Forum RPG Jurassic Park/World |
| | Un temps de chien | |
| | Auteur | Message |
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Terrence McTaylor
Messages : 44 Date d'inscription : 06/09/2013
| Sujet: Un temps de chien Mer 18 Jan 2023 - 11:11 | |
| Dimanche 31 mai 2015 - 17h24Putain de pluie. Temps de merde. Pays de con. Si y’a bien un truc qui lui manquait, c’était les paysages désertiques du Texas. Et encore, il détestait l’État en question. Au pire, une petite soif ? Un godet d’eau et le tour était joué. Une grande soif peut-être ? Aller, un plus grand godet. C’était aussi simple que ça. La soif, ça peut se régler. Avec de l’anticipation et un peu de volonté, c’est gérable. Et bien entendu que le désert c’était une toute autre merde. Entre le sable qui vous brûle les orteils et vous casse les burnes ; ou qui vous casse les orteils et vous brûle les burnes, selon les préférences ; la gueule sèche, les coups de soleil, la langue pâteuse et la transpi’ qui vous colle à la peau. Ouais, on pouvait le dire, le désert c’est une belle connerie. Mais cette putain de pluie sur ces putains d’îles, c’était encore une autre histoire. Un calvaire. Où y’a passage, l’eau trouve son chemin. Si y’a pas de chemin, l’eau crée son passage. Un putain de cauchemar. Il n’y avait qu’à voir toutes les emmerdes que l’eau pouvait amener : tsunami, ouragan, crue, infiltration, glissement de terrain, moisissure, inondation, etc. On en passe et des meilleurs. Tout ce que l’Homme pouvait faire prédire et prévenir quand les emmerdes auraient lieu. Le froid, le bruit et si par malheur vous n’êtes pas abrités, cette sensation d’être trempé jusqu’à l’os. Quel enfer. Pire encore, l’eau c’est tellement un problème que même quand y’en a pas c’est la merde. Bordel. Putain de pluie.
Assis dans sa bagnole de fonction, Terrence avait une main dehors qui remplissait une gourde et une main à l’intérieur qui grillait une clope qu’il venait de rouler. Il rentrait sa main gauche et appuyait lourdement sur le petit bouton pour remonter la vitre dont le bruit électrique se faisait à peine entendre sous le brouhaha de la pluie qui tambourinait sur la carlingue. Cela faisait bien un quart d’heure qu’il attendait en espérant une petite éclaircie pour enfin sortir de la voiture. Le QG était seulement à quelques mètres et il aurait très bien pu se risquer d’une petite course à pied pour y aller mais il n’était pas question que cette putain de pluie le touche. Si la sensation de base était terrible, les souvenirs qui lui remontaient au pif n’était pas mieux pour autant. Imaginez le, à peine s’il savait pisser droit, tout juste 16 piges, tout droit sorti du bon vieux Texas pour se retrouver à crapahuter dans la jungle à l’autre bout du monde. Si l’humidité, les saloperies de moustiques et la pluie qui ne terminaient jamais n’avaient pas déjà suffit à le dépayser, les niakoués qui essayaient de le buter terminaient largement le travail. Quoi qu’on en pense, Terrence ne parlait presque jamais du Vietnam et peu de gens sur Nublar savait. Il en gardait globalement une amertume et une profonde rancœur pour son gouvernement. Les horreurs qu’ils avaient commises là-bas, les choses qu’ils avaient vu. Le napalm, les crimes de guerres, les boom-boom girls, les bogart camés comme jamais déjà condamnés avant même de rentrer et les autres atrocités qui s’y sont déroulés. C’était une facette des États-Unis qui ne lui avait pas bien plu et qu’il préférait garder pour lui. Terrence secouait sa manche déjà trempée et finissait par s’essuyer sur le siège passager. Putain. Il allait être en retard à cause de cette pluie à la con. Le vieux paléontologue avait les sourcils froncés et le front plissé par l’énervement. Il en était déjà à sa troisième cigarette. Il n’avait pas envie d’aller à cette réunion. Déjà qu’il n’aimait pas les réunions de manière général, celle-ci lui était en plus imposée et lui était tombé sur le coin de la gueule comme cette putain de pluie. Tout ça parce que le grand patron revenait foutre les pieds sur le parc après plus d’un an d’absence. Il avait reçu un mémo et cette réunion avait été programmée au dernier moment, à une heure merdique. Comme s’ils avaient que ça à foutre après le boulot que de se taper une réunion. Sérieusement. Tout pour plaire. Merci Hudson. Avec Shannon sur Nova, Terrence avait pris les reines sur Nublar et c’était un merdier sans nom. Alors déjà que toute la partie administrative le saoulait, si en plus il devait lever la tête quand une ponte chiait de travers ? C’est tout juste s’il arrivait à suivre quelque chose avec les ordinateurs, leurs niveaux systèmes et compagnie. C’était bien simple. Terrence n’y comprenait plus rien. Tout ça allait trop vite. Et bien que cela soit un peu réducteur que de dire ça, Terrence voulait juste aller sur le terrain, creuser et traiter les fossiles. À traîner devant ces saloperies de pc, il avait commencé à choper des putains de migraines et des vaisseaux pétés dans les yeux au bout d’une demi-heure. Il s’était déjà aperçu que sa vue avait baissé quand InGen avait forcé à faire des visites médicales pour les employés. Des lunettes de repos qu’on lui avait dit. Putain qu’il avait l’air beau avec ça sur le tarin. Et puis quoi encore. Qu’est-ce que Hudson revenait foutre ici et surtout depuis quand ce con était parti ? C’était pas Dearing le grand patron de toute façon ? Deux chefs, deux couilles. Les calculs semblaient bon finalement. De quoi laisser songeur. Ou pas.
Terrence écrase sa clope et sort de quoi s’en rouler une nouvelle. La langue sur la feuille, il la laisse pendre un instant quand il s’aperçoit qu’une gamine marche toute seule sous la flotte. Putain de visiteurs. Encore une qui s’est paumé, qui a perdu son groupe ou qui a paumé ses parents. Qu’est-ce qu’elle foutait ici ? Le vieux paléontologue continue de rouler sa cigarette comme si de rien n’était en tentant de l’ignorer. Et, quelques secondes plus tard, il pousse alors un soupir exaspéré en fronçant de nouveau les sourcils.
