Messages : 276 Date d'inscription : 03/09/2013 Age : 28 Localisation : 24 roses
Sujet: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Ven 16 Sep 2022 - 16:16
9h30, quelque part dans le sud de la France
Le bruit des cigales et des grillons réveilla finalement Marcos. Il n’avait pas le sommeil léger, mais le bruit des insectes très actifs lorsque le soleil était levé couplé à la lumière qui filtrait les rideaux eux raison de sa nuit de sommeil. Il se leva du canapé clic-clac ou et se dirigea vers le frigo d’un pas las. Tout était à portée de mains dans cette petite maison rustique et il ne lui fallut heureusement pas longtemps pour l’atteindre et se servir un verre de jus de fruits frais. Il s’appuya ensuite sur le bas de la porte. La lumière du soleil l’aveugla, et il lui fallut un peu de temps pour que ses yeux d’adaptent. La fraicheur du jus de fruits l’aida finalement à sortir de sa torpeur.
Cela faisait plusieurs semaines qu’il s’était isolé dans le sud de la France. Les évènements des derniers mois, de ces dernières années même, avaient mis la santé physique et mentale du jeune paléontologue à rudes épreuves. Tout avait commencé avec l’incident de l’enclos du mosasaure. Un deuxième spécimen, sauvage, avait attaqué les installations qui retenaient l’autre spécimen conçu par InGen. L’animal errant avait été abattu par Marcos et un collègue, Brandon Colomes. Mais ce dernier y avait laissé la vie. Ce fut un grand traumatisme pour le paléontologue qui perdait pour la première fois un collègue, de surcroit dans des circonstances tragiques et devant ses yeux. Marcos avait tout de suite voulu connaitre l’origine de cet animal qui n’avait pas été officiellement développé par le parc, mais les informations auxquels il avait accès étaient plus que limitées. Finalement, il trouva une puce estampillée « Kimeria Chemistry » et trouvé du sable noir d’origine volcanique entre les écailles sur le cadavre de l’animal. Leur analyse chimique par diffraction aux rayons X avait indiqué un lot d’îles de par le monde. En éliminant celles trop froides pour un reptile comme le mosasaure, il ne restait que deux possibilités : Isla Pena et Isla Muerta. Mais il n’allait pas se rendre sur place seul. Il était loin d‘être un soldat ou un mercenaire. Ce n’était qu’un paléontologue, un peu trop curieux certes. Il avait essayé alors d’entrer en contact avec Shivak Garland, le directeur du parc avec qui il avait déjà été sur le terrain sur Isla Sorna pour essayer de trouver un peu de soutien. Il ne l’appréciait pas particulièrement, mais il semblait être un homme solide et ayant le bien-être de son personnel à cœur malgré ses méthodes peu orthodoxes. Lorsqu’il le découvrit en train de se battre à mort avec Shaelynn Moore dans son bureau, ce fût vite la désillusion. Marcos, sans le vouloir ni sans s’en rendre compte, venait de mettre un peu plus, un peu trop même, son nez dans les manigances qui constituait la toile de fond du parc. Il ne fallut que quelques jours pour que la réalité lui revienne au visage. Shivak Garland, l’avait quelque peu malmené en le faisait torturer afin de connaitre « officiellement » les circonstances exactes de la mort son collègue, Brandon Colomes. Derrière cette demande « anodine » se trouvait en fait une pèche aux informations sur Shaelynn Moore, Biosyn et la Chimère.
Marcos, remit de son mauvais traitement, avait repris sa vie en essayant de savoir à qui il pouvait faire confiance. Il le savait maintenant : le parc était truffé de danger. Il n’avait cependant pas encore le flair assez développé comme il ne tarderait pas à s'en rendre compte. Shivak Garland fut finalement mis sur la touche par John Hammond lui-même. Il fut remplacé par Cole Hudson, un type bien sous tout rapport. Marcos avait eu le choix entre chercher chez lui un nouveau soutien au risque d’une nouvelle désillusion, ou faire cavalier seul. Il aurait pu aussi renoncer, mais l’incident du mosasaure était trop important et avait couté la vie à plusieurs personnes. Il fallait trouver une explication. Quelqu’un devait leur rendre justice. Et, il fallait se l’avouer, Marcos avait un tempérament curieux. Trop curieux. Il avait décidé de voir comment la situation évoluerait avant de prendre les devants.
Quelques mois plus tard, le groupuscule terroriste La Chimère avait pris possession d’Isla Nublar. Impossible à l’époque pour Marcos de savoir à ce moment-là le motif de cette attaque. L’île avait fini sens dessus dessous dans un bain de sang qui avait couté la vie à de nombreux employés du parc, mais également des civiles. Comme à leur habitude, les actions qui se déroulaient sur ce chapelet d’îles au large du Costa Rica restaient inconnu en grande partie du reste du monde. Entre l’isolement des lieux et l’armée d’avocats, peu d’informations avaient filtré dans la presse. On parlait d’un incident technique ayant couté la vie à quelques employés tout au plus… Un os a rongé que la société avait donné aux médias du monde pour détourner leur attention. Ce qui se passait à reste à InGen restait à InGen… Marcos était sorti de cet incident blessé mentalement et physiquement. Lors de la débâcle générale, il s’était retrouvé isolé avec quelques membres du personnel et des civiles. Roberta, la femelle tyrannosaure, s’était enfuie de son enclos (plus ou moins intentionnellement) et avait pourchassé le groupe. Dans l’hystérie de la chasse, le prédateur avait donné un coup de queue à Marcos et l’avait envoyé valser dans les arbres avant qu’il ne chute lourdement dans un des innombrables ruisseaux de l’île. Après avoir dérivé plusieurs heures, il avait finalement été secouru et pris en charge par les secours, puis par les autorités costaricaines (grassement payés par InGen pour ne pas divulguer d’informations). L’arrivée de centaines de blessés et de dizaines de morts d’une île privée aurait éveillé des soupçons à n’importe qui, encore plus quand les corps étaient criblés de balles et lacérés à coup de griffes et de dents… Mais ce qui se passait à reste à InGen restait à InGen… Les branchages avaient lacéré son dos et son bras droit. Dérivé avec des plaies ouvertes dans une eau chaude et tropicales n’avait pas amélioré les choses non plus. Les médecins costaricains avaient arrêté les infections diverses et soigné ses plaies dorsales, dont il ne restait que des cicatrices lui zébrant le dos. Son bras par contre mettait bien plus de temps à se remettre. La peau avait cicatrisé, mais les tissus musculaires et nerveux avaient été endommagés. Certains mouvements étaient douloureux et la mobilité du membre s’en retrouvait réduite. Les antidouleurs faisaient leur office… un temps…
Après une telle démonstration de violence, Marcos était persuadé qu’il fallait réagir et se prémunir pour que de tels évènements ne se reproduisent pas. Un des meilleurs moyens selon lui était de couper l’herbe sous le pied à tous ses groupuscules qui représentait une menace. Les devancer dans leur quête, même si Marcos n’en connaissait pas encore les détails, et rendre toute l’affaire publique aurait dû les évincer et permettre à InGen de retrouver son calme. Si InGen rentrait dans l’ordre, les employés n’auraient plus eu à craindre pour leur sécurité. En parallèle, il devenait également nécessaire de savoir qui jouaient franc jeu et qui étaient des taupes. Marcos avait toujours en tête cette altercation extrême entre Shaelynn Moore et Shivak Garland dont il avait été le témoin. Le paléontologue prit donc l’initiative de mettre dans la confidence Cole, le nouveau gérant du parc, et Emma, la cheffe de la section sécurité. Ils semblaient tous deux biens sous tout rapport et dignes de confiance. Ils semblaient. Cole se révéla être l’amant de Shaelynn Moore dont Marcos soupçonnait la trahison. Emma elle n’était rien d’autre que l’amante de Shivak Garland. Le paléontologue ne le savait pas encore, mais il avait mal placé ses pions. Les semaines avaient passés, le travail avait repris son cours. Après le décès de John Hammond, l’administration avait fait élire un nouveau PDG. Plusieurs personnes avaient proposé leur candidature. Il y avait notamment Cole, déjà directeur du parc. Mais ce fut le retour de Shivak Garland qui mit tout le monde en émoi. Marcos avait aussitôt essayé de mettre en garde la société et ses collègues contre la dangerosité et la menace que représentait cet homme, mais Emma Beckett retourna alors sa veste et fit arrêter le paléontologue sur ordre d’amant. Marcos se retrouvait donc trahi et seul, sans soutien dans la mélasse des mystères qui était les fondations mêmes d’InGen. C’est finalement un homme surgi du passé d’InGen et de John Hammond, mais inconnu de tous, qui reprit les rênes de ce dernier : Handréas Xerctëss. Cela, il l’apprendrait que plus tard puisque les hommes de Beckett l’assommèrent et le droguèrent jusqu’au lendemain.
Lorsqu’il se réveilla le lendemain, il était assis sur un siège du ferry qui joignait Isla Nublar à San José. Il était en compagnie d’une vidéodocumentaliste, Lola Vandenbergh, pincée pour avoir enquêté trop profondément dans les relations entre InGen, Biosyn et Kimeria Chemistry. Il y avait également Ed Regis, un bureaucrate peu scrupuleux dont l’affiliation était plutôt floue. Il disait agir pour le compte d’InGen. Il disait… Il était accompagné de deux hommes de main, des mercenaires peu recommandables. Le marché qu’il leur proposait été simple. Hammond, sur son lit de mort, avait préparé une expédition pour évaluer l’état et le potentiel des installations d’Isla Vanthua, une île d’InGen perdue au beau milieu de l’Indonésie. Accepter, et la société faisait table rase des perturbations faites par les deux employés, ou refuser, et s’exposer à des quelques problèmes… Sous la contrainte, les deux employés n’avaient pas eu d’autres choix d’accepter. L’excursion sur Isla Vanthua se déroula sans accrocs. Non. Ce fut même l’inverse. L’île n’avait rien d’accueillant, et les mercenaires qui accompagnaient Marcos et Lola non plus. Très vite, ils s’étaient rendus que quelque chose n’allait pas. Peu importe qui avaient travaillé ici, ils ne s’étaient pas contentés de cloner des dinosaures. Les généticiens de l’île avaient cloné des insectes géants du Carbonifère. Extraire et cloner de l’ADN encore plus ancien que l’ADN dinosaurien était une véritable prouesse. Cela signifiait que la technologie de clonage avait un potentiel et une puissance plus grande encore qu’on le supposait. Marcos trouva finalement dans la jungle l’ancien complexe de recherche. Il y découvrit qu’il s’agissait de plusieurs bureaux de recherche. L’un appartenait à un certain Dr W.Wörst que Marcos ne connaissait pas. L’autre appartenait à une certaine Mary Moore. Possédant le même nom de famille que Shaelynn, il devait forcément y avoir un lien. La présence d’une chambre d’enfants et de photos datés de 1991 représentant Hammond et d’autres personnes ainsi que qu’un bambin suffit à lui faire comprendre que probablement, la paléobotaniste avait passé les premiers mois de sa vie ici, avec Hammond et les autres. Marcos avait finalement récupéré une grande quantité de documents et avait réussi à survivre, accompagné de Lola et de Ed, jusqu’à ce que l’hélicoptère vienne les récupérer.
À son retour, Marcos était persuadé : Shaelynn Moore était liée de près à tout ça. Il fallait donc la retrouver, et espérer ainsi avoir des réponses. Pour mettre la main sur elle, Marcos dut se résoudre à s’associer à une personne qui excellait dans son domaine, mais qu’il détestait profondément : Chris Nedry, frère de Denis Nedry, l’homme à l’origine de la chute du premier parc. Leur enquête les amena en France. Malheureusement, la Chimère l’avait devancé. Un de leur meilleur agent avait capturé Shaelynn Moore, ainsi que … Shivak Garland. Comment et pourquoi étaient-ils là, il n’en savait rien. Mais Marcos savait que s’il ne faisait rien, la possibilité d’obtenir des réponses lui passerait sous le nez. Et bien qu’il ne les portait pas spécialement dans son cœur, surtout Shivak Garland qui l’avait fait torturer, il ne pouvait simplement pas se résoudre à les laisser mourir des mains d’une brute. Il fit alors diversion et réussis à libérer les deux prisonniers. Sous une rafale de balles qui blessa Shaelynn à la cuisse et Marcos à l’épaule, ils réussirent finalement à fuir le mercenaire.
Marcos avait décidé de se faire discret à la suite de ces évènements. La Chimère probablement était à ses trousses pour s’être interposé entre leur agent, Pearce Sanders, Shivak Garland et Shaelynn Moore. Si Shaelynn était toujours avec Biosyn comme il le supposait, il devait maintenant faire également partie de leurs données... Si ce n’était leur cible... Le seul endroit où il aurait pu être dans une sécurité relative, c’était Isla Nublar qui était une véritable forteresse. Encore fallait-il pouvoir la rejoindre. Il était à Paris, lieu densément peuplé où le danger que représentait la Chimère et Biosyn pouvait surgir à n’importe quel moment, de n’importe quel endroit, et sous n’importe quelle apparence. Marcos avait cependant un avantage : il était en France, lieu qu’il connaissait bien car il en était natif. La campagne profonde pouvait offrir une cachette valable, le temps de disparaitre de la circulation. Le paléontologue avait déposé les Shaelynn et Shivak, dans un piteux état, devant un petit hôtel F1 miteux. Tout s’était passé si vite qu’il avait du mal à comprendre exactement tout ce qui venait de se passer. Les trois personnes échangèrent peu de mots. La situation était grave et ils avaient peu de temps pour disparaitre de la circulation.
Le paléontologue se dirigea vers le sud de la France. Il décida finalement de poser ses valises dans un petit hameau au beau milieu de la Provence. En se rendant dans le bar du coin, il apprit qu’un paysan local louait une petite maison rustique isolée de tout. Marcos le contacta dans la journée. L’échange fut bref. Marcos le paya d’avance en liquide et il reçut les clefs pour s’installer. La maison était petite, en pierre, et les voisins les plus proches étaient dans le village voisin, à cinq kilomètres. Entouré seulement de champs et de terre en friches aux tonalités ocres, la petite bâtisse offrait un confort spartiate : un canapé-lit, un frigo, une radio et quelques meubles et étagères. Le lieu parfait pour se couper du monde. Le seul moyen de rester connecté avec le monde était son téléphone portable, qu’il avait muni d’un VPN pour essayer de ne pas être géolocalisé. Le directeur de la section paléontologique s’habitua assez vite à cette vie en ermite. Les journées s’écoulaient lentement, ce qui lui apportait le calme et la quiétude qui lui avait tant manqué ces deux dernières années. Les jours devinrent très vite des semaines sans qu’il s’en rende compte. Et toujours aucun ne signe de la Chimère ou de Biosyn à l’horizon. C’était jusqu’à ce coup de téléphone… La sonnerie de son téléphone le sortit de sa rêverie habituelle. À l’écran, il pouvait voir que l’appelant était autre que Shaelynn Moore. Marcos ne répondit pas. Lui adresser la parole, c’était le risque de faire remonter Biosyn jusqu’à lui. Et qui sait ce que Biosyn lui ferait avec ce qu’il savait… Le téléphone sonna une deuxième fois. Puis une troisième. Puis une quatrième. Ce comportement de la part de la part de Shaelynn était plutôt troublant à vrai dire. S’obstiner à ce point. Il était possible qu’une véritable nécessité se cachait derrière ces tentatives d’appels. Lorsqu’il décrocha finalement à la cinquième tentative, c’est une voix plutôt frêle et manquant d’assurance qu’il trouva au bout du fil. Lâchée par Biosyn et par InGen, elle lui demandait de l’aide. Marcos n’avait aucune preuve qu’elle n’apporterait pas son lot d’ennuis avec elle, mais il fallait se rendre à l’évidence. Elle était en cavale. Il était en cavale. Elle cherchait des alliés. Lui aussi. Le paléontologue lui avait finalement envoyé par SMS les coordonnées GPS, au cas où ils auraient été sur écoute.
Marcos entendit finalement toquer à la porte. Sur ces gardes, il quitta le pas de la porte donnant sur l’arrière-cour, posa son verre de jus de fruits, et alla à la porte d’entrée. Il regarda à travers le judas. C’était elle. Il lui ouvrit alors la porte. Les deux fuyards se regardèrent, mais personne n’échangea tout de suite de mots. Aucun des deux ne savait vraiment comment réagir et que dire. Fuir pendant des semaines avaient rendus les deux personnes à l’état d’animaux solitaires. Le paléontologue décida finalement de briser le silence le premier.
- Tu as une mine affreuse. Allez rentre.
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Shaélynn Moore Admin
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Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Sam 17 Sep 2022 - 11:32
Assise dans la voiture, Shaelynn regardait les paysages de la provence française défiler sous ses yeux. Elle avait eu l'occasion de visiter le pays dans sa jeunesse, en voyage scolaire ou avec son père. Et récemment, avec Shivak et Pearce. Dans des circonstances moins estivales. Mais elle était loin de Paris et de la grisaille. Le climat était bien plus clément et les paysages plus champêtres. Et il n’y avait pas un chat sur la route qui menait chez Marcos Shannon.
Pour tout dire, son ancien collègue et elle n’étaient pas amis. Cela aurait été mentir. Les deux scientifiques s’étaient rencontrés sur Isla Sorna au cours d’une mission risquée. Shaélynn lui avait sauvé la vie. Ce jour-là, le français, son aîné de 5 ans, lui avait serré la main en lui disant qu’il lui revaudrait. Ce qui aurait pu être une simple formule de gratitude, s’était pourtant révélé prophétique. Sans le savoir, il avait sorti la britannique de l’impasse lors de son combat avec Shivak. Elle avait compris à ce moment que le paléontologue était à la fois curieux, déterminé et particulièrement naïf sur les dangers qui l’entouraient. Et que les trois combinés n’apporteraient aux uns et aux autres que des emmerdes.
Tout au long de ces mois chez InGen, Marcos n'avait pas cessé de lui tendre la main et inlassablement Shaélynn avait ignoré ses signes d'amitié.
Marcos n’avait reculé devant rien dans sa quête de vérité. Jusqu’à finir par soupçonner son implication chez Biosyn. Jusqu’à se mettre lui-même en danger. Malgré cela, il ne lui avait jamais retiré son soutien. Et puis il y avait eu Paris. Où le français avait tenu parole et lui avait sauvé la vie. Sans lui et Chris Nedry, ils auraient été condamnés.
Le français était un homme droit dans ses bottes, un homme de parole et d'honneur. Et elle en connaissait relativement peu. Elle-même était une saloperie de la pire espèce. Au cours des années, la jeune femme ne s'était pas présentée sous son meilleure journée : manipulatrice, voleuse, menteuse, cruelle et violente...
Shaélynn se sentait carrément honteuse de frapper à sa porte aujourd'hui. Après son entrevue avec Noah, elle avait pris le temps de la réflexion. Et puis les jours étaient passés et elle perdait peu à peu de son assurance. Après une énième nuit de cauchemar et seule face à ses angoisses, elle avait craqué. En abandonnant Shivak, elle avait aussi volé le téléphone avec lequel il contactait Marcos. Alors un matin, de bonne heure, Shaélynn lui avait téléphoné. Plusieurs fois. Il avait fini par décrocher et après un temps de réflexion, Marcos avait répondu présent.
Quelques jours, épuisants, de voyage plus tard, Shaélynn Moore se trouvait désormais dans le sud de la France dans un covoiturage. Pour ne pas dévoiler sa véritable destination, elle avait demandé à ce qu'on la dépose à l'entrée du petit village. Maintenant il ne lui restait qu'à marcher jusqu'à sa destination. Heureusement, elle n'était pas très chargée et n'avait que son grand sac à dos et un petit sac à main qu'elle portait en bandoulière.
Spoiler:
Sa jambe blessée en Egypte avait bien cicatrisée et la douleur était presque un mauvais souvenir. La cicatrice était parfois douloureuse lorsqu'elle marchait trop ou que son jean frottait dessus sans bandage mais aujourd'hui ça irait. La jeune femme avait en effet opter pour une robe fleurie, un gilet et des baskets. Il était tôt et la température était encore fraîche en cette fin de mois de mai.
Elle avait juste attaché les mèches avant de ses cheveux pour dégager son visage et portait de grandes lunettes de soleil pour cacher les cernes violettes qu'elle avait sous les yeux. Depuis qu'elle avait eu Marcos au téléphone quelques jours plutôt le moral de la jeune femme avait connu une petite amélioration. Elle mangeait mieux, dormait mieux. C'était léger mais elle avait l'impression de reprendre un peu forme humaine.
Mais Shaélynn restait fragile psychologiquement. Les événements qui avaient eu lieu au Manoir des Moore, ses retrouvailles avec Noah... Les paroles de son premier amour commençaient à se frayer un chemin jusqu'à son esprit. Avait-il raison ? Se pouvait-il que Shivak soit vivant ? Se pouvait-il que son aveu concernant la mort de son père n'ait été qu'une marque de sa confiance ultime et non un jeu pour la blesser ?
L'idée que quelqu'un puisse éprouver des sentiments sincères à son égard, quelle que soit leur nature, était toujours difficile à intégrer pour Shaélynn. Elle avait trop souvent été déçue de voir les gens qu'elle aimait l'abandonner en cours de route pour s'imaginer que certains puissent vouloir rester. Les exemples étaient nombreux et commençaient avec ses parents. Si, elle connaissait aujourd'hui la vérité, la douleur de l'abandon était gravée tellement profondément dans sa chair qu'elle ne la quittait jamais.
Il fallait qu'elle laisse une chance aux autres. Cela ne lui avait pas vraiment porté chance jusqu'à présent mais comme Noah lui avait fait comprendre; elle n'essayait jamais pleinement. Ses premières impressions s'avéraient pourtant toujours les bonnes. Son instinct lui soufflait toujours la vérité et son cerveau lui donnait des ordres contraires. "Oh tiens voilà Cole Hudson/Marcos Shannon/Erin O'Connor, regarde comme ils ont l'air gentils et intégres" soufflait son coeur, "Gentils = faibles, énervants, affaiblissants - Envoie les balader" répondait son cerveau. Shaélynn gardait toujours de la distance, ne baissait jamais la garde et mordait au premier écart. Marcos en avait fait les frais plus d'une fois.
Qu'avait-elle pensé de Shivak la première fois qu'elle l'avait vue ? C'était sur le quai d'embarquement à San Diego. Elle l'avait trouvé bavard mais n'en avait pas fait grand cas. A leur seconde rencontre lors des fouilles dans le Grand Canyon et alors qu'il s'était montré poli, Shaélynn s'était directement agacé qu'il vienne les déranger en plein travail. Le professeur Grant s'était ensuite gentiment moquer de sa jeune collègue en sous-entendant qu'elle avait un faible pour le vidéo-documentaliste. Elle ne se souvenait pas que cela est vraiment été le cas ? Mais comment le savoir vu le fonctionnement anarchique de son cerveau...
Vexée, elle n'avait pas cessé de lui envoyer pique sur pique, se montrant désinvolte et froide. C'était elle qui avait donné le ton de leurs échanges futurs. Lui ne s'était jamais départi de son apparente bonne humeur, qu'il avait conservée jusqu'au moment où elle s'était introduite dans son bureau. Devenue soudainement souriante et charmante, Shaélynn était vite redescendue sur terre quand Shivak lui avait révélé être un espion de la Chimère et l'avait fait chanter avant de la mettre à la porte du bureau. Piquée au vif, elle s'était défendue comme elle avait pu et dans une ultime tentative de le déstabiliser et de l'agacer, elle l'avait embrassée.
Un baiser qu'elle avait regretté très rapidement puisque l'agent de KC s'en était servie pour semer le trouble dans une réunion importante... La même qui avait mené à la mort de Cameron. Un baiser innocent qu'elle avait désormais de nouvelles raisons de regretter puisqu'il avait de nouveau récemment troubler les choses entre eux...
Shaélynn ne pouvait pas penser à cela maintenant. Si la jeune femme voulait rester prudente concernant Shivak et ses intentions, elle devait faire confiance à Marcos. Il était son seul potentiel allié et si l'ancien vidéo-documentaliste l'avait lié à leurs affaires c'est qu'il en savait forcément beaucoup. Le français avait toujours plus ou moins été à la recherche de la vérité et ne croyait jamais les versions officielles du parc. Complotiste paranoïaque pour les employés lambda mais véritable trouble-fête pour ceux qui cherchaient à cacher leurs manigances. Shaélynn était curieuse de savoir jusqu'à quel point il avait pu pousser ses recherches.
Au fin fond d'un champ, un peu en retrait de la route principale, se dressait une petite maison en pierre. Vu qu'il n'y avait rien d'autre autour, cela ne pouvait être qu'ici. Arrivée devant la porte d'entrée, Shaélynn ferma les yeux et prit une grande inspiration. Elle ne pouvait plus merder. La britannique ne savait pas dans quelle disposition elle allait trouver le paléontologue. Elle rangea ses lunettes dans son sac à main et frappa malgré tout à la porte, il était trop tard pour reculer.
Après quelques instants qui lui parurent une éternité, il ouvrit brusquement la porte. Les deux anciens collègues se toisèrent en silence. Fatigué, avec une barbe épaisse qu’elle ne lui avait jamais vue, Marcos n'avait vraiment pas bonne mine et semblait sur la défensive. Heureusement, le trentenaire se décida à prendre la parole et ses premiers mots arrachèrent un petit rire à la jeune femme.
- Je me permets de te retourner le compliment, Marcos.
Shaélynn entra d'un pas assuré pour ne pas lui montrer qu'elle n'était pas à l'aise. Mais sa nervosité se traduisait dans ses gestes. Rapidement, elle jeta un coup d'œil à la pièce. Pour le coup, ce n'était pas aussi sombre que ce à quoi elle s'attendait en voyant l'extérieur. Un peu rustique et spartiate mais isolé. Il était évident que le confort et l'esthétique n'avait pas été sa priorité.
Elle se retourna vers Marcos et vit qu'il l'avait observé faire le tour de la petite maison sans un mot.
- Tu va bien ?lui demanda-t-elle d'une voix un peu mal assurée. Avant qu'il ait eu le temps de répondre, elle lâcha un :Non, évidemment que non. Je suis désolée, je sais pas vraiment où commencer. Merci d'avoir répondu au téléphone, déjà. Et pour les 2 fois où tu m'es venu en aide avant ça et ... Elle se stoppa net et reprit de plus belle :Je sais ce que tu dois penser de moi et j’en suis désolée. Je te dois la vérité, Marcos. Tu devrais t’asseoir, ça risque d’être long.Elle lui lança ensuite un inattendu :Je vais faire du thé. Tu en veux ?Elle le vit commencer à se lever alors qu’il venait à peine de prendre place sur la chaise : Non, non restes assis je m’en occupe.
