Jurassic Park World RPG
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 Tirer un trait sur le passé - Contrariétés

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Cole Hudson
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Cole Hudson


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MessageSujet: Tirer un trait sur le passé - Contrariétés   Tirer un trait sur le passé - Contrariétés EmptyVen 21 Juil 2023 - 13:36

Sur la banquette arrière, Shaélynn et Marcos échangeaient des mots que Cole n’entendait même pas. Téléphone collé sur la joue, la tonalité résonnait dans son crâne comme un rythme infernal et désagréable.

« Réponds… Réponds… Réponds ! », chuchotait-il dans sa barbe.

Tirer un trait sur le passé - Contrariétés Ewd8

Il fit soudain une embardée pour esquiver un nid de poule qu’il vit au dernier moment. Il rattrapait de justesse le portable qui avait commencé à glisser de son épaule. Ballotés à l’arrière du véhicule, ses deux passagers balançaient à l’unisson un “Cole !” de réprobation.

« Pardon ! », rétorquait-il brièvement.

Marcos marmonnait encore une phrase en français d’un ton désobligeant probablement à propos de sa conduite. Décidément, il utilisait sa langue natale que lorsque ça l'arrangeait. C’était lâche de sa part mais le message était néanmoins passé. Cole se penchait un peu plus sur le volant pour se concentrer. D’une main tremblante, il attrapait dans le porte-gobelet un kit main-libre et le mettait sur son oreille. Il appuyait sur le bouton et la led sur le côté s’allumait avec un bruit caractéristique qui lui indiquait que le bluethooth avait fait son travail. Et, au même moment, il entendit enfin sa voix sèche et franche au bout du fil. Un “allô” qui déterminait déjà son taux d’hostilité.

« Allô Angel ! », fit-il d’un ton beaucoup plus enjoué qu’il l’aurait souhaité.

Virage à gauche. Accélération.

Le moteur semblait gronder de joie face à cette ligne droite qui se profilait devant lui. Cole vit dans le rétroviseur que Shaé avait temporairement arrêté de parler avec Marcos pour tenter d’entendre la conversation. L’américain, de son côté, avait volontairement choisi cette option pour que, justement, ils ne puissent ni participer ni écouter. À cet instant, de ce groupe, lui seul pouvait espérer gérer et parler à Angel. Il ne souhaitait pas que les autres lui fassent changer de cap pour une raison ou pour une autre. Pire, qu’elle se mette soudain en tête de tous les coffrer sur un coup de tête. Ses deux compagnons d’infortune allaient plus que jamais avoir besoin de leurs armes. Espérons que non… Mais comme le disait si bien l’adage : “mieux vaut prévenir que guérir”. Ses derniers reprirent leurs discussions et Cole comprit que cette conversation se faisait en français depuis le début. De quoi pouvaient-ils bien parler ? Est-ce qu’ils cherchaient encore à lui cacher des choses ? Et depuis quand Shaé parlait français ?

« Oui, je sais… Oui désolé… Je sais Angel ! T'énerves pas tout de suite, écoutes moi. », tempérait-il avant qu'elle ne s'énerve davantage. « Je t'embête pas longtemps. T'en es où ? Tu as pu récupérer le colis à l'hôtel ? »

“Le colis”, se répétait-il honteusement.

Il n’était donc même pas capable de prononcer le mot ? Il se sentait ridicule et levait temporairement les yeux au ciel. Décidément, ce geste lui faisait penser immédiatement à Shaélynn. L’avait-elle fait aussi souvent que ça ? Et pourquoi est-ce que ça avait déteint sur lui ? Les vociférations de la ranger le maintenaient concentré sur la route et il prenait le risque de la couper.

« Écoutes moi Angel ! », fit-il d’un ton vindicatif. « Changement de plan. On va se rejoindre sur place ok ? Je vais les amener avec ma voiture. T'embêtes pas à en chercher une et viens au plus vite… Fais au mieux. », ajoutait-il pour pas qu’elle ne se braque de trop.

Léger virage sur la gauche, il allait enfin quitter le village des employés.

Accélération. Nouveau virage. Coup de frein.

La poussière se soulevait autour de la voiture. Il dût ralentir assez brusquement à l’approche de trois cyclistes bien rangés en ligne. Les routes n’étaient pas très larges et il dût suffisamment s’écarter pour passer au point où les roues de la voiture rognaient une partie de la végétation sur le côté. Il jeta un léger coup d'œil dans le rétroviseur pour voir une éventuelle réaction de la part de Shaélynn. C’était bête mais il venait probablement de détruire des plantes préhistoriques qu’elle avait jadis planté avec ses employés.

« Oui, pardon... Je sais mais je t'expliquerais tout sur place… Oui je sais, ça se passe pas comme on l'avait prévu. »

“S’il te plaît Angel”, pensait-il.

Ce n’était pas le moment de tergiverser. Quelque part, elle avait raison. Cole lui avait menti ou tout du moins était resté succinct sur certaines choses. Une de ses principales demandes avait été celle des armes à feu. Elle avait été catégorique : elle n’en voulait pas sur le parc. Même si le jeune homme était à 95% sûr que celle-ci était tout bonnement irrecevable, il avait laissé couler pour la faire taire. Comment, après deux ans de cavale, Shaélynn aurait pu survivre si elle n’avait pas été armée ? C’était juste impossible. Surtout si la Chimère ou Biosyn était à ses trousses. Il entendait à nouveau la voix de la ranger qui, à juste titre, lui demandait où était “sur place”. Cole se frappait mentalement le front, trop concentré cette fois sur la route pour tenir une conversation qui faisait complètement sens.

« On se rejoint à la grotte des fossiles, tu vois où c'est ? »

Nouveau nom d’oiseau.

“Évidemment qu’elle sait où c'est Cole”, pensait-il en serrant le volant un peu plus fort.

«  Oui, oui ! C'est vrai… Pardon. Oui, je sais qu'elle est fermée. Je t'explique quand on se rejoint, ok ? », insistait-il.

Et enfin, elle concédait.

“Victoire”, célébrait-il quelque part à l’intérieur de son cerveau au milieu des milliers de neurones qui carburaient à vitesse grand V.

Le café faisait clairement son effet, son cœur battait lui aussi beaucoup trop vite et lui chauffait la poitrine malgré la climatisation qui tournait à plein régime. Cole accélérait encore un peu plus. La voiture rebondissait parfois sur cette route sinueuse mais les amortisseurs faisaient à priori bien leur travail.

« À toute de suite. Appelle-moi si tu as un nouveau souci. »

Il laissait raccrocher Angel pour ne pas quitter les mains du volant. Au loin, il vit un caddie de golf qui bloquait vraisemblablement le chemin. Coup de frein pour ralentir. Pas possible de le dépasser. Cole, prit d’un coup de sang, balançait alors immédiatement son poing sur le klaxon.

« Bouge ! », râlait le jeune homme. « Bouge de là avec ta merde ! », lâchait-il nerveusement en perdant patience.

Embardée sur la gauche puis sur la droite pour voir s’il y avait assez de place pour dépasser le véhicule. À l’image du conducteur, le moteur râlait de ce soudain bas-régime. L’homme derrière le volant du caddie se retournait pour voir qui était le propriétaire de la voiture qui grondait derrière lui et, vociférant à son tour, se rangeait enfin sur le côté pour le laisser passer. Pied au plancher, Cole démarrait de nouveau en trombe, ne prenant pas la peine de remercier le type qui leur avait déjà fait perdre de précieuses secondes. Il relevait légèrement la tête pour que ses deux passagers l’entendent par-dessus le moteur.

« J’ai pu avoir Angel, ça a pris plus de temps que prévu mais elle va nous rejoindre là-bas. Par contre, vous me laisserez lui parler, je lui dirais moi pour la Chimère… »

Il n’entendit pas de réponses de leur part mais il imaginait de toute façon qu’il n’y avait pas grand-chose à répondre à cela. Et s'il ne se trompait pas, c’était la prochaine à droite…

“Oui, c’est bien là !”, se remémorait-il.

Léger coup de volant à droite mais qui fut plus violent que prévu. La route était désormais beaucoup moins entretenue et l’arrière du véhicule manqua à deux reprises de partir sur le côté. Il roulait soudainement beaucoup moins vite, le véhicule basculait de temps en temps d’un côté puis de l’autre au fûr et à mesure qu’elle avançait. La végétation était déjà plus dense et avait commencé à reprendre ses droits. Fatalement, Cole mit le pied sur le frein et ralentissait jusqu’à l’arrêt complet du véhicule. Il put trouver un espace un peu plus dégagé pour se garer mais les plantes les attendaient quasiment directement derrière les portières. Devant eux, la végétation avait effectivement fini par dévorer complètement la route. Un arbre était même tombé en travers et leur barrait complètement le chemin.

« On va continuer à pied », pensa-t-il à voix haute.

Musique d'ambiance :
Spoiler:

Avant de partir, Cole avait enfilé un pantalon kaki, des chaussures de marche et un t-shirt qui traînait sur une chaise. Et visiblement, il n’allait pas regretter cette décision. Les portes de la voiture claquaient chacune leur tour et bien vite les bruits de la jungle ambiante se firent plus envahissants. Alors que des yeux interrogateurs commençaient à se poser sur lui, l’ancien guide finit par lâcher à ses compagnons.

« Depuis la construction du Jurassic World, l’ancien centre des visiteurs a été complètement abandonné et dépouillé. »

Cole s’accroupit et l’articulation de ses genoux craquait sous ce geste qu’il n’avait pas fait depuis quelque temps. Il pointait du doigt une direction et ajoutait.

« La terre n’est pas tout à fait la même ici, si on suit cette direction on devrait tomber dessus. De là-bas, je pourrais vous conduire à la grotte des fossiles. », fit-il en se relevant.

L’américain, sans même s’en rendre compte, avait les yeux qui pétillaient d’un certain enthousiasme. Il n’en oubliait pas pour autant sa mission mais il ne pouvait s’empêcher de songer. À quand remontait sa dernière visite guidée ? À quand remontait sa dernière randonnée ? Dès lors qu’il avait pris ses fonctions de chef de section, il n'avait plus été vraiment question de visites. Dès lors qu’il avait pris ce poste à la direction, il n’avait plus été question de guides tout court. Cole avait simplement fini par oublier les sensations que ça lui procurait. Cette journée ne faisait que commencer et elle lui semblait pourtant déjà si étrange.

Tirer un trait sur le passé - Contrariétés Jungle10

Il balayait ses pensées pour se concentrer et se dirigeait à l’arrière du véhicule où il ouvrait le coffre dont les vérins couinaient à peine. À l’intérieur, il attrapait et rapprochait de lui deux sac à dos qui reposaient sur une clé en croix contre un pneu de secours. Il prit également une petite trousse rouge qui se trouvait dans une trappe sur le côté, celle-ci portait la mention “First Aid Kit”. Il regardait rapidement le reste du contenu de ce petit rangement : des ampoules de rechange pour les phares, un numéro d’urgence qui figurait sur une plaquette indiquant la démarche à suivre en cas d’accident, un triangle de signalisation. Rien qui ne pouvait servir dans l'immédiat. Il la refermait et, l’instant d’après, rangeait  la trousse dans son sac à dos. Il ajoutait également le contenu du deuxième sac dans le sien avant de l’enfiler ensuite sur son dos. Ainsi, il avait sur lui deux bouteilles d'eau dont une qui était presque vide, des barres de céréales, une lampe torche, une batterie externe pour son téléphone portable, un canif et un appareil photo. La trousse de secours contenait un kit de suture, des bandages, une crème anti-brûlure, un anti-venin et un anti-paralysie. Satisfait de son petit inventaire, Cole appuyait sur le bouton pour refermer le coffre qui descendait lentement accompagné d’un petit bruit de moteur jusqu’à ce qu’il ne se verrouille complètement.

Cela faisait déjà une bonne heure que Marcos et Shaélynn étaient arrivés sur Isla Nublar et l’opération partait déjà en improvisation. Les sacs à dos étaient effectivement le fruit du hasard et leur destination lui était complètement inattendue. Deux jours auparavant, Priscilla lui avait proposé une visite du parc dans son intégralité pour lui changer les esprits. Ils étaient partis du matin très tôt et avaient profité de leur statut pour terminer très tard dans la nuit. Elle avait dégagé leur emploi du temps et avait signalé qu’il s’agissait d’une répétition pour la visite qui allait être effectuée par des entrepreneurs, les mêmes présents d’ailleurs aujourd’hui. Observer les dinosaures de jour était déjà une chose extraordinaire, les observer de nuit en était une autre tout à fait fascinante et surréaliste. Avec ces deux années compliquées pour lui, Cole avait presque oublié ce que cela faisait et d’en voir absolument toute une journée rendait presque ça onirique. Si onirique qu’il s’était demandé à maintes reprises s’il n’était tout simplement pas en train d’halluciner. Après tout, son médecin avait changé le dosage de ses antipsychotiques alors pourquoi pas ? Le jeune homme n’était pas encore certain à 100% que c’était le bon puisqu’il était estimé qu’un mois devait s’écouler avant de pouvoir être certain. Quelque temps auparavant, Cole s’était plaint de certains effets secondaires qu’il n’avait pas avant, notamment des raideurs dans les jambes. À la question sérieuse et monotone du docteur, il avait soudainement blêmit et s’était senti idiot.

“Avez-vous changé votre consommation de tabac, de café ou d’alcool ?”, lui avait-il dit au téléphone. Cole, pris d’une soudaine quinte de toux, s’était isolé et lui avait simplement demandé pourquoi poser cette question. Sa réponse en fut plus que révélatrice. Après une longue discussion, le gérant put conclure que sa prise de poids et ses étourdissements de ses derniers mois étaient en vérité liés à un dosage erroné causé par sa consommation d’alcool qu’il avait dissimulé à son médecin. Cole lui avait alors expliqué qu’il avait l’impression que ses antipsychotiques marchaient une fois sur deux et avait expliqué le changement qu’il avait effectivement fait dans sa vie. “Très bien, n’hésitez pas à nous signaler ce genre de changement à l’avenir pour que nous puissions adapter votre dosage”, lui avait répondu le docteur avec un enthousiasme déconcertant.

Cole clignait des yeux pour garder son calme et s’empêcher de penser davantage à tout ça. Ce n’était pas le moment de rêver, il ne fallait pas que toute cette mission repose sur la chance et le hasard. Il avait déjà l’impression qu’il perdait le contrôle et que rien ne se passerait comme prévu. Il tournait des talons et ouvrait la marche en lâchant d’un ton sarcastique.

« Prêts ? Alors, allons-y ! Suivez le guide… », fit-il en levant la clé par-dessus sa tête pour verrouiller le véhicule.

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Marcos Shannon

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Contrariétés   Tirer un trait sur le passé - Contrariétés EmptyVen 18 Aoû 2023 - 20:13

Spoiler:


Le SUV du directeur n'était clairement pas un véhicule fait pour rouler à toute vitesse sur le chemin de terre battue qu’ils empruntent pour quitter le Jurassic World et se diriger vers les anciennes installations. Les suspensions, faites pour une utilisation urbaine, n’encaissaient absolument pas les nids de poules et les racines dont le nombre augmentait au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient du Jurassic World. Marcos, à gauche sur la banquette arrière, avait l’estomac dans les talons. Il n’avait pas particulièrement le mal des transports. Mais il faisait chaud et humide en Amérique Centrale à cette période de l’année, et la conduite saccadée de Cole le faisait se sentir légèrement nauséeux. Il se serait bien mis à l’avant, sur la siège passager, mais la consigne du directeur avait été claire: se mettre à l’arrière pour ne pas être repéré. Cole était au téléphone avec Angel Harlow, la ranger. Il entendait sa voix, mais il lui était impossible de comprendre ce qu’elle disait. Néanmoins, avec ce que disait Cole, il était possible de comprendre à peu de chose près leur échange. 
Il lui demandait si elle avait récupéré les armes, et de les rejoindre à la grotte des fossiles directement. Et elle ne semblait pas ravie à l’intensité de sa voix et aux plates excuses que le directeur ne cessait de donner à sa subordonnée. Qu'elle soit contente ou pas, si elle se contentait de faire ce que son patron lui demandait, tout irait bien. Normalement.
Marcos jeta finalement un coup d'œil à Shaelynn. Cette dernière n’avait presque rien dit depuis leur départ du bungalow quelques minutes plus tôt. Le front collé contre la vitre, son regard semblait perdu dans la végétation qui défilait derrière la vitre. Probablement repensait-elle aux derniers échanges qu’ils avaient eu dans le bungalow. Le paléontologue se remémora à son tour la réunion à huis clos qu'ils avaient eu une demie heure plus tôt. L’anglaise avait fait des révélations sur ce qui s’était passé au manoir des Moore. L’attaque de la Chimère, son assasinat raté ainsi que celui de Shivak. Il y avait aussi l’assassinat réussi du père de Shaelynn par son propre amant. Tous ces événements auraient de quoi rendre folle la personne la plus saine d’esprit. Malgré la confiance entre eux qui s’était débité entre ses doigts, Marcos ne pût s’empecher de prendre la jeune femme en pitié.
Ses pensées et son regard glissèrent ensuite sur le ventre de la jeune femme où résidait un petit humain en plein developpement. Le paléontologue fût surprit que malgré l'inconfort de la route et de la conduite d’Hudson, l’anglaise ne laissa pas ressentir de réel inconfort. Ou du moins ne laissait-elle rien paraître. Quel avenir pour cet enfant? Aucun grand parents, et une cellule familiale des plus chaotiques, quasi inexistante. Si tant est qu’ils survivent aux prochains événements…
Le paléontologue posa sa tête contre la vitre, laissant le frais du verre lui apaiser le corps et l’esprit. Il savait qu’il fallait arrondir les angles pour se donner toutes les chances de réussir. Mais Shaelynn n’avait pas joué franc jeu, et elle était loin d’avoir été la seule. Mais devait-elle porter le poids de la suspicion seule pour Emma ou même Cole? Marcos n’avait pas été tendre avec elle et il le savait. Il savait au fond de lui qu’il avait aussi ses torts et que l’anglaise avait pris pour elle, mais pas seulement. Force était de reconnaître qu’il devait au moins s’excuser pour ça.

“Excuse moi pour tout à l’heure.” dit-il finalement à demi-mot en français, afin qu’elle seule interagisse avec lui. Cole n’avait pas besoin de mettre son grain de sel dans leur échange. “Ton père et tout, j’y ai été un peu fort je le reconnais. Celà n’excuse pas tout, mais j’ai eu le luxe d’avoir une enfance normale avec des parents normaux. Pas toi.”

Cole passa un énième nid de poule, mais plus vite que les précédents.

“Cole!” Laissèrent échapper Shaelynn et Marcos de concert. Le paléontologue fût surpris que l'anglaise soit sortie de son mutisme. “Fais un effort bordel!” rajouta le paléontologue en anglais à l’attention du conducteur. Shaelynn croisa son regard et, sans rien dire, acquiesça légèrement d’un hochement de tête.





Spoiler:
Les installations du Jurassic World étaient loin à présent. Bien qu’ils ne soient pas encore dans la partie la plus luxuriante de l'île, il devenait quand même difficile pour le véhicule de se frayer un chemin. Laissé à l’abandon depuis deux ans, deux nouvelles générations de plantes avaient vu le jour depuis que la zone n’était plus entretenue par les équipes du parc. Ce n’était pas une question de moyens financiers ou techniques. InGen, racheté par Masrani, ne manquait ni de l’un ni de l'autre. Il s’agissait d’autres choses. Laisser la nature reprendre ses droits sur l’ancien parc, s’était s'assurer que certains secrets resteraient hors de portée. Saison après saison, la forêt gagnerait du terrain, s'épaississait, et avalerait l’ancien complexe. Avec l’action des racines, de l’érosion provoquée par la pluie ou encore de l’acidité des sols tropicaux, il ne faudrait qu’un demi siècle tout au plus pour que plus rien ne subsiste du rêve de feu John Hammond. Ce dernier avait favorisé l'utilisation de matériaux naturels pour construire ses infrastructures: toits en bois et paillis, mur en ciment, dans une volonté de ne pas imposer le Jurassic Park à la nature, mais de s’y fondre. Mais sans entretien, l’ancien parc ne ferait pas que s’y fondre. Il serait avalé, digéré, et ses composants seraient réappropriés par l’île, à l’image d’un organisme vivant qui croissait au gré des ressources qui étaient à sa disposition. Le cirque de puces, comme il le surnommait, ne serait plus qu’un projet archivé, un dossier papier dans un tiroir à archives.
Le regard perdu vers l’extérieur, le paléontologue en vînt à songer que l’île elle-même, en quelque sorte, était aussi un acteur de toute cette histoire avec le projet T. Elle était la scène où se déroulaient les événements, mais elle jouait aussi un rôle plus important. Ni protagoniste, ni antagoniste, elle était juste une entité impartiale qui, à travers sa faune, sa flore et les caprices de la nature, interagissait avec les hommes et les femmes de cette île, mais sur un temps infiniment plus long, et sur laquelle il n’avait pas le contrôle, bien qu’ils en aient tenté maintes fois.

Il s’en dégageait du paysage qui défilait devant ses yeux un sentiment de déjà vu, avec un aspect de ville fantôme laissé à l’abandon, telle Prypiat. Le spectacle rappela à Marcos qu’il y avait déjà eu des précédents à InGen. Des Hommes, qui s’étaient octroyés le pouvoir de manipuler les forces de la Nature, et qui en avait brutalement perdu le contrôle. Des incidents, comme Fukushima cinq ans plus tôt, qui en quelques instants avaient marqué des territoires entiers au fer rouge pour des décennies. Deux ans plus tôt, ces bâtiments avaient pourtant été habités. Du personnel d’InGen dont Marcos avaient travaillé dans ces locaux, et des visiteurs avaient foulé le sol de ce sentier. Pourtant, il ne restait aujourd’hui que des murs de béton blancs couverts de liserets de verdure. Les vitres étaient pour certaines cassées. Mais il n’y avait pas de vandalisme sur l’île. C’était les éléments qui étaient à l’origine de ces dégradations. Le vent, la pluie et la grêle avaient fait leur œuvre et érodaient à présent tant les installations humaines que la montagne sur laquelle elles étaient implantées. Les rares vitres encore intactes étaient trop obstruées par les plantes grimpantes ou la poussière pour permettre à qui que ce soit de voir si ce que ces ruines contenaient, si elles étaient habitées, et par quoi. Les bas cotés, de gravillons ou de bétons auparavant, laissaient maintenant place à des parterres de graminés. Par endroit, de solides pousses de cycas et de palmiers avaient percé les sols les plus durs, même la terre tassée du chemin que l’équipe empruntait. En deux années, ils n’avaient atteint qu’un mètre tout au plus, mais il suffisait à rendre l’évolution du 4x4 difficile car il ne pouvait rouler dessus, faute d’avoir un pare buffle. Cole les évitait donc du mieux qu’il pouvait. Il écrasait cependant les plus petites pousses que l’on entendait racler contre le bas de caisse.

Le directeur arrêta finalement le véhicule lorsqu’un grand arbre déraciné en travers de la chaussée empêcha de progresser plus. La végétation devenait maintenant trop dense de part et d’autre de la chaussée pour pouvoir le contourner. Ils devraient tous les trois continuer à pied désormais. Marcos descendit du véhicule, prît son sac à dos et fît attention à ne pas claquer la porte trop fort. Nul ne savait si des agents de la Chimère étaient déjà présents sur l’île, et la prudence était de mise. Les ombres cumulées des arbres rendaient l’environnement plus sombre. Il serait donc plus difficile de voir le danger arriver. Celà ne ferait malheureusement que s’accentuer au fur et à mesure qu’ils s'enfonceraient dans la jungle. Ils devaient pourtant invariablement couper à pied par la forêt pour rejoindre la grotte des visiteurs, et donc s’enfoncer dans l’obscurité en espérant trouver au bout du périple le projet T, telle la lumière au bout du tunnel.

Alors que Cole et Shaelynn étaient en train d’échanger en privé, une masse mauve dans cet océan de vert attira l’attention de Marcos. Le paléontologue reconnut alors une magnifique glycine. Que faisait-elle ici? Cette plante originaire d’Amérique du Nord avait probablement été importée. Mais malgré son caractère invasif, Marcos ne pût s'empêcher de trouver une certaine beauté dans ce spectacle de la nature. La plante était accrochée à une structure métallique en forme de “T”. Le paléontologue y vît comme une métaphore personnelle. Lui s'accrochait avec les dents face à l’adversité qui l’accablait, là où la plante s’accrochait de toutes ses branches à son support contre vents et marées. Le support en question était probablement un panneau d’informations. Sans prévenir les autres, le paléontologue se dirigea vers lui. Avec une certaine précaution, et le désir inconscient de ne pas abîmer le végétal qui représentait la seule douceur dans cet enfer chlorophyllien, il dégagea délicatement l’extrémité pointu des branches et des grappes de fleurs, les accrochant sur l’autre extrémité du support d’information. Il frotta la surface couverte de mousses et d’algues microscopiques,  laissant apparaître un écriteau: “Grotte aux fossiles - 500 mètres”. Pour ne pas crier dans la forêt et rester discret, le paléontologue se contenta de montrer la direction aux autres membres de l’équipe. Ces derniers acquièrent d’un signe de la tête. Le français décrocha un peu plus de glycine couvrant le panneau, laissant apparaître deux impacts de balles. Il les effleura du bout des doigts, se remémorant la nuit du 2 au 3 janvier 2013. Ces impacts de balles provenaient très probablement des mercenaires de la Chimère, ou des rangers qui avaient essayé de riposter. Cette beauté végétale s’était donc ironiquement épanouie sur les vestiges d’une terrible tragédie.





