ressenti. Ce cocktail de sentiments qui l’avait bouffé au plus profond de son être. Tant pis. Il descend deux par deux les marches de l’escalier et, ne sachant ce qu’il allait trouver en bas, avance timidement vers la porte d’entrée. La main tendue vers la poignée, il la ravise immédiatement lorsque celle-ci s’ouvre soudainement. Son sang ne fait qu’un seul tour. Ses yeux bleus s’ouvraient en grand en tentant d’assimiler cette situation inespérée. Sa poitrine se serre et se compresse contre ses poumons, il n’arrive plus à respirer. Il a l’impression que son cœur va s’arrêter. Le jeune homme ne bougeait plus. Figé par la peur, comme devenu spectateur de son propre corps, Cole était parfaitement immobile. La tête penchée par-dessus son épaule pour chercher du regard Marcos et Angel, elle ne l’avait pas encore vu.

Elle est là.

Elle est là, seulement à deux pas de lui et pourtant, elle ne semble pas l’être. Elle veut être ailleurs, il le sent. Elle tourne finalement la tête, elle est sur le qui-vive. Elle le voit et se stoppe à son tour. Comme un tout et un trop à la fois, elle blêmit. Elle se redresse et tente de garder son calme mais Cole la voit. Il lit désormais en elle comme dans un livre ouvert. Il la voit comme si c’était la première fois. Elle essaye de ne pas flancher mais elle a envie de fuir. Elle est stressée, elle a peur. Elle relève enfin la tête dans sa direction, résignée à accepter à son tour cet étrange scénario. Ils échangent alors tous les deux un long regard silencieux. Cole la regarde rapidement de haut en bas. Elle est là mais pourtant elle ne semble pas l’être. Elle lui semble différente. Elle a l’air fatigué et las. Une fatigue générale, une fatigue qui en disait long. Physiquement, elle semblait également plus maigre qu’avant. Son visage était creusé, ses bras plus minces. Ses yeux gris fuyants se dissimulaient presque sous des cernes qui témoignaient encore de l’état de la jeune femme. Il avait presque l’impression qu’elle tremblait. Shaélynn lui semblait faible et incroyablement vulnérable. Il le voyait, elle n’avait aujourd’hui plus aucune carapace, plus aucune armure pour la protéger. Cole la voyait aujourd’hui telle qu’elle était vraiment et telle qu’elle a toujours été. Même s’il en avait toujours été convaincu, le jeune homme se remémore tous les échanges qu’il avait eus avec elle. Il comprend et assimile toutes les fois où elle lui a menti, toutes les fois où elle s’est véritablement ouverte à lui. Il se sent incroyablement stupide et naïf mais il est aussi rassuré parce qu’il l’avait bel et bien percé à jour comme il l’avait toujours pensé. Aujourd’hui, Shaélynn ne jouait plus. Elle avait déposé les armes et retiré son masque. Elle était elle. C’est elle.

Elle est là.

Tirer un trait sur le passé - Mise au point 59pv

Marcos et Angel observent cette scène atypique alors qu’un silence s’installe lentement. Cole, dans ses pensées, se demande alors ce que la jeune femme pense de lui. Malgré tous ses efforts pour retrouver une apparence convenable, en seulement deux ans, le jeune homme avait lui aussi pris un léger coup de vieux. Des nouveaux traits s’étaient tirés sur son visage, ses cheveux étaient plus longs et sa barbe, même courte, le vieillissait davantage. Une chose ne changeait pas, comme il l’avait toujours fait en sa présence, Cole ne se contrôlait pas. C’était plus fort que lui. Plus que des mots, plus que de lui parler, il s'élance alors dans sa direction mais se stoppe à quelques pas. Il prend alors conscience à son air paniqué et à son mouvement de recul que Shaélynn a les bras attachés dans le dos. Il fait un pas sur le côté pour vérifier la nature des liens. La ranger n’y était pas allé de main-morte et avait pris des précautions, probablement justifiées, Shaé avait les mains attachées par des colliers de serrage. Cole leva légèrement les yeux au ciel et il comprit la détresse que la jeune femme, alors incapable de se défendre, avait ressenti quelques secondes plus tôt.

Il lui fit un sourire comme pour la réconforter, et se dirigeait ensuite vers la cuisine où il extrait un ciseaux d’un tiroir. Il le refermait ensuite et se dirigeait à nouveau vers la jeune femme. Ignorant alors les yeux furibonds que la ranger lui lançait, il coupait les colliers dont le claquement résonnait dans la pièce. Shaélynn, enfin libre, frottait vivement ses poignets déjà marquées et rougies par ses entraves. Il retournait vers la cuisine pour ranger les ciseaux et jeter les colliers à la poubelle comme si de rien n’était. Il jetait un regard sur Angel, comme pour lui dire qu’il en prenait la responsabilité. De toute façon, ils avaient déjà pris leurs précautions et elle le savait très bien.

Cole revient alors finalement vers Shaé tandis que celle-ci déposait sa casquette sur le meuble à l’entrée et se recoiffait succinctement les cheveux. Lorsque cette dernière releva la tête et vit le jeune homme s’approcher d’un pas décidé, elle leva dans un réflexe mécanique les bras devant elle, comme pour se protéger et ça lui brisa le cœur. Cela témoigne encore une fois de l’état d’esprit dans lequel se trouve Shaélynn.à l’image d’une armure, il l’enveloppe autour d’elle ses bras et la serre contre lui avec une énergie qui en dit long sur ses sentiments à cet instant. Il a l’impression de craquer, il garde son calme et plaque sa joue contre sa tête. Les mains de la jeune femme sont alors bloquées entre leurs poitrines. Sa chaleur lui donne du courage, son parfum le rassure. Elle ne semble pas comprendre ce qu’il se passe et tout ça semble la dépasser. Comme pour lui dire “tout va bien”, Cole passe une main sur sa nuque en la serrant encore davantage contre lui. Un éclaircissement de gorge se fait alors entendre et c’est cette sensation d’être observé qui le fait sortir de son étreinte. Ses deux autres invités sont déjà dans un coin de la pièce de vie. La ranger, fidèle à elle-même, se contente d'acquiescer en guise d’un “bonjour”. Le gérant lui répond par un geste similaire, comme pour la remercier. Le paléontologue lui semble également tout de suite différent. Il a l’air plus mature et encore plus impatient qu’avant. Physiquement, en revanche, il n’a pas trop changé. Cole, qui a donc libéré son emprise sur Shaélynn, s’est maintenant éloigné d’un pas pour se rapprocher d’Angel et lui adresse directement la parole. Il pose une main ferme sur son épaule et lui dit d’une voix apaisée.

« Merci Angel… Merci pour ça. Merci de m’avoir fait confiance. »

Sans attendre de réponse particulière de sa part, il se tourne vers Marcos et lui dit d’un air tout aussi sérieux.

« Je sais que l’on a pas beaucoup de temps devant nous mais merci pour tout ce que tu as fait. Je suis désolé de ne pas t’avoir pris au sérieux plus tôt. », et en connaissance des sujets de discussions à venir, il balayait du regard la pièce pour montrer que cela s’adressait à tout le monde et ajoutait. « Asseyez-vous, je vous en prie. »

Angel ne se fit évidemment pas prier et prit place dans un fauteuil. En revanche,  ne sachant pas tellement où se placer dans cette histoire surréaliste qu’ils n’avaient pas prévu, les deux invités d’infortunes restaient de marbre, incertains de la suite des événements. Ils ne le firent donc pas aussitôt. Au même titre que Cole s’était demandé à maintes reprises pourquoi Marcos se trouvait impliqué là-dedans, ils devaient certainement se poser la même question au sujet du gérant. Ce dernier prenait désormais un air grave et se tournait vers les deux arrivants. Il leur dit alors d’une voix presque tremblante qui témoignait également de sa détresse.

« Est-ce que vous avez des nouvelles de Shivak ? »

À ce nom, Angel et Marcos fronçaient instantanément les sourcils et c’était bien compréhensible pour de multiples raisons. Shaélynn, en revanche, semblait complètement se décomposer. Encore plus qu’elle ne l’était déjà. Comprenant alors qu’il avait mis directement les deux pieds dans le plat et assimilant la réaction dramatique de la jeune femme, il se tournait spécifiquement vers elle. Pour ses premiers échanges avec elle, il aurait souhaité aborder d’autres sujets mais il n’avait malheureusement pas le choix.

« Je… Shaé. Shivak est en vie. Je sais que vous étiez ensemble au manoir. Je lui ai sauvé la vie. Aux dernières nouvelles, il s’infiltrait dans un cargo en direction du Costa Rica. Nous avions convenu qu’il devait me contacter dans 5 ou 10 jours maximum. Ce délai est maintenant dépassé et, même si je déteste dire ça, je commence à penser qu’il lui est arrivé quelque chose. »

Musique :
Spoiler:

« Et au vu de vos réactions, j’imagine que non, vous n’avez pas eu de nouvelles de sa part… C’est lui qui m’a dit qu’il y aurait des chances pour que vous reveniez sur l’île. Il m’a aussi chargé de contacter Chris Nedry et Emma Beckett… »

Cole marque une pause et jauge les regards qui cette fois ne semblaient pas réagir. Il pousse alors un soupir exaspéré rien qu’à l’idée d’y penser.

« Nedry n’est pas joignable. Nous l’avons convoqué plusieurs fois mais pas moyen de l’avoir, pas moyen de le trouver à son poste. À croire qu’il évite à tout prix la direction et qu’il sait à chaque fois quand on vient le voir… ».

Après avoir levé les yeux au ciel en pensant à l’informaticien, la suite le rappelait bien vite à la réalité qui n’était malheureusement pas toujours joyeuse. Cole s’éclaircit la gorge en baissant légèrement le regard. La suite n’allait pas être simple à aborder. Il prit une inspiration et un air désolé avant d’ajouter.

« Emma est… Décédée. Elle a été retrouvée morte à San José le 2 juin… »

Il fait à nouveau une courte pause et expire lentement. Même pour lui les mots étaient durs à prononcer, au point où il en oubliait de respirer. Autour de lui, aucune réponse, aucun geste ne semblait indiquer qu’ils étaient au courant. Le souffle coupé, la voix désormais tremblante, il continuait malgré tout.

« Emma était quelqu’un de bien… Je… Je suis désolé que vous l’appreniez comme ça… ».

Le silence s’installa à nouveau dans la pièce et Cole baissa encore le regard, il n’y avait rien à dire de plus. Angel, comme par respect pour cette annonce qu’elle connaissait déjà, avait également baissé son regard. Shaélynn semblait sous le choc et eut une sorte de hoquet de surprise. Après s’être reculée, comme pour se mettre à l’abri et ne pas dévoiler ses sentiments, elle finit éventuellement par s’asseoir sur une chaise dans la cuisine sous le regard attentif de la ranger. Elle avait la tête entre les mains et semblait complètement désemparée. De son côté, Marcos blêmit soudainement et s'affaissa lourdement sur le canapé. Le paléontologue semblait lui aussi sous le choc et marmonnait une phrase en français que Cole entendit à peine. Le New-Yorkais se sentait maladroit et bête, il ignorait à quel point ils étaient proches d’Emma. Il y aurait-il eu une meilleure façon de leur annoncer ? Quoi qu’il en soit, il restait silencieux et leur laissait le temps d’assimiler cette nouvelle désastreuse. Le gérant lui-même avait eu plus ou moins la même réaction et il savait par quoi ils passaient à cet instant. Cette nouvelle qu’il avait apprise seulement il y a 72h lui avait paru invraisemblable. La terrible vérité avait été découverte lorsqu’il avait tenté de la joindre sur son téléphone. Priscilla avait graissé quelques pattes et avait finalement obtenu son numéro via le service des ressources humaines. Cole avait aussitôt tenté d’appeler, tout d’abord sans succès.

Quand finalement il eut une réponse, un homme au bout du fil avait décroché. C’était son père, en larmes, qui lui avait annoncé le décès de sa fille. Le jeune homme avait présenté ses condoléances et lorsque ce dernier lui demandait quel était le motif de son appel, Cole avait simplement dit qu’il appelait pour prendre de ses nouvelles et qu’ils avaient autrefois travaillé ensemble. Le père, ne sachant que dire, s’excusait de ne pas pouvoir répondre à sa demande, ce qui semblait complètement surréaliste sur le moment. Par la suite, en se renseignant davantage, Priscilla et Cole découvraient que les médias du Costa Rica faisait mention d’une femme retrouvée morte le 2 juin à San José, dans un vieil appartement inhabité. Emma avait été torturée, assassinée et finalement retrouvée par la police locale. Un fait divers qui ravivait la presse locale. Une enquête avait été ouverte. Pour le moment, aucune information complémentaire n'avait été partagée avec le public si ce n’est la présence d’un homme suspect en délit de fuite qui n’avait pas pu être identifié. Cole se gardait pour le moment d’entrer plus dans les détails. Ils n’avaient pas besoin d’entendre ça et ils semblaient déjà suffisamment sous le choc.

S’il n’avait presque aucune compassion pour Shivak, il ne pouvait s’empêcher de lui adresser une pensée sincère. Il savait que ce dernier avait eut une relation avec la jeune femme et se demandait s’il était au courant du sort qu’elle avait subit. Si c’était le cas, il n’osait pas imaginer ce qu’il avait dû ressentir. Est-ce que cela justifiait ou expliquait son silence ? Est-ce qu’il lui était aussi arrivé quelque chose ? Est-ce que c’était lui le fameux suspect dont la police faisait mention ? Et s’il était en réalité coupable ? Ce n’était pas possible. Cole ne le pensait pas capable de faire ça, plus maintenant. Il refusait de le croire.  Il détestait ressentir la moindre chose à son égard et il se faisait violence en poursuivant ce cheminement mais il espérait au fond qu’il aille bien. Cole, d’une certaine façon, lui faisait désormais confiance. Shaélynn et Marcos étaient bel et bien là aujourd’hui et l’ancien espion lui avait donc dit la vérité.

Lorsqu’il releva la tête dans la direction de l’ancienne paléobotaniste, ces pensées disparaissaient subitement. Ses peurs et ses craintes s’étaient effacées, les doutes s’étaient complètement envolés. Il savait désormais exactement ce qu’il voulait lui dire. C’était une chance inestimable que de la retrouver et il devait la saisir. Est-ce qu’il aurait seulement le temps de lui parler ? Est-ce qu’il aurait le temps d’avoir un moment juste avec elle ? Il l’espérait au plus profond de son être.

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Marcos Shannon

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyJeu 9 Fév 2023 - 23:38

Angel Harlowe avait ouvert la porte d’un bungalow en bordure du lotissement des employés. Ce dernier n’avait aucune idée de qui possédait cette résidence. Et après le mauvais moment qu’il venait de passer en compagnie de la ranger, le paléontologue ne préféra pas lui demander. Shaelynn le savait-elle peut-être ? Cette dernière faisait peine à voir. Avec les mains attachées dans le dos par un serflex qui lui rougissait les poignées, les cheveux détachés qui étaient légèrement en bataille, il était difficile de déceler une part de féminité. Rien à avoir avec la jeune femme qu’il avait connu deux ans plus tôt.

Elle faisait peut-être également peine à voir à cause de la conduite de Marcos. Attachée les mains dans le dos, sur la banquette arrière, cette dernière avait valdingué dans les virages pris un peu trop brusquement. Probablement avait-elle l’estomac dans les talons, sa condition de femme enceinte aidant. Mais en même temps, la ranger donnait la direction à suivre au dernier moment.

Harlowe lui empoigna fermement le bras droit de la jeune femme et la tira vers la porte du bungalow. L’ex espionne de Biosyn se prit le pied et manqua de tomber au sol sous la pression de la ranger.

« Vous êtes pas obligé de la malmener comme ça » laissa échapper finalement le paléontologue à leur geôlière.

Cette dernière se retourna vivement et lui jeta un regard noir, chargé de mise en garde. Elle lui fît comprendre qu’il devait se taire pour la bonne suite des événements. Elle appuya sèchement sur le poignet de la porte et l'ouvrit brutalement. Le petit groupe se retrouva alors nez à nez avec Cole Hudson, sur le bas de la porte.Dans la pénombre du bungalow, il les fixait du regard. Enfin non, il LA fixait du regard. On aurait dit qu’il venait de voir un fantôme. C’était peut-être le cas après tout, car la femme qu’il prenait pour sa petite amie n’avait pas donnée de signe de vie depuis deux ans.

Shaelynn avait la tête basse et ne disait rien. Mais même Hudson, le directeur du parc, était pantois et ne pipait mot. Le regard du paléontologue passa de Shaelynn à Cole, puis glissa finalement sur Angel Harlowe. Cette dernière était là, droite comme un « i ». Elle avait relâché sa poigne autour du bras de Shaelynn, non pas sans laisser une marque rouge sur sa peau claire. Aucun mots n’étaient échangé, tout le monde se regardait dans le blanc des yeux, en chien de faïence.

« Il y a comme un malaise là » ne pût-il s’empêcher de bredouiller à lui-même devant le silence pesant qui s’était installé.

Cole s’approcha de la captive et la regarda de la tête au pied. Shaelynn semblait abattue, résignée. Était-ce ses véritables sentiments ou un masque façonné par ses talents d’espionne pour apitoyer le directeur, gagner ses faveurs et atteindre son but. Toute figure d’autorité sur son visage avait disparu, au cas où il en avait eu un jour dans sa carrière de directeur. Là où la ranger traitait Shaelynn comme une criminelle, lui ne voyait clairement qu’une ex … n’ayant pas encore tout à fait le statut d’ex. Il s’empressa de couper les liens de la jeune femme en allant chercher un ciseau dans la cuisine. Alors que Shaelynn et Cole se retrouvaient dans un moment intime qui ne regardaient qu’eux, Marcos décida de s’éloigner un peu. Il rentra avec Angel et s’installa au niveau du salon, près du canapé. Angel lui jeta une nouvelle fois regard noir, lui faisant comprendre de ne pas trop s’éloigner. Cette fois, s’en était assez. Pour qui se prenait-elle pour les traiter comme ça ?

« Bon c’est bon Judge Dreed, tu veux que je m’enfuie où ? Et j’ai aucune raison de m’enfuir de toute façon. On est juste pressé par le temps elle et moi. »

Cole se tourna ensuite vers lui. Il le remercia pour ce qu'il avait fait. Le remercier pour quoi ? Lui avoir ramené Shaelynn Moore ? Ce n’était en aucun cas ce qu'il avait fait. Ils s’étaient rendus services mutuellement pour atteindre un objectif commun, rien de plus.

« Tu parles de quoi, Cole ? Disons que je lui en devais une depuis Sorna. Si tu fais référence à ici et maintenant, disons qu’on a des intérêts communs, Shaelynn et moi. Je te ne l’ai pas « ramené ». »

Le directeur du site invita tout le monde à s’installer autour de la table.

« Et clairement, je suis paléontologue, c’est une espionne … » Shaelynn croisa alors son regard.« une ex-espionne. Je ne vais pas lui apprendre comment se débrouiller et rester en vie. »

Le directeur demanda ensuite s’ils avaient des nouvelles de Shivak. Marcos haussa un sourcil. Qu’est-ce que cela pouvait bien lui faire ? Savait-il qu’il était cocu ? Enfin, pouvait-on vraiment dire ça alors que la relation de ces deux-là n'était qu’un tissu de mensonge ? Inconsciemment, Marcos jeta un coup d’œil sur Shaelynn. Cette dernière ne bronchait pas. Cole révéla alors qu’il savait pour eux deux au manoir, et qu’il avait sauvé la vie de Shivak Garland.

« Quel drama... » pensa le jeune paléontologue et levant les yeux aux ciel et laissant échapper un soupir. « Qu’est-ce qu’on en a à foutre de lui, franchement ? C’est un être vil et abject, utilisant les pires méthodes, même la torture sur son personnel. Qu’il reste dans le trou où il s’est caché. »

Il attendait le moment opportun pour dire ce qu’il pensait de tout ça lorsque les mots de Cole le percutèrent violemment. Le paléontologue n’était pas sûr de ce qu’il venait d’entendre. Il se remémora alors la phrase qui était arrivée à lui quelques secondes plus tôt, comme pour se convaincre de la véracité de l’information qu’ils portaient, comme pour se convaincre que ce n‘était pas une hallucination auditive. Cole Hudson avait laissé échapper cette information à demi-mot, et pourtant elle occultait tout le reste dans son esprit à présent.

Emma avait été retrouvée morte. Les mots résonnèrent dans sa tête, lourds de sens et de conséquence.

Marcos avait eu un crush sur elle par le passé, mais ce dernier n’était pas réciproque. Il avait cependant toujours eu beaucoup de respect pour elle. Du moins, jusqu’à ce qu’elle le trahisse en racontant les soupçons qu’il avait sur Shivak … à Shivak lui-même, entre la levrette et le missionnaire probablement, mais sur l'oreiller à coup sûr. Bien qu’elle eut à ce moment-là baissé dans son estime, ainsi que le niveau de confiance qu’il lui portait, elle n’en restait pas moins un sacré bout de femme, courageuse et très compétente dans sa profession. Tout ça pour finalement être retrouvée morte dans le trou du cul du monde… Cole n’avait rien dit, mais il y avait fort à parier qu’elle n’était pas morte d’une cause naturelle. Était-ce la Chimère ? Très probablement. Comment était-elle morte ? Avait-elle souffert ? Marcos espérait que non, même s’il savait au fond de son cœur que ce n’était probablement pas le cas. La Chimère n’était pas connue pour être des anges. L’idée le répugnait, mais il se doutait qu’elle avait probablement été torturée avant d’être tuée.

Le paléontologue se laissa tomber dans le canapé derrière lui. Il porta les mains à son visage et expira profondément. Que des gens, des collègues, soient victimes de cette organisation terroriste était une chose. Mais lorsqu’il s’agissait de connaissances ou d’amis, c’était une toute autre paire de manches. Là, c’était Emma, mais deux ans plus tôt, il s’agissait de Brandon. C’était des visages qu’il connaissait et qu’il ne verrait plus. C’était des voix auxquelles il était habitué qu’il n’entendrait plus. Ces gens ne vivaient désormais que dans ses souvenirs. A la tristesse de l’avoir perdu se mêlait peu à peu un profond sentiment d’injustice, puis à de la colère. Beaucoup de colère. Marcos leva des yeux rougis et brûlant vers le propriétaire des lieux.

« Si seulement tu t’étais bougé le cul ... »
bredouilla t-il en français en levant les yeux sur Cole.

Les gens qui avaient les moyens de faire quelque chose, à savoir mettre à jour le projet T pour court-circuiter KC, n’avaient rien fait. Masrani n’était peut être pas au courant, mais des gens avec de hautes fonctions comme Cole Hudson en avait le pouvoir pourtant. Mais était-ce seulement Hudson qu’il visait, ou était-ce une remarque destinée également à lui-même. Lui qui faisait tout pour faire éclater la vérité sur le projet T au grand jour et ainsi couper l’herbe sous le pied à la Chimère, voilà qu’il était de nouveau témoin d’un dommage collatéral. Sa quête, débutée avec la mort de son collègue soigneur, n’avait pas aboutie puisqu’une nouvelle victime s’était ajoutée à cette liste macabre. Cole essaya d’apporter un quelconque réconfort mais se perdit en jérémiades. Pour Marcos, s’en était trop.

« Bon ça suffit Cole ! » explosa finalement le paléontologue. « Tu peux être désolé ouais ! Ça fait combien de temps que tu sais pour le projet T ? Depuis combien de temps as-tu les moyens de faire changer les choses et que tu n’en fais rien ?  Il est là quelque part sur cette île, sous ton nez, depuis maintenant deux ans. Et tu fais quoi pour que la liste des cadavres s’arrête ? Rien ! »

Ses mots étaient durs, et malgré celà Cole ne bronchait pas. Il baissait les yeux, fuyant ses invités du regard. Piqué au vif par son état placide, Marcos se leva brusquement, comme si une guêpe l’avait piqué, et il pointa du doigt la jeune femme assise à la table un peu plus loin.

« La seule foutue raison pour laquelle tu nous as fait venir, c’est pour essayer de te rabibocher avec ton ex. Là dehors, des gens meurent, parce qu’une organisation terroriste cherche un truc ici. Mais non, le directeur Cole Hudson préfère rechercher et faire escorter sa fausse ex-copine. »

Cole releva la tête et planta son regard dans celui du paléontologue. Ce dernier n’arrivait pas à savoir ce qu’il représentait réellement. Des reproches, une approbation ? Marcos souffla profondément pour se calmer. Il sentait que son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Il percevait la chaleur se dégager de son visage désormais cramoisi. Il s'assit de nouveau sur le canapé derrière lui et planta ses yeux dans le regard du directeur. Ce dernier aurait pu lui dire qu’on ne s’adressait certainement pas comme à son supérieur hiérarchique, mais encore aurait-il fallu qu’il ait du charisme et de l’autorité pour une telle chose.

« Franchement, Cole, tu es un grand garçon. Tu le sais que si en deux ans elle avait voulu te revoir, elle serait revenue. Je veux dire ; je suis qu’un simple paléontologue, c’est pas grâce à moi qu’elle est là aujourd’hui. Tout ce que je sais, c’est qu’Emma est morte et c’est ton inaction qui en est responsable. ».

Ses mots étaient durs, et frappaient le directeur de plein fouet. Son visage était ferme et crispé, mais ses sourcils froncés et son teint légèrement rougeoyant trahissait sa frustration. Marcos se pencha en avant, appuya ses coudes sur ses genoux et sa tête sur ses mains croisées, comme pour maintenir son corps vidée d’énergie après ce déferlement de haine.

« Mais c’est aussi ma faute. Je voulais mettre au jour le projet T pour couper l’herbe sous le pied à la Chimère et j’ai pas réussi. Et c’est aussi la faute de Shaelynn, de Shivak et j’en passe. Maintenant, on peut faire que tout ce merdier cesse. Tu as rien fait jusqu’à présent soit, mais est-ce que tu vas au moins nous laisser faire de notre côté ? »

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Shaélynn Moore
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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyLun 13 Fév 2023 - 23:09

Shaélynn passa le seuil et se prit les pieds dedans. Finalement, seule le fait que la ranger la retienne solidement par le bras l'empêcha de tomber. Comme elle, c’était le genre de femme qui trompait son monde. Elle était plus forte qu’il n’y paraissait et le bras de Shaé en avait fait les frais mais au moins elle n’était pas tombée. Elle entendit Marcos protester. Celui-ci semblait penser que sa perte d’équilibre était due à l’employé du parc. Or ce n’était pas le cas. Dans sa précipitation, elle avait juste manqué de vigilance. Malgré tout, elle était touchée que son ancien collègue s’inquiète pour elle. Enfin… Probablement plus pour son passager clandestin que pour elle mais quand même.

La jeune femme pensait se trouver dans le bungalow de la nouvelle gestionnaire du parc, une certaine Claire Dearing qu’elle avait aperçu sur les vidéos de promotion du parc. Mais ses yeux tombent sur Cole Hudson, qui vient de surgir de derrière la porte d’entrée, figé à quelques pas d’elle.

L’anglaise, sous le choc, fit machinalement quelques pas dans la pièce principale pour ne pas perdre la face. Le lieu lui paraissait à la fois familier et complètement étranger. Fondamentalement, le mobilier n’avait pas changé mais certains meubles avaient été légèrement déplacés. Il y avait de la décoration, ça et là, des cadres, des coussins décoratifs sur le canapé, des rideaux, une fausse plante (une hérésie aux yeux de Shaelynn), un nouveau tapis. Des objets que l’ancienne paléobotaniste n’avait jamais pris le temps d’acheter. Et qui ne pouvait pas appartenir à Cole Hudson. Une paire de chaussures à talons était aussi posés sur le paillasson à côté de l’entrée. C’était le genre de chaussures que Claire Dearing aurait pu porter. Que Shaélynn aurait pu porter.

Mais pourquoi la ranger les avait-elle conduits ici et pas au centre de sécurité ? Quelque chose se tramait et définitivement en dehors des circuits officiels. Elle avait déjà laissé tomber Marcos une fois. Même pour une poignée de secondes elle ne souhaitait pas recommencer. Il fallait assurer sur la suite et savoir improviser. Soit pour convaincre Cole et Angel du danger qui s’annonçait, les mettre en confiance puis les amener là où Marcos et elle auraient besoin d’eux. Ou à défaut d’innocenter le paléontologue pour que lui puisse repartir libre. Shaélynn redressa les épaules et tenta de se redonner une contenance malgré ses mains attachées et sa mauvaise forme physique.

Mais ses yeux trouvent aussi d’autres objets. Des albums de photographie, de voyage. Une veste accrochée à une chaise. Des objets qui lui appartiennent, à lui. Elle s’était trompée sur toute la ligne. Visiblement, il n’avait pas démissionné. Ce bungalow était toujours le sien. Mais de toute évidence, il n’y vivait pas seul. Était-ce la raison de l’hostilité de la ranger ? Se pouvait-il que cela soit elle qui vive ici avec Cole ? Raison pour laquelle celle-ci semblait assez à l’aise pour entrer dans l’habitation. Et de nouveau, la même impulsion lui serra la poitrine : elle voulait partir. Elle ne voulait plus rester ici et repartir à la recherche du bunker. Toutes les craintes qu’elle avait en revenant sur le parc étaient en train de se produire les unes après les autres. Il fallait qu’elle se concentre mais ses yeux étaient malgré tout attirés par le nouvel arrivant.

Cole semblait plus vieux, son visage était légèrement arrondi par quelques kilos supplémentaires. La dernière fois qu’elle l’avait vu, il avait encore des cicatrices et des brûlures de l’attentat. Une barbe de 3 jours cachait une partie de sa peau mais son visage ne semblait plus en porter les traces. La méfiance émergea directement dans l’esprit de la jeune femme. Vu la façon dont les choses s’étaient terminées entre eux… Tout ce qu’elle avait fait. Cole pourrait vouloir se venger. Ou même la livrer à KC ou à Biosyn. Et si Lewis l’avait approché après son départ ?

Shaélynn eut à peine le temps de respirer que Cole s’élançait déjà vers elle. Immédiatement, tout son corps se mit en alerte et elle se sentit blêmir d’un coup. Elle fait un pas en arrière et se rappelle que de toute façon la porte est fermée. Le moment ne dure qu’une demi-seconde et Cole se stoppe d’un coup. La jeune femme reprend discrètement sa respiration mais continue de trembler tandis qu’il semble observer les liens en plastique que lui a mis la ranger. À sa réaction, Shaé comprend qu’il désapprouve cette précaution et il lui adresse un sourire rassurant. Les signaux contradictoires entre les réactions de Cole et son acolyte continuent de faire grimper la nervosité de l’ancienne paléobotaniste.

Sur ses gardes, Shaé laisse quand même le jeune homme s’approcher et couper les liens avec précaution. Elle avait beau de ne pas le voir, ses mouvements étaient précis mais ne dégageaient aucune animosité, ce qui la rassura un peu. Ce premier geste envers elle laissait présager une toute autre ambiance que celle instaurée par la ranger durant le trajet.

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Nerveusement, elle enleva sa casquette et en profita pour reculer vers le meuble de l’entrée, au plus près de la sortie tandis que Cole se redirigait vers la cuisine pour ranger le ciseau. Lorsqu’elle relève les yeux et qu’elle le voit à moins d’un mètre d’elle, les bras de la jeune femme remontèrent et se croisèrent sur son buste. Elle ne savait pas tellement si c’était pour se défendre, se protéger ou le tenir à distance mais elle l’avait fait instinctivement.

De toute façon, ses bras étaient maintenant pris en étaux entre leurs corps, la joue de Cole pressée contre son crâne. Elle sentait le souffle de sa respiration nerveuse sur son oreille. La britannique n’osait plus bouger mais elle tremblait comme une feuille. Mais qu’est-ce qu’il fichait ? Il devait forcément sentir le trouble de la jeune femme. La façon dont il la tenait contre lui, son parfum, la caresse familière de sa main sur sa nuque, Shaé avait l’impression d’être plongée deux ans et demi en arrière. Il n’y avait aucune animosité, aucune méfiance, de la part de Cole. Au contraire, il avait même l’air soulagé qu’elle soit là et tout dans son attitude semblait transpirer la bienveillance.

L’ancienne espionne s’était souvent demandée ce qu’elle ressentirait si elle était amenée à revoir le gérant du parc. Pour le moment, et malgré les efforts de Cole, c’était la culpabilité, la peur et l’incompréhension qui primait. Shaé en était réellement attristée mais elle ne pouvait pas contrôler ce qu’elle ressentait. Si, elle s’était souvent senti rassurer par la présence de Cole, ce n’était plus le cas. Mais était-ce sa faute ou la sienne ?

La jeune femme entendit la ranger se racler la gorge et Cole la relâcha aussitôt pour se diriger vers eux et leur adresser quelques mots. “Merci pour ça ?”. Merci pour quoi ? Le flou qui flottait sur la situation était en train de mettre Shaélynn sous pression. Elle sentait son sang bouillonner. Marcos l’avait-il délibérément conduite ici ? Était-il de mèche avec Cole et Angel ? Peut-être l’avait-il volontairement ralenti depuis leur arrivée sur le parc… Shaélynn inspira un grand coup en voyant que le paléontologue ne semblait pas trop comprendre ce qui se tramait non plus… Il mit d’ailleurs les choses au clair avec Cole sur ce point.

« Tu parles de quoi, Cole ? Disons que je lui en devais une depuis Sorna. Si tu fais référence à ici et maintenant, disons qu’on a des intérêts communs, Shaelynn et moi. Je te ne l’ai pas « ramené ». Et clairement, je suis paléontologue, c’est une espionne … »

Sérieusement Marcos… Shaé releva la tête d’un coup pour lui adresser un regard de reproche et le français se reprit aussitôt.

« Une ex-espionne. Je ne vais pas lui apprendre comment se débrouiller et rester en vie. »

Elle hésita à lui dire quelque chose mais se mordit la langue pour garder le silence. Il fallait mieux le laisser passer ses nerfs pour le moment. De son côté, Cole garda son calme et les invita malgré tout à s’asseoir mais seule Angel (puisque c’était à priori son nom) prit place dans un fauteuil tandis que Marcos et la jeune femme continuèrent de se dandiner sur place. Shaé hésita mais réajusta seulement sa position pour être plus stable sur ses jambes chancelantes et croisa les bras. Ne rien laisser paraître.

La suite cependant ne lui fit pas de cadeau et ne lui permirent pas de se remettre de ses émotions.

« Est-ce que vous avez des nouvelles de Shivak ? »

Pourquoi ? Il avait à peine ouvert la bouche, il ne lui avait même pas adressé la parole et c’était sa première question ?