Elle se leva et s’appliqua à remplir la bouilloire d’eau puis prit 2 tasses qui traînaient dans l’égouttoir. Marcos lui indiqua d’un geste le placard où se trouvaient les sachets de thé. Shaélynn avait les mains qui tremblaient un peu et elle s’appliqua pour verser l’eau dans les tasses. Une fois assise sur la chaise en face, elle lui adressa un petit sourire et commença.
- Je suis un peu nerveuse comme tu peux le voir. La vérité c’est pas mon point fort et ce que je vais te raconter, je n’ai jamais eu l’occasion de le dire. J’imagine que tu connais l’histoire de ma famille, comment ils sont impliqués dans le parc, la disparition de ma mère... Quand j’avais 16 ans, mon père est décédé. A l’époque, on pensait qu’il s’était suicidé mais j’ai appris par la suite qu’il avait été assassiné par KC. Tous les biens ont été vendus, je me suis retrouvée seule et sans rien. Hammond, le soit disant ami de la famille, n'a pas levé le petit doigt pour m'aider.Elle prit une gorgée de thé. Allez Shaé, tu peux le faire.Par la suite, j’ai connu une mauvaise période et c’est là que j’ai été approchée par Biosyn. Ils ont proposé de financer mes études, le gîte et le couvert et de m’aider à me venger de John Hammond en faisant tomber le parc. ça a mis un moment mais j’ai fini par me laisser convaincre. Enfin, elle eut un rictus sarcastique. Disons que je me suis tellement fait laver le cerveau que je serais allé en enfer pour ces cons. Par la suite, j’aurais travaillé pour eux pour les rembourser. J’ai aussi fini par m’attacher aux gens avec lesquels je travaillais là bas. Je me suis retrouvée coincée quoi, résuma-t-elle d’un ton amer.J’ai donc travaillé pour Biosyn de 2006, majoritairement pendant mes études, jusqu’à début janvier 2012. Jusqu’aux attentats. Le français sembla accuser la surprise. Il devait sans doute penser qu’elle ne les avait jamais quittés. Jusqu’à ce que je débarque sur le parc, tout était à peu près comme ils me l’avaient promis. Après ça s’est gâté. Nouvelle gorgée de thé. Je ne pouvais rien faire sans devoir leur rapporter, j’étais surveillée en permanence. Même à des milliers de kilomètres, c’était comme si je les avais sur l’épaule en permanence.
Shaélynn attaqua ensuite le récit de son aventure au parc. Comment elle s’était mis Shivak à dos, l’implication du jeune homme dans la Chimère, ses premières missions, ses opérations. La pression grandissante de Biosyn.
- J’aurais dû être au cœur du plan, mais ils me gardaient dans l’ignorance. A chaque confrontation avec Shivak, il en savait toujours plus que moi. Il me crachait son venin au visage en m’expliquant à quel point, Biosyn se foutait de ma gueule et comment les enjeux étaient plus importants que tout ce que je pouvais imaginer. Le jour où on a ramené les Carcharodontosaurus de Sorna jusqu’à Nublar la situation a dégénéré. Biosyn avait décidé d’envoyer l’un de mes ami en mission suicide. Il avait percé leurs plans à jour et ils voulaient s’en débarrasser tout en faisant passer un message.Elle marqua un temps de pause. Shaélynn ne souhaitait pas s’étendre sur Cameron avec Marcos mais le ton de sa voix avait perdu en intensité et en assurance. Shivak a tenté de le faire arrêter mais KC l’a eu avant. La pression est monté d’un cran pour moi. Dans le même temps, Biosyn a commencé à me mettre la pression pour que je… Me rapproche de Cole.Elle baissa honteusement la tête et reprit du thé pour garder sa contenance.Ensuite ça a été de pire en pire. Ils m’en demandaient de plus en plus, c’était de plus en plus risqué. Et comme je me sentais prise au piège, je me conduisais comme une vraie connasse avec tout le monde. J’étais sur les nerfs en permanence. Quand on en est venu aux mains avec Shivak, j’ai cru que j’allais y passer.
Elle releva enfin la tête pour faire une pause dans son récit et se leva d’un bon. Les bras croisés, elle ne savait pas si elle devait continuer. La britannique vit le regard interrogateur du paléontologue glisser sur ses jambes mais elle n’y prit pas vraiment gare. Tout ce qu’elle voulait c’était savoir comment il prenait ses premières déclarations. Car la suite s’annonçait pire et elle ne savait pas si il pourrait supporter toutes ses révélations.
- ça va ? Est-ce que tu veux que je continue ? La suite sera pire, tu le sais ? Je suis allée vraiment loin pour eux. Elle fit une pause et le regarda droit dans les yeux. Mais je veux que tu saches deux choses : Que j’ai quitté Biosyn pour de bon. C’est fini pour moi, je veux juste réparer mes erreurs. La seconde c'est que je ne suis pas un un danger pour toi, Marcos : ni avant ni maintenant ni jamais.
Shaélynn avait besoin qu’il le sache, qu’il la croit, maintenant. Avant qu’elle ne lui dise pour Hammond. Marcos était littéralement son seul espoir. Après lui avoir refusé son amitié, il fallait maintenant le convaincre de lui accorder sa confiance malgré tout ce qu’elle avait fait.
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Dernière édition par Shaélynn Moore le Dim 23 Oct 2022 - 0:04, édité 1 fois
Marcos Shannon
Messages : 276 Date d'inscription : 03/09/2013 Age : 28 Localisation : 24 roses
Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Ven 23 Sep 2022 - 21:31
Shaelynn lui retourna le compliment sur son apparence. Oui, Marcos avait mauvaise mine. Sa blessure par balle à l’épaule cicatrisait doucement. Il avait encore une croute là où la balle l’avait éraflée. Sur son visage, sa barbe mal entretenue traduisait un certain laissé aller. Elle le vieillissait également de quelques années. L’espionne de Biosyn inspecta les lieux du regard. Marcos la laissa faire, non sans la garder à l’œil.
« Qu’est-ce que je suis en train de faire bon sang… », pensa-t-il intérieurement. « Si, je sais exactement ce que je suis en train de faire. Je fais entrer le loup dans la bergerie. »
Elle lui demanda alors s’il allait bien. Le paléontologue lui aurait bien que oui, même si c’était relatif. Il n’en eut cependant pas l’occasion. Shaelynn commença par le remercier d’être venu à son secours à Paris, lorsqu’il l’avait libéré des griffes du mercenaire de la Chimère, Pearce Sanders.
- Tu m’as sauvé la mise sur Sorna, et je t’ai sauvé la mise en retour à Paris, se contenta-t-il de répondre. On est quitte maintenant.
Elle proposa alors de faire du thé. Marcos allait se lever de la chaise où il s’était assis, mais en s’appuyant de son bras droit sur la table pour se donner de l’élan, il ressentit une cuisante douleur dans le bras et l’épaule. Le paléontologue essaya de cacher sa douleur tant bien que mal. Mais Shaelynn, avec ses talents d’observation dû à des années d’espionnage, le remarqua. Elle prit donc les devants pour préparer la boisson. Elle fit bouillir de l’eau et servit deux tasses. Le liquide était fumant et le paléontologue préféra attendre un peu avant de boire. Le thé vert ne se boit pas bouillant, mais entre 70 et 80°C. Auquel cas, celui-ci devenait amer. Shaelynn n’avait pas appris ça lors de sa formation d’espionne. Mais le paléontologue décida de ne pas lui en faire la remarque. Marcos remarqua alors qu’elle marchait très bien pour quelqu’un qui avait pris une balle en pleine cuisse. Elle ne boitait pas, et ne semblait pas se reposer plus sur une jambe ou sur une autre. Marcos savait, après avoir lu les documents d’Isla Vanthua, qu’elle avait le composé du projet T dans son génome. Peut-être y avait-il une explication de ce côté-là.
Au tout début années 90, un scientifique du nom de Thomas Loy chercheur à l’université nationale d’Australie, étudie un outil trouvé à Barda Balka, au nord-ouest de l’actuel Iraq. Sur le manche en bois de conifère âgé de 200 000 ans, il y a des traces de sang séchée. Et récupérant le sang séché et en le mettant en solution avec des anticorps humains, Loy arrive à démontrer que le sang qui recouvre cet outil primitif est bien humain. L’utilisateur avait dû se blesser avec sa propre lame en pierre. Peu de temps après, Loy étudia une série de couteaux amérindiens en pierre, également couvert de sang. Le sang était cependant de trop mauvaise qualité, dû aux mauvaises conditions de préservation. Les brins d’ADN étaient trop parcellaires et abimés. Il utilisa alors une technique novatrice : Réaction en chaîne par polymérase aussi appelée PCR. Cette technique permet, à partir d’un seul fragment d’ADN, de le dupliquer de manière rapide pour avoir un échantillon bien plus conséquent. Ainsi, le test des anticorps était possible. Loy identifia le sang comme appartenant à des bisons et non des humains. La méthode d’extraction Loy était née et avec elle, l’archéogénétique. Comme à son habitude en sciences, cette méthode fût poussée à l’extrême. Loy et ses collègues arrivèrent ensuite à obtenir quelques séquences d’ADN d’un rhinocéros de 10 millions d’années, puis d’une feuille magnolia de 17 millions d’années préservée dans les boues d’un lac profond dans l’Idaho. De l’archéogénétique, l’extraction Loy était passée à la paléogénétique.
Mais l’extraction Loy avait atteint ses limites. Comme l’avait dit à maintes reprises le professeur Alan Grant dans ses conférences et ses ouvrages, la technique d’extraction Loy n’a jamais comblé les trous dans les séquences d’ADN ». Elle ne reproduisait et amplifiait que ce qui existait encore, ce qui avait résisté aux assauts du temps. Elle ne permettait en aucun cas d’avoir un génome complet. Et passé le million d’années, la qualité des génomes décroissait de manière exponentielle.
Il ne faut pas cependant oublier que Thomas Loy était un scientifique travaillant pour le public. Non seulement il ne pouvait pas faire ce qu’il voulait, mais les fonds alloués à ses recherches étaient limités. Tant de limites inexistantes pour une société privée regorgement de moyens économiques et technologiques. Deux noms revenaient souvent sur les documents que Marcos avait subtilisés sur Isla Vanthua : Mary Moore et Wellan Wörst. Les deux scientifiques semblaient avoir repris l’extraction Loy, tombée dans le domaine public, et l’avaient perfectionné. Pour combler les lacunes d’ADN manquant, ils avaient choisi de prendre l’ADN d’une grenouille tropicale africaine. Son patrimoine génétique était assez simple à travailler. Mais il fallait quelque chose pour « coller » les fragments d’ADN de grenouilles dans les trous de l’ADN préhistorique. Marcos ne savait pas comment la tulipe était arrivée dans l’histoire. À vrai dire, il ne savait même s’il s’agissait d’une variété disparue ou éteinte. Tout ce qu’il savait, c’est que les généticiens en avaient extrait une molécule nommée Tetracyclomisyne : le projet T. Elle servait de liant entre les deux ADNs. Grâce à cette colle moléculaire, ils avaient pu fabriquer des génomes entiers. Après avoir essayé sur quelques mammifères préhistoriques, ils avaient poussé leur expérience en recréant des génomes de dinosaures. Le plus loin qu’il avait été les arthropodes géants du Carbonifère, il y a plus de 350 millions d’années. Sans ADN de moustique ni os, ils avaient réussi à extraire des protéines dans les restes de leur carapace. Les essaies sur des créatures plus anciennes encore s’étaient soldés par un échec. Moore et Wörst ne pouvaient pas aller plus loin, du moins dans le clonage. Si la Tetracyclomisyne était une colle, elle pouvait autant relier des brins d’ADN qu’engluer une partie, empêchant alors la partie d’ADN prise au piège d’être lue. Non lus, ils ne s’exprimaient pas. Cela aurait permis de rendre inactifs les gènes à l’origine de certaines maladies. Hasard ou destin, les Moore venaient d’obtenir une petite fille atteinte d’une maladie neuromusculaire : la maladie de Charcot. Aussi appelée la Sclérose Latérale Amyotrophique, bien que présente à la naissance, se déclarait à l’adolescence, réduisant les fonctions motrices du corps jusqu’à ne plus pouvoir s’en servir. Celui-ci devenait alors un carcan, une prison, pour une personne qui en général avait pourtant toute sa tête. Les équipes de généticiens d’Hammond y voyaient sûrement le cobaye parfait, car les enfants sont très malléables physiologiquement. Le gars se répare plus rapidement et supporte plus de contraintes. Un gène qui s’exprimait deux fois au lieu d’une seule provoquait la production anormale de certaines protéines importantes pour la formation des nerfs. La Tetracyclomisyne permettait de rendre muette. la version de trop du gène, permettant un fonctionnement normal. Mais chez les êtres vivants, les gènes sont utilisés plusieurs fois, et de diverses manières. La molécule du projet T s’était également fixée sur d’autres endroits des chromosomes, mais les effets sur le corps étaient encore mal connus. Les Moore avaient probablement posé des limites quant aux expérimentations faites sur leur enfant et les recherches n’avaient pas été plus loin. Il se pouvait que Shaelynn fût sortie de ce traitement avec une santé de fer, au-dessus de la moyenne des capacités du corps humain lambda. Marcos décida de ne pas la lancer là-dessus dans l’immédiat. Mais il se promit de revenir dessus ultérieurement.
Shaelynn reprit alors ses explications. Une jeunesse difficile, un père qui décède à l’âge ou les personnes se forment à la vie d’adulte. Hammond, qui était pourtant proche de la famille Moore, n’avait pas bougé le petit doigt. Évidemment, l’adolescente avait très vite ressenti de l’amertume contre lui, qui avait ensuite mué en un désir de nuire au milliardaire en ruinant sa plus grande création : le Jurassic Park. Dans son récit, Shaelynn allait toujours plus loin dans la manipulation. Marcos n’en fut qu’à peine surpris lorsqu’il apprit que sa relation avec Cole Hudson, le directeur du parc, n’était qu’un leurre, une couverture. Une couverture de choix, car la position hiérarchique très avantageuse de son amant lui assurait l’accès à des informations pour Biosyn.
« Et après elle me demande de lui faire confiance » se désola-t-il intérieurement. « C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité… »
Une partie de lui avait pourtant envie de la croire en réalité. Personne ne naissait foncièrement méchant, fourbe ou quel que soit le qualificatif. Ce n’était qu’une suite d’évènements qui épreuve après épreuve, forgeait la personne que vous étiez aujourd’hui. Et Marcos le savait. Il savait qu’il n’avait pas eu à se plaindre de son enfance, somme toute classique. Il était fils unique et avait toute l’attention de ses parents qui étaient des gens simples et toujours en vie. Shaelynn ne semblait pas avoir eu cette chance, d’après ses dires. Le paléontologue aurait aimé la croire. Mais combien de fois avait-il donné ses confiances et combien de fois il s’était fait avoir ? Il avait donné sa confiance à Shivak et ça s’était mal fini. Il avait donné sa confiance à Cole, qui était en fait manipulé par Shaelynn. Il avait fait confiance à Emma Beckett et celle-ci l’avait vendu à son amant, Shivak Garland. L’empirisme poussait Marcos à rester sur ses gardes, à ne pas donner sa confiance. Il avait envie pourtant, mais un réflexe quasi biologique le poussait à ne pas le faire. Les deux années chez InGen l’avaient définitivement conditionné et l’isolement de ces dernières semaines lui avez révélé une chose : les temps de l’innocence et de la naïveté été derrière lui.
- Tu me dis que bosser pour Biosyn c’est fini, mais comment en avoir le cœur net ? Tu l’as dit toi-même : dire la vérité n’est pas vraiment ta spécialité… Rien ne me dit que tu ne me mènes pas en bateau pour savoir ce que je sais. Il va me falloir plus pour que je t’accorde ma confiance maintenant Shaelynn.
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Shaélynn Moore Admin
Messages : 694 Date d'inscription : 29/08/2013 Age : 28 Localisation : Saloperie Ville Emploi/loisirs : Le rangement du forum c'est maintenant ! Humeur : D'humeur Saloperesque
Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Sam 24 Sep 2022 - 15:06
Shaélynn sentit dans l’air ambiant, et ce alors qu’il n’avait pas encore décroché un mot, que Marcos ne la croyait pas. Pas complètement en tout cas. Comment lui en vouloir ? Sa petite allusion au fait qu’ils étaient quittes lui indiqua clairement. C’était sa façon à lui dire de faire passer le message et de poser les limites. “Je ne te dois plus rien”. Naïvement, un peu trop sûrement, elle avait cru qu’être sincère suffirait. Que le paléontologue n’avait pas changé et qu’il était prêt à la croire et à lui faire confiance. Passé l’agitation des premiers instants, la britannique voyait enfin Marcos tel qu’il était.
De la même façon que Shaélynn Moore n’était plus la gamine prétentieuse qu’elle avait été, Marcos Shannon n’était plus le nerd immature qui avait débarqué sur Nublar. Le temps et les épreuves avaient durci son visage et son regard. La barbe qui grignotait ses joues le vieillissait un peu et il semblait au bout du rouleau. La jeune femme avait eu de la compassion pour lui lors de la mission de classification, quand fraîchement arrivé il s’était retrouvé confronté à des dinosaures et des histoires de clones sans y être préparé. Elle en éprouvait de nouveau aujourd’hui à le voir ainsi affaibli par ses blessures. Il semblait s’en remettre bien plus lentement que elle.
Mais Shaé en avait vu d’autres et elle avait appris à gérer la douleur physique. Les déceptions en revanche c’était autre chose…
- Tu me dis que bosser pour Biosyn c’est fini, mais comment en avoir le cœur net ? Tu l’as dit toi-même : dire la vérité n’est pas vraiment ta spécialité… Rien ne me dit que tu ne me mènes pas en bateau pour savoir ce que je sais. Il va me falloir plus pour que je t’accorde ma confiance maintenant Shaelynn.
Shaélynn apprenait. A la dure mais elle apprenait de ses erreurs. L’expression dit qu’on récolte ce que l’on sème et l’année en cours était décidément très fertile dans le domaine. Marcos se trouvait dans la même position qu’elle, quelques jours plus tôt face à Shivak. C’était bien, ça lui remettait un peu les idées en place. Il était connu que M.Shannon avait une grande admiration et un respect immense pour John Hammond. La situation s’annonçait épineuse.
La britannique réfléchit un instant, fouilla dans son sac à main et en sortit son arme en la tenant par le canon, ce qui fit se tasser Marcos sur sa chaise, l’air effrayé. Elle leva une main en signe d’apaisement tandis qu’avec l’autre, elle déposa avec précaution l’arme devant le paléontologue. Après s’être tranquillement assise en face de lui, elle déclara simplement :
- A défaut de confiance, on va commencer par la sécurité. Tu es armé, je ne le suis plus.Techniquement, elle possédait une seconde arme. Mais elle était au fond de sa valise, inaccessible.
Shaélynn reprit du thé pour laisser à Marcos le temps de reprendre ses esprits.
- Après ma dispute avec Shivak, Cole a commencé à se poser des questions. C’est là que j’ai fait une erreur. J’étais fatiguée, je savais que ma crédibilité auprès de Biosyn et sur le parc allait en prendre un coup… Tu connais Cole et sa gentillesse légendaire. Shaélynn chercha la validation dans son regard. J’ai commencé à vraiment m’attacher à lui. J’ai compris qu’il fallait que je trouve rapidement un moyen de sortir de tout ça, alors j’ai gardé le cap sur mon objectif. Sur Isla Nova, j’ai redoublé d’efforts pour aider Biosyn à l’emporter. Quand Hammond s’est réveillé du coma, que Shivak a été viré et que Cole a pris sa place, la voie était libre et j’en ai bien profité.
C’était l’espionne qui parlait et qui faisait le bilan de sa mission. Mais sous la surface, dans chacun de ses gestes, dans chacune des nuances de sa voix, Shaélynn apparaissait en filigrane. Elle avait eu le temps d’analyser et d’accepter mais elle ne s’était pas pardonnée.
- Le 2 janvier 2013, j’ai embarqué sur le bateau pour la soirée. Tu étais là, tu sais ce qui s’est passé. Je n’étais au courant de rien, ce n’était pas un coup de Biosyn, j’ai aidé Erin O’Connor à sauver les dinosaures pris au piège et les victimes. Ensuite, je me suis renseignée et quand j’ai appris que le bateau de Cole n’avait rien eu, je suis juste partie me coucher.
La brune reprit une gorgée de thé. La saveur était amère, elle avait versé l’eau trop chaude. Avec les années, elle perdait décidément son savoir-être britannique.
- En descendant du bateau, je n’avais qu’un objectif : prévenir Biosyn. Il fallait que je leur dise ce qui était en train de se passer et…
Shaélynn ne pouvait juste pas continuer le récit ainsi. Il fallait qu’elle lui dise. C’était son secret, seul Biosyn savait. Avec ce qu’il avait fait pour elle récemment… L’espionne s’effaça totalement. Elle avait le cœur qui battait, ses yeux la brûlaient tellement elle s’efforçait de ne pas craquer. Depuis tout à l’heure, elle lui racontait des histoires d'espionnage, de manipulation et de vengeance, et cet épisode en était le point culminant. Le moment charnière. Sûrement que Marcos ne comprendrait pas son geste mais elle ne voulait pas faire passer son geste pour ce qu’il n’était pas.
- Je t’ai dis que Biosyn avait sacrifié l’un de mes amis lors de la mission de transports des Carchadontosaurus. J’avais confiance en ce gars, je l’aimais… Comme un frère. Il avait essayé de prendre contact avec Shivak pour négocier et m’épargner. Il n’a jamais réussi mais il s’est attiré l’attention de KC. Biosyn avait un plan me concernant et il voulait me prévenir. Je me doutais de ce qui arrivait mais je pensais pouvoir… Je ne sais pas ce que je croyais.Shaélynn prit une grande inspiration pour se calmer et expira lentement. Elle sentit son estomac se tordre et elle repoussa sa tasse à moitié bu. J’étais jeune et je me sentais invincible. Je pensais pouvoir arriver à mes fins sans dégâts.
Elle tournait un peu autour du pot mais elle y arrivait lentement.
- Cameron n’était pas le seul auquel je tenais chez Biosyn. Il y avait une autre personne. Dire son nom à haute voix ? Non, elle ne pouvait pas. Il a refait sa vie, il a quitté l’espionnage aussi. Mais on est sorti ensemble pendant toutes nos années chez Biosyn. Il avait ses propres raisons d’en vouloir à InGen et Biosyn a eu la meilleure idée de leur vie : Ils en ont fait mon back-up. Shaelynn eut un sourire acide.Si je ratais, si je mourais, si je ne jouais pas le jeu, ils l'enverraient à ma place. Et moi je ne voulais pas que ça arrive, parce que je l’aimais et que Shivak risquait de l’attendre au tournant.Sa voix s’étrangla. Si Shivak avait identifié Noah comme l’un de ses contacts de Biosyn, il n’avait jamais su. Il n’avait jamais compris ce qui la liait vraiment à Cameron et Noah. Il avait cru que l’informaticien était son petit ami. Par chance, il ne s’en était jamais pris à l’américain. Avec le recul et après avoir rencontré Pearce, Shaélynn avait compris pourquoi. elle toussota pour reprendre. Quand je suis descendue du bateau cette nuit-là, j’ai été intercepté par Cole. Il était fou d’inquiétude et la seule chose que j’avais en tête c’était “prévenir Biosyn, prévenir Biosyn, prévenir Biosyn”. John Hammond nous a rejoint pour nous demander de ne pas rester là et d’aller aider nos employés. Et puis Josh Solomon est arrivé.
L’histoire que racontait Shaélynn était on ne peut plus différente de la version officielle. Jamais personne n’avait su qu’elle était là à ce moment-là.
-Si j’avais eu toute ma tête, j’aurais fait quelque chose mais je me suis enfuie. Biosyn m’a appelé lorsque j’étais en route vers mon QG. Elle se souvenait parfaitement des mots qu'avait prononcés Lewis ce soir-là. Mon mentor avait une mission pour moi. Il m’a dit “Hammond sait que tu bosses pour nous. Il va tout faire foirer, il faut que tu t’en occupes ce soir, Shaelynn. C’est lui ou c’est nous. Il faut qu’il paie pour ce qu’il a fait à tes parents. S' il te démasque, il s’en sortira encore sans encombre. “ Je savais que c’était une possibilité mais je n’avais pas pensé que ça arriverait vraiment. Cette fois-ci elle laissa les larmes couler tandis qu'elle parlait. Je ne voulais pas en arriver là et ça il le savait. Il a joué la carte du cancer en me disant que de toute façon, Hammond était condamné. Elle imita la voix de Lewis “T’en fais pas Shaé, si tu ne te sens pas, on envoie Noah, - le nom lui avait échappé - c’était une erreur de t’envoyer, tu n’étais pas prête pour ça. Il peut être là dans 2h, essayes de gagner du temps”. Il savait que ça me déciderait. Quand John m'a rejoint, je n'ai pas hésité à tirer.
Ne pas regarder Marcos, ne pas regarder Marcos. Elle devait aller au bout de l’histoire.
- Il… John n'est pas mort sur le coup. Il m’a dit que mon père avait été assassiné, que Biosyn m'avait manipulé et que j’étais en train de tout gâcher. Que c’était KC qui avait ruiné mes parents mais pas lui. Apparemment, ils avaient trouvés une fleur aux propriétés médicinales et ils s’en sont servi pour me soigner d’une maladie incurable - Je ne sais toujours pas laquelle à l’heure où je te parle - Ils ont appelé ça le projet T pour Tulipas Tempus, la fleur du temps. Mais c’était plus qu’un remède, c’était une arme et KC voulait s’en emparer. Ils avaient créé des clés pour sceller et cacher ce projet et chacun en avait une. Il n’a pas pu m’en dire plus. Je suis partie.
Elle lui expliqua ensuite comment elle avait effacé ses traces sur les caméras pour dissimuler son meurtre. Et comment la caméra l'avait trouvé par accident à l'enclos des herbivores.
- Mais ce n'était pas moi sur la vidéo, c'était quelqu'un d'autre. Je pense que c'était Mary Moore, ma mère. Je ne sais pas comment c'est possible mais je suis sûre que c'est elle. Après j'ai appris ce qui était arrivé à Cole donc j'ai filé à l'hôpital.
Elle marqua une pause.