Spoiler:
La Chimère allait probablement frapper en force cette fois encore. Et ils étaient trois, quatre si l’on comptait Angel. Lutter ne servirait à rien. Si les hommes qui allaient accoster d’ici trois heures étaient aussi bien équipés que lors de la prise de Nublar deux ans auparavant, ils mettraient pied à terre avec des armes lourdes, et en nombre. Les rangers pourraient bien les retenir quelque temps, mais pas indéfiniment. Le dernier rempart entre eux et le projet T serait leur petit groupe de trois personnes. Comment en était-il arrivé là? Un accident qui avait coûté la vie à son ami et collègue Brandon Colomes. Tout aurait pu s'arrêter là, si le paléontologue n’avait pas décidé de fouiner et de retracer les origines du mosasaure qui les avaient attaqué. Puis les gens l’avaient trahis tour à tour. Shaelynn, Coles, Emma… Il aurait pu s'arrêter là, et reprendre une vie professionnelle et sociale des plus normales. Mais non, il avait joué les bons samaritains, et était retourné en France sauver Shaelynn des griffes de la Chimère, pour lui “rendre la pareille”. Quelle connerie. Il aurait pu s'arrêter là, disparaître de la circulation, se refaire une vie rangée, au calme, à la campagne. Mais lorsque Shaelynn était venu le trouver, il avait rempilé aussi sec. Qu’est-ce que tout cela lui avait apporté? Des ennuis et des morts. A un moment, il fallait savoir s'arrêter.

Il se retourna et jetta un coup d'œil à la voiture qui les avait emmenés. Le paléontologue sentît alors son courage s’ébranler, ses jambes puis tout son corps tressaillir à l’idée de revivre l’attentat qui avait eu lieu ici même, deux ans plus tôt. Il savait ce qui l’attendait lui, et tous les gens présents sur l’île, s'ils restaient. Il se souvenait de l’échappée du T. rex, provoquée par K-C, ce dernier qui avait failli le tuer, la douleur des muscles de son bras droit arrachés. A cette simple pensée, une douleur sourde lui assaillit le biceps droit. Il porta instinctivement sa main gauche sur son bras, là où, sous la manche de son tee-shirt, se cachait une cicatrice qui ne s’effacerait probablement jamais complètement. Il se souvenait aussi des sacs mortuaires, alignés sur le sol sur le quai en attendant d’être montés à bord de la navette afin d’être rapatriés sur le continent. Certains sacs ne faisaient pas la taille d’un Homme normal. Il s’agissait des restes que les dinosaures échappés comme le T. rex n’avaient pas consommés. Des membres arrachés principalement. Après la vision, l’odeur lui revient en mémoire. L’odeur du feu déclenché dans le Jurassic Garden, l’odeur de la chair et des corps qui commençaient à macérer sous la température et l’humidité tropicale dans les sacs en plastiques noir.

Et il se souvenait des choses presque indicibles que les employés s’échangeaient à demi-mots lors de son retour quelques semaines plus tard. Hammond retrouvé mort, le corps méconnaissable, des victimes identifiées grâce aux plombages dentaires dans les selles des dinosaures capturés. Des gens réduits à l’état de viande sans vie, de simples noms dans un tableau Excel de frais à payer aux familles des victimes. Il se souvenait des bureaux vides, qu’il fallait vider et réassigner. Les effets personnels des employés qu’il fallait mettre en boîte et renvoyer aux familles en deuil. Un grigri, une veste restée sur le dossier d’une chaise, un cadre avec un diplôme qui avait permis d’obtenir ce poste, un trousseau de clef, une photo de famille sur un bureau… Pour la centaine de victimes cette nuit-là, le temps s'était brutalement arrêté. Mais pour leurs collègues, leurs amis et leur famille, il avait continué de s’écouler.

Pourquoi se forcer à revivre ça? Il fît un pas hésitant vers le SUV. Il suffisait simplement de monter dans le véhicule et de prendre le volant. Jamais Cole ni Shaelynn n’auraient le temps ou les moyens de le retenir ici. Qui se soucierait de ce que ces deux-là penseraient? Le considérerait-il comme un lâche? Probablement. En un quart d’heure, il serait au quai, en train d‘embarquer dans une des navettes qui relient l’île au Costa Rica. Dans les trois heures qu’il restait, il serait au beau milieu de l’océan Pacifique avec peut-être même la cote en vue. Il serait un lâche, mais un lâche en vie. Cette pensée le motiva à faire un deuxième pas en direction du véhicule. Son cœur battait plus fort et son pouls devenait la seule chose audible à son esprit. Il sentit une goutte de sueur perler sur sa tempe, puis descendre le long de sa carotide pour finir sa course dans le tissu du col de son tee-shirt. Mais ce n'était pas l’humidité ambiante qui en était la cause. Il se cherchait à présent une excuse, un prétexte, pour s’enfuir. Une scuse une pour justifier son geste et partir loin de cet endroit.

“Pourquoi je devrais aller au casse pipe?” se dit-il furieusement en serrant de toutes ses forces ses dents et ses poings. “Je ne les connais pas ces gens! Ni la mère de Shaelynn, ni Shivak! Même Shaelynn et Cole, on peut pas dire que ce sont mes potes! Qu’est-ce que j’en ai à foutre d’eux?”

Il fît un pas vers le véhicule, plus déterminé encore.

“Je leur ai déjà rendu service!” pensa-t-il si fort qu’il crût l’avoir dit à haute voix. “La réunion où tout le monde m’a planté un coup de couteau dans le dos! A Paris! Puis en provence! A chaque fois, ils ne m'attirent que des emmerdes!”

Il fît de nouveau un pas vers la voiture. Elle n’était maintenant qu’à quelques mètres, qu’à quelques pas. Plus il s’en rapprochait, plus il sentait un soulagement, comme un poids qui disparaissait petit à petit, comme un animal qui laissait petit à petit son emprise sur sa proie.

“Et les autres, les visiteurs! Des touristes pétés de thunes qui sont là parce qu’ils l’ont voulu! Ils connaissaient les risques! L’attaque d’y a deux ans est pourtant passée dans la presse du monde entier! N’importe qui de censé n’enverrait pas ses gosses ici! C’est moche, mais je ne vais pas m’occuper de toute la misère du monde. Je ne leur dois rien à ces gens-là.”

Il posa finalement les mains sur la carrosserie de la voiture. Il ne palpait pas seulement le métal, mais son échappatoire de cet enfer. Marcos releva la tête et croisa son regard dans le reflet de la vitre. Il fût alors choqué par le reflet qu’il se renvoyait. Son regard vide et terrifié, les traits de son visage fermé et sa mâchoire crispée. Il ne se souvenait pas, de mémoire, s’être vu dans un tel état. Un état qui faisait peine à voir. Un craquement de branche se fît entendre derrière lui, le ramenant à la réalité. 
S’eut été un soldat de la Chimère qu’il n’aurait pas réagit. Seules ces dernières paroles occupaient son esprit, se répétant en boucle dans sa tête. dernières paroles. “Je ne leur dois rien.”  Était-ce lui qui avait vraiment dit ça? Était-ce simplement le fruit de son imagination? Un moment d’égarement où il s’était mis à se souvenir d’une réplique d’une personne dans un ouvrage ou un film. Il se remémora une nouvelle fois. “Je ne leur dois rien.” C’était sa voix! Comment avait-il pû dire ça? comment en était-il arrivé à dire ça?

“Mais qu’est ce que tu dis mon gars?” murmura le paléontologue à lui-même. Rien ne justifie ce qu’il va leur arriver d’ici quelques heures si on ne fait rien.”.

Marcos se retourna finalement vers les bruissements de la jungle provenant du directeur qui dégageait une porte à quelques dizaines de mètres. Il tomba alors nez à nez avec Shaelynn, l’observant en silence. L’expression de son visage contrastait avec le visage écarlate qui avait succédé à son teint pâle, dans le bungalow. Ses traits laissaient voir une inquiétude, mais pas uniquement la concernant. Il s’en échappait presque un certain maternement, ironique pour le paléontologue qui était plus vieux qu’elle. Le français baissa les yeux, honteux des propos qu’il s’était avoué à lui-même même si elle-même n’en savait rien. Honteux d’avoir voulu les laisser tomber. Allait-elle lui faire une remarque? Allait-elle lui faire une menace déguisée comme ce fût plus tôt le cas dans le bungalow de Cole. Après 24 mois d'enquête, après être arrivé jusqu’ici, le paléontologue avait voulu jouer les renégats, alors que des vies, leur vie ainsi que des millions d’autres étaient en jeu. Et pas seulement les gens vivant aujourd’hui, mais aussi les vies futures, les enfants à naître, comme le petit dans le giron de sa mère en face de lui. Les années de vie de Shaelynn dans sa société espionne, le traumatisme de Cole Hudson, tous les ramenaient à cet endroit et cet instant. Mais par faiblesse, par lâcheté, le paléontologue avait pensé à tourner les talons, à fuir. Mais pour aller où? Si Shaélynn ou Cole lui tombait dessus, ce n’était pas démérité. Tout leur en donnait le droit. Pourtant, l’anglaise n’en fît rien.

“Désolé” réussit-il finalement à laisser échapper avant de déglutir. “Je devais juste travailler sur les fossiles à la base. Et devoir sauver des millions de personnes…”.

Quelques secondes passèrent, qui furent comme une éternité.

“Essayons déjà de nous sauver nous-même pour commencer. On verra pour les autres ensuite” lui dit-elle en esquissant un faible sourire.

Se sauver soi-même. Il était évident que la jeune femme ne parlait pas seulement de sauver leur intégrité physique. Il y avait quelque chose de plus profond dans ses paroles. Pour elle, c’était l’occasion de se libérer des entraves de son passé. Pour Cole, c’était l’occasion de guérir son esprit. Le traumatisme qu’il avait subi cette nuit-là l’avait marqué au fer rouge. C’était un point sur lequel les deux hommes se rejoignaient. Pour Marcos, se sauver lui-même revenait à faire son deuil. Non pas des personnes, mais des événements qui avaient eu lieu. Il n’avait pas pu sauver Brandon et jamais il n’aurait pu. Il n’avait pas pu empêcher le massacre des centaines de personnes lors de l’attaque de Nublar et jamais il n’aurait pû. Il devait accepter celà, afin d’aller de l’avant. Mais il n’y avait qu’en mettant fin à cette histoire qu’il aurait la possibilité de se reconstruire. Il n’était plus question de vouloir réécrire ou oublier le passé, simplement de l‘accepter comme il était. Il sentait que la peur était toujours présente en lui, mais il l’avait accepté. C’était ce qui différenciait la témérité du courage. Être courageux, c’était avoir peur, mais aller quand même face à l’adversité. La témérité, elle, n’aurait menée qu’au tombeau.

C’est pas une mauvaise idéerépondit-il finalement en lui rendant son sourire, tout aussi peu serein que le sien. Il posa sa main sur son épaule en réalisant un bref hochement de la tête. “Allez, allons-y.”

Marcos regarda une dernière fois le SUV.

“De toute façon, c’est Cole qui a les clefs” pensa t-il intérieurement.

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Shaélynn Moore
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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Contrariétés   Tirer un trait sur le passé - Contrariétés EmptySam 26 Aoû 2023 - 13:47

Le temps resta suspendu un instant. L’assurance désespérée dont Shaélynn venait de faire preuve s'étiolait déjà. Ainsi que celle de Cole qui semblait encore en train de digérer ce qu’elle venait de lui dire. Elle savait cependant que sa version n’était pas en complète déconnexion avec celle de Shivak. L’ancien journaliste l’avait seulement arrangé à sa sauce en retirant les passages dont il savait qu’ils ne passeraient pas auprès de Cole. Le poids sur ses poumons lui indiqua qu’elle avait cessé de respirer depuis un temps plus que raisonnable et la jeune femme s’empressa de détourner le regard et se mordit les lèvres.

- Shaé, je… Je suis désolé pour ton père.

Un soupir profond lui échappa, relâchant la tension accumulée jusqu’ici tandis que Cole s’emparait de son portable. De son côté, Marcos avait lui aussi détourné le regard et semblait pensif. Qu’allaient-ils faire maintenant ? Sûrement cesser de remuer le passé pour se tourner vers la situation qui les avait conduit ici. Au moins, tout le monde avait les cartes en mains désormais. Toute l’histoire avec Shivak n’avait cependant pas été complètement éclaircie et il était probable que Cole n’ait pas tout dit sur les échanges qu’ils avaient eu.

Les bras croisés, Shaélynn se dandinait d’un pied sur l’autre au rythme de sa respiration qu’elle essayait de calmer. L’immobilité et le silence ne lui réussissait pas. Se forcer à coordonner le mouvement répétitif de son corps et sa respiration l’apaisait et l’empêchait de penser au temps qui défilait. Une tension familière s’emparait de ses jambes, il fallait qu’elle bouge, qu’elle sorte de ce bungalow. Silencieusement, elle espérait que Angel revienne bientôt, qu’un miracle se produise et que Cole les autorise à partir.

- Qu’est ce que…

La voix surprise de Cole l’arracha à ses rêves de fuite. Outre la surprise, c'était surtout l’incompréhension qui se lisait sur le visage du gérant, effaré. Inquiète, Shaélynn se rapprocha de lui, sans décroiser les bras, et l’interrogea d’une voix vacillante :  

- Cole ?

Pour toute réponse, l’ancien guide lui présenta son téléphone et termina sa question tandis que Shaélynn découvrait l’image qui s’affichait à l’écran.

- Est-ce que c’est… Shivak ?

Qui d’autre ? C’était Marcos lui-même qui l’avait affublé du surnom de “pingouin” lors de l’expédition de classifications sur Isla Sorna. Le sobriquet s’était répandu comme une traînée de poudre à travers les services et avait atteint son pic de popularité quand Shivak avait été nommé à la tête du parc.

Shivak était vivant.

Et en route pour le parc avec Chris Nedry. Etait-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Leurs routes seraient de toutes manières amenées à se croiser de nouveau. Le cerveau de Shaélynn se mit à brasser d’un coup toutes les implications de cette collaboration, lui donnant le tourni. Malgré la complexité de la situation, elle avait les yeux rivés sur l’image et ne parvenait cependant pas à s’en détourner. Tant mieux, car un sourire tentait de percer sur son visage et elle se mordit les lèvres pour le réprimer. L’apparition surprise du QR code puis du timer le fît disparaître pour de bon.


- - - - - - - -


La découverte du timer s’était déroulée dans la panique et la précipitation. Marcos et Shaé auraient préféré se jeter dans la voiture immédiatement mais Cole avait dû se changer. Question de praticité bien sûr mais également de survie. Si, la Chimère débarquait sur le parc dans les quatre heures qui suivaient, il fallait probablement mieux être en pantalon cargo qu’en costume et chemise. Shaélynn regrettait déjà un peu son jean et même sa chemise à ce stade. Le jean avait beau être dans une matière technique, elle aurait tout de même préféré autre chose si elle devait se battre. Au pire, elle couperait ce qui la gênait.

Le paysage sous ses yeux défilaient mais la jeune femme ne s’en préoccupait pas. Elle avait pourtant passé de nombreuses heures dans ces allées avec son équipe. Elle avait même dessiné certains des parterres dont elle reconnaissait à peine les contours tant ils étaient devenus diffus. Parfois, elle reconnaissait une touche de couleur caractéristique, qui n’aurait pu se trouver qu’à tel ou tel endroit. A quoi bon ? Brasser les souvenirs de l’endroit qui lui avait le plus arraché au monde n’était pas ce qu’elle souhaitait.  

Après avoir traversé un peu toutes les émotions, en moins de deux heures, Shaélynn était maintenant calme. Relativement calme. Ils étaient en direction de la grotte des fossiles et Angel arrivait avec leurs armes. C’était tout ce qui comptait, non ? Le détour par le bungalow leur avait fait perdre un temps qu’ils n’imaginaient à ce moment pas aussi précieux que cela. À partir de maintenant, chaque seconde valait de l’or et des vies humaines.

Même l’optique de retrouver Shivak ne lui provoquait plus qu’une faible vague d’angoisse. La conversation avec Cole avait au moins eu le mérite de la rassurer sur ce point : malgré l'Angleterre, ils jouaient toujours dans la même équipe. Ils avaient appris lors de leurs derniers jours ensemble à mettre leurs différences de côté pour travailler de concert et s'ils n'étaient pas exactement les meilleurs dans la catégorie, Shaé savait qu'ils pouvaient encore y parvenir s’il l’acceptait. Pour sa part, elle se savait capable de passer outre pour arriver à ses fins.

À voix basse, Marcos prit la parole l’arrachant soudainement à ses pensées :

- Excuses-moi pour tout à l’heure. Ton père et tout, j’y ai été un peu fort je le reconnais. Cela n’excuse pas tout, mais j’ai eu le luxe d’avoir une enfance normale avec des parents normaux. Pas toi.

Marcos semblait lui aussi prêt à faire abstraction d'un certain nombre de problèmes. Les débats dans le bungalow n'avaient finalement pas été une totale perte de temps.

Une enfance normale…. Avant la mort de son père, Shaelynn avait pourtant eu l'impression de vivre une enfance plutôt classique. Leur mode de vie, avec leur personnel et leurs hectares de terrain, n'était pas complètement déconnecté de ceux de ses camarades de lycée. Elle n'avait certes jamais connu sa mère mais grâce à Lucie, elle n'avait jamais manqué d'affection.

Quant à son père… Même si elle était probablement loin d’avoir tout découvert de lui, elle avait eu… Elle avait toujours un profond respect pour lui et la colère qu’elle avait autrefois éprouvée à son égard en pensant qu’il l’avait abandonnée s’était dissipé il y a bien longtemps. Il fallait cependant voir la vérité en face. Jamais elle ne se serait engagée chez Biosyn, si elle avait su dès le premier jour que Jonathan avait été assassiné. Jamais avant cet événement, elle n’aurait pu envisager de décevoir son père, vivant ou mort.

Aujourd’hui encore, Shaé devait cependant vivre avec les conséquences de cette colère. Marcos avait peut-être raison sur ce point, peut-être n’avait-elle pas eu une enfance normale. Grâce à Jonathan cependant, elle n’en avait jamais souffert. Avant qu’elle n’ait pu trouver les mots pour répondre, une violente secousse anima la voiture.

- Cole !

Le gérant conduisait en téléphonant et il fallait dire ce qui était : il était pris par la panique et conduisait comme un pied.

- Fais un effort bordel !

Après cet avertissement au conducteur, Marcos tourna de nouveau la tête vers elle. La gorge un peu serrée par l’émotion, la jeune femme se contenta d’adresser un hochement de tête reconnaissant à son ancien collègue. Il était évident que le français ne pourrait jamais lui pardonner ni comprendre ses décisions. Ils étaient bien trop différents moralement pour cela mais Shaé était tout de même touchée par ce pas qu’il faisait vers elle.

La tête appuyée contre la vitre, Shaé écoutait du mieux qu’elle pouvait la conversation entre Cole et Angel et il était évident que le gérant du parc n’en menait pas large. La ranger n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds et les changements de plan à la dernière minute semblaient mettre ses nerfs à rude épreuve. Du moins, à en juger par les cris qui s’échappaient du téléphone et les excuses que son interlocuteur essayait de placer à chaque phrase.

Quelques minutes passèrent encore avant que la voiture ne doive s’arrêter. Le chemin était désormais impraticable dû à la végétation. Les alentours reflétait bien l’évolution de sa situation : autrefois impeccablement entretenu et organisé mais devenu un chaos total. Son existence et cet endroit avaient un point commun : Il avait été une perte de temps et d’argent.

Fond sonore :

Résignée, Shaélynn jeta son sac à dos sur son épaule et sortit prestement de la voiture d’un geste souple. Un tiraillement dans le bas du ventre la rappela cependant à l’ordre et elle fit la grimace. Elle pouvait continuer à se répéter qu’elle n’avait pas de symptômes particuliers, ce n’était qu’un autre mensonge parmi les nombreux qu’elle se racontait. Son soudain dégoût pour le café, pour le parfum de lavande de l’hôtesse de l’air, sa fatigue ou même ces crampes passagères racontaient une autre histoire. Elle les avait senti tous les jours en fin de journée depuis son départ de l’Angleterre mais tout son corps était courbaturé à ce moment-là et elles étaient passées inaperçues.

Plus les douleurs dûes aux coups de Pearce s’estompaient et plus Shaélynn les ressentait distinctement. Elle avait d’abord pensé qu’il s’agissait d’un début de fausse couche mais une rapide recherche lui avait plutôt indiqué que ces symptomes étaient communs et dûs aux changements musculaires qui s’opéraient dans son corps. La jeune femme avait immédiatement regretté d’avoir cherché la réponse et s’était empressée de refermer l’onglet sur son téléphone. Depuis, elle avait décidé de les ignorer. Que pouvait-elle faire d’autre ? Peu importe la façon dont elle retournait la situation dans sa tête, elle ne pouvait faire aucun plan, projet avant d’avoir réglé le désordre qu’elle avait provoqué. Il y avait trop d'éléments à éclaircir, trop de mystères en suspens et à part la plonger dans une profonde angoisse, elle ne tirait rien à se torturer l’esprit avec cette question.

Quant aux douleurs en elle-même, Shaélynn était perplexe. Était-ce tout ce remue-ménage qui les faisait se manifester si tôt dans la journée ? Elle ne voulait pas vraiment le savoir mais au vu de la tournure des évènements, elle devrait faire avec.

La britannique se rapprocha donc des deux hommes tandis que Cole prenait la parole en analysant la terre.

- Depuis la construction du Jurassic World, l’ancien centre des visiteurs a été complètement abandonné et dépouillé. La terre n’est pas tout à fait la même ici, si on suit cette direction on devrait tomber dessus. De là-bas, je pourrais vous conduire à la grotte des fossiles.

C’était étrange et presque amusant de voir que chacun avait sa propre méthode pour se situer sur le parc que deux ans et demi avait suffit à métamorphoser. Pour sa part, la présence des glycines au niveau des panneaux d’information, que Marcos était d’ailleurs en train de dégager, car elles l’avaient engloutis sous leurs grappes mauves, auraient suffi à la diriger. Aux variétés africaines qui n’étaient pas grimpantes ou aux japonaises plus courantes, les paléobotanistes avaient opté pour des Wisteria Frutescens originaire d'Amérique et à l’aspect un peu original et tropical. Enfin, à l’idée que se faisaient les touristes des plantes tropicales.

- Je ne reconnais plus rien… S’il y a déjà un bâtiment c’est qu’on est encore plus proche qu’on le pensait ou que je me suis trompé de route… Je ne suis pas sûr… , marmonnait-il.

Shaélynn eut un soupir amusé. La plupart des panneaux avaient été démontés et cachés par la végétation.        

- On est au Jurassic Village. Enfin techniquement, derrière le Jurassic Village. Tu ne reconnais vraiment rien ? Elle hésita une seconde. Elle n’était pas sûre de pouvoir se le permettre… ? Elle ne put cependant résister à l’envie d’ajouter une petite pique. Je sais que ce n’est pas l’endroit que tu fréquentais le plus mais…

Cole lui adressa un regard suspicieux avant de reporter son regard sur les alentours, cherchant visiblement à voir ce qu’elle voyait dans ces enchevêtrements de lianes puis soudain le déclic.

- C’est le QG des guides… Champion. Son air dépité lui indiqué qu’il avait enfin saisi l’ironie de la situation. Une lueur amusée passa dans son regard mais il se recentra bien vite. Si on arrive à entrer, on pourra couper à travers le bâtiment et gagner pas mal de temps. Je pense que la place doit être plus dégagée, on devrait pouvoir rejoindre la grotte beaucoup plus facilement.
- Ça peut-être une idée.

D’un pas décidé et avant que Shaélynn n’ait pu ajouter autre chose, Cole partit vers le bâtiment à la recherche d’une entrée.  Elle s’apprêtait à aller lui prêter main forte mais eut le réflexe d’observer les alentours. Avant de tourner le dos à la jungle et de plonger la tête et les mains dans la végétation, question de sécurité. La britannique vit Marcos déambuler les mains sur les hanches, les yeux fixés sur le sol et sur le coup elle pensa qu’il avait repéré quelque chose. Comme il ne semblait cependant pas décidé à partager ses réflexions, elle entreprit donc de se rapprocher de Cole qui était déjà absorbé tout entier par son opération débroussaillage.

Traverser le QG des guides leur permettrait en effet de contourner à la fois le café, le Jurassic Snack, l’infirmerie, mais aussi le QG des vidéos documentalistes et enfin, le bâtiment qui abritait les toilettes. À choisir le QG des guides n’était pas le choix le plus mauvais pour traverser.