« Et Merde… F‘Chier…»
Résigné à faire le bon samaritain, Terrence appuie alors sur le bouton magique pour faire descendre la vitre, klaxonne un bon coup et, histoire d’être sûr, fait un petit appel de phare. Il sort à nouveau juste un bras du véhicule et fait un signe de doigts à la gamine pour qu’elle vienne. Voilà bonne conscience, satisfaite ? Bordel. Ce qu'il ne fallait pas faire.
La gamine, qui avait vraiment l’air perdue, regardait à gauche à droite en se demandant si tout ça lui était adressé.
« Bah oui toi crucruche ! Pas le saint esprit ! Oh bon dieu… Aller, grouilles toi avant que je change d’avis », dit-il en lui faisant des signes à travers le pare-brise.
Elle finit enfin par se rapprocher côté conducteur et Terrence, qui commençait à perdre patience, lui lançait alors.
« T’as vu ce temps de chien ?! Dépêches toi de monter gamine ! »
Si elle hésita quelques instants, elle finit éventuellement par faire le tour et monter côté passager. Le vieux paléontologue remontait la vitre, une nouvelle fois. Et… Putain, elle était trempée jusqu’à l’os et bientôt le siège serait lui aussi imprégné. Génial. Merci bonne conscience du cul. Elle claquait la porte et, ne sachant trop quoi dire, lui dit un petit merci hésitant qu’on entendait à peine. Ce à quoi Terrence, tout en allumant le chauffage, répondit assez sèchement sur un ton autoritaire et dans un grognement qui lui était bien singulier.
« Qu’est-ce que tu fous par ici ? Bordel. Regardes dans quel état t’es ! Tu vas tout me saloper ! Les visiteurs n’ont rien à foutre ici, où sont tes parents ? Tu crèches dans quel hôtel ? Jt’e ramène. »
Et voyant l’air embarrassé de cette jeune fille, Terrence ajoutait d’un air surpris.
« Bah quoi ?! » | |
| | | Coleen Davis
Messages : 91 Date d'inscription : 19/05/2015 Age : 28
| Sujet: Re: Un temps de chien Mar 24 Jan 2023 - 0:27 | |
| Coleen marchait aussi vite qu’elle le pouvait sous la pluie. Le Kaway Jurassic World qu’elle avait acheté la protégeait assez bien. Jusqu’aux genoux en fait. En dessous, elle était évidemment trempée jusqu’à la cheville. Ses baskets étaient toutes imbibées et elles étaient probablement foutues. À chaque fois qu’elle appuyait un pied par terre, la chaussure impliquée lançait un “plotch plotch” de protestation en crachant de l’eau par les trous des lacets. Les bungalow étaient encore loin puisqu’elle était seulement au niveau du Qg de la paléontologie. Pourquoi elle n’avait pas pris le monorail déjà ? Pour ne pas avoir à faire un détour ? Ce n’était pas très malin de sa part. Elle aurait perdu 10 bonnes minutes, peut-être ? Mais elle allait de toute façon galérer à avancer dans la montée, probablement bien boueuse maintenant, du village de bungalow. Le coup de klaxon la fait sursauter. Coleen relève la tête et voit les phares de la voiture clignoter à quelques mètres d’elle. Un bras apparaît côté conducteur et fait signe d’approcher. Incertaine, la stagiaire jetait des coups d'œils rapides dans tous les sens. Mais il n’y avait personne d’autre, elle était toute seule. Les autres avaient peut-être plus l’habitude de la météo capricieuse du Costa Rica et avaient vu le temps tourner. La petite blonde avait cru que l’averse allait vite passer. C’était peut être le cas mais pour le moment la pluie était presque épaisse. Enfin, de toutes évidences c’était bien à elle que le conducteur faisait signe Coleen plissait les yeux pour tenter de l’apercevoir, mais elle ne voyait pas son visage. Mais il faisait des grands signes à travers la vitre. La jeune fille se dépêcha donc de se rapprocher de la vitre pour voir qui était son sauveur. Ce n’était pas la voiture de Angel car celle de la ranger était grise et bleue comme toutes les voitures de la sécurité. Il s’agissait d’une voiture comme celle que conduisait le chef de Coleen, peut-être était-ce lui ? Elle entreprit donc de trottiner avec entrain jusqu’au véhicule. Arrivée au niveau de la vitre, la stagiaire fut à la fois déçue, surprise et un peu effrayée en découvrant l’individu. En jetant un coup d’oeil par dessous la capuche de son kaway jurassic world trop grand pour elle, Coleen aperçut un homme assez âgé, aux cheveux blancs et au visage sévère. Elle s’apprêtait à tenter un “bonjour” poli quand il lui cria dessus. « T’as vu ce temps de chien ?! Dépêches toi de monter gamine ! »Elle eut un nouveau sursaut. Son visage lui disait quelque chose. Elle semblait l’avoir aperçu avec Angel un jour. S’il connaissait Angel, il devait forcément avoir bon fond, non ? Un peu pétrifiée de s’être fait crier dessus par un chef de section, Coleen s’empressa donc de monter dans la voiture et marmonna un petit “merci” un peu étranglé par la trouille et la honte en voyant son kaway dégouliner de partout. Le souffle chaud de la climatisation lui caressa le visage et elle ne put s’empêcher de soupirer de soulagement. « Qu’est-ce que tu fous par ici ? Bordel. Regardes dans quel état t’es ! Tu vas tout me saloper ! Les visiteurs n’ont rien à foutre ici, où sont tes parents ? Tu crèches dans quel hôtel ? Jt’e ramène. »Coleen piqua immédiatement un fard et le rouge de ses joues gelées fut immédiatement remplacé par la douce et humiliante chaleur de la honte. Oh non… Il la prenait pour une fillette égarée. L’homme n’était ni sympathique ni particulièrement poli. Mais il avait malgré tout décidé de l'aider. Elle n’était pas sûre qu’il soit aussi serviable lorsqu’il apprendrait qu’il s’agissait d’une employée. Et voyant l’air embarrassé de cette jeune fille, Terrence ajoutait d’un air surpris. « Bah quoi ?! »Coleen retira la capuche de son kaway dévoilant son visage décidément trop enfantin pour son âge et eut un sourire désolé. - Ben en