- Je n'ai plus jamais eu de nouvelles de Biosyn après ça. Je n’ai pas de preuve à t’apporter mais ils ont juste… Arrêté de répondre. J'ai compris rapidement que j’avais accompli ce pourquoi ils m’avaient formé et que je m'étais fait avoir. J’aurais pu essayer de m’enfuir mais je n’arrivais pas à laisser Cole. J’aurais dû l’aider ce soir-là mais je l’ai juste… Abandonné. Après ça, je me suis promis de ne pas recommencer et de prendre soin de lui. Je tenais vraiment à lui malgré tout. Mais les semaines ont passé, tu t’en es mêlé, Shivak est revenu. Et quand il m’a dénoncé, j’étais au pied du mur. J’ai expliqué la vérité à Cole rapidement sans rentrer dans les détails et j’ai quitté le parc. Je ne pouvais pas prendre le risque qu’il soit impliqué là dedans. Le coude sur la table, la jeune femme appuya son front sur sa main. Il voulait venir avec moi. Il n’avait pas conscience de tout ça, il ne comprenait pas la gravité de la situation. Je ne pouvais pas l’emmener. Donc je me suis enfuie avec Shivak et je suis en cavale depuis.
Shaélynn prit un carnet et un stylo dans son sac et fit une liste. Ce geste simple et familier la calma un peu.
- Globalement, voilà les infos que j’ai :
le projet T est une plante Tulipa Tempus
Ma mère, l’une de ses créatrices, est en vie mais je n’ai pas retrouvé sa trace. La majorité des travaux qu’elle a écrit ont été perdus.
J’ai probablement dû servir de test humain à un moment donné
Ils étaient 4 à l’origine du projet mais plus probablement 5. 2 sont déjà morts : mon père et John Hammond.
Il y a 5 clés à trouver pour accéder au projet T : Amber, celle d’Hammond était dans sa canne, Basilic, Blood, Bones et Gemstones.
Handréas, le nouveau patron de InGen est aussi le fondateur de la Chimère. Il a déjà la clé de Hammond, celle de mon père et la sienne. Il a récupéré les débris de celle de ma mère.
Shaélynn expliqua :
Avec Shivak on tenait une piste concernant la clé de ma mère, donc on l’a suivi jusqu’au manoir de ma famille. J’avais enterré la clé dans le jardin quand j’étais petite. On a galéré pour la retrouver et quand on l’a enfin eu, la Chimère l’a récupéré. Je n’ai pas pu récupérer les fragments, j’ai été obligée de partir. Je suis sans nouvelles de Shivak depuis.
Ce qui s’était passé en Egypte, restait en Egypte. La jeune femme ne souhaitait pas non plus révéler ce qui s’était passé ensuite. Marcos n’avait pas besoin de savoir que Shivak avait assassiné son père, ni les échanges qu’ils avaient eu. C’était compliqué pour elle de l’admettre mais cela n’avait rien à voir avec la quête du Projet T. C’était autre chose, quelque chose qui n’aurait pas dû compter ni se mettre en travers de sa quête.
Pour la première fois depuis qu’elle avait confessé le meurtre, Shaélynn releva la tête et échangea un vrai regard avec Marcos. Le visage du jeune homme était verrouillé, insondable. Cette fois-ci, elle ne pouvait pas revenir en arrière. Les dés étaient jetés.
- Je pensais avoir mes raisons pour justifier tout ça. Mais tout ce que je croyais était basé sur des mensonges donc tout ce que j’ai fais, je l’ai fais pour rien, je n’ai pas d’excuses. Elle haussa les épaules, résignée. Je ne te demande pas d’avoir pitié, ni de me faire totalement confiance. Je t’ai dis tout ce que je savais. Tu sais tout ce que je sais sur le Projet T.
Shaélynn avait cru, le jour où elle avait tué John Hammond, que personne ne comprendrait jamais. Que personne ne pourrait jamais comprendre ce qui l’avait amené à tirer sur un vieillard sans défense. Que personne ne comprendrait jamais pourquoi elle avait laissé Cameron se débrouiller pendant qu’elle tentait de sauver sa peau. Personne ne comprendrait jamais ce qui l’avait lié à Biosyn. Même elle ne comprenait pas, ne comprenait plus parfois. Sortie de l’étau, tout semblait irréel, impossible, injustifié et vain. En retrouvant Noah, en partageant leurs peines, la jeune femme savait que l’emprise de Biosyn sur eux avait existé. Cela ne justifiait pas tout ce qu’elle avait pu faire bien sûr, rien ne pourrait jamais éteindre la culpabilité qu’elle ressentait. Mais aujourd’hui, Shaé comprenait mieux les mécanismes qui l’avaient poussé jusqu’ici et elle savait qu’elle ne serait plus jamais cette personne. Elle ne le voulait plus.
- Et tu sais que j’ai encore des gens auxquels je tiens. Si quelqu’un d’autre apprend que j’ai vraiment éprouvé quelque chose pour Cole, il serait en danger. Si Biosyn ou KC apprennent que j’ai récemment revu Noah… Il sera en danger aussi. Je n’ai rien d’autre, Marcos. Je ne sais plus quoi faire, j’ai perdu l’une des dernières clés en circulation et il y a encore trop de zones d’ombres pour que je comprenne ce merdier toute seule.
Noah et Cole. C’était un peu la police d’assurance qu’elle lui donnait. Elle avait pris tellement de mauvaises décisions les concernant. Shaélynn fit glisser la liste en sa direction. Et l’implora du regard.
- Si tu ne veux pas me dire ce que tu sais, ne me dis rien. Mais laisse-moi t’aider. Je ferai le sale boulot à ta place s’il le faut. Mais quelqu’un doit arrêter KC, détruire cette arme et je n’ai pas… Je ne pourrai pas réussir toute seule.
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Dernière édition par Shaélynn Moore le Dim 23 Oct 2022 - 0:03, édité 3 fois
Marcos Shannon
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Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Jeu 29 Sep 2022 - 21:59
Lorsque Shaelynn sortit une arme de son sac, le sang de Marcos ne fit qu’un tour. Évidemment que c’était une erreur de lui révéler sa position de l’inviter à entrer ! Comment pouvait-il en être autrement ? Le loup était rentré dans la bergerie. Shaelynn allait le tuer, et ainsi Biosyn aurait une personne en moins sur les talons. Elle n’en fit pourtant rien. Shaelynn posa l’arme à feu sur la table, juste devant Marcos, et s’installa en face de lui. Elle lui proposait implicitement de la tenir en joug pendant qu’elle lui parlerait. C’était peut-être un subterfuge afin de tirer des informations au paléontologue avant de supprimer. Un instant, Marcos pensa à prendre le pistolet et à faire ce qu’elle lui suggérer implicitement. Mais le paléontologue n’était pas comme ça.
-C’est bon, pas besoin de ça. Range-le donc, ronchonna-t-il. De toute façon, même si j’étais armé, je parie qu’avec ta formation d’espionne, tu as des milliers de moyens de me tuer avec ce qu’il y a dans cette pièce…
Shaelynn le laissa quand même sur la table et reprit ses explications. Elle lui raconta la descente aux enfers de sa famille, son envie de se venger et son intégration à Biosyn. Marcos était assez confus, car elle l’ensevelissait sous une masse compacte d’informations. Mais tout ça s’estompa brutalement lorsque Shaelynn atteignit le pinacle de son récit : elle avait tué John Hammond. Lorsqu’elle dit finalement cette phrase, lorsque les mots glissèrent finalement et difficilement sur ses lèvres pour atteindre les oreilles de Marcos, toutes les paroles qui avaient précédé perdirent leur importance. La personne devant lui venait d’avouer, en toute connaissance de cause, qu’elle avait abattu un homme. Shaelynn continuait son récit, essayant de justifier son geste. Mais Marcos n’arrivait pas encore à réaliser que la personne devant lui n’était plus seulement une espionne : c’était également une meurtrière. Ses yeux glissèrent sur l’arme qui était à porter de main, sur la table. L’espace d’un instant, il se surprit à la saisir, de vitesse, et à la tenir en joug. Il se surprit à la dénoncer, et à faire éclater tout ça au public. Il aurait mis au grand jour toute cette trame qui avait couté la vie à temps de gens ces dernières années. Il se surprit même s’imaginer l’abattre dans l’éventualité où celle-ci s’en prendrait à lui. Mais rien n’était aussi simple, et il le savait. Malgré tout, il sentait un mélange de colère et de peur monter en lui. Ses mains tremblaient de nervosité et son pouls s’accélérait.
-Ok alors… attends, commença-t-il. Je vais résumer pour être sûr d’avoir bien compris. John Hammond n’a pas été sympa avec tes parents et pour te venger, tu es partie chez la concurrence ou tu t’es fait des potes.
Shaelynn allait prendre la parole, probablement pour lui répondre que les choses n’étaient pas si simples. Mais Marcos reprit sur un ton cassant, traduisant la multitude d’émotions qui se faisaient front dans sa tête.
-Ce n’est pas vraiment une question Shaelynn, et je n’attends pas spécialement de réponse de ta part, trancha-t-il.
Il but une gorgée du thé vert qui était bien trop amer. Il esquissa une grimace en avalant.
-Oh, et j’oubliai ! Tu as buté ton patron ! Notre patron en fait. Patron qui n’est pas n’importe qui hein, puisque c’est rien d’autre que John Hammond. Je n’ai rien oublié ?
Cette fois-ci, Shaelynn avait compris que c’était une question rhétorique. Elle ne s’empressa pas de répondre. Elle avait plutôt le regard baissé sur ses mains qui étaient posées sur la table. Le paléontologue soupira nerveusement. Il sentait la colère monter en lui. Il essayait tant bien que mal de la contenir, mais son sang-froid était proche de la rupture.
-Tu t’attendais à quoi de ma part quand t’imaginais ce que je pourrais bien te répondre après m’avoir dit tout ça ? Que je le prendrais bien ? Marcos reprit une gorgée de cet ignoble breuvage. Non mais franchement ? Tu as tué John Hammond ! Et tu sais ce que représente Hammond pour moi. Et malgré ça, tu es là, devant moi. Ça va, ça passe.
Shaelynn ne disait rien, recluse sur elle-même. Elle devait s’attendre à la réaction de Marcos en réalité. Malgré tout, elle était là, devant lui, à subir son courroux. A cet instant, Shaelynn devait penser qu’elle avait failli dans sa tentative de faire de Marcos un soutien. La tête basse, elle se leva et prit son sac à main avant de se diriger vers la porte d’entrée.
-Attends…, lui lança finalement le paléontologue en soupirant.
Shaelynn s’arrêta devant la porte d’entrée. Avait-elle un quelconque espoir de se repentir si Marcos acceptait de l’aider ? La paléontologue savait au fond de lui que les aboutissements de toute cette histoire puisaient sa source dans une histoire bien plus ancienne. Bien avant le par cet InGen. Même si cela lui faisait mal de l’admettre, il savait que derrière l’image de grand homme généreux et donneur d’opportunité de John Hammond, le PDG devait avoir sa part d’ombre, même s’il ne connaissait pas son étendue. Shaelynn, malgré son acte des plus répréhensible, n’était que le produit de plusieurs décennies de complots de manigance des plus déloyales. Tout ceci avait été un terrain fertile pour l’endoctrinement que Biosyn lui avait fait subir durant son adolescence et le début de sa vie d’adulte. Marcos cherchait ses mots pour lui faire comprendre le fond de sa pensée. Il ne voulait pas pour autant qu’elle croie qu’il la pardonnait pour ses actes. Il fallait trouver un juste milieu, en dépit de maelstrom d’émotions qui assaillait le paléontologue à cet instant.
-Je me doute bien qu’Hammond n’était pas le petit vieux jovial que tout le monde, y compris moi, imagine en réalité. Je ne suis pas idiot. Je sais aussi qu’on ne révolutionne rien sans casser des œufs. Mais je comprends que pour InGen, c’est ta famille et ta jeunesse qui a été sacrifiée sur l’autel du progrès.
Marcos regarda droit dans les yeux l’ex-espionne de Biosyn. Son regard marquait une détermination et une assurance que Shaelynn avait rarement vu chez lui. Une assurance et une dureté qu’ils avaient acquises après ces deux ans chez InGen à affronter les épreuves les unes après les autres.
-Je sais que rien n’est tout blanc ou tout noir. Mais tiens-toi-le pour dit, ça n’excuse en rien ce que tu as fait. Si je me bats pour trouver le fin mot de l’histoire, c’est pour faire éclater la vérité et éviter des morts inutiles. Et je devrais te faire confiance alors que tu as buté John Hammond.
Shaelynn s’était confié à lui alors qu’elle avait peu d’intérêt à le faire. Pour Marcos, c’était soit un habile stratagème pour gagner la confiance du paléontologue, soit un geste afin d’obtenir sa confiance. Il choisit finalement d’essayer de lui faire confiance, malgré tout le passif que trainait derrière elle Shaelynn.
-Mais tu m’as confié tout ça alors que tu n’avais aucun intérêt à la faire. On va dire que c’est un début.
Le paléontologue se rendit qu’il avait fini sa tasse de thé, bien que celui-ci était infect. Il se leva et se dirigea vers le frigo. Marcos y prit deux bières blondes bien fraiches. Il retourna ensuite s’assoir puis décapsuler les deux bouteilles sur le coin de la table. Il en posa une devant Shaelynn et commença à boire la seconde.
-Si on s’associe, on sera certes deux, mais on est loin d’être en position de force. Il faut 5 clefs pour avoir accès au projet T, et l’opposition en à 4. On a tous les deux Biosyn et K-C sur le dos. Par chance, InGen ne doit pas savoir que tu as tué Hammond. Si malgré cela on a le projet T, et qu’on arrive à le détruire, il ne faut pas oublier que tu l’as dans ton sang. Tu es littéralement l’avatar vivant de ce que l’on cherche. Ce n’est pas pour rien que tu marches normalement alors que tu t’es pris une balle en pleine cuisse il y a quelques semaines à peine…
Marcos but une gorgée de bière. Elle était clairement meilleure que le thé infâme qu’avait préparé Shaelynn quelques minutes avant.
-J’ai été sur Isla Vanthua, Shaelynn. J’ai même vu les labos, et pas que ça croit moi. J’ai ramené deux trois trucs de l’île. Des comptes rendus d’expériences, par exemple. Même les gens d’Hammond ne savaient pas les effets secondaires que ça aurait sur toi, mais ils auraient bien aimé le savoir je pense. Ta mère a mis des limites là où Worst et les autres scientifiques n’en avaient pas te concernant. Je ne pense pas qu’ils sachent que tu récupères mieux que la normale.
Une fois la Tetracyclomisyne incorporée à son patrimoine génétique, un simple échantillon de sang suffirait pour le dupliquer et le synthétiser avec la technique d’extraction Loy. Shaelynn avait parlé d’une application offensive du projet T. La Tetracyclomisyne, liée à d’autres molécules, pouvait très probablement servir d’agents chimiques. Il aurait été facile de faire un poison sous forme liquide ou d’aérosol ciblant seulement une espèce, ou même simplement un peuple en fonction des gènes qui leur était propres. Le projet T ne devait donc pas tomber entre les mains de personnes mal intentionnées. Pourtant, des applications bénéfiques pour la société pourrait également voir le jour : traitements contre certaines maladies ou encore réduire les rejets en cas de dons d’organes. Mais à quel prix ?
-J’ai pas besoin de te faire un dessin de ce que ferait K-C ou Biosyn de toi s’ils l’apprenaient.
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Shaélynn Moore Admin
Messages : 694 Date d'inscription : 29/08/2013 Age : 28 Localisation : Saloperie Ville Emploi/loisirs : Le rangement du forum c'est maintenant ! Humeur : D'humeur Saloperesque
Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Sam 1 Oct 2022 - 0:21
Shaelynn ignorait si Marcos avait assimilé l'intégralité de ce qu'elle lui avait raconté. Depuis le temps qu'il cherchait des informations, il les avait enfin. Peut-être était-ce finalement un peu plus complexe que ce qu'il avait imaginé … Peut-être était-ce trop pour lui ? Il n’y avait qu’à voir la réaction qu’il avait eu à la vue de l’arme. Marcos et Shaé n’évoluaient pas dans le même monde. La jeune femme se rappelait la réaction épouvantée de Cole quand elle lui avait confessé le meurtre de John Hammond. La peur qui s’était peint sur le visage du directeur du parc la marquerait à jamais. Il avait instantanément eu peur d’elle et de ce qu’elle aurait été capable de lui faire, à lui. Marcos Shannon devrait éprouver le même sentiment de son côté.
Si le français avait très tôt soupçonné que Shaélynn soit impliquée dans une affaire d’espionnage, il n’avait jamais dû imaginer de quoi elle était vraiment capable. Hautaine, menteuse et manipulatrice. Il découvrait aujourd’hui la véritable étendue de son implication. Et malgré ses paroles rassurantes, malgré ses justifications, malgré l’explication de ce qui l’avait mené à tuer… Marcos ne pouvait pas comprendre. Leurs réalités respectives étaient trop éloignées l’une de l’autre.
- Ok alors… attends, commença-t-il. Je vais résumer pour être sûr d’avoir bien compris. John Hammond n’a pas été sympa avec tes parents et pour te venger, tu es partie chez la concurrence ou tu t’es fait des potes.
Les mots de l’homme eurent l’effet d’un coup de poignard dans le cœur de Shaélynn. Tout ce qu’elle lui avait dit ne la rendait pas moins coupable à ses yeux. Il ne comprenait pas. Sa déclaration concernant John Hammond avait éclipsé le reste. Comme celle de Shivak avait éclipsé tout le reste aux yeux de Shaé. C’était ce qu’elle avait craint durant toute la durée de son monologue. Entendre toutes les épreuves qu’elle avait traversées résumé de manière aussi simpliste et moqueuse lui donnait envie d’arracher la tête de Marcos. Son premier réflexe fut de se défendre mais il ne lui en laissa pas la possibilité.
- Ce n’est pas vraiment une question Shaelynn, et je n’attends pas spécialement de réponse de ta part.
Ouch. Reste à ta place, Shaé. La voix n’était pas celle de Marcos. Elle essayait de ne plus entendre cette foutue phrase dans son esprit mais les mots du français venait de la faire resurgir. Reste à ta place, encaisse. La britannique se mordit la joue et serra les dents. Marcos Shannon n’en avait pas fini avec elle. Il semblait prêt à exploser.
- Oh, et j’oubliai ! Tu as buté ton patron ! Notre patron en fait. Patron qui n’est pas n’importe qui hein, puisque c’est rien d’autre que John Hammond. Je n’ai rien oublié ?
Instinctivement, Shaélynn baissa la tête. Le meurtre de Hammond, encore. Pour ça, elle n’avait aucune excuse. La manipulation de Biosyn seule n’expliquait pas cette partie-là de l’histoire. Elle avait choisi de tirer pour protéger Noah. Sur le moment, cela lui avait semblé être la chose à faire. La seule chose à faire. Marcos ne pouvait pas comprendre. Comment aurait-il réagi à sa place ? Aurait-il été capable de tuer pour protéger ses proches ? Shaélynn ne le connaissait pas assez pour se faire une idée claire.
Une vie pour une autre. L’équation impossible.
Pour calmer les tremblements de ses mains, elle les posa à même la table. Elle ferma les yeux et inspira doucement tandis que Marcos enchaînait.
- Tu t’attendais à quoi de ma part quand t’imaginais ce que je pourrais bien te répondre après m’avoir dit tout ça ? Que je le prendrais bien ? Il marqua une pause et Shaé l’entendit boire du thé. Pour une fois, elle ne menait clairement pas la discussion. Non mais franchement ? Tu as tué John Hammond ! Et tu sais ce que représente Hammond pour moi. Et malgré ça, tu es là, devant moi. Ça va, ça passe.
ça va, ça passe ? Cette fois, c’en était trop pour Shaélynn. Sans même le regarder, elle ramassa rapidement son sac, prête à bondir pour aller chercher sa valise. Elle ne voulait plus rester une seule seconde de plus ici. Marcos ne le savait pas mais cette discussion sur la mort de John Hammond remuait énormément de culpabilité chez elle. Évidemment qu’elle n’aurait jamais dû tuer John Hammond. Qu’est-ce qu’il croyait ? Elle ne cherchait ni son pardon ni son approbation. Quelle partie de “Je pensais avoir mes raisons pour justifier tout ça. Mais tout ce que je croyais était basé sur des mensonges donc tout ce que j’ai fais, je l’ai fait pour rien, je n’ai pas d’excuses” n’avait-il pas compris ?
Elle était déjà devant la porte d’entrée, valise en main et son sac à main pressée contre elle, quand le paléontologue changea d’avis. Shaélynn ne put s’empêcher de soupirer. Elle serra son poing contre le tissu du sac. De toutes évidences, Marcos se débattait avec sa propre conscience.
- Je me doute bien qu’Hammond n’était pas le petit vieux jovial que tout le monde, y compris moi, imagine en réalité. Je ne suis pas idiot. Je sais aussi qu’on ne révolutionne rien sans casser des œufs. Mais je comprends que pour InGen, c’est ta famille et ta jeunesse qui a été sacrifiée sur l’autel du progrès.
Sa famille…Ils s'étaient sacrifiés tout seuls. Contrairement à Mary et Jonathan, Shaélynn n’avait pas eu le choix d’être liés à tout ça. Elle sentit le regard de Marcos peser sur elle. La jeune femme dût se faire violence pour relever la tête et affronter son regard. Contrairement à elle qui était en train de se ratatiner sur elle, la paléontologue se savait en position de force.
- Je sais que rien n’est tout blanc ou tout noir. Mais tiens-toi-le pour dit, ça n’excuse en rien ce que tu as fait. Si je me bats pour trouver le fin mot de l’histoire, c’est pour faire éclater la vérité et éviter des morts inutiles. Et je devrais te faire confiance alors que tu as buté John Hammond.
Shaé relâcha légèrement sa prise sur sa valise. Puis la reposa là où elle était quelques instants auparavant, posée contre le mur. Sa rédemption s’annonçait un chemin un peu plus tortueux que prévu. Cole avait été prêt à la pardonner, à la protéger. Noah l’avait accueilli à bras ouvert. Marcos était véritablement le premier obstacle sur son chemin. Et il s’avérait coriace. Même si elle essayait de ne pas le laisser paraître. Lentement, l’idée faisait du chemin dans son esprit : quiconque n’avait pas vécu ce qu’elle avait vécu, ne comprendrait jamais. Aux yeux de Marcos, elle s’était engagée sur un chemin sans issue. Mais ils avaient des intérêts communs.
- Mais tu m’as confié tout ça alors que tu n’avais aucun intérêt à la faire. On va dire que c’est un début.
Lentement, Shaélynn revient se placer près de la table tandis que son ancien collègue se dirigea vers le frigo. Il en revient avec 2 bières fraîches . Elle n’était pas fan de cette boisson, sa précédente cuite n’était pas si loin et elle crevait déjà de froid dans sa bicoque pourrie… Mais vu sa situation elle n’allait pas faire la difficile. Elle marmonna un “merci” effacé et commença à boire la sienne. Yeurk. Au moins, Marcos lui laissait une chance. Shaé sentait qu’il s’apaisait. Il avait en partie réglé ses comptes avec elle et avait marqué sa désapprobation. Elle ne pleurait pas, mais elle sentait la tension dans ses yeux fatigués. Elle reprit place sur la chaise. Elle espérait que le français avait terminé ses reproches car Shaélynn avait l’impression qu’on avait frotté ses plaies avec du gros sel. Et encore, elle ne lui avait pas avoué ce qu’elle avait fait à Shivak. Même si les deux hommes ne s'appréciaient pas du tout, la britannique savait que cela aurait encore ajouté un autre clou à son cercueil.
Elle s'empressa de prendre une autre gorgée de bière en regrettant que ça ne soit pas plus fort. Shaé blâmait son instinct de survie. Il l’avait toujours sortie d'affaires mais si Shivak était vraiment mort… Elle savait qu’elle ne se le pardonnerait jamais. Malgré tout ce qui avait pu se passer. Si le sniper ne s’en était pas mêlé… Comme Marcos, elle aurait fini par entendre raison. Sinon pourquoi le sauver ? L’abandonner n’aurait pas été si douloureux.
- Si on s’associe, on sera certes deux, mais on est loin d’être en position de force. Il faut 5 clefs pour avoir accès au projet T, et l’opposition en à 4. On a tous les deux Biosyn et K-C sur le dos. Par chance, InGen ne doit pas savoir que tu as tué Hammond. Si malgré cela on a le projet T, et qu’on arrive à le détruire, il ne faut pas oublier que tu l’as dans ton sang. Tu es littéralement l’avatar vivant de ce que l’on cherche. Ce n’est pas pour rien que tu marches normalement alors que tu t’es pris une balle en pleine cuisse il y a quelques semaines à peine…
Qu… Quoi ? Shaélynn releva la tête pour être sûre d’avoir bien compris. De toutes les choses qu’Hammond avait pu dire, sa maladie d’enfant et le traitement était passé au second, voir troisième plan dans la tête de l’ex espionne. Le suicide de son père qui n’en était pas un, les clés, le projet T à la fois traitement et arme, le clonage humain etc… Il y avait tant à assimiler en si peu de temps. Dans le froid, la panique et la culpabilité qui lui remplissait la tête comme si elle était en train de se noyer.
Elle avait été malade, elle était soignée, la jeune femme ne s’était pas attardée là dessus. Contrairement à Marcos, elle n’avait pas tant d’infos sur le projet T et elle avait bêtement pensé que le traitement n’était plus en elle. Elle ne savait même pas de quelle maladie elle souffrait ! Elle avait cherché un peu mais n’avait rien trouvé. Elle n’avait pas creusée… Tu parles d’une paléo…
Malgré elle, sa main se posa sur sa cuisse. Là où avait traversé la balle. C’est vrai qu’elle s’était toujours rétablie vite de ses bleus et autres coups. Mais elle n’avait jamais été sérieusement blessée avant que Pearce ne lui tire dessus. Elle revit les bleus sur le corps de Shivak, passé à tabac par Pearce. Il ne s’était pas rétabli si facilement. Elle avait imaginé que c’était la faute du poison. L’image de Cole à l’hôpital, Cole encore blessé dans son bungalow passa dans son esprit. Les blessures étaient impressionnantes et avaient cicatrisé lentement. La propre image de son reflet dans le miroir après son altercation avec Shivak. Et les mains de Cole qui passe sur sa peau dans la salle de bains en s’étonnant qu’il ne reste déjà quasiment plus rien quelques jours plus tard. Ils n’avaient pas approfondis le sujet car elle s’était dégagée de son étreinte et avait coupé court craignant qu’il ne relance la discussion.
Son sang se glaça en revoyant Shivak, l’épaule en sang sur le parquet du bureau. Son regard glissa de sa cuisse à l’épaule de Marcos. Et le contraste entre eux deux la pétrifia. Bordel… Shannon avait raison. Dans quel monde ?
Marcos dût voir son air effaré.