Le café et le restaurant étaient en effet isolés du chemin de service par des murs en béton qui formaient une cour où ils réceptionnaient les commandes et stockaient notamment les poubelles. Ce qui n’en faisait pas une bonne option car il aurait également fallu escalader. En dernière position arrivaient les toilettes et le QG des vidéo documentalistes. Shaé n’osait pas imaginer l’odeur qui devait régner dans le premier lieu. Quant au QG des journalistes, il était le plus éloigné de l’endroit où ils étaient et celui qu’elle connaissait le moins pour l’avoir fui comme la peste pendant la majorité de son séjour ici.

Shaélynn jeta un nouveau regard vers l’arrière et elle vit que Marcos continuait sa déambulation lente. La jeune femme leva un sourcil intrigué car après l’empressement dont il avait fait preuve jusqu’ici pour rejoindre au plus vite la grotte des fossiles, il lui paraissait un peu surprenant qu’il reste aussi oisif. Il porta soudain sa main à son bras comme s’il venait de prendre un coup et Shaélynn ne put s’empêcher de faire un pas vers lui avant de se raviser. Outre la balle qu’il avait reçue à Paris, le jeune homme lui avait aussi indiqué souffrir de vieilles séquelles dûes à une blessure infligée par le T-Rex durant les attentats.

La britannique aurait pu retourner s’occuper de ses affaires mais l’air hagard du paléontologue l’interpella. La jeune femme piétina d’abord un peu sur elle-même, un peu incertaine sur la conduite à adopter.

- Cole ?

Un “Hum ?” essoufflé lui arriva du côté gauche. L’espace d’une seconde, Shaé ouvrit la bouche pour demander conseil à Cole. En même temps… Qu’est-ce que l’ancien guide pourrait faire de plus qu’elle ? Que comptait-elle lui demander ? Dis, je crois que Marcos est en train de péter un boulon, tu peux le tenir pendant que je l’assomme ?

Un râle étouffé parvient du côté de Marcos et elle se décida enfin à aller vérifier.

- Non, rien. Je vais voir Marcos.

Le temps qu’elle arrive, Marcos se tenait maintenant devant la voiture et il ne semblait pas avoir vu la jeune femme s’approcher.

- Je ne leur dois rien à ces gens-là.

La phrase avait été prononcé en marmonnant en français et sur le coup Shaé n’était pas sûre de ce qu’elle avait entendu. Elle se stoppa cependant net, là où elle était, à quelques mètres de Marcos. Nerveusement, elle cherchait quoi lui dire car il était clair que quelque chose n’allait pas. Son attitude exprimait son désarroi voire sa panique lorsqu’il se pencha au-dessus du capot, la tête baissée et les mains plaquées fermement sur le métal. La jeune femme poussa un soupir et se rapprocha calmement de lui. Elle n’était plus qu’à quelques mètres de lui lorsqu’une branche craqua son pied. Marcos était cependant trop perdu dans ses marmonnements pour l’entendre.

- Mais qu’est ce que tu dis mon gars?

La suite n’était pas audible. C’était bien sûr dû au fait que le paléontologue se parlait surtout à lui-même mais aussi au bruit que faisait Cole pour dégager la porte. Enfin vu le bordel qu’il faisait, il avait l’air de s’en donner à coeur joie. En comprenant que Marcos allait se retourner et lui faire face, Shaélynn afficha un visage impassible mais un brin rougi par le stress, un peu d’agacement, qu’elle ressentait et la chaleur environnante. L’expression sur le visage du paléontologue et la surprise qu’elle causa à la jeune femme la calmèrent immédiatement.

Ce n’était pas de la lâcheté ou de la contrariété, qui se peignait sur les traits déformés du français. Pas plus qu’il ne s'agissait de peur ou de folie. C’était l’angoisse, justifiée dans son cas, de se retrouver de nouveau confronté à un traumatisme passé. Et la honte de ne pas être capable de la surmonter. Il y avait aussi une certaine stupeur dans son regard qui indiquait qu’il n’était visiblement pas dans ses habitudes de se laisser terrasser ainsi par une crise d'angoisse.

Un élément dans les environs avait probablement dû faire ressortir des souvenirs difficiles et Shaélynn ne pût s’empêcher de lui adresser un regard sincèrement compatissant et inquiet. Leur plan était clairement une tentative désespérée de sauver la situation. La britannique était cependant également en train de réaliser qu’il y avait une énorme part d’inconscience et de mépris total pour leur état de santé respectif, qu’il soit physique ou mental. Marcos ignorait son épaule blessée et son manque de condition physique, Cole tentait de cacher les séquelles de son accident et les raisons réelles de son départ du parc tandis que Shaélynn fonctionnait comme elle l’avait toujours fait. En mode pilote automatique. En attendant de pouvoir lécher ses plaies dans son coin.

- Désolé… Il ajouta après une inspiration qui semblait douloureuse.Je devais juste travailler sur les fossiles à la base. Et devoir sauver des millions de personnes…

Shaé eut le souvenir d’avoir tenu un discours similaire à Noah avant son départ pour le parc. Quelques semaines peut-être quelques mois avant le début de sa mission. La pression était immense sur ses épaules et elle ne cessait de faire des erreurs. Arthur Lewis passait ses journées à lui dire de se concentrer, de faire le vide dans sa tête. Son cerveau ne cessait cependant de se demander si elle avait pris la bonne décision.

Est-ce que ça en vaut la peine ? La fierté et l’envie de liberté mise à part, est-ce que la tâche à laquelle elle avait pourtant dédié six ans de sa vie méritait tous les sacrifices qu’elle impliquait ? Aujourd’hui et en ayant connaissance du prix qu’il avait déjà fallu payer et des personnes qu’il avait fallu perdre, Shaélynn savait que la réponse était non.

À l’époque, la jeune femme avait accepté de servir d’espionne à Biosyn en échange du paiement de ses études. Scanner des documents, transférer des mails, assurer une surveillance. C’est tout. Se venger de John Hammond n’avait pas pesé dans la balance car ce n’était pas son objectif. Tout ce qu’elle avait fini par faire, tromper, tuer, mentir, détruire, avait été le résultat d’un long lavage de cerveau. Shaélynn devait juste servir de moucharde.

Six ans plus tard, et après avoir tout fait pour devenir l’agent qui infiltrait le parc, elle se retrouvait responsable de la réussite de la mission et donc responsable du futur d’une dizaine de jeunes gens talentueux. Elle se sentait le devoir de réussir pour leur assurer un futur chez Biosyn. Et un futur tout court car elle n’était pas sûr de ce qui était prévu pour eux s’ils échouaient.

Qu’avait répondu Noah à ses frayeurs de dernière minute ? Les mots traversèrent ses lèvres avec autant d’assurance que s’ils avaient été les siens.

- Essayons déjà de nous sauver nous-même pour commencer. On verra pour les autres ensuite.

Shaélynn se força à afficher un sourire qu’elle souhaitait apaisant et encourageant. Ce n'était pas le moment d'aborder le sujet mais avant qu'il ne soit trop tard, elle proposerait à Marcos de faire demi-tour. Quoi qui les attendent, le paléontologue n'était pas prêt. Ni physiquement ni psychologiquement. Elle n'était peut-être pas dans un meilleur état mais elle avait déjà dû affronter des situations similaires. Elle l'avait déjà fait et elle le referait tant que ce serait nécessaire. Car inconsciemment, tout se mettait en place dans sa tête, dans son corps. Son cerveau faisait le vide mettant de côté tout ce qui ne contribuait pas à sa survie et elle agissait mécaniquement.

Un bruit de verre brisé attira leur attention. Cole avait à priori abandonné l’idée de débarrasser la porte et avait préféré escalader. Shaélynn s'était retournée juste à temps pour le voir disparaître à travers le cadre de fenêtre aux vitres brisées. L’idée de grimper à son tour lui traversa l’esprit mais elle n’était pas sûre que sa jambe parviendrait à se prêter à cet exercice. La jeune femme ne boitait plus mais la plaie continuait de la lancer régulièrement notamment lorsqu’elle la solicitait trop. La britannique ne savait pas ce qui les attendait et elle préférait se ménager pour le moment.

Quant à Marcos… Ils échangèrent un regard puis secouèrent négativement la tête. Shaélynn poussa un soupir.

- Je crois qu’on est bon pour attendre qu’Indiana Coles revienne alors…

Les deux anciens collègues restèrent quelques instants en silence à attendre près de la porte. La tête penchée vers le métal pour essayer de capter un son ou même un appel à l’aide. Dans un premier temps, elle n’entendit rien d’autre que les bruits de la jungle aux alentours. Oiseaux, dinosaures, vent dans les feuilles mais rien qui ne venait de derrière la porte. Et puis il lui sembla entendre des pas suivis d’un silence. Cela ne dura que quelques secondes avant que des grincements métalliques ne se diffusent sur la surface de la porte. Prudemment, l’ancienne espionne posa sa main sur la porte, sentant sous sa paume les secousses et surtout les accoups qui l’agitaient.

- Il est en train de la débloquer.

Quelques instants de plus furent nécessaire avant que la porte ne s’ouvre enfin sur un Cole visiblement essoufflé et en sueur à en juger par les traces plus foncées qui parsemaient maintenant son t-shirt beige. Shaélynn n’aurait pas su dire qui de Cole ou la porte avait vraiment dégagé l’autre. Elle hésita à faire une remarque mais elle ne parvient pas à choisir entre lui reprocher son manque de prudence, de discrétion ou d’esprit d’équipe à s’être barré tout seul. Cela aurait été un juste retour des choses vu les propos qu’il lui avait tenu dans le bungalow.

Elle se contenta de lever les yeux au ciel histoire de marquer le coup et de leur lancer :

- Allez, on y va et on croise les doigts pour que ça soit sans arrêt jusqu’à la grotte des fossiles cette fois.

À l’intérieur, l’humidité avait commencé à faire cloquer les peintures et pourrir le mobilier du QG. Personnellement, l’ambiance saturée en eau de la jungle ne l’incommodait pas. L’habitude de travailler dans des serres tropicales avait cet avantage. L’odeur de moisissure lui piquait un peu les narines mais rien d'insupportable. De toute façon, elle n’allait pas imiter Cole et se coller le pli de sa chemise sous le nez. Les trois aventuriers du jour progressaient donc en silence dans le bâtiment. C’était une promenade de santé car seul un couloir les séparait de l'entrée et de là, il suffisait de traverser le hall où s’était autrefois trouvé le pôle orientation des visiteurs et le départ des visites.

Le gérant du parc avait peut-être manqué de prudence, de discrétion et d’esprit d’équipe, il est vrai. Il était aussi en train de leur éviter une longue marche à travers la jungle et en quelques minutes à peine, ils étaient sur la place centrale du Jurassic Village. Quelques minutes seulement mais ils poussèrent tous un soupir soulagé de retrouver un air un peu moins pourri. De plus, la place était vide, calme et dégagée.

Aucune végétation importante n’occupait le lieu, ce qui leur donnait enfin l’impression de respirer. Les deux hommes faisaient quelques pas autour de l’endroit observant un peu les environs. Elle ne savait pas si c’était le cas pour Marcos, mais c’était un endroit que Cole avait souvent fréquenté. Shaelynn dut se faire violence pour ne pas les imiter. Elle se contenta d’avancer à pas lents vers la sortie de la place.

Elle vit Cole tourner autour de l’infirmerie avec Marcos puis vérifier son téléphone. Il n’aurait pas été idiot de visiter l’endroit pour essayer de trouver des bandages mais tout avait à coup sûr été vidé. La place avait des allures presque fantomatiques aujourd’hui. Shaélynn n’avait jamais vu ces lieux aussi vides. Même lorsque le parc n’était pas ouvert au public et que les employés étaient les seuls à circuler dans le village, il était animé de jour comme de nuit. En ajoutant les visiteurs, il avait eu des airs de vraie fourmilière. Aujourd’hui, ils n’étaient plus que trois à errer dans ces lieux autrefois familiers.

Beaucoup de souvenirs s’étaient joués ici. Le début de sa rivalité avec Shivak et leur entrevue dans son bureau au QG des vidéo documentalistes. Et le baiser qui n’avait cessé de semer le trouble depuis. De là où elle était, elle apercevait aussi la terrasse de L’espace-Temps, le restaurant chic du parc, où Shivak avait surgi pour perturber la réunion avec les avocats. C’était sur cette terrasse qu’il avait montré de quoi il était réellement capable, c’était là qu’elle avait vraiment rencontré Cole et c’était aussi l’endroit où elle avait vu Cameron pour la dernière fois. Shaélynn détourna son regard, désormais humide, des bâtiments. Mieux valait ne pas s’approcher de trop de ces lieux et de la charge émotionnelle qu’ils portaient malgré eux.

Cole et Marcos étaient en train de revenir vers elle et le centre de la place. Personne ne parlaient mais ils étaient clairs que se trouver ici n’était un événement neutre pour aucun d’entre eux. Ils continuèrent leur progression sans prononcer un mot. Seul le crissement  de leur pas sur le gravier tranchaient le silence tandis qu’ils suivaient l’allée qui menait à la grotte des fossiles. Cette fois-ci, la route était beaucoup plus dégagée et ils arrivèrent rapidement à une arche qui imitait les montants de la célèbre porte du parc, qui marquaient l’entrée de l'attraction.

L’allée de gravier bifurquait après l’arche et au bout se trouvait enfin la fameuse grotte des fossiles. De son temps sur le parc, Shaélynn n’avait jamais foutu les pieds ici. L’attraction était un mix entre une vague promesse d’exploration d’une vraie fausse grotte volcanique et d’un attrappe-couillon à destination des enfants. Sur la gauche de l’entrée d’une grotte volcanique réelle et de ses alentours rocheux, ils avaient collé des plateformes d’exploration en bois et des jeux pour enfants dont l’accès se faisait par une rampe en bois avec des gardes corps en corde. Et un stand de souvenirs bien entendu parce qu’il aurait quand même été dommage que John Hammond soit le seul à dépenser sans compter.

À cette pensée, Shaélynn eut un hoquet étouffé et s’empressa de regarder ses pieds le temps que le rire nerveux qui menaçait de la gagner s’apaise. Le souvenir de John Hammond allongé sous la pluie lui passa tout de suite l’envie de rire et lui coupa la respiration. Elle n’eut cependant pas le temps de s'appesantir sur ces souvenirs douloureux puisque le grondement d’un moteur se fit entendre au loin. Comme un seul homme, ils relevèrent tous les trois la tête. Avisant le stand de souvenir, l’ancienne paléobotaniste leur lança :

- Cole, Marcos, par ici !

Elle se précipita jusqu’à la baraque en bois et s'accroupit en vitesse derrière l’espèce de comptoir en bois. Les deux hommes eurent juste le temps de se jeter à terre dans un murmure de craquement de genoux et de gémissements quand la voiture passa les poteaux en trombe. Un pincement à la jambe lui arracha elle-même une grimace.

Shaélynn avait une bonne vision de la route et elle put donc observer le véhicule déraper avec grâce sur le chemin. Avant de piler brutalement pour s’arrêter devant l’entrée, propulsant du gravier aux alentours. Elle ne connaissait pas assez les véhicules du parc mais il lui semblait reconnaître celui de Angel. Elle attendit cependant que le conducteur ou en l'occurrence la conductrice ne sorte de la voiture avant de confirmer.

- C’est Angel.

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Angel Harlowe

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Contrariétés   Tirer un trait sur le passé - Contrariétés EmptyLun 16 Oct 2023 - 1:32

« Angel… Est-ce que tu peux aller chercher leurs affaires s’il te plaît ? »

Malgré le regard compréhensif que Cole lançait à la jeune femme, ses mots étaient comme un sifflement pénible à ses oreilles. Il était en train d’accéder à quasiment toutes leurs requêtes, tous leurs caprices irrationnels de pré-pubères boutonneux… même celles discutées une dizaine de jour auparavant et qui avaient permis aux deux antagonistes de pénétrer sur l’ile sous la « bénédiction » de la seconde des rangers… La jeune femme voyait rouge, avait vraiment du mal à se contenir et à ne pas passer ses nerfs sur le gérant. Angel avait l’impression d’avoir été abusée pour permettre la bonne tenue des évènements en cours mais soit ! Il voulait la jouer comme ça ! Voyons où ça allait nous mener mais qu’il en soit prêt à assumer les conséquences aussi funestes qu’elles pourraient être.

Résignée, la jeune brune se leva en poussant un soufflement de désapprobation marquée pour leur faire comprendre que ça lui coûtait d’accéder à ce service, tout en empoignant dans le même temps son fusil à impulsion électromagnétiques et le sac confisqué de la jeune espionne. Le gérant l’accompagnait jusqu’au seuil de l’habitation, lui ouvrant la porte tel un gentleman puis, la refermant directement derrière leur passage… Tout en laissant par la même occasion les deux « clients » libre de pouvoir comploter dans leur dos. Cette situation n’enchantait guère Angel mais elle ne dit mot. Elle n’en pensait pas moins pour autant et son regard à lui seul suffisait à en témoigner.

« Fais-moi confiance… Promis : tu pourras me hurler dessus plus tard et me dire “j’avais raison”. Ok ? Je vais essayer d’en savoir plus sur leur plan et on avisera par la suite ? » Le gérant baissa légèrement la voix, probablement pour être discret au vu de l’épaisseur des murs des bungalows qui pouvaient laisser fuiter leur discussion « S’ils veulent une voiture c’est que le projet T doit être vers l’ancien parc, tu ne penses pas ? L’attaque de K-C était beaucoup trop ciblée pour que cela soit un hasard et Hammond n’a pas choisi cet emplacement au hasard non plus, je ne vois que ça… »

Confiance… toujours faire confiance… le New Yorkais avait bien entamé le stock de la jeune femme si bien que ce mot n’aurait bientôt plus aucune valeur marchande s’il continuait à trop la solliciter. La confiance aveugle est une chose, mais la patience de la jeune femme qui l’accompagnée avait été sérieusement rongée, si bien qu’un sentiment d’agacement se faisait légèrement ressentir au plus profond de son être.  Elle déposa le fusil et le sac dans le coffre. Elle contourna son véhicule, ouvrit la portière, une main sur le toit prête à monter dans le véhicule quand elle se stoppa quelques secondes, avant de râler intérieurement. Après tout elle ne pouvait lui en vouloir à lui, de quasiment tout céder à son ex, elle s’en doutait au plus profond d’elle-même que cela risquait d’arriver. Il fallait juste limiter la casse et entretenir un filet pour éviter que la chute du gérant ne soit trop brutale. Tout ça allait surement très mal terminer… Hammond et son parc plein de monstres préhistoriques… le projet T… cette nuée d’espions, de terroristes… tout ça allait très mal tourner ! Et si cela devait arriver, des têtes tomberaient ! Celle de Cole, probablement Claire et Masrani mais aussi celle de son incapable de patron ce cher Hopskin ! Sans oublier Angel, celle qui donnait des ordres, celle qui avait mis au point la sécurité après les attentats et celle qui avait permis la venue de terroristes, d’espions sur une île de 20 000 âmes. Priscilla pourrait, elle, échapper à tout ce bourbier judiciaire et politique. Après tout, ce n’est qu’une assistante… Mais, tout ça pouvait arriver simplement parce qu’une personne avait décidé de faire confiance… Elle espérait tellement se tromper, qu’on lui dise qu’elle s’inquiétait pour rien.

Résignée, Angel répondit de façon lasse au gérant pour lui faire part de son opinion.

« S'ils réclament une voiture c'est qu'ils ont une petite idée d'où ils pourraient le retrouver. Je pense qu'ils se mettent eux ainsi que nous tous en danger à vouloir se la jouer en solitaire. Mais sérieusement Cole, ça n'est vraiment pas une bonne idée de leur donner des armes et il est hors de question qu'ils se déplacent avec mon véhicule ! Je m'en procurerais un autre, mais tu m'en devras une bonne après ! »

« Il n’était pas non plus question de leur donner ton véhicule. T'en fais pas pour ça va ! » dit-il d’un air plein de légèreté « Je ne te retiens pas plus, file. On se tient au courant. À tout à l’heure ! »

Un signe de la tête et la jeune brune claqua la portière avant de partir à fond de train sans perdre une seconde de plus.

La ranger savait qu’il fallait faire vite. Ses nouveaux clients étaient pressés et cela n’annonçait rien de bon. Roulant à toute allure dans les chemins menant au parc, elle emprunta aussi vite que possible le dédale de routes auxiliaires qui permettait au personnel de se mouvoir sur le parc en évitant le flot ininterrompu de touristes.
Depuis la réouverture du parc, la jeune femme avait souvent eu l’occasion de parcourir ses chemins et en connaissait tous les secrets et raccourcit. C’est son rôle après tout de savoir emprunter le meilleur parcours, le plus rapidement, et d’être toujours la première sur place ! Il en allait de la sécurité du parc  et de tous ses occupants !

Voilà maintenant dix bonnes minutes qu’elle roulait à tombaux ouverts, l’arrière des hôtels du parc commençait à se faire voir par-dessus les palissades de béton. Elle opéra un brusque freinage et le véhicule se stoppa net ! La portière s’ouvrit brutalement, laissant s’échapper son occupante avant de venir se refermer tout aussi promptement dans un sourd claquement métallique.

Dans le coffre, elle ramassa le fusil et le sac qu’elle avait confisqué à Mademoiselle Moore. Le sac bien calé dans son dos et le fusil en bandoulière le long de sa poitrine, elle partit d’un pas décidé.  Angel passa la grande porte qui séparait l’espace employé du restant du parc.

Plusieurs grands hôtels de plusieurs milliers de clients se dressaient fièrement devant elle. De grandes et majestueuses bâtisses d’une quinzaine d’étages, ornées de balcons de verre végétalisées et couvrants à 360° ce lieu de vie, en faisant penser à ses géants des mers comme le Symphony of the seas , le plus gros navire de croisière jamais construit de nos jours.

Des milliers de visiteurs fourmillaient de toutes parts. Des enfants s’émerveillaient, sifflant leur joie tonitruante au monde entier, tandis que leurs mères, courant pour les rattraper, s’égosillaient à en perdre un poumon. Une vision digne des plus grand films d’horreur qui faisaient systématique office de rappel vaccinal auprès d’Angel. Elle se sentait plus que tout à fait capable d’entretenir une relation amoureuse bien qu’il lui manquait tout de même l’autre individu de son espèce qui voudrait bien d’elle… Bien sûr qu’elle aurait un enfant un jour ! … peut-être … un jour …

Elle s’élança d’un pas plus que décidé en direction de l’hôtel le plus « bon marché » qui lui semblait exister au Jurassic Park. Il était peu probable que Shaélynn et Marcos aient payé un hôtel de luxe pour leur mission. Cela aurait une perte d’argent inutile qu’un agent entrainé n’aurait pas fait si ça ne lui servait pas à un moment de sa mission. Si leur mission était surtout d’ordre pratique et impliquait la discrétion, quoi de mieux que de se cacher parmi la « basse populace » du parc ? Se fondre parmi les plus désargenté était la technique dont aurait très probablement usée la jeune ranger à leur place.

Fendant la foule tel un rocher dans un torrent, la jeune brune traversa les portes automatiques de l’hôtel, déclenchant comme à son habitude les détecteurs de métaux à son passage, du fait de son arme portée à la cuisse. Elle dépassa cependant aisément les rangs chaotiques de touriste attendant de retirer la clé magnétique ouvrant l’accès de leur chambre d’hôtel. Il était assez marrant de voir à quel point, le citoyen lambda pouvait être intimidé par la prestance et l’autorité dégagée par les Hommes armées et garants de leur sécurité, presque au point de ressentir un sentiment d’angoisse et de peur prenant aux tripes et les obligeants à céder aux volontés de ces derniers pour ne pas avoir de problèmes. Mis à part quelques petits râles de désapprobations indirectement envoyés en direction de la jeune femme, rien ne l’avait vraiment empêché d’arriver jusqu’au comptoir.

Fouillant dans le sac qu’elle avait confisqué à l’espionne, Angel sortit la carte d’identité qui finit par s’écraser sur la console sous les yeux médusés du réceptionniste tout en disant avec une autorité déconcertante pour autrui :

« Pouvez-vous m’emmener à la chambre d’Hannah Miller s’il vous plait, probablement une chambre pour deux personnes ?! »  

Sortant de sa torpeur, le jeune brun aux yeux bleu d’un charme désarmant qui n’avait l’air que d’avoir une petite trentaine (que depuis très récemment), répondit d’un air plutôt timide et embarrassé …

« C’est que nous avons beaucoup de mond…. »

La Ranger le coupa subitement dans sa réponse puisqu’elle ne lui conviendrait probablement pas. La jeune brune aurait pu tenter de tomber dans ses faveurs pour accéder à son objectif, le réceptionniste étant clairement le type de physique dont Angel pourrait tombée raide dingue, s’il n’avait pas l’air d’une chiffe molle au premier regard, mais son temps était chronométré ! Elle n’avait pas le luxe de perdre du temps et enchaina avec un ton assez brutal afin que son contradicteur comprenne bien l’urgence de la demande. « Au cas vous ne l’auriez pas remarqué, ce n’était pas vraiment une question ! J’ai besoin que l’on m’y conduise immédiatement sinon je défonce chaque porte de cet hôtel jusqu’à la trouver ! »

« Tout de suite madame ! » répondit le jeune homme récupérant la pièce d’identité et pianotant frénétiquement sur son clavier pour chercher les informations nécessaires. « Hey ! Eddie ! » Cria-t-il à l’intention d’un groom qui arrêta ses affaires avant d’arriver précipitamment auprès de ses interlocuteurs.  « Il vous emmènera jusqu’à la chambre numéro 214 d’Hannah Miller… Et voici le badge pour y entrer. » Finit-il en rendant la carte d’identité falsifiée accompagnée de la carte magnétique de la chambre gravée de son numéro juste au-dessous du logo préhistorique de l’hôtel qui le surmontait.