Et si Shivak les avait contactés ? Aurait-il pu prévenir le parc ? Demander à Angel et Cole de les stopper ? Avait-il essayé de lui couper l’herbe sous le pied ? Avaient-ils compris qu’ils s’étaient enfuis ensemble du parc ? Comment ? Et pourquoi les employés d’Ingen auraient-il écouté l’ancien agent de KC ? Rien ne faisait sens. Elle eut un vertige et pâlit d’un coup. Cette journée était un cauchemar. Shaé essayait de tenir bon mais la question de Cole venait de lui mettre un coup. Il dût s’en apercevoir car il se tourna vers elle et ajouta :

« Je… Shaé. Shivak est en vie. Je sais que vous étiez ensemble au manoir. Je lui ai sauvé la vie. Aux dernières nouvelles, il s’infiltrait dans un cargo en direction du Costa Rica. Nous avions convenu qu’il devait me contacter dans 5 ou 10 jours maximum. Ce délai est maintenant dépassé et, même si je déteste dire ça, je commence à penser qu’il lui est arrivé quelque chose. »

Shaé resta immobile, sous le choc, à se masser les poignets sur lesquels subsistaient encore la marque des liens.

Quoi ? Mais qu’est-ce qu’il en savait que Shivak était en vie ? Quel manoir ? Son manoir ? Celui de sa famille ? Mais pourquoi avait-il mis les pieds là-bas ? Quand ? Qu’est-ce qu’ils avaient bien pu se dire ? Que savait Cole ?

Shivak était en vie. Elle baissa la tête et se racla la gorge. Il fallait qu’elle se ressaisisse mais le soulagement qu’elle ressentait était plus fort pour le moment. Noah avait raison : ce cafard avait réussi à survivre. Shivak était potentiellement en vie et en route pour le parc. Elle eut un petit rire étouffé qui s’étrangla dans sa gorge. C’était au moins une mort qu’elle ne porterait pas sur la conscience. Sa survie posait cependant quelques problèmes supplémentaires qui risquait d’impacter la sécurité de la jeune femme…

Elle tenta de reprendre sa respiration qui se faisait difficile. Trop d’interrogation se pressaient dans sa tête. Il fallait que Cole lui en dise plus. Elle ne pouvait pas se contenter de ça. Mais… Le temps pressait. Ils avaient beaucoup de choses à se dire, elle le voyait dans son regard qu’il ne savait pas par où démarrer. Elle n’était pas là pour régler ses comptes avec lui.

« Et au vu de vos réactions, j’imagine que non, vous n’avez pas eu de nouvelles de sa part… C’est lui qui m’a dit qu’il y aurait des chances pour que vous reveniez sur l’île. Il m’a aussi chargé de contacter Chris Nedry et Emma Beckett… Nedry n’est pas joignable. Nous l’avons convoqué plusieurs fois mais pas moyen de l’avoir, pas moyen de le trouver à son poste. À croire qu’il évite à tout prix la direction et qu’il sait à chaque fois quand on vient le voir… ».

Autant Shaé n'était pas surprise pour Chris Nedry puisque c'était lui qui avait secondé Marcos pour leur opération de sauvetage, autant elle était surprise pour Emma. Rien dans ses échanges avec Shivak n'avait laissé entendre qu'ils soient toujours ensemble… Voilà qui n'allait pas arranger ses relations avec celle qui était brièvement devenue son amie. Elle espérait que Marcos allait tenir sa langue concernant l'ancien espion de KC. Quant à Nedry, il était plutôt évident qu'effectivement il fuyait Cole. Elle aurait voulu l’interroger davantage mais une intuition lui fit garder le silence.

Le gérant se racla la gorge. De l'agacement, son visage était maintenant passé à la désolation.

« Emma est… Décédée. Elle a été retrouvée morte à San José le 2 juin… »

Le choc lui coupa le souffle. C'était survenu récemment. Dans un curieux timing. D'après les indications de Cole, cet événement intervenait seulement quelques jours après que Shivak et lui se soient séparés. Avait-il mis Emma en danger ? Avec tristesse, Shaé constata qu'elle n'avait pas imaginé une seule seconde qu'il puisse s’agir d'un accident. Après tout, c'était une possibilité. Rien dans le discours de Cole ne permettait de deviner la cause de la mort. Elle ne put s'empêcher de penser à son ancien compagnon de cavale. À sa réaction, quand il l'avait appris ou quand il l'apprenait. L'Egypte avait permis à Shaélynn de comprendre que ce qu'il ressentait pour Emma était réel et avec les propos de Cole, elle apprenait aussi que cela subsistait encore. Malgré ce qui s'étaient passé entre eux au Caire. L’anglaise ignorait tout de la relation entre l’ancienne cheffe de la sécurité et Shivak. La jeune femme n’avait rien à se reprocher. Malgré cela, elle avait un pincement au cœur en pensant à elle.

« Emma était quelqu’un de bien… Je… Je suis désolé que vous l’appreniez comme ça… ».

La voix de Cole la ramena à la réalité et elle eut un sursaut lui arrachant une exclamation de douleur. Les mains sur les hanches et la tête baissée, la jeune femme se traîna jusqu'à la cuisine et prit une chaise. Elle avait besoin d'une minute pour reprendre ses esprits et elle mit sa tête dans ses mains. Peut-être avait-elle été tuée dans l'exercice de ses fonctions ? Shaé ne voulait pas se résoudre à penser que sa mort puisse être liée à tout cela. Ajouter une nouvelle mort à cette histoire lui paraissait insupportable. Et puis, c’était vrai. Emma était comme Marcos, comme Cole. Quelqu’un de bien qui s’était retrouvé mêlé dans une histoire trop sombre pour elle.

Et puis son cerveau réalisa une nouvelle chose. Shivak avait demandé à Cole de contacter Emma. Shivak n'avait plus donné signe de vie depuis. Emma était décédée. Et Shivak n'était pas là. Shaélynn ne l'avait pas tué mais il n'était peut-être pas vivant pour autant. Cette double révélation de Cole venait ajouter à l'accablement de sa situation.

Qu'est-ce qu'elle fichait ? Pourquoi est-ce qu'elle était retournée chercher Marcos ? Elle aurait dû le laisser là où il était, en sécurité, plutôt que de l'embarquer avec elle. Et la réaction du français à cette annonce confirma sa théorie… Il venait de se lever d’un bond du canapé et semblait prêt à en découdre.

« Bon ça suffit Cole ! Tu peux être désolé ouais ! Ça fait combien de temps que tu sais pour le projet T ? Depuis combien de temps as-tu les moyens de faire changer les choses et que tu n’en fais rien ?  Il est là quelque part sur cette île, sous ton nez, depuis maintenant deux ans. Et tu fais quoi pour que la liste des cadavres s’arrête ? Rien ! »

Le front dans la main, Shaélynn se frotta les yeux d’un air dépité. Ils n’avaient aucune idée de la situation exacte et tous les points n’étaient pas complètement éclaircis et Marcos… Marcos foutait les pieds dans le plat. Il montait directement au créneau avec Cole et l’une des rangers.  Il attaquait le gérant d’un point de vue professionnel….

« La seule foutue raison pour laquelle tu nous as fait venir, c’est pour essayer de te rabibocher avec ton ex. Là dehors, des gens meurent, parce qu’une organisation terroriste cherche un truc ici. Mais non, le directeur Cole Hudson préfère rechercher et faire escorter sa fausse ex-copine. »

Et personnel. L’anglaise pâlit d’un coup tandis que Marcos marquait une pause pour se rasseoir. Elle eut vaguement l’espoir qu’il comprenne qu’il était allé trop loin et se reprenne mais ce ne fut pas le cas. Cole ne disait rien mais Shaé savait pertinemment que l’ancien guide bouillonnait intérieurement. Marcos n’accordait toujours pas sa confiance à la jeune femme et voir le gérant du parc la prendre dans ses bras comme si de rien n’était lui avait mis les nerfs en vrac. Elle pouvait le concevoir. Cependant, le français ne savait rien de la relation qu’ils avaient vraiment entretenue. Même si Shaélynn avait été obligée d’étaler en partie sa vie privée devant lui pour justifier certaines mauvaises décisions qu’elle avait prises, le jeune homme ne savait pas tout. Et surtout, elle savait qu’il s’en fichait et puis de toute façon… Marcos était sous le choc. L’annonce de la mort d' Emma semblait lui avoir mis un coup. Au fond, la fugitive ne savait pas grand-chose de lui non plus.

« Franchement, Cole, tu es un grand garçon. Tu le sais que si en deux ans elle avait voulu te revoir, elle serait revenue. Je veux dire ; je suis qu’un simple paléontologue, c’est pas grâce à moi qu’elle est là aujourd’hui. Tout ce que je sais, c’est qu’Emma est morte et c’est ton inaction qui en est responsable. »

L’ex-espionne de Biosyn ouvrit la bouche sous la surprise. La scène lui rappelait furieusement celle vécue quelques jours plus tôt en France. Marcos était sous le choc et ses émotions jaillissaient en vrac. Il était simplement en train de passer ses nerfs sur Cole. Cole qui semblait pour le moment être leur seul potentiel allié. Shaélynn ignorait encore, pourquoi ou comment, mais cela semblait être un fait. Et le paléontologue était probablement en train de tout gâcher. Elle aurait voulu prendre la parole pour défendre le gérant du parc, son ex, comme le disait si bien Marcos mais elle ne sentait pas franchement légitime à le faire… Mais les propos de ce dernier étaient profondément injustes. Quoi qu’il soit arrivé à Emma, d’autres portaient bien plus cette responsabilité que lui.

« Mais c’est aussi ma faute. Je voulais mettre au jour le projet T pour couper l’herbe sous le pied à la Chimère et j’ai pas réussi. Et c’est aussi la faute de Shaelynn, de Shivak et j’en passe. Maintenant, on peut faire que tout ce merdier cesse. Tu as rien fait jusqu’à présent soit, mais est-ce que tu vas au moins nous laisser faire de notre côté ? »

Niveau diplomatie c’était.. Pauvre. Shaé ouvrit la bouche pour répondre et la referma aussitôt. Elle sentit un tressaillement dans sa gorge et ses yeux la brûlaient. Emma, Cole, Shivak. Cela faisait beaucoup à encaisser d’un coup. Marcos était sous pression et il pouvait dire n’importe quoi, n’importe quand, à n’importe qui en l’état actuel des choses. Il venait d’aborder le projet T en toute décontraction. Cependant à voir la non-réaction de Cole et Angel lorsqu’il l’avait abordé, ils savaient. L’anglaise ne savait pas comment ils avaient fait, mais ils savaient.

Cependant, il fallait que Marcos se calme. Clairement, il y avait des choses qu’elle ne souhaitait pas qu’il dévoile. Elle craignait qu’en parlant, il ne s’en prenne à elle et ne la remette à sa place en évoquant Shivak, la mort de John Hammond ou même le sujet qu’elle lui avait expressément demandé de ne pas aborder. Pour le moment, il lançait tout ce qui lui passait par la tête et tant pis pour la discrétion.

- Et vous pensez que c’est en accablant Cole que ce que vous avancerez sera des plus vrais ?! Et sachant ce qui se tramait, que faisiez-vous en tant que directeur de section paléontologique sur votre petite île Européenne pour juguler le danger ? Notre cher monsieur Hudson ici présent n’est pas resté inactif comme vous le prétendez sinon vous ne seriez pas devant nous ! Nous vous attendions… Vous ! Mademoiselle Moore ! Monsieur Garland ! Et tous les terroristes qui vous suivent VOUS ! Le filet est tendu, la sécurité n’a jamais été autant en alerte et seul le temps nous dira si nous avons eu vent de la menace assez tôt ! Si vous cherchez à tout prix un fautif, commencez par vous regarder dans un miroir ! Maintenant, cela fait deux ans apparemment que vos résultats sont mitigés donc, mettons-nous à table, cessons nos enfantillages et discutons comme des adultes responsables. La survie de milliers de personnes en dépend !

Le calme était retombé après les mots tranchants de Angel. La chaise racla le sol et tous les regards se posèrent sur Shaélynn qui venait de se lever tranquillement. Elle était la seule dans la cuisine, la ranger et Marcos étaient respectivement sur le canapé et le fauteuil. Quant à Cole, il s’était naturellement rapproché du salon pendant que le paléontologue parlait. La jeune femme fit donc quelques pas pour réduire la distance entre elle et le centre du groupe. Nerveusement, elle croisa les bras pour se donner une contenance (elle savait qu’avec ses yeux rougis elle n’allait tromper personne) et attaqua d’une voix qu’elle essayait de maîtriser du mieux qu’elle pouvait.

- Merci de nous avoir laissé entrer dans le parc. J’imagine que la décision a été difficile à prendre. Elle glissa un regard en coin vers Angel qui lui fit un signe de tête mais qui restait malgré tout sur ses gardes. Marcos a raison : J’ai plus que ma part de responsabilité dans ce bazar et malheureusement le temps nous est effectivement compté. J’imagine que vous avez vous-même un agenda chargé à suivre pour aujourd’hui et nous n’avons pas l’intention de vous ralentir.

Elle se balança un peu vers l’avant et baissa le regard pour chercher ses mots. Marcos était fin comme du gros sel et il ne savait ni négocier ni faire passer ses besoins à ses interlocuteurs du jour. Comme il aimait bien le rappeler : c’était elle l’espionne, c’était elle qui faisait le sale boulot. Si, elle était effectivement douée pour manipuler son monde, tout n’était pas une question de manipulation. L’éloquence était surtout une manière d’exprimer clairement ses intentions et de les faire comprendre aux autres. Si l’autre y trouvait son compte, il l’accordait et c’était bon. La manipulation en revanche… Elle n’intervenait que dans un second temps, en dernier recours. Quand il s’agit de façonner la pensée de l’autre pour le pousser à réaliser une action qu’il n’aurait pas accordé délibérément.

Pour le moment, il fallait la jouer fine. Savoir ce qui se jouait ici, ce que Shivak avait dit à Cole. Que savait vraiment Angel et Cole ? À quel point avaient-ils une vision claire de la situation ? Qu’attendaient-ils d’eux ? Étaient-ils prêts à les aider et si oui, jusqu’à quel point ? Il lui fallait des réponses pour pouvoir évaluer la situation. Mais avant de poser des questions, il fallait donner des éléments.

- Nous n’avons pas l’intention de créer des problèmes sur le parc. Ma seule crainte c’est que les problèmes ne nous aient déjà précédés.

Shaélynn vit les yeux de Angel briller. Elle semblait prête à foncer sur elle, à chaque instant. Sans le regarder frontalement, elle tourna un peu le regard vers Cole, pour l’avoir dans sa vision périphérique.

- Je ne sais pas ce que t’as dit Shivak mais on n’est pas en position de force. Avec Marcos, on a besoin d’accéder au parc pour vérifier certaines théories et peut-être empêcher la Chimère de s’emparer, effectivement, - elle adressa un regard de reproche au français qui sembla prendre conscience de son erreur - du projet T. Mais il faut que cela soit fait aujourd’hui.

Le temps était compté. Shaé faisait au mieux pour rester mesurée dans ses propos mais elle ne pouvait pas non plus se permettre d’être timide dans ses demandes. Il fallait cependant proposer des contreparties solides en échange. Avec un regard ferme mais amical, elle se tourna vers Angel et s’adressa directement à elle.

- Encore une fois, nous ne souhaitons pas mettre en danger qui que ce soit mais nous devons accéder au parc. Et nous aurions besoin d’un peu d’aide… Mademoiselle, je sais que c’est beaucoup vous demander mais j’ai réussi à faire passer deux armes dans mes bagages. Elle vit les yeux de Angel s’ouvrir d’un coup et Shaé eut l’impression qu’elle avait fait un arrêt cardiaque, car elle semblait soudainement avoir été frappé par la foudre. Elles sont à l'hôtel avec mes bagages et nous aurions besoin de les récupérer. Pour nous défendre, et en cas de nécessité uniquement.

Pendant que Angel reprenait ses esprits, Shaélynn se tourna enfin franchement vers Cole pour lui parler. Et la lueur qu’elle voyait danser dans son regard, ne lui paraissait pas bon signe. Mais au vu de la situation, l’ancienne espionne n’avait que son culot pour elle et elle comptait dessus.

- Il nous faut l’accès au parc et un véhicule pour ne pas avoir à se soucier de la reconnaissance faciale. Personne n’aura à être blessé et si on atteint notre but, le parc sera hors d’atteinte de KC et Biosyn. Tout ça, cela  pourrait être un mauvais souvenir et ce dès demain. Si vous avez pris la peine de nous emmener jusqu’ici, c’est que vous avez le même objectif que nous et que vous êtes prêt à faire le maximum pour que cette menace prenne fin.

Les questions lui brûlaient les lèvres. Shivak, le manoir, Emma… Mais Shaé les retenait. Elle ne pouvait pas tout leur arracher d’un coup, d’un seul. Pour le moment, ils n’avaient rien dit sur leurs intentions. Marcos étaient partis du principe qu’ils étaient tous du même côté et les deux autres ne l’avaient pas détrompés. L’anglaise se montrait plus mesurée. Elle avait suivi le chemin tracé par le paléontologue sans ajouter d'information supplémentaire. Il fallait se montrer prudent et avancer avec précaution.

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyJeu 13 Avr 2023 - 22:49

Chargée comme une mule, les sacs de ses deux compagnons de route sur une épaule et son fusil à impulsion sur l’autre, Angel menait le groupe. Ouvrant subitement la porte d’entrée du bungalow, la jeune Moore s’élança pour entrer. Dans la précipitation la jeune brune se prit les pieds dans le seuil et n’aurait pas manquée de chuter si la Ranger, par réflexe, n’avait pas serré son bras, contrebalançant le poids pour ne pas se faire entrainer dans la chute de l’ancienne paléobotaniste. La ranger entendit derrière elle, beugler à poumons ouverts, le paléontologue, outré par le sauvetage d’Angel qu’il tentait tant bien que mal de faire passer pour une agression physique. La seconde des rangers tenta un regard noir plein de désapprobation et de dissuasion à ce dernier pour lui faire comprendre de la mettre en veilleuse pour le bon déroulé de la suite des évènements.

Sur le seuil, face au petit groupe, Cole Hudson. Lui et son ex petite amie se fixaient, en silence pendant que le paléontologue et la ranger observaient les scènes tels deux cierges au milieu d’un date malaisant. Une bulle de gênance gonflait à vue d’œil et ne demandait qu’à être brisée. Scène qui fût finalement abrégée quand l’espionne fit quelques pas dans la pièce, semblant observer l’intérieur du bungalow, guère enchantée de se trouver en ce lieu. Le gérant, probablement heureux ou peut-être soulagé de la voir ici, s’élança vers Shaélynn qui fit quelques pas en arrières de peur, entravée par les serflex qu’elle avait encore aux poignets. Cole, voyant les entraves sorti une paire de ciseau de la cuisine afin d’en libérer la demoiselle en détresse sous les yeux furibond d’Angel, lui faisant bien comprendre qu’elle désapprouvait le geste. Libérer un agent entrainé, c’est dangereux ! Même et surtout si c’est quelqu’un que l’on pense vraiment connaitre. Comment pour essayer de la rassurer, le gérant lui envoya un regard lourd de responsabilité qui semblait dire : « Fais-moi confiance ! ».

Une étreinte eut lieu entre les deux anciens amants puis Cole remercia Angel d’avoir accédé à sa requête voila maintenant une bonne semaine de ça. Le paléontologue s’était déplacé vers le salon sous le regard inquisiteur de la Ranger. Le petit français ne semblait pas apprécier de se faire surveiller, probablement un comportement de révolutionnaire des bas quartiers qu’ils aimaient tant … Il fit part de son mécontentement, tel un petit roquet aboyant sans aucune lucidité : « Bon c’est bon Judge Dreed, tu veux que je m’enfuie où ? Et j’ai aucune raison de m’enfuir de toute façon. On est juste pressé par le temps elle et moi. ». Il fallait vraiment qu’il fasse profil bas où il retournerait plus vite que prévu, tel un petit caniche, la queue entre les jambes aux pieds de sa mémère… La moutarde commençait à monter doucement mais sûrement au nez d’Angel qui lâcha de manière plutôt narquoise un subtil « Mais elle va se calmer la grenouille ! ».

Petit moment d’égarement, coupé par Cole, qui nous ramena assez vite à la réalité en nous invitant à nous asseoir afin de débuter notre « entrevue ». Comme si elle était chez elle, la seconde des Rangers se cala confortablement au fond d’un fauteuil se trouvant dans le salon. Un endroit assez dégagé pour avoir tout ce petit monde en visuel.  

Shivak fut le premier sujet abordé, puis s’en suivit de l’évocation de l’assassinat d’Emma Beckett qui fit baisser légèrement la tête de celle que l’on pouvait presque considérer comme sa remplaçante. Angel n’avait pas eu l’occasion de beaucoup travailler avec Emma mais, pour le peu effectué, il était sûr qu’il s’agissait d’une femme forte, droite et très douée dans son domaine d’action. L’annonce de sa mort lui avait également fait un choc. Le sujet avait probablement dû toucher assez durement les nouveaux arrivants au vu de leurs visages et de la réaction à fleur de peau du paléontologue. Comme une furie, Marcos se défoulait sur le gérant, injuste, tranchant, accablant, lâche… Finissant ses réprimandes et accusations, Angel ne pouvait pas se permettre de laisser passer ce discours de haine envers Cole et lui balança une réponse plus tranchante que jamais.

« Et vous pensez que c’est en accablant Cole que ce que vous avancerez sera des plus vrais ?! Et sachant ce qui se tramait, que faisiez-vous en tant que directeur de section paléontologique sur votre petite île Européenne pour juguler le danger ? Notre cher monsieur Hudson ici présent n’est pas resté inactif comme vous le prétendez sinon vous ne seriez pas devant nous ! Nous vous attendions… Vous ! Mademoiselle Moore ! Monsieur Garland ! Et tous les terroristes qui vous suivent VOUS ! Le filet est tendu, la sécurité n’a jamais été autant en alerte et seul le temps nous dira si nous avons eu vent de la menace assez tôt ! Si vous cherchez à tout prix un fautif, commencez par vous regarder dans un miroir ! Maintenant, cela fait deux ans apparemment que vos résultats sont mitigés donc, mettons-nous à table, cessons nos enfantillages et discutons comme des adultes responsables. La survie de milliers de personnes en dépend ! »

Telle une lionne, elle venait de rugir majestueusement sur le petit lionceau pour le remettre à sa place et espérait qu’il avait enfin saisit le message afin de pouvoir continuer d’œuvrer dans de meilleures condition. Comme elle l’avait rappelée, eux étaient là, mais d’autre suivaient immédiatement derrière et ils ne pouvaient se permettre d’enfantillages au vu du nombre de personnes en danger de mort imminentes.

Tout le monde s’était progressivement rapproché du salon où se trouvaient déjà le paléontologue et la seconde des rangers. Shaélynn, enfin, commença à prononcer des mots.

« Merci de nous avoir laissé entrer dans le parc. J’imagine que la décision a été difficile à prendre. »  Angel fit un signe de tête accordant cette vérité à l’ex paléobotaniste. « Marcos a raison : J’ai plus que ma part de responsabilité dans ce bazar et malheureusement le temps nous est effectivement compté. J’imagine que vous avez vous-même un agenda chargé à suivre pour aujourd’hui et nous n’avons pas l’intention de vous ralentir. »

Angel fit légèrement la moue face à cette dernière tirade. Son agenda est en effet chargé aujourd’hui et il avait déjà subi un changement de dernière minute qui se nommait Shaélynn, Marcos et accessoirement Shivak s’il daigne se montrer. Son boulot est d’assurer la sécurité du parc et elle y veillerait avec détermination et ça commençait par tous les garder à l’œil tant qu’ils n’auraient pas quitté l’île…

« Nous n’avons pas l’intention de créer des problèmes sur le parc. Ma seule crainte c’est que les problèmes ne nous aient déjà précédés. »

La ranger était désormais totalement captivée, les yeux brillants, par ce que pourrait annoncer la jeune femme.

« Je ne sais pas ce que t’as dit Shivak mais on n’est pas en position de force. Avec Marcos, on a besoin d’accéder au parc pour vérifier certaines théories et peut-être empêcher la Chimère de s’emparer, effectivement, - elle adressa un regard de reproche au français qui sembla prendre conscience de son erreur - du projet T. Mais il faut que cela soit fait aujourd’hui. »

Ce fameux Projet T si énigmatique et si dangereux était donc sur l’ile. C’est pour ça qu’ils étaient en danger. Qu’ils viennent ou non n’auraient rien changé…

« Encore une fois, nous ne souhaitons pas mettre en danger qui que ce soit mais nous devons accéder au parc. Et nous aurions besoin d’un peu d’aide… Mademoiselle, je sais que c’est beaucoup vous demander mais j’ai réussi à faire passer deux armes dans mes bagages. Elles sont à l'hôtel avec mes bagages et nous aurions besoin de les récupérer. Pour nous défendre, et en cas de nécessité uniquement. »

Le choc ! Les yeux grand ouverts le temps d’encaisser la nouvelle. Des armes avaient passées le contrôle sur le continent… Comment ? Sûrement une faille aux rayons X… Il fallait au plus vite changer les règles du jeu à San José. Il faudrait absolument procéder à l’ouverture de chaque bagage suspect aux rayons X pour lever le doute tant qu’il était temps. Elle l’espérait. Mis à part ce petit soucis de sécurité, ce que réclamait Shaélynn la laissait littéralement sur le cul. Elle est espionne, potentiellement dangereuse pour le parc, qui se fait interceptée et réclame d’être libre de ses mouvements et armée sur l’île…. Ben voyons !

« Il nous faut l’accès au parc et un véhicule pour ne pas avoir à se soucier de la reconnaissance faciale. Personne n’aura à être blessé et si on atteint notre but, le parc sera hors d’atteinte de KC et Biosyn. Tout ça, cela  pourrait être un mauvais souvenir et ce dès demain. Si vous avez pris la peine de nous emmener jusqu’ici, c’est que vous avez le même objectif que nous et que vous êtes prêt à faire le maximum pour que cette menace prenne fin. »

Toujours plus, le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière. Le gérant ne pouvant pas accéder gentiment à toutes les requêtes de son ex sans opposer de conditions. Il fallait qu’Angel lui fasse part de sa désapprobation. Lui, seul finalement, prenait la dernière décision.

« Cole ! Des armes et un véhicule ! Sérieusement ?! » Laissa-t-elle les paroles lourdes de questionnements. « Pourquoi pas mon badge personnelle pour accéder à quasiment tous les locaux et l’hélicoptère du boss équipé du M134 que l’on a en réserve tant qu’on y est ! On marche sur la tête, vraiment ! Cole, elle reste entrainée et dangereuse ! On ne peut pas faire du parc une sorte de zone de guerre où tout le monde tire sur tout le monde… On a 20 000 personnes potentiellement en danger, Cole ! » Essaya d’alerter la Ranger en s’exprimant directement à son supérieur sans faire attention à la réaction directe des deux interceptés.

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Dernière édition par Angel Harlowe le Dim 17 Sep 2023 - 17:47, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyDim 16 Avr 2023 - 22:44

« Bon ça suffit Cole ! » explosa finalement le paléontologue.

Cole relevait la tête d’un air surpris. La tristesse était une chose qu’il aurait pu anticiper, la colère était compréhensible mais pas du tout envisagée ou attendue à ce moment-là, surtout à son égard. Marcos était visiblement à cran et n’avait cessé de balancer des petites piques que le New-Yorkais avait ignoré jusqu’à maintenant. C’était peut-être ça une des raisons de son énervement soudain…

« Tu peux être désolé ouais ! Ça fait combien de temps que tu sais pour le projet T ? Depuis combien de temps as-tu les moyens de faire changer les choses et que tu n’en fais rien ?  Il est là quelque part sur cette île, sous ton nez, depuis maintenant deux ans. Et tu fais quoi pour que la liste des cadavres s’arrête ? Rien ! »

Marcos, d’une certaine manière comme à son habitude, mettait le doigt où ça faisait mal. Il ne passait pas par quatre chemins et allait directement au but. Le pragmatisme légendaire du paléontologue était franc et tranchant et, malheureusement pour Cole, le français disait juste. Le jeune homme y avait déjà songé plus que de raison. Il avait déjà réfléchi à chaque scénario possible et imaginable.


Les choses sont ce qu’elles sont parce qu’elles étaient ce qu’elles étaient.


C’était ce que lui répétait sa psychothérapeute. Phrase qu’elle avait subtilisé sans scrupule à un certain Hubert Reeves, un célèbre astrophysicien. Néanmoins, Cole avait appris à embrasser pleinement cette dernière et à en comprendre le sens. C’était simplement accepté que le passé ne pouvait être changé, que le présent était temporaire et l’avenir intangible. Plus concrètement, qu’il y avait tout bonnement des choses que l’on ne contrôlait pas.

Et si ce soir-là la bombe n’avait pas explosé ? S’il n’avait pas été blessé et qu’il s’était souvenu des mots de son ami ? Est-ce qu’il aurait pu arrêter Shaélynn ? Est-ce qu’il aurait seulement voulu le faire ? Est-ce que John Hammond serait encore en vie ?

Cole n’était pas dupe. Il n’aurait jamais pu faire de mal à la jeune femme mais il se serait certainement au moins rendu chez les Hammond pour découvrir la vérité. Il serait certainement parti en croisade, tête baissée, pour accomplir la tâche que Josh lui avait confiée. Aujourd’hui, deux ans après et même après avoir retrouvé la mémoire, il n’y était pas allé pour autant. Il avait suivi la piste qu’il avait eu envie de suivre.

Comment aurait-il pu savoir que le projet T était sur cette foutue île ? Est-ce que cela aurait changé quelque chose ? Comment, eux, l’avaient-ils découverts ? Et s’ils revenaient seulement maintenant, peut-être que cette information était pour eux aussi encore toute fraîche ? Marcos pouvait-il alors blâmer ainsi Cole ?

Ce dernier pinçait ses lèvres et baissait la tête honteusement. Quoi qu’il pense, quoi qu’il dise, le gérant avait dans tous les cas eu d’autres choses à gérer. Marcos se leva soudainement, captant irrémédiablement l’attention de son public, et pointa du doigt Shaélynn.

« La seule foutue raison pour laquelle tu nous as fait venir, c’est pour essayer de te rabibocher avec ton ex. Là dehors, des gens meurent, parce qu’une organisation terroriste cherche un truc ici. Mais non, le directeur Cole Hudson préfère rechercher et faire escorter sa fausse ex-copine. »

Le gérant relevait la tête et toisait du regard le français en fronçant les sourcils. Oui, Cole avait recherché pendant près d’un an Shaélynn. Oui, il souhaitait la retrouver et il avait toujours voulu la savoir en vie et en bonne santé. Mais non, ce n’était pas la seule raison de leurs retrouvailles rocambolesques. Mais comment pouvait-il comprendre ? Marcos semblait fébrile et las de tout ça.


La colère.


Elle était encore une fois compréhensible et justifiée mais elle était dirigée vers la mauvaise personne pour les mauvaises raisons. La chaleur de cette injustice gonflait lentement dans la poitrine du jeune homme tandis que le paléontologue reprenait son souffle pour tenter de garder son calme.

« Franchement, Cole, tu es un grand garçon. Tu le sais que si en deux ans elle avait voulu te revoir, elle serait revenue. Je veux dire ; je suis qu’un simple paléontologue, c’est pas grâce à moi qu’elle est là aujourd’hui. Tout ce que je sais, c’est qu’Emma est morte et c’est ton inaction qui en est responsable. »

De nouveau, Cole fronçait les sourcils mais cette fois plus intensément. Les mots du français étaient durs mais ils étaient aussi injustes et maladroits. L’américain sentait l’énervement grimper de plus en plus en lui. Comment pouvait-il le croire aussi stupide et puéril ? Comment pouvait-il oser le blâmer pour la mort d’Emma ? Elle avait quitté l’entreprise depuis bien longtemps et l’implication de Cole dans la recherche du projet T n’aurait pas changé grand-chose. Rien n’indiquait d’ailleurs si sa mort avait un lien quelconque avec cette histoire. La rancœur de Marcos était encore plus profonde et plus forte que le jeune homme n’aurait pu imaginer. À la posture du paléontologue, le gérant comprit cependant bien assez vite qu’il aboyait et qu’il pourrait le faire autant qu’il le pouvait. Il était néanmoins fatigué et stressé. Il était triste et en colère. Il était sous le choc. Marcos était terriblement humain. Malgré cet effort qui semblait le vider de son énergie, il se rasseyait en ajoutant pour terminer.

« Mais c’est aussi ma faute. Je voulais mettre au jour le projet T pour couper l’herbe sous le pied à la Chimère et j’ai pas réussi. Et c’est aussi la faute de Shaelynn, de Shivak et j’en passe. Maintenant, on peut faire que tout ce merdier cesse. Tu as rien fait jusqu’à présent soit, mais est-ce que tu vas au moins nous laisser faire de notre côté ? »

Du mieux qu’il le pouvait, Cole tentait de garder son calme et bien qu’il fut tenté de foutre le français et son arrogance sur le cul, il n’en fit rien. Il se contentait de le regarder un instant avec des yeux noirs en serrant les dents. Ses mains tremblaient tandis qu’un mélange de stress, de colère et d’injustice parcourait son corps. Le jeune homme n’avait définitivement plus la patience d’antan mais s’il devait endosser ce rôle, il le ferait. Après tout, c’était aussi de sa fonction d’assumer des responsabilités qui n’étaient pas directement de son fait. S’il y avait bien une chose qu’il avait appris durant son séjour à l’hôpital et durant ses nombreuses séances de psy, c’était canaliser ses sentiments. Mais son altercation avec Shivak lui avait d’une part appris qu’il n’excellait pas particulièrement dans cette aptitude mais aussi d’autres parts que la violence ne résolvait rien pour autant. Pourtant, Angel sortait finalement de son silence et attaquait verbalement le paléontologue.