- J’ai été sur Isla Vanthua, Shaelynn. J’ai même vu les labos, et pas que ça croit moi. J’ai ramené deux trois trucs de l’île. Des comptes rendus d’expériences, par exemple. Même les gens d’Hammond ne savaient pas les effets secondaires que ça aurait sur toi, mais ils auraient bien aimé le savoir je pense. Ta mère a mis des limites là où Worst et les autres scientifiques n’en avaient pas te concernant. Je ne pense pas qu’ils sachent que tu récupères mieux que la normale.
Aye ! Sa mère avait-t-elle vraiment mis des limites ? Qui de Mary la scientifique ou de Jonathan le raisonnable avait vraiment freiné les choses ? Qu’avaient-ils vraiment acceptés ? Jusqu’où les équipes de Hammond avaient-elles poussé les expérimentations ? Sur elle, sur les autres ? Sa mère avait vraiment l’air d’être une personne formidable…
Shaélynn pouvait en tout cas ajouter une nouvelle étiquette à son bagage.
Un cobaye. Un rat de laboratoire.
Elle n’avait pas juste été soignée par le projet T, elle avait servi de test. Elle vida la moitié de sa bière d’un coup. A ce rythme, elle allait envisager l’alcoolisme comme nouveau style de vie. La phrase suivante la plaqua au fond de sa chaise.
- J’ai pas besoin de te faire un dessin de ce que ferait K-C ou Biosyn de toi s’ils l’apprenaient.
Marcos avait changé. Définitivement. Ce n’était peut-être pas l’intention du français mais Shaélynn l’entendit de cette façon. C’était une menace. Reste à ta place. Elle prit une grande inspiration. Tout son corps était prêt à l’attaque, sa langue et son cerveau s’agitaient. Mais l’attaque n’était pas la solution avec Marcos. Elle le savait. Son regard se posa à nouveau sur sa cuisse. La robe lui arrivait aux genoux et même assise, elle dissimulait la cicatrice. Elle remonta lentement le tissu d'à peine 5cm et dévoila la marque arrondie. La peau était encore un peu boursouflée et rougie au niveau de l’impact.
- J’imagine que ta cicatrice n’est pas dans cet état du coup ? Elle adressa un regard désespéré à Marcos tout en sachant qu’elle n’obtiendrait pas la réponse qu’elle souhaitait entendre. Rien qu’à voir la façon dont il bougeait, la sienne n’était pas cicatrisée complètement. Elle poussa un soupir résigné.Je ne serais pas ici s'ils savaient. Biosyn m’a laissé moisir sur place. Et KC m’aurait capturé depuis longtemps. Un détail la frappa. Je pense que ce n’est pas si simple… Si j’avais vraiment tout le projet T dans le sang, ils n’auraient pas besoin de le trouver. Ainsi que Nina Cortez, John Hammond et les dinosaures du parc. Il y a forcément plus. Elle espérait avoir raison. Sinon… De “Espionne en cavale”, elle pourrait désormais modifier son cv et rajouter “distributeur de Projet T”. Les révélations de Marcos étaient difficiles à entendre. Mais malheureusement il avait raison. Shaélynn ne savait pas s'il était prêt à partager plus d’informations avec elle mais elle allait tenter. Tu… Est-ce que tu sais de quelle maladie je souffrais ? Je n’ai rien trouvé là dessus. La plupart des recherches de ma mère ont disparu ou sont inaccessibles.
Shaélynn espérait que ce soit suffisant pour justifier ce que ses parents avaient fait. Son histoire semblait de plus en plus liée au projet T et elle n’était pas sûre d’être prête à savoir à quel point. Elle avait en tout cas l’espoir de trouver des réponses à ses questions avec Marcos.
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Dernière édition par Shaélynn Moore le Dim 23 Oct 2022 - 0:02, édité 1 fois
Marcos Shannon
Messages : 276 Date d'inscription : 03/09/2013 Age : 28 Localisation : 24 roses
Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Dim 2 Oct 2022 - 0:08
Shaelynn souleva alors légèrement le bord de sa robe et lui indiqua du bout du doigt sa cicatrice. La peau était encore légèrement rougie, mais la plaie était belle et propre. Pas de signe d’infection en vue. Mais comment pouvait-elle marcher et être à ce stade de cicatrisation en deux semaines ? La réponse était de toute évidence le projet T, qui avait été utilisé sur elle lorsqu’elle était en bas âge. Shaelynn lui demanda alors l’état de la blessure du paléontologue. Probablement que celle-ci avait connu peu de traumatismes physiques. Elle avait donc peu de comparaison avec elle.
- Pas tout à fait, lui dit-elle en déboutonnant le haut de sa chemise, laissant une plaie couverte des restes d’une croute à la lisière entre le haut du bras et le bas de l’épaule. Après, nous n’avons pas été blessés de la même manière Shaelynn. La balle m’a touché, mais ne m’a pas transpercé. Elle a seulement frôlé et entaillé au niveau du trochanter de l’humérus, dit-il en cerclant la zone dans les airs avec son index. Je n’ai presque plus de croutes sur la plaie, on pourrait dire que j’ai que quelques jours de retards de cicatrisation par rapport à toi, donc rien de choquant en soit. Ce qui l’ait, c’est que tu t’es prise une balle en pleine cuisse. Une personne normale serait en train de faire de la rééducation en ce moment. Et encore, si elle serait encore vivante. Tu aurais dû te vider de ton sang normalement.
Marcos reprit une gorgée de sa bière en réfléchissant à une explication à tout ça. Il essaya de coupler les informations en sa connaissance, obtenues sur Isla Vanthua, et ses observations, à savoir la personne qui se trouvait en face de lui.
-Il faudrait faire des analyses de sang pour savoir, mais tu dois avoir un taux de plaquettes et de globules blancs qui pètent le plafond. Sur Nublar, on pourrait les avoir en une heure, mais ici…
Shaelynn souleva ensuite l’incompatibilité entre le fait d’avoir le projet T dans son patrimoine génétique et le fait de devoir le chercher malgré tout.
- Ce n’est pas si simple. La Tetracyclomysine, c’est le nom de la molécule du projet T ; que tu as dans tes gènes, ce n’est pas sa forme brute, elle est liée à tes autres gènes.
La paléontologue en face de lui ne semblait pas comprendre. Marcos se mit à penser qu’elle n’avait pas vraiment eu de formation en paléontologie, et qu’elle ne devait avoir que les bases du métier pour avoir une couverture efficace chez InGen.
- Imagine le projet T comme le ciment qui lie les briques d’un mur, commença-t-il. Si tu grattes le mortier pour le récupérer, tu ne peux pas pour autant t’en resservir directement pour recoller des briques. Tu peux l’analyser, voir qu’il te faut de la chaux, du sable, de l’eau. Mais si tu n’as pas les composants de bases, tu ne peux pas le refaire. Le projet T dans tes veines c’est pareil. Les chercheurs de Biosyn ou de KC ne pourront pas le refaire à la perfection. Le danger est dans le fait que la copie qu’ils pourraient en faire, bien qu’incomplète, pourrait suffire pour en faire des armes ou autres.
Devant l’expression faciale de Shaelynn, le paléontologue compris qu’il lui faudrait un peu de temps pour comprendre ce qu’il venait de lui dire. Il aurait même probablement besoin de lui réexpliquer… Celle-ci coupa court en lui expliquant de manière assez sèche qu’elle était lente à la détente, car tout simplement sous le choc. Le paléontologue pensa que c’était de bonne guerre, car il l’avait été avec elle quelques minutes plus tôt. Shaelynn lui demanda alors de quelle maladie le projet T l’avait soigné lorsqu’elle était enfant. Marcos le savait, car il l’avait lu dans les comptes rendus qu’il avait ramenés de Vanthua.
- La Sclérosanplaque Latérale amyotrophique, tu connais peut-être sous le nom de SLA. Un problème de nerfs entre les muscles et le cerveau. C’est invisible durant l’enfance. En général, c’est à l’âge adulte que ça commence. Pertes d’équilibre, les muscles fondent avec le temps. En quelques années, tu te serais trouvée prisonnière de ton propre corps. Tu vois Stephen Hawking ? C’est ce qu’il a.
Il vit alors la jeune femme devenir blême. Craignait-elle une réversibilité du traitement génique ?
- Tu n’as rien à craindre. Une fois la thérapie génique faite, c’est définitif. Donc aucun risque que ça reprenne.
Marcos sortit alors son portable de sa poche et pianota dessus quelques instants. Shaelynn semblait intriguée. La discussion qu’ils avaient était assez sérieuse, et le ton était assez lourd, pour que Marcos sorte son portable en toute impunité. Il devait forcément avoir une raison.
- Tout ce que ce que j’ai pu ramener, les disquettes, les documents papiers, tout est sûr un drive sécurisé, lui dit-elle on lui montrant les dossiers qui apparaissaient sur l’écran. C’est tout ce que j’ai. Il m’a fallu du temps pour tout lire et je dois bien avouer qu’il y en a bien la moitié que je n’ai pas compris. C’est de la génétique poussée. Il faudrait quelqu’un de la trempe d’Elina Moldovan je pense.
Shaelynn se hâta alors de prendre l’appareil dans ses mains. Il décela dans son attitude un mélange de peur et d’excitation. Probablement que cette dernière n’avait jamais été aussi près d’avoir les réponses à certaines de ses questions. Marcos se rendit compte qu’il avait peut-être péché par excès de confiance. La personne devant lui avait avoué il y a quelques minutes à peine qu’elle avait tué John Hammond. Et il lui offrait ça sur un plateau. Il devait rétablir quelques protections, de sorte à ce qu’elle ne prenne pas trop la confiance.
- Tu peux les consulter, mais rien télécharger et rien envoyer. Et le téléphone à un verrouillage par empreinte digitale. Alors à moins de me couper les dix doigts et de les essayer un pas un… La confiance se mérite. On en reparlera plus tard s’il te faut plus.
Shaelynn acquiesça de la tête. Était-elle d’accord avec Marcos ? Trouvait-elle ça juste ? Elle laissa paraitre que oui, mais le paléontologue avait quand même un doute. Elle commença alors, sous le regard perçant de Marcos, à fouiner de dossier en dossier. Sûrement une activité qu’elle avait faite des milliers de fois dans sa vie professionnelle, si l’on peut vraiment appeler l’espionnage comme étant un métier.
- Quand j’y pense, avec un peu de recul, c’est quand même con pour KC et Biosyn. Les premiers avaient une armée de généticiens, je pense, et pourtant, comme ce qu’ils cherchaient, c’était comment le projet T comblait les trous dans les séquences d’ADN, ils sont complètement passés à côté des effets sur ton corps. C’est pour ça qu’il y a pas de données ou de mesures véritables sur les modifications que tu as. Ils ont tous simplement pas chercher ce qu’il faut où il faut.
Il bût une gorgée de bière et se rendit compte qu’elle était vide. Il se leva et la jeta dans la corbeille. Il fut tenté d’en prendre une deuxième, mais sa conscience lui conseillant de s’arrêter là. Il aurait besoin de toute sa concentration pour les évènements qui allaient suivre.
- Et Biosyn, c’est aussi des champions. Ils cherchent à avoir le projet T depuis des années je pense, et ils avaient quelque chose comme 70% du projet T sous leur nez, en CDD renouvelable.
- Il faut qu'on fasse une analyse de mon sang Marcos, la coupa prestement Shaelynn. De ce que je lis là (elle agita le portable de Marcos), c'est vraiment des grands malades. On s'est quand même retrouvé face au clone de Thaddeus Beck sur Sorna. Je... Je ne peux même pas te dire tout ce que je suis en train de m'imaginer après ce qu'on a vu sur le parc. Je connaissais mon père, je connaissais ses limites. Mais Mary Moore... J'ai lu certains de ses travaux en Égypte et j'ai pas l'impression qu'elle s'étouffait avec l'éthique.
Faire une analyse sanguine ne permettrait pas dans l’immédiat de savoir où le projet T était, mais il permettrait à Shaelynn d’avoir ses réponses et, a posteriori, d’être plus encline à collaborer. Toujours cette fameuse histoire de confiance.
- Très bien. On va faire une analyse de ton sang. Mais le centre d’analyse médicale le plus proche est à une heure de route. Et on n’aura pas les résultats avant une semaine. Sans compter que c’est dans une grande ville. On n’a pas intérêt à se faire remarquer… Ça serait plus simple sur Nublar…
Marcos posa sa main sous son menton pour réfléchir. Il fallait trouver un moyen de faire analyse de sang rapidement et de manière discrète, sans qu’il y ait de traces. Si les résultats se trouvaient sur le net, tout était fini. Il eut alors une idée.
- J’ai une solution. Prépare-toi, on part faire tour. Et j’espère que tu as du liquide.
Marcos se gara devant un bâtiment dont l’architecture plutôt récente tranchait avec l’architecture beaucoup plus rurale, de pierre et de bois, des maisons avoisinantes dans cette petite ville de campagne. Shaelynn observa alors l’écriteau sur le dessus de la porte.
Cabinet vétérinaire La Fleur – Chien, Chat, Bovin, Équidé
- Nan, mais t’es pas sérieux là Marcos, tu m’as prise pour une jument ou quoi ? Jamais de la vie je vais me faire occulter comme du bétail.
Marcos coupa le contact de la voiture.
- Cette petite clinique vétérinaire fait aussi laboratoire d’analyse pour ses pensionnaires. C’est une petite structure, à la campagne. Beaucoup moins de risque de fuites d’informations. Et l’analyse ira plus vite quand dans une ville de plusieurs centaines de milliers d’habitants. Il sortit du véhicule, suivi de l’ex-espionne de Biosyn. On va donner un petit pot de vin, mais si tu peux y mettre du tien et jouer de tes charmes, ça nous aiderait. Enfin, tu vas lui donner un petit pot de vin.
Ils rentrèrent dans le cabinet. La salle d’attente était vide. Marcos s’en félicita. Ainsi, ils n’auraient pas à atteindre longtemps. Lorsque le vétérinaire arriva à leur rencontre, il fut surpris qu’il n’y eût pas d’animaux avec les deux paléontologues. Marcos s’empressa de prendre la parole avant que Shaelynn le fasse. Il avait pensé à tout durant le trajet en voiture. Mais il n’avait cependant pas mis Shaelynn dans la confidence. Il se doutait que celle-ci refuserait sinon. Hors, il n’y avait pas d’autres moyens dans l’état actuel des choses. Marcos prenait sur lui, car il n’aimait pas spécialement mentir aux gens. Il ne le faisait que lorsqu’il y était vraiment contraint. Il faudrait maintenant que Shaelynn fasse de même et prenne sur elle également. Elle ne devait surtout pas tout faire capoter.
- Ma femme doit faire une analyse de sang, mais comme vous le voyez, on attend un enfant depuis deux mois maintenant. Ça commence à se voir hein ? fit-il en mettant la main sur le ventre de Shaelynn. Celle-ci le fusilla du regard, mais esquissa un sourire au vétérinaire. Elle ne supporte plus les longs trajets en voiture et la plus grosse ville est à 45 minutes de route. Nous savons que vous avez tout le matériel pour ici vu que ma belle-mère vous a amené son chien pour ça il y a un mois. Vous vous souvenez peut-être, un caniche, haut comme ça, lui indiqua-t-il en simulant les proportions du chien avec ses mains.
Le vétérinaire essaya de s’en souvenir, en vain. Évidemment, puisque cette histoire était inventée de toute pièce. Mais pour être sûr, Marcos planta encore un peu plus le clou. Il semblait confus. Comprenait-il que les deux personnes se jouaient de lui ? Marcos ne lui laisserait pas le temps de le savoir. Il décida d’en remettre une couche pour rendre son histoire plus crédible.
- Si si ! Elle nous a dit que c’était vous qui l’aviez pris en charge. Elle nous a dit que vous étiez très compétent, c’est d’ailleurs pour ça qu’on est venu vous voir.
Il se retourna vers Shaelynn. Pour elle, ce devait être l’arroseur arrosé. Elle qui, durant son passé d’espionne, s’était joué du monde entier, voilà qu’elle devait jouer contre son grès dans un simulacre de vie de couple tout à fait banal. Intérieurement, Marcos savourait quelque peu cette petite vengeance. La seule chose qui serait blessée chez elle serait son égo, mais ça, Shaelynn s’en remettrait. Mais se remettrait-il aussi vite que sa blessure par balle ? Seul l’avenir le dirait.
- N’est-ce pas chérie ?
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Shaélynn Moore Admin
Messages : 694 Date d'inscription : 29/08/2013 Age : 28 Localisation : Saloperie Ville Emploi/loisirs : Le rangement du forum c'est maintenant ! Humeur : D'humeur Saloperesque
Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Ven 7 Oct 2022 - 19:44
Qu’avait bien pu découvrir Marcos sur Isla Vanthua ? Ses découvertes l’avaient en tout cas assez marqué pour que 2 ans et demi plus tard, il n’est rien lâché. Certains anciens employés avaient fui le parc dès que possible, dès le lendemain des attentats. Marcos était resté et avait même continué son investigation.
Shaélynn se souvenait parfaitement du soir où elle avait lu l’email que le paléontologue avait envoyé à Cole. Marcos avait voulu le mettre en garde contre elle. Il s’était évidemment heurter à un mur mais pour la première fois la jeune femme avait compris que la détermination du français allait lui causer des problèmes. En rentrant au bungalow, la britannique avait dit à Cole de le recadrer, de le pousser à mettre un terme à ses recherches. Elle savait que tout finirait par lui retomber dessus un jour ou l’autre. Mais non il s’était entêté.
Alors qu’il n’avait aucun intérêt personnel, aucune culpabilité à régler dans cette histoire. Elle ne savait pas si c’était du courage, de l’inconscience ou un complexe du héro.
Shaélynn le vit déboutonner le haut de sa chemise pour lui montrer sa propre blessure. Evidemment, Marcos lui confirma ce qu’elle savait déjà. La plaie avait bien entamé le processus de cicatrisation depuis que la jeune femme l’avait soigné mais elle était encore à moitié recouverte par une croûte.
- Après, nous n’avons pas été blessé de la même manière Shaelynn. La balle m’a touché mais ne m’a pas transpercé. Elle a seulement frôlé et entaillé au niveau du trochanter de l’humérus. Je n’ai presque plus de croutes sur la plaie, on pourrait dire que j’ai que quelques jours de retards de cicatrisation par rapport à toi, donc rien de choquant en soit. Ce qui l’ait, c’est que tu t’es prise une balle en pleine cuisse. Une personne normale serait en train de faire de la rééducation en ce moment. Et encore, si elle serait encore vivante. Tu aurais dû te vider de ton sang normalement.
Oui, elle aurait dû se vider de son sang. Vu le niveau de confiance actuelle de Marcos, il était un peu tôt pour lui expliquer que Pearce avait fait un garrot et désinfecté la plaie pendant qu’elle était inconsciente. Ni que KC lui avait proposé un deal. Ça l’emmerdait aussi de se dire qu’elle devait sa survie à un être aussi détestable que Pearce Sanders. Il y avait des choses qu’elle ne pouvait pas dire à Marcos.
Cela n’expliquait pas tout non plus… Si sur le moment, elle avait effectivement perdu beaucoup de sang et avait été en très mauvaise posture, cela avait été l’affaire de quelques jours pour qu’elle se sente mieux. Malgré sa blessure elle avait quand même été capable de jouer les gardes malades pour Shivak. Le français avait raison. Ses taux devaient avoir des niveaux habituels.
- Ce n’est pas si simple. La Tetracyclomysine, c’est le nom de la molécule du projet T ; que tu as dans tes gènes, ce n’est pas sa forme brute, elle est liée à tes autres gènes,répondit Marcos à sa réflexion sur le projet T dans son sang. La Tetracyclomysine ? Décidément, elle avait frappé à la bonne porte. Les recherches sur Vanthua semblaient avoir été fructueuses pour le trentenaire. A aucun moment lors de sa propre enquête, elle n’avait su qu’ils y avaient des laboratoires sur cette île. Rien ne le mentionnait. Comment avait-il su où se rendre ? Shaélynn fit une note mentale en se promettant de lui demander. Plus tard.
Prenant son regard interrogateur et son air pensif pour de l’ignorance, il se lança dans une explication niveau débile concernant le projet T et pourquoi la forme dans son sang n’était pas complète. Marcos avait toujours agi ainsi avec elle. Comme beaucoup, à cause de sa différence d’âge avec ses collègues, le paléontologue avait tendance à infantiliser Shaélynn. Cela avait eu tendance à la desservir et à la protéger durant son séjour sur le parc. Et à l’agacer prodigieusement. La jeune femme roula les yeux aux ciels, comme à son habitude.
- Oui, ça je sais, merci. Laisses moi deux minutes pour digérer le truc, que je récupère mon cerveau.
Il est vrai que Shaélynn était assez perturbée par les sujets qu’elle abordait avec Marcos. Après toutes ces années de questionnements, elle commençait à voir la lumière au bout du chemin. Toutes les recherches que sa mère avait faites durant les années précédentes avant sa naissance avaient préparé le terrain pour les expérimentations sur le projet T. Chaque année, Mary Moore avait poussé ses recherches plus loin. Toujours plus loin. Les choses s’étaient de toute évidence encore accélérées avec la naissance de Shaélynn et la découverte de sa maladie…
- La Sclérosanplaque Latérale amyotrophique, tu connais peut-être sous le nom de SLA. Un problème de nerfs entre les muscles et le cerveau. C’est invisible durant l’enfance. En général, c’est à l’âge adulte que ça commence. Pertes d’équilibre, les muscles fondent avec le temps. En quelques années, tu te serais trouvés prisonnière de ton propre corps. Tu vois Stephen Hawking ? C’est ce qu’il a.
La britannique voyait très bien de quoi il s’agissait… Elle connaissait très bien le personnage qu’était le célèbre physicien. Un frisson lui parcourut le dos. Avait-elle présenté des symptômes étant enfant ? Se pouvait-elle qu’elle conserve des séquelles ? Qu’elle puisse le transmettre ? C’était une maladie terrible et supposément incurable encore aujourd’hui. La maladie créait une dégénérescence cérébrale qui affectaient les muscles notamment. A terme, comme le disait Marcos, le patient était prisonnier de son propre corps, incapable de respirer ou de s’alimenter.
Pourtant, elle en avait guérie. Et le remède n’avait pas été distribué. Le Projet T représentait l’espoir pour des milliers de personnes. Et une menace potentielle pour des milliards d’autres. Mais ses parents et les équipes du parc avaient volontairement et égoïstement créé puis dissimulé leur création. Shaélynn s’interrogeait : ses parents avaient-ils commencé à créer le projet T avant ou après la découverte de sa maladie ? Était-elle la cause ou la conséquence ?
Marcos se sentit obligé de la rassurer.
- Tu n’as rien à craindre. Une fois la thérapie génique faite, c’est définitif. Donc aucun risque que ça reprenne.
En le voyant sortir son portable, le cœur de Shaé rata un battement. Elle essayait de ne pas trop le laisser paraître mais elle essayait discrètement de regarder ce qu’il faisait. Il avait déjà été en contact avec Shivak dans le passé et il n’était pas impossible que l’ancien agent de la Chimère reprenne contact avec Marcos. D’une part, elle l’espérait. Et de l’autre elle redoutait cette possibilité. Lorsqu’il expliqua de quoi il s’agissait, elle s’empressa de se lever et de rejoindre le paléo pour lire par-dessus son épaule.
Malgré elle, Shaélynn s’était levée d’un bon. Elle vit le regard agacé de Marcos quand elle lui prit le portable des mains. Elle ne s’en préoccupa pas. Son cerveau fonctionnait à toutes vitesses en parcourant les dossiers des yeux, cherchant à retenir les éléments les plus importants. Comme le disait Marcos, il s’agissait effectivement de génétique à un niveau qu’elle ne maîtrisait pas totalement. Au Caire, elle avait entrepris de se former sur le sujet mais elle avait aussi dû passer un peu de temps à s'intéresser à l’Egyptologie puisque sa mère s’était également passionnée sur le sujet. Pour avoir visité le fameux tombeau où elle était censée avoir disparu, Shaé savait aujourd’hui que toutes ses recherches étaient également liées au projet T. Et n'apportait que peu d’éclairage sur ce qui les intéréssaient aujourd’hui.
Au loin, la britannique entendit Marcos la mettre en garde. Il avait évidemment protégé les documents et heureusement pensa-t-elle. Shaélynn acquiesça vaguement pendant qu’elle lisait. Par réflexe, elle avait d’abord ouvert les dossiers qui lui semblaient les plus prometteurs et les avait parcourus un peu en diagonale histoire de jauger leur pertinences. Elle cherchait aussi son prénom parmi les documents mais le dossier récupéré par le paléontologue était trop consistant pour se contenter d’une lecture partielle.
- Et Biosyn, c’est aussi des champions. Ils cherchent à avoir le projet T depuis des années je pense, et ils avaient quelque chose comme 70% du projet T sous leur nez, en CDD renouvelable.
L’expression lui arracha un sourire qu’elle effaça rapidement. Ils ne pouvaient pas reproduire la même erreur.
- Il faut qu'on fasse une analyse de mon sang Marcos, Shaélynn l’avait coupé dans son élan. De ce que je lis là (elle agita le portable de Marcos), c'est vraiment des grands malades. On s'est quand même retrouvé face au clone de Thaddeus Beck sur Sorna. Je... Je ne peux même pas te dire tout ce que je suis en train de m'imaginer après ce qu'on a vu sur le parc. Je connaissais mon père, je connaissais ses limites. Mais Mary Moore... J'ai lu certains de ses travaux en Égypte et j'ai pas l'impression qu'elle s'étouffait avec l'éthique.
Sa mère avait en effet étudié avec intérêt toutes les recherches passées ou en cours sur toutes les modifications génétiques sous toutes leurs formes : clonage humain, eugénisme, altérations génétiques sur des foetus. Rien n’indiquait qu’elle avait elle-même réalisé des tests ou des expériences mais le sujet l’avait passionné. Mais avec ce qu’ils savaient…
- Très bien. On va faire une analyse de ton sang. Mais le centre d’analyse médicale le plus proche est à une heure de route. Et on n’aura pas les résultats avant une semaine. Sans compter que c’est dans une grande ville. On n’a pas intérêt à se faire remarquer… Ça serait plus simple sur Nublar…
Là, elle ne pouvait pas être d’une grande aide… Après tout, Shaélynn se trouvait dans un pays qu’elle connaissait très peu. Aux Etats-Unis ou en Angleterre, la solution lui serait venue facilement mais ici en France… Marcos avait trouvé la solution à priori.
- J’ai une solution. Prépare-toi, on part faire tour. Et j’espère que tu as du liquide.
Shaélynn avait effectivement fait changer ses dollars en euros et avait une belle somme sur elle.