Après avoir emprunté l’ascenseur, les deux comparses montèrent au deuxième étage. Un long couloir drapé d’une magnifique moquette rouge vif où l’on pouvait remarquer à intervalles réguliers, une multitude de guéridons portant fièrement un vase contenant de sublimes orchidées de couleurs variées devançant un rameau de palmier et surplombé d’une lampe LED murale dernier cri laissant échappé un motif faisant penser à ces animaux marins que sont les ammonites. Ils parcoururent une vingtaine de mètres avant de s’immobiliser devant une porte d’un blanc immaculé doté d’un petit Judas et de ses chiffres en reliefs argentés identifiant la chambre. Un passage bref sur le lecteur de badge et un clic reconnaissable se fit entendre, accompagnée d’une lumière verte qui apparue, annonçant que la porte était déverrouillée.

Le groom ouvrit galantement la porte de la chambre et la jeune femme y pénétra à toute vitesse pour y trouver …
« Où sont les valises ?! » les sentiments de la ranger balançaient entre stupeur et agacement. Sa tâche était pourtant des plus simple… trouver une simple valise et ce, le plus rapidement possible pour y récupérer des armes passées illégalement sur le parc...

« Ils doivent encore être au sous-sol pour triage. On ne distribue les bagages des clients dans leur chambre qu’en fin de matinée madame. » Répondit tout penaud le groom.

Bien sûr, elle voulait voir la chambre ! On lui montre la chambre ! Quelle débile ! Peut-être que si elle avait était légèrement plus précise, la Ranger serait déjà en possession des armes tant espérées de Shaélynn Moore et du jeune paléontologiste. Erreur de débutante !

Se tenant le front de dépit, la ranger demanda au groom, les paroles remplies d’espoir « Pouvez-vous m’emmenez jusqu’aux bagages de madame Miller s’il vous plait ? »

L’homme répondit du tac au tac, les bras dressés en direction de la sortie « Bien sûr Madame ! Après vous ! ».
Les deux compagnons d’aventures prirent une nouvelle fois l’ascenseur, direction les sous-sols, dont  seul un badge que le personnel de l’hôtel possédait, pouvait déverrouiller l’accès. Cela faisait combien de temps que la jeune femme avait quitté le bungalow du gérant du parc, quinze minutes peut-être vingt ?! Le timing était mauvais et le chronomètre s’approchait inéluctablement de son glas de fin. La ranger devait presser le pas.

Les portes s’ouvrit et là !!! Sa mâchoire se décrocha littéralement de stupéfaction !

Des dizaines, voire des centaines de chariots métalliques contenant une multitude de bagages se dressaient fièrement devant la jeune brune, dans une vaste salle parsemées d’une multitude de piliers probablement porteurs de l’immeuble !  Une bonne vingtaine de personnes s’affairaient à les vider, les reclasser, probablement par étage avant expédition.

« C’est une blague ! » laissa échapper la seconde des Rangers.

« Nous avons environ 4000 clients dans l’hôtel Madame. Ça fait énormément de bagages à traiter, mais je vous rassure, l’organisation des bagages se fait dès le port de San José. Les bagages sont regroupés par hôtel puis par ordre alphabétique des noms de chaque client dans les charriots de transport.» Finit le groom.

Tout n’était pas perdu !

« Emmenez-moi au charriot concernant madame Miller dans ce cas ! La lettre M comme Maman ! » Se sentit obligé de rajouter la brune.  

Trottinant jusqu’à l’objet de toutes ses convoitises, quatre grands chariots concernaient le lettre M.

« Vous prenez ceux de gauche, je m’occupe des charriots de droite ! Rappelez-vous, on chercher Hannah Miller ! M – I, deux L – E – R ! » Dicta-t-elle autoritairement.

Le charriot:

Des charriots métalliques sur roulettes d’une taille impressionnante, probablement deux mètres par deux sur 2 mètres de hauteur. Des étiquettes étaient collées sur chaque valise avec le nom de l’hôtel, le nom du client et le numéro de la chambre. Angel déposa son fusil à impulsion électrique qu’elle portait en bandoulière depuis tout ce temps, debout contre le charriot, afin d’être le moins gênée possible dans son entreprise.

La jeune femme actionna la gâche métallique qui libéra la porte de premier chariot, permettant l’accès aux bagages. Commençait désormais le passage en revue de chaque bagage, posé avec soins aux pieds de charriot ou plutôt aux roulettes de ce dernier si nous pouvons dire !

La Ranger menait sa recherche de bon train, tellement que l’on circulait maintenant difficilement autour d’elle et de ses environs. La moitié de son charriot était déjà sorti tandis que celui de l’autre mou du genou de groom peinait à se vider. Les minutes s’écoulaient trop rapidement à son goût, comme si, un malicieux antagoniste bougeait lui-même les aiguilles du temps pour rapprocher les héros de l’inéluctable épilogue.

Un charriot de fait… Toujours rien ! La moutarde commençait doucement à monter au nez de la jeune brune qui manquait tout juste de trébucher sur un bagage qui entravait son passage pour rejoindre le second charriot.

Désormais moins délicate avec les valises réfractaires qui ne faisaient rien d’autre que de littéralement lui pourrir la vie, Angel ouvrit avec force et brutalité le second charriot. Cette fois, les bagages n’étaient plus déposés avec soin au sol, mais volaient pour atterrir proche de leurs congénères. Rentrant des deux pieds dans le charriot partiellement vidé, la Ranger manqua de se faire écraser par l’éboulement de quelques bagages dont certains vinrent lui bloquer les jambes tandis que d’autre étaient repoussés dans un hurlement de rage ! La déstabilisant néanmoins  et la faisant tomber lourdement contre l’une des parois sous le rire narquois des employés aux alentours ainsi que du groom qui commençait à peine le dernier charriot.

Les bagages fusaient dans la salle tandis qu’une ingrate sonnerie se faisait entendre.

Un coup d’œil au smartphone suffit à Angel pour connaitre l’auteur de l’appel téléphonique. La Ranger décrocha le téléphone, qu’elle maintenait du mieux qu’elle pouvait coincer en équilibre entre sa tête et son épaule, avant de lancer un « Allo ! »  aussi sec que réprobateur.

« Allô Angel ! » débuta le gérant d’une voix plutôt joyeuse.

Elle était en train de s’emmerder à faire le Uber pour armer des personnes qu’elle ne connaissait pas, armes dont elle avait bien fait comprendre au New Yorkais qu’elle ne voulait pas en entendre parler, personne dont l’une est recherchée et LUI ! avait l’air de bien s’amuser…

« Cole ! Ce n’est vraiment pas le moment-là ! Franchement tu m’emm… » Pestait la jeune brune avant d’être odieusement coupé.

« Oui, je sais… Oui désolé… Je sais Angel ! T'énerves pas tout de suite, écoutes moi. Je t'embête pas longtemps. T'en es où ? Tu as pu récupérer le colis à l'hôtel ? »

« Dis-moi ! Tu connais les sous-sols où les bagages sont triés ?! Hein ! Tu devrais y faire un tour à l’occasion… Des milllllliers de bagages Cole ! Franchement, j’ai envie de tout envoyer balader ! » S’exclama-t-elle tandis qu’une énième valise volante venait s’écraser sur le tas déjà préexistant.

« Écoutes moi Angel ! Changement de plan. On va se rejoindre sur place ok ? Je vais les amener avec ma voiture. T'embêtes pas à en chercher une et viens au plus vite… Fais au mieux. »

Le Freestyle ! Il n’y a probablement pas de mot plus adapté pour décrire la situation. Un soufflement et juste un prénom prononcé de manière dépitée.  

« Cole ! »

« Oui, pardon... Je sais mais je t'expliquerais tout sur place… »

« On fait n’importe quoi, on ne gère plus rien et… »

«  Oui je sais, ça se passe pas comme on l'avait prévu. » l’interrompis le gérant.

« C’est déjà bien de le reconnaitre mais dis-moi, je dois sortir ma boule de cristal où tu vas m’indiquer où c’est ‘’ sur place ‘’ ? » rétorqua Angel sur un ton qui se voulait plutôt vindicatif.  

« On se rejoint à la grotte des fossiles, tu vois où c'est ? »

« J’ai plus ou moins la responsabilité de la sécurité du parc ! De tout le parc Cole ! Bien sûr que je sais où ça se trouve, tu me prends pour une débile ou quoi ? Et puis qu’est-ce que tu veux y faire, je te rappelle que cette attraction est fermée… » répondit-elle agacée d’autant plus qu’elle ne voyait pour où il voulait en venir.

«  Oui, oui ! C'est vrai… Pardon. Oui, je sais qu'elle est fermée. Je t'explique quand on se rejoint, ok ? »

Juste « Ok »… Mis à part perdre du temps, cela ne servait à rien de tergiverser. Elle avait un nouveau lieu de rendez-vous et l’objectif restait à une chose près le même. Inutile de s’éterniser.

« À toute de suite. Appelle-moi si tu as un nouveau souci. »

Au même moment, le groom s’écriait en direction d’Angel d’une voix victorieuse : « Hannah Miller ! J’ai trouvé, Madame ! »

La Ranger répondit précipitamment pour clore définitivement la conversation avec le gérant  un « Ouais, Ok, Bye ! » avant de raccrocher et de ranger son téléphone dans une de ses poches.

La jeune brune se dégagea de ses entraves en écartant les bagages qui l’encombraient de manière plutôt brusque. Il était souhaitable pour les visiteurs à qui appartenait ces bagages que rien de vraiment fragile ne se trouve à l’intérieur ou que leur valise était à l’épreuve des chocs et déformations diverses. Se précipitant vers le jeune homme, elle lui arrachât quasiment le bagage afin de pouvoir vérifier de l’appartenance de se dernier. Cri de victoire intérieur, ils avaient enfin trouvés !  

Nouvelle entrave… Une valise cabine typique avec code…. « J’imagine que vous n’avez pas la clé universelle pour ouvrir la valise ? » demanda la jeune femme à l’intention du groom qui lui répondit par la négative. Levant la tête en direction des agents logisticiens au travail un peu plus loin, un éclair de génie traversa son esprit. Les logisticiens, outre avoir la charge de devoir gérer et organiser le matériel et ici les valises des touristes, doivent également avoir la gestion des colis et matériaux consommables de l’hôtel. Il aurait donc probablement ce qu’elle désirait tant. Ouvrir cette foutue valise !

S’exprimant à l’intention du groom « Merci pour votre aide et…. » Voyant le désordre qu’elle avait mis « désolée pour tout ça ! » fini la seconde des rangers en zonant de sa main la zone ou un cataclysme semblait avoir lieu quelques minutes auparavant. Récupérant son fusil à impulsion électromagnétique et le replaçant autour de son cou, elle propulsa la valise vers le sol pour étirer la poignée extensible avant de se diriger en trottinant auprès d’un des employés présents.

« Excusez-moi, auriez-vous un cutter à me prêter s’il vous plait ? »

Les yeux d’Angel crépitaient de joie, telle une enfant découvrant le jouet tant convoité le jour de noël, au moment où l’employé sortait l’outil de sa ceinture de travail. Saisissant l’objet à pleine mains et dégainant la lame tranchante, Angel se mis au sol à genoux calant le bagage sur le côté avant de le planter sans vergogne ! Les fermetures éclairs avaient peut-être l’avantage d’être presque quasiment inviolables, ce n’était absolument pas le cas les coutures de ces dernières qui cédaient lorsque l’on utilisait l’outil adapté.  Sous un bruit parfaitement reconnaissable de lacération intense et profonde, la jeune femme fit évoluer la lame sur toute la longueur du bagage, l’éventrant plus que suffisamment.

Plongeant sa main dans l’ouverture, des habits vinrent tout d’abord comme une brassière de sport ou des petits shorty plus confortables que franchement sexy. Apparemment, l’ex du gérant du Jurassic World se laissait aller. Exit les soutifs et les culottes en dentelle sexy accompagnés de talons aiguilles exquis et bonjour brassières et culottes de grand-mère en coton noir. La grande classe. Continuant son exploration à tâtons, la ranger mis le doigt sur deux longues barres d’une dizaine de centimètres, froides et d’aspect plutôt métallique. Evidemment, deux chargeurs de dix balles firent également leur apparition. Angel s’empressait de les ranger rapidement dans l’une de ses poches de pantalon. Replongeant sa main dans la fente obscure, elle tomba presque instantanément sur l’objet de ses recherches. Après tout ce bagage n’était pas si grand et respectait les standards des cabines. Elle sortit sous les yeux ébahis de l’employé à proximité, les deux armes importées illégalement sur l’île. Des armes simples, parmi les plus vendues au monde et probablement les plus simples à trouver au marché noir en plus d’avoir l’avantage d’être bon marché. Plutôt compactes et avec une capacité de dix coups, évidemment vendu le plus souvent avec des chargeurs supplémentaires, les 9mm n’étaient rien d’autre de que simples Walther P22, manquant certes de précision mais ne posant pas tant de problème pour un tireur averti.

La jeune brune en cala une dans son dos et l’autre contre son abdomen, coincé dans sa ceinture, tout en fusillant d’un *de quoi je me mêle* à l’encontre de l’employé la dévisageant, qui détourna immédiatement le regard.  S’apprêtant à se lever pour partir, sa tâche à l’hôtel achevée, un employé ne manqua pas de siffler un très maladroit « Vous oubliez quelque chose ! ».

Sa tête se tourna instantanément en direction de la voix. Le cutter à la main, elle le tendit à l’employé affublé d’une excuse et d’un remerciement pour l’aide apportée. Mais, visiblement, cela ne suffisait point puisque l’homme lui fit un signe du regard en direction de l’endroit où elle se trouvait il y avait encore moins d’une minute. Une valise éventrée et quelques fringues qui trainaient autour, quelques peu étalés grossièrement sur le sol. Il avait raison, elle abusait peut-être un peu là. Elle s’accroupit rapidement, choppa les affaires qui trainaient et les fourra entre boule dans la fente de la valise avant de se relever, la prenant à bras le corps, direction l’ascenseur.  

DING !

Les portes de l’ascenseur s’ouvraient sur le hall de l’hôtel fourmillant de monde. Un brouhaha incessant  pénétrait la cabine pour venir agresser les tympans de le jeune brune. S’élançant une nouvelle fois dans le hall, encombrée, sa traversée fut quelque peu plus chaotique qu’à son arrivée. Elle arriva toutefois à la hauteur des portiques de sécurités qu’elle ne manqua pas de faire hurler, faisant sursauter les personnes aux alentours. Une arme non létale et trois autres contenues sur une seule et même personne, forcément qu’elle allait sonner. Mais qui la soupçonnerait, elle, la seconde des rangers, une des personnes qui a mis en place ces hauts protocoles de sécurités sur le parc à la suite des attentats qui avaient eu lieu quelques années plus tôt, d’être la complice de l’introduction d’illégale de deux armes mortelles ?! Un regard et personne ne lui posait de questions. Elle traversait sans encombre le passage de sécurité pour se rendre à son véhicule. Arrivée à destination, elle jeta le bagage et le sac de la moucharde dans le coffre comme un cadavre dont on veut se débarrasser, plaça le fusil à impulsion magnétique à plat à côté avant de prendre le volant et démarrer en trombe en direction du quartier général de la sécurité.

Atteignant l’arrière du bâtiment à vive allure, une douloureuse plainte des freins se fit entendre avant que le véhicule ne se stoppe brutalement. L’arrière du bâtiment était plus bétonné que le reste qui était plutôt vitré et présentable pour les investisseurs et le public. Une grande porte de garage à deux pas d’une grande porte métallique se présentait devant la jeune femme. C’était d’ici que partait les opérations de sécurité depuis l’abandon de l’ancien parc et la construction de son successeur.  C’était également le chemin le plus rapide pour Angel pour accéder rapidement à la salle de « l’armurerie » et sans que l’on ne lui pose trop de questions ou qu’on vienne l’alpaguer au sujet de la recapture de tel ou tel dinosaure qui ce serait échappé de son enclos fictif bien qu’ils puissent très bien sans occuper par eux même et sans son aide.

La ranger quitta promptement son véhicule pour pénétrer l’enceinte du bâtiment. Seulement deux minutes lui étaient nécessaires pour atteindre la salle, surveillée par caméra, et contenant le matériel utile aux opérations. Elle allait emprunter du matériel pour une espionne et un type qu’on ne savait pas trop ce qu’il foutait là. Elle empruntait ou elle essayait juste de son convaincre que ce n’était pas un vol et qu’elle était complice d’un crime ? Après tout, ils seraient discrets, ils ne se feraient pas remarquer et le matériel regagnerait très vite sa place sans que personne ne s’en rende compte.

Entrant dans la pièce, elle attrapa quatre talkies-walkies qui étaient en maintien de charge dans leur hub, un qu’elle fixa d’un clic à sa ceinture sur le côté de son pantalon déjà assez chargé grâce à la fixation présente, et  les trois autres qu’elle cala contre sa poitrine à l’aide de son bras gauche. Sur le point de sortir, son regard fut attiré par les gilets pare-balles affublés d’un énorme logo bleu du Jurassic World. Le parc avait peut-être une politique de non-létalité mais ils n’étaient pas stupides pour autant. Ils avaient tout de même un petit stock d’armes mortelles dans un local bien verrouillé dans l’optique où un évènement tel que celui qui avait eu lieu deux ans plus tôt ou qu’un dinosaure vraiment dangereux n’échappe à tout contrôle. Ceci justifiait que le parc ait conservé un stock de gilet pare-balle. Elle en attrapa un qu’elle glissa sur son bras droit avant de quitter la pièce prestement. Cole n’en n’aurait pas besoin, il était hors de question qu’il reste sur place, sa place c’est dans un bureau ! Et Shaélynn, si c’était vraiment une espionne surentrainée, elle n’en aurait pas besoin ! Juste la vie ou la mort ! La protection était seulement destinée au paléontologue. Il avait le don de lui prendre la tête, et  il n’avait probablement aucune idée du danger qui le guettait ou de l’idée d’utiliser une arme à feu mais il ne méritait surement pas de mourir. Si la ranger le laissait rencontrer le danger sans protection et qu’il y laissait la peau, elle ne se le pardonnerait probablement jamais.

S’installant dans le véhicule, elle déposa le gilet et le matériel de communication sur le siège passager. Le moteur rugit majestueusement au moment où la clé tournait dans le démarreur de la voiture. La ranger appuya sur la pédale et le véhicule dérapa légèrement avant d’entrer dans une course folle, il n’y avait plus une minute à perdre. Il lui faudrait désormais bien dix minutes pour rejoindre le reste du groupe si on comptait l’arrêt momentané du point de contrôle de garde qui se trouvait entre le nouveau et l’ancien parc, le temps que les portes ne s’ouvrent. Ce point de contrôle était principalement là pour éviter que des touristes perdus ou trop aventureux ne décide d’aller voir ce qui se passait autre les murs du Jurassic World, au risque de se tuer ou de percer à jour les activités cachés d’Ingen et Masrani corporation. Cole et ses compagnons étaient probablement également passés par ce point et ce sans rencontrer de résistance puisque les agents de la sécurité se devait laissait passer certains véhicules sans poser de question comme ceux de Hopskin, Claire Dearing, depuis son retour Cole Hudson et quelques autres personne comme Angel. Leur fonction ou leur place dans la hiérarchie avait tout de même deux trois avantages.

La route se détériorait à mesure qu’elle se rapprochait de sa destination, des trous et des bosses se faisait légèrement ressentir sous les roues de ce concentré de technologies et faisaient tout de même monter la pression grandissant ressentie par la seconde des rangers. Il lui restait seulement quelques minutes de trajet mais une sonnerie se faisait entendre dans les hauts parleurs du véhicule. Sur l’écran central du tableau de bord, le nom de la personne qui cherchait à la joindre s’affichait. La jeune brune n’avait pas réellement le temps de prendre cet appel mais elle ne pouvait pas non plus risquer de le renvoyer sous peine de s’en attirer les foudres. Si elle ne répondait pas tout de suite, son interlocuteur ne la lâcherait jamais de la journée et ce, jusqu’à ce qu’elle ne daigne répondre, surtout en ce jour ! Elle ne serait jamais tranquille !

Appuyant sur la commande du volant, l’appel se lança et Angel décrocha avec un soupir discret.

« Bonjour, Abuela, » dit Angel, tentant de garder un ton neutre malgré son manque de temps pour lui répondre.

« Bonjour, mija, » répondit sa grand-mère d'une voix douce. « Je voulais te rappeler que c'est l'anniversaire de la mort de ta mère aujourd'hui, et je me sens seule sans toi. »

*Merci de me le rappeler de cette façon abuela* pensa légèrement meurtri la jeune femme. Angel ressentit une pointe de culpabilité envers sa grand-mère. Elle savait à quel point cette journée était importante pour elles deux, mais elle ne pouvait pas se libérer de son travail. « Je suis vraiment désolée, Abuela. Tu sais très bien que je ne pouvais pas prendre de congé pour venir à l’anniversaire de mamá, je m’occupe de la sécurité d’un parc avec des dinosaures et j’ai des obligations qui me sont littéralement tombées dessus et me prennent en otage à mon travail. Les gens comptent sur moi Abuelita. »

La voix de sa grand-mère semblait un peu triste. « Je comprends, mija. Ne te préoccupe pas de moi. Je vais au cimetière toute seule. Je vais déposer une gerbe de lys blancs sur sa concession de notre part. Mais je voulais juste t'appeler pour te rappeler que ta mère nous manque à toutes les deux. »

Angel ressentit un nœud dans sa poitrine. Elle aurait tellement aimé être aux côtés de sa grand-mère en ce jour si spécial. « Je t'aime, Abuela. Tu le sais ? Tu es la plus belle personne que j’ai encore dans ma vie ! Je te dois beaucoup ! Sache que je pense à vous deux, même si je ne peux pas être là physiquement. »

« Je t'aime aussi, mija. Ta mère était une femme exceptionnelle, et nous partageons tous les deux ce vide qu'elle a laissé. C’était un jeune femme exceptionnelle que le cancer a emporté bien trop tôt.»

Angel sentit les larmes monter à ses yeux, mais elle les refoula, ne pouvant pas montrer sa vulnérabilité maintenant. Néanmoins ses yeux commençaient à fortement piquer de tristesse. « Oui, elle me manque terriblement. Je donnerais n'importe quoi pour la revoir. »

« Nous donnerions toutes les deux n'importe quoi, ma chérie. Mais nous devons continuer à vivre avec les souvenirs et l'amour qu'elle nous a laissés. »

Les mots de sa grand-mère la réconfortèrent un peu, même si Angel aurait souhaité être ailleurs en ce moment. « Je sais, Abuela. Je sais … Je vais t'appeler ce soir, dès que je serai libre. »

« Prends ton temps, mija. Je serai là, prête à décrocher, et nous pourrons nous remémorer des souvenirs de ta mère. »

Angel raccrocha, se sentant impuissante et déchirée entre Cole Hudson et son foutu projet T et sa famille. Elle aurait donné n'importe quoi pour être à côté de sa grand-mère en ce jour d'anniversaire.

Angel se plongea de nouveau dans les aspérités de la route qu’elle empruntait, essayant de repousser la douleur de son absence au cimetière. Elle avait l'impression d'avoir laissé sa grand-mère seule pour affronter ce jour difficile, et cela la rongeait. La route du cimetière était une route qu'elle ne pouvait pas emprunter aujourd'hui, mais elle espérait que sa grand-mère se sentait entourée d'amour malgré tout. Le deuil faisait accepter, au fur et à mesure des années la mort de sa mère mais jamais elle n’avait manqué ce rendez-vous avant ce jour, et elle se promit de rendre hommage à sa mère dès qu'elle en aurait l'occasion.

L’ancienne place du Jurassic Village était désormais à vue. La Ranger la traversa à toute allure, un petit dérapage quelque peu maitrisé et le véhicule s’engouffra dans le chemin graveleux menant à la grotte des fossiles. Assez vite, l’arche de l’entrée de l’attraction était atteinte tandis de la jeune brune pilait, projetant une pluie de gravillons aux alentours du véhicule, proche de l’entrée de la grotte. Pas de véhicules de présent mis à part le sien. Bon ou mauvais signe ? Se seraient-ils perdus ou auraient-ils eu des problèmes, un accident ? Angel balaya immédiatement cette idée de sa tête. Elle explorerait les environs en attendant qu’ils arrivent.

Se regardant quelques secondes dans le rétroviseur central de la voiture, la jeune brune ne put que constater qu’elle avait les yeux rouges comme quelqu’un qui venait de pleurer, bien qu’elle avait tout de même réussi à contrôler ses larmes. La conversation avec sa Abuela l’avait affectée bien plus qu’elle ne le pensait. Elle ne pourrait pas le cacher mais peut-être que ses compagnons d’aventure n’y verraient qu’une allergie qui sait ?