« Et vous pensez que c’est en accablant Cole que ce que vous avancerez sera des plus vrais ?! Et sachant ce qui se tramait, que faisiez-vous en tant que directeur de section paléontologique sur votre petite île Européenne pour juguler le danger ? Notre cher monsieur Hudson ici présent n’est pas resté inactif comme vous le prétendez sinon vous ne seriez pas devant nous ! Nous vous attendions… Vous ! Mademoiselle Moore ! Monsieur Garland ! Et tous les terroristes qui vous suivent VOUS ! Le filet est tendu, la sécurité n’a jamais été autant en alerte et seul le temps nous dira si nous avons eu vent de la menace assez tôt ! Si vous cherchez à tout prix un fautif, commencez par vous regarder dans un miroir ! Maintenant, cela fait deux ans apparemment que vos résultats sont mitigés donc, mettons-nous à table, cessons nos enfantillages et discutons comme des adultes responsables. La survie de milliers de personnes en dépend ! »

Cole ne parvenait pas à se calmer. Tout ça était ridicule. Ce n’était pas le moment pour tout “ça”. Il n’y avait certainement pas de temps à perdre pour “ça”. Pourtant, il ne tenait plus en place. De qui, entre Marcos et Angel, étaient le briquet et l’essence ? Qu’est-ce que cela faisait de Shaélynn et lui ? Des braises pour attiser les flammes ? La confrontation était inévitable mais elle n’en restait pas moins frustrante. Le gérant était sur le point de sortir de ses gonds. Une part de lui remerciait la ranger pour tenter de calmer la situation et de le défendre par la même occasion. Une autre était bêtement vexée qu’elle se sente obligée de le faire à sa place alors qu’il s’apprêtait lui-même à prendre la parole. Il adressait un regard mitigé, comme pour tenter de lui dire de ne pas trop en faire. Elle le lui rendait brièvement avant de tourner la tête vers Shaélynn qui les rejoignait. Elle arrivait finalement à sa hauteur pour prendre la parole.

L’américain avait à peine entendu la chaise raclée sur le plancher et ne s’était presque pas aperçu de son arrivée. Elle s’était déplacée à pas de loup avec une certaine gêne, voire une nervosité qui ne lui ressemblait pas. En seulement deux ans, Shaélynn semblait avoir complètement changé.


Il y avait quelque chose de différent chez elle.


Elle semblait faible et fragile mais d’une certaine manière elle rayonnait. Elle le faisait certes déjà à l’époque, surtout par son arrogance et son franc parler. Cole ne savait pas exactement pourquoi mais il y avait définitivement quelque chose de différent chez elle. Quoi que cela soit, dans sa manière d’agir, tout montrait qu’elle n’avait vraisemblablement pas envie d’être ici. Elle croisait les bras pour garder une certaine distance avec ses interlocuteurs et prit la parole d’une voix fatiguée. Le jeune homme, qui la regardait à nouveau comme si elle venait d’apparaître de nulle part, ce qui était le cas d’une certaine façon, se perdait un instant dans son visage. Il n’arrivait toujours pas à croire qu’elle était vraiment là, à côté de lui. Elle lui apparaissait comme un ovni ou un fantôme. On a envie d’y croire mais c’est plus fort que nous, on cligne des yeux pour s’assurer que c’est bien réel. On cligne des yeux pour essayer de faire disparaître cette étrange apparition. On est tenté de s’approcher mais en même temps cela paraît si surréaliste, si effrayant et pourtant si fascinant. On est juste tétanisé.

« Merci de nous avoir laissé entrer dans le parc. J’imagine que la décision a été difficile à prendre. Marcos a raison : J’ai plus que ma part de responsabilité dans ce bazar et malheureusement le temps nous est effectivement compté. J’imagine que vous avez vous-même un agenda chargé à suivre pour aujourd’hui et nous n’avons pas l’intention de vous ralentir. »

Elle marquait une pause et se balançait légèrement vers l’avant. Encore une fois, sa voix était faible et avait un léger craquement en fin de phrase qui semblait témoigner de sa fatigue. Ses premiers mots s’adressaient surtout à Angel. Shaélynn avait visiblement bien compris qu’elle était probablement dans cette pièce le seul élément vraiment réticent à cette étrange situation. Elle gardait son calme et semblait même vouloir apaiser la conversation ; ce qui, encore une fois, ne lui ressemblait pas. Elle qui pourtant avait toujours eu tendance à tenir tête à quiconque se mettrait en face d’elle et à foncer sans concession vers la menace. C’était en tout cas l’image qu’il gardait d’elle après tout ce temps. Est-ce qu’il l’avait idéalisé ? Quoi qu’il en soit, elle venait seulement de prendre la parole mais pourtant ses propos étaient déjà lunaires. Cole tiquait à cette dernière phrase : est-ce que Shaélynn essayait de se débarrasser d’eux ?

« Nous n’avons pas l’intention de créer des problèmes sur le parc. Ma seule crainte c’est que les problèmes ne nous aient déjà précédés. »

Il n’était visiblement pas le seul à réagir aux remarques de la jeune femme puisque Angel semblait également grincer des dents. Assise sur le fauteuil, elle toisait du regard l’ancienne paléobotaniste. Elle avait presque un air provocateur, comme si elle l’invitait à faire le moindre faux pas ; comme pour lui montrer qu’elle était prête à foncer sur elle à chaque seconde, à chaque mot qui fourchait sur sa langue. Shaélynn qui avait dû voir et ressentir les mêmes réactions chez la ranger se tournait légèrement vers Cole. La ranger ne bronchait pas mais on pouvait sentir son aura grandir lentement mais sûrement dans la pièce dont l’atmosphère devenait pesante.

« Je ne sais pas ce que t’as dit Shivak mais on n’est pas en position de force. Avec Marcos, on a besoin d’accéder au parc pour vérifier certaines théories et peut-être empêcher la Chimère de s’emparer, effectivement, du projet T. Mais il faut que cela soit fait aujourd’hui. dit-elle en s’orientant vers Marcos vers un regard rempli de reproches. »


“Je ne sais pas ce que t’as dit Shivak…”


Shaélynn avait balancé cette première phrase avec une certaine forme d’inquiétude qu’elle ne parvint pas à dissimuler. Ses émotions lui paraissaient si transparentes à cet instant que ça en était perturbant : ça aussi c’était nouveau.

Avait-elle peur de ce que Shivak avait pu lui dire ? S’interrogeait-elle sur la nature de leurs échanges ?

La formulation de sa phrase était étrange… Dans tous les cas, la jeune femme disait les choses en les survolant seulement.


“...certaines théories…”


Cela semblait évident qu’elle tâtait le terrain et qu’elle utilisait judicieusement ses mots pour ne pas trop en dévoiler. Il avait passé tellement de temps à éplucher leurs conversations avec sa psy que Cole le voyait très clairement aujourd’hui. C’est ce qu’elle avait longtemps fait avec lui. Elle manipulait sa parole avec minutie et restait vigilante sur les mots qu’elle utilisait pour n’employer uniquement ceux qui avaient déjà été prononcés. Et puis, ce regard jeté sur Marcos trahissait une volonté de sa part de ne pas réellement exprimer leurs intentions et leurs plans. C’était comme si le paléontologue en avait déjà trop dit.

Ainsi, les propos de Shaélynn ne parvenaient toujours pas à apaiser l’américain et, bien au contraire, il avait de plus en plus de mal à tenir en place. Cette dernière s’adressait de nouveau à Angel avec une certaine fermeté qui la connaissant allait probablement lui déplaire. Cole savait qu’elle essayait d’arrondir les angles mais elle ne connaissait pas la ranger et dans une certaine mesure ne connaissait plus Cole non plus. Même si cette pensée était douloureuse, pouvait-il encore prétendre la connaître elle ? Il se l’était déjà avoué et le faisait encore aujourd’hui. Il l’avait tout juste connu, un laps de temps qui lui avait pourtant paru toute une vie. Quand il voyait tout ce qu’il s’était passé en deux ans de son côté et, bien qu’il en eut un aperçu par le biais des dires de Shivak, il n’imaginait même pas ce qu’avait dû vivre Shaé durant sa cavale. C’était un constat désagréable mais néanmoins nécessaire. Quoi qu’il en soit, quoi qu’elle dise, il y avait fort à parier que sans l’intervention de Cole, la cheffe de la sécurité l’enverrait probablement balader. Il croisait les doigts pour que Shaélynn se taise et n’en rajoute pas davantage. “Choisis bien tes mots”, se répétait-il en boucle.

« Encore une fois, nous ne souhaitons pas mettre en danger qui que ce soit mais nous devons accéder au parc. Et nous aurions besoin d’un peu d’aide… Mademoiselle, je sais que c’est beaucoup vous demander mais j’ai réussi à faire passer deux armes dans mes bagages. Elles sont à l'hôtel avec mes valises et nous aurions besoin de les récupérer. Pour nous défendre, et en cas de nécessité uniquement. »

Et merde… Sans grande surprise, Angel écarquilla instantanément les yeux et fusillait littéralement du regard l’ancienne espionne. La ranger jeta ensuite un regard similaire au gérant, comme pour le maudir des décisions qu’il avait prises récemment, comme pour lui dire “Tu vois ? Je te l’avais bien dit”, comme pour chercher un soutien quelconque. Ce dernier ne lui apportait comme élément de réponse qu’un vulgaire haussement d’épaules pour lui signaler qu’il était déjà trop tard et qu’ils ne pouvaient rien y faire de toute façon mais celle-ci semblait trop absorbée dans ses réflexions pour pouvoir lui répondre quelque chose. En soit, la présence elle-même de Marcos et Shaélynn lui semblait déjà complètement ahurissante et apprendre qu’ils avaient réussi à faire entrer des armes à feu sur le parc paraissait presque anodin à côté. Alors qu’il cherchait quelque chose à répondre à Angel pour anticiper son énervement, Cole fut de nouveau interpelé par l’ancienne paléobotaniste qui se tournait désormais dans sa direction pour lui parler. Il avait à peine eu le temps d’entrouvrir la bouche et affichait de surcroît une certaine impatience. Elle ajoutait juste un peu plus d’essence sur le feu déjà bien nourri de la ranger.

« Il nous faut l’accès au parc et un véhicule pour ne pas avoir à se soucier de la reconnaissance faciale. Personne n’aura à être blessé et si on atteint notre but, le parc sera hors d’atteinte de KC et Biosyn. Tout ça, cela  pourrait être un mauvais souvenir et ce dès demain. Si vous avez pris la peine de nous emmener jusqu’ici, c’est que vous avez le même objectif que nous et que vous êtes prêt à faire le maximum pour que cette menace prenne fin. »

Quelque chose n’avait cependant pas changé, la jeune femme était toujours autant une maniaque du contrôle. Ce n’était plus juste une simple demande, c’était presque devenu un ordre. Cole prit une grande inspiration et jeta un coup d'œil rapide vers le bar qui se trouvait dans le salon. Il serrait discrètement un poing dont les doigts devenaient blanchâtre par endroit pour se donner un peu de courage. Le choix de ses mots était cette fois encore peu judicieux et pourrait presque ressembler à une menace dissimulée. Il savait à ce moment-là que c’était la goutte de trop et que l’eau n’allait pas seulement déborder : le vase allait imploser.  

Toujours tourné vers l’anglaise, il expirait lentement pour garder son sang froid mais il avait l’impression de manquer d’air. Et avant même qu’il puisse s’exprimer, une voix autoritaire l’interpellant le sortit à nouveau de sa réflexion.

« Cole ! »

Sa poitrine chauffait de plus en plus. Cette boule dans le creux de son estomac ne s’estompait pas et gonflait encore davantage.

« Des armes et un véhicule ! Sérieusement ?! »

C’était trop. C’était trop… Un sifflement strident accompagnait les paroles de la ranger qui se plaignait alors de cette situation.

« Pourquoi pas mon badge personnel pour accéder à quasiment tous les locaux et l’hélicoptère du boss équipé du M16 que l’on a en réserve tant qu’on y est ! On marche sur la tête, vraiment ! Cole, elle reste entraînée et dangereuse ! On ne peut pas faire du parc une sorte de zone de guerre où tout le monde tire sur tout le monde… On a 20 000 personnes potentiellement en danger, Cole ! »

Cole montrait le plat de sa main pour poser et calmer un peu le jeu. C’était probablement plus pour lui, pour canaliser sa propre colère qu’il fit ce geste puisque, sans s’en rendre compte, ses yeux froncés bloquaient un instant ses paupières qui s’étaient naturellement fermées. C’était comme si son corps ne souhaitait plus voir ces gens, comme si la lumière était devenue trop perçante. Il s’efforçait donc à les rouvrir pour constater que les regards étaient tournés vers lui et attendait qu’il se prononce. C’était sur un ton tout d’abord détendu mais ferme qu’il disait donc simplement :

« On ne veut pas non plus vous ralentir et Angel…» Il savait d’avance qu’elle allait protester mais il continuait malgré tout.. « Angel va aller chercher ce dont vous avez besoin. »

La ranger poussait une exclamation qu’elle étouffait rapidement lorsque le jeune homme reprit de plus belle.

« On va également vous mettre des talky à disposition pour que l’on puisse communiquer. C’est moins risqué que des téléphones. Dès qu’elle reviendra, vous pourrez partir. En attendant, vous êtes en sécurité ici et surtout, vous ne mettez personne en danger. En revanche, Angel a raison. Est-ce que vous savez où vous cherchez exactement ? »

Devant l’air médusé des deux invités d’infortunes, il ajoutait.

« Je précise ma question, avez-vous réellement besoin de circuler dans le parc ? Si vous souhaitez un véhicule, j’imagine que vous n’allez pas vous balader dans l’allée principale… »

Le jeune homme hésitait un instant. Il n’allait même pas attendre leurs réponses, il allait passer du tout au rien mais il ne pouvait se permettre de ne rien dire. C’était trop. Il n’arrivait plus à se contenir et s’élançait finalement.

« Pour te répondre Shaé, Shivak m’en a dit suffisamment pour savoir que “lui”- la paume vers le haut, il pointa vivement du doigt Marcos sans le regarder en continuant de parler. - n’a rien à faire ici non plus. Il n’a pas plus les épaules que moi pour affronter ce qui va arriver sur Nublar mais des vies sont en jeu et on peut compter notre petite équipe sur les doigts d’une main. Si on ne se coordonne pas un minimum, on ira pas très loin. »

C’était une première façon de dire à Shaélynn qu’elle ne se débarrassait pas d’eux aussi facilement. Il tentait de contenir sa colère et sa frustration mais cela se trahissait malheureusement dans sa gestuelle et ses yeux bleus qui étaient devenus froids et perçants. Cole avait en effet la fâcheuse tendance à exprimer ses sentiments sur son visage et ce dernier n’était de toute façon pas très doué pour les dissimuler. Il se tournait désormais spécifiquement vers Marcos en le regardant de la manière la plus neutre possible. Le toisant rapidement de haut en bas, il poursuivait donc avant que ce dernier ne puisse prononcer un seul mot.

« La mort de Emma est une tragédie et on ne sait pas encore tout à fait ce qu’il s’est passé. On ne sait même pas s’il y a un lien avec le projet T et avec tout ça. On ne le saura peut-être jamais. Je comprends ta douleur et ta colère mais tu peux tout aussi bien me blâmer pour les attentats de 2012 si tu veux. Ça ne changerait rien à la situation. Si ça peut t’aider à aller mieux alors vas-y, lâches toi, fais toi plaisir, gueules un coup qu’on puisse enfin commencer les choses sérieuses. »

Il marquait une pause pour voir si le paléontologue allait réagir mais la colère l’empêchait de voir clairement une potentielle réaction ou même d’entendre une réponse de sa part. Avant même qu’il envisage de le faire, le gérant lui coupait la parole.

« Comme Shaé l’a supposé, on n'est pas là pour vous arrêter mais bien pour vous aider. Et sans nous, comme l’a dit Angel, vous ne seriez pas aller bien loin. Sans moi, elle serait probablement en train de vous interroger à cet instant même. Mon inaction et ta gratitude sont visiblement sur la même longueur d’onde. Inexistantes. Encore une fois, je comprends ta tristesse et ta frustration, crois moi Marcos. Je sais que Angel n’a certainement pas dû être tendre avec vous et croyez bien qu’elle fait tout ça à contre-coeur. »

Cole se tournait vers elle pour avoir son avis mais elle se contentait à son tour de hausser les épaules comme pour valider ses propos. Une veine se dessinait cependant sur son front comme pour marquer sa frustration qu’elle peinait à contenir. Il s’orientait à nouveau vers le paléontologue, un doigt désormais pointé vers le haut comme pour signaler un avertissement et un grincement de dents qui trahissaient encore une fois son énervement qu’il tempérait de plus en plus difficilement. Il reprenait malgré tout sur la même tonalité en regardant droit dans les yeux du français.

« Mais maintenant tu vas baisser d’un ton et tu vas rapidement doser tes propos parce que visiblement tu n’as aucune idée de quoi tu parles. Ouais, je ne suis pas tout blanc. Et oui, j’avais mes priorités. D’une part, ce ne sont pas celles que tu crois et d'autre part, elles ne te regardent pas. Je n’ai pas toujours été exemplaire, j’ai mes faiblesses et j’ai moi aussi mon lot d’échecs. Mais je n’ai pas “rien fait”. J'ai échoué, si tu veux. Mais je ne veux pas qu'on me dise que j'ai rien foutu, parce que ce n'est pas vrai. »

Sa voix était calme et froide mais sa gestuelle était virulente et accusatrice. Il était fébrile et sa main tremblait à cause du stress et de cette chaleur qui enveloppait sa poitrine. Ou peut-être était-ce un effet secondaire des cachets qu’il prenait ? Peut-être que c’était le manque ? Dans tous les cas, sa colère était bien entendu dirigée vers Marcos qui l’avait acculé injustement et Cole voulait mettre les choses au clair une bonne fois pour toute.

« Tu ne connais ni mes raisons, ni mes intentions et si tu veux entrer dans le perso… Ok ! Sans soucis. On discutera plus tard. Pour le moment, ce n’est pas le plus important. »

Le New-Yorkais était resté debout jusqu’à maintenant. À vrai dire, il ne tenait pas en place et, sans s’en rendre compte, il s’était même légèrement approché de Marcos. Si le jeune homme était d’une nature plutôt calme à l’origine, son tempérament avait bien évolué ces dernières années. Il était devenu moins patient et cet épisode avec Shivak lui avait appris qu’il pouvait même être violent. Ce n’était pas forcément la facette de lui qu’il appréciait le plus et il pouvait également lui arriver d’oublier que son physique pouvait parfois impressionner. Il fit donc lentement quelques pas en arrière pour maintenir une distance respectable et prit une inspiration qui lui donnait l’impression enfin d’atteindre pleinement ses poumons. Il se frottait les yeux un instant comme pour tempérer une migraine en approche.

« Angel… Est-ce que tu peux aller chercher leurs affaires s’il te plaît ? »

Il lui adressait un regard compréhensif et, après quelques secondes où la jeune femme se faisait visiblement violence, elle finit par se lever en lâchant un soupir exaspéré qu’elle ne cherchait pas du tout à dissimuler. Cole l’accompagnait jusqu’à la porte et sortait avec elle pour lui parler seul à seul. Elle n’approuverait certainement d’ailleurs pas qu’il les laisse à l’intérieur tous les deux mais peu importe.

« Fais moi confiance… Promis : tu pourras me hurler dessus plus tard et me dire “j’avais raison”. Ok ? Je vais essayer d’en savoir plus sur leur plan et on avisera par la suite ? » Il baissait légèrement d’un ton pour être sûr de n’être pas entendu. « S’ils veulent une voiture c’est que le projet T doit être vers l’ancien parc, tu ne penses pas ? L’attaque de K-C était beaucoup trop ciblée pour que cela soit un hasard et Hammond n’a pas choisi cet emplacement au hasard non plus, je ne vois que ça… »

La portière ouverte, une main sur le toit de sa voiture, elle lui répondit nonchalamment.

« S'ils réclament une voiture c'est qu'ils ont une petite idée d'où ils pourraient le retrouver. Je pense qu'ils se mettent eux ainsi que nous tous en danger à vouloir se la jouer en solitaire. Mais sérieusement Cole, ça n'est vraiment pas une bonne idée de leur donner des armes et il est hors de question qu'ils se déplacent avec mon véhicule ! Je m'en procurerais un autre, mais tu m'en devras une bonne après ! »

« Il n’était pas non plus question de leur donner ton véhicule. T'en fais pas pour ça va ! », lui répondit-il d’un air presque amusé. « Je ne te retiens pas plus, file. On se tient au courant. À tout à l’heure ! »

Elle acquiesça, claqua la portière et démarra en trombe sans demander son reste. Il savait qu’une part d’elle devait être vexée et énervée mais elle lui faisait confiance. Il ne comptait pas briser ce qu’ils avaient et il se sentait redevable. D’une certaine façon, ce court échange avait suffi à l’apaiser un peu.

Il prit une longue inspiration et regarda un instant le ciel pour chercher encore un peu plus de paix. Il savait que les prochaines minutes ne seraient pas les plus agréables, le gros de la tempête n’était pas encore passé. D’un pas hésitant, il se dirigeait donc à nouveau vers son bungalow. Il déposait sa main sur la poignée de la porte d’entrée qui grinçait légèrement sous le poids de sa main alourdie par le stress. Angel venait tout juste de partir, il allait se retrouver seul avec ses deux invités vers qui il se retournait lentement. Tant de sujets restaient à être abordés et si peu de temps leur était accordé. Pourtant, il ne savait pas vraiment par où commencer. Tel un prédateur tapis dans l’ombre, un silence désagréable profitait de ce mouvement pour s'installer lentement dans le bungalow, en faisant sa nouvelle demeure. Cole, le regard dans le vide et un air las, prit une nouvelle inspiration et poussa un soupir pour évacuer la tension qu’il cumulait. Il releva les épaules, se redressa et prit finalement son courage à deux mains. Il s’élança dans la pièce pour les rejoindre. C'était bête parce qu'ils étaient juste à côté mais pendant un instant il s’était presque attendu à ce qu’ils ne soient plus là, de ne trouver personne. Il s’imaginait qu’elle soit partie de nouveau et qu’elle l’ait abandonné encore une fois. Que tout ça n'était qu'une vision ou une hallucination encore plus violente que les autres. Il n'en était rien.


Elle était là. Elle était vraiment là.


Elle l’attendait, debout dans la cuisine. Cole eut un petit sourire qu’il éteignit rapidement. Il n’avait ni l’envie ni la force de le faire et cela malgré la joie qu’il ressentait de la retrouver. Il aurait aimé que cela soit dans d’autres circonstances et encore moins ici puisque cela ne présageait rien de bon pour la suite des événements. Au vue de ses réactions, Shaélynn n’était de toute façon pas heureuse de le retrouver. Marcos, quant à lui, s'était déplacé également et était à côté d’elle. Il n’était pas difficile d’imaginer qu'ils avaient certainement profité de ces minutes de répit pour avoir quelques échanges sur leur propre situation.

« Asseyez- vous. Je vais préparer du café. », dit-il finalement d’un ton calme.

Ils obéissaient sans rien répondre si ce n’est qu’elle aussi eut un petit sourire timide. Ils tiraient chacun une chaise à l’unisson qui raclait péniblement le plancher et cet effort leur semblait presque démesuré. En réalité, Shaé semblait épuisée et donnait physiquement l’impression qu’elle allait s’évanouir d’un moment à l’autre. Ces deux années de cavale avaient dû être plus que éprouvantes et Cole ne pouvait imaginer ce qu’elle avait vécu. Il espérait néanmoins qu’elle allait le lui raconter.


Elle était différente et pourtant c’était bien elle.


Toujours dans le silence, Cole s'attelle alors à la tâche et prépare, comme il l’avait dit, la cafetière. Il installe une capsule, remplit le réservoir et allume la machine qui allait s’occuper du reste. Il sort ensuite trois tasses qu’il dépose sur la table dans un son clinquant qui brise un instant ce silence. Il retourne ensuite auprès de l’appareil et s’appuie sur le comptoir sans dire aucun mot. Shaélynn semble perdue dans ses pensées si bien que le bruit de la cafetière la fait presque sursauter. Elle est à cran et sur le qui-vive. Elle est sur la défensive et, à cette vision, Cole pince les lèvres d’un air renfrogné. Malgré lui il n’est pas plus à l’aise qu’elle et ne sait pas encore s’il peut réellement lui faire confiance. Il se relève et remplit les tasses pour ensuite se rasseoir en face de la jeune femme.

Cole ignore ce qu’ils se sont dit quand il est sorti mais Marcos, de son côté, a l’air plus calme. Peut-être se maîtrisait-il simplement davantage ? Shaélynn, elle, a le regard fuyant et balbutie quelque chose dans ses lèvres sans qu’aucun son ne sorte de sa bouche. Elle regrette probablement déjà la situation dans laquelle ils se trouvent actuellement. Cole a attendu ça longtemps et il a l’impression pour le moment que tout se passe comme il l’avait imaginé. Presque. Au bout d’un moment, pour enfin briser la glace, il finit par balancer.

« Après votre arrivée, admettons que vous ayez récupéré vos affaires à l’hôtel. Et après ? C’était quoi le plan ? Est-ce que vous savez où se trouve le projet T ? Est-ce que vous savez où chercher ? »

Une pensée continuait néanmoins de faire son chemin dans son esprit. Il voulait parler à Shaélynn en tête à tête. Il attendait ce moment depuis si longtemps et s’était imaginé tellement de choses différentes. Pourtant, rien ne se passait réellement comme il l’aurait souhaité. Il avait attendu ensuite le départ de Angel pour lui parler plus librement mais c’était sans compter de la présence de Marcos. Plus le temps passait, plus le français lui donnait l’impression d’être accroché à Shaélynn comme une moule à son rocher. Ou plutôt comme un boulet à sa cheville. Il ne comprenait toujours pas tellement ce que Marcos Shannon venait faire ici et peut-être qu’il allait aussi pouvoir enfin éclaircir ce point. Est-ce qu’elle et lui… ? Non, ce n’était pas envisageable. Pas après ce que Shivak lui avait dit.

Est-ce que c’était juste une question de vengeance ? Est-ce que, comme lui, il s’était tout simplement trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ? Est-ce qu’il s’était juste fait emporter par la marée sans jamais pouvoir revenir sur la terre ferme ?

Quoi qu’il en soit, le peu de temps qu’il pourrait s’accorder avec la jeune femme serait forcément en sa présence et il ferait avec.

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Marcos Shannon

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyDim 14 Mai 2023 - 22:08



23 mai 2015


Marcos avalait les kilomètres d’asphalte au volant de la voiture de location qu’il avait louée quelques heures plus tôt. Il avait laissé Shaelyn et Shivak en piteux état à Paris, dans un hôtel petit et miteux. De peur que son nom soit apparu sur la liste des cibles à abattre de la Chimère pour avoir aidé les deux espions, Marcos avait finalement fuit la capitale. Mais pour aller où? Retourner sur Isla Nova était de la folie. Aller chez ses parents? Non plus. C’était probablement le premier endroit où la Chimère regarderait ici, en France. Le paléontologue ne les avait pas vu depuis quelques mois. La charge de travail en était la principale cause. Le français n’avait pas non plus un sens de la famille très prononcé. Les enfants devaient partir découvrir le monde et se forger, pas rester dans le giron de leur mère, du moins c’est ce qu’il pensait Ce n’était pas pour autant qu’il ne s'inquiétait pas pour leur sécurité. Mais leur rendre visite était dangereux, et les appeler avec son portable également. Les joindre avec une cabine téléphonique? Et pour leur dire quoi? “Faites attention, des tueurs vont peut-être venir chez vous pour me chercher”, rien que ça. Mauvaise idée également. Pour le moment, dans le doute, il pensa plus à sa sécurité et s'éloigna le plus possible de la capitale. En évitant de prendre l’autoroute et ses caméras par excès de prudence, il favorisa les petites routes départementales de campagne et prît la direction du sud. La partie méridionale de son pays maternel regorgeait d’espaces ruraux et vides, parfait pour faire profil bas quelque temps. Les villes se succédaient les unes après les autres, mais elles paraissent toujours trop grandes, trop peuplées.


“Suis-je en train de perdre la tête?” se demanda t-il en baissant le volume de l’autoradio, comme pour mieux s’entendre penser et se répondre à soi même. Mais aucune réponse ne vînt. Le stress et la brutalité des récents événements bridaient le raisonnement du pauvre homme.


La garrigue commençait à remplacer les paysages de plateaux herbeux du centre de la France. Un petit parking retint son attention sur le bord de la route qu’il empruntait. Marcos décida de s'arrêter quelques instants pour se délier les jambes et réfléchir. Celà faisait six heures qu’il conduisait sans avoir fait de pause. La fatigue se faisait ressentir ainsi qu’une douleur nerveuse dans son échine. Il coupa le moteur et se laissa retomber mollement sur le volant en soupirant à plein poumons. Mentalement, il fît le résumé des ressources à sa disposition. L’argent. Il n’en manquait pas, car InGen payait plutôt bien moyennant les clauses de confidentialité drastiques et le danger de mort permanent. Mais payer par carte était dangereusement traçable. Il décida donc qu’il retirerait le maximum possible par carte, et payerait tout en liquide. Son téléphone. Il était facilement traçable, mais l'installation d’un VPN permettrait de remédier à ce problème. Le logement. Une chambre de bonne ou quelque chose dans le genre ferait l’affaire. Pour finir, Marcos fît la liste des alliers. Shaelynn était hors d’état de l’aider. Et de toute façon, Marcos n’aurait sûrement pas été prêt à lui faire confiance. L’espionne s’était montrée très compétente dans sa manière de jouer les fouines, cachée dans l’ombre du directeur. L’homme qui l’accompagnait, Shivak, était de la pire espèce et dans un état pire encore. Le paléontologue se demanda même pourquoi il avait pensé à lui l’espace d’une seconde. Qui restait-il ? Terrence McTaylor, son bras droit de la division paléontologie d’InGen. C’était un mec dégourdi, un ancien militaire de surcroît même s’il semblait ne pas trop apprécier en parler. Mais ce dernier était sur Isla Nublar. Le contacter, c’était risquer de faire fuiter sa localisation. Chris Nedry ? Impossible de savoir à quoi s’en tenir avec lui. Un jour il vous torturait pour le compte de Garland, et le lendemain il vous aider à sauver les miches de mademoiselle Moore et de ce même monsieur Garland, agent déchu de la Chimère de son état. Emma Beckett, la cheffe des rangers, était des plus compétente, mais partager le lit de Shivak Garland lui avait fait perdre son impartialité. Il restait finalement Cole Hudson. Le directeur d’InGen et du parc principal sur Isla Nublar s’était avéré un allié précieux fût un temps, et même presque un ami. Entre-temps, il était devenu la marionnette de Shaelyn Moore. L’espionne avait glissé ses tentacules dans le parc en s’attaquant à la tête pensante. Enfin, en s’attaquant… avec des sessions de full-contact. Le paléontologue en arriva à la conclusion qui se révélait telle une évidence. C’était seul qu’il s’était mis dans tout ce merdier et il devrait s’en sortir seul.




Mercredi 10 juin 2015 


Il était assis seul devant la table basse. Cole était partie raccompagner Angel Harlow, la ranger, à son véhicule. Encore une fois, et comme il était à prévoir, c’était l’intervention de Shaelynn, et non la sienne, qui avait fait peser la balance en leur faveur. Malgré les deux ans de cavales de l’ex-espionne, le lien ne s’était pas totalement rompu entre elle et son ancien amant. Avait-elle volontairement joué de ça pour obtenir ce qu’elle voulait? Mais l’important était-il la façon d’obtenir des résultats, ou les résultats eux-mêmes? Pour le paléontologue que les méthodes magouilleuses débectaient, obtenir des résultats de cette manière ne le réjouissait guère. Il avait du mal à se l’avouer, mais cet incartade à ces principes moraux affectait son égo.


“Bon je ne suis pas très fan de la technique “léchage de cul de Cole Hudson”.” repliqua à demi-mots le paléontologue en se rapprochant de Shaelynn. Mais il faut avouer que ça fonct…”.


"Mais merde, Marcos ! Si c'est pour balancer des infos à tout va ou critiquer ma façon de faire, je préfère que tu la fermes... Qui a obtenu la coopération de Cole et de la ranger, hein ?" l'interrompit l’ex-espionne sans préambule?


Le paléontologue en resta bouche bée, piqué au vif. Il ne s’attendait pas à être coupé de la sorte, mais encore plus pour entendre ça. Qui l’avait sortie de sa cavale, lorsqu’elle s’était présentée à lui toute loqueteuse il y avait quelques jours seulement?

“Rappelle-moi, qui est venu mendier l’aide de qui en France?” lui répondit-il d’un ton grimard.

La porte s’ouvrit en grinçant, mettant fin à leur discussion. C’était Cole Hudson qui était de retour. Les deux hommes échangèrent un regard sans parler, comme pour se jauger mutuellement. Cole fût finalement celui qui brisa le silence, en proposant de faire du café. Shaelynn tira une chaise en dirigeant vers le paléontologue un regard insistant, qui contrastait avec le visage fatiguée et blème de la jeune femme. Il connaissait sa stratégie. Ne pas faire de vague, brosser Cole Hudson dans le sens du poil. Force était d’admettre que cela marchait. Dans un soupir à moitié dissimulé, le français s'exécuta et s’assît mollement à table aux côtés de l’ex espionne.


Un silence pesant s’était installé. L’air moite en ce début d’été tropical ne rendait pas le moment plus agréable. Le tee-shirt du paléontologue lui collait à la peau. Mais était-ce l’humidité ambiante, ou la sueur que son corps bouillonnant excrétant? Seuls les bruits en provenance du coin cuisine brisaient la monotonie de ce moment comme figé dans le temps. Les grains du café remués dans leur sac, l’eau que Cole versait dans le réservoir, le tintement de la cuillère qu’il déposait dans l’évier, le goutte à goutte du café qui coulait. Le PDG revînt finalement de la cuisine avec trois tasses vides et se rassit devant la jeune femme et jetta un coup d’oeil vers le paleontologue. Pour toute réponse, Marcos haussa les sourcils. 


“Qu’est-ce que tu veux? Va s’y, crache le morceau qu’on avance.”pensa-t-il au fond de lui.


Le regard de Cole glissa ensuite sur son ex-compagne. Après quelques secondes d’hésitation, Shaelynn essaya de dire quelque chose. Mais rien de plus que des balbutiements d’enfants sortirent de sa bouche. Cole Hudson reprit finalement la parole pour l’extraire de cette impasse.


« Après votre arrivée, admettons que vous ayez récupéré vos affaires à l’hôtel. Et après ? C’était quoi le plan ? Est-ce que vous savez où se trouve le projet T ? Est-ce que vous savez où chercher ? »


Que répondre à ça ? Oui ? C’était faux, puisqu’ils n’avaient qu’une idée du périmètre ou chercher. Non? C’était faux, puisque rien ne permettait de prouver de manière sûre qu’il était sur l'île. De la réponse qu’ils donneraient allait pourtant dépendre la suite des événements. S’ils n’arrivaient pas à convaincre Hudson de la nécessité de leurs actions, leur initiative n’irait pas plus loin que ce bungalow. Marcos le savait, et Shaelynn aussi très probablement. C’était probablement pour ça qu’elle n’arrivait pas à aligner trois mots. Bien que le directeur lui mangeait dans la main, elle savait qu’un faux pas et leur aventure était terminée.