- - - - - -
Malgré ses demandes, Marcos n’avait pas souhaité lui dire où ils allaient. Dans la voiture, Shaé observait le paysage défiler en s’interrogeant, désireuse de connaître enfin leur destination. Curieusement, elle avait confiance en Marcos et ne craignait pas de tomber dans un piège. Il semblait bien trop confiant pour qu’il soit en train de l’arnaquer. Lorsqu’il se gara enfin, elle avisa à travers la fenêtre le panneau qui se trouvait au-dessus de la porte de l'établissement. Quelques secondes lui furent nécessaires pour qu’elle puisse retrouver la signification des mots en français, elle eut un hoquet indigné. Les mots sur le signe étaient en effet très proches de l’anglais.
- Nan, mais t’es pas sérieux là Marcos, tu m’as prise pour une jument ou quoi ? Jamais de la vie je vais me faire occulter comme du bétail.
L’espace d’un instant, Shaélynn perdit un peu le calme qu’elle s’appliquait à conserver face au français. Surtout dans le but de ne pas l’effrayer. Mais elle devait reconnaître que sa solution était leur meilleure chance. L’endroit était discret et les analyses iraient vite. C’est ce qu’il fallait retenir. Si la situation n’avait pas été si grave et l’enjeu si important, elle aurait été persuadée que Marcos avait choisi cet endroit uniquement pour l’emmerder.
- On va donner un petit pot de vin, mais si tu peux y mettre du tien et jouer de tes charmes, ça nous aiderait. Enfin, tu vas lui donner un petit pot de vin.
Ses charmes ? Sans déconner. La remarque n’était pas anodine. Sur le parc, Shaélynn avait en effet un peu abusé des sourires ravageurs et des grands battements de cils. Sans compter ses looks toujours parfaitement dosés. Elle avait bien vu son regard désapprobateur quand elle avait évoqué le fait qu’elle se soit servie de Cole… Le paléontologue était décidé à lui rendre la monnaie de sa pièce. Pas si vite. Elle avait quelques années d’expérience d’avance. Pour le moment, elle jouerait le jeu.
D’un œil, Shaélynn jaugea la salle d’attente, un peu vieillotte mais propre, tandis que Marcos fonçait droit vers leur cible. Le vétérinaire. Le trentenaire se lança sans tarder dans la discussion. Il parlait rapidement et la britannique dût se concentrer pour tout comprendre.
- Ma femme doit faire une analyse de sang, mais comme vous le voyez, on attend un enfant depuis deux mois maintenant. Ça commence à se voir hein ?
La jeune femme dût se retenir de sursauter et de donner un grand coup sur la main de Marcos lorsque celle-ci se posa sur son ventre. Non mais Marcos ! Shaélynn vit le vétérinaire regarder le baby-bump inexistant d’un air sceptique mais elle s’appliqua à composer un petit sourire faussement ému et à fixer le vétérinaire de ses yeux gris perçants. L’air de lui dire “Allez, faites semblant, ça lui fera plaisir”. Elle ne savait pas si c’était la meilleure excuse qu’il ait pu trouver car après 2 ans de cavale elle ressemblait plus à un sac d’os qu’à une future maman épanouie.
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- Elle ne supporte plus les longs trajets en voiture et la plus grosse ville est à 45 minutes de route. Nous savons que vous avez tout le matériel pour ici vu que ma belle-mère vous a amené son chien pour ça il y a un mois. Vous vous souvenez peut-être, un caniche, haut comme ça.
Là, il l’avait perdu avec les explications sur le chien. Shaélynn ne savait pas ce qu’était un caniche ni une belle-mère mais elle s’en foutait. Du moment que Marcos pouvait obtenir ce qu’ils étaient venus chercher.
- N’est-ce pas chérie ?
Mais quel enfoiré. Shaélynn en était sûre maintenant. Il était en train de se foutre de sa gueule ! Et il semblait y prendre plaisir. Elle lui lança un regard mi-amoureux mi menaçant l’air de dire “Si j’étais toi j’éviterai de recommencer”. Le vétérinaire devait se sentir un peu pris au piège des deux énergumènes qui venaient de faire irruption chez lui. Il semblait assez désireux de s’en débarrasser rapidement.
- Bon.. J’imagine que je peux vous rendre service. Suivez-moi. Monsieur nous accompagne ?
- Oh mais oui, tu vas rester pour me garder compagnie, right darling ? Lui lança Shaelynn, avec son accent anglais très marqué.
- Oh, vous êtes américaine ?
Shaélynn acquiesça malgré le fait que ça soit totalement faux. N’importe quel anglophone aurait reconnu son accent très londonien. Mais plus il était loin de la vérité, mieux c’était.
Marcos n’eut pas trop le choix que de suivre le mouvement. Il échangea un peu avec le vétérinaire et lui firent surtout le listing des analyses dont ils avaient besoin. Tout en échangeant des banalités qui donnaient l’envie à la jeune femme de se pendre. Mais elle n’avait pas le niveau de français que nécessitait la discussion sur les analyses. Finalement, l’homme l’invita à s’asseoir et après avoir relevé la manche de son gilet, Shaélynn fit mine de détourner le regard pour ne pas voir la piqûre. En vérité, la seule chose qui l’importait à ce moment, c'était de torturer Marcos, un peu. Elle n’avait pas peur des aiguilles ni du sang. Malgré tout, elle agrippa fermement la main du paléontologue et quand il essaya de se défiler, elle lui planta légèrement les ongles dans la paume de la main avec un sourire moqueur. Le but n’était pas de le blesser mais de lui faire comprendre qu’elle était une experte à ce jeu.
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Malgré la situation, Shaé se fit la réflexion que ce n’était ni le pire moment ni le plus bizarre qu’elle ait passé en compagnie de Marcos Shannon. Alors même qu’elle était assise dans une clinique vétérinaire avec une aiguille dans le bras, à prétendre être sa femme.
C’était dire.
La mission de classification sur Sorna, la soirée sur l’Arche ou même L’atelier couture sur chaire humaine à Paris tenaient la tête du podium.
Les deux anciens employés d’Ingen s’éclipsèrent ensuite le plus rapidement possible. Non sans avoir payé le vétérinaire, généreusement et en cash comme l’avait demandé Marcos. Shaélynn n’avait pas non plus lésiné sur les sourires et les niaiseries.
Arrivés dans la voiture et après avoir dû se convaincre elle-même, elle s’adressa au paléontologue :
- Hey Marcos… J’ai bien compris que t’avais pas fais ça pour moi mais merci quand même. C’était une bonne idée.
Ce n’était pas vraiment dans ses habitudes de remercier les autres pour leur aide. Cela supposait déjà d’avouer qu’elle avait eu besoin d’être aidée en premier lieu. Mais elle se devait de le faire. Repousser les autres ne lui avaient jamais été profitables. A court terme peut-être mais pas en définitive. Elle ignorait cependant que Marcos se fichait du résultat des analyses. Il avait déjà une solide intuition concernant les effets du projet T sur son sang grâce aux travaux de Mary. Mais Shaé ne le savait pas et ne s’imaginait pas que le geste du paléontologue puisse être complètement altruiste et désintéressé. Ce n’était pas son fonctionnement à elle.
Tout ce que Shaélynn souhaitait maintenant c’était de reprendre sa lecture des dossiers de sa mère. A tête, un peu plus, reposée. Mais rien ne disait que Marcos ne l’y autorise… Peut-être que les recherches qu’elle avait faites en Egypte pourraient l'intéresser ?
Revenu chez le paléontologue, Marcos lui prêta son téléphone et la laissa faire le tour des documents qu’il avait trouvé sur Vanthua. Ce qu’elle lisait lui filait des frissons. Tout comme elle connaissait par cœur les travaux que sa mère avait pu mener au Caire, il était incollable sur les documents trouvés sur Vanthua. Pour les parties qui étaient à leur portée du moins.
Tandis qu’elle montait en pression, Marcos vivait sa meilleure vie, couché au soleil dans un hamac pendant qu’elle parcourait les documents. Il buvait un alcool français, du pastis qu'il avait insisté pour faire goûter à Shaé. Elle avait accepté par politesse mais c'était dégueulasse et elle ne s'était pas gênée pour lui dire en repoussant son verre. De temps en temps, couvrant le bruit des cigales, s’élevait du hamac un ronflement de Shannon sauvage. La britannique ne se gênait pas pour lui poser quand même des questions. Parfois, sans se rendre compte qu’elle parlait dans le vide jusqu’à ce qu’elle entende un “Mmm, hein ?” et elle répétait sa demande avec plus ou moins de patience ou d'agacement dans la voix.
Mais au final c’était toujours la même chose. La frustration ne quittait pas Shaélynn. Ils avaient des centaines de pages et rien de concret. Le Projet T semblait jouer avec eux et ne jamais vraiment se révéler. Mais fallait-il vraiment le comprendre pour le trouver ?
La jeune femme s'étira en poussa un grognement de désespoir.
- J'en ai marre de ces documents, je te jure. Je ne connais même pas Mary mais je peux déjà plus me la voir ! "Le sujet âgé de 28 mois, ne présente aucun effet secondaire." Scientifique tarée de la décennie peut être, mais pas la Mère de l'année.
La jeune femme avait besoin d’une pause et elle s'affala sur sa chaise, allongeant ses jambes au soleil et croisa les bras sur sa poitrine en resserrant son gilet. Il faisait beau mais le fond de l'air restait frais pour un début de mois de juin. Surtout que l'après-midi touchait à sa fin.
La jeune britannique se sentait vaseuse depuis la prise de sang. En même temps, vu le nombre de choses à tester, il avait pris pas mal de tubes. Elle se tortilla sur sa chaise essayant tant bien que mal de trouver une position confortable. Elle agitait nerveusement ses jambes tout en réfléchissant à une solution de secours. Ni les documents qu'ils avaient accumulés, ni la prise de sang ne les mènerait au projet T. Elle avait une théorie mais c'était un peu fragile et Shaé ne savait pas si Marcos allait la suivre dans son idée.
- Est-ce que tu as trouvé des pistes sur la localisation du projet T ? Parce que j’en ai peut-être une… Mais ça risque de ne pas te plaire.
L’apparation soudaine de sa mère le soir de l’assassinat de John Hammond n’avait jamais quitté ses pensées. Le fondateur du parc savait-il qu’elle était en vie ? Pouvait-il s’agir d’un clone créé par K-C ? Souvent pendant ses nuits d’insomnies, l’idée qu’elle soit elle-même le clone de Mary lui avait traversé l’idée. Cette angoisse passait rapidement car elle avait hérité de plusieurs traits physiques de Jonathan. Heureusement, rien n’indiquait quelque chose de cet ordre là dans les travaux de Vanthua.
Retrouver Mary constituait cependant sa meilleure piste. Sa seule piste en soit.
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Dernière édition par Shaélynn Moore le Dim 16 Oct 2022 - 12:31, édité 1 fois
Marcos Shannon
Messages : 276 Date d'inscription : 03/09/2013 Age : 28 Localisation : 24 roses
Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Ven 14 Oct 2022 - 17:18
Shaelynn lisait les documents depuis plusieurs heures maintenant. Le soleil était au zénith depuis déjà un bon moment. Allongé dans son hamac tendu entre deux jeunes chênes verts, il essayait de faire le vide et de repenser aux évènements de la matinée.
Tout avait commencé parce qu’il avait répondu à l’appel de la paléobotaniste. Non. Tout avait commencé parce que Shaelynn l’avait appelé. Pourquoi lui ? Pourquoi n’était-elle pas repartie jouer les amantes auprès de Cole Hudson ? Parce que sa couverture était grillée, évidemment. Pourquoi le paléontologue avait-il répondu au téléphone ? S’il ne l’avait pas fait, jamais l’ex-espionne, aujourd’hui sans rien, ne l’aurait retrouvé. Il serait resté quelques mois ici, attendant que les évènements se tassent. Avec le salaire juteux qu’InGen lui versait, il avait pu mettre bien assez de côté pour se permettre de louer cette vieille bicoque une bouchée de pain durant des mois. Les gens de Biosyn ou KC évoluant dans l’ombre, leur disparition, volontaire ou non, n’aurait certainement pas fait les gros titres. Personne n’en aurait jamais rien su et Marcos aurait repris petit à petit sa vie normale.
Mais non, il avait répondu au téléphone, et il avait autorisé Shaelynn à le rejoindre. Marcos craignait cependant qu’avec elle suive tout un tas de dangers et de personnes peu recommandables dans son sillage. Mais c’était trop tard maintenant pour faire machine arrière. Elle était là, chez lui. Il allait devoir s’adapter à la suite des évenements.
Sous l’effet du doux balancement du hamac, Marcos se sentait commencer à tomber dans un état de torpeur. Une subtile odeur de romarin était dans l’air, accentué par la chaleur qui croissait au fur et à mesure de la course grandissante du Soleil vers le zénith. Il entendait Shaelynn un peu plus loin, lisant à voix haute les documents et lui posant par moment des questions. Il répondait par moment par de faibles sons, essayant de donner à son interlocuteur l’impression qu’il l’écoutait. Ce n’était pas tout à fait vrai. Mais ce n’était pas entièrement faux pour autant. Devant la marée de commentaires et de questions de la paléobotaniste, Marcos se décida finalement de couper court et de lui répondre. Franchement.
« Je sais déjà tout ça, Shaelynn » finit-il par lui répondre sur un ton las. « Le sujet âgé de 28 mois, ne présente aucun effet secondaire. La vitesse de réaction nerveuse à l’électromyogramme avoisine les 40 m/s, en nette augmentation par rapport aux 35 m/s du mois dernier. D’après la tendance actuelle et les simulations informatiques, la vitesse de connexion nerveuse du sujet devrait atteindre les 45m/s d’ici la fin de l’année. »
Marcos se releva de son hamac et s’assit alors. Son regard glissa sur Shaelynn. Elle ne disait rien, les yeux toujours rivés sur l’écran du smartphone. L’espace d’un instant, le paléontologue en oublia qu’il avait en face de lui une espionne et l’assassin de John Hammond. Elle ressemblait à une personne tout à fait normale, simplement perdue et en quête de ses origines. Elle affichait une certaine délicatesse et une certaine fragilité dans ses gestes et sa posture. Il lui trouva même une certaine beauté qu’il ne lui avait pas remarquée plus tôt. Était-ce là la véritable Shaelynn Moore ? Ou était-ce encore une de ces innombrables couvertures, personnages fictifs qu’elle utilisait en fonction des situations ?
Peu importait au final puisqu’il n’avait aucun moyen d’avoir la réponse de manière sûre.
« Et sous le compte rendu, il y a un graphique qui montre quoi ? Une courbe ! Avec une hauteur moyenne des pics à 40 mètres par seconde. Je les connais ces documents… Ils te n’apprendront rien que ce que je t’ai déjà dit. Tu étais malade, et ils ont utilisé le projet T sur tout pour te guérir et en passant tester leur molécule. Des électromyogrammes, des séquences d’allèles ou d’acides aminés, des mémos, c’est que des trucs comme ça que tu vas trouver !»
Marcos s’arrêta et souffla un coup pour évacuer la pression. Shaelynn était là, devant lui, à râler et se plaindre après avoir lu ces documents pendant deux heures. Il les avait lus pendant deux ans ! Il en connaissait certains passages par cœur à force de les avoir étudiés. C’était évident que ce n’était pas en deux heures qu’elles trouveraient quelque chose.
« Tout ce que j’ai appris d’intéressant, c’est que cette plante fait partie des liliales, un groupe qui apparait au Crétacé. Pour qu’Hammond y ait eu accès, ça veut dire que c’est une plante actuelle. Mais rien n’indique dans ces foutus papiers où elle a été prélevée. Que dalle. C’est un cul-de-sac. Il n’y a pas de carte avec un X indiquant où creuser. »
Il se leva, et se rapprocha de l’ex-espionne.
« Et où pourrait être le projet T ? Quand tu t’appelles John Hammond, tu peux le cacher où tu veux ! On parle d’un gars qui peut acheter un archipel d’îles en graissant la patte d’un pays entier. Il pourrait tout aussi bien le cacher dans son jardin, quand sur un terrain privé perdu dans la jungle. Même dans l’espace, il pourrait je suis sûr. J’ai cherché, pendant deux ans. Je n’ai rien trouvé. » Il la regarda alors droit dans les yeux. « Tu ne trouveras rien de plus. ».
Marcos passa devant elle sans rien ajouter. Il avait besoin de prendre l’air. La jeune femme venait à peine de mettre le nez dans les papiers qu’elle était déjà en train de râler. Cette attitude commençait déjà à l’irriter. Il en conclut qu’il ferait mieux de prendre l’air.
« Je vais aller faire deux trois courses. » lui lança-t-il alors pour couper court à la discussion. « Je sais très bien que je ne devrais pas te faire confiance et te laisser seul avec cette mine d’informations, mais bon… Tu veux de la confiance, on va voir si je peux en avoir en retour. Si tu fouine dans mes affaires, ça va chier par contre je te préviens. »
Sans rien ajouter, il prit les clefs de voitures qui étaient disposées à un crochet mural et partit. Le paléontologue mit le contact et alluma le post. En cherchant quelques secondes, il trouva une fréquence qui diffusait de la musique rétro. C’était parfait.
Spoiler:
La ville la plus proche disposant d’un magasin était à une bonne demi-heure de voiture. C’était loin, mais c’est ce qu’il avait voulu : disparaitre de la circulation. Ce paysage rurale, fait de rocs et d’herbes sèches était une très bonne cachette. Les routes étaient sinueuses et bien souvent mal entretenues. Elles serpentaient entre les innombrables massifs calcaires jaunes et gris usés par l’érosion. Peu d’arbres poussaient dans cette région. Les plantes étaient à l’image du reste : robuste et éparses. C’était un paysage ouvert avec peu de cachette.
Marcos se laissa aller à sa réflexion au fil du trajet. Faisait-il le bon choix en faisant confiance à Shaelynn. Elle avait pourtant avoué quelques heures avant avoir tué John Hammond de sang-froid… Il ne savait pas s’il pouvait lui faire confiance et cette incertitude le rongeait de l’intérieur. Il aurait pu passer outre et ne rien avoir à faire. C’était avant de l’accueillir chez lui, et de devenir en quelques sortes son complice. Ils étaient dans le même bateau à présent. Avoir confiance l’un envers l’autre faciliterait grandement la suite des choses, mais avoir confiance demandait un effort important. En particulier pour Marcos, qui avait été trahi par Coles Hudson et Emma Beckett lorsqu’il les avait mis en garde contre KC, Biosyn et … Shaelynn. Quelle ironie…
Ses pensées glissèrent ensuite sur Shivak Garland. La dernière fois qu’il l’avait vu, c’était à Paris. Vu l’état dans lequel il l’avait trouvé et laissé à Shaelynn, c’était à se demander s’il était encore vivant. Le paléontologue ne savait vraiment dans quel camp était cet homme. Il avait dénoncé Shaelynn donc il n’était certainement pas du côté de Biosyn. Mais était-il vraiment du côté d’InGen ? Marcos se promit de tirer les choses au clair avec Shaelynn à son retour.
Comme il l’avait pressenti, il n’avait pas vu le temps lorsqu’il arriva finalement à la grande surface. Marcos n’avait pas pour objectif de faire le plein de courses pour une longue période. Il prit du pain, du fromage, de la viande et des légumes de saison. Il acheta également de la viande séchée, quelques conserves, des repas déshydratés. S’il devait partir en catastrophe et disparaitre de la circulation, il aurait au moins de quoi survivre quelque temps sans retourner à la civilisation.
Lorsqu’il revint, en début de soirée, l’air était un peu plus frais et plus agréable qu’en pleine journée. Le soleil commençait à descendre sur la garrigue et la ceinture de Vénus commençait à apparaitre. Marcos laissa la nourriture de « survie » dans le coffre de la voiture, au cas il aurait besoin de partir en catastrophe. Il prit le sac de légumes, de viandes, de produits laitiers et le pain. Lorsqu’il arriva devant la porte, une hésitation l’envahit. Shaelynn était-elle toujours là ? Avait-elle pris la poudre d’escampette ? Allait-il la trouver toujours là, à regarder les documents en essayant, en vain, d’y trouver des réponses ? Biosyn l’avait-elle retrouvé ? Ou la Chimère ? Retrouverait-il un cadavre ?
Prudemment, il ouvrit la porte. Il vit alors Shaelynn assise sur le bord du canapé clic clac, toujours en train de regarder les documents en ligne. L’appareil était branché à une prise de secteur. L’utilisation intensive qu’en avait fait la paléobotaniste avait vidé la batterie. Shaelynn leva les yeux vers lui puis reprit sa lecture. Le paléontologue remarqua l’espace d’un instant ses yeux rougis. Avait-elle pleuré ? Avait-elle seulement un cœur ? Ou était-ce seulement le faire d’avoir lu sur l’écran toute la journée ? Ses cheveux étaient mouillés, indiquant qu’elle avait pris une douche il y a peu. Marcos ne savait pas depuis combien de temps Shaelynn avait joué les vagabonds. Elle n’avait peut-être pas eu le luxe de prendre des douches, et plus en général, du temps pour elle ces derniers temps. Le paléontologue ne préféra pas la questionner sur ce qu’elle avait fait de la journée. Il posa les courses sur la table et sortit par la porte donnant sur la cour et sur la garrigue.
La température avait baissé suffisamment pour que la brise lui paraisse fraiche, malgré que l’été s’annonçait. Il fit quelques pas à pied et arriva devant un petit cercle de pierres calcaires. Une épaisse pellicule noire témoignait des feux précédents. Le paléontologue installa des branches fines au centre, ainsi qu’une poignée d’herbes séchées qu’il récolta à deux pas. Il sortit ensuite de sa poche une petite pierre allume-feu. Les étincelles embrasèrent en quelques secondes seulement le tas de brindilles. Marcos resta là quelques instants, à contempler les flammes et à sentir la chaleur irradier la peau de son visage. Le soleil commençait à décliner et arrivait au-dessus de l’horizon. Les ombres des arbres de la propriété s’allongeaient graduellement, recouvrant petit à petit la cour et la maison. Le paléontologue profita de ces quelques instants de quiétudes qui, depuis que Shaelynn était revenue, étaient probablement ses derniers. Les flammes commencèrent à se faire moins vives, et la chaleur à moins mordre son visage. Le paléontologue se rendit alors au tas de bûches, en prit deux de tailles moyennes, et les installa sur le feu qui reprit doucement. Marcos retourna alors à l’intérieur. Shaelynn n’avait pas bougé. C’était à se demander si ce n’était pas une statue de cire. Il embrocha les pièces de viandes et de légumes sur des pics en métal qu’il mettrait au-dessus du feu.
« À table » se contenta-t-il de dire en se dirigeant vers l’extérieur.
Spoiler:
Il installa les pics à proximité des flammes, mais pas trop près, afin de ne pas bruler les aliments. Il retourna ensuite dans la maison et pris deux bières, qu’il déboucha sur un coin de meuble. En passant devant le canapé, que Shaelynn avait libéré en se rendant dehors près du feu, la sacoche du paléontologue qui était rangé à ses pieds retint son attention. À l’intérieur, Marcos y avait mis un document donc l’importance pour Shaelynn lui était certaine. Lui donner, c’était possiblement perdre des informations pour remonter au projet T si l’ex-espionne (si l’on peut parler d’ex-espionne véritablement) prenait la fuite avec. Mais lui donner, c’était aussi la possibilité d’établir un climat de confiance. Après quelques secondes d’hésitation, il se résolut finalement à lui donner. Marcos prit l’objet avec lui et se dirigea vers l’extérieur. Shaelynn avait installé une grosse buche devant le feu pour lui servir de banc. L’Anglaise semblait perdue dans ses pensées, son regard fixé sur les flammes.
« Je t’ai ramené une bière » lança-t-il pour débuter la conversation. Shaelynn tendit une main vers lui sans même le regarder ou lui répondre. Marcos lui remit alors la boisson dans la main. Clairement, le paléontologue était la dernière de ses priorités. Mais la discussion qui allait s’amorcer allait vite la faire changer d’idées. « Je t’ai également ramené autre chose » continua-t-il sur un ton plus grave et sérieux. « Je pensais te le donner à Paris, mais les évènements ont fait que je n’ai pas pu ».
Il lui tendit alors la photo qu’il avait récupérée sur Isla Vanthua.
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Shaélynn Moore Admin
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Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Mar 18 Oct 2022 - 17:46
Même si elle avait reposé le téléphone pour faire une pause, Shaélynn n'arrivait pas vraiment à déconnecter. Depuis 2 ans et demi, elle consacrait littéralement sa vie à retrouver ce putain de projet. Si on pouvait appeler ça une vie… La britannique avait souffert de ses six mois sur le parc. 2 ans et demi de cavale plus tard, elle aurait pu en rire si la situation actuelle n’était pas si désespérée. Malgré elle, la jeune femme avait perdu de vue la réalité. Tout le monde n’était pas dans sa situation. Tout le monde n’avait pas tué un homme. Tout le monde n’avait pas contribué aussi sérieusement qu’elle à cette situation avec K-C. Tout le monde n’était pas rongé par la culpabilité et les remords. Retrouver le projet T n’était pas un enjeu personnel pour tout le monde.
Si Marcos se sentait impliqué et avait déjà risqué sa vie pour les aider, principalement car il était moralement trop réglo pour détourner le regard, sa vie ne se résumait pas à ça. Contrairement à elle, Shannon avait une vie, une famille, des ambitions et surtout la volonté de rester en vie. Contrairement à elle, il possédait encore du recul, intellectuel et émotionnel, sur la situation. Chez Shaé c’était plus fort qu’elle, l’obsession et la culpabilité continuait de l’emporter.
Et Shaélynn venait encore une fois d’oublier que Marcos n’était pas un espion. Il ne mettait ni ses émotions, ni son intégrité de côté, il encaissait mais il n’oubliait pas. La brune le comprit lorsqu’elle entendit sa voix exaspérée s’élever du hamac.
Elle l’entendit marmonner l’une des phrases qu’il lui semblait avoir lu juste avant… Elle regarda le téléphone à nouveau et constata qu’il l’avait récité au mot près. Shaé l’entendit se redresser dans le hamac. Cependant, elle ne releva pas la tête sentant l’orage arriver. Elle percevait dans sa voix que le paléontologue bouillait intérieurement. Ce n’était pas intentionnel mais elle l’avait agacé.
« Et sous le compte rendu, il y a un graphique qui montre quoi ? Une courbe ! Avec une hauteur moyenne des pics à 40 mètres par seconde. Je les connais ces documents… Ils te n’apprendront rien que ce que je t’ai déjà dit. Tu étais malade, et ils ont utilisé le projet T sur tout pour te guérir et en passant tester leur molécule. Des électromyogrammes, des séquences d’allèles ou d’acides aminés, des mémos, c’est que des trucs comme ça que tu vas trouver !»