La ranger descendit de la voiture et claqua sa portière scrutant scrupuleusement les alentours. Là ! Un mouvement dans un baraquement en bois qui la fit poser immédiatement sa main sur son arme, prête à dégainer. Angel se détendit lors qu’elle reconnut Shaélynn, se relevant de derrière son abri de fortune, suivit de ses deux camarades de route. La jeune femme, en contournant son véhicule pour récupérer les affaires déposées sur le siège passager, leur fit un signe de la main pour leur dire de s’approcher. Ouvrant le coffre elle se libéra les bras des talkies et du gilet. Ces complices se regroupèrent autour d’elle, elle ne manqua pas de lâcher ironiquement « Je ne vois pas votre véhicule, vous vous êtes perdus en venant ?! » tout en fouillant dans le sac de la fureteuse pour y récupérer ses papiers.

Les montrant à Shaélynn elle lui annonça « Vous les voulez ?! La seule condition est que l’on ait une discussion à la fin de tout ça et c’est non négociable Shaélynn ! » tandis qu’elle les rangeait dans une poche arrière de son pantalon.

Prenant le gilet pour le coller contre le torse du paléontologue, elle ordonna succinctement : « Mettez ça ! Je ne veux pas que vous mourriez sous ma responsabilité si tout dérape comme vous en avez l’air de le penser. »

Puis la jeune brune prit les trois talkies walkies qu’elle actionna avant de les tendre à ses trois camarades. « Canal 16 pour nous, jamais personne n’utilise le dernier canal de ses machins ! On communique sur tout, c’est clair ?! ».

Elle continua sa démonstration de gestion d’équipe, elle était dans son élément et ça se sentait. Elle récupéra l’arme qu’elle avait cachée dans son dos, enclencha la sécurité, d’un mouvement fit sauter la balle chargée du barillet pour la récupérer en vol et la replacer dans le charger. Se tournant vers Marcos et énonça didactiquement en manipulant l’arme, « C’est une arme assez simple. Sur le côté ici, le point rouge annonce que vous avez la sécurité d’enclenchée, vous appuyez sur ce bouton pour pouvoir tirer. Vous avez dix balles dans votre chargeur et dix autres dans une seconde recharge. Si vous devez l’utiliser, une arme se tient dans les deux mains pour être précise et n’oubliez pas d’utiliser la visée. » En tendant la crosse de l’arme dans sa main gauche avec un chargeur supplémentaire en direction du français elle rajouta « Essayer de ne pas vous tuer avec, je vous en serais reconnaissante »

« Shaélynn » dit-elle tout en récupérant l’arme qu’elle avait cachée à l’avant de son pantalon. « Je pense que vous savez vous en servir ! Ce ne sont clairement pas les meilleurs modèles mais ce sont les plus courant et ils peuvent faire le taf ! » annonça Angel tandis qu’elle apposait la sécurité à l’arme et faisait sauter la balle présente dans la chambre « J’espère sincèrement pour vous deux que vous avez pensé à les nettoyer avant de débarquer sur l’île. » finit-elle en tendant volontairement l’arme vide de sa main gauche et les deux chargeurs dans la main droite. « Essayez de ne tuer personne ! »

À peine le dos tournée, qu’elle entendait déjà les cliquetis caractéristiques du au réarmement de l’arme de l’espionne. La réaction de gamine pourri gâtée de l’ex-paléobotaniste irritait intérieurement la ranger qui n’en porta pas plus d’attention et choisi délibérément de l’ignorer. Il en était de la responsabilité de Cole Hudson après tout !

« Si vous avez quelque chose d’autre à récupérer dans le coffre allez-y ! Sinon, qu’elle est la suite du plan ? Allez y racontez moi ce que j’ai loupé ! » Demanda-t-elle en regardant principalement le gérant du parc droit dans les yeux.

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Contrariétés   Tirer un trait sur le passé - Contrariétés EmptySam 21 Oct 2023 - 18:06


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Depuis combien de temps il ne s'était pas retrouvé dans un environnement comme celui-là ?

La jungle par endroit était si dense que seulement quelques pas leur suffirent à dévoiler un premier bâtiment dissimulé derrière une végétation devenue visiblement gourmande.
Ce mélange singulier de bétons et de verdure leur présentait une aberration dont seule la nature avait le secret.

Progressant lentement sur les vestiges d’un sentier, la canopée les recouvrait désormais suffisamment pour donner à cette forêt une atmosphère claustrophobique et étouffante. Anciennement entretenues par les paléobotanistes et désormais livrées à elles-même, les plantes semblaient aujourd’hui se livrer une guerre silencieuse. À défaut d’avoir pu pousser librement sur le chemin de terre tassé, elles utilisaient des méthodes et des techniques alambiquées pour couvrir les derniers espaces disponibles. Elles grimpaient tant bien que mal pour surplomber ses consoeurs. Certaines utilisaient de grandes feuilles, d’autres en avaient une quantité indéchiffrable, d’autres encore avaient des formes singulières. Certaines s’étalaient et d’autres grimpaient. Chacune avait sa manière de faire pour tenter de capturer un faisceau de lumière, aussi minime soit-il. Des batailles dont la victoire n’était que temporaire puisque que les arbres semblaient eux-aussi se battre pour gagner les espaces au-dessus des sentiers. Tout ce qui se trouvait dessous ne récupérait finalement que les miettes de ces grandes escarmouches. Ces batailles dont les cris de guerre résonnaient religieusement dans la forêt au gré des vents. Le grincement des arbres et le bruissement des feuilles composaient ainsi une étrange mélodie à la fois apaisante et inquiétante, elle-même bercée par les chants des Brachiosaures qu’on entendait au loin.

C’était ce genre de sensation, ce sentiment désagréable d’être observé et d’être pris au piège qui prenait aux tripes. Nulle part où aller, nulle part où fuir. L’étau qui se resserre. C’était ce que ressentaient les malheureux qui faisaient l’erreur de s’y perdre et c’était ça qui les poussait à s’enfoncer encore davantage dans la pénombre pour y mourir affamé, déshydraté et à jamais déboussolé. Malheur à ceux dont l’imagination était débordante car la jungle ne manquait pas de trouver milles façons pour vous effrayer. Ce n’était pas pour rien que le conseil n°1 dans ce genre de situations était si possible de rebrousser chemin sinon d’attendre sur place les potentiels secours…

Cole, contemplant cette nature dont la puissance n’avait plus d’égale, ressentait aussi cette chaleur qui lui gonflait la poitrine. Instinctivement, son corps lui disait de fuir cet environnement dans lequel il n’avait pas l’habitude d’évoluer. Pour ne pas accentuer ce ressenti, l’air humide et chargé attaquait ses narines et ses poumons si bien que sa respiration se faisait malgré lui plus forte et plus difficile.

Et pourtant, à peine quelques pas suffirent à dévoiler cette première structure. La voiture n’était pas très loin derrière eux et ils étaient de toute évidence sur la bonne voie. Mais il n’y avait pour le moment aucun moyen de savoir où précisément ils se trouvaient et donc de savoir de quelle infrastructure il pouvait s’agir. En seulement deux ans, l’endroit avait complètement changé.

Il se tournait vers Shaélynn et Marcos qui le suivaient silencieusement et leur adressait finalement la parole.

« Je ne reconnais plus rien… S’il y a déjà un bâtiment c’est qu’on est encore plus proche qu’on le pensait ou que je me suis trompé de route… Je ne suis pas sûr… », marmonnait-il d’un air penaud..

S’il avait emprunté machinalement cette route, cela devait bien être pour une bonne raison. Fallait-il encore qu’il trouve laquelle… Sa mémoire mit à rude épreuve, il dût plonger dans ses souvenirs pour visualiser les lieux tels qu’ils devaient l’être à l’époque. Ses yeux commençaient à se froncer au fur et à mesure qu’il se concentrait et, petit à petit, la végétation semblait lui révéler ses secrets. Il était persuadé de reconnaître cet endroit mais il fallait qu’il en est le cœur net. De son côté, Marcos semblait perdu dans ses pensées et dégageait un panneau pour voir ce qui y était écrit. Shaé, quant à elle, eut un soupir amusé avant de lui répondre en secouant la tête de gauche à droite sans réellement s’en rendre compte.

« On est au Jurassic Village. Enfin techniquement, derrière le Jurassic Village. Tu ne reconnais vraiment rien ? »

Cole regardait désormais autour de lui pour tenter de trouver un détail qu’il aurait potentiellement manqué mais rien ne lui sautait vraiment aux yeux. Qu’il le veuille ou non, toute cette végétation le déboussolait. Il ne parvenait pas à percevoir ce lieu autrement que dans l’état dans lequel il se trouvait actuellement. Il tentait tant bien que mal de chercher des points de repères mais sans succès. Qu’est-ce qui lui faisait dire qu’il s’agissait du Jurassic Village ?

“Enfin techniquement, derrière le Jurassic Village”, pensa-t-il en imitant sarcastiquement la voix de la jeune femme. Celle-ci eut un petit rictus qui marqua son front temporairement avant de reprendre.

« Je sais que ce n’est pas l’endroit que tu fréquentais le plus mais… »

Cole se rappelait que la jeune femme, de sa fonction et à raison, n’avait effectué que très peu de missions sur Isla Sorna. Elle n’avait donc au final que très peu d’expérience dans la jungle hormis celle qui entourait les sentiers du Jurassic Park. Il se demandait avec un certain sarcasme si dans ce contexte elle appréciait toujours autant les plantes, celles dont le contrôle lui échappait complètement. Elle qui passait son temps à les emprisonner dans des pots ou dans les serres du Jurassic Garden, comment vivait-elle ce chaos végétal ? Peu importait puisque visiblement elle savait où ils se trouvaient et Cole, encore incertain et légèrement vexé, affichait désormais un air suspicieux en cherchant un détail qu’il aurait manqué. Il lui fallut peu de temps pour repérer finalement une porte dissimulée derrière quelques branches d’un arbuste qui avait visiblement décidé de s’en emparer. Cole, sourire aux lèvres, la reconnut aussitôt et fit donc volte-face pour croiser le regard de Shaélynn dont il venait seulement de comprendre la pic.

« C’est le QG des guides… », dit-il bêtement, dépité par l’ironie qui s’accablait sur son dos.

Pendant un court instant, l’ancien couple se regardait avec une lueur dans les yeux. Elle témoignait à la fois d’une ancienne complicité mais aussi de quelque chose de différent, de nouveau et encore indéfini. Mais le jeune homme détournait le regard d’un air gêné et se recentrait rapidement sur sa trouvaille : la porte.

Ce n’était ni l’endroit ni le moment pour ce genre de choses. Mais il n’y avait pas que ça. La tension de leurs échanges dans son bungalow planait encore. Même si cette discussion n’était pas vraiment terminée, il n’y avait pour autant pas grand chose à ajouter de plus. Cette conversation avait pourtant fait avancer et débloquer de nombreux non-dits mais il subsistait des trous à combler, des choses qu’ils n’avaient pour le moment pas évoqué. Il fallait simplement qu’ils se laissent un moment pour digérer et enregistrer les informations qu’ils s’étaient déjà données. Seulement, auraient-ils le temps de le faire plus tard ? Cole, sans réellement regarder Shaélynn, ajoutait donc aussitôt.

« Si on arrive à entrer, on pourra couper à travers le bâtiment et gagner pas mal de temps. Je pense que la place doit être plus dégagée, on devrait pouvoir rejoindre la grotte beaucoup plus facilement. »

« Ça peut-être une idée. », fit-elle à son tour d’un ton neutre.

Sans plus attendre, l’ancien guide se dirigeait donc vers la porte et, en s’approchant du bâtiment, des détails lui sautaient un peu plus aux yeux. Il commençait déjà à dégager les quelques branches qui gênaient le passage en prenant soin de ne pas les briser et de les disposer en dehors du chemin en les coinçant comme il le pouvait. Sur le côté, un panneau légèrement attaqué par la rouille affichait “Restricted Area” [Espace réservé] en blanc sur un fond rouge dont la peinture s’écaillait par endroit. En dessous “Staff Only” [Employés seulement] en noir sur fond blanc mais que l’on devinait simplement par déduction. Enfin, comme pour surenchérir les propos, trônait fièrement sur l’extrémité droite ce qui semblait être autrefois le logo d’une main noire dans un rond rouge.

Le doute s’estompait et Cole savait désormais exactement où ils se trouvaient. Comment n’avait-il pas pu reconnaître l’endroit avant ? Et comment aurait-il pu le reconnaître ? Rien n’indiquait en premier lieu qu’il s’agissait du QG des guides et, qu’il le veuille ou non, il avait raté un truc que Shaélynn avait vu. Et qu’il le veuille ou non - encore une fois - ça le frustrait légèrement. Ce n’était tout de même pas comme s’il avait été à la tête d’une entreprise dont le business principal était de montrer aux gens ce qu’ils ne pouvaient pas voir. Domaine dans lequel il avait percé et innové. Domaine dans lequel il avait excellé pendant suffisamment de temps pour pouvoir pleinement en vivre et excellence qu’il lui avait valu son poste de guide puis de chef de section chez InGen. Depuis combien de temps n’avait-il pas cultivé son talent ? Si la réponse à cette question lui semblait floue, il devait reconnaître que, de toute évidence, cela faisait trop longtemps.

Soufflant ses pensées qu’il ressassait et qui l’énervait encore un peu plus, Cole se concentrait davantage, un air résigné clairement affiché sur le visage. Les pourtours du bâtiment étaient littéralement dévorés par la végétation si bien qu’il en était méconnaissable. La personne qui avait pensé judicieux de planter du bambou ici n’avait clairement pas envisagé que les lieux allaient être abandonnés les années suivantes. Il tournait la tête un instant en direction de l’ancienne paléobotaniste, des yeux accusateurs. Contourner la structure aurait impliqué de pouvoir dégager la voie et donc de perdre un temps considérable. En poussant un soupir, il posa une main lourde sur la poignée de la porte qui ne broncha pas d’un millimètre.

« Allons bon, quoi encore ? », râlait-il dans sa barbe.

La main toujours sur la poignée, il se mit alors à la secouer bêtement pour tenter de la faire bouger mais c’était surtout pour se passer les nerfs. Il jeta un coup d'œil rapide sur les contours de la porte pour voir si quelque chose la bloquait. Mais rien. Puis, pris d’une pensée qu’il estimait brillante, il jeta un coup d'œil derrière l’arbuste qu’il avait auparavant dégagé et trouva finalement sur le mur la potentielle source à ses problèmes. Une porte de secours, oui mais une entrée employée également. Une porte qu’il avait empruntée suffisamment de fois pour savoir qu’un lecteur de badge se trouvait donc ici. Désormais sourire aux lèvres, il portait immédiatement la main dans sa poche et en sortait la carte magnétique qu’il colla sur l’appareil. Rien. Il recommençait en appuyant davantage au niveau de la puce. Rien, encore.

« Fais chier ! », balançait-il en lançant son pied contre la porte qui lui répondit un son métallique de désapprobation. « Pourquoi y’a jamais rien qui marche dans ce parc ! », soupirait-il de nouveau.

Shaélynn, qui s’était visiblement éloignée au son de sa voix, l'interpellait comme pour lui dire qu’il était inutile de s’énerver. Il se contenta de lui répondre un “hmm” d’un ton nonchalant qui pouvait certainement témoigner de son énervement. Il n’avait pas besoin d’un sermon maintenant. Il avait en réalité presque envie d’être seul. C’était idiot mais ce petit obstacle le démoralisait beaucoup trop pour que cela ne cache pas quelque chose d’autres derrière. Mais qu’est-ce qui le travaillait comme ça ? Peu importait, Shaé lui répondit directement et le sortait de ses pensées alors qu’il se grattait la barbe à la recherche d’une solution.

« Non, rien. Je vais voir Marcos. »
« ‘kay », dit-il par politesse alors qu’il l’entendait déjà s’éloigner.

Il n’y avait donc plus d'électricité, c’était une chose. Une chose même plutôt évidente quand on y pensait. Mais si cela avait été aussi simple et si cela avait été juste “ça”, la porte aurait probablement été ouverte depuis longtemps. Non ?

Cole fit deux pas en arrière pour tenter d’avoir une image plus globale du bâtiment et de la porte. Après seulement un coup d'œil, une option lui semblait viable. Certes, une option assez haute mais pas inatteignable. À vrai dire, un peu plus de 3 mètres 50 de haut précisément. Le jeune homme avait escaladé des parois plus escarpées et ça ne l’effrayait pas tant que ça. Il avait vu et visité des choses plus dangereuses et plus impressionnantes. Mais c’était il y a combien de temps maintenant ? Il levait les pieds pour enjamber quelques plantes et se positionnait en dessous de la fenêtre qui se trouvait à gauche de la porte et qui, surtout, d’en bas, lui semblait brisée. Puis il commençait une sorte de rituel qu’il avait l’impression d’avoir oublié mais qui lui revenait naturellement au fur et à mesure qu’il se lançait. Ainsi, il s’étirait rapidement le cou, les poignets, les bras puis les jambes. Malgré son entrain, ses gestes étaient plus lents et moins confiants, certaines de ses articulations craquaient et témoignaient encore une fois de son manque d’activité.

« Bon aller vieux… Comme à l’époque… », fit-il pour se donner du courage tout en analysant son parcours et les prises qu’il pourrait éventuellement utiliser durant son ascension.

Tout au long de sa vie, Cole avait pratiqué un nombre assez conséquent de sports variés et différents. Le tennis et le baseball dans son jeune âge. Du football américain au lycée. De l’escalade depuis ses 15 ans. Il s’était essayé au surf pendant une année. Il avait pratiqué le jeu de paume et du basket aussi avec des collègues de travail quand il travaillait au zoo.

En réalité, Cole avait l’impression d’avoir fait du sport toute sa vie. C’était quelque chose qui ne l’avait jamais réellement quitté mais pendant un temps il avait l’impression d’être une coquille vide. Sa dépression avait stoppé cette flamme qu’il avait en lui assez brutalement. Puis il avait rencontré Josh et peu de temps après Shaélynn. Cela pouvait probablement semblé stupide mais quelque chose en lui avait repris vie. L’oiseau de feu avait ressurgi de ses cendres. Alors, il s’était remis aux longues marches et aux footings. Il lui était même arrivé de s’entraîner à la salle avec Josh de temps en temps. Les randonnées lui avaient aussi permis de s’isoler et de se retirer dans sa bulle quand il en avait besoin.


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Pendant longtemps l’escalade avait été une vraie passion. Il ne pouvait le nier, il adorait ça. Et pourtant, il se trouvait là devant cette parois et son corps endolori lui disait que ce n’était pas une bonne idée. Il n’avait plus le physique d’avant. Ses muscles étaient endormis, son poids n’était plus le même et son endurance criait déjà à l’aide. Il prit une grande et longue bouffée d’air pour ressasser ses doutes et ses craintes. Il levait finalement une main en l’air pour s'agripper à un morceau de plantes grimpantes au-dessus de sa tête. L'enchevêtrement des branches et des feuilles rendait les prises souples et solides mais aussi incertaines. Il le savait d’avance, pour toutes ses raisons, cette escalade n’allait pas être simple mais tant pis, il fallait qu’il tente le coup. De toute façon, il ne voyait pas d’autres options pour le moment. Dans un élan de détermination et un grognement qui témoignait l’effort qu’il fallait produire pour soulever son corps, il se lança finalement.

1 mètre 50…


“Pourquoi est-ce que je fais ça ?”, se répétait-il intérieurement.

Les branches craquaient, les feuilles se secouaient et virevoltaient dans tous les sens dans un brouhaha particulier. Elles supportaient malgré tout ses presque désormais 90kg. Bien fort heureusement et seulement par endroit, le bâtiment offrait lui-même quelques prises causées par l’érosion et les racines agressives de la végétation. Il continuait à grimper, lentement mais sûrement.

2 mètres 50…


“Bordel… Il faut vraiment que je me remette au sport…”, ne pouvait-il pas s’empêcher de penser, déjà essoufflé par le peu d’effort qu’il venait de fournir.

Cole se concentrait pour ne pas chuter bêtement mais il devait l’admettre : il n’avait clairement plus la forme qu’il avait avant. Il se sentait pathétique mais la rage et la frustration que ça lui procurait le forçait à persévérer, l’encourager à continuer. Par rapport à ce qu’il avait fait et déjà grimper, ce n’était rien. L’ancien Cole aurait même probablement honte du temps qu’il prenait à grimper ses 3 mètres 50. Mais l’ancien Cole n’aurait peut-être pas pris le risque ou la peine de faire une ascension sur une parois pareille. Un mélange de respect et de honte, rien de mieux pour vous encourager.

3 mètres…


“Un dernier effort… et il y serait.", s’encourageait-il.

Un dernier effort qu’il sentait clairement passer. Il suait, il avait chaud, l’humidité ambiante lui prenait les poumons qui peinaient à trouver de l’air. Mais son objectif était juste là sous ses yeux et le narguait de quelques centimètres encore. L’incertitude et la souplesse des prises rendait ses muscles flageolant et légèrement tremblotant. Chacun de ses gestes se firent de plus en plus douloureux et il dépensait une énergie considérable à chaque fois qu’il tentait de garder un semblant d’équilibre mais…

Après un dernier effort, il parvint malgré tout et finalement à se hisser sur le rebord de la fenêtre sur lequel il s’assit immédiatement. Adossé contre le mur, à 3 mètre 50 de haut, ce qui en perspective ne représentait même pas la moitié de sa taille, voilà qu’il était déjà en k-o technique, suant comme un bœuf et respirant comme un asthmatique en pleine crise.

« Putain… », lâchait-il entre deux souffles d’un air dépité.

Il se frottait les mains pour enlever les quelques morceaux d'écorce et de plâtre qui s’y étaient figés. Des points blancs sur sa peau se dessinaient là où les branches, les épines et les feuilles l’avaient visiblement et vicieusement attaqué. Il relevait la tête et jetait un coup d'œil à la fenêtre. La vitre était bel et bien brisée, il était au moins certain de n’être pas monté pour rien.


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Se tenant au cadre de la fenêtre, il se relevait péniblement et mis un dernier coup de pied dans les bouts de verre qui lui semblaient dangereux avant de pénétrer à l’intérieur. Une main posée contre la boiserie, il sautait à pieds joints à l’intérieur sur des morceaux de verre qui, dans un craquement, brisaient le silence mortuaire des lieux. Ses pieds soulevèrent une fine couche de poussières qui retombait rapidement à cause de l’humidité ambiante. Sans grande surprise, l’endroit était plongé dans le noir et, par anticipation, Cole avait déjà basculé son sac à dos devant lui pour en sortir sa lampe torche. Le couloir dans lequel il se trouvait était évidemment humide et sentait le renfermé. Une forte odeur de moisissure agrippait instantanément ses narines si bien qu’il fut obligé de remonter son t-shirt jusque sous son nez pour s'épargner un minimum ce désagrément. Après une légère quinte de toux qu’il retint tant bien que mal, un long silence s’installait de nouveau, lui rappelant inlassablement que son intrusion n’allait visiblement rien changer au cours des choses ici. L’atmosphère était suffisamment pesante pour qu’il n’entende plus qu’un bourdonnement constant, vestige de son incident sur le parc, mais qui animait involontairement ce couloir d’un drône ambient glauque et inquiétant. Ce dernier semblait s’étirer éternellement vers la pénombre. Ses murs à la peinture décrépit pelaient par endroit, laissant à découvert des morceaux entiers et suintant d’humidité dont la moisissure semblait se nourrir inlassablement. Prenant son courage en main, Cole avançait rapidement mais prudemment jusqu’à une porte qui dans ses souvenirs devait être les escaliers que les employés utilisaient autrefois quotidiennement. Celle-ci obtempéra cette fois sans rechigner et le jeune homme eut un petit soupir de soulagement quand cela fut le cas. Le grincement métallique de la porte résonnait dans le bâtiment. Les escaliers, eux, étaient devenus une sorte d’écoulement des eaux naturelles dans lequel des champignons et même par endroit des sortes de fougères avaient réussi à pousser et cela malgré le manque notable de lumière. Leurs formes alambiquées et parfois même biscornues témoignaient de leur ténacité et de leur persévérance. C’était à la fois beau, effrayant et triste. La nature était à la fois cruelle, mystérieuse et fascinante.

Progressant lentement dans les marches humides d’une eau qui ne semblait vouloir sécher, il prenait son temps pour ne pas glisser et, surtout, pour reprendre son souffle qu’il peinait encore à retrouver. Enfin arrivé au rez-de-chaussée, il poussait une nouvelle porte et pivotait dans un couloir en direction de son objectif final, celle qui donnait sur l’extérieur. En s’approchant, sa lampe finit enfin par lui indiquer la voie. Pour une raison qu’il ne parvenait pas à expliquer réellement, absolument rien ne semblait visuellement bloquer la porte. Il n’y avait pas de meubles, pas de végétations ni même de bloqueur de porte. Était-elle tout simplement fermée à clé ? Non. Impossible. Il n’y avait pas de serrure, ce n’était pas une porte comme ça. Elle fermait par carte magnétique et/ou grâce à un mécanisme électronique. À l’époque, le parc disposait de nombreuses portes comme celle-ci. Il prit donc un instant pour bien l’observer. Au plafond, tout un angle avait été investi par une toile d’araignée assez grosse et imposante pour être impressionnante mais dont la propriétaire semblait pour le moment absente. La porte semblait intacte et pourtant elle n’avait pas bougé d’un centimètre lorsqu’il avait tenté de l’ouvrir. Cole soupira puis posa de nouveau et presque à contrecœur sa main sur la poignée. Contrairement à sa première expérience, un léger déplacement, aussi infime soit-il, le dopa d’un nouvel espoir. Sa main droite sur la poignée, l’autre avec toujours la lampe en main, il plaquait son épaule pour faire davantage pression sur la porte qui grinçait sous son poids. Elle avait dû simplement travailler avec le temps, les intempéries et la rouille. Cole poussait désormais des grognements au fur et à mesure qu’il y mettait plus de force.