Le regard de Cole Hudson se faisait insistant. Il attendait une réponse. Marcos jetta un dernier coup d'œil à Shaelynn pour voir si elle voulait prendre la parole, mais elle n’en fît rien. Marcos se racla la gorge en réfléchissant à ce qu’il allait dire.


“Ce n’est pas simple…” commença t-il, légèrement hésitant. Il se redressa pour se donner plus de contenance. Devait-il évoquer la présence de la mère de Shaelynn sur les enregistrements vidéos de cette fameuse nuit ? Il décida de ne pas en parler dans un premier temps, laissant le choix à Shaelynn de le faire si elle le souhaitait.


“C’est sa mère après tout” pensa t-il.


Il allait dans un premier temps lancer un aphorisme à son interlocuteur basé sur des arguments plutôt logiques et qui n’en révélaient pas trop, histoire de  prendre la température.


“Disons que plusieurs éléments mis bout à bout laissent à penser que c’est quelque part sur l’île. Déjà, comment expliquer que malgré l’incident de 93 et l’attaque de la Chimère, Hammond et Masrani se soient efforcés de construire toujours au même endroit ? Certes, Hammond avait un deal avec le gouvernement du Costa Rica, mais tu ne t'obstines pas à construire un parc ou le moindre animal vaut des millions de dollars sur une île volcanique active soufflée par les ouragans. Si ils s’obstinent ici, c’est qu’il y a un truc ici.”


Un bruit en provenance de la cuisine l'interrompt. C’était le café qui était prêt. Le directeur se leva et alla le chercher prestement. Était-il pressé de savoir la suite des arguments du paléontologue, ou simplement pressé de prendre son café ? Il revînt finalement avec la carafe qui laissait exhumer une puissante odeur caféinée. Il servit les deux personnes à la table et Marcos le remercia d’un bref hochement de tête. Le PDG posa ensuite la carafe sur un dessous de table pour ne pas brûler la surface de cette dernière. Le paléontologue trempa le bout des lèvres mais la boisson était trop chaude pour être bu dans l’instant. Il reposa la tasse et reprit.


“La grotte aux fossiles, l’attraction. Quelqu’un a déjà vu cette attraction en fonctionnement ? Même avant l’attaque de la Chimère, elle n’a jamais été ouverte de mémoire. Hammond ne dirigeait pas une ONG. Alors c’est quoi l'intérêt d’avoir une attraction qui marche pas pendant dix ans ? Une attraction… pas loin du centre des visiteurs, le centre névralgique du parc.”


Marcos souffla sur la boisson et réussit à en boire une gorgée sans se brûler. Le café était très mal dosé, beaucoup trop fort. Le brouet lui arracha une grimace qu’il n’arriva pas à cacher. Une croquignole aurait été la bienvenue pour faire passer le goût âpre qui persistait dans sa bouche. Décidément, Hudson ne faisait rien pour faire bonne impression.

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptySam 20 Mai 2023 - 22:56

La réaction de Angel fut immédiate et à la hauteur de ce que Shaélynn avait imaginé. Malgré les cris de la ranger, il fallait rester calme, continuer à se montrer raisonnable et ne pas les inquiéter.

- Cole ! Des armes et un véhicule ! Sérieusement ?!

Shaé avait pourtant bien précisé “mes armes”, et pas juste “des armes”. A croire qu’elle allait la dépouiller et lui demander les clés de l’armurerie. Cependant, la britannique se retient de faire la réflexion à voix haute. Après tout…

Angel ne voulait pas d’eux sur le parc. Angel la traitait comme une espionne dangereuse. Angel voulait qu’elle reste attachée. Angel voulait ceci celà.

Mais au final, Angel avait quand même été obligé de la laisser rentrer et avait dû se résoudre à l’escorter jusqu’ici en sécurité. Et Shaé se baladait actuellement libre de toute entrave.

La jeune femme n’avait pas l’intention de se faire une amie en la personne de la ranger. Sa réaction était prévisible et Shaélynn ne la craignait de toute façon pas tant que ça. Si Cole ordonnait, Angel se tairait. Elle conserva donc son calme pendant que la ranger perdait le sien.

- Pourquoi pas mon badge personnelle pour accéder à quasiment tous les locaux et l’hélicoptère du boss équipé du M16 que l’on a en réserve tant qu’on y est ! On marche sur la tête, vraiment ! Cole, elle reste entrainée et dangereuse ! On ne peut pas faire du parc une sorte de zone de guerre où tout le monde tire sur tout le monde… On a 20 000 personnes potentiellement en danger, Cole !

Sans surprise, Cole fit un signe pour lui demander de se contenir. Mais de son côté, le gérant du parc ne semblait pas bien plus serein. Tout n’était pas joué et la seule décision qui importait au final, c'était la sienne. Shaélynn essaya de lire son visage et se rendit vite compte qu’il pesait le pour et le contre. Ha… Ils échangèrent un regard qu’elle essaya de rendre le plus neutre possible. Si elle essayait de trop l’influencer, elle perdrait sa confiance. Et elle se demandait déjà si elle n’avait pas été un peu gourmande dans ses demandes. Mais comment faire autrement ? Le temps leur manquait et il fallait qu’ils le comprennent.

- On ne veut pas non plus vous ralentir et Angel… Angel va aller chercher ce dont vous avez besoin.

C’est bien, au panier, couché le roquet ! Angel 0, Shaélynn 1. La ranger faisait moins la maline que quand il s’agissait de braquer une arme dans le dos de Marcos ou de les tripoter. Ce n’était pourtant pas le moment d’activer le mode connasse surtout que les inquiétudes de la ranger étaient fondées. Mais Shaé ne pouvait pas s’en préoccuper non plus. C’était le rôle de Cole et Angel de protéger les visiteurs. Pas le sien. Marcos et elle avaient une autre mission et la jeune femme était bien décidée à la mener à bien. Il fallait garder l’esprit focalisé sur l’objectif, à chaque instant. Elle jeta un rapide coup d’oeil en direction de Marcos, qui n’osait pas broncher non plus.

- On va également vous mettre des talkies à disposition pour que l’on puisse communiquer. C’est moins risqué que des téléphones. Dès qu’elle reviendra, vous pourrez partir. En attendant, vous êtes en sécurité ici et surtout, vous ne mettez personne en danger. En revanche, Angel a raison. Est-ce que vous savez où vous cherchez exactement ?

Shaé se contenta d’un hochement de tête. Des talkies pouvaient effectivement leur être utiles. Mais cela permettrait aussi à Angel et Cole de suivre leur déplacement et de rester en contact avec eux. Elle pourrait toujours les désactiver au besoin mais cela donnerait au gérant du parc l’illusion du contrôle. Ce qui n’était pas négligeable.

Quant à sa question, elle était un peu frontale et il dût s’en apercevoir. Tout en lui trahissait sa nervosité. Était-ce la situation qui le stressait ou les décisions qu’il prenait ? Il s‘empressa alors de se corriger et de préciser sa demande. Mais la nouvelle formulation trahissait autant que l’ancienne son envie brûlante de connaître leur destination et il préféra soudainement changer de sujet.

Direction, Marcos Shannon, toute.

Et la jeune femme décrocha. Le gérant du parc semblait avoir besoin de remettre les choses au point avec Marcos et… Et il n’avait pas tort sur tous les points. Pour le moment, la seule chose qui lui importait était de repartir avec ses armes, un véhicule et les deux talkies promis. Avant de partir, Shaé comptait aussi mettre au point quelques petites choses avec leurs hôtes. Elle tenait à leur faire comprendre que personne ne devait les suivre pour éviter à d’autres de risquer leur vie aussi connement qu’ils s'apprêtaient à le faire. Mais pour le moment, le gérant du parc n’en avait pas fini avec Marcos.

Durant toute la durée du monologue de Cole, Shaé capta quelques regards glisser dans sa direction à elle, et l’émotion que portaient les yeux de Cole lui déplurent et elle décida de ne pas interférer. Si l’ancien guide ciblait essentiellement le français, certaines phrases s’adressaient aussi à elle. Il était là pour les aider mais Angel et lui tenaient à faire partie de l’opération. C’était leur seule revendication pour le moment, mais il ne semblait pas prêt à concéder sur ce point. À un moment où un autre, il était aussi évident que le New Yorkais exigerait des réponses. C’était donnant-donnant. Cela l’était toujours d’une certaine façon. Cole leur accordait sa confiance mais il veillait à ce qu’elle ne soit pas à sens unique cette fois.

Loin du jeune homme naïf, voire niais, et tranquille qu’elle avait connu, le nouveau Cole semblait au contraire enclin à se montrer impulsif et même susceptible. Voir colérique. La pression de son poste de gérant était sûrement bien au-dessus de ce qu’il avait pu affronter en temps que chef de section c’était certain. Probablement que son départ avait aussi joué un rôle dans cette transformation. Pour le moment, la jeune femme n’aurait su dire si le changement était positif ou négatif. Il était plus méfiant, moins vulnérable aussi c’était certain. Mais était-ce une bonne chose pour autant ?

- Angel… Est-ce que tu peux aller chercher leurs affaires s’il te plaît ?

Shaélynn sentit ses poumons se dilater et finalement elle put enfin prendre une grande inspiration. Ce n’était qu’une petite victoire mais c’en était déjà une. Cole venait de faire un pas dans leur direction, en leur faveur. Angel ne chercha même pas à cacher sa désapprobation et, telle une ado virée de cours par son prof, elle poussa un soupir exaspéré pour faire passer le message.

Sans rien laisser paraître, son patron la raccompagna jusqu’à la porte et la claqua derrière eux. L’air de rien, la britannique était en train de se rapprocher d’eux pour essayer d’entendre quelque chose quand Marcos s’approcha pour lui parler, visiblement désireux de faire le bilan mais cela couvrait les voix de leurs hôtes à l’extérieur.

- Bon je ne suis pas très fan de la technique “léchage de cul de Cole Hudson. Mais il faut avouer que ça fonct…

L’ancienne espionne essayait de garder son calme. Désespérément. Et Marcos n’avait probablement pas idée à quel point. Lui-même n’avait pas réussi à résister à l’envie de hurler sur l’homme qui leur avait permis de rentrer sur le parc. Un homme qui se proposait de les aider. Un homme à qui il avait encore des choses à demander. Elle comprenait que Cole et lui aient un passif. Elle-même avait une histoire chargée avec le gérant du parc et d’une nature tout autre que la leur, à priori. Si l’ancien guide était capable de prendre sur lui et de faire abstraction de ce qu’elle lui avait fait, alors pourquoi pas lui, hein ?

Marcos se laissait en plus emporter par sa colère en rappelant son passé d’espionne à tout va, comme si Angel qui gérait la sécurité et Cole, surtout Cole, avait pu l'oublier. Elle tentait de rattraper la situation tant bien que mal encore et encore et il se permettait en plus de critiquer la méthode ? Profitant de l’absence de témoin et sous le coup du stress, Shaélynn explosa.

- Mais merde, Marcos ! Si c'est pour balancer des infos à tout va ou critiquer ma façon de faire, je préfère que tu la fermes... Qui a obtenu la coopération de Cole et de la ranger, hein ?

C’était nerveux et plus ferme que vraiment fâché mais la réaction ébahi de Marcos la fit immédiatement culpabiliser. Shaé mit sa main sur sa bouche et se frotta le visage avec les mains pendant que Marcos protestait.

- Rappelle-moi, qui est venu mendier l’aide de qui en France?

Elle lui fit un signe d’apaisement avec les mains, lui rappelant de baisser un peu la voix par la même occasion. Il avait raison. C’était elle qui était venue réclamer son aide.

Son aide. Et pour le moment, il lui avait plus compliqué la vie qu’autre chose. Shaé savait qu’il fallait qu’elle fasse avec mais s’il pouvait réfléchir avant d’agir, ils avaient peut être une chance de s’en sortir. La poignée de la porte grinça et ils cessèrent immédiatement de se blâmer mutuellement. Cole était de retour. Il y eut un moment de flottement pendant qu’ils se fixaient tous d’un regard soupçonneux.

- Asseyez- vous. Je vais préparer du café, finit par lâcher Cole.

Mille pensées lui traversaient l’esprit mais elle ne pouvait en formuler aucune. L’anglaise aurait préféré se jeter dans l’action et filer vers leurs objectifs mais ce n’était pas possible dans l’immédiat. Si elle avait été seule avec Cole, elle savait qu’elle aurait été sa première question. L’ancien guide l’avait bien deviné et c’était l’une des premières choses qu’il avait évoqué. Mais elle connaissait la rancœur de Marcos envers Shivak et ne souhaitait pas jeter de l’huile sur le feu. Elle savait également que Cole ne l’appréciait pas non plus même s’il semblait avoir un peu changé d’avis sur la question. Mais pour quelle raison ? Qu’était-il arrivé après sa fuite du manoir des Moore ?

Le bruit de la cafetière qui se déclenche la prend par surprise et elle sursaute. Sans déconner. Il fallait qu’elle se calme. Elle avait les nerfs à vif et la discussion qui les attendait ne faisait que renforcer la tension dans la pièce. Lorsque Cole posa les tasses devant eux, Shaélynn s’empressa de le remercier mais l’odeur du café qui se répandait lui donna la nausée. Elle se contenta de marmonner ses remerciements, presque en apnée. Cette aversion pour le café semblait empirer un peu plus chaque jour.

- Après votre arrivée, admettons que vous ayez récupéré vos affaires à l’hôtel. Et après ? C’était quoi le plan ? Est-ce que vous savez où se trouve le projet T ? Est-ce que vous savez où chercher ?

Le plan était simple : se rendre à l’endroit où Mary avait déterré la boîte. Ensuite, ils auraient chronométré leurs parcours jusqu’à la grotte des fossiles. Sur place, ils auraient mené des recherches complémentaires pour cartographier les lieux, étudier l’endroit et auraient cherché un éventuel souterrain. S’il y avait des clés, il y avait une porte. Ils auraient donc cherché la porte. Cole aurait éventuellement pu les aider et leur faire gagner un temps précieux. Il était plus au fait qu’eux sur les attractions et les éventuelles infrastructures du parc.

Shaélynn savait ce qu’elle souhaitait demander à Cole. Mais le fumet brûlant qui s’échappait de la tasse accaparait tout son cerveau. Son visage devait avoir une couleur entre le gris et le vert et elle sentait en plus sur elle, les regards des deux hommes. Zéro pression. Marcos dû sentir qu’elle ne prendrait pas la parole et répondit donc à Cole. Intérieurement, la jeune femme soupira de soulagement et une vague de gratitude pour Marcos l’envahit.

À sa grande surprise, Marcos fit cependant preuve de self contrôle et répéta ce qu’elle lui avait exposé lorsqu’elle l’avait rejoint en France en ajoutant ça et là, les éléments qu’il avait découverts de son côté. Pour sa part, elle s’efforçait surtout de ne pas vomir. Le français et Angel répétait à tout bout de champ qu’elle était une espionne sur-entraînée et dangereuse. Et le directeur du parc venait de la neutraliser. Avec un simple café.

- Disons que plusieurs éléments mis bout à bout laissent à penser que c’est quelque part sur l’île. Déjà, comment expliquer que malgré l’incident de 93 et l’attaque de la Chimère, Hammond et Masrani se soient efforcés de construire toujours au même endroit ? Certes, Hammond avait un deal avec le gouvernement du Costa Rica, mais tu ne t'obstines pas à construire un parc ou le moindre animal vaut des millions de dollars sur une île volcanique active soufflée par les ouragans. Si ils s’obstinent ici, c’est qu’il y a un truc ici. La grotte aux fossiles, l’attraction. Quelqu’un a déjà vu cette attraction en fonctionnement ? Même avant l’attaque de la Chimère, elle n’a jamais été ouverte de mémoire. Hammond ne dirigeait pas une ONG. Alors c’est quoi l'intérêt d’avoir une attraction qui marche pas pendant dix ans ? Une attraction… pas loin du centre des visiteurs, le centre névralgique du parc.

C’était un bon début pour une mise en contexte. Et puis cela permettait à Marcos et Cole de revenir sur un mode de communication un peu moins basé sur les hurlements et les accusations mutuelles. Le gérant du parc semblait également un peu plus détendu. Les révélations que le français venait de lui faire n’était sûrement pas étrangère à ce changement. Il fallait donc continuer sur cette voie pour espérer avoir des réponses à leurs questions.

Shaélynn prit une inspiration brève et se lança. Immédiatement le regard de Cole se braqua sur elle.

- On a étudié la possibilité qu’ils soient sur les autres îles. Mais Vanthua a été désertée il y a bien longtemps. Sorna aurait été parfaite mais on sait que KC s’est déjà rendu là bas à plusieurs reprises et n'a plus ciblé l’île depuis. À l’inverse, KC n'a jamais renoncé à sa présence sur Isla Nublar. J’aurais tendance à penser que si Isla Nublar les intéresse autant c’est que c’est notre meilleure option.  

Elle marqua une pause. Elle n’allait pas tenir longtemps comme ça.

- Cole, est-ce que je peux te demander du sucre, s’il te plait ?

Marcos la regarda avec un regard condescendant et Shaé lui en adressa un interrogateur en retour. Bah quoi ? Qu’est-ce qu’ils avaient tous à ne jurer que par le café noir franchement… Cole se releva donc pour se diriger vers la cuisine et la jeune femme en profita pour agir. En apnée, elle s’empressa de boire une grande gorgée de café puis s’empara de la carafe d’eau pour remettre la tasse à niveau avant qu’il ne revienne. En face, le français semblait assez perplexe de son action mais elle ne pouvait pas lui expliquer sans attirer l’attention de Cole.

Shaélynn le remercia lorsqu’il revint avec le sucrier et en ajouta 2 morceaux. Elle avait toujours sucré son café, le geste n’éveillerait pas les soupçons de leur hôte. Mais elle semblait lui valoir la désapprobation de Marcos. Peut-être était-il comme Shivak un amateur de café noir. Et Cole aussi dans une moindre mesure. Évidemment avec l’eau qu’elle avait ajouté, son café était maintenant presque froid et sans goût mais au moins elle allait pouvoir le boire.

Le français avait évoqué la grotte des fossiles sans parler de Mary. Shaé craignait que Cole ne s’interroge sur ce point précis, et s’empressa donc de le justifier.

- On sait aussi que la station géothermique et la grotte des fossiles font partie des deux seules structures souterraines de l’île. Comme l’a dit Marcos, la situation volcanique de l’île et son exposition aux ouragans implique qu’ils aient protégé le projet T sous terre. Pour des raisons de simplicité et parce que certains éléments nous guident plus particulièrement vers cette zone, on voulait d’abord se rendre à la grotte des fossiles. Notamment le fait qu’elle se trouvait dans une position assez centrale sur le premier parc.

La britannique reprit une gorgée de café et essaya d’analyser le visage de Cole. La jeune femme était un peu plus détendue qu’avant. Certaines choses avaient été éclaircies mais d’autres restaient en suspens. Il ne fallait pas non plus se croire en terrain conquis et baisser la garde.

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyJeu 25 Mai 2023 - 21:31

Le regard de Cole dût se faire suffisamment insistant pour que Marcos vienne à la rescousse de Shaélynn qui semblait encore perturbée par toute cette situation. Il jeta donc un dernier coup d’oeil dans la direction de la jeune femme pour vérifier qu’il n’allait pas lui couper la parole avant se lancer.

« Ce n’est pas simple… », dit-il en se redressant sur sa chaise.

Cole se rapprochait légèrement lui aussi d’un air intéressé pour mieux l’entendre. Il n’évoquait pas tellement ce sujet et lui-même ne s’en était rendu compte que tardivement mais l’incident avait laissé quelques séquelles sur son ouïe.

« Disons que plusieurs éléments mis bout à bout laissent à penser que c’est quelque part sur l’île. Déjà, comment expliquer que malgré l’incident de 93 et l’attaque de la Chimère, Hammond et Masrani se soient efforcés de construire toujours au même endroit ? Certes, Hammond avait un deal avec le gouvernement du Costa Rica, mais tu ne t'obstines pas à construire un parc ou le moindre animal vaut des millions de dollars sur une île volcanique active soufflée par les ouragans. Si ils s’obstinent ici, c’est qu’il y a un truc ici. »

Ce n’était pas un raisonnement illogique mais cela restait aussi incertain. En réalité, on ignorait le montant exact dépensé par John Hammond pour son projet et il s'entêtait à répéter qu’il l’avait fait sans compter. Peut-être qu’il était finalement arrivé à bout de ses richesses ? Et quand on connaissait réellement le personnage et sa capacité à bien cacher son jeu, à dissimuler des secrets un peu partout dans le monde, qui pouvait se targuer de connaître une estimation assez proche de celles-ci ?

On ne connaissait pas réellement non plus les tenants et les aboutissants des accords qu’il avait passé avec le gouvernement du Costa Rica. Est-ce que Hammond avait glissé un petit billet pour que ce dernier détourne le regard ? InGen ne pouvait peut-être pas se permettre financièrement de le faire avec d’autres gouvernements ? Ou peut-être n’en existait-il pas d’aussi corruptible ? Et peut-être que tous ces éléments avaient limité l’existence du Jurassic Park puis du Jurassic World sur Isla Nublar ?

Tout ça faisait que rien n’était si sûr. Surtout si l’argument tournait autour de l’obstination d’un homme dont le seul caprice avait suffi à ériger un parc peuplé d’animaux disparus. Mais il existait aussi d’autres îles à disposition d’InGen. C’était un fait. Nova en était la preuve, sans parler des Cinq Morts.

Effectivement, c’était curieux et anodin. Il y avait bien quelque chose de louche dans cette histoire. Cole plaçait une main sous son menton en frottant sa barbe et en fronçant les sourcils au fur et à mesure que son cheminement de pensée avançait. Il ne pouvait s’empêcher de se demander combien de temps il avait fallu à Shaélynn et Marcos pour arriver à ce raisonnement puis à cette conclusion. La cafetière le sortait soudainement de ses pensées et annonçait enfin que le café était prêt. Le jeune homme se releva donc promptement pour remplir les tasses pour ne pas couper la parole du paléontologue qui allait visiblement entrer davantage dans les détails.

« La grotte aux fossiles, l’attraction. Quelqu’un a déjà vu cette attraction en fonctionnement ? Même avant l’attaque de la Chimère, elle n’a jamais été ouverte de mémoire. Hammond ne dirigeait pas une ONG. Alors c’est quoi l'intérêt d’avoir une attraction qui marche pas pendant dix ans ? Une attraction… pas loin du centre des visiteurs, le centre névralgique du parc. »

Encore plus curieux. C’était effectivement une piste intéressante qui peut-être valait le coup de s’y intéresser au moins un tant soit peu. La grotte aux fossiles n’avait jamais été en fonctionnement, c’était une certitude. Si Cole s’était posé la question en tant que guide à ses débuts chez InGen, le sujet n’avait jamais plus été abordé par après. Pourtant, il s’était déjà rendu sur place avec Josh et il n’y avait rien vu qui sortait de l’ordinaire. Tout du moins rien qui pourrait surprendre dans une grotte avec ce nom. Avait-il été aussi proche que ça du projet T ? Il y avait-il quelque chose sur place qui l'avait fait tiqué ? Un élément quelconque sortant de l’ordinaire ? Aucune chance de s’en rappeler. C’était juste un bon souvenir, loin derrière lui. Mais entre les missions et les divers incidents de ces dernières années, l’attraction fermée avait été le cadet de ses soucis. Quand bien même, il n’aurait jamais pu avoir de soupçon avant aujourd’hui. Inutile de brasser sa mémoire pour rien pour l’instant.

Marcos prit une gorgée de son café en tirant la grimace pour conclure sa réponse. Cole l’imitait quand le son de la voix de la jeune femme brisa le silence à son tour.

“Enfin”, pensait le new-yorkais.

La jeune femme n’avait en effet daigné prononcer un seul mot depuis qu’ils s’étaient retrouvés tous les trois. Elle qui était figé quelques instants plus tôt le faisait désormais comme si de rien n’était.

« On a étudié la possibilité qu’ils soient sur les autres îles. Mais Vanthua a été désertée il y a bien longtemps. Sorna aurait été parfaite mais on sait que KC s’est déjà rendu là-bas à plusieurs reprises et n'a plus ciblé l’île depuis. À l’inverse, KC n'a jamais renoncé à sa présence sur Isla Nublar. J’aurais tendance à penser que si Isla Nublar les intéresse autant c’est que c’est notre meilleure option. »

Encore une fois, cela semblait tenir debout et Cole ne pouvait s’empêcher de se poser de nouvelles questions. Si la création même de Kimeria Chimestry était principalement basée autour du projet T, est-ce que Biosyn en revanche connaissait son existence avant leur infiltration dans le parc ? Et si oui, jusqu’à quel point Shaélynn leur avait fourni des informations ? Quel avait été son niveau d’implication ? Cherchait-elle à réparer une erreur qu’elle avait commises ? Ou bien cherchait-elle à se venger des méfaits de l’entreprise dans laquelle elle avait travaillé durant des années ? Et si oui, tout était-il question de vengeance pour cette femme ?

« Cole, est-ce que je peux te demander du sucre, s’il te plait ? »

Cole se releva en acquiesçant et se dirigea vers un placard en poursuivant toujours ses pensées. Si l’implication et l’attaque de K-C était imminente, quand était-il de Biosyn ? Étaient-ils à la recherche du projet T ? Étaient-ils toujours dans la course ? Étaient-ils aussi une menace à calculer ?

Cole avait déjà bien assez à se préoccuper des agents de Kimeria pour en plus penser à ça. Le temps pressait mais pour le moment Biosyn resterait dans un coin de sa tête. Après avoir révélé la vérité à Angel sur cette facette de Shaélynn, elle avait littéralement épluché au centimètre près chaque dossier de la quasi-totalité des employés du Jurassic World. Cole avait vu ça comme à la fois de la culpabilité, de la paranoïa et du professionnalisme gonflé aux hormones. Cole n’avait pas vraiment compris ce qu’elle cherchait à trouver étant donné que leur seule référence était l’ancienne paléobotaniste mais il n’avait pas non plus cherché à la froisser ou à l’interrompre. De toute façon, d’après ses recherches, rien n’avait indiqué que d’autres membres de Biosyn s'étaient mêlés à la foule. Shaélynn le remercia lorsqu’il revint finalement avec le sucrier avant de continuer.

« On sait aussi que la station géothermique et la grotte des fossiles font partie des deux seules structures souterraines de l’île. Comme l’a dit Marcos, la situation volcanique de l’île et son exposition aux ouragans implique qu’ils aient protégé le projet T sous terre. Pour des raisons de simplicité et parce que certains éléments nous guident plus particulièrement vers cette zone, on voulait d’abord se rendre à la grotte des fossiles. Notamment le fait qu’elle se trouvait dans une position assez centrale sur le premier parc. »

La jeune femme ne faisait que répéter en développant à peine les propos du paléontologue. Elle semblait avoir repris des couleurs et était plus détendue, c’était sûr. Est-ce que ses retrouvailles avec Cole lui donnait plus d’entrain à dissimuler certains éléments ? Reprenait-elle la confiance d’antan avec la naïveté du petit guide qu’elle avait connu ? Encore une fois, elle semblait survoler les sujets pour ne pas trop en dévoiler et pour le moment Cole se contenter de l’ignorer simplement. Il était certain qu’ils allaient devoir aborder certaines choses avant de poursuivre. Peut-être que si lui disait la vérité elle oserait elle-aussi se lancer ? Il comprenait cependant qu’elle ne souhaitait pas parler de sa mère, c’était encore probablement frais et invraisemblable pour elle. Mais pour le reste ?


Musique :
Spoiler:


« Effectivement, avec ce que vous me dîtes, cela semble être une bonne piste. », commençait-il.

“Votre seule piste”, pensait-il en tirant une ride de plus sur son front.

Il levait sa tasse et prit à son tour une gorgée avec un air hésitant. Il ne savait pas réellement comment prononcer les prochains mots qu’il avait en tête mais il allait le faire de toute façon.

« Je ne peux pas vous aider plus que ça à propos de cette attraction. Pour être tout à fait honnête avec vous, j’ai repris mes fonctions il y a un peu plus d’une semaine seulement. »

Et voyant la surprise et l’air interloqué de ses invités, il poursuivait.

« J’ai été en arrêt pendant un peu plus d’un an environ. Je n’ai donc pas du tout vécu la transition Jurassic Park, Jurassic World. »

Il portait un regard discret sur la jeune femme. Il n’osait pas lui avouer la vérité et il ne souhaitait encore moins s’étendre sur le sujet avec elle alors qu’elle-même semblait lui dissimuler encore des choses. Cela viendrait tôt ou tard.

« Pendant cette période, je me suis souvenu des dernières paroles de Josh. Josh Solomon. », précisait-il pour Marcos qui n’avait pas dû bien le connaître. « Il m’avait parlé des fondateurs, du frère de John Hammond et de toi Shaé. », fit-il en énumérant sur ses doigts machinalement avant de en reprendre. « Il m’avait révélé que tu étais une espionne de Biosyn. Il…  »

Sa voix tremblait légèrement à cette idée mais il poursuivait toujours sans retenue. Il prenait un ton sévère, comme si c’était la dernière fois qu’il pourrait le faire avec autant de libertés, comme si ce moment allait s’arrêter à tout instant et qu’il n’avait plus le temps. Ce qui n’était pas intégralement faux.

« Il m’avait demandé de te tuer et de t’empêcher d’assassiner M. Hammond. Et… Il m’a demandé de détruire le projet T. »

C’était un peu sec à prononcer et à entendre.  Il s’en était rendu compte au visage blème de la jeune femme. Mais c’était la vérité. Lui au moins ne craignait pas de le faire sans arrondir les angles et, aussi rude soit-elle, la vérité était là.

“Il avait, pour une fois, échoué, plus pour le meilleur que pour le pire.”, pensait-il en jetant un coup d'œil en direction du paléontologue.

« Après ça… Après avoir retrouvé la mémoire et tout ce que cela impliquait… Depuis ce jour, j’avais peur que K-C tente de finir le travail et ne cherche à te tuer. J’ai tenté de te retrouver. Il fallait que je sache où tu étais et si tu allais bien. »

Si elle avait un doute sur la question, cela clarifiait au moins ce point avec elle.

« Je ne vivais secrètement que pour ça, c’est devenu une sorte d’obsession et j’ai finalement retrouvé ta trace en Angleterre, dans le manoir de ta famille. C’était il y a une dizaine de jours environ et dès que j’ai su, j'ai pris le jour-même un avion pour Londres. Mais je t’ai raté de peu. À la place, j’ai trouvé ce… »

Il pinçait ses lèvres pour ravaler une insulte qu’il n’estimait pas nécessaire dans cette situation.

« … Shivak, quasiment mort. Je lui ai sauvé la vie et… »

Cole baissait un moment le regard puis levait les yeux au ciel. Rien que d’y songer il était dégoûté. Sans aucune surprise, il était finalement là à parler de “lui” et de ces souvenirs pour le moins désagréables et, bien heureusement, il épargnait certains détails.

« Il est toujours aussi insupportable. On a beaucoup discuté et, ça semble invraisemblable et j’ai dû mal à l’avouer mais on a pu trouver un terrain d’entente. Il m’a convaincu de stopper mes recherches. Il m’a dit que je me mettais en danger et surtout que je te mettais en danger, toi. », fit-il en regardant Shaélynn dans les yeux. « Bref, je ne sais pas ce qui s’est passé exactement entre vous deux mais… »

Il soupirait avant de reprendre. Inutile de se lancer sur cette pente savonneuse et surtout pas devant Marcos. Shaélynn, elle-même, semblait sceptique et affichait une petite ride du lion quand il avait commencé sur sa phrase. Ce n'était vraiment pas le moment de se lancer sur un sujet aussi complexe et houleux que celui-ci.

« Bref. », répétait-il. « Il m’a dit que vous vous étiez retrouvé en Egypte et que vous étiez en cavale en Europe depuis quelque temps. »

Cole ne pouvait s’empêcher de repenser aux débats plus que agités qu’ils avaient eu ensemble. Il repensait à son coup de poing, à la colère qu’il avait ressenti et au ton qui n’avait fait que monter. Shivak, aux portes de la mort, qui aboyait et se débattait comme jamais. Le désespoir qu’ils avaient partagé d’une certaine manière au point où ils avaient formé cette sorte de coalition. Quant aux confessions de l’ancien journaliste, il les garderait pour lui pour le moment.

« Comme je vous l’ai déjà dit, il devait me contacter dans 5 ou 10 jours mais il ne l’a toujours pas fait. J’ai repris mes fonctions au début du mois dans le but de préparer le terrain et vous venir en aide du mieux que je le pouvais. »

Il soupira et haussa les épaules. Oui, du mieux qu’il le pouvait mais cela semblait encore pas assez. Il eut un petit sourire en coin, un peu forcé et il relevait légèrement sa tête vers Shaélynn pour lui signaler qu’il avait fait le premier geste en l’invitant à son tour à dire la vérité. Certes, Cole n’était pas entré dans tous les détails, certaines choses n’avaient pas besoin d’être dites. En tout cas, encore une fois, pas pour le moment. Si Shaelynn avait au début de leur discussion retrouvé des couleurs, elle les avait bien vite perdu au fur et à mesure que Cole avait parlé. Elle avait écouté attentivement jusqu’à maintenant et buvait les paroles du jeune homme avec sur le visage un air inquiet. Puis, comme si la caféine martelait enfin ses sinus, le jeune homme se redressait en même temps qu’une idée frappait le sommet de son crâne si bien qu’il enchaînait en balbutiant précipitamment.

« Je ne sais pas si ça peut vous aider, je ne sais vraiment pas si ça peut être une piste mais je suis déjà allé une fois dans la grotte des fossiles avec Josh et… »

Il réfléchissait en même temps qu’il parlait et dût mettre un petit instant avant de reprendre. Il balayait une de ses mains devant lui comme pour effacer et combler le blanc dans la conversation qu’il venait de mettre. Les souvenirs étaient déjà anciens et il avait l’impression que c’était il y a une éternité mais ils étaient bien là.

« Il m’a fait visiter. Je me souviens vaguement qu’il m’ait montré une porte en m’indiquant qu’elle donnait sur des infrastructures liées à la maintenance de la station géothermale. »

Dans l’enthousiasme de sa potentielle trouvaille, il se leva d’un bond et fit quelques pas en tournant temporairement le dos à ses invités. Il grattait involontairement et machinalement sa barbe, comme si le fond de sa pensée n’était pas encore totalement formé puis fit volte-face en reprenant.