Une nouvelle fois : correcte. À la virgule près. Il continua à parler encore un peu mais Shaélynn n'écoutait plus vraiment. Elle savait bien qu’il n’y avait pas de carte au trésor avec une croix indiquant l’emplacement du coffre… Encore une fois, Marcos la prenait vraiment pour une gamine.
« Et où pourrait être le projet T ? Quand tu t’appelles John Hammond, tu peux le cacher où tu veux ! On parle d’un gars qui peut acheter un archipel d’îles en graissant la patte d’un pays entier. Il pourrait tout aussi bien le cacher dans son jardin, quand sur un terrain privé perdu dans la jungle. Même dans l’espace, il pourrait je suis sûr. J’ai cherché, pendant deux ans. Je n’ai rien trouvé. »
Si seulement, Marcos voulait bien prendre le temps de l’écouter… Shaélynn avait réussi à dégager une piste de la montagne d’informations parfois inutiles qu’elle avait récolté et passé des heures à trier. Elle n’avait peut-être pas de preuves concrètes mais un faisceau d’indices qui menaient tous dans la même direction. Mais pour le moment, il ne semblait pas disposé à entendre ce qu’elle avait à dire.
Pour marquer son propos, il la regarda dans les yeux et l’acheva d’un :
« Tu ne trouveras rien de plus. ».
C’était peut être vrai…. Mais ces documents étaient malgré tout en lien avec Mary. Et avec elle. Même si cela ne la menait pas sur la piste du projet T, Shaé se sentait concernée. Elle n'était pas énervée de ne rien trouver mais par le fait de voir Mary la considérer comme un projet et non comme son enfant. Certes il s’agissait de documents scientifiques et cela expliquait les formulations. Mais encore une fois ces documents confirmaient ce que la jeune britannique savait déjà : la scientifique avait toujours fait passer ses recherches avant sa fille. Jusqu’à finir par même lier les deux. Jusqu’à probablement laisser l’une de côté pour protéger l’autre.
Shaélynn le regarda passer en trombe devant elle et elle baissa la tête les larmes aux yeux. Elle ne prit même pas la peine de lui répondre ou de se retourner lorsqu’elle entendit la phrase qui suivit. Le ton du paléontologue n’invitait de toute façon pas à l’échange.
« Je vais aller faire deux trois courses. Je sais très bien que je ne devrais pas te faire confiance et te laisser seul avec cette mine d’informations, mais bon… Tu veux de la confiance, on va voir si je peux en avoir en retour. Si tu fouine dans mes affaires, ça va chier par contre je te préviens. »
La jeune femme serra les poings et les dents et dût se contenir de toutes ses forces pour ne se pas lever et lui coller son poing dans la tronche. Elle n’était peut-être pas grande mais lui non plus. En fait, ils faisaient quasiment la même taille mais elle tapait dur et il la sentirait passer. Lui accorder sa confiance ? Tout en la renvoyant à sa réputation de fouineuse de bureau sur le parc ? Tu parles… Shaélynn n’était pas sûre de pouvoir encore supporter longtemps l’attitude changeante de Marcos qui faisait tranquillement la sieste puis décidait soudainement de se passer les nerfs sur elle.
Et en même temps… N’était-ce pas son fonctionnement à elle aussi ? Se renfermer soudainement et attaquer lorsqu’elle avait l’impression de ne pas maîtriser la situation ? Cette pensée la calma instantanément. Marcos était venu ici pour se cacher et elle débarquait dans un tourbillon de questions et de révélations. À ses yeux, elle était une meurtrière, une espionne, un danger. Tout compte fait, il gérait plutôt bien la situation et il l’avait quand même accueilli et aidé… Finalement, il se contentait juste d’hésiter entre lui servir des bières et lui hurler dessus. Confronté à une situation similaire, Shaélynn avait laissé un homme blessé agoniser dans un manoir abandonné…
Le portable de Marcos serré dans la main, la jeune femme laissa un sanglot lui échapper. Shaélynn essayait de ne laisser aucun des sujets problématiques remonter dans son esprit mais ce n’était pas si simple. Cameron, Noah, Cole, Jonathan Moore, John Hammond, Shivak… Généralement s’abrutir sur ses recherches jusqu’à ce qu’elle s’écroule de fatigue fonctionnait bien. Mais chaque moment où elle ne s’y consacrait pas était un supplice pour elle. Le coup de gueule de Marcos faisait ressortir tous ses problèmes d’un seul coup. Elle avait fait tant de sacrifices et tant d’erreurs pour en arriver là où elle était… Et si tout était vain ?
Fallait-il l’appeler ? Répondrait-il ? Shaélynn ne savait pas ce qui serait pire. Elle ne pouvait pas non plus se permettre de mettre Marcos en danger… Si Shivak avait survécu, elle ne savait pas dans quelle disposition il serait à son égard. Elle était bien placée pour savoir qu’il était un adversaire redoutable. Éloignant de force cette idée de son cerveau, la jeune femme décida de rentrer dans la maison et referma la porte derrière elle.
L’endroit était silencieux à l'extrême. Cela faisait bien longtemps que Shaé ne s’était pas retrouvée seule dans un endroit aussi calme. Que ce soit durant sa cavale où elle avait souvent toujours dans des endroits bruyants et agités, ou même au Manoir des Moore où elle était avec Shivak, qui n'était pas la personne la moins loquace du monde. Autrefois, la paléobotaniste restait tard volontiers au Jurassic Garden pour profiter du silence qu’elle chérissait tant. Cette époque était révolue : le silence la terrifiait.
Son regard passa sur sa valise et l’idée de laisser le téléphone de Marcos sur la table et de partir lui parut soudainement très attirante. Mais à quoi bon ? Elle avait passé sa vie à fuir et cela n’avait jamais mené à rien. Qu’avait dit Noah ? Arrêter de fuir quand tout devenait trop compliqué. Ouais, plus simple à dire qu’à faire. Après quelques instants à tourner en rond, Shaélynn s’assit sur le clic-clac et laissa tomber sa tête vers l’arrière sur le dossier. Elle laissa les larmes couler pour relâcher un peu la pression. Les événements autour du projet T s'étaient un peu précipités ces derniers temps. Même si Shaé se doutait qu’il y aurait des dégâts, elle espérait égoïstement que la résolution était proche. Elle ne savait pas si elle pourrait encore tenir ce rythme longtemps.
Malgré elle, Shaélynn ferma ses yeux quelques instants et s’assoupit.
La jeune femme se réveilla en sursaut et vérifia précipitamment l’heure sur son téléphone. Elle avait pourtant l’impression d’avoir dormi plusieurs heures…Mais il ne s’était écoulé qu’une trentaine de minutes. Elle se leva et vérifia par la fenêtre. Marcos n’était pas encore revenu. Elle se regarda dans le reflet de son téléphone et vit qu’elle avait encore moins bonne mine que ce matin si c’était possible… Ses yeux étaient rouges et gonflés.
Pendant quelques secondes, Shaé se demanda si Marcos lui en voudrait si elle se permettait de prendre une douche. Il avait juste dit de ne pas fouiner. Elle sortit donc des affaires propres et une serviette de sa valise et se dirigea vers la salle de bains. Evidemment, ce n’était pas grand mais c’était presque du luxe comparé aux salles de bains des motel dans lesquelles elle s'était parfois retrouvée. Quand elle avait la possibilité de prendre un môtel. Dire que de base, elle avait signé chez Biosyn pour éviter la misère…C’était probablement son karma négatif qui la rattrapait.
L’eau chaude fit du bien à la jeune femme et calma ses nerfs. Tant qu’à faire, elle prit le temps de laver aussi ses cheveux. La cicatrice sur son front était encore un peu rosée mais ce ne serait bientôt qu’un mauvais souvenir. Pour le moment, la plaie continuait de lui rappeler sa rencontre avec Pearce. Elle se sécha rapidement car malgré la température à l’extérieur, la petite maison en pierre tenait bien la fraîcheur à l’intérieur. La journée était déjà bien avancée, la nuit n’allait pas tarder à tomber et Shaé préféra donc enfiler un jean, un débardeur et un gilet dont elle ferma tous les boutons pour s’en servir de pull. Elle remit ensuite ses chaussettes et les baskets qu’elle portait déjà et sortit de la salle de bains.
Marcos n’était toujours pas revenu. Cela faisait presque une heure qu’il était parti. S’il n’avait pas laissé toutes ses affaires ici, Shaélynn aurait pu penser qu’il avait fui et qu’il ne comptait pas revenir.
Maintenant qu’elle avait l’esprit un peu moins embrouillé, elle reprit le téléphone du paléontologue et se remit à la lecture. Brièvement puisqu’elle dut se relever pour chercher un chargeur. Elle le brancha jusqu’à côté du clic clac et reprit son exploration des dossiers.
Lorsque la britannique entendit le bruit du moteur de la voiture, elle devait reconnaître qu’elle s’était sentie soulagée…Ils échangèrent un regard silencieux et chacun retourna à ses activités. La jeune femme entendit la porte de la cour s’ouvrir et lorsqu’elle fut sûr que Marcos était sorti, elle jeta un coup d’oeil rapide et vit qu’il avait entreposé ses achats sur la table. Mais elle ne voulait pas se déconcentrer maintenant. Elle avait lu tous les documents trouvés mais elle revenait maintenant sur les parties qui lui semblaient importantes. Même si comme Marcos l’avait dit : il ne semblait rien y avoir d'intéressant pour leurs recherches. Il n’avait pas confiance ? ça tombait bien elle non plus.
Lorsque le français revient dans la maison, elle continua de fixer l’écran, obstinée. Shaé ne se sentait pas de faire le premier pas. C’était lui qui avait souhaité couper le dialogue et elle était du genre bornée, elle aussi. Mais il l’était moins qu’elle et ce fut lui qui finit par briser le silence :
« À table »
Le ton de sa voix était neutre. Mais au moins, il lui avait adressé la parole. Le téléphone n’avait pas suffisamment récupéré de batterie pour que Shaé se permette de le débrancher et elle le déposa donc par terre à côté du canapé avant de se décider à suivre Marcos. Le paysage était complètement différent à la tombée de la nuit mais Shaé n’eut pas de mal à trouver le français. Il avait en effet installé un feu de camp à quelques dizaines de mètres de l’habitation. Ils se croisèrent tandis qu’il retournait dans l’habitation et qu’elle se dirigeait vers le feu. Rapidement, elle récupéra deux morceaux de bois pour leur servir d'assise et les installa près du feu. Elle prit le plus petit pour elle.
Le feu, la présence de Marcos et le paysage un peu aride lui rappelait un souvenir qui lui semblait très lointain maintenant. Octobre 2013, la mission de fouilles dans le parc national d’Isalo, à Madagascar. Rétrospectivement, c'était professionnellement l'un de ses souvenirs les plus calmes et les plus satisfaisants. Pas d'embrouille et un travail bien fait.
« Je t’ai ramené une bière » Shaé ne l’avait pas entendu arriver et un léger tressaillement parcourut son corps. La fatigue accumulée commençait à lui faire perdre ses réflexes. Perturbée, elle prit machinalement la bière sans même remercier Marcos.
« Je t’ai également ramené autre chose. Je pensais te le donner à Paris, mais les évènements ont fait que je n’ai pas pu ».
Lorsque la photo apparut dans son champ de vision, le cœur de Shaélynn rata un battement, ou plusieurs.
Merci, Marcos,sa voix s’étrangla et elle ne put rien dire de plus.
Elle prit lentement la photo vieillie par le temps et immédiatement chercha à imprimer le moindre détail dans sa mémoire. Ses parents tenaient un bébé, elle-même, dans leurs bras. Shaé ne se souvenait pas d’avoir déjà vu cette photo et la découvrir à ce moment la prenait au dépourvu. Le paléontologue jouait véritablement les apprentis Shaélynn Moore en soufflant le chaud et le froid sur son adversaire.
Marcos semblait cependant de nouveau être dans de bonnes dispositions à son égard. La photo n’était pas liée aux recherches ou au projet T. C’était un objet qui avait appartenu aux parents de Shaélynn. Même si ils l’avaient à priori laissé sur place. Pour le paléontologue, la photo n’avait aucun intérêt en soit. Visiblement, il n’avait récupéré et conservé cette photo que dans un seul but : lui donner.
Ses parents étaient entourés par John Hammond et 2 hommes qu’elle ne reconnut pas tout de suite. Machinalement, elle retourna le cliché et aperçut le mot et les noms.
"Tous nos vœux de bonheur à Mr et Mme Moore. La famille s'agrandit."
J et P . Hammond. / H.X
“Nos voeux de bonheur” écrivaient les hommes qui avaient ruiné sa famille. Cruelle ironie. Handréas Xerctëss souriait tranquillement. Malgré les émotions contradictoires qui l’envahissaient, il fallait que la britannique tienne bon. Rien n’était jamais gagné avec le français. Il venait de lui offrir une nouvelle preuve de confiance. Shaé ne pouvait pas se permettre de se replier une nouvelle fois sur elle-même pour cacher son trouble. Au delà de l’aspect émotionnel et définitivement personnel de la photo il y avait plus… Le doute avait envahit la jeune femme. Peut-être n’avait-il même pas réalisé ce qu’il venait de lui donner ? Elle se devait de lui expliquer. Pour être sûre. Peut-être voudrait-il reprendre la photo après ça…
- John Hammond, Handréas Xerctëss, Mary et Jonathan Moore. Les “4”, elle marqua les guillemets avec la main qui ne tenait pas la photo, fondateurs de InGen. Alors lui, c’est qui ? Elle désigna l’homme mystère. P.Hammond. Je crois que tu viens de nous dévoiler le nom du 5ème fondateur, la clé "Gemstone''. Shivak n’était même pas au courant de cette 5ème clé avant que j’émette cette hypothèse.
A tout moment, Marcos était capable de l’envoyer promener une nouvelle fois. Avant qu’elle ait pu exposer ses théories. Il fallait qu’elle reste prudente à la fois dans ses paroles et dans ses réactions. Quoi qu’elle lui dise, elle ne parviendrait pas à obtenir sa confiance avec des théories. Lui redire une nouvelle fois qu’elle ne travaillait plus pour Biosyn, qu’elle n’était pas un danger ne servait à rien. Il ne la croirait pas sur parole. Sans grande motivation, elle but une petite gorgée de bière. La saveur était amère et elle ne l’appréciait décidément pas. Comment avait-elle pu boire ça à la fac ?
C’était long mais Shaélynn apprenait. Elle commençait à réaliser que Marcos n’avait pas les mêmes priorités qu’eux et que tenter de se le mettre dans la poche avec des informations ne fonctionnerait pas. Contrairement à d’autres, il n’était pas un abruti et il était devenu imperméable à ses petites techniques de manipulation. Tout comme avec Cameron, elle n’en obtiendrait rien par la flatterie et les sourires.
La britannique n’était pas très à l’aise avec les excuses mais elle savait qu’elle lui en devait. Depuis un moment. Encore une fois, le paléontologue lui venait en aide et elle considérait ça comme acquis. À ses yeux, la fin justifiait les moyens. Le Projet T justifiait tout. Mais pas pour Marcos. Toutes ses années chez Biosyn mais surtout sa cavale lui avaient fait perdre la réalité de vue. Les gens autour d’elle avaient des vies, des familles à protéger, ils n’étaient pas de simples figurants ou de simples dommages collatéraux.
- Je suis désolée. Pour la façon dont j’ai agi avec toi sur le parc. Elle prit une grande inspiration dépitée et fit la liste, tout en gardant les yeux rivés sur la bière qu’elle faisait tourner dans ses mains. Je suis désolée de la façon dont je t’ai traité sur Sorna. Ou de t’avoir envoyé balader quand tu as empêché Shivak de me tuer dans son bureau sur Nova. Je sais pas si je serais encore là pour en parler si tu n’étais pas arrivé. Elle risqua un regard inquiet mais surtout gêné dans sa direction et elle vit que Marcos l’écoutait, impassible. Je suis désolée aussi pour la façon dont je t’ai parlé quand j’ai débarqué à ton bungalow… Quand tu avais invité Cole et Emma. Je te jure que je ne savais pas qu’ils seraient là. Je voulais juste que tu arrêtes ton enquête avant que tu ne causes trop de problèmes. À moi bien sûr, mais aussi à Cole ou même à toi. Cole n’était pas en état d’entendre ce que tu avais à lui dire. Et toi… Tu ne savais pas dans quoi tu t’embarquais à ce moment-là, je pense.
Shaélynn sortit son téléphone et lui montra la fresque qu’elle avait prise en photo en Egypte dans la pyramide. On voyait clairement la fleur bleue-violette briller dans la main du dieu Seth, dieu du chaos. Elle déposa le portable dans la main du paléontologue. Histoire de lui rendre la pareille.
- J’ai trouvé ça en Egypte. C’était une fausse piste. Mais je crois que ma mère essayait de retracer l’origine de la Tulipa Tempus. Peut-être que les documents de Vanthua n'indiquent pas la localisation du projet T. Mais il nous dévoile autre chose : il a été sur Vanthua et il ne s’y trouve plus. À un moment donné, ils ont dû être obligés de le déplacer pour le cacher. J’ai récolté pas mal d'éléments ces deux dernières années concernant sa possible localisation. Et je… Je suis assez optimiste sur ma théorie. Je n’en ai pas parlé à Shivak. Question de confiance. Shaélynn fit une moue un peu boudeuse avant d'enchaîner. Si tu veux bien m’écouter, je peux t’expliquer, et te montrer, ce que j’ai trouvé. Si tu peux me parler de ton expédition sur Vanthua, cela pourrait aussi me mettre sur la voie et me dire si ma théorie est la bonne… En voyant le visage de Marcos se décomposer, elle se reprit précipitamment : Seulement si tu veux, et je te dirai ce que j’ai trouvé d’abord. Tout est sur mon téléphone aussi.
Marcos semblait peser le pour et le contre. Shaélynn espérait enfin avoir gagné sa confiance. Il le fallait. Cette journée mettait ses nerfs à rude épreuve. La jeune femme se sentait particulièrement vulnérable de lui parler ainsi, aussi franchement. Ses gestes étaient fébriles et elle était assez agitée même si elle essayait de conserver son calme. Elle était définitivement loin de sa zone de confort dans cette discussion avec Marcos.
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Marcos Shannon
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Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Ven 21 Oct 2022 - 22:48
P.Hammond. Était-il l’étape suivante pour retrouver le projet T ? Il avait le document avec lui depuis des années, lorsqu’il l’avait récupéré sur Isla Vanthua. Mais sans Shaelynn, il serait passé à côté de cette information. Il devait se rendre à l’évidence : en quelques secondes, il avait avancé plus que ces deux dernières années… Marcos n’avait aucune connaissance de généalogie des Hammond. En même temps, il n’avait pas besoin de la connaitre pour faire son boulot. Mais Shaelynn semblait également l’ignorer. Pour une espionne qui avait abattu John Hammond, ne pas connaitre l’entourage de sa cible était suspect. On alors était-ce simplement un manque de recherche de cette dernière. Un manque de compétence en espionnage aussi peut-être. Le paléontologue n’était pas un espion, mais rechercher des informations faisait partie de son travail. Cependant, le thème de ses recherches tournait plus en général autour d’être vivant disparu depuis des millions d’années.
« P. Hammond … Voyons voir ce que nous dit Google. »
Marcos se rendit dans la maison et récupéra le portable qui était en train de charger. Il le débrancha, revint s’assoir et tapa les mots clefs « Hammond P » sur Google. Après quelques secondes de recherche, il tomba sur un article de presse. Ce dernier était mort dans un accident de la circulation il y a vingt ans. »
« Patrick Hammond, c’est le frère de John Hammond. Mais il est mort dans un accident de la route dans les années 90. Il semble avoir un fils, Alexander Hammond. Google me dit qu’il est bien vivant lui par contre, et qu’il est actionnaire dans des grosses boites. Dynamics et… InGen. Tiens donc. »
Shaelynn bût une gorgée de bière et esquissa une grimace de dégout. Visiblement, elle se forçait. Probablement pour ne pas froisser le paléontologue français et l’avoir de son côté. Combien de temps allait-elle jouer à ce petit jeu-là ?
« Il doit savoir des choses, cet Alexander. Il faut qu’on lui parle. » Marcos fit une rapide recherche sur internet. « Il est domicilié au manoir des Hammond. »
Shaelynn de répondit pas tout de suite. L’expression sur son visage ; ses sourcils froncés, son front plissé et une petite moue, laissait paraitre qu’elle cherchait ses mots. On aurait dit un enfant qui avait fait une bêtise, essayant tant bien que mal de la cacher, du moins en partie. Ne dit-on pas « faute avouée, à moitié pardonnée » ? Marcos esquissa un sourire en coin en se demanda qu’est-ce qu’elle allait encore lui sortir cette fois. Shaelynn fit alors une chose à laquelle il ne s’attendait pas le moins du monde : elle s’excusa. Elle s’excusa de son comportement sur Sorna, mais aussi ne pas avoir remercié le paléontologue pour lui avoir sauvé la vie … deux fois. Intérieurement, Marcos savourait de la voir ainsi chercher ses mots. Proférer des excuses n’était certainement pas une chose dont elle avait l’habitude, et ça se voyait. Le paléontologue ne laissa cependant rien paraitre. Cacher ses émotions était un bon moyen de se protéger. Qui savait si ce n’était pas encore une tentative pour l’amadouer ? Mais il profita quand même un peu du moment. Il le savait, mais il aimait bien, parfois, se moquer un peu du malheur des autres. Mais toujours dans la limite du raisonnable. Il avait un cœur, quand même. La voir se flageller était amusant quelques secondes, mais il ne servait à rien de tirer sur l’ambulance. Ce qui était fait était fait. Le paléontologue savait que la rancune apporterait du réconfort à court terme, mais que le meilleur moyen de résoudre toute cette histoire était d’aller de l’avant.
« Ça ne sert à rien de revenir là-dessus » trancha-t-il finalement pour mettre fin à ses excuses qui n’en finissaient pas. « Tu avais tes raisons et tes priorités, j’avais les miennes. »
La paléobotaniste sortit alors son propre téléphone. Et une chose était sûre, celui-ci avait vécu bien plus de choses que le téléphone de Marcos. L’écran était fêlé de toute part. Le paléontologue ne put s’empêcher d’esquisser un sourire pour se moquer de l’état pitoyable de l’appareil. La paléobotaniste avait pris une photo panoramique à l’intérieur d’une crypte. Les murs et le sol étaient gorgés d’humidité. Difficile d’imaginer que c’était en plein désert. La bâtisse devait être sur une source ou une nappe phréatique. Le sol était jonché de débris, indiquant que la structure avait souffert de l’humidité et du temps qui avait passé. En tournant virtuellement dans la pièce, un élément mural retint son attention.
Un dieu égyptien, mi-homme, mi-canidé, tenait dans ses mains une fleur. Le pigment avait presque disparu, mais elle avait été peinte en bleu. Des humains étaient représentés de part et d’autre de la divinité. Les plus proches étaient allongés. Mais les personnes plus éloignées étaient à genoux et debout. La divinité se servait-elle de la fleur pour tuer les hommes, métaphorisant une utilisation funeste de la fleur pour les Hommes ? Où la divinité utilisait-elle la fleur pour soigner et relever les humains, indiquant que ce peuple antique utilisait la fleur pour améliorer sa condition et élever leur civilisation ? Impossible à savoir.
« C’est dingue. Même si je ne suis pas un spécialiste en archéologie, on voit que ce peuple vouait un culte à cette plante. Il devait donc être très important pour cette civilisation. Les gens qui sont couchés près de la divinité... Soit ça les tue et c’est pas bon signe, soit ça les élève, culturellement et technologiquement parlant. Difficile d’interpréter plus que ça sans être archéologue. »
Shaelynn voulut ensuite en savoir plus sur l’expédition de Marcos sur Isla Vanthua. Le paléontologue réfléchit quelques secondes. Devait-il en dire plus à Shaelynn ? Marcos sentait toujours le risque que celle-ci abuse de sa gentillesse et de sa confiance. Il avait peu de difficultés à l’imaginer prendre les clefs de voiture en pleine nuit et le laisser en plan. Mais il devait se l’avouer : elle avait fait un premier pas en s’excusant. Le paléontologue décida donc de lui raconter succinctement l’aventure Vanthua.
« Je ne tire pas un souvenir spécialement agréable de cette excursion.» commença-t-il. « Je voulais des réponses. Garland m’a fait arrêter en usant de son autorité, tu dois t’en souvenir. Un type louche, Ed Regis, m’a donné les moyens de les avoir. Il s’est présenté comme étant d’InGen, mais j’ai un gros doute maintenant. En gros, ça s’est su que je cherchais à en savoir plus sur le projet T, même si je ne savais pas ce que c’était à l’époque. Il y avait aussi une journaliste qui avait fouiné un peu trop du côté de Biosyn, Lola Vanderbergh. Bosser pour Ed Regis c’était l’occasion de faire table rase. »
Le paléontologue repensa quelques instants à la jeune femme. Le courant était bien passé entre les deux durant leur voyage. Mais ils s’étaient vite perdus de vue une fois retournée à la civilisation. Marcos n’avait pas cherché à renouer contact et elle de même. Selon lui, travailler au Jurassic Park, rechercher le projet T et avoir une vie de couple n’était tout simplement pas compatible.
« On nous a largués sur Isla Vanthua, en Indonésie. Officiellement, on a été parachuté sur place avec Regis et ses hommes pour voir si l’île avait du potentiel. Potentiel à quoi ? Je n’en sais rien. Mais très vite, Ed Regis et ses hommes de main nous ont dirigés vers le centre de l’île. On a été séparé d’une partie de l’équipe à un moment. Lola et moi, on est tombé sur les restes d’un ancien laboratoire. C’est là que j’ai trouvé les documents et la photo que je t’ai donnés. »
Une brochette commençait à dégager une bonne odeur. La couleur de la chair indiquait qu’elle était cuite. Le paléontologue s’en saisit et en mangea un morceau. Il fit un signe de tête à Shaélynn, tout en mastiquant, pour lui indiquer de se servir directement. Il avait déjà organisé le repas, il n’allait pas non plus jouer les serveurs. Il prit une gorgée de bière et reprit ses explications.