« Allez ! … Allez ! … Allez ! … », fit-il pour s’encourager en relevant son épaule à trois reprises pour donner des accoups de tout son poids.

Et au bout de quelques secondes d’intenses efforts, la porte s’ouvrit enfin complètement. Accompagnée d’un grincement métallique déchirant, elle râclait tous les bords qu’elle pouvait et défrichait les quelques mauvaises herbes et cailloux qui tentaient encore de bloquer son passage. Malgré la pénombre qu’offrait la canopée de la jungle, Cole fut presque aveuglé par la lumière ambiante de l’extérieur. Il dût donc prendre quelques secondes pour réussir enfin à s’y habituer et pour enfin apercevoir ses anciens collègues qui se trouvaient pourtant devant lui. Il prit le temps également de reprendre son souffle et de respirer un peu d’air frais, le même qu’il avait encore quelques minutes plus tôt dû mal à supporter. Il le préférait maintenant largement à celui du bâtiment. Ses yeux, qui à cause de la lumière et de l’énergie dépensée lui firent défaut pendant quelques instants, croisaient finalement ceux de l’ancienne paléobotaniste qui lui adressait un regard plein de reproches. Cole fut tenté de lui lâcher un “quoi” d’un ton désagréable pour répondre à sa tête accusatrice mais son souffle était encore coupé par ses derniers efforts. Finalement, en guise de réponse, elle levait alors les yeux au ciel avant de lâcher d’un ton neutre :

« Allez, on y va et on croise les doigts pour que ça soit sans arrêt jusqu’à la grotte des fossiles cette fois. »

Cole ne répondit rien et se contenta de les laisser passer en s’écartant du passage. Il savait qu’il aurait peut-être dû les prévenir de son action et les reproches de Shaélynn concernaient probablement cette décision. Mais tout comme lui, elle cherchait sûrement la moindre chose, le moindre geste qui justifierait un sermon de sa part. La rancune de leurs précédents échanges était belle et bien encore présente et s’ils continuaient dans cette direction il faudrait probablement encore crever l’abcès. Certes sa décision et son geste avaient été spontanés et il n’avait pas pris la peine de les prévenir mais il avait agit pour l’équipe et dans son intérêt. Ça, elle ne pouvait pas le lui reprocher.


Ambiance sonore :
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Après leur passage, Cole prenait une dernière bouffée d’air qui s’apparentait presque à un soupir puis il prenait soin de refermer la porte derrière eux mais pas complètement pour que ses efforts n’aient pas été vains. Il remontait légèrement son t-shirt sur son nez et rallumait sa lampe torche pour traverser le couloir qui les séparait du hall principal. Il progressait rapidement et leurs pas résonnaient déjà dans le bâtiment. Le souffle du vent sur les fenêtres et les quelques interstices que la structure avait créés avec le temps produisait un son menaçant. Certains bureaux étaient encore ouverts et en passant devant Cole ne put s’empêcher de braquer sa lampe à l’intérieur. Il n’y avait pas participé personnellement mais il avait encore le vague souvenir d’une série de papiers qu’il avait signé l’année dernière depuis San Diego. Priscilla la lui avait transmis et la majorité s’était faite électroniquement. Elle lui avait expliqué que les meubles et autres mobiliers allaient être déplacés dans le nouveau QG qui était sur le point d’être terminé. Il se souvient encore de la photo qu’elle avait prise et qu’elle lui avait montrée avant que son bureau ne soit entièrement vide. Il se souvient vaguement de quelques photos qu’elle lui avait montrées pour susciter son intérêt amoindri à cette période des nouvelles infrastructures. Des gestes simples qui pourtant l’indiffèraient un peu à l’époque mais qui aujourd’hui le touchaient énormément. Des feuilles de papiers jaunies et trempées jonchaient par endroit le sol et formaient des sortes d’entités à part entière. Impossible de savoir si elles avaient été oubliées ou laissées volontairement sur place. Il pouvait le constater aujourd’hui, la plupart du mobilier des bureaux avait bien été récupéré.

Les pièces paraissaient étrangement vides et peignaient des œuvres étranges sur les murs et sur les sols qui vous laissaient un goût amer et vous mettaient mal à l’aise. Par endroit, les dalles du faux plafond étaient tombées à cause de la faune ou des intempéries et avait rejoint l'écosystème qui s’était créé avec le temps. Les plafonds mis à nus révélaient le squelette et les vaisseaux sanguins du bâtiment en déperdition. Pour certains bureaux, les fenêtres brisées avaient laissé librement entrer l’air et la pluie si bien que des flaques assez conséquentes s’étaient formées par endroit où le lino s’était éventré pour y accueillir ces petits bassins. L’humidité qui s’en dégageait s'était évidemment attaquée à la peinture des murs depuis le sol et la rongeait quasiment jusqu’au plafond. En réaction, celle-ci s'écaillait et dessinait des sortes d’éclairs qui s'étalaient sur toute la longueur des murs. Quant à ceux qui donnaient sur l’extérieur, de la mousse s’en était complètement emparée et l’avait transformé en un patchwork mouchetés de couleurs verdâtres. Quelques meubles trônaient encore et se débattaient dans ce chaos qui semblait pourtant si calme à première vue. Des sacs poubelles dont le contenu restait inconnus avaient été aussi laissés à l’abandon et s’empilaient dans certains coins des pièces vides. Rien ne permettait de réellement déterminer quand cet endroit avait été abandonné, il semblait figé dans le temps.

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Musique :
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Pourtant - et Cole avait malgré tout tenté d’y faire abstraction jusqu’à maintenant - un détail sortait du lot et dénotait de tout le reste. Les plaques nominatives dont la charte graphique était celle du Jurassic Park subsistaient toujours et trônaient encore aujourd’hui sur les portes. Certains de ces noms avaient été effacé de sa mémoire, d’autres l’avaient profondément marqué. Cole avait encore clairement la liste sous les yeux, il s’en souvenait parfaitement. Il les avait appris par cœur…


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■ Lydia JEFFERSON, 35 ans, guide
■ Carl MILLER, 47 ans responsable des équipes événementielles
■ Pauline DUBOIS, 21 ans guide stagiaire
■ Jeremiah MLECZKO, 28 ans, guide
■ Gabriel BHASIN, 32 ans, guide
■ Ethan GARCIA, 38 ans, chargé de communication

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Carl a perdu la vie lorsque les membres de la Chimère ont débarqué sur les quais de l’île. Il était en train de ranger les derniers tapis rouges et les quelques kakemonos qui avaient été installés à l’origine pour accueillir les personnels et les pontes des différents yachts. En apprenant ce qui s’était passé sur les navires, il avait pris l’initiative de retirer ces installations devenues beaucoup trop festives. Il se trouvait avec deux rangers et un vidéo-documentaliste. Ils ont été chacun éliminés silencieusement, les corps ont été repêché sur la plage trois jours plus tard.

Lydia et Pauline étaient ensemble lorsque les terroristes ont pris d’assaut le Jurassic Village. Il était encore très tôt sur Isla Nublar. Elles étaient en train de cadrer le premier groupe de la journée. Les visiteurs étaient surexcités et écoutaient attentivement les protocoles et les quelques règles que les deux guides étaient en train d’énoncer avant de se rendre dans le parc. Pauline se trouvait sur le parc depuis trois mois. Cole avait signé sa convention de stage en octobre. Acculés par des rangers, des soldats de la Chimère sont arrivés et les ont pris en otage. Ils les ont exécuté un à un puis se sont suicidés.

Gabriel était déjà en visite avec un petit groupe lorsqu’il reçut une alerte sur son talky-walky. Se trouvant relativement loin des bunkers, il a eu le réflexe et le temps de cacher les visiteurs avant que les soldats ne leur tombent dessus. Grâce à son sacrifice, il a ainsi pu sauver 15 personnes et est parvenu à éloigner la Chimère. Blessé lors de sa fuite, les secours l’ont trouvé dans la jungle. Ne pouvant le déplacer, ils ont tenté sur place de le soigner du mieux qu’il le pouvait. Il a succombé à ses blessures à 11h00.

Ethan se trouvait à proximité du centre des visiteurs et aidait à l’évacuation du personnel et des civils encore sur place. Dans le chaos, il était impossible de savoir où se trouvait Tyrannosaure alors en liberté. L’identification de son corps a pu se faire uniquement grâce à la montre qu’il portait. Sa famille a dû enterrer un cercueil vide. Il était le père de deux enfants. Il avait été embauché peu de temps avant l’ouverture du parc.

Jeremiah se trouvait à son poste dans le Jurassic Garden et accueillait les premiers visiteurs matinaux. Tout est allé très vite. Pris au piège à l’intérieur des serres, lui, 2 paléobotanistes et 5 autres personnes dont 2 encore non identifiées ont péri dans l’incendie qui a ravagé les serres.


“Et tu fais quoi pour que la liste des cadavres s’arrête ? Rien !”


La voix du paléontologue résonnait dans sa tête comme le marteau d’un forgeron. Inlassablement, le tintement du métal frappait un air rythmé dans son crâne pour lui rappeler son échec. Même s’il avait du mal à l’admettre, Marcos avait raison.


“Depuis combien de temps as-tu les moyens
de faire changer les choses  et que tu n’en fais rien ?”


Cole avait la tête baissée, il avait la gorge sèche et les mains moites. Les yeux larmoyants, l’envie de crier, l’envie de courir et de fuir. L’envie de tout arrêter, de s’asseoir et de rester là à attendre que les choses passent. Les remords, la honte et la tristesse l’accablaient. Il avait laissé tomber le t-shirt de devant son visage, semblant assumer complètement la situation dans laquelle il se trouvait. Ne cherchant plus à lutter pour les quelques désagréments qu’il avait pu ressentir plus tôt. Cela lui semblait bien futile après tout ça. Une boule dans le creux de ses poumons semblait le dévorer de l’intérieur et comprimait le reste de ses organes. Ils défilaient devant ses plaques funéraires comme si de rien n’était. Cole avait envie de vomir. Les bras ballants, il suivait Marcos et Shaélynn sans réellement regarder où ils allaient.


"Mr Hudson, vous devriez être en train de faire votre travail de Gérant il me semble ? Des vies sont en jeu !”, résonnait la voix de John Hammond.


Il savait qu’il avait fait le nécessaire. Il savait qu’il n’était pas entièrement fautif. Il savait qu’il avait fait de son mieux mais qu’il le veuille ou non c’était quelque chose qu’il garderait tout au long de sa vie. Sa psychiatre lui avait dit à maintes reprises qu’il ne devait pas se blâmer pour la mort de ses personnes et que c’était uniquement la faute des terroristes. Mais encore aujourd’hui, Cole le voyait différemment. La Mort s’était servie de lui. Il avait été son hôte, son extension, sa voix et son bras squelettique. C’est lui qui avait réalisé certains de ces entretiens, c’est lui qui, armé de son stylo, avait signé les fiches de postes de certaines de ces personnes. Il les avait condamnés. Il avait sélectionné ceux qui allaient mourir et ceux qui allaient vivre. Il avait été le juge, le juré et le bourreau. Qu’aurait-il dû faire de différent ? Qu’aurait-il dû faire de mieux ? Aurait-il pu faire plus ? Aurait-il dû faire moins ?


“Vous n'êtes qu'un idiot pathétique persuadé qu'il peux encore prendre les rennes d'un parc de cette dimension après avoir été responsable de la mort de plus de 100 personnes.”, clamait Shivak deux ans plus tôt.


Il avait agit comme tout humain l’aurait fait à sa place et il s’était préoccupé de la personne qu’il aimait le plus. Il n’était plus guide, il était directeur à ce moment-là. Il avait prévenu les chefs de sections, il avait prévenu les rangers de ce qu’il avait fait et de la situation. Il avait fait le nécessaire non ? Il n’était plus chef de section, il n’était plus guide mais il n’était plus directeur non plus à ce moment-là… Il avait été seulement Cole Hudson, un humain comme un autre. Une victime de plus parmi tant d’autres.

Mais tous ces gens, il les connaissait. Il les avait côtoyés, il avait travaillé avec eux pour la plupart et il avait même fait les entretiens d’embauche de certains d’entre eux. Cole savait qu’il aurait pu faire plus, qu’il aurait dû faire plus.

Et pourtant, pouvait-on le blâmer pour la mort de toutes ces personnes ? Est-ce que ce n’était pas cruel et injuste ?

Chacun avait vécu ce soir-là son cauchemar, son propre enfer. Tout disparaissait autour de lui, en un flash il se remémorait cette journée. Allongé sur le sol, une chaleur intense qui semblait l’envelopper de tout son être, il se remémorait encore quelques instants avant de sombrer dans l’inconscience. Cet étrange spectacle de lueur rougeâtre virevoltant dans le ciel et dansant au-dessus de lui. Le crépitement des flammes, son étrange symphonie. La pluie qui frappait lentement son visage puis de plus en plus violemment. Chaque goutte lui semblait douloureuse, chaque goutte semblait s’enfoncer dans sa chair meurtrie par l’explosion, chaque goutte creusant petit à petit jusqu’à ses os.


Puis plus rien.


Le long couloir réapparaissait soudainement devant lui. Sa main se resserrait sur la lampe, son corps se crispait et réveillait des douleurs tant physiques que psychiques. Cole accélérait le pas pour terminer cette traversée qui se faisait de plus en plus difficile. Il avait le sentiment d’être observé, il avait la désagréable impression que quelque chose les suivait. Il avait l’étrange sensation que quelqu’un ou que quelque chose s’agrippait et se posait sur ses épaules au fur et à mesure qu’ils avançaient. C’était comme si les morts s’offusquaient de sa présence et l’attaquaient pour le lui faire regretter. La traversée du bâtiment lui donna non seulement le vertige mais lui semblait durer une éternité.

Pourtant, en seulement quelques minutes et sans qu’il ne s’en rende réellement compte, ils étaient déjà de l’autre côté. Cole avait eu l’impression qu’il avait fermé les yeux sur les derniers instants. Il n’avait même pas vu l’état du hall principal. Ils étaient déjà dans le Jurassic Village lorsqu’il émergeait de nouveau et l’ancien guide eut un soupir étouffé, une sorte de hoquet étranglée qui manqua de le faire craquer pour de bon. De la sueur perlait sur son front, son souffle était coupé, il n’arrivait plus à respirer. Il n’avait pas songé un seul instant que tout “ça” ferait ressurgir autant de choses. Il devait se l’avouer, il devait être honnête avec lui-même. Aujourd’hui encore, les souvenirs étaient trop douloureux.

Et sans réellement s’en rendre compte, il s’était déjà éloigné au côté de Marcos qui semblait le suivre. Toujours crispé, Cole tenait encore en main sa lampe torche qu’il avait même laissé encore allumée. Il regardait bêtement le sol en se laissant guider par ses pieds puis se décidait enfin à relever la tête. Il croisait dans son geste le regard du français qui pour une fois lui semblait bienveillant. Cole, qui devait probablement tirer une tête d’enterrement et d’une certaine façon c’était le cas, tentait de se recomposer un visage neutre et impassible sans réel succès. Il détournait alors la tête en ne prononçant aucun mot, de peur certainement que le paléontologue ne lui fasse de nouveaux reproches. L’américain rangeait alors la lampe dans son sac pour feindre une occupation et sortit son portable pour espérer y trouver un message de Angel ou de Priscilla. Mais rien ne pouvait le sortir de cette situation. Prenant une inspiration qui lui brûlait les poumons et lui laissait un goût amer de métal dans la bouche - probablement à cause des exercices qu’il avait effectués plus tôt - Cole se contentait simplement d’énoncer les faits à son voisin.

« C’est plus compliqué que je ne le pensais de revenir ici. », fit-il malgré lui d’une voix tremblante.

À sa grande surprise, Marcos se contentait d'acquiescer respectueusement. N’attendant pas de réponses particulières à son affirmation, Cole eut un bref sourire en guise de remerciements. Le français semblait comprendre ou tout du moins semblait suffisamment compréhensif sur le sujet pour lui redonner du courage et de la motivation. Il avait moins l’impression d’être seul à cet instant qui lui était difficile.

Et sa tête relevée, il pouvait désormais contempler cette nouvelle scène atypique. Le Jurassic Park n’était plus qu’une ville fantôme, le vestige d’un drame que InGen tentait d’oublier et que même l’île tentait d’effacer. Mais en vain. L’entreprise ne pourrait jamais le faire. Les anciens employés, les familles meurtris et les mémoriaux qui ont été érigés étaient un rappel. Il faudrait bien plus que deux ans à la végétation pour faire disparaître l’existence du Jurassic Park. Cette place était un témoin unique de ce qu’il s’était vraiment passé ce matin du 3 janvier 2013. De la jungle où ils se trouvaient quelques instants plus tôt au Jurassic Village, un silence religieux s’installait en ces lieux. La faune et la flore environnante semblaient presque partager le deuil et l’histoire de cet endroit. Seul le gravier craquait sous leurs pas comme pour les rappeler à la réalité. Et contrairement aux bâtiments abandonnés en milieu urbain et rural, l’endroit avait été épargné par la présence humaine. Rien n’avait été tagué ou cassé. Il n’y avait ni squatteurs, ni casseurs, ni urbex. Rien ni personne avant leur arrivée n’avait dérangé ces lieux qui semblaient figés dans le temps.

Très vite et après un court interlude, ils se rassemblaient et se dirigeaient donc vers la grotte des fossiles qui n’était plus très loin désormais. Les visages semblaient visiblement marqués par la tristesse et le regret. Ils progressaient ainsi sur le chemin qui les conduirait à leur destination. Celui-ci était tout aussi dégagé que la place qu’ils venaient de parcourir. Une grande arche en pierre taillée imitait la porte du Jurassic World. Elle était aujourd’hui un héritage et un hommage du Jurassic Park qui utilisait le même design. Ce design qui se répercutait sur la quasi-intégralité des attractions du parc dont la grotte des fossiles ne faisait pas exception. Dissimulé à peine sous la végétation, une chaîne qui autrefois en fermait l’accès jonchait encore sur le sol et semblait encore accrochée sur un des montants. Le panneau en métal qui y pendait affichait d’ailleurs encore cette restriction.


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Après une légère bifurcation sur la droite, l’entrée de la grotte qui était dissimulée par la végétation apparaissait soudainement devant eux. Cole ne jetait qu’un rapide coup d'œil aux alentours par acquis de conscience mais son regard ne pouvait se décrocher de ce spectacle singulier. La caverne dénotait clairement dans le paysage rocheux et anguleux qui leur faisait face. Les entrailles sombres de l’île semblaient vouloir les appeler dans ses méandres et l'atmosphère qui s’en dégageait semblait dissimuler quelque chose d’une noirceur indescriptible. Un courant d’air froid s’échappait de cette grande embouchure et produisait une sorte de sifflement inquiétant. Il donnait l’impression menaçante que l’île était vivante et que son sommeil imperturbable allait être dérangé si par malheur des intrus entraient dans cette grotte.

Aujourd’hui, Cole était là parce qu’il voulait faire plus et qu’il pouvait faire plus. Il se sentait redevable et il allait payer la dette qu’il devait à toutes ces personnes qui avaient perdu la vie ici. C’était l’enjeu, c’était le but qu’il s’était donné d’accomplir. Mais avant cela, avant de retrouver Priscilla, il devait s’assurer que Marcos et Shaélynn arrivent à destination.

Hypnotisé temporairement par la pénombre, il fut sorti de ses pensées par un pouffement à ses côtés. L’ancienne paléobotaniste avait la tête baissée et semblait prise d’un hoquet étouffé. Cole ne parvenait pas à déterminer si elle pleurait ou si elle riait. Il se penchait pour s’approcher d’elle lorsque soudain un bruit de moteur perçait le silence. Tétanisé, il relevait instantanément la tête et regardait derrière eux.

« Cole, Marcos, par ici ! »

Cole ouvrit grand les yeux et suivait du regard Shaélynn qui venait de filer à grandes enjambées jusqu’à une baraque en bois dont il ignorait la fonction. Instinctivement, il se mit alors lui aussi à courir, accompagné de Marcos qui comme lui ne pouvait réellement comprendre la situation entièrement. L’américain savait cependant que c’était la meilleure décision à prendre et que Shaé avait au moins le mérite de savoir quelle était la réaction à avoir dans ce genre de situation. Ils se jetaient ensemble derrière le comptoir pour se dissimuler tant bien que mal. Cole avait les jambes et les bras déjà courbaturés par tous les efforts qu’il avait donné pour atteindre le premier étage du QG des guides. C’était aussi malheureusement les séquelles de son incident qu’il garderait probablement toute sa vie.

Shaélynn se penchait légèrement sur le côté alors que le véhicule semblait se rapprocher. Cole fut tenté de la retenir pour ne pas qu’elle se fasse voir mais il se retenait de le faire. C’était bête mais à cet instant encore et après la discussion qu’ils avaient eu, il avait dû mal à envisager de la toucher. La voiture dérapait sur les graviers et s’arrêtait complètement. Il entendit la portière s’ouvrir et se refermer. Son cœur s’était arrêté et il avait la gorge sèche lorsque Shaélynn se tourna finalement vers eux.

« C’est Angel. »

Cole relâchait ses poumons qu’il avait privé d’air comme pour ne pas se faire repérer. Il eut du mal à se relever mais Marcos lui tendit une main bienvenue pour l’aider. Angel, qui semblait sur le qui-vive, rangeait visiblement son arme dans son fourreau. Elle contournait le véhicule sans dire aucun mot et se contentait d’un signe de la main pour les inviter à s’approcher. Naturellement, le petit groupe s’agglutinait autour d’elle pour écouter ce qu’elle avait à dire et pour prendre connaissance des équipements qu’elle avait pu récupérer. Tout en fouillant dans un sac, elle lâchait finalement d’un ton ironique :

« Je ne vois pas votre véhicule, vous vous êtes perdus en venant ?! »

Cole lui souriait mais il ne pouvait s’empêcher de voir que la jeune femme avait les yeux rouges. Que s'était-il passé ? Il tournait honteusement la tête en se demandant dans quel état étaient les siens après ce passage au QG des guides.

« Vous les voulez ?! », fit-elle en agitant temporairement des papiers sous les yeux de l’ancienne paléobotaniste. « La seule condition est que l’on ait une discussion à la fin de tout ça et c’est non négociable Shaélynn ! »

Le gérant avait tourné subitement la tête pour comprendre de quoi il s’agissait et avait à peine eu le temps d’apercevoir les papiers d’identités. Cela devait probablement être des faux que Shaélynn avait utilisé durant sa cavale. Si la volonté de Angel l’inquiétait sur le moment, il se ravisait bien rapidement en s’imaginant qu’elle pourrait très certainement s’en procurer d’autres facilement. Mais Shaélynn affichait une grimace qui supposait que ce n’était peut-être pas aussi simple que ça en avait l’air.  La ranger les glissait ainsi dans la poche de son pantalon puis attrapait désormais un gilet pare-balle qu’elle plaquait contre le torse du paléontologue. Elle semblait tendue et son ton était encore plus autoritaire qu’à son habitude.

« Mettez ça ! Je ne veux pas que vous mouriez sous ma responsabilité si tout dérape comme vous en avez l’air de le penser. »

Cole redoutait le moment où il allait devoir lui expliquer que ses pensées étaient désormais plus que fondées. Au vu de sa manière militaire et millimétrée de faire, son tour allait bien vite arrivé. Angel attrapait ensuite les talkies-walkies qu’elle distribuait au groupe.

« Canal 16 pour nous, jamais personne n’utilise le dernier canal de ces machins ! On communique sur tout, c’est clair ?! »

Chacun glissait la roulette jusqu’à atteindre le canal annoncé par la ranger et chacun acquiesçait presque à l’unisson après ses ordres. Les échanges qu’ils avaient eu plutôt semblaient avoir calmé les ardeurs du groupe. Personne ne semblait vouloir vraiment contredire Angel. Ou peut-être que c’était l’ancien parc et le poids de leurs responsabilités qui commençaient à se faire sentir. La seconde en chef tendait ensuite les armes et donnait des explications au paléontologue et à l’ex-espionne. Cole, quant à lui, était plongé dans ses pensées. Quelles seraient leurs priorités ? Est-ce qu’il fallait évacuer l’île immédiatement ? Est-ce qu’un simple compteur rouge menaçant serait une excuse suffisante pour le faire ? La réponse semblait évidente. Mais alors, quelle serait la marche à suivre ?