fait, je travaille ici. Devant l’air ahuri de l’homme, elle se sentit obligée de se justifier. Beaucoup se justifier. En fait, je suis en stage. Je suis arrivée au début du mois. Et je dois rester 6 mois. C’est pour valider mes études en fait. Je ne connais pas encore bien le parc et sa météo, je me suis laissée surprendre en rentrant à mon bungalow. Et je suis désolée pour l’eau dans la voiture… Monsieur. Stop, stop, stop Coleen. Heureusement, qu’elle n’était pas une espionne et que son sauveur n’était pas un policier car, elle aurait été grillée. Il avait une tête très autoritaire et elle se sentait obligée de parler et raconter sa vie alors qu’elle n’était pas connue pour sa grande conversation en temps normal. Le chef de section semblait atterré de son babillage enfantin et elle craignait qu’il ne perde patience. Coleen avait presque l’impression de voir de la fumée sortir de son nez et ses oreilles. Son regard glissa au pied de la jeune femme où une mini flaque commençait à se former. - J’enlève mon k-way ? Elle voulait être sûre qu’il n’allait pas la jeter à nouveau sous la pluie en apprenant que c’était une employée et non un visiteur égaré. En voyant le regard meurtrier du monsieur, Coleen se dépêcha de faire glisser la fermeture éclair, révélant son badge, et de le retirer en le pliant à l’envers pour garder le maximum d’eau à l’intérieur. Evidemment, avec le stress, elle devenait très maladroite et se tortilla du mieux qu’elle pouvait sur son siège. La jeune femme parvient cependant à former un carré un peu biscornu avec le vêtement en plastique et le déposa à ses pieds, plutôt satisfaite. Elle entendit un grognement agacé et constata avec embarrassement que dans l’opération, elle avait aspergé les vitres de la voiture. Et probablement le conducteur par la même occasion vu qu’il était en train de se frotter le visage avec la manche. - Oups… Désolée, monsieur. Je m’appelle Coleen Davis. Je travaille comme guide. Ils échangèrent un regard en coin. “Ancien” ne put s’empêcher de penser Coleen. Ce n’était pas une référence à son âge bien sûr. C’était juste un petit jeu stupide auquel jouait la jeune fille à chaque nouvelle rencontre. Lui, c’était un "ancien", elle en était persuadée. Un employé arrivé sur le parc avant le Jurassic World, un qui avait connu les attentats comme Angel. Les nouveaux se comportaient comme des animateurs de colonies de vacances à Disneyland tandis que les anciens étaient souvent paranoïaques et un peu brut de décoffrage. Celui-ci se rangeait dans la seconde catégorie. | |
| | | Terrence McTaylor
Messages : 44 Date d'inscription : 06/09/2013
| Sujet: Re: Un temps de chien Mar 31 Jan 2023 - 13:25 | |
| Un silence gênant s’était installé dans l’habitacle du véhicule. Ce n’était pas le genre de choses qui déstabilisaient Terrence. Bien au contraire, il avait appris à embrasser et profiter pleinement de ce genre d’instants. Pour la plupart, le silence était quelque chose d’inquiétant et qu’il fallait combler. C’était un signe de mauvaise augure. Le fameux calme avant la tempête. Pour Terrence qui avait connu des heures sombres, le silence permettait le repos et la préparation. Alors peut-être que c’était un mensonge qu’il se faisait à lui-même puisque le monde n’avait pas été silencieux pour lui depuis déjà quelques années. Il avait appris à vivre avec ses acouphènes, un bourdonnement constant dans ses oreilles, souvenirs de la guerre.
La gamine retirait sa capuche beaucoup trop grande pour sa tête et révélait un visage équivalent à sa corpulence, celui d’un nouveau-né. À peu près. L’innocence et l’insouciance d’une enfant se lisait sur sa tête. Sans attendrir pour autant le vieux paléontologue, il attendait qu’elle lui réponde avec un énervement qui n’était pas vraiment de son fait mais dont elle allait peut-être recevoir les foudres malgré tout.
« Ben en fait, je travaille ici. En fait, je suis en stage. Je suis arrivée au début du mois. Et je dois rester 6 mois. C’est pour valider mes études en fait. Je ne connais pas encore bien le parc et sa météo, je me suis laissée surprendre en rentrant à mon bungalow. Et je suis désolée pour l’eau dans la voiture… Monsieur. »
Terrence fronçait les sourcils et levait un sourcil interloqué. Il essayait de deviner l’âge de la stagiaire sans grand succès. Elle avait l’assurance d’une moule et la présence d’une goutte d’eau dans l’océan. Elle lui racontait sa vie. Et… Putain, elle avait réussi à tout saloper. Elle avait foutu de l’eau partout. Bordel. Une goutte d’eau, tu parles ! Une grosse goutte de pue oui !
« J’enlève mon k-way ? »
Le vieux paléontologue la regardait d’un air accusateur. “Bah oui ding-dong, tu ne vas pas rester comme ça.”, pensait-il intérieurement. Bordel, ça n’allait jamais sécher… En voyant son énervement déjà bien avancé, la petite descendait alors la fermeture éclair de son k-way et tentait de le retirer en gigotant comme un vermisseau dans l’habitacle de la voiture. Elle manquait de lui foutre sa main à la gueule dans l’opération. Terrence vit qu’elle portait un badge épinglé soigneusement qui spécifiait effectivement qu’elle était une stagiaire du Jurassic World. Le vieillard tirait un moment la gueule tandis que l’autre truffe foutait de la flotte partout en gesticulant sur le siège passager. Après avoir enfin réussi à le retirer, elle le pliait minutieusement sans s’apercevoir qu’elle lui avait foutu des gouttes partout sur la gueule et sur le pare-brise. Terrence grommelait dans son coin en essuyant avec sa manche, celle qui était encore sèche. Lorsqu’elle relevait finalement la tête après l’avoir déposé à ses pieds, elle s’aperçut de sa maladresse et s’empressait alors de s’excuser.