« Je sais que des passages souterrains sont utilisés quotidiennement pour le transport des espèces et la maintenance de certains enclos par les employés du Jurassic World. Est-ce que ça pourrait indiquer qu’il y ait un chemin ou une route souterraine qui traverse l’île ? »

Il marqua une pause en voyant Shaé et Marcos échanger un regard. Trouver l’emplacement où était gardé le projet T était une chose mais une autre question lui traversait déjà l’esprit. Ses pensées fusaient et il était malgré lui déjà beaucoup trop impliqué dans cette mission.

« Si vous… Quand vous trouverez l’accès à ces souterrains - commençait-il d’un air confiant - Shivak m’a parlé vaguement de clés pour accéder au projet T. Combien en avons-nous de notre côté ? »

Cette question n’était pas anodine. C’était aussi une manière pour lui d’affirmer qu’il en savait plus qu’elle ne le voudrait et que, d’une manière ou d’une autre, elle ne pourrait pas évaluer les informations qu’il avait à sa disposition. Sans réellement le vouloir, il était lentement mais sûrement entré dans le même jeu qu’elle. C’était un jeu vicieux dans lequel elle excellait et il le savait parfaitement. Lui commençait seulement à se faire la main mais il semblait naturellement doué. Il avait menti ouvertement à Angel il y a des années de cela. Il avait menti à Priscilla. Il avait finalement menti à Shaélynn. Il lui avait caché la véritable raison de son arrêt maladie, l’existence de ses hallucinations, le harcèlement continuel de Josh qui le hantait. Il avait omis les conversations virulentes avec Shivak et les révélations que ce dernier lui avait faites. Il ne lui avait pas parlé de Priscilla, ni dit à quel point il s’était rapproché d’elle, à quel point il l’aimait et souhaitait aller encore plus loin avec elle. À quel point il lui avait déjà fait autant de mal à cause d’elle et à quel point il le regrettait. Il n’avait pas évoqué sa dépression qui s’était éternisée au point qu'il avait commencé à boire.

Il fronça ses sourcils à cette pensée pour tenter de ne pas y songer jusqu’à en avoir mal au crâne. D’une main tremblante qu’il tentait de dissimuler, il portait sa tasse à sa bouche, se brûlant désormais volontairement les lèvres pour éloigner la douleur et le mal-être que ça lui procurait. C’était vraiment plus dur qu’il ne l’avait envisagé, il en avait des nausées. Il pensait pouvoir affronter ça tout seul mais il ne pourrait certainement pas le faire. Ce n’était ni le moment ni le lieu pour ça, cela serait un combat d’un autre jour. Pour le moment, il jouerait au jeu de Shaélynn et même si cela ne le mettait pas très à l'aise, il espérait qu’elle se rende compte que ce n’est pas une chose agréable à vivre. Elle ne pourrait pas éternellement lui cacher la vérité et de son côté, qu’il le veuille ou non, il se devait de garder des cartes en main.

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyVen 9 Juin 2023 - 22:39

« Effectivement, avec ce que vous me dîtes, cela semble être une bonne piste. »

“ Notre seule piste ” pensa le paléontologue intérieurement.


« Je ne peux pas vous aider plus que ça à propos de cette attraction. Pour être tout à fait honnête avec vous, j’ai repris mes fonctions il y a un peu plus d’une semaine seulement. J’ai été en arrêt pendant un peu plus d’un an environ. Je n’ai donc pas du tout vécu la transition Jurassic Park, Jurassic World. »

Le grand directeur Cole Hudson brillait encore une fois de par son inutilité. Et malgré ça, Marcos et Shaelynn dépendaient en cet instant de lui pour avoir son feu vert. Il lui aurait bien dit sa façon de penser mais se ravisa, afin de ne pas envenimer la situation.

“Nous n’aurons pas grand chose de lui…” pensa Marcos en finissant son café. La grimace qu’il essaya de dissimuler était autant dû au breuvage qu’au constat amer que l’homme en face de lui exerçait un force de rétention sur lui avec pourtant rien dans sa manche.

« Pendant cette période, je me suis souvenu des dernières paroles de Josh. Josh Solomon. Il m’avait parlé des fondateurs, du frère de John Hammond et de toi Shaé. Il m’avait révélé que tu étais une espionne de Biosyn. Il… Il m’avait demandé de te tuer et de t’empêcher d’assassiner M. Hammond. Et… Il m’a demandé de détruire le projet T. »

Josh Solomon. Ce nom lui disait vaguement quelque chose. Où l’avait-il entendu? Qui était-ce? Un employé du parc? Quoi qu’il en soit, ce Josh Solomon était au  courant de bien des choses, et Cole Hudson aussi finalement, grâce à lui. Marcos posa sa tasse désormais vide et se pencha en avant, posant les coudes sur la table. Allait-il apprendre des éléments qui lui étaient jusqu’alors inconnus? Shaelynn avait-elle vraiment jouer franc jeu avec lui? Il jeta brièvement un coup d'œil vers elle, mais cette dernière ne laissait rien paraître de prime abord. Pour le moment, il n’y avait rien de nouveau pour le français. Mais Cole était donc lui aussi informé de l’assasinat d’Hammond par Shaelynn Moore. Que savait-il d’autres?

« Après ça… Après avoir retrouvé la mémoire et tout ce que cela impliquait… Depuis ce jour, j’avais peur que K-C tente de finir le travail et ne cherche à te tuer. J’ai tenté de te retrouver. Il fallait que je sache où tu étais et si tu allais bien. Je ne vivais secrètement que pour ça, c’est devenu une sorte d’obsession et j’ai finalement retrouvé ta trace en Angleterre, dans le manoir de ta famille. C’était il y a une dizaine de jours environ et dès que j’ai su, j'ai pris le jour-même un avion pour Londres. Mais je t’ai raté de peu. À la place, j’ai trouvé ce … Shivak, quasiment mort. Je lui ai sauvé la vie et… »

La discussion prît finalement une tournure plus intimiste. Le non-intérêt pour leur relation se mua très vite en une gène. Il baissa les yeux vers ses mains, disposées sur la table. En ce qui le concernait, Shivak était une véritable ordure et ça s'arrêtait là. Il lui avait sorti les marrons du feu à Paris par charité envers l’ex-espionne, rien de plus. Shaelynn lui avait pourtant bien trouvé quelque chose puisqu’il avait été son amant. L’était-il toujours? C’était une question à laquelle, de prime abord, la réponse importait peu pour le paléontologue. Mais en y réfléchissant bien, ce n’était pas anodin. Si elle avait encore des sentiments pour l’agent de la Chimère, l’intégrité de la mission pourrait être en danger si ce dernier venait à apparaître sur Isla Nublar. Le fait qu’elle portait son enfant n’arrangeait rien. Cette grossesse était une bombe à retardement sur bien des plans. A commencé par la stabilité émotionnelle et la santé de Shaelynn. Et, le paléontologue devait l’admettre, cet enfant allait probablement modifier son jugement lors de prises de décisions futures.

Le paléontologue leva finalement les yeux vers Cole qui était en train d’expliquer des choses dont Marcos n’avait pas assez de contexte pour tout comprendre. Il était là à leur tenir la chandelle tandis que Cole racontait qu’il avait traversé la moitié du globe pour retrouver son ex amante en cavale. Et pendant ce temps, le projet T était sur cette île, quelque part là sous leur pied. Deux années et demie d'enquêtes l'avaient amené jusqu’ici. La chose qui avait motivé le massacre de centaines de personnes siégeait là, quelque part hors de sa vue mais il avait l’impression de pouvoir le toucher. Il était là. Rien ne l’assurait et pourtant. Il le savait. Il était là.
Soudain, Cole sursauta ce qui sortît le paléontologue de sa rêverie.

« Je ne sais pas si ça peut vous aider, je ne sais vraiment pas si ça peut être une piste mais je suis déjà allé une fois dans la grotte des fossiles avec Josh et… Il m’a fait visiter. Je me souviens vaguement qu’il m’ait montré une porte en m’indiquant qu’elle donnait sur des infrastructures liées à la maintenance de la station géothermale. »


C’était là. C’était forcément là. Le station géothermale, alimentée par la chaleur dégagée par la chambre magmatique du mont Sibo, alimentait une grande partie des installations de l’île. Tout un réseau de câblage et de tuyauterie serpentait dans les sous-sol de l’île. Mais il n’était pas accessible à qui le voulait. Comme Hudson l’avait évoqué, certains passages étaient utilisés par le personnel soigneur du parc, afin de déplacer des spécimens au besoin. Mais l’accès aux infrastructures géothermales n’étaient possible qu’avec une accréditation des ingénieurs et techniciens du parc. Seuls les rangers et la direction avaient un accès total au réseau souterrain du parc. Si le projet T se trouvait derrière cette porte, il allait donc très probablement falloir un pass avec l'autorisation nécessaire. La grotte des fossiles n’était pas un enclos. Les soigneurs et les paléontologues n'avaient donc pas besoin d’y accéder, et donc pas d’accès tout court. Une chose qu’ils n’avaient pas prévu. Deux options s’offraient à eux. Demander celui de la cheffe des rangers Angel Harlowe, ou celui de Cole Hudson. Même si la ranger revenait, jamais cette dernière ne donnerait son accréditation, à moins que le directeur l’y ordonne. Autant donc demander à Cole Hudson directement.


« Je sais que des passages souterrains sont utilisés quotidiennement pour le transport des espèces et la maintenance de certains enclos par les employés du Jurassic World. Est-ce que ça pourrait indiquer qu’il y ait un chemin ou une route souterraine qui traverse l’île ? »

Sur ces mots, Marcos échangea un vive regard à l’anglaise. Elle acquiesça discrètement d’un léger mouvement de tête. Ils étaient tous les deux d’accord sur un point: il fallait continuer dans cette direction.

« Si vous… Quand vous trouverez l’accès à ces souterrains, Shivak m’a parlé vaguement de clés pour accéder au projet T. Combien en avons-nous de notre côté ? »

Cole mettait le doigt sur le principal facteur que le jeune homme et l’ancienne espionne ne maîtrisaient pas: les clefs. Marcos n’en possédait aucune, et Shaelynn avait perdu la sienne. L’anglaise savaient comme lui qu’ils partaient avec un handicap, mais ils n’étaient pas hors course pour autant. S’ils arrivaient à trouver en premier l’endroit où reposait le projet T, ils seraient peut-être en mesure d’en empêcher l’accès, ou même de le détruire. Mais le détruire était-il vraiment la meilleure chose à faire? C’était une chose qu’il verrait plus tard.


“ Dans un premier temps, les clefs ne sont pas notre priorité. Et oui, on en a aucune.” Marcos marqua une pause. Avait-il bien fait de révélé qu’aucune clef n’était en leur possession? Cole n’allait t-il pas risquer d’avoir peur et de les forcer à ne pas aller plus loin dans leur investigation? Il était trop tard pour se poser la question à présent. “Si on arrive à trouver l’entrée, on saura déjà sa localisation exacte. Et il y a peut être un moyen de la trafiquer ou de la condamner, avec un béton ou en détruisant l’entrée avec un éboulis. J’avais pensé à une ouverture forcée avec un chalumeau, mais je me doute que Hammond à mis les moyens pour pas que ça arrive.”

Le directeur montra un visage ferme qui ne semblait pas être en accord avec le plan exposé.

“Je sais ce que vous allez dire. C’est un parc, pas une zone de guerre. Et je suis d’accord. On verra si le projet T repose sous des infrastructures et si elles sont fréquentées ou pas. Si c’est sous le centre des visiteurs à tout hasard, un bétonnage devrait suffire dans un premier temps. Mais chaque chose en son temps. Il faut d'abord le trouver, on avisera ensuite de ce qu’on en fait. Si on ne se dépêche pas, la Chimère va nous rattraper et le temps va nous manquer. Et pour le trouver, il s’avère… qu’il va nous falloir votre pass, monsieur le Directeur.”

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyMer 14 Juin 2023 - 22:33

« Effectivement, avec ce que vous me dîtes, cela semble être une bonne piste. »

Cole marqua une pause, ne sachant visiblement pas comment dire les choses autrement. Il est vrai que Shaélynn et Marcos avaient soigneusement distillé leurs informations. Leur piste devait paraître bien maigre à l’ancien gérant du parc. Sans aller jusqu’à dire qu’elle était inattaquable, les deux intrus savaient au moins qu’elle était assez solide pour ne pas être ignorée.

« Je ne peux pas vous aider plus que ça à propos de cette attraction. Pour être tout à fait honnête avec vous, j’ai repris mes fonctions il y a un peu plus d’une semaine seulement. »

Hein ? Une semaine… Comme par hasard. Enfin, c’était une expression car Shaélynn se doutait que c’était bien loin d’être une coïncidence. Sa rencontre avec Shivak ne devait pas être étrangère à cette reprise de poste.

« J’ai été en arrêt pendant un peu plus d’un an environ. Je n’ai donc pas du tout vécu la transition Jurassic Park, Jurassic World. Pendant cette période, je me suis souvenu des dernières paroles de Josh. Josh Solomon. »

Shaélynn blêmit instantanément. Du fait de l’amnésie de Cole, personne n’avait jamais connu la nature des échanges que les deux hommes avaient pu avoir ce soir-là. Encore une fois, le souvenir de cette soirée de cauchemar revenait. L’ancienne espionne pouvait encore entendre le fracas de la pluie qui tombait sur les larges feuilles bordant l’enclos des raptors, leurs couinements affamés, les râles de souffrance de John et le bruit de la détonation. Il n’évoquait cependant pas ce qui était arrivé l’année suivant son départ.

Après une pause, l’américain reprit avec précaution.

La jeune femme n’avait pas été la seule à recevoir des révélations lourdes cette nuit de janvier 2013. Les fondateurs, Patrick Hammond, l’implication de Shaé auprès de Biosyn… Josh avait été bien conditionné par KC. Bien dirigé pour détruire la jeune femme, littéralement.

« Il m’avait demandé de te tuer et de t’empêcher d’assassiner M. Hammond. Et… Il m’a demandé de détruire le projet T. »

Alors qu’elle se pensait relativement en sécurité après la disparition de Shivak, Kimeria Chimestry n’avait jamais cessé de la traquer. Ils n'avaient pas renoncé à la tuer. Encore une fois le mystère demeurait mais s’épaississait davantage. Et puis…

Après l’avoir forcé à collaborer coûte que coûte, Shivak avait tenté de la tuer mais elle avait été sauvée par Marcos et il n’avait pas fait d’autres tentatives. Il avait ensuite disparu, la Chimère avait envoyé Josh Solomon se faire exploser, mais ce dernier avait ensuite demandé à Cole de la tuer.

Mais l’ancien guide avait oublié cette discussion. Puis Shivak était réapparu, libéré de KC. Il il  avait dit la vérité à Cole, ce qui avait manqué de la faire arrêter. Ensuite Shivak avait proposé un deal à Shaé, lui sauvant la vie par la même occasion et ils avaient fui le parc ensemble. Ils s’étaient séparés au bout de quelque temps et chacun avait fait sa vie de son côté. Par la suite, Pearce Sanders les avait retrouvés, avait relativement épargné Shaléynn (si l’on comparait avec ce qu’ils avaient fait subir à leur ancien agent) et lui avaient proposé un autre deal. Au manoir des Moore, ils avaient ciblés Shivak mais pas elle et depuis plus rien, plus personne en vu.

« Après ça… Après avoir retrouvé la mémoire et tout ce que cela impliquait… Depuis ce jour, j’avais peur que K-C tente de finir le travail et ne cherche à te tuer. J’ai tenté de te retrouver. Il fallait que je sache où tu étais et si tu allais bien. »

Alors que voulait vraiment KC ? Où commençaient leurs plans ? Où s’arrêtaient ceux de Shivak et Josh ? Qui de Handréas, Pearce, Shivak et Josh voulaient vraiment sa peau ? Après tout, l’ancien journaliste avait déserté la Chimère peu après leur altercation, quant à Josh… S’il avait voulu avoir sa peau, pourquoi ne l’avait-il pas visé quand il en avait eu l’occasion ? Cole semblait persuadé que Josh transmettait les mots de Kimeria. Peut-être n’était-ce pas le cas.

Cependant, c’était cette pensée, qu’ils soient peut-être encore sur sa trace, qui l’avait poussée à la chercher. Au fond d’elle, Shaélynn pensa brièvement que l’histoire tenait debout puis s’en voulut de le voir ainsi. Depuis qu’elle avait posé le pied sur le parquet du bungalow, elle n’avait pas cessé de se demander la raison de sa présence ici et quelles étaient les véritables intentions de Cole. Au final, il s’agissait en fait d’une mission personnelle. Une obsession comme il le disait lui-même.

La jeune femme était sincérement touchée qu’il se soit inquiété. Mais aussi inquiète des conséquences que cette recherche aurait pu avoir pour lui. À la place de Shivak, il aurait tout aussi bien pu se retrouver face à KC. Pourtant, malgré le danger et même après deux ans et demi, il n’avait pas renoncé. Que fallait-il en penser ? Ce qu’elle ressentait au fond d’elle était un peu flou.

Elle avait souvent pensé à lui, plus qu’elle ne l’aurait voulu. À Paris, suspendue à un crochet, quasiment exsangue, Shaé s’était rappelé à quel point tout aurait pu être différent entre eux. Et à quel point elle l’aimait, à quel point elle avait pu l’aimer. Elle s’était sentie torpillée par les regrets et une douleur que deux ans de cavale n’avait pas suffit à effacer. Tout s’était déroulé il y a deux semaines à peine et pourtant tout lui semblait déjà un peu différent. Tout était déjà tellement différent. Les nouvelles confessions du jeune homme l'apaisaient un peu, c’était certain. Mais cela ne suffisait pas à effacer le malaise qu’elle ressentait en sa présence.

L’attention de Shaé se fixa à nouveau sur le moment présent lorsque le visage de Cole se durcit en parlant de son arrivée au manoir. Il était clair qu’un qualificatif peu flatteur lui brûlait les lèvres mais il le retient.

« … Shivak, quasiment mort. Je lui ai sauvé la vie et… Il est toujours aussi insupportable. On a beaucoup discuté et, ça semble invraisemblable et j’ai dû mal à l’avouer mais on a pu trouver un terrain d’entente. Il m’a convaincu de stopper mes recherches. Il m’a dit que je me mettais en danger et surtout que je te mettais en danger, toi. »

La jeune femme avait le regard braqué sur lui maintenant et quand il releva les yeux, ils se fixèrent sur les siens. Ce qu’il racontait paraissait invraisemblable oui. Elle n’imaginait vraiment pas les deux hommes en train d’échanger autre chose que des insultes. Mais elle était bien placée pour savoir que Shivak était capable de se montrer sous un autre jour. La raison n’était pas toujours très claire et elle n’arrivait pas à s’accorder avec elle-même sur ses intentions.

Il était évident que de son côté, Cole ne s’interrogeait pas trop sur les motivations de l'ancien journaliste. Ce qui supposait que Shivak n’avait pas été complètement honnête sur ce qui s’était passé au manoir. L’ancien guide était persuadé que les deux fugitifs travaillaient toujours ensembles et Shivak avait même réussi un exploit que le temps n’avait pas accompli : convaincre Cole d’arrêter de chercher Shaélynn. Pour ne pas lui créer de tort. S’il y avait quelque chose qu’on ne pouvait pas enlever à l’ex journaliste c’est qu’il était un négociateur hors pair. Son interlocuteur estimait avoir trouvé “un terrain d'entente” mais Shaé était sûre que Shivak avait eu plus à y gagner que lui. C’était toujours le cas.

« Bref, je ne sais pas ce qui s’est passé exactement entre vous deux mais… »

Shaé réprima de justesse un hoquet de surprise. Ne pas regarder Marcos, ne pas regarder Marcos. Heureusement, Cole ne semblait pas lui prêter attention et se contenter de sourire d’un air las. Ce qu’il s’était passé entre eux… Elle-même ne le savait pas vraiment. Et elle ne tenait pas à en discuter avec lui. Heureusement, Cole éluda le sujet d’un soupir et expliqua brièvement les raisons de son retour. Rappelant une nouvelle fois que Shivak était censé le contacter.

Mais qu’il ne l’avait pas fait.

Malgré la gravité et le sérieux de ce qu'il évoquait, Cole lui glissa un sourire un peu coincé. Que Shaélynn ne parvient pas à lui rendre. Elle échangea brièvement un regard avec Marcos, tout aussi inquiet qu’elle. De son côté, elle se doutait que le français ne se faisait pas de soucis pour Shivak mais plutôt pour le temps qu’ils perdaient à parler de lui avec Cole.

C’était plus fort qu’elle. Tant que tout ne serait pas éclairci, Shaé savait qu’elle ne pourrait s’empêcher de s’inquiéter. Après l’Égypte, après Paris, quelque chose s’était littéralement créé entre eux et sa culpabilité dans la mort de son père n’était pas suffisante pour tout effacer. Sur le moment, cela avait pris le dessus mais l’état de détresse dans lequel elle se trouvait depuis, ne cessait de lui prouver que ce n’était pas la fin de l’histoire. De plus, elle avait des questions et il était le seul à pouvoir lui fournir les réponses.

« Je ne sais pas si ça peut vous aider, je ne sais vraiment pas si ça peut être une piste mais je suis déjà allé une fois dans la grotte des fossiles avec Josh et… Il m’a fait visiter. Je me souviens vaguement qu’il m’ait montré une porte en m’indiquant qu’elle donnait sur des infrastructures liées à la maintenance de la station géothermale. »

Semblant soudain pris d’un enthousiasme débordant, Cole bondit de sa chaise et s’empressa de leur parler des passages souterrains. C’était possible. C’était même très probable. Marcos semblait également de cet avis, la lueur dans ses yeux parlaient pour lui. Cela apportait un nouvel éclairage à leur théorie. Si Mary avait eu accès aux souterrains, cela élargissait aussi la zone de recherche malheureusement. La surface qu’elle avait pu parcourir en dix minutes n’était plus la même si elle parcourait en surface ou dans un souterrain sans obstacle.

« Si vous… Quand vous trouverez l’accès à ces souterrains : Shivak m’a parlé vaguement de clés pour accéder au projet T. Combien en avons-nous de notre côté ? »

Vaguement. C’était décidément le mot de la journée. Shivak avait visiblement été plus qu’évasif sur un paquet de sujets. Et heureusement, pensa Shaé.

Des clés, ils n’en avaient aucune. Ils en avaient trouvé une mais suite à la révélation inattendue de Shivak, ils avaient fait passer leur quête au second plan, l’espace de quelques minutes et la clé était tombée. La jeune femme sentait la rage monter rien qu’à cette idée. Non vraiment, elle ne comprenait pas. Après tout ce qu’ils avaient subis et vécu pour trouver cette putain de clé, il avait tout foutu par terre en quelques secondes.

Et ils étaient de retour à la case départ à miser le tout pour le tout.

“ Dans un premier temps, les clefs ne sont pas notre priorité. Et oui, on en a aucune. Marcos laissa un silence de quelques secondes pour que Cole puisse bien apprécier la difficulté de la situation. Si on arrive à trouver l’entrée, on saura déjà sa localisation exacte. Et il y a peut être un moyen de la trafiquer ou de la condamner, avec un béton ou en détruisant l’entrée avec un éboulis. J’avais pensé à une ouverture forcée avec un chalumeau, mais je me doute que Hammond à mis les moyens pour pas que ça arrive.”

Shaélynn vit le visage de Cole se fermer soudainement et elle-même accusa le coup. S’ils étaient tous d’accord pour dire qu’ils manquaient de temps et qu’ils fallaient stopper KC et Handréas, ils n’avaient pas vraiment pris le temps d’aborder certains points. Si la jeune femme n’avait aucun doute sur le fait que les intentions de Marcos soient bonnes, elle était surprise de le voir proposer des méthodes aussi radicales que “détruire l’entrée avec un éboulis”.

C’était certes une idée probablement efficace. Mais Shaé était sûre que des gens se cachaient avec le projet T. Détruire l’accès au bunker, c’était aussi mettre ces personnes en danger. Quelque qu’elles soient. Il ne s’agissait pas uniquement de Mary même si l’envie d’avoir enfin des réponses à ses questions pesait évidemment dans la balance. Marcos prononçait sûrement ces mots sur le coup du stress et peut-être de la colère envers les personnes qui avaient potentiellement créé le Projet T en premier lieu. Il n’était pas du genre à sacrifier des vies à la légère.  

- “Je sais ce que vous allez dire. C’est un parc, pas une zone de guerre. Et je suis d’accord. On verra si le projet T repose sous des infrastructures et si elles sont fréquentées ou pas. Si c’est sous le centre des visiteurs à tout hasard, un bétonnage devrait suffire dans un premier temps. Mais chaque chose en son temps. Il faut d'abord le trouver, on avisera ensuite de ce qu’on en fait. Si on ne se dépêche pas, la Chimère va nous rattraper et le temps va nous manquer. Et pour le trouver, il s’avère… qu’il va nous falloir votre pass, monsieur le Directeur.”

C’était plus subtilement amené que leurs premières demandes et cela provenait sûrement aussi du fait que Angel n’était plus dans leur pattes à crier au scandale. Ce qui ne signifiait pas non plus que la requête n’interpellait pas Cole. À voir son petit mouvement de recul et la façon dont ses narines venaient de se dilater, il ne savait pas trop si c’était un ordre, une demande ou une menace. Shaélynn s’empressa donc de tempérer.

- Je pense qu’on a tous conscience de la notion d’urgence pour trouver le bunker, si c’est bien un bunker. Et effectivement s‘il se trouve dans ces souterrains et que ton badge y donne accès, ça nous simplifierait le travail. Mais le bloquer ça ne dissuadera pas forcément KC d’intervenir donc… De toute façon, nous ne prendrons aucune décision sans vous.

Shaélynn hésita, elle ne savait pas vraiment comment elle allait tourner cela mais il fallait qu’elle aborde le sujet.

-  J’imagine que Angel est déjà en train de s’en occuper mais il faut que vous augmentiez le niveau de sécurité du parc, trouvez un prétexte. De ce qu’on sait de source sûre, c’est que KC a récupéré au moins 3 clés sur 4 ou 5. Mais ils pourraient tout aussi bien les avoir toutes. Une attaque est donc à prévoir dans un futur proche voir très proche.

Elle quittait maintenant le discours sur la “cause commune” et au vu de la réaction qu’avait eu Marcos chaque fois que Cole était passé sur des discussions plus privées, il allait détester, c’était sûr. Elle ne souhaitait pas en parler. Mais ce qu’avait dit Cole quelques instants plus tôt lui faisait craindre le pire.

- Je te remercie de ce que tu as fait ces deux dernières années pour me protéger. Et je suis désolée. Sincèrement. Pour tout ce que tu as subi par ma faute.

Shaélynn se mordilla nerveusement les lèvres. Toute vérité n’était pas bonne à dire. Elle en avait fait l’expérience avec Shivak. Il y avait des choses qu’elle était prête à dire à Cole, elle voulait lui dire la vérité, se montrer à la hauteur de la confiance et de l’amour qu’il avait encore pour elle mais ce n’était pas le moment. Elle ne pouvait pas se permettre de le lui rendre. Le jeune homme était impulsif, têtu et pouvait se montrer imprudent. Son attitude du jour le prouvait encore. Il avait beau avoir l’air plus sûr de lui, plus déterminé, il s’était quand même laissé entraîner par Shivak dans une histoire dangereuse et s’était emporté contre Marcos. Si, la jeune femme ne l’avait pas emmené avec elle en quittant le parc c’était justement pour ne pas le mettre en danger. Et il se jetait de nouveau dans les emmerdes sans aucune hésitation dès qu’il s’agissait d’elle.

- Je te remercie de t’être occupé de Shivak. Je sais pas si j’aurais pu faire autrement que de le laisser sur place mais…

La voix de Shaélynn se cassa soudainement et les larmes lui montèrent aux yeux. Fais chier. La jeune femme vit Marcos lever les yeux au ciel. Elle s'était attendue à cette réaction.  

- Après ce que j’ai fais à Hammond, je n’aurais pas pu supporter de…

Elle marqua une pause. D’être responsable de la mort d’un homme. Elle ne voulait pas prononcer ces mots.

- Tu sais ? Pas une deuxième fois.

Cole semblait avoir déjà occulté la demande de Marcos. Ses yeux s’étaient rivés sur elle dès qu'elle avait commencé à parler. Mais Shaélynn n’oubliait ni la demande ni Marcos, qu’elle entendait pousser des soupirs mi agacé mi en détresse de devoir entendre ces mots. Elle s’essuya prestement les yeux avec sa manche et reprit d’une voix plus dure. En soutenant le regard de Cole qui gardait une expression neutre. Sûrement pour ne pas risquer de la voir se refermer.

- Mais il faut que tu saches quelque chose.

Elle prit une inspiration. Shaé n’avait aucune envie de s’étaler sur le sujet, encore moins devant Marcos mais elle devait mettre Cole en garde. Pour lui bien sûr mais aussi pour ceux qui dépendaient de lui.

- Je pensais avoir établi une sorte de relation de confiance avec Shivak, si je peux le dire comme ça, parce je n’en suis plus vraiment sûr aujourd’hui. Quand on était en Angleterre, on venait juste de trouver la clé et il a commencé à me faire des révélations et… Pour être honnête, j’ai perdu confiance. Je ne comprends rien à ce qu’il fait, il a son propre plan de route et vraiment c’est assez flou pour moi. Je n’ai pas eu le temps de creuser parce que KC a débarqué, il a été pris pour cible et je me suis enfuie.

Lorsqu’elle était dans le sud de la France avec la paléontologue, elle avait vaguement évoqué cet épisode mais sans évoquer leur différend. Si, on pouvait appeler ça un différent. Cela ne changerait probablement rien puisque Marcos détestait Shivak. Elle voyait souvent la haine qui se dégageait de lui chaque fois qu’il était évoqué. Peut-être même serait-il rassuré de savoir que Shaé ne lui faisait pas complètement confiance. Et encore… Elle serait prête à prendre personnellement le risque. Mais pas pour Cole ou Marcos.

Shaélynn voyait que le sujet l’intriguait. Une sorte de lueur, une écoute particulière. Même Marcos semblait plus silencieux.

- Je ne sais pas ce qu’il t’as dit, je ne sais pas de quoi vous avez discutez. Peut-être que c’était vrai, peut-être qu’il y a des choses qui ne l’étaient pas. Je sais que tu voulais m’aider mais… Tu n’aurais pas dû l’écouter et reprendre tes fonctions. Il faut que tu restes à l’écart, parce que je ne sais pas ce qu’il prévoit. Je ne sais pas qui il est, ce qu’il compte faire…En finalité, Shivak n’aide personne d’autre que lui-même.

De nouveau, la jeune femme avait enfoui sa tête dans ses mains, se massant le front pour faire disparaître la migraine qui commençait à lui exploser le crâne. Shivak lui avait demandé de le tuer. Cela ne faisait aucun sens. Toute la scène qui s’était déroulée dans le bureau et qui l’avait tant bouleversée lui paraissait absurde maintenant. Absurde mais toujours aussi perturbante.

Cole semblait assez distant. Les avant-bras reposant sur la table, il avait les mains serrées au point que ses phalanges en étaient blanches. Machinalement, elle tendit l’une des siennes pour la poser par-dessus et surpris, sa main se détendit brièvement. Cela ne dura qu’un instant mais il fallait capter son attention et qu’il entende bien.

Shivak lui avait permis de s’échapper du parc. Il avait tout tenté pour la protéger face à Pearce, elle l’avait donc soigné, il s’était montré constant, rassurant, fiable et elle lui avait fait confiance. L’échange dans le bureau de son père était flou. Mais elle se souvenait pourtant de tout. C’était la signification de leurs échanges qui lui échappait. Elle n’arrivait pas à trouver un sens aux actions de Shivak, ni à concilier les deux facettes qu’elle avait vu de lui. Son cerveau ne semblait pas arriver à se fixer sur l’une ou l’autre et à chaque changement c’était une tempête d’émotions qui lui mettaient le cœur en vrac.

D’un air froid, elle ne put s’empêcher de nuancer.

- Et ceux qui peuvent l’aider à atteindre ses objectifs. acheva-t-elle avec un faible sourire.

Il l’avait aidé, c’est vrai. Et il avait aidé Cole. Mais il ne fallait pas être imprudent pour autant.  

- Fous le camp, pendant qu’il est encore temps. Si tu as refait ta vie, s’il y a des personnes auxquelles tu tiens, renvoies-les sur le continent et renforce la sécurité. Avec Marcos, on va faire au mieux. Faites nous confiance. On veut autant que vous que tout ça se termine. Elle insista. J’ai besoin de réparer ce que j’ai fait.

Mais pour ça, il fallait qu’il la laisse partir. Encore. Elle ne voulait plus le mêler à cette histoire. Passé les premiers instants, les mots étaient sortis plus naturellement. Shaélynn avait réussi tant bien que mal à rester, autant que possible, en contrôle. Cole en espérait certainement plus mais elle ne pouvait pas les évoquer si, elle survivait à cette journée, peut-être aurait-elle une chance de lui expliquer.

La jeune femme espérait que Marcos ne soit pas trop agacé par ces propos. Elle s’était en effet confiée plus sur le sujet Shivak qu’elle ne l’avait fait en France. Les informations qu’elle venait de lancer sur le sujet ne manqueraient sûrement pas de le surprendre et titiller sa curiosité. Tant pis, il en penserait ce qu’il en pensait. Pourvu qu’il ne s’exprime pas trop sur le sujet devant Cole ou qu’il ne s’emporte pas de nouveau. Elle savait cependant qu’il partageait une partie de ce qu’elle venait de dire. Il avait assez hurlé sur le gérant du parc sur le fait qu’il le trouvait inutile pour la contredire.

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyMar 20 Juin 2023 - 0:49

« Dans un premier temps, les clefs ne sont pas notre priorité. Et oui, on en a aucune. »

Marcos laissa un silence suffisamment long pour que Cole puisse appréhender la difficulté de la situation. La difficulté ? L’absurdité plutôt. Finalement, ses deux invités n’avaient qu’une seule information à leur disposition. Ils savaient seulement que le projet T se trouvait sur l’île et ils n’en savaient visiblement pas plus que lui. Et sans oublier que cette histoire de souterrain n’était aussi qu’une hypothèse. La piste était encore plus maigre qu’il ne l’avait pensé.