« Essayer de ne pas vous tuer avec, je vous en serais reconnaissante »

Cole relevait la tête légèrement pour regarder le paléontologue. Il y avait un mélange de colère et de peur dans le regard du français. Tout comme lui, Marcos n’avait pas signé pour ça à l’origine. Tout comme lui, il était engagé sur quelque chose qui le dépassait complètement.

« Shaélynn. », fit-elle d’un ton sec.

L’ancienne paléobotaniste semblait bien silencieuse. Elle était entrée dans une sorte de concentration ultime dont rien ne semblait en perturber la source. Le regard sérieux et les yeux froncés, elle semblait à peine écouter la ranger. À peine cette dernière en avait fini avec elle, qu’elle chargeait déjà son arme avec une précision qui lui donnait froid dans le dos. La dernière phrase qu'Angel avait prononcé ne semblait pas l’avoir atteinte et Shaélynn semblait prête à tout pour faire exactement ce pourquoi elle était venue ici en premier lieu : faire en sorte que tout ça se termine une bonne fois pour toute.

« Si vous avez quelque chose d’autre à récupérer dans le coffre, allez-y ! Sinon, quelle est la suite du plan ? Allez-y, racontez-moi ce que j’ai loupé ! », dit-elle en regardant le gérant dans les yeux d’un regard toujours aussi lourd.

Avant que ce dernier n’ait le temps de répondre, Shaélynn lui tendait son arme par le canon et lâchait d’un air lassé :

« Si vous permettez, je vais me changer… »

Malgré lui, Cole avait récupéré le pistolet par l’extrémité de la crosse, ne sachant pas réellement quoi faire avec sur le moment. Si le timing de son opération était suspect, l’arme tendue au gérant avait suffi à apaiser un peu la ranger malgré tout. Shaélynn récupérait finalement des affaires dans le coffre de la voiture avant de s’éloigner plus loin jusqu’à disparaître dans la cabane dans laquelle ils s’étaient cachés plus tôt. Cole se tournait de nouveau vers le groupe pour leur répondre.


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« Shaélynn et Marcos vont entrer là-dedans. », fit-il en montrant la grotte. Et devant l’étonnement du paléontologue, il ajoutait. « Je ne peux pas vous accompagner. Ma responsabilité n’est pas ici, tu avais raison tout à l’heure. Je vous laisse ça, je pense que vous allez en avoir plus besoin que moi. »

Cole basculait son sac à dos devant lui, une bretelle toujours sur une épaule. Il l’ouvrit et en sortit le kit de secours qu’il avait récupéré dans la voiture. Il lui donnait également la lampe torche, une de rechange ne pouvait pas leur faire de mal.

« C’est pas grand chose et j’espère que vous n’en aurez pas besoin... »

Il se tournait ensuite vers Angel, un air grave dans la voix.

« Angel. Il faut qu’on se prépare au pire… On va retourner au centre de contrôle et préparer la sécurité. Pendant ton absence, Shivak m’a contacté. Rien n’est certain mais tout porte à croire que la Chimère prépare quelque chose… Je lui fais pas plus confiance que ça et j’espère qu'il ne nous a pas envoyé un compteur rouge juste pour annoncer son arrivée. Pour le moment, tout ce qu’on peut faire, c’est augmenter notre vigilance et se préparer à la pire des éventualités. »

Il tournait la tête lorsque Shaélynn revenait finalement de derrière le comptoir. Sa nouvelle tenue semblait la satisfaire et malgré les circonstances elle semblait un peu plus détendue. Cole se dirigeait alors vers elle et lui tendait son arme.

« Shaé, je peux te parler deux secondes ? »

La jeune femme acquieçait sans rechigner et Cole l’invitait à faire quelques pas supplémentaires pour s’éloigner suffisamment de Marcos et Angel.

« Soit-prudente… Ok ? Et… Essayes de ne pas disparaître cette fois ? », fit-il plus sincèrement qu’il ne l’aurait envisagé.
« Message reçu », dit-elle en glissant sa main dans la sienne d’un geste insistant tout en soutenant son regard.

Cole, surpris, baissait les yeux vers sa main. Avant qu’il n’ait le temps de faire quoi que ce soit, Shaélynn passait ses bras autour de son cou et l’attirait contre elle. Elle se dressait sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille et lui chuchotait quelque chose que seul lui pourrait entendre. Le jeune homme souriait en coin et tournait son regard dans sa direction alors que son étreinte se terminait. Il acquiesçait une dernière fois et ajoutait.

« Fais attention à toi… La Chimère… Tout ça… Ce n’est pas ta faute… D’accord ? Tout ce que tu as fait… Ça n’aurait rien changé à ce qu’il se passe aujourd’hui. Ne vous mettez pas en danger inutilement. Si ça tourne mal, ne restez pas dans le coin… On trouvera un autre moyen… »

Elle lui souriait et lui faisait un mouvement de tête pour lui dire que le message était, encore une fois, reçu. Ils retournaient ensemble auprès des deux autres et, une fois arrivés à leur hauteur, Cole plongeait sa main dans sa poche et en sortant finalement son badge. Il le tendit directement à Marcos.

« Mon badge, comme convenu. Courage à vous deux et soyez prudent. », fit-il de nouveau en regardant Shaélynn. « Et on reste en contact. », dit-il en tapotant le talkie-walkie à sa ceinture.

Le départ allait se faire difficile mais il était nécessaire. Il ne voulait pas se l’avouer mais sa place n’était pas ici. Ses pieds ne voulaient pas bouger mais il sentait déjà le regard insistant de Angel se poser sur lui. Il allait devoir partir. Il allait devoir la laisser. Et même si ça lui faisait mal de le reconnaître, lâcher Marcos là-dedans dans l’inconnu ne l’enchantait pas plus que ça non plus.

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Marcos Shannon

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Contrariétés   Tirer un trait sur le passé - Contrariétés EmptyLun 6 Nov 2023 - 23:42



La lumière lui parût presque aveuglante lorsque le paléontologue sortit du bâtiment au abord du Jurassic Village. Il venait de traverser un dédale de bureaux qui, pour lui, n’évoquait rien. Il n’était cependant pas difficile pour le français de deviner qu’il en était tout autrement pour le directeur de l’île, anciennement guide, dont les bureaux principaux se trouvaient ici même. Son regard furetait ça et là, mais ce qu’il regardait, de l’ordre du souvenir, n’était visible qu’à lui-même. 
Bien que les lieux lui eurent étés étrangers, la réaction du new yorkais quant à elle lui était familière. Il avait dû, lui aussi, investir des locaux dépeuplés de ses employés, suite à l’attaque de la Chimère deux ans plus tôt. Des portes avec des plaques dont les noms appartenaient désormais à des personnes qui ne viendraient plus travailler. Des impacts de balles dans les murs témoignant de la sauvagerie des événements passés. Des cartons d'effets personnels à envoyer aux familles des victimes. Pour certaines, il y avait plus d’effets personnels dans ces boîtes que de restes à mettre en terre. Et l’administratif qui avait suivi derrière. Une refonte complète des équipes avait eu lieu, et le personnel paléontologique n’était pas en reste. Après la tempête, il avait fallu faire un inventaire du personnel en vie, une chose que peu de cadres ou PDG dans le monde ont à effectuer dans sa carrière. Ce n’était pas le genre de missions indiquées sur les fiches de postes. Il avait fallu continuer avec un inventaire du personnel en vie ET souhaitant revenir travailler. Puis enfin attribuer les postes vacants. Le tout, couvert de discours élogieux, tel que “en remerciements de vos bons et loyaux services chez InGen depuis toutes ses années”, alors que tout le monde savait qu’en réalité, la promotion résultait d’une place qui s’était libérée… Il fallait ensuite embaucher de nouvelles personnes, en justifiant les postes à pourvoir par une “croissance de l’entreprise et des activités sur l’île”, ce qui était faux. Les activités de fouilles n’avaient jamais été au plus bas que depuis cet épisode tragique. Le responsable se débectait d’avoir entretenu ces faux semblants. Mais il n’avait pas eu vraiment le choix. Les directives de Simon Masrani avaient été claires et pour Marcos, mieux valait garder une main sur le guidon, et pouvoir ainsi se rapprocher du projet T, que de le lâcher complètement et perdre toute possibilité de manœuvre et d’action.
Réalisant que ses pensées dérivaient petit à petit vers ces souvenirs douloureux, et ressentant une sueur froide s’éprendre de son cou et de sa nuque, il se fît violence pour se concentrer sur autre chose.

« C’est plus compliqué que je ne le pensais de revenir ici. », annonça alors Hudson à demi-mot, dans un soupir profond.

Oui, ça l’était. Mais y réfléchir trop longtemps n’aurait rien fait de plus que mettre leur motivation en doute. Le paléontologue avait failli flancher quelques minutes plus tôt. Les faits étaient passés, mais la honte d’une telle faiblesse était encore là, quelque part. Le seul moyen d'échapper à ça était de montrer que leurs agissements, tout comme les pertes humaines antérieures, n’étaient pas vaines. Marcos décida de plonger son regard soucieux dans celui du PDG. Ce dernier avait probablement le même regard abattu que le français avait eu quelques minutes plus tôt. Il esquissa un léger sourire de compassion et descendit les marches vers la plaza.


Son regard glissa alors vers l'arche en pierre à quelques mètres en face. Sous la végétation grimpante qui s’était accrochée faute d’un entretien du site, il était facile de voir le nom des lieux, le but même de leur venue: la Grotte des fossiles. Un rideau de lierre tombant et de lianes ne permettaient pas d’en voir complètement l’intérieur. L’espace qui séparait le groupe de la grotte avait été autrefois une place pavée et bitumée, avec des bancs et des ombrelles. Un espace de détente où les visiteurs pouvaient se poser dans la course effrénée pour visiter le parc. Le prix des entrées étant élevé, la plupart des visiteurs ne restaient sur l’île qu’une journée, sacrifiant la détente qui aurait dû être pour voir le plus d’animaux possibles. Aujourd’hui, des hautes herbes qui atteignent la taille avaient poussé entre les joints des dalles. Les palmiers et bananiers, autrefois bien taillés, avaient pris des proportions considérables et allouaient un peu d’ombre dans ce carré ouvert d’herbes folles qui dénotait avec la jungle périphérique bien plus dense.

Le groupe s’engagea à travers les graminées et entreprit de traverser la place. Les tiges se pliaient et craquaient sous les pas de la colonne humaine et un sentier se dessina petit à petit à travers la broussaille. La troupe arrivait à destination lorsqu’une voiture se fît entendre. Tous se figèrent à la pensée qu’il puisse s’agir des terroristes de la Chimère. Shaelynn se jeta derrière le comptoir d’un pôle d’orientation pour touristes et Cole se lança à sa poursuite. Était-ce pour sauver sa propre vie, ou pour veiller sur sa précieuse Shaelynn Moore? Le doute effleura l’esprit du paléontologue avant qu’une question plus primordiale lui vînt à son tour: qu’attendait-il pour se mettre à couvert, lui aussi? Il se glissa à son tour derrière le guichet, en jouant des coudes avec Cole pour se faire une place à l'abri des regards.
Le véhicule dérapa sur le sentier en graviers et s'arrêta dans un crissement rocailleux. Le paléontologue chercha du regard un objet qu’il pourrait utiliser pour se défendre, en vain.

« C’est Angel. » lança finalement l’anglaise en se mettant à découvert. A ses côtés, assit en boule sur le sol, Cole se relâcha. Ses épaules s’affaissèrent comme si Shaelynn, par ses quelques mots, le dispensait du poids de tous les malheurs du monde. La portière du SUV claqua en brisant le silence qui régnait sur la place abandonnée. Marcos se releva après quelques secondes et tendit une main vers le directeur pour l’aider à se relever à son tour. Tous deux se dirigèrent vers le véhicule où se trouvait Angel qui, a l’expression de son visage, ne semblait pas le moins du monde ravie d’être là.

« Je ne vois pas votre véhicule, vous vous êtes perdus en venant ?! » lança la ranger avec insolence au directeur du parc en fouillant dans un sac.

“Ah ah ah! Vous vous êtes perdu en venant?” singea le paléontologue à demi-mot en roulant des yeux. “Mais quelle connasse putin…” pensa t-il intérieurement. Tout le monde était à cran, et les remarques bas du front ne faisaient rien de plus que de mettre de l’huile sur le feu.

La ranger sortit ensuite de son sac un passeport qu’elle agita en direction de Shaelynn. « Vous les voulez ?! La seule condition est que l’on ait une discussion à la fin de tout ça et c’est non négociable Shaélynn ! »

“Je pense qu’on a clairement autre chose à foutre, là tout de suite, maintenant” bredouilla le paléontologue en les rejoignant. En toute réponse, la ranger sortit de la voiture un gilet pare-balle qu’elle plaqua brusquement contre le torse du français. Ce dernier fût surpris par la force qu’exerça la jeune femme et fît un pas en arrière. Pas de doute, cette femme était un colosse de la nature avec une force monstrueuse.

« Mettez ça ! Je ne veux pas que vous mouriez sous ma responsabilité si tout dérape comme vous en avez l’air de le penser. »

Sa responsabilité? Mais de quoi parlait-elle? Le paléontologue était ici de son propre chef. C’était un grand garçon qui n’avait pas besoin d’être chaperonné par cette brute déguisée en femme. Il se contenta de lui donner un hochement affirmatif pour toute réponse. Le gilet qu’il serait maintenant contre sa poitrine attira alors son attention. Le poid du kevlar surprit le paléontologue qui n’avait jamais porté de gilet pare-balle auparavant. C’était un gilet noir de ranger, munie de tout un arsenal de poches sur le devant. Il y avait également sur la poitrine une bande de scratch où les rangers pouvaient accrocher leur nom. Le paléontologue s’attendait à ce qu’elle donne également un gilet à Cole et Shaélynn, mais elle n’en fît rien. Pourquoi? Ce n’est pas le matériel qui manquait sur l’île, ni la place dans la voiture pour le transporter. Non. Peut-être était-ce pour ne pas éveiller l’attention auprès de ses collègues.

La ranger Harlowe distribua ensuite des talkies à chaque personne, puis ordonna de les brancher sur le canal 16. Tout comme Shaelynn et Cole, le paléontologue tourna la petite molette jusqu'à ce que le bon canal s’affiche sur l’écran. A peine eut-il réglé l’appareil que la ranger lui tendit un pistolet ainsi qu’un chargeur, le même qu’il avait lui-même emballé dans du papier d'aluminium pour lui faire passer les détecteurs à l’embarquement. Elle lui expliqua brièvement comment s’en servir: retirer le cran de sureté, viser avec l'œil dominant et tirer. Elle répéta les consignes une deuxième fois puis lui montra également comment charger et décharger le chargeur lorsque ce dernier serait vide.

“Je suis pas neuneu non plus…” pensa t-il intérieurement prenant l’arme par la crosse.

« Essayer de ne pas vous tuer avec, je vous en serais reconnaissante »

Pour toute réponse, Marcos se contenta de lever les yeux au ciel. Il aurait bien développer son propos en lui disant notamment d’aller se faire foutre, mais il se souvînt qu’il était le seul à avoir un gilet de protection. Rongeant son os, il décida de se taire. Harlowe donna ensuite le deuxième pistolet à Shaélynn, qui le rechargea aussitôt d’un geste sûr et net. Aucun geste inutile, trop souple ou trop brusque. Sa dextérité trahissait la grande expérience que la jeune anglaise avait avec les armes à feu. Marcos quant à lui n’avait pas besoin de le faire, la rangeur ayant eu la “gentillesse” de le charger pour lui.

Shaelynn s’éloigna alors derrière le bar où ils s’étaient mis à couvert plus tôt pour se changer avec les affaires qu’Angel lui avait apportées. Dans d’autres circonstances, le paléontologue aurait bien jeté un coup d'œil dans sa direction. Quelle genre de lingerie portait une femme lorsqu’il fallait sauver le monde d’une dangereuse organisation criminelle? Peu de tissus pour la liberté de mouvement? Ou alors, des sous-vêtements de grand-mère pour favoriser le confort? Mais la situation était grave, le temps pressait et jamais il n’aurait la réponse à cette question existentielle. Le paléontologue fît quelques pas pour s’éloigner, mais restait à porter d’écoute pour savoir ce que le gérant et la ranger allaient s’échanger. Il retira sa chemise et enfila le gilet par-dessus son tee-shirt. Marcos décida ensuite de mettre sa chemise par dessus, qu’il boutonna plus que d’habitude pour qu’on ne puisse pas voir le gilet noir à la place du col. Le français pensait que si l’on voyait que vous portiez un gilet, on allait logiquement vous tirer dans la tête ou dans les jambes. Alors que si l’on ne le voyait pas, on vous tirerait plus généralement dans le torse, qui était la zone protégée. Le paléontologue décida de se baser sur ce raisonnement reposant plus sur la logique que sur l'empirisme de l’expérience du terrain. Il se regarda finalement dans le reflet du pare-brise. Le gilet lui donnait une stature plus massive que son corps habituellement frêle. Mais il fallait vraiment y regarder de plus près pour voir sous la chemise les contours du kevlar. Il sentait cependant tout le poids qui le lestait et lui enserrait le buste.

« Shaélynn et Marcos vont entrer là-dedans. » addressa finalement Cole à l’ensemble de l’équipe. Le paléontologue esquissa une mine perplexe mais ne l'interrompit pas. « Je ne peux pas vous accompagner. Ma responsabilité n’est pas ici, tu avais raison tout à l’heure. Je vous laisse ça, je pense que vous allez en avoir plus besoin que moi. »

Une partie de Marcos avait envie de lui dire que oui, il savait qu’il avait eu raison. Mais la gravité de l’instant lui en dissuada. Le patron ordonna ensuite à Angel de repartir avec lui pour s‘occuper de la sécurité des visiteurs. Ainsi donc, Sarah Connor ne resterait pas avec eux. D’un côté, le paléontologue fût soulagé de ne pas l’avoir dans les pattes plus que de raisons. Cette dernière était une tête brûlée, une maniaque de la gâchette probablement, qui avait plus l’habitude de donner des consignes que de suivre celles qu’on lui donnait. Il était possible qu’au fond de cette grotte, le projet T demanderait plus de doigté et de tact qu’elle n’en était capable. Cependant, d'un autre côté, la voir partir signifiait voir partir des renforts et une paire de bras plus que nécessaires s'il devait y avoir un affrontement dans un avenir proche. Mais le directeur avait raison. Ce n’était pas ici, dans cette zone désaffectée, qu’ils seraient les plus utiles, mais bien au centre des visiteurs. Le paléontologue le savait et se contenta donc d'acquiescer lorsqu’il croisa le regard du gérant de l’île.

Cole et Shaelynn s’éloignèrent de quelques mètres pour échanger en privé. Il était suffisamment proche pour pouvoir se mettre à couvert s'ils venaient à se faire attaquer par la Chimère dans la minute, mais suffisamment loin pour que ni Angel ni Marcos ne puisse les entendre. Ce dernier jetta un regard vers la ranger qui lui servit en retour un regard froid, comme à son habitude.

“Heureusement que Cole est plus raisonnable que cette mégère…” pensa t-il en ajustant son gilet par balle à travers sa chemise. “C’est vrai que je suis le seul à qui elle a filé un gilet…” Il glissa la lampe que le directeur venait de lui donner dans sa poche gauche et mit son kit de premiers secours dans son sac à dos. Le paléontologue regarda ensuite l’heure et vit que les minutes avaient défilé plus qu’il ne l’avait imaginé.

“Shaelynn, il faut qu’on y aille maintenant”, leur adressa t-il. “D’autant plus qu’on ne sait pas du tout ce qui nous attend là dedans. Il ne faut pas gâcher notre avance.” pensa-t-il intérieurement.

Lorsque les deux amants revinrent vers la voiture, son regard croisa celui inquiet de Cole. Ce dernier venait de retrouver la paléobotaniste, pour peut-être la perdre à nouveau. Il lui répondit par un regard assuré qui disait “T’inquiètes, je ferais attention à elle”. Et il avait toutes les raisons de s'inquiéter car c’était plutôt Shaelynn qui ferait attention à lui, de part sa formation d’espionne. Mais qu'importait à présent. Prenant sa meilleure pose, il lui fît un pouce en l’air, comme un de ces héros reaganiens des films d'action de son enfance. Ce n’était qu’une mascarade pour l’homme dont la volonté de continuer tenait avec du scotch et des serflex. Mais c’était mieux que rien, et surtout, c'était tout ce qu’il avait à l’instant présent. Un silence tendu s’installa avant que le bruit des portières qui s’ouvrèrent ne vienne le briser. Cole s’installa sur le siège passager, et Angel prit le volant.

Bien qu’Angel et Cole partirent en trombe, soulevant la poussière sur leur passage, le temps sembla s'arrêter pour le paléontologue. En quelques secondes, le champ des possibilités s’était drastiquement restreint. Il était impossible maintenant de faire machine arrière. Rentrer à pied au centre des visiteurs aurait nécessité tout le temps que la Chimère donnait. Seul s’enfoncer dans la Grotte des fossiles était un option valide désormais. La poussière soulevée par la conduite sportive de la ranger retomba finalement, ne laissant que les deux paléontologues au milieu de la place herbeuse. Le son du moteur devînt inaudible, ne laissant maintenant que le bruit du vent et les piaillements de quelques oiseaux tropicaux. En repartant, Angel et Cole avaient comme pris avec eux le peu de civilisation de cet espace perdu. La jungle se refermait maintenant sur les deux jeunes gens. Marcos se retourna vers l’entrée de la grotte. Rentrer dans cette anfractuosité, c’était risquer de ne jamais en sortir. Mais il n’y avait pas d’autres solutions à présent.

“Aller, on y va” rétorqua t-il finalement à la paléobotaniste en avançant d’un pas décidé.

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Contrariétés   Tirer un trait sur le passé - Contrariétés EmptyLun 13 Nov 2023 - 18:31

La main fermement posée sur le montant en bois du stand, Shaélynn prit au maximum appui sur sa jambe valide pour se relever. Son mouvement fut relativement souple. Ce n’était pas le moment de montrer la moindre faiblesse de sa part. Sans prêter attention aux deux hommes qu’elle entendait se relever dans son dos, la jeune femme se dirigea droit sur Angel qui était en train de leur faire signe d’avancer.

Signe ou pas signe, Shaé ne serait pas restée à distance pour autant. Cette femme avait des affaires qui lui appartenaient et elle entendait bien les récupérer. Pour ne pas la braquer et se la mettre un peu plus à dos, l’anglaise se stoppa malgré tout à quelques pas de la ranger. Elle avait beau être immobile, ses yeux gris passaient de Angel à la voiture,  surveillant la première tout en tentant de voir à travers les vitres. Mais les verres fumés ne lui permettaient pas de vérifier si ses affaires étaient là.

Heureusement, le suspens prit rapidement fin car le coffre s’ouvrit et la ranger y laissa tomber son chargement. D’un regard avide, l’ancienne espionne scanna l’habitacle. Outre les talkies, Angel avait déposé un gilet par balle, sa valise et même son sac à dos, qu’elle se fit un malin plaisir d’ouvrir devant la jeune femme tout en se moquant d’eux, notamment de Cole.

- Je ne vois pas votre véhicule, vous vous êtes perdus en venant ?!

Super drôle. Ce qui amusa encore moins Shaé, ce fut de voir Angel sortir ses faux papiers, passeport, permis de conduire et pièce d’identité, de son sac pour lui agiter presque devant le nez et déclarant :

- Vous les voulez ?! La seule condition est que l’on ait une discussion à la fin de tout ça et c’est non négociable Shaélynn !

Angel s’empressa de les ranger dans la poche arrière de son pantalon et l'ex-agent de Biosyn eut un sourire tendu. Etant donné que la latina ne s’était pas gênée pour lui coller une main dans le soutien-gorge, le tout sans discussion préalable, Shaé estimait qu’elles étaient désormais suffisamment proches pour lui rendre la monnaie de sa pièce en cas de besoin. Ce ne serait pas un pantalon qui ferait barrage entre elle et ses faux-papiers.

D’une façon ou d’une autre, il faudrait qu’elle en reprenne possession si elle voulait sortir de l’île. Si elle était encore en état de quitter cette île maudite après les évènements qui s'annonçait.

C’était au tour de Marcos d’être la cible de la tourbillonnante ranger. Le paléontologue reçut donc un beau gilet pare-balle pour le protéger. Angel indiqua qu’elle ne souhaitait pas qu’il “meurt sous sa responsabilité”. Elle n’en avait pas pris pour Shaélynn et la jeune femme n’avait pas besoin de traduction pour comprendre le message.

- Canal 16 pour nous, jamais personne n’utilise le dernier canal de ses machins ! On communique sur tout, c’est clair ?! ordonna la sous-chef de la sécurité en distribuant les talkies.

Shaélynn s'exécuta de mauvaise grâce, tout en sachant pertinemment que rien ne l’empêcherait de l’éteindre lorsqu’elle serait hors de portée d’eux. C’était la seule chose qui lui faisait faire le dos rond pour le moment. Quand ils auraient foutu un pied dans la grotte des fossiles, elle serait de nouveau aux commandes.