« Ce que je pense, c’est qu’Hammond, ou plutôt les Hammond maintenant faut croire, ont acheté cette île. Elle devait être bon marché, ou alors il y avait quelque chose dessus qui a fait qu’ils l’ont acheté elle et pas une autre. Comment et où ils ont trouvé la tulipe ? Bonne question. Ils ont développé la tetracyclomisyne avec leur équipe puis ils l’ont testé sur de l’humain, toi en l’occurrence. Puis après ou en même temps, ils l’ont testé sur du fossile pour combler les trous d’ADN. Ils ont commencé sur du smilodon. En même temps, ce n’est pas très compliqué d’acheter des fossiles de ça aux États unis… Ensuite, ils ont testé sur du dino et sur d’autres animaux préhistoriques aussi. Il y a un Titanoboa de 12 mètres qui gardent la base sur Vanthua... pour te donner une idée. »
Shaelynn n’avait toujours rien pris à manger. Peut-être avait-elle plus l’habitude d’un classique « entrée-plat-dessert » en tête à tête avec Cole ou Shivak dans des restaurants qui ne sciaient guère à la classe moyenne ? Dans tous les cas, elle n’avait que la peau sur les os. Si l’on ajouta à ça son teint plutôt blafard, manger ne lui ferait pas de mal. Marcos se résigna finalement à la servir et lui tendit une brochette qui était cuite. Devant le regard insistant du paléontologue, Shaelynn la prit et commença à manger. Mais elle mangeait petit bout par petit bout, tel un moineau. Marcos ne pût s’empêcher de penser à comment elle aurait survécu sur Isla Vanthua. Biosyn formait-il des espions de salons ?
« Ils ont essayé de cloner des bestioles plus anciennes. Ils ont poussé la technologie à ses limites. Les p’tits génies qui bossaient pour les Hammond ont cloné des araignées et des milles pattes géants, plus anciens que les dinosaures. Mais aucune bestiole plus vieille que ça. Je pense que plus vieux que 350 millions d’années, l’ADN est trop abimé. Pour les causes exactes, il faudrait voir avec Moldovan, du labo. »
Marcos termina sa brochette et jeta la baguette en bois dans le feu. Celle-ci commença aussitôt à se consumer. Il avait toujours faim, mais le reste n’était pas cuit. Il prit un bâton en bois et commença à étaler les braises. Il poussa également une des buches pour raviver le feu, mais lorsqu’il essaya de bouger la deuxième, une douleur aiguë se fit ressentir dans le haut de son bras et son épaule droite. La blessure causée par la chute dans l’arbre lors du coup de queue du t. rex avait cicatrisé, mais elle avait aussi laissé des séquelles. Instinctivement, Marcos posa sa main gauche sur la zone qui lui causait une cuisante douleur. Même si le siège de Nublar avait eu lieu il y a deux ans, la douleur elle ne l’avait pas quitté depuis. Le paléontologue avait bu de l’alcool et les antidouleurs n’auraient pas fait bon ménage avec. Il laissa échapper un léger râle et reprit une gorgée de bière. Si les médicaments ne pouvaient pas engourdir son épaule, l’alcool lui le ferait peut-être.
« Acheter des îles, des terrains privés pour obtenir des fossiles et du matériel de clonage de pointe, ça coute une blinde, même pour des millionnaires. Faire un parc avec des dinosaures, non seulement ça leur a servi de couverture, mais je pense que ça permit de financer tout ce bordel. Maintenant, comment faire le lien entre des ruines égyptiennes montrant la tulipe en Égypte, et une base abandonnée en Indonésie ? La tulipe poussait peut-être en Égypte lors du dernier Sahara vert, mais avec le désert aujourd’hui, impossible que la variété pousse encore sur place. Ils l’ont peut-être trouvé dans une vallée, protégée de l’aridité et de l’impact humain… Et ils ont dû l’emmener sur Vanthua si c’était leur premier laboratoire, avant Nublar. Mais pourquoi le laboratoire a été abandonné ? Même si les Hammond ont ensuite acheté Nublar et construit le parc, ils auraient au moins vidé les lieux. Là, ils restaient tous les documents. Une chose s’est produite d’un coup. Soit les gens ont quitté les lieux précipitamment, soit la faune locale a fait le ménage depuis. »
La sonnerie de notification du téléphone indiqua à Marcos qu’il avait reçu un mail. Le paléontologue contourna alors le feu et se rendit à l’intérieur. L’écran était encore allumé par la réception d’un mail. En s’approchant, il put voir l’objet du mail :
Résultat d’Analyse. 04/06/2015
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Shaélynn Moore Admin
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Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Dim 23 Oct 2022 - 18:25
Ainsi donc Hammond n°2 était décédé. Shaélynn n’était pas vraiment surprise. Sur les 5 personnes présentes sur la photo, il ne restait finalement que peu de survivants. En fait seul Handréas Xerctëss et potentiellement Mary Moore étaient en vie. Elle ne voulait pas détruire les espoirs de Marcos mais elle serait obligée de lui dire… Que l’accident de voiture qui avait tué Patrick Hammond n’était probablement pas dû au hasard. Et si ce n’était effectivement pas un accident alors la clé avait été récupérée.
Quant à Alexander Hammond… Elle était bien placée pour savoir qu’être l’enfant d’un des 5 fondateurs ne garantissaient pas d’être une source d’informations sur le projet T. En tout cas, et d’après ce que lisait Marcos, les Hammond continuaient de travailler en famille puisque Dynamics était la société de Tim Murphy. Quelle famille exemplaire vraiment. Elle reprit une gorgée de bière. Le goût lui parût cette fois moins amère que son humeur.
Visiblement Marcos ne semblait pas tellement sensible à ses excuses. Tant pis. Même si cela lui avait coûté de les prononcer, elles étaient sincères. Shaélynn aurait sûrement d’autres occasions de lui prouver qu’elle avait changé et que ses objectifs n’étaient plus les mêmes. Elle vit le petit sourire du paléontologue à la vue de son téléphone. Ouais… Elle était d’ordinaire très soigneuse avec ses affaires et avait réussi à le garder intact durant deux ans et demi. Mais quand elle avait poussé Shivak à terre pour le sauver du sniper, elle était retombée dessus. C’était un miracle qu’il marche encore.
- « C’est dingue. Même si je ne suis pas un spécialiste en archéologie, on voit que ce peuple vouait un culte à cette plante. Il devait donc être très important pour cette civilisation. Les gens qui sont couchés près de la divinité... Soit ça les tue et c’est pas bon signe, soit ça les élève, culturellement et technologiquement parlant. Difficile d’interpréter plus que ça sans être archéologue. »
Un peu des deux sûrement… Vu ce qu’ils savaient de la Tulipa Tempus, elle pouvait autant apporter la mort que la santé. Libre à celui qui la possédait de l’utiliser selon ses convictions. Qu’en aurait fait Biosyn ? Même 2 ans après, et malgré sa rencontre avec Noah, Shaélynn ignorait encore finalement tout de leurs intentions. Si, elle était sûre d’avoir bien été envoyé pour dérober des informations qui leur permettrait de créer leur propres dinosaures et couler le parc, Shaé savait que leurs motivations avaient changé en cours de route. Quand elle avait réussi à pirater l’ordinateur de Hammond après le renvoi de Shivak. Noah lui avait confirmé que Lewis avait totalement changé à ce moment-là. Que leur avait-elle donné ce jour-là ?
Avaient-ils découvert l’existence du projet T ? Pourquoi leur plan exigeait-il la mort de Hammond ? Voulaient-ils rester les seuls possesseurs de cette information ? Voulaient-ils garder Shaé dans l’ignorance et empêcher le vieil homme de l’influencer et la récupérer de son côté ? Alors pourquoi l’abandonner ensuite ? La britannique n’aurait certainement la réponse à ses questions.
De son côté et après quelques secondes de réflexion, Shannon semblait disposé à lui raconter son expédition sur Isla Vanthua. Il commença par remettre les choses dans leur contexte. L’élection du PDG - Shivak - son arrestation - un certain Ed Regis - une journaliste.. Qui aurait fouiné du côté de Biosyn ? Et qui se retrouvait ensuite envoyé sur Vanthua avec Marcos et un type louche à l’appartenance flou ? Hum… A qui aurait pu profiter une expédition aussi louche ?
- « On nous a largués sur Isla Vanthua, en Indonésie. Officiellement, on a été parachuté sur place avec Regis et ses hommes pour voir si l’île avait du potentiel. Potentiel à quoi ? Je n’en sais rien. Mais très vite, Ed Regis et ses hommes de main nous ont dirigés vers le centre de l’île. On a été séparé d’une partie de l’équipe à un moment. Lola et moi, on est tombé sur les restes d’un ancien laboratoire. C’est là que j’ai trouvé les documents et la photo que je t’ai donnés. »
Ce que lui racontait Marcos donnait une drôle d’impression à Shaé. Dynamics ou InGen n'auraient pas mené une expédition pareille sur une île qui leur appartenait en partie. Connaissant le profil des agents de K-C et leurs méthodes, l’expédition ne leur ressemblait pas non plus. Pourquoi choisir deux civils dont la seule caractéristique commune était leur habilité à fouiner ? Deux civils certes… Mais surtout deux pertes négligeables, gratuites. Qui était connu pour exploiter et compter ainsi sur les ambitions personnelles de leurs agents pour les motiver ?
Biosyn… Le timing était trop suspect. Lewis s’était mis à être étrange juste après qu’elle ait transmis les dossiers de l’ordinateur de Hammond. Après la mort de Hammond, il lui avait dit "Être occupé sur un autre dossier” pour justifier de ne plus lui répondre. Et juste après qu’elle ait quitté le parc en urgence, Marcos était réquisitionné de force sur une opération étrange ? Et comment avait-il su que le paléontologue mettait son nez dans des affaires sensibles ?
La britannique connaissait parfaitement la réponse, malheureusement. Dans une dernière tentative désespérée de capter l’attention de Arthur Lewis, elle lui avait laissé un ultime message dans lequel elle racontait l’entrevue que Cole avait eu avec Marcos… Ce connard avait donc bien eu son message.
Le français fit signe à Shaélynn de prendre une brochette qui était cuite. Mais elle n’avait plus très faim curieusement… Putain. Comment avait-elle pu être aussi conne ?
Evidemment, elle ne pouvait pas expliquer tout cela à Marcos… Elle s’empressa de prendre une belle gorgée de bière.
- « Ce que je pense, c’est qu’Hammond, ou plutôt les Hammond maintenant faut croire, ont acheté cette île. Elle devait être bon marché, ou alors il y avait quelque chose dessus qui a fait qu’ils l’ont acheté elle et pas une autre. Comment et où ils ont trouvé la tulipe ? Bonne question. Ils ont développé la tetracyclomisyne avec leur équipe puis ils l’ont testé sur de l’humain, toi en l’occurrence. Puis après ou en même temps, ils l’ont testé sur du fossile pour combler les trous d’ADN. Ils ont commencé sur du smilodon. En même temps, ce n’est pas très compliqué d’acheter des fossiles de ça aux États unis… Ensuite, ils ont testé sur du dino et sur d’autres animaux préhistoriques aussi. Il y a un Titanoboa de 12 mètres qui gardent la base sur Vanthua... pour te donner une idée. »
Super… Si Marcos avait raison non seulement elle avait servie de test pour une molécule qui n’avait jamais été testé sur l’humain… Mais jamais testé tout court. Et seulement ensuite ils l’avaient adapté au clonage de dinosaure ? Shaé ne savait pas si sa quête du projet T la mènerait à Mary. Au vu de sa situation actuelle, la jeune femme avait compris qu’avoir des convictions et des plans n’étaient pas viables. Cependant, s’il ne fallait en conserver qu’une c’est qu’elle n’arriverait jamais à considérer Mary Moore comme sa mère après ce qu’elle avait appris sur elle. Elle ne souhaitait pas la retrouver pour rattraper le temps perdu mais uniquement dans le cadre du projet T.
Perdue dans ses pensées, Shaélynn mit quelques secondes à voir la brochette que Marcos lui tendait. Elle s’empressa de la prendre. Mis à part la période où elle avait vécu avec Noah et Cameron, la britannique avait la mauvaise habitude de sauter des repas ou de se contenter de grignoter. C’était globalement ce qui lui avait posé problème sur le parc pour garder la forme et entretenir ses muscles. La jeune femme se força donc à manger. A ce rythme là, elle n’atteindrait jamais Isla Nublar sinon.
« Acheter des îles, des terrains privés pour obtenir des fossiles et du matériel de clonage de pointe, ça coute une blinde, même pour des millionnaires. Faire un parc avec des dinosaures, non seulement ça leur a servi de couverture, mais je pense que ça permit de financer tout ce bordel. Maintenant, comment faire le lien entre des ruines égyptiennes montrant la tulipe en Égypte, et une base abandonnée en Indonésie ? La tulipe poussait peut-être en Égypte lors du dernier Sahara vert, mais avec le désert aujourd’hui, impossible que la variété pousse encore sur place. Ils l’ont peut-être trouvé dans une vallée, protégée de l’aridité et de l’impact humain… Et ils ont dû l’emmener sur Vanthua si c’était leur premier laboratoire, avant Nublar. Mais pourquoi le laboratoire a été abandonné ? Même si les Hammond ont ensuite acheté Nublar et construit le parc, ils auraient au moins vidé les lieux. Là, ils restaient tous les documents. Une chose s’est produite d’un coup. Soit les gens ont quitté les lieux précipitamment, soit la faune locale a fait le ménage depuis. »
Alors que Shaélynn allait lui répondre, elle entendit le portable de Marcos sonner. Le jeune homme fila pour le récupérer et revint ensuite s’asseoir. La jeune femme ne pensait même plus aux résultats des tests et ne fit pas le lien. Elle était venue avec l’objectif de partager ses découvertes avec Marcos et de le convaincre de l’aider et elle ne comptait pas perdre de vue son objectif. Elle se lança donc immédiatement pour lui répondre.
- Il y a eu un désaccord entre Handréas et les autres. Je pense que c’est ce qui a dû causer ce départ précipité à mon avis. En tout cas, au niveau des dates ça correspond. Pour ce qui est de l'éventuelle clé de Patrick Hammond… Jonathan et Mary sont aussi censés être morts respectivement d’un suicide et d’un accident. Finalement, Jonathan a été assassiné par K-C et Mary n’est même pas morte. Il y a peu près 90% de chances que l’accident de voiture n’en soit pas un et que Handréas ait déjà récupéré sa clé. Notre meilleure chance c’est de trouver le Projet T avant eux, quitte à ne pas pouvoir y accéder.
Shaé voyait bien que Marcos ne suivait pas son raisonnement et semblait un peu déconnecté. En même temps, ce n’était pas le meilleur plan mais cela pouvait leur permettre de gagner du temps sur leur adversaire. Si sa théorie s’avérait la bonne, il y aurait peut être d’autres moyens de protéger le projet T qu’en trouvant les clés.
- J'ai pas mal réfléchi sur l'endroit où pouvait se trouver Mary. Et honnêtement, elle pourrait se trouver à n'importe quel endroit du globe. Mais je suis sûr d'une chose : elle a bien échappé à "l'accident" en Egypte, en 93. Son équipe complète a périe mais elle s'en est sortie. Après ça, elle n'a jamais rejoint sa famille. Le soir des attentats, elle était sur Isla Nublar. J'ai eu beau retourner tout ça dans ma tête, il n'y a aucune chance que ça soit une coïncidence. Elle est portée disparue depuis presque 20 ans et d'un coup - Shaé fit un claquement de doigt - elle fait une apparition surprise pour déterrer une boîte que Emma Beckett a enterrée 15min plus tôt ? Est-ce que c'est vraiment si délirant que ça que de penser qu'elle a vu Emma le faire ? Mais si oui, pourquoi attendre ? Pourquoi 15min plutôt que de filer directement le chercher ?
Shaélynn voyait que cela commençait à faire sens dans l'esprit de Marcos et cela la rassura un peu.
- C'est peut être complètement dingue mais je suis sûre qu'après la mort de son équipe, Mary Moore a rejoint le parc et n'en est jamais repartie. Je pense qu'elle a vu Emma enterrer l'objet sur les caméras du parc et qu'elle est allée le chercher. Peut-être même que quelqu’un l’a prévenu qu’il fallait surveiller Emma. Au début de ma cavale, j'ai établi une carte pour voir ce qu'elle aurait pu parcourir en 5-10-15min. Si elle était en jeep ça augmenterait beaucoup le périmètre évidemment mais à pied la zone reste relativement raisonnable.
La jeune britannique avait poussé ses recherches plus loin mais ses ressources étaient très limitées. Elle avait des pistes bien sûres mais il lui fallait un complice pour lui fournir les données. Au vu du nombre de personnes qui circuleraient sur le parc, il n'y avait pas 150 endroits où se cacher. L'ancienne directrice de la section paléobotanique avait elle-même parcouru l'île en long, en large et en travers avec ses équipes.
- Je pense que tu le soupçonnais déjà aussi mais le projet T est enterré quelque part sur l'île. Il y a forcément des structures souterraines. Ils ont fait tout un foin avec le fait qu'ils utilisent la géothermie pour chauffer les bâtiments de l'île, les bungalows écologiques qui ne dénaturent pas l'île blabla... Il leur suffisait de détourner l'une des stations pour cacher le projet. Alors pourquoi est-ce que Mary ne serait pas avec le projet T ? C'était peut être très incertain mais la jeune femme avait d'autres arguments. En plus, Jurassic World c'est la 3ème version du parc sur la même île. Malgré les échecs, que ça soit Hammond ou ses investisseurs ils se sont tous obstinés pour rester sur la même putain d'île alors que c'est une zone volcanique et cyclonique active. Les chiffres de la société sont assez troubles mais c'est impossible que ça soit rentable. C'est pas une question d'argent. Ils trouvent toujours des gens pour mettre du pognon dans la machine mais c'est la seule chose qui a tenu les différents parcs à flots. Et KC a toujours tenté de maintenir sa présence sur l'île... Je pense pas que ce soit pour le plaisir de gérer un parc à dinosaures. Et pourquoi uniquement sur Nublar et pas sur les autres. Pourquoi pas Sorna ? Pourquoi pas Nova ?
Shaélynn s'emballait mais elle oubliait l'essentiel : Marcos Shannon n'était pas un espion. Rien ne lui disait qu'il viendrait avec elle, ni qu'il voulait s'impliquer davantage. La jeune femme comptait sur son coté tête brûlée et curieux. Au fond, les deux anciens collègues cherchaient la même chose : Stopper KC. Elle n'avait plus la clé mais si elle localisait le projet T... Peut-être pourrait-elle trouver Mary avant eux et la prévenir.
C'était sûrement une mission suicide. Mais le temps pressait. KC avait quasiment toutes les clés, Shaélynn était à court de temps.
- Mais se cacher 20 ans dans un bunker ? Imagines un peu la logistique du truc.. Je te fais pas la liste des courses mais tu sais comme moi qu’elle est longue comme mon bras. Je ne pense pas qu’il y ait 50 endroits dans ce périmètre qui puisse correspondre. Il nous faut un ou plusieurs accès à l’extérieur, un peu à l’écart des employés, hors circuits visiteurs qui donnerait accès à au moins l’une des stations géothermiques. Dans ce périmètre de l’endroit où Mary Moore a été vue. Elle récupéra son téléphone des mains de Marcos et afficha le dossier où elle gardait les cartes. Les premières photos étaient basées sur d'anciennes images satellites du parc mais elle avait ensuite réalisé la même chose avec les cartes récentes. En soit je m’en fous de retrouver le projet T mais je ne veux pas que la Chimère mette la main dessus. Je ne sais pas à quel point le potentiel bunker peut avoir accès à l’extérieur et aux informations… Mais KC arrive et il faut qu’on prévienne les éventuels gardiens du projet.
Shaé guettait la moindre réaction de Marcos désormais. Le jeune homme avait déjà émis à plusieurs reprises des doutes sur ses capacités. Rien ne disait qu’il allait la suivre dans son raisonnement.
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Marcos Shannon
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Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Dim 30 Oct 2022 - 19:20
Shaelynn lui parlait. Il savait qu’elle lui parlait. Elle lui parlait de sa mère qui était vivante. Et l’accident de Patrick Hammond qui n’était probablement pas un accident. Était-ce vraiment étonnant ? Mais l’attention de Marcos était sur toute autre chose. Sous ses yeux défilaient les analyses sanguines de Shaelynn.
Comme il s’y attendait, la quantité de plaquettes dans le sang était anormalement haute. Cela expliquait en partie le temps de cicatrisation accélérée de la paléobotaniste. À la moindre blessure, l’armée de plaquettes venait stopper l’hémorragie et ainsi éviter au corps de perdre tout son sang. Les taux de lipides et de glucides étaient assez bas, mais rien d’anormal. Tout le monde n’est pas au sommet de sa forme. Quelques repas sautés ou quelques nuits écourtés pouvaient expliquer ces taux relativement bas. Cependant, quelque chose retint son attention. Le taux de fer dans le sang, qui traduisait principalement la quantité de globules rouges, était très bas. Une anémie était souvent de pair avec de la fatigue. Rien d’anormal dans l’absolu. Mais une autre raison pouvait expliquer aussi cette carence. Le taux d’hormones HCG était très élevé. Ça, ce n’était pas normal.
Marcos essaya de se remettre de ce qu’il avait appris. Certains de ses soupçons s’avéraient exacts. Shaelynn voudrait savoir les résultats, mais le paléontologue préféra attendre que le sujet « Projet T » soit clos. Comprendre les tenants et aboutissants du projet T n’était déjà pas une mince affaire. Il se força à rattraper les wagons de la discussion. La paléobotaniste accentua sur la nécessité de retrouver Mary Moore, sa mère biologique, afin de remonter la piste du projet T. Ce qu’il apprenait cependant, c’était qu’elle était présente sur Nublar le soir de l’attentat. Elle avait déterré une boite, enterrée par Emma Beckett. Pourquoi Emma avait enterré cette boite ? Et qu’y avait-il dedans ? Emma Beckett l’avait enterré pour la cacher ? Ou pour que Mary Moore la retrouve expressément ?
Shaelynn souleva ensuite le fait qu’il s’était écoulé un quart d’heure entre Emma qui enterrait la boite, et Mary Moore qui venait chercher l’objet mystérieux. La paléobotaniste proposa alors l’hypothèse suivante : Mary Moore avait assisté aux actions d’Emma Beckett, probablement en bénéficiant du réseau de caméra de surveillance, et était venue chercher la boite. Quinze minutes s’étaient écoulées entre les deux personnes. Pour Shaelynn et Marcos, ces quinze minutes correspondaient à la durée du trajet entre le lieu du vol et le lieu de « résidence » de la mère de Shaelynn. Elle avait probablement eu accès au réseau de surveillance du parc et s’était ensuite rendue sur place, à l’enclos des brachiosaures.
La paléobotaniste souleva ensuite l’hypothèse que Marcos commençait déjà à imaginer lui aussi : le projet T était sur Isla Nublar. C’était logique quand on y pensait ! Quel meilleur endroit pour cacher quelque chose que de le mettre sous le nez de tout le monde. Mary Moore, que l’on pensait morte, était vivante, sur Nublar, et le projet T, que l’on n’imaginait pas sur l’île, l’était également. Cela faisait trop de coïncidences. Il devait forcément y avoir un lien. Elle devait savoir où était le projet T. Petit à petit, certaines zones d’ombres s’éclaircissaient. Certaines pistes, sans issues, révélaient finalement un certain potentiel. Marcos devait l’avouer à présent : il devrait faire à équipe avec la paléobotaniste. En une journée, il avancé autant voire plus qu’en deux ans.
« Je dois bien avouer que ça tient la route, ton histoire. » pensa-t-il à haute voix. « Le projet T doit être enterré dans une installation souterraine. Sous terre, c’est le meilleur moyen de le protéger des aléas climatiques. Ça explique aussi pourquoi KC a retourné l’île il y a deux ans. Ils espéraient trouver l’infrastructure où le projet T est stocké, mais ils ont échoué. » Marcos marqua une légère pause. « Je te suis sur ce coup-là, il faut commencer nos recherches sur Nublar. »
Shaelynn lui tendit son smartphone que le paléontologue. L’écran affichait alors une carte de l’île. Une croix indiquait le lieu du vol de la boite. Il s’agissait de l’enclos de la partie ouest de l’enclos des brachiosaures. Un cercle entourait ensuite le point d’intérêt. La zone indiquée était d’un rayon de 1,75 kilomètres de diamètre. Cela correspondait à un quart d’heure de marche à l’allure moyenne de sept kilomètres par heure. Pourquoi la marche ? Vous imaginez vraiment une personne qui essaye de se faire discrète se balader au milieu du personnel et du parc en voiture ? En vélo ? En trottinette électrique ? Se déplacer à pied assurait une couverture efficace, surtout dans un milieu aussi boisé qu’Isla Nublar. Quelles structures y avait-il dans ce périmètre permettant à Mary Moore de se cacher du public et de lui permettre de se rendre sur place en un quart d’heure ? Marcos regarda de plus près en zoomant.
« Si elle a su que la boite était là, c’est qu’elle avait accès à un terminal ou des caméras de surveillance. », déduisit Marcos. « Autrement dit, il faut qu’elle est accès au réseau des caméras de surveillance, mais dans le périmètre des 1,75, disons 2 kilomètres. Sinon, il lui aurait fallu plus d’un quart d’heure pour venir sur les lieux. Et donc ça ne collerait pas avec la temporalité des enregistrements. »
Marcos rendit alors le portable à la paléobotaniste.
Les deux seules infrastructures dans le périmètre des un quart d’heure de marche, c’est le centre des visiteurs et la grotte aux fossiles. » lui dit-elle en lui indiquant l’endroit de l’index. « Le centre des visiteurs est toujours fréquenté. Je pense pas qu’elle y soit. Par contre, il y a la grotte des fossiles… Depuis que je bosse chez InGen, je ne l’ai jamais vu en fonctionnement cette attraction. Coïncidence ? Tu gères un parc qui doit faire du bénéfice, mais tu gardes une attraction hors service pendant des années ? Je parie que c’est là qu’il faut qu’on aille. »
Une petite pause s’installa dans la conversation. C’était probablement Shaelynn qui l’avait souhaité, laissant ainsi le temps paléontologue de digérer les infirmations. Même pour elle, cela devait faire beaucoup. Elle qui était sans le savoir le cobaye à l’origine de l’empire qu’InGen s’était bâti. Marcos décida que c’était le moment pour aborder le deuxième sujet, non moins tendu, de la soirée. Le paléontologue ne savait pas comment aborder le sujet. Ce n’était pas sa vie et ça ne le concernait pas. Malgré cela, il ne pouvait se résoudre à lui lancer la vérité en pleine face sans un minimum de tact. Mais ce n’était pas le genre de discussion facile à amorcer.
« Shaelynn, j’ai reçu les résultats de tes analyses de sang. »
La paléobotaniste aurait pu le bombarder de questions. Mais elle n’en fit rien. Un silence gênant s’installa. Marcos bût une gorgée de bière et continua.