« Si on arrive à trouver l’entrée, on saura déjà sa localisation exacte. »

“Si ? Et l’entrée de quoi du coup ?”, pensait Cole d’un air dubitatif. Lui qui était pourtant de nature optimiste commençait à avoir de plus en plus de doutes sur cette mission. Marcos venait-il vraiment de dire ça ? Venait-il vraiment de dire “Si on trouve l’entrée, on trouve le projet T” ? Si on trouve la porte, on trouve l’entrée. Si on ouvre la porte, la porte est ouverte. Cole restait silencieux et pensif face à cette révélation contrariante.

« Et il y a peut être un moyen de la trafiquer ou de la condamner, avec un béton ou en détruisant l’entrée avec un éboulis. J’avais pensé à une ouverture forcée avec un chalumeau, mais je me doute que Hammond à mis les moyens pour pas que ça arrive. »

Cole avait l’impression d’entendre un enfant spéculer sur des histoires rocambolesques. “On avait qu’à dire que c’était une entrée et on bloquerait tout avec des cailloux”. Vraiment ? C’était ça leur plan ? Est-ce que c’était aussi simple que ça ? Descendre une bétonneuse on ne sait où et y foutre du placo dans l’espoir que la Chimère ne trouve pas l’accès ? Cela ne serait qu’une solution temporaire. Kimeria ne s’arrêterait pas pour autant. Elle prendrait le contrôle de l’île et creuserait son propre accès. Elle prendrait le temps qu’il faudra, elle a été assez patience comme ça jusqu’à maintenant. Cela ne ferait que retarder l’échéance. Cela ne ferait qu’augmenter leur présence sur Isla Nublar, en nombre et en durée. C’était une proposition ridicule et Cole s’alarmait véritablement sur la situation. Si Marcos était résolu à penser que ça c’était la solution…

« Je sais ce que vous allez dire. C’est un parc, pas une zone de guerre. Et je suis d’accord. On verra si le projet T repose sous des infrastructures et si elles sont fréquentées ou pas. Si c’est sous le centre des visiteurs à tout hasard, un bétonnage devrait suffire dans un premier temps. Mais chaque chose en son temps. Il faut d'abord le trouver, on avisera ensuite de ce qu’on en fait. Si on ne se dépêche pas, la Chimère va nous rattraper et le temps va nous manquer. Et pour le trouver, il s’avère… qu’il va nous falloir votre pass, monsieur le Directeur. »

Cole reculait légèrement contre le dossier de sa chaise. Tout se basait donc sur des “si” et des “on verra”. Et dire qu’il était réputé pour sa naïveté… Comment pouvaient-ils encore espérer arriver à quoi que ce soit ? Bien sûr, il fallait essayer au moins de faire quelque chose mais… La piste n’était plus qu’un morceau de ficelle dans une pelote de laine dont on tirait le bout pour en trouver éventuellement la source. Et comme si elle avait vu la mine de déterré de l’ancien guide et qu’elle ne validait pas entièrement les dires de son comparse, Shaélynn ajoutait immédiatement derrière lui.

« Je pense qu’on a tous conscience de la notion d’urgence pour trouver le bunker, si c’est bien un bunker. », fit-elle ainsi pour tempérer. « Et effectivement s‘il se trouve dans ces souterrains et que ton badge y donne accès, ça nous simplifierait le travail. Mais le bloquer ça ne dissuadera pas forcément KC d’intervenir donc… De toute façon, nous ne prendrons aucune décision sans vous. »

Elle était donc plutôt d’accord avec lui : bloquer l’accès n'arrêterait définitivement pas KC et ses soldats d’élite. À son ton et à son phrasé, il était assez clair que la jeune femme cherchait à contrôler les propos du paléontologue. Quelles étaient les décisions que Shaélynn voulait prendre ? Cherchait-elle à garder sa confiance en lui faisant croire qu’il aurait un poids quelconque dans la balance ? Et d’un air hésitant, la jeune femme poursuivait.

« J’imagine que Angel est déjà en train de s’en occuper mais il faut que vous augmentiez le niveau de sécurité du parc, trouvez un prétexte. De ce qu’on sait de source sûre, c’est que KC a récupéré au moins 3 clés sur 4 ou 5. Mais ils pourraient tout aussi bien les avoir toutes. Une attaque est donc à prévoir dans un futur proche voir très proche. »

Cole était toujours adossé contre le dossier de sa chaise et fronçait légèrement les sourcils. Ne pas avoir les clés était bien sur une chose, que la Chimère en dispose de sa quasi-totalité en était une autre. Visiblement, ils ne connaissaient même pas le nombre exact de clés. Une fois de plus, cela changeait tout et cela n’engageait rien de bon. Que comptent-ils faire tous les deux ? Que peuvent-ils faire de plus ? Le directeur devenait de plus en plus dubitatif qu’en à cette opération qui ressemblait de plus en plus à du suicide.

Quant au niveau de sécurité, il était déjà à son maximum. Le niveau d’alerte en revanche était nul pour le moment. Trouvez un prétexte pour l’augmenter n’était pas une chose aussi simple avec tous les protocoles désormais mis en place et il ne pouvait pas être changé sans l’aval de Claire Dearing.

« Je te remercie de ce que tu as fait ces deux dernières années pour me protéger. Et je suis désolée. Sincèrement. Pour tout ce que tu as subi par ma faute. »

C’était pour le moins formel. Et qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire les choses qu’il “avait subi par sa faute” ? Cole estimait que ce qui lui était arrivé était de sa responsabilité et c’était bien ça le sujet des nombreuses séances de psy qu’il avait eu. Tout n’était pas de sa faute mais les décisions qui l’avaient conduites ici c’était lui et lui seul qui les avaient prises. Il sortait de ses pensées et observait la jeune femme qui se mordillait les lèvres comme une gamine prit sur le fait. Elle semblait trouver difficilement ses mots. Cela ne l’empêchait pas pour autant d’essayer. Puis elle reprit. Sa voix était tremblante et elle marquait des pauses. Ses yeux s’embuaient doucement au fur et à mesure qu’elle parlait.

« Je te remercie de t’être occupé de Shivak. Je sais pas si j’aurais pu faire autrement que de le laisser sur place mais… Après ce que j’ai fais à Hammond, je n’aurais pas pu supporter de… Tu sais ? Pas une deuxième fois. »

Cole avait les yeux rivés sur son ancienne compagne qui essuyait rapidement ses larmes avec sa manche avant de reprendre à nouveau avec un peu plus d’assurance. Il essayait de rester le plus neutre possible mais il était clair qu’elle avait entièrement son attention.

“Ce que tu as fais à Hammond ?”, pensait Cole. Elle n’osait donc toujours pas prononcer les termes ? Il n’était pas insensible à ce qu’elle lui disait, bien au contraire. Il comprenait bien ce qu’elle voulait dire mais intérieurement, lentement mais sûrement, il bouillonnait en lui une once d’incertitude.

« Mais il faut que tu saches quelque chose. Je pensais avoir établi une sorte de relation de confiance avec Shivak… »

“Et je pensais avoir établi une relation de confiance avec toi Shaé”, pensait intérieurement Cole.

« Quand on était en Angleterre, on venait juste de trouver la clé et il a commencé à me faire des révélations et… Pour être honnête, j’ai perdu confiance. Je ne comprends rien à ce qu’il fait, il a son propre plan de route et vraiment c’est assez flou pour moi. Je n’ai pas eu le temps de creuser parce que KC a débarqué, il a été pris pour cible et je me suis enfuie. »

C’était donc véritablement lui qui avait été pris pour cible par K-C ? Elle s’est enfuie. L’a-t-elle abandonné à la suite de cette révélation ? A-t-elle eu le choix ?

Cole réfléchissait. Cela faisait déjà beaucoup d’informations et pour le moment ça collait avec ce que Shivak lui avait dit. Ses avant-bras reposaient maintenant lourdement sur la table. Un air pensif, les sourcils froncés, il se perdait dans ses pensées. Mais tout commençait à être plus clair à présent et il parvenait petit à petit à recoller les morceaux.

« Elle… Elle est partie... On est en danger ici, il faut pas que l’on reste là…
Shaélynn est en danger. »

Les paroles de Shivak résonnaient encore dans sa tête. Cole pouvait bien avoir de nombreux doutes à propos de cet homme, la détresse qu’il avait ressenti à son réveil était pourtant bel et bien réel. Shivak avait joué carte sur table parce qu’il semblait évident qu’il tenait à elle. Quelques soient ses révélations, elles avaient néanmoins été assez percutantes pour ébranler totalement Shaélynn qui en parlait encore aujourd’hui avec une émotion bien visible.

« Je ne sais pas ce qu’il t’as dit, je ne sais pas de quoi vous avez discutez. Peut-être que c’était vrai, peut-être qu’il y a des choses qui ne l’étaient pas. Je sais que tu voulais m’aider mais… Tu n’aurais pas dû l’écouter et reprendre tes fonctions. Il faut que tu restes à l’écart, parce que je ne sais pas ce qu’il prévoit. Je ne sais pas qui il est, ce qu’il compte faire…En finalité, Shivak n’aide personne d’autre que lui-même. »

La jeune femme avait enfoui sa tête dans ses mains en se massant le front, comme si elle cherchait à fuir définitivement son regard.


« Mais je te préviens. Si tu la mets en danger avec les infos que je vais te donner, je te tue. »


Les mots de Shivak… Il n’était pas prêt de les oublier. Il avait été persuasif, Cole était certain qu’il avait été sincère. Alors comment Shaélynn pouvait tirer de telles conclusions ? Avaient-ils vraiment discuté tous les deux ou s’étaient-ils contentés de subir la présence de l’autre ? Comment sa perception des choses pouvait-elle être autant biaisée ?

Il faut qu’il “reste à l’écart”... C’était bête et ça le débectait rien que d’y songer mais il fallait qu’il se rende à l’évidence ; plus elle parlait et plus la confiance qu’il avait en Shivak semblait se renforcer. Il lui avait donc dit la vérité. S’il avait eu un doute très prononcé jusqu’à maintenant, ce dernier s’était quasiment estompé depuis l’arrivée de Shaé et de Marcos sur l’île. Pour le moment, tout ce qu’il lui avait annoncé et prédit était arrivé. Pour le moment, tout le récit de Shaélynn sur ce qu’il s’était passé là-bas tenait la route et était identique à celui de Shivak. Une main froide le sortit soudainement de sa torpeur. Sans s’en rendre compte, il avait serré ses mains au point où ses phalanges étaient devenues douloureuses. Ses doigts reprenaient doucement leur teinte rosâtre alors qu’il relâchait la pression brièvement mais il ne pouvait pas oublier ce qu’elle venait de dire.


”Reste à l’écart.”


« Et ceux qui peuvent l’aider à atteindre ses objectifs. Fous le camp, pendant qu’il est encore temps. Si tu as refait ta vie, s’il y a des personnes auxquelles tu tiens, renvoies-les sur le continent et renforce la sécurité. Avec Marcos, on va faire au mieux. Faites nous confiance. On veut, autant que vous, que tout ça se termine.  J’ai besoin de réparer ce que j’ai fait. »


“Fous le camp” “Refais ta vie”


C’était trop. Cole dégageait sa main d’une façon plus virulente qu’il ne l’aurait souhaité. Encore ce discours, encore ce blabla, encore la même rengaine. Le jeune homme fronça à nouveau les sourcils. Il voulait garder son calme mais Shaé ne lui facilitait pas la tâche. La pression montait et il en avait tout simplement marre d’être menés par le bout du nez. Il prit une profonde inspiration comme si la rage gonflait soudainement ses poumons. Il expirait comme si elle ne parvenait plus à rester à l’intérieur de son corps.

« Les choses que j’ai subis comme tu dis, je me les suis infligé tout seul. », lâchait-il sèchement. « Arrête de croire que tout est de ta faute. »

Shaélynn semblait tout aussi surprise que lui de sa réaction soudaine mais il était encore loin d’avoir terminé.

« Cela dit, vous vous êtes plutôt bien trouvé avec l’autre tanche. Il m’a fait le même discours que toi. À me dire de refaire ma vie, de me barrer et de m'éloigner de tout ce merdier… Putain. », balayait-il de la main comme pour marquer le fait qu’il fallait oublier cette idée. « Le soir où tu es parti, quand Shivak m’a pris en otage et qu’on était tous les deux dehors, il m’a dit la même chose, de ne pas te faire confiance et que tu allais chercher à me tuer. Et toi, maintenant, tu me dis de ne pas lui faire confiance ? Qui dois-je croire au final ? À qui dois-je faire confiance finalement ? Vous vous êtes bien trouvé. Une belle bande de… »

Il soupirait pour ne pas dire des mots qu’il regrettait par la suite mais n’en pensait pas moins. Il avait l’impression d’être dans l’impasse, d’être pris aux pièges entre deux manipulateurs qui se renvoient la balle. Cole ne tenait plus en place et frottait frénétiquement l’arrière de son crâne. Il prit la dernière gorgée de son café en espérant secrètement qu’il s'agissait d’une autre boisson. De là où il se tenait, il voyait le placard où les bouteilles étaient rangées. Ça aurait été si simple… Il en aurait peut-être eu besoin à cet instant. Nouveau soupir. Il en voulait à Shaélynn mais aussi à Shivak. Il tentait de garder son calme mais cela devenait de plus en plus difficile. Sa jambe droite faisait des soubresauts et sa main tremblait légèrement. Ce qu’elle venait de lui dire n’était pas entièrement la cause de son énervement, c’était un tout, mais il y contribuait largement.

Cole se tenait désormais droit, complètement adossé à la chaise qu’il avait légèrement reculé sans le vouloir, comme pour marquer une distance avec la jeune femme. Sans la regarder dans les yeux et en serrant un poing discret sous la table, il reprit la parole désormais sans filtre.

« Je sais que ta mère est en vie Shaé. Je sais que tu la cherches. Pour une fois, dis moi la vérité, est-ce que tu veux réellement trouver le projet T pour ce qu’il est ou cherches-tu uniquement à retrouver ta mère ? Qu’est-ce que tu veux Shaé ? Quel est ta position dans tout ça ? C’est quoi ton angle d’attaque ? Shivak, lui, cherche à détruire la Chimère et il le fait essentiellement pour lui, pour se venger, j’en suis sûr, mais dans la finalité sa cause est juste. »

Il observait un instant Marcos qui semblait lui aussi bouillir à l’intérieur et croisait son regard avec un air méfiant. Est-ce qu’il savait dans quoi il s’était embarqué ? Est-ce que Shaélynn le manipulait lui aussi ? Cole marquait donc une courte pause avant de reprendre.

« Shivak est un connard et un enfoiré de première…»

Marcos eut un sourire narquois et balançait nonchalamment un “c’est peu de le dire” que l’américain se contentait d’ignorer en reprenant.

« …mais ce n’est pas le méchant de l’histoire. Sinon crois moi je ne serais plus là pour te parler aujourd’hui et tu ne serais plus là pour le faire non plus. Tu le sais très bien. »


"Tu veux protéger Shaélynn ? Aide moi à détruire la Chimère."


Shivak et ses grands discours. Mais au moins il avait été clair et son but était juste. Cole n’arrivait pas à cerner Shaélynn, il ne parvenait pas à la comprendre. Pourquoi faisait-elle ça ? Pourquoi cherchait-elle à le mettre autant à l’écart ? Pourquoi est-ce qu’elle dissimulait des informations ? Si son excuse était qu’elle cherchait à le protéger, qu’est-ce que ça faisait de Marcos dans tout ça ? Un  bouclier ? Une arme ? Un poids mort ? Une distraction ?

« Et tu veux que je te dise ? »

Shaélynn le regardait avec un regard déjà noir, elle n’acquieçait pas. Elle s’était décomposée lorsqu’il avait parlé de sa mère. C’était encore une fois une façon de lui dire qu’il en savait plus sur toute cette histoire qu’elle ne pourrait y songer. Il n’en avait pas fini avec elle.

« Le type baignait dans son sang quand je l’ai trouvé. Tu l’as laissé crever comme une merde dans cette malle et la première chose qu’il m’a dite quand je l’ai sorti : “elle est parti” “Shaélynn est en danger”. », dit-il d’un ton froid sans mettre d’exagération dans son imitation. Il ne put s’empêcher de voir que Marcos n’était visiblement pas au courant au vu du regard dubitatif qu’il jeta sur la jeune femme. « Tu l’as abandonné, laissé pourrir dans cette malle et lui ? Il s’inquiétait pour toi. »

Shaélynn avait les larmes aux yeux. C’était un mélange de rage et de désespoir qui tirait son visage d’une manière qu’il n’avait jamais vu chez elle. Il ne s’arrêtait pas pour autant, sa colère était trop forte pour se laisser attendrir par la détresse de cette femme qu’il aimait pourtant de tout son être. C’était comme si toute la rancœur qu’il avait accumulée durant tout ce temps ressurgissait soudainement. La frustration et le manque parlait aussi désormais à sa place, qu’il ne le veuille ou non.

« Alors vos conseils à la con… Me dire de rester à l’écart. Tout ça. Vous pouvez bien vous les garder pour être poli. Si j’étais resté à l’écart tu aurais eu un mort de plus sur la conscience. Tu peux me remercier autant que tu veux mais tu ne peux plus me dire de “rester à l’écart.”. Arrête de vouloir te la jouer solo. Bordel mais Shaé… Tu penses vraiment que si je n’avais pas repris mes fonctions tu serais ici aujourd’hui ? », fit-il en ricanant d’un air moqueur. « Tu n’aurais même pas pu foutre un pied sur Isla Nublar. »

Il la regardait de haut en bas en continuant froidement.

« Tu t’es regardée récemment ? Tu tiens à peine debout, tu trembles comme une feuille et tu sursautes quand une mouche vole trop près de tes oreilles. Qui tu crois pouvoir affronter dans ton état ? Qui tu crois tromper comme ça ? Et si c’est si dangereux… Putain…»

Rien que d’y penser ça le faisait sortir de ses gonds. Il plaçait une main sur sa tête. Il faut croire que le mal de crâne était contagieux. Ou c’était peut-être les quelques cafés qu’il avait bu et abusé ce matin qui le rendaient tendu plus que nécessaire ? C’était une des manières pour lui de compenser et visiblement ça ne lui réussissait pas forcément. Quoi qu’il en soit, il n’y avait plus de filtres, les questions qu’il se posait finissait par surgir telle qu’elles lui venaient.

« Pourquoi impliquer Marcos là-dedans ? Il y a quelque chose que je ne sais pas sur lui ? C’est un assassin de renommée ? Un tueur en série ? Un espion supra-entraîné ? Ou juste un bouffeur de baguettes dont tu espères que la mie soit suffisamment épaisse pour te servir de bouclier quand les balles voleront ? »

Il frottait son visage et tentait de reprendre son souffle. Marcos bredouilla quelque chose en français que Cole ne comprit pas vraiment mais qu’il n’écouta pas réellement non plus. Il se doutait que ce n’était pas très élogieux au vu du ton et du regard qu’il portait sur lui. Peu importe. Shaélynn, de son côté, semblait presque choquée de sa réaction. Il ne s'en était pas rendu compte, il ne savait pas quand elle l’avait fait mais elle était maintenant debout. Ses yeux étaient eux aussi froncés et furibonds. Si sa parole s’emportait, il  voulait malgré tout clarifier encore une fois les choses.

« Je suis de ton côté et je jouerais la partie que je dois jouer du mien mais tu ne peux plus me tenir à l’écart. Je suis là et c’est trop tard maintenant. Tu me demandes de partir mais tu me parles d’une menace immédiate. Je ne peux pas partir et abandonner tout le monde. Je ne suis pas toi. Je te l’ai dis, on est dans le même bâteau maintenant. »

Cole, d’un ton froid et mesuré, se tournait vers Marcos et lui répondait enfin.

« Mon pass ? Vous l’aurez. Mais il reste avec moi. Et, puisqu’on est dans les confidences - fit-il en regardant à nouveau Shaélynn - Qu’est-ce que le projet T exactement ? Et que comptez-vous faire avec Marcos si jamais vous le trouvez ? »

Il fallait qu’il sache, qu’il en est la certitude. Malgré lui et cet instant qu’il avait vécu d’innombrables fois dans sa tête, il ne connaissait pas les intentions de la jeune femme. En réalité, il ne l’avait jamais vraiment fait. Et s’il avait réussi à creuser l’épaisseur de l’armure qui la protégeait, il n’avait aperçu que la pointe de l’iceberg. Il suffisait de comparer les conversations du passé pour comprendre que Shaélynn s’était ouverte véritablement par intérêt ou lorsqu’elle était au pied du mur, quand elle n’avait plus le choix, quand Cole, encore une fois, l’avait poussé à bout et lui avait forcé la main. Cette réalité faisait encore mal et cela même s’il le savait déjà. Comme il l’avait dit à Shivak, si ce dernier n’était pas venu mettre son grain de sel, l’histoire aurait été tout à fait différente. Shaélynn se serait enfin ouverte et Cole aurait eu ce qu’il voulait. Mais non.

Aujourd’hui il se trouvait face à un échec. Il n’avait jamais vraiment réussi à percer à jour la jeune femme. Il avait été aveugle. Il s’était cru capable de changer les choses, il s’était imaginé capable de la réparer. Ce n’était pas de la rancœur qu’il ressentait, c’était à la fois du  doute et de la honte. Est-ce que Shaélynn l’avait vraiment aimé ? Au fond de lui, il en était convaincu mais il savait qu’elle ne l’avait pas fait autant que lui. Pas de la même manière en tout cas. Sur ce point là, elle n’avait rien à se reprocher. C’était lui qui avait tout fait pour qu’ils se voient. C’était lui qui l’avait invité à maintes reprises. C’était lui qui s’était jeté dans la gueule du loup. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Il s’en voulait surtout à lui-même d’avoir encore une fois fait confiance, d’avoir été aussi stupide. Il regardait la jeune femme qui cherchait ses mots devant lui. Elle ne le savait pas mais Cole l’avait protégé. Sans compter Shivak et visiblement Marcos, il était un des seuls à connaître son secret et il était encore bien gardé. Elle avait tué John Hammond et ce crime restait encore aujourd’hui impuni. Il ne l’avait pas dit à Angel puisqu’il connaissait déjà l’issu de cette révélation. Est-ce que c’était ce secret qui rongeait Cole de l’intérieur ? Est-ce que cela faisait de lui une mauvaise personne que de vouloir protéger un être cher ? Et voilà comment elle le remerciait ? Elle lui demandait de partir et de “foutre le camp”. Comment avait-elle réussi à embringuer Marcos dans cette histoire ? Lui avait-elle menti à lui aussi ? Lui avait-elle caché des choses ? Quoi qu’il en soit, Cole la protégeait et il le faisait encore. Il s’était préparé. Il avait imaginé cette scène un nombre incalculable de fois mais malgré tout ça, rien ne se passait comme prévu. Mais aussi calculatrice et manipulatrice puisse-t-elle être, Cole avait déjà un coup d’avance sur la jeune femme…

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyDim 9 Juil 2023 - 23:45

Tout aurait pu se passer simplement. Le directeur Hudson, devant l’insistance du paléontologue et de Shaelynn, et devant l’imminence de la menace de la Chimère, leur aurait donné le pass permettant de se rendre dans tous les souterrains du parc. Cole aurait appelé Angel Harlowe, la cheffe de la sécurité, pour faire en sorte que les deux jeunes gens aient un accès libre à travers le parc et puissent déambuler à leur guise sur l'île. Mais ça ne s’était pas passé comme ça.

Le directeur Hudson se cala contre le dossier de sa chaise. Il ne disait rien, mais son regard trahissait son impatience et son silence était bien assez éloquent. Marcos et Shaelynn avaient peu de cartes dans leur manche, et ils le savaient. Hudson, probablement trop frileux, ne semblait pas prêt à les suivre dans leur tentative de trouver le projet T. Shaelynn s’empressa d’argumenter en temporisant les dires du paléontologue et ainsi rallier Cole à leur cause. Le français doutait quelque peu de la manœuvre, mais après tout, Shaelynn avait réussi à faire plier le directeur plus d’une fois au cours de cette conversation, mais également des dernières années. Le paléontologue la laissa donc continuer, non sans avoir quelques doutes. “Si c’était un bunker…” stipula l’anglaise. Marcos arqua un sourcil. Que pouvait-t-il être vraiment d’autres si ce n‘était un bunker? Un endroit, caché, assez grand pour stocker des installations scientifiques, sur une île qui représentait un espace géographique limité. Ce n’était certainement pas un cabanon de jardin.

« Et effectivement s‘il se trouve dans ces souterrains et que ton badge y donne accès, ça nous simplifierait le travail. Mais le bloquer ça ne dissuadera pas forcément KC d’intervenir donc… »

En effet, bloquer l’entrée ne dissuaderait pas la Chimère qui avait de nombreux moyens et surtout les clefs. Mais avec le peu d’informations qu’ils avaient en leur possession, murer ou détruire restait l’option la plus efficace pour contrecarrer les plans de la secte à court terme. Ce n’était ni lui ni Shaelynn Moore avec son corps crevettiforme qui allait faire barrage à la Chimère.
L’anglaise continua à brosser le directeur dans le sens du poil. Marcos répugnait à s’attirer les faveurs de Cole afin d’avoir sa collaboration, mais Shaélynn semblait s’en occuper très bien. L’énonciation du prénom de Shivak ramena brutalement le paléontologue à la réalité. Occupé de Shivak? OCCUPÉ DE SHIVAK? Hudson s’était occupé de Shivak ? Car Shaelynn avait laissé l’ancien directeur en plan? Qu’est-ce que tout celà voulait dire? Marcos se tourna vers Shaelynn et la foudroya du regard. Il sentit instantanément son visage s'empourprer et une chaleur moite se dégager de son col. Il écarta légèrement le tissu de son cou pour se rafraîchir. Elle n’avait pas menti en disant avoir suivi la piste de la clef de sa mère en compagnie de Shivak Garland. Elle avait juste omis de dire qu’elle avait laissé Shivak pour mort sur place après qu’il eut été gravement blessé. Shivak, l’homme qui avait été son amant, et qui était très probablement le père de son enfant à naître. Et malgré celà, elle l’avait laissé dans un tel état qu’il avait nécessité l’assistance de Cole Hudson. Shaelynn qui était venu le chercher alors qu’il s’était isolé de la civilisation dans le sud de la France. Shaelynn qui ne cessait de dire qu’il fallait établir une relation de confiance. Comment parler de confiance après ça? Allait-elle le laisser sur le bord de la route si le paléontologue avait un pépin avec la Chimère? Marcos se revoyait lui laisser accès aux scans des documents trouvés sur Isla Vanthua. Avait-il bien fait? Il était trop tard pour regretter ce choix. Et y avait-il d’autre chose qu’il ne savait pas au sujet de la jeune femme et de sa relation avec le projet T?

« Après ce que j’ai fait à Hammond, je n’aurais pas pu supporter de… Tu sais ? Pas une deuxième fois. »

Shaelynn essuya furtivement des larmes. Mais même ses larmes n'arrivaient pas à apaiser le paléontologue qui bouillonnait sur place en sentant sa colère envers elle monter.

“Tu n’aurais pas supporté quoi? D’avoir tué une deuxième personne?” pensa t-il intérieurement. “Il fallait peut-être y penser avant cocotte.”


« Mais il faut que tu saches quelque chose. Je pensais avoir établi une sorte de relation de confiance avec Shivak… »

Excédé, Marcos laissa échapper un soupir de dédain en secouant mollement la tête. Shaelynn qui parlait de confiance était déjà bien culottée, mais placer sa confiance en Shivak Garland, dont tout le monde connaissait les manoeuvres frauduleuses, était tout simplement stupide. Le paléontologue se remémora brièvement la fois où l’ancien patron d’InGen lui avait fait passer un interrogatoire musclé. La sensation de l’électricité dans le corps… 
Plus Shaelynn continuait de parler, plus elle effritait la maigre confiance que le paléontologue avait placé en elle. L’anglaise avait fait confiance à Garland, mais ce n’était plus le cas. Elle ne savait plus quoi penser de lui. Et Marcos ne savait plus quoi penser d’elle. Cette dernière s'avérait décidément un élément des plus instable dans l’équation. L’idée de la laisser en plan et de continuer seule pour trouver le projet T commençait à émerger dans son esprit. Pourquoi avait-il besoin d’elle après tout? Les souvenirs des coups de feu de la fusillade à Paris lui revïnrent en mémoire.

“Si, pour tuer les méchants…” se dit-il finalement. “Quoi que, dans son état…”

Le paléontologue tourna finalement son regard vers Hudson. Que pensait-il de tout ça? L’américain était figé, impassible, muré dans son fort intérieur. Mais d’un coup d’un seul, le directeur sembla se réveiller et rembroua la jeune femme dont le visage exprimait une vive stupeure.

« Cela dit, vous vous êtes plutôt bien trouvé avec l’autre tanche. Il m’a fait le même discours que toi. »

“Attend c’est de moi qu’il parle là?” laissa échapper Marcos, à deux doigts d’en découdre. Le paléontologue n’était pas quelqu’un de foncièrement violent. Mais son tempérament sanguin et les enjeux de leur venue sur l’île avait mît le jeune français à fleur de peau.

À me dire de refaire ma vie, de me barrer et de m'éloigner de tout ce merdier… Putain. »

“Mais j’ai jamais dit ça …”  bredouilla Marcos avant de comprendre que Cole parlait en réalité de Shivak Garland. Le paléontologue se radoucît et se colla au fond de sa chaise. Le new-yorkais lui ne s'arrêta même pas sur les propos du français et continua à geindre sur les tourments de sa vie d’adulte. Il ne faisait plus confiance à Shaelynn à présent. Un point sur lequel le paléontologue et lui se retrouvaient à présent.

« Le soir où tu es parti, quand Shivak m’a pris en otage et qu’on était tous les deux dehors, il m’a dit la même chose, de ne pas te faire confiance et que tu allais chercher à me tuer. Et toi, maintenant, tu me dis de ne pas lui faire confiance ? Qui dois-je croire au final ? À qui dois-je faire confiance finalement ? Vous vous êtes bien trouvé. Une belle bande de… »

Cole s'arrêta net et se contenta de soupirer, ne préférant pas finir sa phrase et dire des choses désobligeantes.

“Tacle à la glotte” pensa Marcos en cachant son esquisse de sourire par sa main droite. “En même temps, tu l’as un peu cherché” se dit-il en regardant l’anglaise se décomposer peu à peu. Tous les interlocuteurs autour de la table étaient adossés au plus profond de leur siège, montrant à quel point la discussion était fermée en réalité.

« Je sais que ta mère est en vie Shaé. Je sais que tu la cherches. Pour une fois, dis moi la vérité, est-ce que tu veux réellement trouver le projet T pour ce qu’il est ou cherches-tu uniquement à retrouver ta mère ? Qu’est-ce que tu veux Shaé ? Quel est ta position dans tout ça ? C’est quoi ton angle d’attaque ? Shivak, lui, cherche à détruire la Chimère et il le fait essentiellement pour lui, pour se venger, j’en suis sûr, mais dans la finalité sa cause est juste. »

Cole dirigea son regard vers le paléontologue qui le soutient sans rien dire. Décidément, le directeur était bien plus au courant qu’il n’y paraissait. Il était au courant, mais nul ne savait comment, que la mère de Shaelynn était en vie. Que savait-il d’autre? 

« Shivak est un connard et un enfoiré de première…»

“C'est peu de le dire” laissa échapper le paléontologue en désignant mollement le patron de la main.

« …mais ce n’est pas le méchant de l’histoire. Sinon crois moi je ne serais plus là pour te parler aujourd’hui et tu ne serais plus là pour le faire non plus. Tu le sais très bien. »

“Ouais tu as raison, tu devrais lui filer une médaille je pense” lança le paléontologue à demi-mots, encore une fois ignoré par le directeur. “Ou l’élire employé du mois.”

« Et tu veux que je te dise ? Le type baignait dans son sang quand je l’ai trouvé. Tu l’as laissé crever comme une merde dans cette malle et la première chose qu’il m’a dite quand je l’ai sorti : “elle est parti” “Shaélynn est en danger. Tu l’as abandonné, laissé pourrir dans cette malle et lui ? Il s’inquiétait pour toi. »

L’anglaise avait les larmes aux yeux, prête à éclater en sanglots à tout moment. Marcos quant à lui n’en croyait pas ses oreilles. Cole Hudson prenait la défense de Garland contre Shaélynn, alors que c’était son amante et la mère de son futur enfant!

« Pourquoi impliquer Marcos là-dedans ? Il y a quelque chose que je ne sais pas sur lui ? C’est un assassin de renommée ? Un tueur en série ? Un espion supra-entraîné ? Ou juste un bouffeur de baguettes dont tu espères que la mie soit suffisamment épaisse pour te servir de bouclier quand les balles voleront ? »

La remarque piqua au vif le paléontologue.

“Le français il va t’apprendre le savoir vivre un peu, gougnafier d’américain” bredouilla t-il en français. Shaelynn jeta un coup d'œil furtif mais ne répondit rien. L’anglaise était debout, stoïque, les yeux écarquillés et embués de larmes. Elle ne semblait pas déjà avoir vu Cole dans un tel état. Ce dernier continua sur sa lancée.

« Je suis de ton côté et je jouerais la partie que je dois jouer du mien mais tu ne peux plus me tenir à l’écart. Je suis là et c’est trop tard maintenant. Tu me demandes de partir mais tu me parles d’une menace immédiate. Je ne peux pas partir et abandonner tout le monde. Je ne suis pas toi. Je te l’ai dis, on est dans le même bâteau maintenant. »

Le directeur se tourna alors brusquement vers le paléontologue. Les traits de son visage exprimaient une telle fermeté que l’espace d’un instant, Marcos pensa que le directeur n’allait pas les laisser aller plus loin. Le paléontologue n’osait même pas imaginer la suite des événements si Cole ne leur donnait pas son feu vert. Mais finalement, Hudson accepta de céder son pass. Mais à une condition et non des moindres: le directeur devrait les accompagner. Le paléontologue restait dubitatif. Accepter la compagnie d’Hudson, c’était risquer de ne pas passer inaperçue, car tout le monde connaissait le visage du directeur. C’était aussi ajouter un élément incontrôlable à leur mission déjà chaotique. Comment se comporterait-il? Comment Shaélynn se comporterait-elle en sa présence? Hudson se tourna finalement vers Shaelynn qui était de plus en plus livide.

Qu’est-ce que le projet T exactement ? Et que comptez-vous faire avec Marcos si jamais vous le trouvez ? »

L’anglaise ne répondit rien. Elle était debout, droite, enfermée dans un mutisme coupable après la rasade verbale que son ex-amant lui avait administrée. Marcos attendit une réponse de sa part ou ne serait-ce qu’une réaction de sa part. Mais elle n’en fît rien. La pièce tomba alors dans un silence gênant et oppressant.