« Oups… Désolée, monsieur. Je m’appelle Coleen Davis. Je travaille comme guide.»
Ah. Est-ce que tous les guides étaient aussi tanches les uns que les autres ? Est-ce que c’était un critère de sélection ? Et est-ce que c’était une coïncidence que tous les trucs en “Cole” lui cassaient les couilles aujourd’hui ? Terrence en essuyant les dernières gouttes jetait un coup d'œil dans sa direction et croisait le regard du chien battu côté passager. Guide ? Et beh… Elle qui avait l’air constamment perdu. Guide ? Vraiment ? Et bah. Elle est belle la nouvelle génération ! On n'avait pas le cul sorti des ronces ! Le vieux paléontologue éclatait soudainement de rire. Un rire suffisamment gras pour faire sursauter la jeune fille qui ne s’y attendait pas.
« Haha ! Vraiment ? C’est quoi ces conneries ? InGen les exploite depuis le berceau maintenant ? Bordel. ‘Sont pas gonflés quand même ! Et donc ils te laissent rentrer toute seule par ce temps de merde ? Bah putain ! J’sais pas qui c’est ton maître de stage mais il a pas froid aux couilles ! »
Il la regardait de haut en bas. Elle avait 16 ou 18 ans, pas plus. Il terminait de rouler la clope qu’il avait commencé et la pinçait entre ses lèvres. Terrence avait déjà habituellement une manière de parler qui se rapprochait d’un grognement mais la cigarette à la bouche n’aidait pas à sa compréhension. Il fit claquer son zippo et l’allumait sans se soucier de la présence de la gamine. Il tirait une longue taffe qu’il soufflait juste derrière avant d’ajouter.
« Terrence McTaylor. Chef de section des paléontologues et actuellement en retard. Tu fumes petite ? »
Elle fit “non” de la tête d’un air embarrassé et Terrence se contenta d’hausser les épaules. Comment une chose aussi petite pouvait contenir autant d’eau. Il soupirait en regardant son siège et en pensant à l’avance au temps que ça lui prendrait de le faire sécher. Coleen était là, visiblement intimidé par sa présence et ressemblait à un oisillon tombé du nid.
« T’as bien raison, une belle merde ça », fit-il en soufflant de la fumée par le nez. « J’vais pas t’bouffer hein ! Bon tu crèches où ? J’te ramène. »
Pour ce qu’il y avait à bouffer de toute façon. Elle devait faire 1m50 à tout péter et devait probablement peser le poids d’une plume. C’était ça les nouvelles générations ? Pas gras pour un sous, à bouffer que de l’herbe et des graines, à chialer quand y’avait un peu de sang dans l’assiette et avoir une grande gueule alors que ça tenait à peine debout. Il tapotait brièvement les cendres dans un petit bol qui lui servait de cendrier tout en attendant la réponse de la petite. Il replaçait sa clope au bec et appuyait sur le bouton “start”. Le bourdonnement ridicule de la voiture électrique se faisait à peine entendre avec cette pluie. Rien que d’y songer le foutait en rogne. Démarrer une voiture juste en appuyant sur un bouton. Et puis quoi encore ? “Elle faisait le café et vous essuyait le cul après la commission ?”. C’est ce qu’il avait balancé quand on leur avait imposé ces nouvelles voitures. Il avait remué ciel et terre pour que ça n'arrive pas. Il avait pourtant insulté les bonnes personnes pour que ça n’arrive pas. Mais c’était arrivé et Terrence avait gueulé que c’était absolument débile de changer des voitures qui marchaient pourtant très bien. Sous prétexte que sa jeep Jurassic Park n’était pas écologique ou aux normes de mon cul. Conneries ouais. C’était juste pour soigner l’image de l’entreprise. Tous les matériaux pour que ces composants et gadgets à la con fonctionnent venaient probablement d’une mine perdue au fin fond du trou du cul du monde en Chine ou on ne sait où, probablement récupéré par des gosses payés à coup de latte. Et quand il leur avait dit le fond de sa pensée, on lui avait prétexté que c’était pour la sécurité du parc. “Ouais. D’accord.”, avait-il dit à ces enfoirés. Putain, qu’est-ce qu’ils étaient cons à la direction.
« Alors gamine ? », finit-il d’ajouter en regardant Coleen d’un air toujours sévère.
La pluie continuait de tambouriner sur la voiture alors que les essuis-glaces tentaient désormais de dégager le pare-brise énergiquement. Le chauffage de son côté faisait le travail nécessaire pour le désembuer lentement mais sûrement. L’habitacle baignait peu à peu dans la fumée des quelques clopes que le vieux paléontologue avait déjà terminées. L’odeur qui y planait était à l’image de ce qu’on pouvait imaginer. | |
| | | Coleen Davis
Messages : 91 Date d'inscription : 19/05/2015 Age : 28
| Sujet: Re: Un temps de chien Ven 10 Fév 2023 - 21:29 | |
| Le rire du conducteur la fit sursauter. Bah quoi ? Qu’est-ce qu’elle avait bien pu dire pour provoquer cette réaction ? Coleen se tortilla de nouveau sur le siège d’un air gêné. Ce n’était pas si inhabituel que les gens se mettent à rire dès qu’elle ouvrait la bouche. Malheureusement, ce n'était jamais son incroyable sens de l’humour qui provoquait l’hilarité des gens mais bien souvent le simple décalage entre ce qu’elle disait et son physique immature. Elle pinça ses lèvres et tortilla un peu ses mains sur ses genoux.
« Haha ! Vraiment ? C’est quoi ces conneries ? InGen les exploite depuis le berceau maintenant ? Bordel. ‘Sont pas gonflés quand même ! Et donc ils te laissent rentrer toute seule par ce temps de merde ? Bah putain ! J’sais pas qui c’est maître de stage mais il a pas froid aux couilles ! »
Oui, elle était jeune mais c’était toujours un peu humiliant de voir les gens la traiter comme une petite fille. Voir comme un bambin en l'occurrence. Rentrer seule ? Elle n’avait pas non plus besoin d’une baby sitter ! Les autres stagiaires se débrouillaient tous seuls et personne ne trouvait rien à leur redire… Coleen baissa les yeux et regarda ses baskets détrempées. Cette fois, plus par gêne en entendant les propos grossiers du chef de section. Pour sa part, elle ne prononçait jamais aucune insulte. Ces parents étaient très strictes sur la question et elle n’en avait pas l’habitude. Ni de les entendre ni de les prononcer.