« Ils confirment ce que je t’ai dit ce matin. Plaquettes et leucocytes qui pètent le plafond, d’où le fait que tu cicatrises très vite. Anormalement vite. »
Pas de réponse de la part de Shaelynn. Elle commençait probablement à comprendre qu’elle n’était pas une personne à la physiologie normale. Ses capacités lui permettaient d’avoir une approche totalement différente de la maladie. Mais ce qui la protégeait des maux qui pouvaient altérer sa santé pouvait aussi se retourner contre elle. Personne ne devait connaitre l’existence de cette particularité de son corps. Sinon, quelques corporations peu scrupuleuses auraient tôt fait de lui rendre sa vie de cobaye qu’elle avait quitté des années plus tôt. La Chimère, Biosyn, et pourquoi pas d’autres comme Dynamics. Mais il y avait un autre élément qui allait peser dans la balance.
« Mais il y a autre chose. »
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Shaélynn Moore Admin
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Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Jeu 3 Nov 2022 - 19:33
Les paroles de Marcos s'étaient perdues dans le brouillard. En comprenant qu’il se foutait de sa gueule, Shaélynn ne put retenir un gloussement de soulagement qui se transforma en éclat de rire franc, comme elle n’en avait pas eu depuis longtemps.
Avec tout ce qu’elle venait déjà de découvrir sur Mary Moore et ses activités ou même sur elle-même et ses premières années de vie, Shaé avait eu sa dose de surprise pour la journée. Le paléontologue avait sûrement voulu détendre l’atmosphère. En même temps… Les deux anciens collègues étaient en train de s’embarquer dans une de ces histoires…
Mais au moins, l'objectif principal était atteint : convaincre Marcos de faire équipe avec elle. “Il faut commencer nos recherches sur Isla Nublar” - “C’est là qu’il faut qu’on aille”. Le français était convaincu. Il était resté froid et un peu en retrait concernant le projet T jusqu’à maintenant et la jeune femme comprit pourquoi. C’était léger mais elle avait vu son visage s’animer au fur et à mesure qu’il lui énonçait ses théories complétant les siennes. S’il n’avait jamais abandonné l’idée de trouver le projet T, Marcos avait aussi dû se résigner au fait que cela n’arriverait pas. Car ses recherches n’avaient rien donné. Avec les découvertes de Shaé mais aussi les informations qu’elle avait obtenu de Shivak, cela changeait la donne.
La fameuse grotte des fossiles étaient en limite du périmètre tracé par la jeune femme. Comme Marcos l’avait souligné, l’attraction avait rapidement fermé ses portes. À l’origine, l’attraction était prévue comme une exposition. InGen avait tiré parti des cavités naturelles créées par la lave pour exposer les fossiles possédées par la société. Les visiteurs avaient aussi la satisfaction de découvrir ces grottes volcaniques. Certaines grottes étaient tout en hauteur et des escaliers et des plateformes permettaient l’accès. Des accès employés donnaient également sur une ancienne station géothermale qui accueillaient les installations électriques de l'attraction.
C’était Cole qui lui avait raconté cela, une des soirées où il l’avait rejoint au QG des paléobotanistes pour un dîner tardif. Josh Solomon lui avait fait visiter l’attraction un soir après qu’elle ait été fermée au public. Cole avait été absolument émerveillé par la visite et lui avait tout raconté en détail. Le genre de souvenirs qu’elle refoulait pour ne pas craquer. Shaélynn ramassa la bière qu’elle avait calée entre ses chaussures et la porta vers ses lèvres. Mais Marcos lui prit la bouteille des mains avant qu’elle ne puisse prendre une gorgée et lui tendit son téléphone à la place.
Voyant qu’il gardait son sérieux tout en fixant successivement le téléphone puis elle, Shaélynn leva les yeux au ciel avec un sourire, comme elle le faisait si souvent. D’une main, elle fit pivoter le téléphone vers elle pour lire les résultats. Voyant l’expression de la jeune femme changer radicalement tandis qu’elle lisait les lignes qui s’affichaient à l’écran, Marcos lui laissa le téléphone.
- - - - - - -
« Shaelynn, j’ai reçu les résultats de tes analyses de sang. Shaélynn ne répondit rien. Au fond, elle espérait que Marcos lui dise plutôt que d’avoir à les lire. Elle craignait un peu de découvrir à quel point InGen avait joué avec sa santé. Ils confirment ce que je t’ai dit ce matin. Plaquettes et leucocytes qui pètent le plafond, d’où le fait que tu cicatrises très vite. Anormalement vite. »
Ok. C’était juste ça. Si ce n’était que ça, elle survivrait. Elle cicatrisait et coagulait vite. Bon cela la rendait forcément plus sujette aux thromboses mais elle tâcherait de limiter les risques. Si un jour, elle arrivait à reprendre une vie normale. Pour le moment, mener une vie saine était le cadet de ses soucis mais Marcos ne semblait pas avoir fini son bilan médical.
« Comment dire… Le paléontologue semblait mal à l’aise. Ces derniers temps, tu as des vertiges, de la fatigue même après avoir fait une grasse mat’ ? ».
Shaelynn haussa les épaules. Elle dormait peu, mangeait peu, stressait beaucoup, avait perdu beaucoup de sang et beaucoup de poids récemment. Oh et Pearce lui avait explosé la tronche contre le pare-chocs d’une voiture. Machinalement, elle toucha la cicatrice sur son front. Des migraines et des vertiges, elle en avait eu mais c’était gérable.
« Ta quantité d’hormones HCG est élevée. Il n’y qu’un moyen pour une femme d’en avoir autant.
Marcos marqua une pause. Shaé connaissait évidemment la nature de cette hormone, mais son cerveau peinait à faire le lien. A comprendre où le français voulait en venir avec ça.
L’explication à ton état actuel, c’est que tu es enceinte Shaelynn. »
Brièvement, la jeune femme se figea. Elle dû se retenir de rire car sa blague faisait un bel écho à l'excursion du matin chez le vétérinaire. Bien trouvé. Marcos dû s’en apercevoir car il précisa.
« Ce n’est pas une blague comme ce matin. Tu es vraiment enceinte. D’un mois je dirais. »
En comprenant qu’il se foutait de sa gueule, Shaélynn ne put retenir un gloussement qui se transforma en éclat de rire franc, comme elle n’en avait pas eu depuis longtemps.
- - - - - - -
La main sur la bouche, dans une faible tentative de cacher son trouble à Marcos, Shaelynn laissa l'information flotter jusqu'à son cerveau où elle explosa comme une bulle.
Enceinte ? Shaélynn ne sentait pourtant rien de différent. Il devait y avoir une erreur.
Mais les chiffres, inscrits noirs sur blanc, ne pouvaient pas mentir. D'après le barème, cela correspondait effectivement à un peu moins d’un mois de grossesse. Il n'y avait pas besoin de se lancer dans des calculs compliqués pour comprendre, qui, où et quand. En deux ans et demi de cavale et après l'échec cuisant de ses deux précédentes relations, Shaé s'était tenu loin du sexe opposé. Loin du sexe tout court en fait. Elle aurait très bien pu envisager des aventures de passage ou des coups d'un soir, mais ce n'était pas dans sa nature. Cela ne l'avait jamais été.
Que ce soit avec Noah ou avec Cole, Shaélynn n'avait pas été du genre à coucher le premier soir. Elle n'avait jamais été du genre à perdre la tête pour les beaux yeux d'un garçon contrairement à ses amies.
Jusqu'à cette nuit en Egypte.
Shaélynn pouvait accuser l'alcool. Et sûrement ses deux ans et demi d'abstinence. Mais il y avait plus. D'ordinaire, elle n'aurait pris qu'un verre ou deux, en parfaite maîtresse d'elle-même, comme toujours. Mais ce jour-là, un de ses camarades du Caire et elle-même avaient fait valider un important dossier pour des fouilles, sur les traces de Mary Moore. Son camarade ignorait tout des plans de la jeune femme bien sûr. Mais ils étaient sortis pour fêter leur victoire et elle avait bu quelques verres. Assise au bar avec le jeune chercheur, elle se sentait bien, légère, soulagée de se rapprocher enfin de son but. Mais elle gardait l'esprit clair. Encore un verre et elle rentrait.
Son camarade s'était excusé, le temps d'aller aux toilettes et il était parti depuis quelques instants seulement lorsque plusieurs hommes avaient commencé à encercler la jeune femme. Cinq hommes. Elle n'avait pas eu le temps ni de s'inquiéter ni de réfléchir à une porte de sortie que Shivak avait surgi de nul part en la tenant par la taille et en prétendant être son petit ami. Elle avait joué le jeu et l'autre fugitif, galant lui avait chuchoté à l'oreille "je t'en laisse deux". Shivak en avait mis trois à terre et elle n'avait finalement eu le temps que d'en mettre un KO que l'autre avait déjà fuit.
L'ancien agent de la Chimère l'avait ensuite entraîné dans une chambre de l'hôtel, le temps que les hommes quittent l'établissement et que les choses se calment. La jeune femme se montra distante et sur ses gardes dans un premier temps. Shivak, lui, était euphorique de ses propres progrès et avait proposé un "Je n'ai jamais" pour passer le temps. Shaé aurait souhaité rester concentrée sur leurs recherches mais elle était échauffée autant par l'alcool qu'elle avait déjà bu que par l'adrénaline du combat. Elle s'était laissée entraîner par la bonne humeur du jeune homme.
Ils s'étaient tous les deux pris au jeu et, à la fin de la soirée, ils étaient plutôt très torchés. Lentement, au fil des questions, l'ambiance avait commencé à changer. Et Shaelynn avait eu l'impression que son cerveau avait court-circuité. L'alcool leur avait fait baisser leur garde, mettant de côté leur méfiance et leurs différends passés.
C'était elle qui avait fait le premier pas mais il n'avait pas hésité une seule seconde à lui rendre son baiser. Qu'ils se battent à mort ou qu'ils s'envoient en l'air, ils ne faisaient jamais les choses à moitié. Mais pourquoi fallait-il toujours qu'entre eux cela se termine toujours sur une table ou un bureau ?
Shaé devait le reconnaître. Cette nuit-là, il s'était passé quelque chose entre Shivak et elle. Au-delà du sexe et de l'attirance physique, les quelques heures qu'ils avaient passées à l'hôtel, désinhibés par l'alcool, avaient révélé une connexion qu'ils n'avaient jamais voulu voir. Elle aurait pu gérer la culpabilité d'une nuit de sexe. Elle ne se pardonnait cependant pas la confiance, leurs échanges, les baisers, les attentions qu'ils avaient eu l'un pour l'autre pendant et même après. Tout ce qui trahissait autre chose que du simple désir en fait.
Durant ces instants, c'était comme s'ils avaient été seuls au monde. Mais malheureusement, leurs anciens différends n'étaient pas la seule chose qu'ils aient oublié ce soir-là, à priori.
Ce moment de faiblesse de leur part était en train de prendre un tournant inattendu.
Calmement, elle rendit son téléphone à Marcos en le remerciant. Mais elle évita de croiser son regard. Shaélynn se frotta le visage avec les mains et prit une grande inspiration tandis qu'elle essayait de chasser les angoisses qui montaient en elle.
La jeune femme savait qu'elle ne pouvait pas laisser cette ligne de chiffres lui barrer la route. Shaé devait réparer ses erreurs et faire en sorte de ne plus détruire de vies autour d'elle. Si Handréas mettait la main sur le projet T…. Sa propre vie n'avait finalement que peu d'importance en comparaison. Elle ne pourrait pas vivre pleinement avant d'avoir mis le projet à l'abri. Rien ne pouvait compromettre cette mission. Et le temps pressait. Maintenant plus que jamais.
Shaélynn s'éclaircit la gorge.
- Ok… Ok. Elle déclara d'un ton ferme mais tremblant : Garde ça pour toi, s’il te plait. Pas un mot. En fixant Marcos dans les yeux, elle insista : À personne, quoi qu'il arrive. On en parle plus. Elle se leva et fit quelques pas : Je… Je vais aller… Je… Shaé le vit hocher la tête pour lui dire qu’il avait compris. Elle avait besoin d’être seule quelques instants.
Shaélynn s’éloigna sur le côté de la maison et appuya son dos contre le mur en pierre de la maisonnette. Ne pas craquer. Elle avait les mains qui tremblaient et... Non, tout son corps tremblait en fait et elle sentait qu’elle n’était pas loin de faire un malaise.
Ses poumons douloureux ne parvenaient plus à absorber l'air, Shaélynn luttait pour retrouver son souffle et sa tête était à deux doigts d'exploser. Un sifflement insupportable lui striait le cerveau. Elle fit quelques pas vacillants. Elle aurait pu se trouver n'importe où, le paysage était flou et instable autour d'elle. La vue, les pierres de la maison envahie par les mousses, le vent dans les arbres, rien n'avait de consistance. Putain de Shivak.
Tout ce qu'elle voyait c'était des flash de la chambre d'hôtel, de Shivak, le manoir des Moore, Shivak, le bureau de son père. Ses yeux vairons, son regard si perturbant, qui lui donnait l'impression que son corps entier brûlait. L’odeur de sa peau, le souffle de ses gémissements dans le creux de son cou, sur ses épaules. Leurs désirs qui s'entremêlent, la caresse de ses mains qui se glissent sous sa robe, des siennes sous sa chemise, le désir qui électrisent chaque centimètre de leurs peaux, le plaisir de son corps contre le sien et le goût de ses lèvres. Celui de la vodka. Putain de Shivak.
Prise d'une violente nausée, Shaelynn avança en titubant et s'empressa de rassembler ses cheveux dans l'une de ses mains. Elle eut un hoquet et ne put s'empêcher de vomir. Le choc, c'est le choc se répétait-elle en boucle.
Peut-être était-ce le fait que la sienne l'ait quitté quand elle avait trois ans mais Shaélynn ne s'était jamais vraiment imaginée mère. Enfant et adolescente, Shaé avait eu Lucie à ses côtés, la gouvernante du manoir, dont elle avait été très proche. Mais à la mort de son père, elle avait dû se séparer d'elle. Lucie lui avait pourtant proposé de l'emmener avec elle mais l'adolescente avait refusé. Sa vie aurait été bien différente si elle avait accepté. Mais ce qui était fait, était fait.
Avec la mère de Noah, elle avait découvert ce que c'était d'avoir une présence maternelle à ses côtés. Quelqu'un qui était là non par devoir mais par amour, par envie. La jeune fille avait commencé par s'agacer de ses petites attentions, de ses mots gentils, de ses inquiétudes avant d'apprendre à les accepter pour ce qu'ils étaient : le simple désir de rendre l'autre heureux. Comme lorsqu'elle avait encore son père avec elle. Le sentiment d'appartenir à une famille qui ferait tout pour vous.
Noah et elle avaient évoqué longuement le sujet durant leur 6 ans ensemble. Mais ils étaient si jeunes à l'époque. Ils parlaient de leur futur maison, de leur mariage, des enfants qu'ils auraient, du chien qu'ils adopteraient. Le sujet les tenait parfois éveillés tard la nuit quand, nichés l'un dans les bras de l'autre, ils parlaient de quitter Biosyn. Tels deux prisonniers, ils comptaient les jours, les mois, les années en planifiant leur "évasion", le jour où tout serait terminé et où leurs choix leur appartiendraient pleinement. Lors de ses débuts sur le parc, elle s'était accrochée fort à cette idée. Lorsqu'ils s'étaient disputés, c'était lui qui lui avait manqué, pas leurs rêves. Juste sa présence.
Lorsqu'elle avait appris que Noah allait devenir père, Shaélynn avait compris. Cette famille parfaite, elle avait compté pour lui plus que pour elle. C'était la condition pour que Noah soit vraiment heureux. Construire la famille qu'il n'avait pas eu. Qu'ils n'avaient pas eu. Shaé aurait tout fait pour lui. Elle était heureuse que cela se réalise pour lui. Mais pour elle ?
Qu'est-ce que tu veux ?
Shaélynn semblait toujours disposer de tous les choix du monde et n'arrivait pourtant à prendre aucune décision. Est-ce qu'elle se voyait faire sa vie avec un enfant ? Peut-être ? Peut-être que c'était sa chance après tout. Une personne, en dehors d’elle-même, à protéger, aimer, qui lui donnerait un but autre que la vengeance.
Un enfant, peut-être. Mais celui-là ? Cela soulevait tellement de problèmes, de conflits irrésolus et de culpabilité qu'elle n'était pas prête à affronter. Dans l’immédiat, et quelque soit sa décision, elle ne pouvait rien faire.
Elle ne se faisait de toute façon pas d'illusion. D'ici quelques jours, elle partirait sur Isla Nublar et elle était consciente que c’était quasiment une mission suicide. Shaé avait déjà risqué sa vie à plusieurs reprises dans sa quête du Projet T. Des moments difficiles, il y en avait eu, elle avait plusieurs fois été blessée mais elle s'était battue pour sauver sa peau et continuer. Quitte à sacrifier sa liberté, sa sécurité et même la vie de ses anciens alliés... Avec tout ce qu'elle avait fait, elle ne pouvait pas juste laisser tomber.
Il fallait qu'elle se reprenne, la ligne de chiffres attendrait. La britannique avait eu du mal à convaincre Marcos de lui faire confiance. Ce n'était pas le moment de se montrer faible. Elle craignait que le paléontologue ne se montre trop curieux ou trop bavard comme à son habitude. Shaélynn savait qu'elle risquait alors de sortir les griffes et elle ne pouvait pas se le permettre. Cette annonce seule risquait déjà de mettre à mal leur collaboration. Mais vu la délicatesse dont il avait fait preuve pour lui annoncer la nouvelle, il n’allait probablement pas poser de questions.
Tranquillement, la jeune femme retourna à l'intérieur et fila droit vers l'évier pour laver nerveusement ses mains et passer un coup d'eau sur sa bouche et son visage. Elle prit aussi un verre et but doucement plusieurs petites gorgées d'eau pour ne pas surcharger son estomac qu'elle sentait encore fragile. Shaélynn se doutait qu'elle devait avoir une mine épouvantable mais elle ne laissait rien paraître lorsqu’elle retourna s’asseoir près du feu.
- Bon, du coup… Je pars pour Isla Nublar dès demain. Si tu veux venir tu es le bienvenu, évidemment.
Respires. Concentre-toi sur l'objectif, Shaé, lui soufflait-il à l'oreille la voix de Arthur Lewis. Fais ce que tu as à faire.
D'une façon ou d'une autre tout serait bientôt terminé.
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Marcos Shannon
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Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Dim 6 Nov 2022 - 22:23
Shaelynn était sous le choc. Qui ne l’aurait pas été à sa place. S’il avait appris qu’il était le fruit d’une expérience scientifique, que l’empire de John Hammond reposait sur son existence et qu’il était enceinte, probablement que Marcos aurait également eu l’impression que le sol se dérobait sous ses pieds.
Mais il n’en était rien. Le paléontologue avait eu une enfance normale, avec une famille normale et sa santé n’avait rien d’anormale. Il avait peut-être fait quelques écarts de conduites étant jeunes, mais rien d’extraordinaires. En rien, sa vie n’était comparable à celle de Shaelynn. Et il fallait l’avouer, toute cette histoire ne le touchait pas tant que ça en réalité. Pour l’heure, Marcos se posait plusieurs questions. Elle ne lui apporterait rien d’utile véritablement, mais elle assouvirait surtout sa curiosité. Il se demanda dans un premier temps qui était le père. Probablement Shivak, avec qui elle avait passé une partie de ces derniers mois en cavales. Le paléontologue avait dû mal à imaginer la jeune femme en tant que mère, et il était de même avec cette raclure de Shivak Garland. Rien en lui ne laissait supposer une quelconque bonté d’âme. Cet homme qui n’hésitait pas à enlever et torturer ses employés. Comment pouvait-il être père ?
Ses pensées glissèrent sur un sujet encore moins joyeux. Shaelynn était enceinte, mais également porteuse du projet T dans son génome. Comment la grossesse allait se dérouler en prenant en compte ce facteur ? La Tetracyclomisyne allait intervenir dans le développement du fœtus ? Produirait-elle des malformations, des maladies ? Peut-être l’embryon ne serait-il tout simplement pas viable. Un seul gène mal exprès, ou au mauvais endroit, et c’est tout le développement cellulaire qui partirait en vrille. Marcos se surprit à se dégouter en pensant qu’éventuellement, il serait mieux que cette grossesse n’arrive pas à terme pour le bien de tout. En effet, une autre personne avec le projet T dans les veines, c’était un risque supplémentaire qu’il tombe entre de mauvaises mains. Et rien n’indiquait que l’enfant, une fois adulte, n’aurait pas de soucis de santé à son tour.
En face de lui, Shaelynn avait une attitude difficile à lire. Il était difficile de savoir si la nouvelle l’enjouait (peut-être désirait-elle secrètement un enfant) mais qu’elle était sous le choc, ou si à l’inverse, cette nouvelle lui générait un désespoir profond. Ses traits étaient figés, et son regard fixé vers les flammes. Elle se leva et s’écarta à l’écart, pour digérer la nouvelle.
Le paléontologue resta là, devant le feu, à songer à l’histoire qui se déroulait et dont il était l’acteur. Après avoir fait le point sur les évènements qui s’étaient passé ces dernières années, il décida de songer au futur qui l’attendait. Le se surprit à penser qu’après avoir trouvé et détruit le projet T, s’il en avait l’occasion, il serait prêt à se ranger, trouver quelqu’un de stable et pourquoi pas former une famille. Mais travailler pour InGen demandait des sacrifices. Lorsque tout ça serait fini, le paléontologue serait amené à faire un choix. Rester seul au Jurassic World, ou partir à la découverte du vaste monde et s’installer ailleurs.
Shaelynn finit finalement par revenir s’assoir. Elle avait une mine épouvantable. Les yeux étaient rougis, gorgés de sang. Elle avait dû pleurer abondamment et cela faisait ressortir ses cernes, signe des sommeils non réparateurs de ces derniers jours. Il était difficile d’imaginer, en la voyant ainsi dans cet état, que la jeune avait tué de sang-froid John Hammond. La froideur de la meurtrière, cachée derrière un masque de tristesse. Était-elle feinte ? Marcos y pensa un instant, compte tenu du CV d’espionne de la paléobotaniste. Mais il avait quand même du mal à imaginer que l’anglaise puisse utiliser sa grossesse comme élément pour l’atteindre et s’accaparer sa confiance. Ses larmes devaient être vraies. L’ancienne meurtrière semblait bien démunie. Même si Marcos ne se sentait pas spécialement touché par l’histoire de la jeune femme, il ne pouvait pas non plus rester insensible à la détresse des gens lorsqu’il l’avait sous les yeux. La soirée passait et la limite entre le bien et le mal se faisait de plus en plus floue de de plus en plus ténu.
Shaelynn prit finalement la décision de se rendre à Isla Nublar dès le lendemain. Son ton était dur, froid, et tranchait avec l’apparence qu’elle avait en ce moment. Ces mots marquaient une détermination, celle d’aller au bout des choses, d’en finir avec tout ça. Sur ça, Marcos était sur la même longueur d’onde. Tout comme elle, InGen l’avait lessivé. Travailler pour la corporation lui permettait de vivre de ses passions : les mondes perdus, l’exploration et l’inconnu. Mais à quel prix ? L’entreprise avait son propre règlement. C’était un univers à part, isolé du reste, régi par ses propres règles. Les employés des parcs vivaient sur les îles une bonne partie de l’année, coupés du continent. Et, depuis ces deux dernières années, de réelles menaces avaient surgi. Les closes de confidentialités faisaient bien leur travail et rien n’avait fuité à l’extérieur. Ce qui était chez InGen restait chez InGen. Ce système était alimenté par les nouveaux employés, qui arrivaient, plein d’envie et d’espoirs, remplaçant les rares employés qui partaient à la retraite, les autres ayant été virés, dévorés, ou tués par balles. Comme Shaelynn, Marcos en arriva à la même conclusion : il était temps d’en finir.
« Je te suis sur ce coup-là. » répondit alors Marcos. « Il est temps d’en finir avec tout ça. »
Ces mots étaient durs et fermes, à l’image de ceux qu’avait prononcés Shaelynn quelques instants plus tôt. Le paléontologue se leva, finit sa bière et alla s’installer dans son hamac. En ce moment de l’année, les nuits n’étaient pas fraiches et il était possible de dormir en extérieur sans avoir froid. À l’intérieur, il n’y avait qu’un seul lit. Marcos aurait très bien pu laisser la paléobotaniste se débrouiller et dormir dehors (l’idée lui effleura l’esprit), mais sa conscience et son éducation le poussaient à ne pas laisser dormir Shaelynn à l’extérieur. Et entre dormir dans la voiture ou dans le hamac, le choix était vite fait pour le paléontologue. Le ciel était dégagé et laisser paraitre la voute céleste. Les villes les plus proches étant à plusieurs dizaines de kilomètres, et le relief aidant, il y avait peu de pollution lumineuse, rendant l’observation des étoiles faciles et agréables. L’espace d’un instant, il se perdit des yeux dans le cosmos. Le projet T, la Chimère, Biosyn, tout cela perdait son importance à cet instant. Le paléontologue aimait ses moments de calme, où il pouvait laisser son esprit se reposer et faire le vide, loin d’InGen et du reste. Mais ces instants de quiétudes et de tranquillités allaient bientôt cesser. Il devait retourner sur Isla Nublar, et mettre fin à cette histoire vieille du siècle dernier.
« Je te laisse le lit pour la nuit. Je dormirais ici » indiqua-t-il en cherchant une position adéquate dans son hamac pour dormir. « Laisse les cendres se consumer et verrouille bien la porte d’entrée. »
La paléobotaniste ne répondit rien. Son regard était perdu dans les flammes. Elle commençait à fatiguer, ce qui se voyait, car elle piquait du nez. Le choc des révélations l’avait épuisé moralement et physiquement. À moins que cela ne soit encore et toujours un masque, une couverture, dû à ses talents d’espionne. Le paléontologue n’avait aucun moyen de le savoir de toute façon. Mais le paléontologue devait prendre en compte qu’elle n’était plus toute seule, mais qu’elle portait la vie en son sein.
Le petit ou la petite à naitre n’avait rien demandé dans tout ça. Il n’est en rien responsable des actes et des erreurs de ses ainés, même si le paléontologue ne se sentait absolument pas responsable de Shaelynn qui était une grande fille, il ne put se résoudre à ne pas se soucier du petit être humain qui les avait rejoints dans l’aventure.
« Te couches pas tard, on a de la route à partir de demain. »
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Sujet: Re: L'ennemie de mon ennemie est mon amie Dim 6 Nov 2022 - 22:47
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L'ennemie de mon ennemie est mon amie
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