“Oh pitié !” évacua finalement le paléontologue en un roulement d’yeux. Excédé par le drama ambiant, il se leva péniblement de sa chaise, s’appuya de ses deux mains sur la table et se tourna vers Shaelynn. “Il nous lâchera pas tant qu’il ne saura pas de toute façon. Et ce ne sont pas vos histoires avec Shivak qui nous feront avancer”.

Il se tourna de nouveau vers le directeur et croisa son regard.

“Le projet T est une molécule qui vient d’une fleur et qui facilite grandement les manipulations génétiques.”
Cole posa son menton sur son poing de manière songeuse. Il n’avait pas l’air de voir où le paléontologue voulait en venir.

“Allo! Génétique! Y a que moi qui ne séchait pas les cours de sciences pour aller en EPS?” dit-il en claquant des doigts. “Une molécule qui favorise les manipulations génétiques, dans un parc basé sur le clonage. Un ciseau à ADN qui permet de modifier le génome d’un enfant malade, comme ton ex ici présente. Sauf que mettre mademoiselle Moore dans un enclos ne ramènera pas de fond pour continuer la recherche. Qui payerait des centaines d’euros pour venir la voir? La solution: cloner des dinosaures, pour masquer les autres recherches, et les financer. Et je sais ce que tu vas me dire. “il est où le problème si ça soigne et divertit la veuve et l’orphelin?”

Marcos contourna la table et se plaça à côté du directeur.

“C’est un outil puissant, Cole” reprit-il d’un ton grave. “ Placée au bon endroit dans le génome, elle peut ne pas exprimer les gènes de certaines maladies. Mais placer au mauvais endroit…”.

Un silence pesant s’installa de nouveau pendant que Cole semblait se rendre compte de l’horreur réelle et implicite des utilisations possibles du projet T.

“Je ne saurais pas expliquer en détail, il faudrait une pointure comme Elina Moldovan pour ça, mais accrocher la molécule du projet T à tel ou tel gène, et vous pouvez faire dégénérer les cellules. Je vous laisse imaginer dans un organe vital ce que ça fait. De ce que j’ai vaguement compris, avant la fondation de Jurassic Park, certains plus que d’autres ont compris toutes les “applications” de cette découverte. ”

Le paléontologue marqua une pause pour laisser le temps à Cole d’assimiler toutes ces informations avec lesquelles il ne devait pas être familier.

“Tu cibles un gène présent chez une famille seulement et tu peux la faire disparaître de la carte avec un poison qui n’affecte que ces personnes. Imaginez maintenant à l’échelle d’un pays. Tu veux te débarrasser d’une ethnie qui occupe une zone… Les amérindiens en Amazonie, les conflits religieux… La Chimère ne manquerait pas de clients si tu vois ce que je veux dire. Il y a des applications qui pourraient sauver des vies et faire avancer la science d’un bon énorme. Mais le prix à payer est trop lourd je pense, même si c’est du gachis. C’est pour ça que Hammond l’a caché, parce qu’il ne le voulait pas de ça sur sa conscience. Et si je ne fais rien alors que j’en ai les moyens et que la Chimère récupère la molécule, j’aurais tout ce merdier sur MA conscience. Maintenant, la situation est très simple.”

Marcos se tourna vers Shaelynn qui essuyait du pli de son poignet ses yeux humides et tuméfiés.

“Je voulais te faire confiance, mais la confiance ça se mérite. Pendant que vous étiez là à vous battre sur le sujet Garland, et pendant j’ai compris que tu ne m’avais clairement pas tout dit, ma confiance envers toi à fondu comme neige au soleil. Je t’ai donné accès aux informations que j’avais, je t’ai aidé quant tout le monde t’a laissé dans la merde et que tu es venu me trouver toute penaude. C’est pas Cole que tu es venue voir quand …” Le paléontologue s'arrêta avant d’en dire trop. Même s' il lui en voulait, cet enfant à naître ne devait pas être un argument dans ce conflit. “Si je me prend une balle de la part d’un gars de la Chimère, tu vas me laisser dans la merde, comme avec Shivak? Ou tu vas faire preuve d’entraide, ou au moins d’esprit d’équipe? Viens plus me parler de confiance. On collabore, tout au plus, à présent.”

Il se tourna de nouveau vers Cole qui écoutait la remontrance que le paléontologue faisait à l’anglaise.

“Regarde nous, Cole. On est un composé explosif, incapable de se mélanger. Vu comme c’est partie, on ne le trouvera jamais le projet T si on continue de traîner votre drame conjugale comme un boulet et si on coopère pas.”

Le directeur se leva alors de sa chaise, le visage ferme. Etait-ce parce que Marcos venait de parler de leur vie de couple catastrophique? Allait-il lui donner une mandale en retour.

“Ça me fait mal au cul de l’admettre, mais même moi, je dois mettre de l’eau dans mon vin.” Le paléontologue esquissa un sourire en se rendant compte que sa remarque avait une connotation qui renvoyait à ses origines françaises. “Je n’irai pas jusqu’à dire que je te fais pleinement confiance, quoique toujours plus que Shaelynn à présent. Mais on doit collaborer. Tu veux en être, très bien. Mais ne perdons pas plus de temps. On ne sait pas dans combien de temps la Chimère va venir faire le ménage.”
Marcos lui tendît alors contre toute attente une main, légèrement tremblante. Il connaissait les enjeux. De cette poignée de main, de cette coopération, allait découler des événements qui pourraient changer la face du monde. Ce sentiment d’immensité l'impressionnait, et lui faisait peur. Il n’était qu’un petit français de campagne, un travailleur acharné qui aimait son emploi et qui ne comptait pas leur heure. Mais savoir que le sort de milliers de gens pouvait dépendre de lui le terrifiait même s’il essayait de ne pas le montrer. Et pourtant, s'il en avait eu le choix, il n’aurait échangé sa place pour rien au monde. Après tout, il fallait bien que quelqu’un le fasse… En face de lui, Cole maintenant son regard. Qu’allait-il faire?

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyMar 11 Juil 2023 - 23:02

Cole retira brutalement sa main des siennes. Ok, la situation n’était peut être pas si apaisée que ça. Passé l’émotion des premiers instants, le jeune homme ne semblait plus si bienveillant à son égard et la stupeur de Shaé se lisait sur son visage.

« Les choses que j’ai subis comme tu dis, je me les suis infligé tout seul. Arrête de croire que tout est de ta faute. »

Tout n’était pas de sa faute. C’est ce que Noah lui avait dit aussi. Mais elle avait une belle part de responsabilité dans l’affaire, plus que Cole ne pouvait l’imaginer. De part le meurtre de John Hammond qui avait laissé le champ libre à KC évidement mais aussi en se servant de son indulgence à son égard et de sa position de chef de section, Shaélynn avait transmis de nombreuses informations à Biosyn. Pire, elle s’était un jour introduite dans le bureau de Hammond pour pirater son ordinateur et récupérer des données pour eux. À partir de cette nuit-là, les objectifs de Arthur Lewis avaient changé. Arthur lui-même avait changé. Elle n’aurait probablement jamais la confirmation mais la jeune femme soupçonnait qu’elle leur avait appris l’existence du Projet T à cet instant.

« Cela dit, vous vous êtes plutôt bien trouvé avec l’autre tanche. Il m’a fait le même discours que toi. À me dire de refaire ma vie, de me barrer et de m'éloigner de tout ce merdier… Putain. »

L’autre tanche ? Il parlait de Shivak ? Les propos de Cole la laissaient perplexe. Les échanges que les deux hommes avaient pu avoir l’intriguaient de plus en plus. Que Shivak soit allé jusqu’à dire à Cole de refaire sa vie ou de prendre pitié de lui… Cela laissait malheureusement supposer qu’ils avaient dû parler de bien d’autres choses que le projet T. Elle n’était pas au bout de ses surprises.

Les gestes de Cole trahissaient sa nervosité et son énervement grandissants.

« Le soir où tu es parti, quand Shivak m’a pris en otage et qu’on était tous les deux dehors, il m’a dit la même chose, de ne pas te faire confiance et que tu allais chercher à me tuer. Et toi, maintenant, tu me dis de ne pas lui faire confiance ? Qui dois-je croire au final ? À qui dois-je faire confiance finalement ? Vous vous êtes bien trouvé. Une belle bande de… »

Shaé ouvrit la bouche et la referma aussitôt. Jamais elle n’aurait cherché à tuer Cole. “Je n’ai jamais été en couple par intérêt”. Shivak n’avait jamais cru à ses sentiments pour le gérant du parc alors ce soir-là, il avait mis à priori Cole en garde. Pourquoi ? Par pur altruisme et pour protéger le gérant ? Pour couper encore une fois l’herbe sous le pied de la jeune femme et la faire arrêter ? Si, elle ne l’avait pas surpris en train de fouiller son bungalow, lui aurait-il proposé de s’enfuir avec lui ? Pourquoi avait-il changé d’avis ? Plus elle en apprenait sur lui, moins elle avait l’impression de le connaître.

Cole ne la regardait même plus. Même le soir où elle l'avait rejoint dans le bungalow de Marcos, il n'avait pas paru si froid et si énervé. Il était évident qu’il essayait de se contenir mais qu’il n’y parvenait pas totalement. Prudente, la jeune femme préféra détourner le regard et le laisser parler.

« Je sais que ta mère est en vie Shaé. Je sais que tu la cherches. Pour une fois, dis moi la vérité, est-ce que tu veux réellement trouver le projet T pour ce qu’il est ou cherches-tu uniquement à retrouver ta mère ? Qu’est-ce que tu veux Shaé ? Quel est ta position dans tout ça ? C’est quoi ton angle d’attaque ? Shivak, lui, cherche à détruire la Chimère et il le fait essentiellement pour lui, pour se venger, j’en suis sûr, mais dans la finalité sa cause est juste. »

Alors celle-là, elle ne l'avait pas vu venir. À part Marcos, Shivak et elle, personne ne savait que Mary Moore était vivante. Noah aussi. Du moins c'est ce qu'elle pensait jusqu'à aujourd'hui. Qui lui avait dit ? Comment avait-il pu le découvrir ? L'angoisse d'avoir mal effacé les vidéos de cette soirée ou que d'autres vidéos de sa mère n'ait été découverte commença à monter en elle. Cela se calma un peu lorsqu'il parla des objectifs de Shivak. Brièvement. L'information lui venait bien de lui, c'était certain maintenant. Mais... Shaé était bien placée pour savoir que l'ancien agent  de la Chimère n'était pas le plus loquace lorsqu'il s'agissait d'évoquer ces pistes.

Cela donnait malheureusement un aperçu un peu plus précis sur les discussions qu'avaient eu les deux hommes. Si Shaélynn avait d'abord pensé que Shivak s'était uniquement servi de la naïveté de Cole pour préparer le terrain, il était évident que ce n'était pas le cas. Il était allé jusqu'à lui confier des éléments capitaux et même à échanger sur ses motivations. Pour autant, l'ancien guide ne le portait toujours pas dans son cœur et pourtant...

« Shivak est un connard et un enfoiré de première…»

“C'est peu de le dire”

La jeune femme lui adressa un regard en coin que le paléontologue ne vit pas.

« …mais ce n’est pas le méchant de l’histoire. Sinon crois moi je ne serais plus là pour te parler aujourd’hui et tu ne serais plus là pour le faire non plus. Tu le sais très bien. Et tu veux que je te dise ? »

Cole défendait malgré tout Shivak. Il n'était pas le méchant. Shaé le savait. Ce n'était pas vraiment le sujet. Le regard qu'elle posa sur l'ancien guide était défiant et méprisant. Un certain nombre des actions et des motivations de l’ancien journaliste étaient plus que discutables mais il n'était pas, plus, la cible à abattre, c'est vrai. Il démontrait cependant encore une fois à quel point il était imprévisible en réussissant à se mettre Cole dans la poche.

C'était sûrement ce qu'elle détestait le plus chez lui. Cette incertitude et l'impression persistante de ne jamais le cerner. Et pour quelqu'un comme elle, qui passait son temps à analyser les gens et les situations, c'était un signal de danger permanent.

Cole le désignait lui-même comme un "connard et un enfoiré de première", elle n'avait fait que le mettre en garde. Elle ne voyait pas vraiment où le gérant voulait en venir et pourquoi cet avertissement semblait l'avoir mis tant en colère. Shaélynn restait stoïque, les sourcils froncés. Elle essayait de ne rien laisser paraître mais elle savait que c’était probablement peine perdue. La jeune femme bouillonnait, ses bras croisés contre sa poitrine tremblaient et sa respiration agitée la trahissait à coup sûr.

« Le type baignait dans son sang quand je l’ai trouvé. Tu l’as laissé crever comme une merde dans cette malle et la première chose qu’il m’a dite quand je l’ai sorti : “elle est parti” “Shaélynn est en danger”. Tu l’as abandonné, laissé pourrir dans cette malle et lui ? Il s’inquiétait pour toi. »

Cette déclaration inattendue de la part de Cole la plongeait dans un désarroi total. Sa respiration se fit difficile et elle eut brièvement l'impression que son cœur n'allait pas repartir. Ce que disait le jeune homme était vrai. Elle l'avait bien laissé mourir pour sauver sa propre peau. Et la vérité c'est que ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Comme si elle n'avait rien appris de la mort de Cameron et de John. C'était plus fort qu'elle. Face au danger, elle fuyait si elle en avait la possibilité.

Aurait-elle pu sauver Cameron ? Elle aurait peut-être pu trouver une excuse pour le rejoindre et l'aider à sortir du parc en sécurité. Forcer Biosyn à l'aider. Il aurait suffit de demander à ses collègues de la rejoindre plus tard. Mais pour cela, il aurait fallu sortir plus tôt de l'emprise de Lewis. Et surtout pour cela, il aurait fallu mettre à mal sa couverture et Noah aurait été envoyé à sa place. Mettre le jeune homme en danger à son tour, alors que Cameron était déjà menacé. Elle n’aurait jamais pu. Et si les rôles avaient été inversés ? Elle n’aurait pas hésité non plus. Elle connaissait Noah et ses capacités. Shaé avait cependant surestimé celles de Cameron, elle n’avait pas su le protéger.

Aurait-elle pu sauver John ? Après tout, il n'était pas mort quand elle s'était enfuie. Ses compétences médicales n'étaient pas les plus développées. Attentats ou non, les secours auraient accompli l'impossible et dans un temps record pour le Créateur du Jurassic Park.
Tout cela n'était que de simples suppositions au fond, de celles pour lesquelles Shaé n'aurait jamais la réponse. Appeler les secours c’était prendre le risque de briser sa couverture et donc mettre Noah en danger.

En ce qui concernait Shivak, en revanche...

Cole avait parlé d’une malle. La jeune femme revit les draps tendus dans le bureau. Elle visualisait bien la malle en question, un immense coffre de voyage en tissu et lanières de cuir. Une antiquité que son père avait conservée comme décoration.

« Alors vos conseils à la con… Me dire de rester à l’écart. Tout ça. Vous pouvez bien vous les garder pour être poli. Si j’étais resté à l’écart tu aurais eu un mort de plus sur la conscience. Tu peux me remercier autant que tu veux mais tu ne peux plus me dire de “rester à l’écart.”

Comment Shivak avait-il pu échapper à Pearce, dissimuler sa présence et tenir le coup durant deux jours avant que Cole ne le trouve ? Cela semblait surréaliste et pourtant… " Si j’étais resté à l’écart tu aurais eu un mort de plus sur la conscience." Comment avait-il accompli cet exploit ? Elle l’ignorait.

Shaélynn aurait pu sauver Shivak si elle était retournée sur place. La peur et la culpabilité l'en avait empêché. Elle avait fui et n’était pas revenue. Pour des raisons bien plus égoïstes. Qui protégeait-elle vraiment ? Elle avait tenté d’affronter Pearce pour le protéger, avait aidé Marcos à traîner son corps inconscient à Paris et elle s’était aussi mise en danger seulement quelques instants avant de l’abandonner en empêchant le sniper de viser son cœur. Sans aucune hésitation. Cela, Cole et Marcos ne le savait pas.

Shaélynn est en danger.

Ses premiers mots avaient été pour elle. Shivak ne l’avait pas laissé tomber.

Gif:

Shaé serra les dents et fronça les sourcils. Tout plutôt que de laisser paraître ce qu’elle ressentait vraiment devant eux. Une série d’expirations saccadées lui échappèrent tandis que ses yeux s’emplissaient de larmes. Le gérant du parc avait raison sur toute la ligne. Quelle était la vérité concernant Shivak ? Mais la jeune femme ne voulait rien lâcher, rien concéder. Le déni l’avait toujours si bien protégé, c’était sa meilleure armure.

Mais toi, tu t’obstines. Tu continues à te comporter comme si les autres étaient l'ennemi. Lewis lui avait souvent répété. C’était son fonctionnement. En dehors de Cameron et Noah, il n’y avait rien que des adversaires.

Après cela, les mots de Cole ne firent que traverser son esprit. Elle comprenait le sens de chacun d’un mais aucun ne l'atteignit vraiment. Il se lançait des fleurs et se targuait d’avoir permis son arrivée sur le parc. S’il le disait. Sans Shivak, il n’aurait même pas su qu’elle arrivait surtout. Sans Shivak, il serait resté là où il était et Shaé et Marcos seraient entrés sur le parc quand même. Car sans lui, personne n’aurait su qu’elle se trouvait avec le français.

Ses réflexions sur son état de santé ne la touchait pas non plus. Oui, son état physique était précaire, plus qu’il ne l’imaginait. S’il avait su la vérité, Cole aurait probablement fait un malaise. Cependant Shaélynn savait maintenant que son corps guérissait plus rapidement que la moyenne. Elle était faible, mais surtout moralement, le stress et la fatigue des trois dernières années accumulées pesaient lourd sur son corps. Au fond, elle s’en fichait. Shaé n’avait plus la même carrure qu’avant mais sa détermination n’avait pas changé et la jeune femme lutterait jusqu’au bout.

« Pourquoi impliquer Marcos là-dedans ? Il y a quelque chose que je ne sais pas sur lui ? C’est un assassin de renommée ? Un tueur en série ? Un espion supra-entraîné ? Ou juste un bouffeur de baguettes dont tu espères que la mie soit suffisamment épaisse pour te servir de bouclier quand les balles voleront ? »

Cette fois-ci, la phrase fit mouche sur la britannique et elle se leva d’un bond. L’accusation était infâme mais réelle. Pourquoi n’abandonnerait-elle pas Marcos ? Allait-elle le laisser crever lui-aussi ? Shaé ne lui avait pas tourné le dos tout à l’heure. Et trois ans plus tôt, elle ne l’avait pas laissé face au Carnotosaure mais face à la Chimère ? Entre sauver le projet T et le paléontologue, quel serait son choix ?

Elle se risque à regarder prudemment dans sa direction. Marcos, l’air accusateur, la dévisageait avec méfiance du coin de l'œil.

Marcos n’était pas Shivak. Il n’était pas à même de se débrouiller seule. Il était râleur, parfois trouillard, hautain et même imbus de sa propre intelligence par moment mais il était juste et désintéressé. Elle aurait forcément protéger Marcos, non ?

Shaélynn ne comptait pas lâcher l’affaire ainsi. Cole pouvait bien lui balancer toutes les vérités qu’il voulait, rien n’aurait d’importance tant que le projet T ne serait pas à l’abri. Ce qui était fait, était fait, elle était habituée à vivre avec ces erreurs et si l’équilibre était plus fragile que jamais, elle ne pouvait pas se permettre de perdre la face. La britannique connaissait les risques, Shivak et Marcos aussi. Ils savaient ce qui les attendaient.

« Je suis de ton côté et je jouerais la partie que je dois jouer du mien mais tu ne peux plus me tenir à l’écart. Je suis là et c’est trop tard maintenant. Tu me demandes de partir mais tu me parles d’une menace immédiate. Je ne peux pas partir et abandonner tout le monde. Je ne suis pas toi. Je te l’ai dis, on est dans le même bâteau maintenant. »

Cole se voulait probablement rassurant et protecteur mais Shaélynn ne l’entendait pas de cette oreille. Qui essayait-il vraiment de rassurer ? Il venait de la mettre face à ses torts et lui avait rappelé qu’elle était un humain égoïste et sans scrupule. Un humain qui avait cependant de meilleures chances de réussite que lui, pensa-t-elle amèrement. C’était suffisant pour passer outre. Marcos l’avait fait.

Ils feraient donc partie de la même équipe malgré tout. Passé l’accablement, Shaélynn bouillonnait maintenant de rage. Tout son corps tremblait et plus seulement de fatigue maintenant. Elle avait l’impression que si elle lâchait maintenant, elle deviendrait folle. Restes à ta place. Tout serait bientôt terminé. C’était une certitude.

« Mon pass ? Vous l’aurez. Mais il reste avec moi. Et, puisqu’on est dans les confidences… Qu’est-ce que le projet T exactement ? Et que comptez-vous faire avec Marcos si jamais vous le trouvez ? »

Ne pas lâcher. Il y avait peut-être autre chose derrière ce règlement de compte. Shaélynn aurait voulu se justifier, lui expliquer. Si elle parlait maintenant ce serait sur le coup de l'impulsion. Elle risquait de trop en dire, d'être trop émotive. Toutes ses émotions étaient déjà à fleur de peau. Elle ne pouvait pas prendre le risque. Cole essayait peut-être de la pousser dans ses retranchements pour grappiller des informations. Cela n'aurait pas été la première fois. Il savait par expérience que cela fonctionnait sur elle.

Shaelynn pouvait lui répondre sur le projet T. Elle savait aussi que sa réponse ne le satisferait pas. L'un comme l'autre exigeait des réponses, exigeait la vérité mais ils n'en étaient jamais pleinement satisfaits. Que Shivak soit responsable de la mort de son père ne les regardait pas. Bien sûr que c'était lié au projet T d'une certaine manière, mais cela ne leur aurait rien apporté. Ils n'auraient probablement pas compris son geste pour autant.

Il y avait une autre façon de s'en sortir. Shaelynn laissa échapper un soupir tremblant mais resta silencieuse. Il suffirait d'attendre et de faire ce qu'elle savait faire le mieux. Ne rien lâcher et tirer parti des forces existantes.

Après quelques secondes, et au grand soulagement de la jeune femme, Marcos craqua.

“Oh pitié !”

Dans une imitation presque parfaite de Shaélynn il leva les yeux au ciel et se leva à son tour. Les deux mains sur la table, il attaqua.

“Il nous lâchera pas tant qu’il ne saura pas de toute façon. Et ce ne sont pas vos histoires avec Shivak qui nous feront avancer”.

Le français entreprit donc d’expliquer à Cole ce qu’était réellement le projet T. Dans un premier temps, l’américain se montra perplexe et Shaé savait qu’il n’était pas le plus calé dans les domaines scientifiques. Marcos sembla un moment perdre patience mais s’accrocha.

“Allo! Génétique! Y a que moi qui ne séchait pas les cours de sciences pour aller en EPS?.Une molécule qui favorise les manipulations génétiques, dans un parc basé sur le clonage. Un ciseau à ADN qui permet de modifier le génome d’un enfant malade, comme ton ex ici présente. Sauf que mettre mademoiselle Moore dans un enclos ne ramènera pas de fond pour continuer la recherche. Qui payerait des centaines d’euros pour venir la voir?

Ce fut le tour de Shaé de lever les yeux au ciel. Le geste fut cependant plus discret que d’ordinaire, moins destiné à être vu et compris. Le coup était d’autant plus bas de sa part qu’il savait pertinent, pour avoir lu les recherches de sa mère, qu’elle n’était qu’un sujet parmi les autres pour InGen. La britannique capta un bref regard dans sa direction de la part de Cole. Il devait probablement tout ignorer de sa maladie et de sa place dans le projet T mais il n’interrompit pas son interlocuteur.

Marcos poursuit son explication et au vu de la tête que tirait Cole, il allait de découvertes en découvertes.

Il y a des applications qui pourraient sauver des vies et faire avancer la science d’un bon énorme. Mais le prix à payer est trop lourd je pense, même si c’est du gâchis. C’est pour ça que Hammond l’a caché, parce qu’il ne le voulait pas de ça sur sa conscience. Et si je ne fais rien alors que j’en ai les moyens et que la Chimère récupère la molécule, j’aurais tout ce merdier sur MA conscience. Maintenant, la situation est très simple.”

Shaélynn ne s’y attendait pas mais les mots de son ancien collègue trouvèrent un écho chez elle. Au fond, c’était ce qu’elle ressentait aussi. Elle se sentait responsable bien sûr mais également coupable. Ce poids, elle le portait depuis deux ans et demi déjà. Quelques larmes s’échappèrent de ces yeux et la jeune femme s’empressa de les essuyer avec son poignet.

Pour la première fois, elle réalisait que Noah avait raison. Elle avait merdé, plus que les autres, mais elle n’était pas la seule à se sentir investie et à être prête à se battre. Faire de la place pour les autres, quel que soit le contexte, et faire confiance n'était cependant pas sa spécialité. Et Marcos ne se gêna pas pour lui faire comprendre.

“Je voulais te faire confiance, mais la confiance ça se mérite. Pendant que vous étiez là à vous battre sur le sujet Garland, et pendant j’ai compris que tu ne m’avais clairement pas tout dit, ma confiance envers toi à fondu comme neige au soleil. Je t’ai donné accès aux informations que j’avais, je t’ai aidé quant tout le monde t’a laissé dans la merde et que tu es venu me trouver toute penaude. C’est pas Cole que tu es venue voir quand …”

Pas tout dit ? Elle ne lui avait pas tout dit ? Si la situation n’avait pas été si grave et les enjeux si importants, Shaélynn aurait certainement éclaté de rire. Marcos et elle n’étaient pas amis, loin de là. Pourtant et depuis les aveux qu’elle lui avait fait en France, il était clairement la personne qui en savait le plus sur elle après Lewis et Noah. Même Cole ne connaissait pas le quart des informations qu’elle avait balancé au français. Au fond, il s’en fichait et c’était probablement sa sécurité qui l’inquiétait plus que le fait qu’elle lui ait caché des choses.

“Si je me prend une balle de la part d’un gars de la Chimère, tu vas me laisser dans la merde, comme avec Shivak? Ou tu vas faire preuve d’entraide, ou au moins d’esprit d’équipe? Viens plus me parler de confiance. On collabore, tout au plus, à présent.”

Shaélynn le trouvait bien gonflé. Marcos avait décidément un ego à tout épreuve et la mémoire courte. Après tout, une heure plus tôt à peine, elle l’avait défendue et était prête à se laisser arrêter par Angel pour le sauver. Sans lui, elle n’aurait pas été repérée, elle le savait. Cole pouvait se vanter de l’efficacité de leurs services, elle savait qu’elle devait son “arrestation” à Marcos. Il lui parlait de confiance mais quand lui avait-il vraiment fait confiance ?

“Regarde nous, Cole. On est un composé explosif, incapable de se mélanger. Vu comme c’est partie, on ne le trouvera jamais le projet T si on continue de traîner votre drame conjugal comme un boulet et si on coopère pas.”

“Leur drame conjugal” ? Si Marcos semblait amorcer la descente et se calmer, prendre sur lui, ce n’était pas le cas de Shaé. Il jetait lui-même de l’huile sur le feu en leur balançant leur histoire à la figure. “ton ex”, “ton ex-copine”... Alors que ce n’était pas le sujet.

“Ça me fait mal au cul de l’admettre, mais même moi, je dois mettre de l’eau dans mon vin. Je n’irai pas jusqu’à dire que je te fais pleinement confiance, quoique toujours plus que Shaelynn à présent. Mais on doit collaborer. Tu veux en être, très bien. Mais ne perdons pas plus de temps. On ne sait pas dans combien de temps la Chimère va venir faire le ménage.”

Sa mâchoire faillit se décrocher quand elle le vit tendre la main vers Cole. Et la surprise fut encore plus intense lorsque le gérant du parc tendit la sienne et que les deux hommes échangèrent une poignée de main virile. Waouh. Ils ne leur manquait plus que des t-shirts assorties ‘Team Shivak’ et le taux de testostérone serait au max. D’abord Shivak et Cole, maintenant Cole et Marcos. Elle avait vraiment le don de former de la solidarité malgré elle, contre elle.

Shaélynn avait envie de hurler au vu de la tournure que prenaient les évènements.

«Tu y vas un peu fort quand tu parles de drame conjugal mais je suis d'accord. Merci pour tes réponses. Comme tu l'as dis, on doit collaborer et on doit être sur la même longueur d'onde. »

Elle avait certes perdu la confiance de Marcos et probablement celle de Cole mais son objectif restait atteignable. Les explications du paléontologue sur le projet T et son empressement à mettre fin à la discussion avaient détourné l'attention de Cole. Aucun des deux hommes n’avaient renoncé à l'emmener avec eux et l’ouvrir maintenant pouvait remettre sa présence en question. Reste à ta place. Progressivement, elle avait reculé un petit peu pour se rendre moins visible et elle évitait soigneusement de croiser le regard des deux hommes. Quelque chose dans son attitude avait cependant dû la trahir car elle aperçut un éclat dans le regard de Cole et celui-ci repassa immédiatement à l’attaque.

«Comme je ne tiens pas à me retrouver braqué par une arme ou une seringue au cou sous prétexte que nos intérêts ne sont pas les mêmes… Je veux que Shaé réponde à ma question. Je veux savoir si nos objectifs sont les mêmes."

Shaé avait vu une occasion de se défiler, de ne pas répondre aux questions. Bien sûr que ce n’était pas intentionnel de la part de Marcos mais elle avait saisi sa chance. Malheureusement, Cole l’avait vu et il tentait même de la faire culpabiliser en évoquant l’épisode de la seringue.

- Ta question ? Trouver le projet T ou ma mère ?

Cole acquiesa et la jeune femme secoua la tête pour marquer la négation.

- Ni l’un ni l’autre. Il était d’ailleurs clair qu’ils ne la croyaient ni l’un ni l’autre. Je ne cherchais pas ma mère, je cherchais Mary Moore, généticienne d’InGen. Pour ce qui est du projet T… Peut-être qu’il faut le détruire, peut-être qu’il faut le garder. Tout ce que je veux c’est les arrêter avant qu’ils ne soient trop tard. Je veux juste…

Elle n’acheva même pas sa phrase. Il était évident qu’ils ne savaient plus s’il fallait la croire ou non. Ce qu’elle pouvait dire concernant le projet T n’avait pas tant d’importance au final car la confiance était rompue. Les mots s’embrouillaient dans la tête de Shaélynn et elle se sentait sur le point d’exploser mais elle ne connaissait pas vraiment les propos qui risquaient de sortir. Le projet T, Shivak, Marcos, la Chimère, Biosyn… Elle avait tant de raisons de s’embarquer dans cette histoire. En fallait-il une ? L’une valait-t-elle plus que les autres ? Empêcher que la Chimère ne mette la main dessus et tue des innocents étaient évidemment l’une d’entre elle mais il y avait un autre objectif pour la jeune femme. Et la réponse s’imposa à elle lorsqu’elle s’entendit la hurler à l’intention de Cole.  

- Je veux que ça s’arrête ok ? Toute ma putain de vie est lié à ce projet de près ou de loin : ma survie, la disparition de ma mère, la mort de mon père, mon arrivée chez Biosyn, la mort de John… Détruisez-le, planquez-le, utilisez-le pour créer des licornes, je m’en fous du moment que ça s’arrête.

Cette fois, elle vit qu’au moins l’ancien gérant du parc avait senti qu’elle disait la vérité. Autant tirer partie de cet élan d'honnêteté tant que les vannes étaient ouvertes.

- Tu t’inquiètes pour ta survie, Marcos ? Jusqu’à maintenant tu ne m’as jamais laissé tomber et j’en ai fait autant, c’est pour ça qu’on est là. Tu veux que ça continue ?

Les deux anciens collègues échangèrent un regard tendu et chargé d’animosité.

- Évites de m’avouer le meurtre de mon père, juste avant d’être pris pour cible par un sniper et je te jures que ça devrait bien se passer pour toi.

Instantanément, prononcer ces mots calma Shaé. En revanche, le visage de Marcos exprimait l’incompréhension mais elle vit que Cole avait immédiatement percuté. Le jeune homme blêmit et fit un pas vers l’arrière. Elle l’entendit prononcer un juron. L’ancienne paléobotaniste lui adressa un regard amer et reprit d’une voix tremblante.

- Shivak a tué mon père pour le compte de la Chimère. Il m’a balancé ça alors que je venais de sortir la clé de sa boîte. Il a commencé à me dire que c’était un accident et j’ai pété un plomb, ok ? Le sniper en a profité pour le cibler et quand je me suis aperçu, j’ai…  Il avait vu le laser et il n’a pas réagi non plus. Je me suis mise en danger pour sauver Shivak, en Egypte, je me suis occupée de lui à Paris, au manoir de mes parents… J’ai essayé de le sauver, je l’ai poussé pour le mettre hors d’atteinte,  j’ai essayé d’arrêter le sang - elle vit Cole tiquer sans savoir pourquoi - et je me détestes pour ça : mais quand il fallut choisir entre sauver ma peau ou celle de l’homme qui prétend avoir maquillé “par accident” le meurtre de mon père en suicide…

Elle se stoppa. Incapable d’en dire plus sur le sujet. Ce n’était pas glorieux c’est sûr. Elle s’en voulait, rien n’était simple, rien n’était clair mais la culpabilité et l’inquiétude étaient réelles. Les visages de ses interlocuteurs étaient fermés mais elle ciblait Cole pour le moment.

- Il ne te l’avait pas dit hein ? Qu’il avait tué mon père et qu’il s’était laissé tirer dessus. La balle était empoisonnée au Cry poison. Tu as vu le domaine, tu sais que je ne pouvais pas le traîner jusqu’à la voiture. Je veux bien risquer ma vie pour les autres. Je veux bien mettre ma vie en danger pour Marcos, pour toi, pour des gens qui se font bouffer par des piranhas dans une cale de bateau.

Elle appuya un regard en direction de Marcos et elle espérait qu’il comprendrait l’allusion. Sa voix dérailla par moments et elle devait forcer pour conserver un volume clair et audible malgré les trémolos.

- Est-ce que je regrette de ne pas avoir sauvé Shivak ? Oui. Est-ce que je regrette d’avoir tué John ? Est-ce que je regrette d’avoir bossé pour Biosyn ? OUI  ! Est-ce que ça change quelque chose ?

Elle marqua une pause et afficha la même expression hautaine qu’elle avait souvent eu lors de ses mois sur le parc. Cette fois elle était cependant teintée de regret mais aussi de résignation. Elle laissa retomber ses bras sur ses cuisses.