Angel s’empressa ensuite de remettre une des deux armes à Marcos puis lui en expliquer brièvement le fonctionnement. Vu les explications sommaires, elle ne voyait pas ce que le jeune homme allait vraiment pouvoir en retenir. Pour toutes réponses et dès que Angel eut le dos tourné, il se contenta de lever les yeux au ciel. La preuve s’il en fallait une que Marcos apprenait vite. Mais au moins, les armes étaient là et Angel leur remettait. Lentement mais sûrement leur plan se remettait sur les rails, Shaé voyait le moment de retrouver sa liberté approcher. De son côté, Cole ne disait toujours rien, se contentant d’observer les échanges tendus entre eux.

Enfin, Angel s’adressa à elle, l’interpellant par son prénom. Shaélynn releva un sourcil interrogateur, attentive à ce qui arrivait dans sa direction.

- Je pense que vous savez vous en servir ! Ce ne sont clairement pas les meilleurs modèles mais ce sont les plus courant et ils peuvent faire le taf ! J’espère sincèrement pour vous deux que vous avez pensé à les nettoyer avant de débarquer sur l’île.

L’anglaise dût prendre sur elle pour ne pas lever les yeux au ciel à son tour. Bien sûr qu’elle les avait nettoyées et elle en avait même expliqué le fonctionnement à Marcos. Celui-ci était tout à fait capable de charger et décharger seul son arme ainsi que vérifier, enclencher et retirer la sécurité. Quant à la qualité des armes… Shaélynn connaissait parfaitement leurs capacités mais comme l’avait dit Angel, il s’agissait des plus courants et des plus simples à acheter au noir. Une seconde, la ranger la traitait comme une dangereuse criminelle et l’instant d’après comme une abrutie finie. Probablement car elle n’arrivait pas à savoir quelle option était la bonne.

Contrairement à ce qu’elle avait fait pour Marcos, et sans doute pour tenter de montrer une dernière fois à Shaé qui dirigeait, Angel s’empressa d’enlever la balle dans le logement et de retirer les chargeurs avant de les lui donner.

- Essayez de ne tuer personne !

L’espace d’un instant, l’idée passa dans la tête de Shaélynn que Angel savait pour John Hammond et pour Shivak. Ce n’était pas le cas. Cela ne pouvait pas être le cas : sans quoi la ranger ne l’aurait jamais laissé revenir sur le parc, elle en était persuadée. Le visage de l’anglaise s’était en tout durci et pour ne pas réfléchir davantage, elle s’appliqua à charger son arme, l’armer avant de remettre la sécurité. Ses gestes étaient précis, mécaniques, elle n’avait aucune hésitation concernant ce geste devenu bien trop familier au fur et à mesure des entraînements et des années. Du coin de l'œil, elle capta un regard troublé de la part de Cole.

L’univers de Shaélynn était à mille lieu du sien. Cole ne la connaissait pas. Shivak, Josh lui avaient dit et Angel ne cessait de lui répéter qu’elle était une espionne dangereuse, capable de tuer. La jeune femme lui avait elle-même avoué le meurtre de John, le vol de données, les mensonges, la tromperie. Il avait pu constater jusqu’où elle était prête à aller pour sauver sa peau, en secourant Shivak. Elle commençait à comprendre d’où venait le malaise qu’elle ressentait vis-à-vis de Cole. Celui d’aujourd’hui mais aussi celui qu’elle éprouvait parfois à l’époque, à ses côtés sur le parc.

Cole était si profondément enfoncé dans son déni et dans - elle ne savait pas vraiment quel mot utiliser aujourd’hui - les sentiments qu’il avait pour elle, que Shaé se demandait ce qu’il voyait vraiment. La réponse était assez évidente : il ne voyait tout simplement pas la jeune femme pour ce qu’elle était. L’ancien guide s’était forgé une image d’elle, une image qu’elle n'était pas vraiment. C’était à cette illusion que Shaé s’était raccrochée après avoir été abandonnée par Biosyn.

Elle avait cru retrouver une partie de ce qu’elle avait perdu. Quelqu’un qui l’aimait malgré ce qu’elle était, malgré ce qu’elle était capable de faire. Cole jouait malgré lui sur cette fragilité. Il la rassurait, prononçait les mots qu’il fallait, ceux qu’elle avait besoin d’entendre, ceux qui lui faisaient croire qu’il savait, au fond de lui, qu’il comprenait et qu’il l’aimait malgré tout.

Shaé avait parfois senti, compris, parfois ignorer cette réalité. Aujourd’hui, elle ne voulait plus se voiler la face. Parce qu’elle ne se pardonnait pas, ne voulait pas se pardonner et qu’elle ne souhaitait pas que Cole balaie sa culpabilité d’un revers de main. Ignorer purement et simplement sa responsabilité ne l’aiderait pas à changer qui elle était. L’ancien guide était dangereux pour elle car il était capable de lui faire croire que ce qu’elle avait fait n’était pas grave. Et de ce fait, de la conforter dans ses erreurs, l'empêcher de changer et passer à autre chose. Si elle tenait à garder une chance de rédemption, cela se ferait loin de Cole.

Plus important encore aux yeux de Shaélynn, il était dangereux pour lui-même et les autres car en se voilant la face sur qui elle était, il entretenait l’illusion d’une personne qu’elle n’était pas et n’avait jamais été. Quelqu’un qu’elle n’était pas et ne serait peut-être jamais, qu’il aimait et pour laquelle il était prêt à plus de sacrifices qu’elle ne pouvait en accepter de sa part.  

- Si vous avez quelque chose d’autre à récupérer dans le coffre, allez-y ! Sinon, quelle est la suite du plan ? Allez-y, racontez-moi ce que j’ai loupé !

Le pire dans tout ça, c’est que Cole était probablement persuadé qu’il en était capable. Il se croyait capable de passer outre toutes ses convictions et ses faiblesses, pour la soutenir et la protéger. Quand Shaélynn avait fui le parc, il était prêt à la suivre. Dans un élan de lucidité, elle avait réalisé à quel point c’était faux et l’avait empêché de la suivre. Pour se convaincre un peu plus cette réalité, la jeune femme profita de la perche tendue par Angel pour se soustraire au regard de Cole. Et tester encore une fois sa conviction. D’un geste et d’un regard assuré, comme s’il s’agissait de tout autre chose, elle tendit son arme au gérant, en le tenant par le canon, afin qu’il puisse s’en saisir facilement. Sans surprise, le gérant s’en saisit presque du bout des doigts, comme si l’objet était brûlant et pénible à tenir.

- Si vous permettez, je vais me changer…

Bam. Cole avait l’air d’une poule à qui on aurait remis un couteau. Ce que son visage tentait de dissimuler malgré tout, son regard et son attitude le trahissaient. La désinvolture de la jeune femme autour des armes le choquait. Tant mieux.

Shaélynn se dirigea donc vers la voiture et s’empressa de se saisir de sa valise, qui avait été bien malmenée dans l’opération. Du bout des doigts, elle souleva puis relâcha la fermeture éclair qui retomba lamentablement. Elle avait visiblement été tranchée au cutter et était désormais inutilisable. L’anglaise poussa un profond soupir et l’ouvrit malgré tout en grand. Angel avait chamboulé tout son méticuleux pliage, tout était en vrac dans la coque en plastique. Ses sous-vêtements cotoyaient ses affaires de toilettes, ses carnets et ses chaussures dans leur pochette en tissu dont les cordons avaient été détendus pour voir le contenu.

Shaélynn se doutait que le contenu de la valise avait dû provoquer les moqueries de la ranger. Sa garde robe actuelle était très différente de celle qu’elle abordait sur le parc. Cependant, tout comme son dressing “chef de section” était adapté à ses envies et à l’image qu’elle avait besoin de dégager, son sac de cavale avait l’objet du même soin. En réunion comme en cavale, Shaé n’était pas du genre à négliger sa tenue.

Du jean aux sous-vêtements en passant par les chaussures, tous les éléments étaient composés de matière résistantes, souples, infroissables, confortables, facile à laver, à sécher rapidement et surtout légères pour ne pas alourdir la valise. La jeune femme fouilla quelques instants et mit rapidement la main sur ce qu’elle cherchait puis se dirigea vers l’ancienne boutique de souvenirs pour se changer.

Sa chemise était assez ample pour ne pas avoir à enlever les boutons et en deux secondes, elle était posée sur le comptoir du stand. Elle se débarassa rapidement de son jean et se retrouva dans un ensemble brassière et shorty de sport. Le même genre qu’elle portait autrefois à la fac pour le cheerleading, les entraînements chez Biosyn et sur le parc pour les missions. Pratique et confortable.

L’anglaise avait ensuite revêtu un pantalon en toile militaire, résistante mais souple, des rangers et un débardeur noir. Elle avait aussi récupéré une veste kaki, qu’elle avait attaché autour de sa taille au cas où. Shaé était en train d’attacher ses cheveux en queue de cheval pour qu’ils ne lui tombent pas sur le visage quand un objet au sol attira son attention. Son regard se porta alors sur le groupe qui discutait au loin, enfin elle voyait surtout Cole et Angel échanger tandis que Marcos se tenait un peu à part.

Shaé revient finalement vers eux avec une mine défaite et la tête bourdonnante de questions, de doutes et une certaine amertume. A quoi s’attendait-elle d’autre en vérité ? Cole et Angel avaient fait de nombreuses concessions, c’était à elle de faire un pas vers eux maintenant, ils semblaient d'ailleurs assez tendu par leurs échanges mais pas seulement. Elle fila directement vers l’ancien guide qui lui rendit son arme avec un certain soulagement.

Elle était en train de l’accrocher à sa ceinture quand Cole demanda à lui parler. Shaé se contenta de faire un signe de tête pour accepter et le suivit quand il lui fit signe de s’éloigner. A dire vrai, elle redoutait les mots qui allaient sortir de la bouche du guide. Mentalement, elle passait en revue les possibilités pour se préparer à filtrer la réaction qu’elle afficherait. Le moindre doute ou faiblesse de sa part pouvait l’influencer ou le faire changer d’avis.  

Soit-prudente… Ok ? Et… Essayes de ne pas disparaître cette fois ?

Shaélynn comprit immédiatement qu’il faisait référence à sa fuite du parc. Néanmoins, elle s’empressa de répondre du tac au tac et vit la surprise du guide lorsqu’elle lui prit la main.

- Message reçu.

Tout du long, elle ne l’avait pas quitté des yeux et lorsque le guide prit conscience de ce qu’il avait dans la main et que sa surprise se transforma en inquiétude, voire en peur, Shaélynn ne lui laissa pas le temps de réfléchir. D’un geste à la fois calme mais rapide, elle jeta ses bras à son cou, puis se mit sur la pointe des pieds pour approcher ses lèvres de son oreille.

Elle sentit que les mots qu’elle prononçait rassurait l’ancien guide qui se détendit immédiatement. Elle relâcha l’étreinte avant qu’il n'ait pu lui rendre et fit quelques pas en arrière tandis qu’il confirmait d’un signe de tête.

- Fais attention à toi… La Chimère… Tout ça… Ce n’est pas ta faute… D’accord ? Tout ce que tu as fait… Ça n’aurait rien changé à ce qu’il se passe aujourd’hui. Ne vous mettez pas en danger inutilement. Si ça tourne mal, ne restez pas dans le coin… On trouvera un autre moyen…

Cole ne comprenait pas, il ne le pourrait jamais. Shaélynn ne put retenir un sourire. Il n’y avait pas d’autre moyen. Elle le savait. C’était en partie sa faute et c’était aujourd’hui que tout se jouait. Il n’était plus temps de se voiler la face, il fallait juste faire ce qui était nécessaire. Malgré tout, elle décida de lui mentir une autre fois et lui adressa une approbation rassurante.

- Shaelynn, il faut qu’on y aille maintenant.

Marcos avait raison. L’heure tournait et ils s'empressèrent de retourner vers le groupe. Cole venait de remettre son badge à Marcos, quand elle arriva à sa hauteur.

- Mon badge, comme convenu. Courage à vous deux et soyez prudent. », ajouta-t-il à son intention. Comme si Marcos n’était pas capable de prendre des risques inconsidérés et des décisions stupides sans la participation de Shaélynn.  « Et on reste en contact. », insista-t-il en désignant son talkie.

Du coin de l'œil, l’anglaise vit Marcos adresser un pouce en l’air à Cole, dans une pause trop maladroite pour être honnête et cela la fit sourire. L’envie de l'assommer et de le mettre en sécurité dans un local technique était forte mais le paléontologue avait trop sacrifié pour être tenu ainsi à l’écart. Shaé fit donc un dernier sourire rassurant à Cole puis fit quelques pas à reculons pour s’écarter de la voiture tandis que les deux employés prenaient place dans le véhicule.

Ce n’est qu’en voyant la voiture s’éloigner que la réalité frappa la britannique. Elle avait été si obnubilée par l’idée de se rendre ici, à la grotte des fossiles, si obsédée par la nécessité de se débarrasser de Cole et Angel pour pouvoir avancer librement vers son objectif qu’elle n’avait pas réalisé le plus important.

D’ici quelques heures, le danger ne serait plus seulement dans les souterrains mais également sur l’île. Ce ne serait pas seulement des milliers d’anonymes qui seraient en danger à la surface mais aussi Cole. Durant ces deux dernières années, elle l’avait cru en sécurité, quelque part, loin de l'île des Brumes. Tout ça, elle ne l’avait pas prévu. Elle avait prévu un plan dans lequel, Marcos et elle, mettait le projet T en sécurité avant l’intervention de la Chimère sans impliquer personne d’autre qu’eux même.

La situation lui avait échappé au fur à mesure que la journée avançait. Rien ne se déroulait suivant le plan établi et même si c’était parfois un mal pour un bien… Non, d’un point de vue stratégique il n’y avait rien de positif à l’intervention de Cole et Angel.

Qu’en avait-elle récupéré ? Rien du tout. Si ce n’est que maintenant, elle se souciait en plus de la sécurité de Cole. Et de l’arrivée de Shivak. Si elle n’avait aucun doute sur la capacité de l’ancien espion à se défendre tout seul, le gérant du parc serait en revanche sans défense contre les évènements qui arrivaient.

Rien de positif ? Ah si, Marcos avait maintenant un gilet par balle mais s’il se prenait un tir dans la tête, il serait inutile. Tu parles d’une évolution positive… Deux talkies pour pouvoir rester en contact avec les deux employés du parc ne lui serait probablement d’aucune aide. Peut-être même que s’il appelait à un moment opportun ce serait même tout l’inverse. Shaélynn poussa un soupir agacé tout en continuant de se dandiner d’un pied sur l’autre tandis que le ronronnement du moteur s’évanouissait dans la jungle.

- Aller, on y va.

Ils ne pouvaient plus attendre. Marcos n’aurait clairement pas été son choix pour une mission aussi dangereuse. La présence du français était plus un poids sur la conscience de Shaélynn qu’un vrai soutien, ne serait-ce que moral. Si elle n’était pas retourné le chercher…

Elle avait promis de protéger Marcos, de ne tuer personne, de ne pas se mettre en danger et de rester en contact avec Cole et Angel. Qu’est-ce qui était prioritaire pour les deux employés ? La réponse était évidente, du moins à ses yeux. Discrètement, elle baissa le son du talkie au minimum et l'accrocha à la bretelle de son débardeur. S’il sonnait, il n’y aurait qu’elle pour l’entendre.

- Marcos ? Le français s’était déjà avancé dans l’entrée de la grotte et il se tourna vers elle d’un regard interrogateur. "Si tu veux changer d’avis, c’est le moment. Tu peux encore faire demi-tour. Je comprendrais."

Pour toute réponse, Marcos lui adressa un regard impassible et reprit sa marche vers l’entrée de la caverne. A son tour, Shaélynn fit quelques pas résignés vers l’entrée, comprenant que la décision du français ne lui appartenait plus. Elle ne lui avait jamais appartenu : si elle était effectivement aller trouvé, c’était lui qui avait pris la décision de venir parce que comme elle : il n'avait pas d’autre choix que d’agir.

- Marcos ? Le français se retourna et cette fois l’agacement se lisait sur son visage. "Mets le son de ton talkie au minimum."

Pendant qu’il baissait le son, Shaélynn le dépassa et s’engouffra dans la grotte des fossiles.

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Shaélynn Moore
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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Contrariétés   Tirer un trait sur le passé - Contrariétés EmptyLun 13 Nov 2023 - 21:36

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Pearce Sanders

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MessageSujet: Re: Tirer un trait sur le passé - Contrariétés   Tirer un trait sur le passé - Contrariétés EmptyJeu 14 Déc 2023 - 21:58

Pearce avait pu suivre le déplacement du véhicule grâce au mouchard depuis le centre du parc. Ils étaient partie vers les bungalows, puis s'étaient dirigés vers le nord de l’île. En volant une des jeeps de fonction du parc, le soldat avait pu suivre de loin Shaélynn Moore et Marcos Shannon, d’abords jusqu’aux bungalows, puis jusqu’au Jurassic Village.
Le texan décida de garer la voiture plus loin dans la jungle en faisant un détour. Il lui faudrait plus de temps pour les rejoindre, mais sa discrétion restait assurée. Alors qu’il avait commencé à se diriger vers le village, il vît sur sa montre connectée que la balise GPS était de nouveau en mouvement. A peine eut-il le temps de se demander à quoi celà correspondait qu’il reçut un appel entrant sur son talki.

“Véhicule en mouvement vers le sud. Moore et Shannon sont toujours sur place. Terminé”.

Un sourire se dessina sur le visage généralement impassible du sexagénaire. Ce n’était pas tant que le directeur et la cheffe des rangers filent vers le sud qui le réjouissait. Si l’espionne et le petit trublion français étaient restés sur place, dans cette zone désaffectée de l’île où il n’y avait aucune activité, c'était forcément pour une bonne raison. De près ou de loin, ce qui était la-bàs était en lien avec le projet T, et donc qu’ils se rapprochaient de leur but. Et donc Pearce également, indéniablement. Ainsi, tous les sacrifices, toutes les choses qu’il avait faites, aussi barbares furent-elles, trouveraient leur sens. 




Après une petite heure de marche, le chef de guerre arriva finalement dans l’enceinte du Jurassic Village. Il s’accroupît alors, le regard à hauteur des hautes herbes, et scruta autour de lui. Tel une lionne s’approchant centimètres par centimètres de sa proie, Pearce se glissa dans les herbes en direction de l’arche en pierre qu’il voyait plus loin. Il arriva sur une zone où l’herbe avait été écrasée. A quelques mètres, deux sillons nets marquaient le sol. Le soldat y apposa le bout de ses doigts et en jaugea d'épaisseur et la profondeur. Un véhicule avait freiné brutalement peu de temps avant. C’était très certainement le véhicule de Cole Hudson. Il releva son regard vers la grotte. Il n’y avait toujours personne en vue. Celà faisait une heure que Shélynn Moore et l’autre paléontologue étaient là. Il était forcément entrés depuis le temps. Pearce se releva doucement, sans un bruit, et commença à inspecter l’entrée de la grotte. De prime abord, les plantes qui couvraient l’ouverture ne semblaient pas avoir été bougées. De prime abord… Il allait avancer davantage lorsqu’un bruit dans son dos retînt son attention. Mais il n’était pas surpris outre mesure. Il savait exactement ce que c’était, ou plutôt, de qui il s’agissait.
Un soldat dissimulé derrière un bosquet sortit prudemment de sa cachette et s'avança vers lui. Sous sa tenue kaki couverte de boue, de feuilles mortes et son visage couvert de peinture, il était difficile d’imaginer qu’il y avait un être humain dessous. Ce jeune garçon d’à peine la vingtaine était une des sentinelles que Pearce avait envoyé en avance. Celà faisait 4 jours qu’il campait ici, dans la jungle. Il avait dû faire son campement quelque part dans les ruines alentour. Il était arrivé comme lui, par la mer, entre deux tours des gardes-côtes.


“Au rapport, soldat”, lui ordonna le texan.

“Marcos Shannon et Shélynn Moore sont entrés il y a une heure dans la grotte, monsieur. Angel Harlowe et Cole Hudson sont repartis vers le centre de contrôle.”

“Rien d'autre à signaler?”

“Rien monsieur.”

“Très bien. Reprenez votre position. Attendez la phase 2.”

Le jeune soldat hocha de la tête, commença à s’éloigner, mais s'arrêta, ce qui surprit Pearce. En général, lorsqu'il donnait un ordre, il était exécuté sans vergogne. Le soldat se retourna et fît face au géant qui le commandait.


“Pour nos frères tombés il y a deux ans.” dit-il, la voix chargée de souvenir, en effectuant un salut militaire. “Que leur mort ne soit pas en vaine hein?! Aucun sacrifice, aucune victoire.”

Pour toute réponse, Pearce lui rendit son salut militaire, accompagné d’un franc hochement de la tête. “Aucun sacrifice, aucune victoire” était une phrase qu’ils leur répétait souvent sur Muerta, lors des entraînements. Sans le montrer, Pearce était satisfait de voir que son enseignement avait porté ses fruits, et que ses rejetons avaient désormais l’étoffe de prendre la suite. Il avait bien tenu son rôle d’instructeur. Le jeune homme rompît sans tarder la position, et retourna se dissimuler dans la jungle. Tous les hommes de la Chimère avaient perdu des compagnons d’armes, des frères, lors de la mission sur Isla Nublar deux ans plus tôt. l’ennemie avait cependant payé un plus lourd tribut.
Handréas leur avait demandé de trouver l’accès au projet T. Il devait y avoir peu de résistances. Une mission que le chef de l‘organisation avait qualifié de facile. “C'est un vieil homme croulant, entouré de scientifiques et de quelques agents de sécurité.” Mais l’égo du chef de la Chimère n’avait pas réalisé que son advsersaire était mieux préparé que ça. Hammond avait malheureusement mobilisé sa petite milice de rangers pour assurer la sécurité d’un événement. Sans compter la foule de scientifiques et autres gens du parc qu’Hammond avait placé là, utilisant leur ignorance pour doter le projet T d’un bouclier humain. Mais Handréas et Pearce savaient que des sacrifices étaient nécessaires. Hammond était prêt à se salir les mains, et ils devaient en faire autant. Handréas avait laissé carte blanche à Pearce, et le chien de guerre qui avait fait l’Irak savait qu’on ne faisait pas d’omelettes sans casser des œufs. La mission s’était malheureusement soldée par un échec cuisant qui avait failli coûter la vie au soldat. Mais Hammond en avait au moins tiré un avertissement. Pearce aussi: il fallait une autre approche qu’un assaut frontal, et s’occuper soit même des missions pour qu’elles soient bien faites. Il avait foi en Handréas, mais il savait dorénavant que l’orgueil de l'homme était un frein à la Chimère. Les blessures du texan avaient été soignées, et son corps, grâce au projet T, avait retrouvé une seconde jeunesse. Il n’avait pour l’instant aucun effet secondaire notable. Pour l’instant.
Le texan regarda sa montre. Il restait deux heures. Deux heures avant qu’Handréas ne mette le pied sur l’île. Il avait toutes les clefs en sa possession. La mission de Pearce était claire. Arrivée sur place en avance, sécuriser l’île, trouver l’accès au projet T et le sécuriser. L’utilisation de la force était une option, et Handréas laissait à Pearce la manière et la responsabilité de faire. Peut importait la manière de faire, tant que l’objectif était atteint: un sauve conduit vers le projet T. Pearce avait donc décidé de semer les meilleurs de soldats sur l’île, en infiltration. Certains étaient infiltrés depuis plusieurs semaines dans la jungle. Certains se faisaient passer pour des visiteurs, d’autres encore vivaient dans la jungle et les ruines du vieux parc. Tous savaient l’importance de leur rôle à jouer, et la responsabilité qui pesaient sur leur épaule. Le début de l'aboutissement de la mission était donc dans deux heures. Il était temps d’avancer.
Pearce s’approcha du rideau de végétation qui obstruait l’entrée de la grotte. Pour un œil inexpérimenté, il n’y avait rien à voir de plus que du lierre. Mais le soldat voyait lui les quelques tiges cassées à hauteur de buste, là où les deux paléontologues avaient posé leur main pour se frayer un chemin au travers. La cassure de la plante n’avait pas encore blanchie et commencée à cicatriser. C’était normal, vu que les deux antagonistes étaient passés à peine une heure avant. Avec la souplesse d’un chat, il se faufile à son tour dans le filet végétal. L'œil humain s’habitua vite au changement de luminosité. Mais pour atteindre et profiter du potentiel du projet T, il fallait dépasser sa condition de simple Homo sapiens. Pearce retourna sa casquette en arrière pour ne pas que sa visière le dérange et sortie de la poche arrière de son gilet par balle une paire de lunettes à vision nocturne qu’il enfila sur sa tête. Les limbes laissèrent place à un océan sans fond de vert. Il ajusta ensuite les lanières de la monture pour plus de confort. Les traces de pas sur le sol poussiéreux allaient le mener aux deux fugitifs, et finalement à l’objectif de sa mission. Il allait se lancer à leur trousse lorsque le téléphone satellite se mit à vibrer. Il le sortit de sa poche pectorale et remonta les lunettes vers le haut pour ne pas être ébloui par l'écran. Quelle ne fût pas sa surprise en voyant le nom de la personne qui l’appelait. Poussé plus par la curiosité que par la nécessité, il décrocha.


“Je ne pensais pas que tu aurais les couilles de m'appeler, gamin.”
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