De son côté, le vieux grincheux semblait imperturbable et était en train d’allumer une cigarette… Coleen hallucina en voyant la voiture dériver doucement puisque personne n’avait les mains sur le volant. Il reposa finalement une des mains et la voiture reprit son axe. Il tourna ensuite juste un peu la tête sur le côté pour souffler la fumée vers l’arrière de la voiture. Mais vu que les fenêtres étaient fermées, cela ne servait pas à grand-chose et la fumée se diffusa dans l’habitacle.
« Terrence McTaylor. Chef de section des paléontologues et actuellement en retard. Tu fumes petite ? »
Coleen fit signe que non de la tête. Si, elle ouvrait la bouche pour lui répondre, elle allait devoir respirer l’air et il empestait la cigarette. Pour le moment, elle allait rester en apnée.
« T’as bien raison, une belle merde ça » Nouveau nuage de fumée. « J’vais pas t’bouffer hein ! Bon tu crèches où ? J’te ramène. »
La stagiaire avait toujours le nez et la bouche pincée ce qui lui donnait un air un peu contrarié. Elle n’allait pas avoir le choix, elle allait être obligée de respirer.
« Alors gamine ? »
Terrence lui jeta un regard sévère alors Coleen capitula et s’empressa de répondre.
- J’habite dans le village des employés. Je suis dans l’allée où…
Elle ne parlait probablement pas assez fort car elle le vit froncer un peu plus les sourcils et se pencher sur le côté pour mieux entendre. Malgré elle, elle s’enfonça un peu plus dans son siège et s’empressa de répéter à toute vitesse :
- Le village des employés. L’allée où les bungalows sont tout petits. Ceux pour les stagiaires.
Pfffiou, l’odeur était insoutenable. Coleen ne comprenait pas comment il pouvait bien supporter une odeur pareille ! Elle hésita à ouvrir la vitre mais vu la pluie qui tombait, ce n’était pas une bonne idée. La jeune fille risqua un petit regard sur le côté, sans même bouger le reste de son corps, tandis que Terrence démarrait la voiture en trombe. Elle avait vu juste en l’identifiant comme un chef de section. Est-ce qu’elle avait vu juste sur le reste ? Plus curieuse que effrayée, elle se lança en forçant sur sa voix pour couvrir le bruit ambiant de la voiture :
- Vous travaillez ici depuis longtemps ?
La question était toute sauf anodine. Coleen voulait à la fois vérifier sa petite théorie mais elle comptait aussi lui demander s’il connaissait Angel, qu’elle admirait. Peut-être se montrerait-il plus sympathique s’ils avaient des connaissances en commun. | |
| | | Terrence McTaylor
Messages : 44 Date d'inscription : 06/09/2013
| Sujet: Re: Un temps de chien Ven 17 Fév 2023 - 14:49 | |
| Enfin, la gamine lui répondait. Enfin… Lui répondre, c’était un peu exagéré. Petit poussin piaillait dans son bec. Entre la pluie, l’orage et le chauffage, Terrence n’entendit pas un broc de ce qu’elle venait de dire. Il faut aussi tout de même dire qu’elle n’y mettait pas du sien et qu’elle ne parlait pas très fort. Elle était probablement intimidée. Terrence pouvait faire cet effet là quand on ne le connaissait pas. Cela dit, il était déjà bien gentil de lui offrir un abri et même lui proposer de la ramener. Il ne fallait tout de même pas s’attendre non plus à ce qu’il soit sympathique si ? Et puis, en même temps, elle était complètement insouciante. Ne lui avait-on jamais appris de ne pas parler aux inconnus et encore moins de monter dans une voiture au pif sous prétexte qu’on lui avait fait des appels de phare ? Après, il était sûr que la probabilité pour qu’elle tombe sur un maniaque sur une aussi petite île était pour le moins infime. Mais bon. Le vieux paléontologue fronçait les sourcils et il se penchait un peu vers elle pour essayer de mieux l’entendre. Les cendres de sa clope menaçaient à tout moment de tomber et la petite reculait dans son siège pour s’éloigner un peu de lui. Elle répétait alors sa musique en reprenant du début, cette fois avec un volume sonore plus adapté. Elle débitait cependant dans un rythme qui mettait en évidence son inconfort.
« Le village des employés. L’allée où les bungalows sont tout petits. Ceux pour les stagiaires. »
Coleen regardait à gauche à droite, comme si elle était prise au piège et qu’elle cherchait une sortie. De temps à autre, elle jetait un rapide coup d'œil de son côté mais sans plus. Terrence avait l’impression que s’il l’ouvrait de nouveau elle allait se briser en mille morceaux ou même se jeter de la voiture en cours de route. Il s’était donc contenté de démarrer et de foncer vers le village des employés. Il l’avait dit. Il était déjà en retard et n’avait plus tellement de temps à perdre avec ses conneries. Puis il n’était pas non plus gonzo le gigolo, il avait des responsabilités et on l'attendait probablement pour cette réunion. Après tout, c’était en partie lui qui était censé l’animer. Terrence, les deux mains sur le volant, se penchait vers l’avant pour mieux voir la route. Les essuis-glaces peinaient à dégager pleinement la vue et une certaine concentration était nécessaire pour ne pas finir dans le fossé. S’il avait tendance à rouler vite, le vieux paléontologue était tout de même bon conducteur. Il avançait donc sur la route en direction du village des employés, comme lui avait stipulé la jeune fille. Celle-ci semblait d’ailleurs se détendre un peu et lui adressait finalement la parole. Cette fois, elle fit l’effort d'adapter son ton au bruit ambiant et donc il l’entendit très clairement lui demander :
« Vous travaillez ici depuis longtemps ? »
Il relevait promptement la tête. Il ne s’attendait pas à ce que la gamine lui pose cette question et cherche à faire la causette mais bon, qu’y avait-il d’autres à faire ? Se taire et attendre patiemment qu’il la dépose ? Ça aurait été bien aussi. Il l’ignorait tout d’abord, préférant se concentrer sur la route et se demandant ce que ça pouvait lui foutre. “La curiosité de la jeunesse”, pensait-il. Il ne pouvait pas tellement la blâmer et puis il pouvait prendre ça comme un compliment d’une certaine manière. Une gamine qui s’intéresse à un vieux croûton. Le devoir de passation, d’enseignement et de transmission du savoir, tout ça quoi. Il ne fallait pas non plus trop s’emballer la casquette, c’était probablement juste une politesse pour faire passer le temps.