- Non, malheureusement ! Alors pitié, est-ce qu’on peut appeler Angel et savoir où elle en est, qu’on puisse enfin foutre le camp d’ici ?

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Mise au point   Tirer un trait sur le passé - Mise au point EmptyDim 16 Juil 2023 - 13:50



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« Oh pitié ! » , hurlait soudainement Marcos en balançant ses yeux au ciel.

À ces mots, le jeune français se levait lentement de sa chaise et s’appuyait sur la table à l’aide de ses deux mains. La moindre de ses gestes lui semblait presque pénible à effectuer. Pendant un instant, Cole se demandait pour quelle raison. Est-ce qu’il se faisait vieux ? Est-ce qu’il avait des courbatures ? Ou bien est-ce à cause d’une blessure ? Quoi qu’il en soit, le paléontologue balayait bien rapidement les questionnements du directeur en poussant une gueulante comme il savait si bien les faire. Il n’était de toute façon pas réputé pour sa patience et celle-ci avait visiblement atteint ses limites.

« Il nous lâchera pas tant qu’il ne saura pas de toute façon. Et ce ne sont pas vos histoires avec Shivak qui nous feront avancer »

Cole acquiesçait discrètement de son côté pour valider ses propos. Effectivement, il n’allait pas lâcher l’affaire aussi facilement. La réaction du français lui prouvait au moins qu’ils essayaient encore de lui dissimuler certains éléments plutôt que de le mettre dans la confidence. Cette révélation, si on pouvait imaginer qu’elle en soit une, irritait encore un peu plus le new-yorkais.

« Le projet T est une molécule qui vient d’une fleur et qui facilite grandement les manipulations génétiques. »

Surpris, le directeur s’avançait d’un coup et appuyait son coude lourdement sur le bord de la table. Cette révélation lui fit oublier instantanément tout ce qu’il venait de se passer. Menton sous son poing, sourcil froncé et un air pensif sur le visage, Cole tombait complètement sur le cul. Le projet T, une molécule provenant d’une fleur ? Pas une seule seconde il aurait pu songer à ça mais plus il y pensait et plus cela lui semblait probable voire logique. Après tout, la vertu des plantes n’était plus à prouver : infusions, drogues, poisons, médicaments, teintures, sirops, huiles, cosmétiques, etc. Parfois même une seule plante, selon le dosage et l’altération qu’on en faisait, pouvait avoir plusieurs utilisations. La noix de muscade par exemple est utilisée en cuisine mais à trop forte dose devient toxique.

“Le projet T était donc une plante.”, se répétait-il.

Celle-ci était-elle unique au monde ? Avait-elle été concoctée en laboratoire ou était-elle naturelle ? Alors que de nouvelles questions se présentaient à lui, l’impatience de Marcos le fit légèrement sursauter.

« Allo! Génétique ! Y a que moi qui ne séchait pas les cours de sciences pour aller en EPS? », fit-il en claquant des doigts.

Cole ne relevait pas plus que ça la pique du français et se contentait de lâcher un léger soupir presque inaudible. Marcos semblait oublier qu’il n’y avait pas que des parcours scientifiques dans les études. Ce qu’il avait appris en sciences, il ne l’avait visiblement pas appris en social. Le gérant se contentait ainsi d’ignorer ses propos et le laissait continuer ses explications qu’il attendait malgré tout avec grande hâte. Il allait enfin en savoir plus sur ce mystérieux projet T.

« Une molécule qui favorise les manipulations génétiques, dans un parc basé sur le clonage. Un ciseau à ADN qui permet de modifier le génome d’un enfant malade, comme ton ex ici présente. »

Le jeune homme entrouvrait la bouche mais aucun mot n’en sortit puisque le paléontologue continuait sur sa lancée.

“Un enfant malade comme ton ex ici présente ?”, s’interrogeait-il en jetant un coup d'œil à Shaélynn.

De quoi est-ce qu’il parlait ?

« Sauf que mettre mademoiselle Moore dans un enclos ne ramènera pas de fond pour continuer la recherche. Qui payerait des centaines d’euros pour venir la voir ? La solution : cloner des dinosaures, pour masquer les autres recherches, et les financer. Et je sais ce que tu vas me dire. “il est où le problème si ça soigne et divertit la veuve et l’orphelin?” »

La jeune femme levait les yeux au ciel dans un mouvement de tête qui était devenu presque sa signature. Marcos, contournant la table, se plaçait désormais à côté de lui. Que voulait-il dire par la mettre dans un enclos ? Cole n’était pas sûr de comprendre réellement ce que ça voulait dire. Ou plutôt, il n’était pas sûr de vouloir comprendre. Le projet T avait été utilisé sur Shaélynn ? Qui aurait pu faire une telle chose ? Son utilisation était-elle saine ? Et pour quelles raisons l’avait-on fait ?

« C’est un outil puissant, Cole », reprit-il d’un ton grave.

Le gérant déglutit malgré lui. Le projet T avait été utilisé sur Shaélynn. C’était donc ça le lien qui l’unissait à toutes ces histoires… Était-ce là la vraie raison du meurtre de John Hammond ? Est-ce que Biosyn s’était servi de ça pour animer la haine qu’elle ressentait pour InGen ? Est-ce que c’était pour ça que la Chimère en avait après elle ? Ou est-ce que c’était uniquement son nom de famille qui avait causé tous les ennuis qu’elle avait pu avoir avec eux ?

« Placée au bon endroit dans le génome, elle peut ne pas exprimer les gènes de certaines maladies. Mais placer au mauvais endroit…»

Nouvelle déglutition. Un silence pesant s’installait désormais dans la cuisine. Le projet T, cette arme terrible qu’on lui demandait de détruire avait été utilisé sur Shaélynn. Il avait été utilisé sur “un enfant malade”.

Et s’ils ne l’avaient pas fait ? Si le projet T ne lui avait pas été administré, peu importait la manière dont il se prescrivait, que serait-il devenu d’elle ? Quelle fut le sort qui l’attendait si cette molécule n’avait pas été utilisée sur elle ? Qu’est-ce qui avait pu justifier cette utilisation ? Quelle maladie avait pu déterminer cette décision drastique d’utiliser quelque chose d’aussi fou sur un enfant ? Quel âge avait-elle lorsque c’était arrivé ? Pour quelle raison ? Un cancer ? Une maladie incurable ? Une malformation ?

Le cerveau de Cole carburait et bouillonnait comme jamais devant autant de questions sans réponses. Devant cette intense réflexion qui devait se lire sur son visage, Marcos ajoutait comme s’il avait lu dans son esprit.

« Je ne saurais pas expliquer en détail, il faudrait une pointure comme Elina Moldovan pour ça, mais accrocher la molécule du projet T à tel ou tel gène, et vous pouvez faire dégénérer les cellules.»

Cole avait grimacé lorsqu’il avait prononcé ce prénom. Il ignorait ce que cette femme était devenue mais voulait-il le savoir était une bien grande question. Les querelles qu’il avait jadis eu avec elle lui semblaient déjà bien loin.

« Je vous laisse imaginer dans un organe vital ce que ça fait. De ce que j’ai vaguement compris, avant la fondation de Jurassic Park, certains plus que d’autres ont compris toutes les “applications” de cette découverte. »

“Les applications de cette découverte”, se répétait-il intérieurement.

Qu’est-ce que cette chose pouvait réellement faire ? Que ne pouvait-elle pas faire finalement ? Le Jurassic Park aurait donc été conçu pour dissimuler cette découverte ?  Quelque chose de grandiose et inimaginable pour en cacher une encore plus grande ? Attirer l’attention à un endroit pour la détourner d’un autre ? Cole trouvait cette décision à la fois parfaitement ingénieuse et incroyablement stupide. Pourquoi ne pas le détruire si c’est pour simplement le cacher au yeux du monde ? À moins de le garder pour une raison en particulier ? Une utilisation personnelle peut-être ? Est-ce que Tim Murphy est au courant de tout ça ? Est-ce que Simon Masrani l’est également ? Ont-il eu chacun d’entre eux le scrupule de se servir des visiteurs, des employés et de ce parc comme d’un bouclier humain ?

« Tu cibles un gène présent chez une famille seulement et tu peux la faire disparaître de la carte avec un poison qui n’affecte que ces personnes. Imaginez maintenant à l’échelle d’un pays. Tu veux te débarrasser d’une ethnie qui occupe une zone… Les Amérindiens en Amazonie, les conflits religieux… La Chimère ne manquerait pas de clients si tu vois ce que je veux dire. Il y a des applications qui pourraient sauver des vies et faire avancer la science d’un bond énorme. Mais le prix à payer est trop lourd je pense, même si c’est du gâchis. C’est pour ça que Hammond l’a caché, parce qu’il ne le voulait pas de ça sur sa conscience. »

Cole restait de marbre. Si le fait que le projet T ait potentiellement contribué à la vie de Shaélynn l’avait questionné sur ses intentions et ses objectifs, les propos de Marcos terminaient de le convaincre sur sa décision finale. Josh lui avait demandé de le détruire. Dans ces derniers instants, son meilleur ami l’avait mis en garde. Dans ces derniers instants, son meilleur ami était de nouveau lui-même et lui avait donné une mission. Il ne fallait surtout pas que la Chimère s’en empare, il fallait le détruire à jamais. Le jeune homme était à ce moment empli d’une multitude d’émotions plus contradictoires les unes que les autres. Il ressentait de la tristesse et de la détermination devant le dernier acte de bravoure de son défunt ami. Il ressentait un mélange de joie, de regret et de colère face à la femme qu’il avait jadis aimé et qu’il aimait malgré lui encore. Il ressentait un profond dégoût pour John Hammond. Cet homme qu’il avait tout de même admiré et avec qui il s’était entretenu plus d’une fois. Le vieillard était désormais derrière un bon nombre de péripéties et de malheurs qui lui était arrivé depuis son arrivée dans son entreprise. Tout ça dépassait largement tout ce qu’il avait déjà pu penser de lui. Cela faisait de lui quelqu’un de lâche et d'abject. C’était se dédouaner d’une décision sans penser aux conséquences. C’était risquer la vie des visiteurs et des employés du parc. Tu parles d’une conscience clean, les attentats de 2013 en étaient un bel exemple. Cole serrait doucement la mâchoire tandis que Marcos continuait de parler mais la suite parvint néanmoins à l’apaiser.

« Et si je ne fais rien alors que j’en ai les moyens et que la Chimère récupère la molécule, j’aurais tout ce merdier sur MA conscience. Maintenant, la situation est très simple. »

Le jeune homme esquissait un léger sourire. Ils avaient au moins ça en commun. Le français ne pouvait pas fermer les yeux face à cette menace tout comme Cole ne pouvait pas le faire non plus. Marcos se tournait vers Shaelynn et l’américain l’imitait sans s’en rendre réellement compte. Celle-ci s’essuyait les yeux avec le pli de son poignet. Et, malgré lui, le gérant se sentait penaud devant cette scène. Qu’il le veuille ou non, il n’aimait pas la voir ainsi.

« Je voulais te faire confiance, mais la confiance ça se mérite. Pendant que vous étiez là à vous battre sur le sujet Garland, et pendant j’ai compris que tu ne m’avais clairement pas tout dit, ma confiance envers toi à fondu comme neige au soleil. Je t’ai donné accès aux informations que j’avais, je t’ai aidé quant tout le monde t’a laissé dans la merde et que tu es venu me trouver toute penaude. C’est pas Cole que tu es venue voir quand …»

“ Quand quoi ?”, pensait Cole.

« Si je me prend une balle de la part d’un gars de la Chimère, tu vas me laisser dans la merde, comme avec Shivak? Ou tu vas faire preuve d’entraide, ou au moins d’esprit d’équipe ? Viens plus me parler de confiance. On collabore, tout au plus, à présent. »

D’une certaine façon, le petit discours du gérant avait eu au moins pour effet de mettre Marcos de son côté. Est-ce que c’était ce qu’il avait cherché à faire inconsciemment ? Aucune idée. Visiblement, Shaélynn avait encore une fois caché des choses à un allié et ça semblait lui retomber dessus plus rapidement que prévu. Cole ne pouvait pas non plus le nier, il ressentait une certaine satisfaction à voir justice faite. Le paléontologue se tournait soudainement vers lui et il crut pendant un instant qu’il allait lui aussi subir ses remontrances mais à sa surprise, cela ne fut pas le cas.

« Regarde nous, Cole. On est un composé explosif, incapable de se mélanger. Vu comme c’est partie, on ne le trouvera jamais le projet T si on continue de traîner votre drame conjugal comme un boulet et si on coopère pas. »

Drame conjugal ? Il était gonflé celui-là. Mais pouvait-il réellement comprendre ? Il était probablement au courant d’un quart de la réalité. Et, à être aussi aimable qu’une porte de prison, il n’avait probablement pas dû vivre beaucoup de romance dans sa vie. Cole s’était levé assez soudainement pour que Marcos ferme son clapet et n’insiste pas sur ce chemin hasardeux. Même s’il avait réussi à apaiser un peu l’atmosphère de la pièce, il était préférable qu’il s’arrête et qu’il n’aille pas plus loin dans les brimades enfantines. Sa relation avec Shaélynn n’avait rien à voir avec la difficulté de la situation qui était bien plus complexe qu’un simple “drame conjugal”. Lui-même l’avait dit quelques instants plus tôt, la confiance qu’on pouvait lui accorder semblait plus que légère. Elle n’était pas du genre à donner toutes les informations en sa possession et, d’une certaine façon, ça la rendait dangereuse. Une mise au point était plus que nécessaire pour poursuivre leur quête. Plus qu’une nécessité, c’était primordial que chacun soit sur la même longueur d’onde.

« Ça me fait mal au cul de l’admettre, mais même moi, je dois mettre de l’eau dans mon vin. », dit le français en souriant.

Cole en fut d’ailleurs surpris immédiatement. Ce dernier n’avait pas daigné le faire un seul instant et avait gardé une tête de déterré depuis son arrivée. Il était sûr que la situation ne s’y prêtait pas forcément et il n’avait pas d’attache quelconque à qui que ce soit dans cette pièce mais un petit sourire ne lui écorcherait pas le visage non plus. Et par ailleurs, ce sourire changeait suffisamment son visage pour  le rendre presque aimable et, sur le moment, le directeur s’en inquiéta même légèrement.

« Je n’irai pas jusqu’à dire que je te fais pleinement confiance, quoique toujours plus que Shaelynn à présent. Mais on doit collaborer. Tu veux en être, très bien. Mais ne perdons pas plus de temps. On ne sait pas dans combien de temps la Chimère va venir faire le ménage.»

À ces mots, Marcos lui tendit sa main d’un air hésitant. Cole, à nouveau pris de court, la regardait tout d’abord d’un air surpris. C’était à la fois inattendu et inespéré. Pouvait-il envisager de cette poignée de main un retour à la normale ?

“Ah et puis zut !”, pensait-il.


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Les deux mains s’entrechoquèrent et se serraient dans le silence. Il savait ce que cette poignée de main voulait dire pour Marcos mais encore plus pour Shaélynn qui s’offusquait silencieusement dans son coin. Après tout ce qu’elle venait d’entendre et subir de la part des deux hommes, c’était clairement la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Et pourtant, elle profitait de cette nouvelle coalition pour s’effacer lentement de la scène pour se faire oublier. Elle avait non seulement profité encore une fois de la situation pour esquiver les questions qu’il lui avait posées mais elle reculait même doucement pour disparaître dans le décor.

“Sérieusement Shaé ? Vraiment ?”, pensait-il.

D’un ton calme et neutre, Cole profitait alors de cet élan pour reprendre la parole. Non, il ne l’avait pas oublié, bien au contraire.

« Tu y vas un peu fort quand tu parles de “drame conjugal” mais je suis d'accord. Merci pour tes réponses. Comme tu l'as dis, on doit collaborer et on doit être sur la même longueur d'onde. »

Et donc…

« Comme je ne tiens pas à me retrouver braqué par une arme ou une seringue au cou sous prétexte que nos intérêts ne sont pas les mêmes… Je veux que Shaé réponde à ma question. Je veux savoir si nos objectifs sont les mêmes. »

Il l’avait dans son collimateur et il n’allait pas oublié l’enjeu de cette discussion, aussi déplaisante soit-elle. Bien sûr, Marcos avait déjà dit des choses qui changeaient la donne mais ça ne répondait pas à ses questions n et ça n’atténuait pas ses craintes.

« Ta question ? Trouver le projet T ou ma mère ? »

Cole acquiescait une fois, les yeux rivés sur la jeune femme qui secouait directement la tête en guise de réponse avant de continuer.

« Ni l’un ni l’autre. Je ne cherchais pas ma mère, je cherchais Mary Moore, généticienne d’InGen. »

La réponse surprit tout d’abord le jeune homme qui releva la tête d’un air interloqué. Puis des images lointaines, des brides d’une discussion lui revenaient petit à petit…

Oui, cela lui revenait maintenant.

Shaélynn lui avait dit n’avoir aucun souvenir de sa mère. Ils en avaient déjà parlé, il y a deux ans et demi… Déjà. Mais Cole restait perplexe. N’était-elle pas un peu enthousiaste de savoir que sa mère était en vie ? Est-ce qu’elle n’était pas un peu curieuse de savoir pourquoi ? D’avoir le fin mot de l’histoire ? Ressentait-elle quelque chose pour elle ? Était-elle détachée à ce point de la dernière personne de sa famille encore en vie ?

« Pour ce qui est du projet T… Peut-être qu’il faut le détruire, peut-être qu’il faut le garder. Tout ce que je veux c’est les arrêter avant qu’ils ne soient trop tard. Je veux juste… »


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Shaé n’achevait pas sa phrase, comme pris soudainement d’un doute, comme si enfin elle prenait conscience de la situation qu’elle avait elle-même créé. L’instant d’après, Cole fut témoin d’une scène atypique qui le laissa sans mot. C’était comme si un masque tombait soudainement sous ses yeux. D’un coup, le voile tombait et glissait le long du visage de la jeune femme. D’un coup, il la reconnaissait. D’un coup, Shaélynn était vraiment là. L’américain relevait la tête et regardait l’ancienne paléobotaniste dans ses yeux gris perçants.

Ce visage, c’était celui qu'il avait vu lorsqu’ils avaient échangé sur leurs passés.

Ce visage, c’était celui qu’il avait vu lorsqu’elle était partie ce soir-là.

Ce visage, c’était celui qu’il distinguait à la lueur du soir quand elle s’endormait dans ses bras.

Ce visage, c’était celui de Shaélynn telle qu’elle était vraiment.

Après une courte pause pour reprendre ses esprits et son souffle, elle s’époumonait brusquement et avec une sincérité qui fit tressaillir sa voix.

« Je veux que ça s’arrête ok ? Toute ma putain de vie est lié à ce projet de près ou de loin : ma survie, la disparition de ma mère, la mort de mon père, mon arrivée chez Biosyn, la mort de John… Détruisez-le, planquez-le, utilisez-le pour créer des licornes, je m’en fous du moment que ça s’arrête. »

Les yeux du jeune homme regardaient l'œil gauche puis le droite de l’ancienne paléobotaniste. Puis ils répétaient l’opération. Encore une fois. Puis une autre. Toute sa vie était liée au projet T, qu’elle ne le veuille ou non et Cole n’imaginait pas un seul instant le poids que cela pouvait représenter. Il ne pouvait pas se mettre à sa place, c’était impossible. Il ne le pouvait pas. Son regard se porta sur le paléontologue d’un air de jugement et d’interrogation. Si Marcos était au courant de toute cette réalité, comment pouvait-il être aussi dur avec elle ? Mais il se ravissait bien rapidement, il se tournait bien vite vers la jeune femme qui ne semblait pas avoir terminé de vider son sac. Cette question était de toute manière illégitime puisqu’il comprenait parfaitement pourquoi et comment Marcos pouvait lui en vouloir. Shaélynn l’avait bien assez berné pour qu’il comprenne ce que le français pouvait ressentir à cet instant.

La surprise.

La trahison.

L’incompréhension.

La colère…

« Tu t’inquiètes pour ta survie, Marcos ? Jusqu’à maintenant tu ne m’as jamais laissé tomber et j’en ai fait autant, c’est pour ça qu’on est là. Tu veux que ça continue ? »

Sa réflexion était finalement bien arrivée jusqu’à l’oreille de la jeune femme. Vraisemblablement, elle devait faire échos à ce que lui avait dit Shivak à propos de l’aide que Marcos leur avait fourni. Mais qu’en était-il réellement ? Cole ne savait rien à propos de toute cette histoire. En réalité, il ignorait encore et toujours pourquoi Marcos Shannon s’était retrouvé embarquer par Shivak et Shaélynn. Cela restait de toute évidence aussi un point à éclaircir mais qui devrait attendre. Visiblement, il était suffisamment important pour que ses deux visiteurs échangent un regard froid et tendu suite à la remarque de la jeune femme.

« Évites de m’avouer le meurtre de mon père, juste avant d’être pris pour cible par un sniper et je te jures que ça devrait bien se passer pour toi. »

Cole se redressait soudainement de sa chaise qui émit un petit couinement sous son poids. Il restait bouche bée, quelques secondes. Le regard un instant dans le vide, il eut du mal à assimiler ce qu’il venait d’entendre.

“Bordel…”, pensait-il en fronçant les sourcils.

Mais à qui pouvait-il vraiment faire confiance ? Quand il pensait l’histoire stabilisée et qu’il trouvait son équilibre, il fallait toujours qu’il y en ait un des deux qui foutent la merde…

« Quel salopard… », lâchait-il sans réellement s’en rendre compte.

Il balançait un regard circonspect en direction de Shaélynn en se rendant de plus en plus compte de la situation, telle qu’elle avait dû réellement se passer. Elle le regardait à son tour d’un air amer et reprenait d’une voix tremblante et saccadée.

« Shivak a tué mon père pour le compte de la Chimère. Il m’a balancé ça alors que je venais de sortir la clé de sa boîte. Il a commencé à me dire que c’était un accident et j’ai pété un plomb, ok ? »

“Ok”, se dit-il mentalement. Il marquait un visage à la fois neutre et blasé. Il en avait marre des secrets, marre des mensonges, marre des demi-mots. Pourquoi est-ce que ces deux idiots cachaient constamment leurs jeux ? Pourquoi est-ce que cela même était considéré comme un jeu bon sang de bonsoir… S’il n’était pas aussi borné et curieux, impliqué et persévérant, qui sait le nombre d’informations qui lui seraient passer à côté. Qui sait le nombre qui lui restait à découvrir ou à apprendre… Il serait un poing sous la table et s’imaginait qu’un seul coup n’était peut-être pas suffisant pour ce connard de Shivak.

« Le sniper en a profité pour le cibler et quand je me suis aperçu, j’ai…  Il avait vu le laser et il n’a pas réagi non plus. Je me suis mise en danger pour sauver Shivak, en Egypte, je me suis occupée de lui à Paris, au manoir de mes parents… J’ai essayé de le sauver, je l’ai poussé pour le mettre hors d’atteinte, j’ai essayé d’arrêter le sang… »

Bon sang. Et après il osait le menacer si jamais il mettait Shaélynn en danger. Pourquoi n’avait-il pas réagi ? Cherchait-il à se suicider ? Est-ce qu’il éprouvait des remords pour les choses qu’il avait faites ? Est-ce que… Ce n’était pas un peu facile comme fin ? Shivak et ses grands discours préféraient-ils réellement se donner la mort plutôt que d'affronter la réalité ? Mais il y avait autre chose. Tout était vrai. Tout ce que Shaélynn venait de lui dire à l’instant était vrai. Cet enfoiré se cramponnait encore au gilet de la jeune femme quand il l’avait retrouvé. Tout comme Shaé, il ne mentait pas, il dissimulait simplement certaines informations, aussi capitales soient-elles.

« … et je me détestes pour ça : mais quand il fallut choisir entre sauver ma peau ou celle de l’homme qui prétend avoir maquillé “par accident” le meurtre de mon père en suicide… »

Ce connard ne lui avait décidément pas tout dit. Il avait “omis” ce sujet qui n’en était pas des moindres pour l’attendrir. Pourtant, il lui avait dit qu’elle et lui s'étaient rapprochés. Qu’il y avait eu “un truc”. Est-ce que la culpabilité l’avait poussé à avouer son crime ? Est-ce qu’il ressentait réellement quelque chose pour elle au point de tout sacrifier en lui avouant la vérité ? Lui qui était du genre à ne rien dévoiler et à tout garder pour lui, pourquoi le faire s’il n’avait pas une idée derrière la tête ? Pourquoi avait-il fait ça si ce n’était pas une preuve qu’il ressentait des remords et des regrets ? Quelles étaient ses réelles intentions ?


“Shaélynn et moi, on s’est rapproché…
La cavale, l’alcool, un passif en commun, je te passe les détails.”


Vachement oui… C’est sûr qu’un meurtre ça rapproche… Quel con. Comment Cole avait pu croire ça ? Comment avait-il pu le croire ? Shivak avait pourtant l’air si convaincant. Ou alors, peut-être le croyait-il réellement ?

« Il ne te l’avait pas dit hein ? Qu’il avait tué mon père et qu’il s’était laissé tirer dessus. La balle était empoisonnée au Cry poison. Tu as vu le domaine, tu sais que je ne pouvais pas le traîner jusqu’à la voiture. Je veux bien risquer ma vie pour les autres. Je veux bien mettre ma vie en danger pour Marcos, pour toi, pour des gens qui se font bouffer par des piranhas dans une cale de bateau. »

La voix de la jeune femme était faible et s’emballait de temps en temps dans de petits trémolos presque incontrôlés. Cole se sentait idiot. Il fit un geste de la tête discret de gauche à droite pour lui répondre mais il le fut beaucoup trop pour qu’elle ne le remarque. Elle regardait désormais Marcos avec insistance, semblant vouloir lui passer un message par la même occasion. Mais le jeune homme ne cherchait pas à comprendre. Cole se sentait stupide. Faire totalement confiance à Shivak avait été une grossière erreur. À quel point lui avait-il dissimulé des éléments aussi capitaux que celui-ci ? Il ne l’était certes pas pour leur mission commune mais il n’était pour autant pas négligeable. Pourtant, il lui avait dit la vérité puisque Shaélynn et Marcos étaient là aujourd’hui. Chacun avait une version relativement proche l’une de l’autre si on mettait de côté que l’un deux avait assassiné le père de l’autre. Pourtant, Shaélynn avait bien eu l’air soulagé lorsqu’il lui avait dit que Shivak était en vie. Pourtant, encore à cet instant, elle semblait regretter d’avoir dû l’abandonner sur place.

« Est-ce que je regrette de ne pas avoir sauvé Shivak ? Oui. Est-ce que je regrette d’avoir tué John ? Est-ce que je regrette d’avoir bossé pour Biosyn ? OUI  ! Est-ce que ça change quelque chose ? »

Elle marquait une pause et affichait temporairement un air hautain qui s’effaçait bien vite sous sa nouvelle apparence. La fatigue, la tristesse, le regret, le désespoir mais aussi la résignation d’une situation qu’elle n’avait pas choisie. Sa vie semblait désormais une succession de décisions qu’on avait prise à sa place et de situations qu’on lui avait imposées. Shaélynn n’était qu’une gamine qui avait pris des mauvaises décisions, des décisions probablement immatures et égoïstes. Shaélynn n’était qu’une gamine influençable dont l’immaturité et le malheur avait profité à d’autres. Shaélynn n’était finalement qu’une gamine qui n’avait pas choisi son nom de famille et qui subissait les erreurs passées de ses parents.

La jeune femme laissait retomber lourdement ses bras sur ses cuisses comme si elle avait fini par céder, comme si elle avait abandonné et qu’il n’y avait plus d’espoir.

« Non, malheureusement ! Alors pitié, est-ce qu’on peut appeler Angel et savoir où elle en est, qu’on puisse enfin foutre le camp d’ici ? »

Un silence lourd tombait à nouveau dans la cuisine du bungalow de Cole. C’était un silence étrange et pesant laissé par une voix en détresse et exténuée. C’était une voix sincère et prête à tout pour que cela s’arrête. Une voix inquiète de quelqu’un qui ne méritait pas ce qui lui était arrivé et qui semblait au bord du précipice.

Cole se sentait mal.

Il se sentait mal d’avoir été aussi dur avec elle après ces dernières révélations. Mais il avait eu raison de s’être emporté ainsi non ? Il était dans son droit de s’être énerver ainsi, non ? Elle pouvait tout de même comprendre que lui et Marcos soit méfiant après tout ça, non ? Elle pouvait comprendre que tout comme Marcos il ne pouvait pas rester les bras croisés chez lui à attendre que tout ça se passe, non ?

Cole passait une main sur ses lèvres et frottait sa barbe d’un air dépité. Il savait pertinemment ce que cette poignée de main voulait dire pour le français mais il choisit néanmoins d’adresser la parole à Shaélynn qui semblait à deux doigts de pleurer à nouveau. Et merde… Il prit une inspiration et lançait péniblement d’une voix penaude.

« Shaé, je… Je suis désolé pour ton père. »

Le jeune homme jetait un regard vers le paléontologue qui détournait légèrement sa tête sur le côté pour se retirer respectueusement. Résigné, le gérant ne savait pas vraiment ce qu’il pouvait dire de plus. Il se contentait ainsi de se saisir de son portable et d’ouvrir les contacts pour appeler Angel. C’était la meilleure chose à faire et c’était une manière comme une autre d’esquiver le visage de Shaélynn. Aussi, il savait déjà que s’il ne voulait pas s’attirer les foudres de la ranger, il ne pourrait pas l’appeler pour simplement lui demander où elle en était. Il regardait donc un instant le contact maintenant en surbrillance en réfléchissant à ce qu’il allait lui dire.

“Sois clair et concis”, pensait-il. “Clair… et concis”, se répétait-il.

C’était tout de même fou de craindre autant une conversation pourtant aussi banale que celle-ci. Soudain…


*Bzzz bzzzz* *Bzzz bzzzz* *Bzzz bzzzz* *Bzzz bzzzz*


Son portable vibrait à quatre reprises dans sa main, comme s’il n’avait pas pu avoir le réseau avant d’avoir été déverrouillé. Ainsi, quatre nouveaux messages s’annonçaient sur la petite lettre en bas de l’écran. Merde, il ne pouvait donc pas rester tranquille un quart d’heure ? Non, à vrai dire, depuis qu’il avait repris ses fonctions, cela ne s’arrêtait jamais…

Le premier était donc de Claire Dearing.


_ _ _ _ _ _ _ _ _

“Hey !

Désolé de t’embêter, les actionnaires vont bientôt arriver et je vais les accueillir. Je suis passé te voir dans ton bureau mais tu n’y étais pas.

Est-ce que tu pourras me transmettre le rapport dont nous avons discuté hier pour la RU de ce matin ?

Merci, à tout à l’heure !”

_ _ _ _ _ _ _ _ _


Avec toutes ces histoires, Cole avait complètement oublié ce rendez-vous et tout le reste à vrai dire. Le rapport, il l’avait bel et bien rédigé mais un “imprévu” l’avait empêché de lui envoyer comme il était convenu. Merde. Il s'apprêtait à lui répondre quelque chose mais un second message s’affichait en dessous.


_ _ _ _ _ _ _ _ _

“Autant pour moi !

J’ai vu avec Priscilla ! Merci pour ton rapport ! C'est parfait !

À toute !”

_ _ _ _ _ _ _ _ _



Le troisième message était de Priscilla qui lui demandait si tout se passait bien et qui lui parlait justement de ce rapport en se vantant de comment elle avait géré le sujet d’une main de maître. Elle devait probablement s’inquiéter puisqu’il ne lui avait pas écrit depuis le début de son départ.


_ _ _ _ _ _ _ _ _

“ Coucou !

Tout va bien ?

Tu penses revenir quand ?

Claire m’a demandé où tu étais, elle est passée pour te parler du rapport pour la réunion de ce matin mais je t’ai trouvé une excuse. Tu me remercieras plus tard de t’avoir sauvé devant le dragon, je lui ai envoyé !

Je t’aime, j’espère que tout va bien.”

_ _ _ _ _ _ _ _ _


Cole lui répondait rapidement en la rassurant et en la félicitant pour avoir esquiver les interrogations de Claire. Pianotant sur le clavier numérique le plus vite qu’il le pouvait grâce au remplissage automatique des mots (et qu’est-ce que c’était une invention remarquable), il relevait la tête de son portable un instant. Shaélynn ne semblait pas prêter plus attention que ça à ces actions pour le moment. En revanche, Marcos commençait déjà à s’impatienter. Encore.

« Désolé, je dois répondre… Je… »

Cole se figeait un instant en fronçant les sourcils. Son geste dût être probablement assez significatif puisque Shaé le regardait désormais et Marcos l’observait avec un air presque dédaigneux. Encore.

Le quatrième et dernier message était effectivement de Chris Nedry, à sa plus grande surprise. Mais même si c’était inespéré, ça ne voulait strictement rien dire. Il soupirait intérieurement quand il repensait aux derniers messages qu’il lui avait envoyés et qui n’avait jamais obtenu de réponse de la part de l’informaticien. Cole l’ouvrit instantanément en cliquant dessus avec son pouce. Son attention se portait immédiatement sur le message que ce dernier venait enfin de lui envoyer puisqu’un cercle tournait en boucle, signalant qu’il s’agissait d’une image en train de se télécharger. Et… Elle s’affichait finalement après quelques interminables secondes.

« Qu’est ce que… »

Cole levait sa main pour mieux voir ce message qu’il ne comprit pas immédiatement comme si ça le rendrait plus clair.

« Cole ? »

Le jeune homme fronçait toujours les sourcils d’un air béat. Son visage concoctait un mélange singulier d’incompréhension et de surprise, le tout donnait un résultat parfaitement surprenant. Ne trouvant pas les mots, il se contentait de tourner le portable et de montrer l’image qu’il venait d’agrandir à ces deux interlocuteurs. Avec hésitation, il lançait alors à ces deux invités.

« Est-ce que c’est… Shivak ? »


Nouveau message de Chris Nedry :
Spoiler:


*Bzzz bzzzz*

Nouveau message de Chris Nedry. Cette fois-ci, un QR code cliquable s’affichait devant le groupe et chacun eut au même instant un air interloqué. D’un habile mouvement de poignet, Cole retournait le portable devant lui et, avec hésitation - surtout en connaissant le personnage - il appuyait dessus. Instantanément, des chiffres rouges sur fond noir s’imposaient sur l’intégralité de l’écran. D’un air menaçant, ces derniers se mirent soudain à changer et lentement décompter. Ils annonçaient :


00:04:24:00


Musique :
Spoiler:

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