Terrence, toujours le nez collé au volant, sortait son portable de sa poche et le glissait sous son nez. Ce machin, bordel. C’était pratique mais qu’est-ce que c’était chiant. Les plus jeunes employés avaient constamment le nez collé dessus à regarder de la merde, à s’abrutir la cervelle. Le paléontologue lui s’en servait pour les appels et envoyer occasionnellement des messages. Encore un cadeau de la direction qu’il avait malheureusement fissuré un matin. 17h52. Bon, c’était de tout de façon acquis qu’il aurait du retard. Il ouvrit ses contacts et appuyait sur le numéro d’un des employés conviés à cette réunion. Ce dernier répondit à la seconde sonnerie.
« Ouais. Terrence à l’appareil. Je suis en route, je suis là dans quelques minutes. Attendez moi et préparez le café parce qu’on est pas couché. À toute suite gamin. »
Le vieux paléontologue n’était pas du genre à aimer la paperasse et, dans certains points, avaient même des lacunes. Il n’avait jamais été vraiment formé pour ça. Il était loin d’être le meilleur des chefs en partie à cause de ça et ça lui avait même attiré quelque fois les foudres de la direction qu’il chérissait tant. Et d’une autre manière, les administrateurs du parc l’appréciaient aussi pour son franc parlé. Il n’hésitait pas à faire bouger les choses et à faire remonter le moindre problème dès qu’il y en avait. Il le disait quoi qu’il advienne et à sa façon, mais il remplissait sa part de boulot et ça on pouvait pas le lui enlever. Ses employés l’appréciaient aussi pour ça et pour sa proximité avec le terrain. Terrence n’était pas du genre à rester les bras croisés derrière son bureau et il savait de quoi il parlait. Il avait l’expérience et le savoir nécessaire pour faire néanmoins un bon chef. C’était aussi pour ça que Marcos l’avait choisi pour être à la tête de Nublar tandis qu’il gérait Nova. Cela faisait bien un moment qu’il ne l’avait pas eu au téléphone d’ailleurs. Il gardait cette idée dans le coin de la tête. Après tout, même s’il était arrivé quelques fois qu’ils se prennent la tête dans le cadre du travail, ils avaient plutôt une bonne relation et Terrence appréciait ce jeunot.
« Tu disais petite ? Ah oui, si je travaille ici depuis longtemps ? Je suis dans l’entreprise depuis…», il levait la tête un instant de la route pour réfléchir et fit une légère embardée qui secouait le véhicule. « Depuis 2012. Putain déjà ! J’ai l’impression que ça fait une éternité ! »
Il pensait un instant à ses premiers jours dans le Jurassic Parc et à tout ce qu’il avait déjà fait pour InGen, aux nombreuses emmerdes qu’ils avaient vécu. Le Jurassic World. Quelles conneries. Le monde avançait trop vite. Il fallait voir déjà toutes les technologies à la con qu’on leur avait imposées. Pourquoi y mêler les dinosaures ? Laissez-leur le temps de découvrir ce nouveau monde. Au moins, sur Sorna, ils avaient l’occasion de vivre en liberté et de profiter pleinement de la vie. Ici, sur Nublar, les bestioles ne connaissaient que la captivité et n’avaient absolument aucun instinct de survie.
« Bon et toi Coleen, tu fais des études de quoi et qu’est-ce que tu veux faire après ? »
Ils arrivaient bientôt aux bungalows. Il avait un peu eu le pied lourd sur l’accélérateur mais la gamine ne semblait pas se plaindre pour autant. L’aurait-elle fait de toute façon ? Probablement pas. Terrence serait bel et bien en retard mais pas trop. Coleen serait mouillée mais pas trop. Tout est bien qui finissait bien. Il pourrait dormir la conscience tranquille et au moins on ne pourrait pas lui reprocher quoi que ce soit. Il n’empêche qu’un employé aurait pu lui proposer de la ramener.
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| | | Coleen Davis
Messages : 91 Date d'inscription : 19/05/2015 Age : 28
| Sujet: Re: Un temps de chien Jeu 23 Fév 2023 - 21:25 | |
| Terrence releva subitement la tête en entendant sa question mais ne répondit pas. Oups. Il n'avait visiblement pas envie de faire la conservation avec elle. Tant pis. Ce n'était pas comme si Coleen en avait particulièrement envie, elle. Elle aurait l'occasion de vérifier sa théorie sur d'autres de ses collègues. Mais pas sur ce vieux ronchon de paléontologue.
D'ailleurs il était un peu grossier car non seulement le chef de section ne lui avait pas répondu mais en plus il était en train de passer un appel téléphonique. Visiblement il était attendu quelque part mais prenait quand même le temps de la ramener. Coleen n'était pas sûre que ça soit une façon très professionnelle de se comporter non plus. Mais à voir sa tête d'Ours mal léché, ça ne devait pas lui poser de problème de conscience de se conduire ainsi.
D’ailleurs en parlant de conduite, Coleen se demandait s’il n’avait pas quitté la route des yeux pendant qu’il bidouillait son téléphone. Peut-être fallait-il mieux ne pas savoir.
« Ouais. Terrence à l’appareil. Je suis en route, je suis là dans quelques minutes. Attendez moi et préparez le café parce qu’on est pas couché. À toute suite gamin. »
De toute façon, cela ne la regardait pas tellement. Tout ce que Coleen voulait c'était rentrer chez elle et profiter du silence de son bungalow. La journée avait été animée et pénible alors ce ne serait pas de trop. Encore fallait-il survivre à la conduite sportive pour ne pas dire brutale de Terrence. La stagiaire se demandait s'il se conduisait ainsi avec tout le monde. Cela ne devait pas être de tout repos de bosser avec ce monsieur. Elle eut un mini sourire en pensant qu'il ressemblait au action man de son frère quand il était petit. Ou aux méchants dans les films d'action. Cette réflexion lui fit froncer le nez.
« Tu disais petite ? Ah oui, si je travaille ici depuis longtemps ? Je suis dans l’entreprise depuis…» , il levait la tête un instant de la route pour réfléchir et fit une légère embardée qui secouait le véhicule. « Depuis 2012. Putain déjà ! J’ai l’impression que ça fait une éternité ! »
Et bim ! Sa théorie se confirmait ! Quand on prenait le temps d’y penser, c’était tout de même incroyable que les employés qui avaient connu les attentats soient restés. La stagiaire n’avait pas vécu grand-chose dans sa vie et un simple incident de porte automatique avait failli la traumatiser. Coleen ne pouvait tout simplement pas s’imaginer vivre un jour ce que Angel ou Terrence avaient vécu après un évènement pareil. Comment avoir encore confiance en l’entreprise même ? Comment faire pour se lever encore chaque jour en ayant conscience que tout pourrait s’effondrer si vite ? Non, vraiment ceux qui étaient restés passaient un peu pour des fous ou des extraterrestres aux yeux de la blondinette.
Mais à côté de leurs airs de paranoïa prêts à mordre, il y avait aussi une aura qui se dégageait d’eux et qui faisait que la jeune fille se sentait en sécurité. Parfois elle était un peu désarçonnée par leurs manières un peu abruptes mais quand même. En cas de problème, elle voyait mal son chef de la section guide ou même un paléontologue autre que Terrence savoir comment réagir.
« Bon et toi Coleen, tu fais des études de quoi et qu’est-ce que tu veux faire après ? »
Le virage manqua de la projeter contre la portière mais elle avait été maligne en voyant le tournant que prenait la route et Coleen avait discrètement agrippé le siège avec ses mains, de chaque côté de ses genoux. Il ne restait que peu de temps avant d’arriver. À son grand bonheur, la stagiaire allait pouvoir se contenter d’une réponse courte sans paraître malpolie.
- Heu… Je vais probablement bosser dans la communication, je ne suis pas encore très sûre. Je fais beaucoup d’encadrement visiteurs pour découvrir les attractions mais je fais aussi des missions avec les documentalistes donc…
Coleen ne termina pas sa phrase. Elle avait 18 ans et n’avait pas vraiment d’idées sur ce qu’elle souhaitait. Être guide ne lui déplaisait pas mais ne l’emballait pas non plus. Et si elle avait apprécié travailler avec Luis Fidelista sur un projet vidéo, la proximité avec les dinosaures mais aussi ce curieux personnage amateur de joints ne l’avait pas rassuré non plus. L’ensemble avait pris le pas sur son enthousiasme de découvrir le métier. Mais d’autres missions viendraient et cela changerait peut être sa vision des choses ?
Oups ! Coleen vit qu’ils arrivaient à son bungalow et elle s’exclama d’un coup en le montrant du doigt !
- C’est celui-là mon bungalow !
Dans la précipitation, sa voix avait grimpé dans les aiguës et à la vitesse où il allait, Terrence fut obligé de piler et s’arrêta juste devant. La boue gicla et éclaboussa tout le trottoir. La voiture fit un petit accoup qui secoua un peu les gens dans l’habitable. Coleen l'entendit grogner d'un air mécontent. Ils échangèrent un regard : chargé d’agacement pour lui, chargé de gêne pour elle.
- Oups… Désolée, j’aurais dû prévenir plus tôt.
Coleen hésita, se demandant si elle devait remettre son kaway ou non. Mais la pluie était tout de même moins torrentielle qu’elle ne l’était quand elle était montée dans la voiture et la porte d’entrée n’était pas si loin. Elle allait se dépêcher. À la fois de sortir du véhicule, afin de laisser ce brave monsieur retourner à ses occupations mais aussi de rentrer chez elle.
- Bon ben… Merci Monsieur Taylor de m’avoir ramené. Bonne fin de journée ?
La jeune fille ne voulait pas être impolie et s’enfuir comme une voleuse mais elle n’avait pas très envie de s’imposer. Surtout que le paléontologue était pressé. Il eut une tête bizarre et Coleen eut peur qu’il ne réponde pas et qu’elle soit obligée de partir comme ça mais il prit la parole malgré tout :
« Hmm... De rien, regardes sous le siège, j'ai un parapluie en rab. Et petite ? Te bile pas, le plus important c'est de faire ce qui te plaît. T'as encore tout le temps de réfléchir et de changer d'avis. Ok ? Aller. Rentres vite au chaud. »
La blondinette hésita mais finit par passer la main sous le siège et prit le parapluie. Elle pourrait toujours le déposer à l’accueil du QG un jour au passage. Pas question de ne pas lui rendre mais elle ne se voyait pas s’aventurer dans les locaux des paléontologues et frapper à sa porte. Terrence semblait avoir bon fond mais ce n’était pas une raison pour faire ami-ami non plus. Si ce qu’il disait était dit sur un ton bienveillant, le bonhomme restait quand même impressionnant et sa voix grave donnait l’impression de lancer des ordres malgré tout. Elle écouta avec attention ce qu’il disait et secoua vigoureusement la tête quand il lança un “ok ?”. Compris mon Général !
Coleen couina un petit merci et s’empressa d’ouvrir la portière puis le parapluie sans se coincer les doigts dans le mécanisme. La jeune fille s’appuya contre la portière pour la fermer et courut se mettre à l’abri sous l’auvent du bungalow, posa le parapluie à terre, glissa la clé dans la serrure et se retourna vers la voiture car elle ne l’entendait pas repartir. Terrence semblait attendre qu’elle rentre et elle se sentit un peu idiote. Prise de stress, elle fit un sourire et leva sa main pour lui faire un petit coucou enthousiaste. La stagiaire piqua ensuite un fard et se réfugia rapidement à l’intérieur.
Dans la précipitation, elle claqua la porte. Et explosa de rire. Elle venait de faire un coucou à un chef de section. Et pas le plus amical de la bande en plus. La prochaine fois elle lui ferait un bisou sur la joue pendant qu’elle y était aussi… Oh non, maintenant elle avait envie de mourir de honte. Non définitivement, elle déposerait le parapluie à l'accueil.
Après avoir vérifié que la voiture était partie cette fois, elle ressortit et s’assit sur la marche sur laquelle reposait la porte d’entrée et retira ses baskets pleines d’eau qu’elle posa à l’envers sur le bout de terrasse. Constatant l’état de ses jolies chaussettes jaunes à rayures, elle les retira et alla les essorer dans l’évier. Coleen s’empressa ensuite d’enfiler un gros jogging bien confortable et un sweat à capuche et téléphona à ses parents pour leur raconter ses mésaventures de la journée. | |
| | | Terrence McTaylor
Messages : 44 Date d'inscription : 06/09/2013
| Sujet: Re: Un temps de chien Mar 14 Mar 2023 - 11:55 | |
| Terrence mit un coup de volant pour redresser le véhicule sur la route qu’il avait quitté des yeux temporairement pour regarder la gamine. Les essuis-glace bataillaient comme jamais sur le pare-brise et frappaient un son insupportable et répétitif. Ce n’était pas une conduite très agréable mais le vieux paléontologue avait l’habitude. Il n’était pas rare que ce genre de météo vous tombe sur le coin de la gueule sur des îles tropicales comme Isla Nublar. Pour quelqu’un qui n’aimait pas la pluie, Terrence était servi. « Heu… Je vais probablement bosser dans la communication, je ne suis pas encore très sûre. Je fais beaucoup d’encadrement visiteurs pour découvrir les attractions mais je fais aussi des missions avec les documentalistes donc… »
Le chef de section s’apprêtait à lui donner son point de vue sur les documentalistes, un avis encore bien tranché, quand soudain Coleen s’écria en pointant du doigt une direction.
« C’est celui-là mon bungalow ! »
Terrence balançait un “putain” qui se noya dans le brouhaha de l’habitacle et pila d’un coup. Grand coup de frein, glissade sur quelques mètres qui balançait le cul de la voiture de gauche à droite pendant quelques instants. Le tout se termina dans un accoup magistral à vous faire la nuque en cul de poule. Il avait repeint dans le même temps l'arrière du véhicule et le trottoir d’une jolie couverture boueuse. Parfait. Le vieux paléontologue émit alors une sorte de grognement guttural de désapprobation. Il tournait lentement sa tête vers la gamine qui le regardait avec gène.
« Oups… Désolée, j’aurais dû prévenir plus tôt. »
“Ah oui tu penses glougloute ?” pensait-il suffisamment fort pour que cela se lise dans son regard. La gamine bien emmerdée ressemblait à une poule avec un couteau avant de finalement reprendre la parole.
« Bon ben… Merci Monsieur Taylor de m’avoir ramené. Bonne fin de journée ? »
“Monsieur Taylor”. Pétard et puis quoi encore. Même pas foutu de retenir un prénom. Les générations sont de plus en plus cons ou bien ? Mais bon, fallait-il lui en demander plus en même temps ? Avec ces airs de chien battus, comment ne pouvait-il pas la prendre en pitié ? Avec ce temps et sa corpulence, il était bien possible qu’elle s’envole et qu’on ne la retrouve jamais. Ou elle aurait pu se perdre dans la pénombre et s’éloigner du sentier, ce qui était plus possible quand on y réfléchissait. Cela n’aurait pas été la première fois que ce genre d’incident arrivait. Pas spécifiquement sur Isla Nublar mais de manière générale dans le monde. Des personnes s’égarent, se perdent et disparaissent tous les jours. De sa propre expérience personnelle, il pouvait en témoigner, ils avaient perdus plus d’un homme au Vietnam. Des gars qui étaient partis pisser ou poser une pêche trop loin. Un animal sauvage, un faux pas, un ravin, un piège quel qu'il soit. Un rien pouvait tuer un homme. Il était en général plus facile de mourir que de vivre et ça Terrence l’avait appris à ses dépends. Un accident est vite arrivé. Alors, oui, Terrence préférait perdre 10min de sa stupide réunion et ramener cette gamine chez elle plutôt que d’apprendre qu’elle s’est paumée dans la forêt et qu’on ne l’a jamais retrouvé. Bordel. Même si ça passait par un “Monsieur Taylor”. Il grognait de nouveau d’un air agacé, lassé lui-même par sa gnangnantise et lui répondit finalement.
« Hmm... De rien, regardes sous le siège, j'ai un parapluie en rab. Et petite ? », lui dit-il avant qu’elle parte. « Te bile pas, le plus important c'est de faire ce qui te plaît. T'as encore tout le temps de réfléchir et de changer d'avis. Ok ? » Il appuyait ce “ok” d’un regard sévère.« Aller. Rentres vite au chaud. »
Elle le regarda un instant avec des yeux de merlan fris et finit par passer la main sous le siège pour récupérer le fameux parapluie. Elle l’écoutait cependant avec une attention qui plaisait au paléontologue et secouait la tête vigoureusement pour signaler qu’elle comprenait ce qu’il essayait de lui dire. Passons le fait qu’elle ressemblait à un bobble head, vous savez, les chiens qu’on foutait dans la voiture pour décorer… Bref, elle lui balançait un merci qui ressemblait plus à un couinement qu’autre chose. Elle ouvrait finalement la portière et la refermait avec son cul. Cul probablement inexistant vu que la voiture poussait désormais une gueulante pour signaler qu’elle était mal refermée. Génial.
« ‘Fais chier. »
Il se penchait en s’étalant de tout son long sur le siège passager pour l’ouvrir et la refermer correctement en balançant en grommelant et à voix haute un :
« Putain. Coleen. Colout ouais. Stagiaire de mes deux. Pas foutu de retenir un nom. Pas foutu de fermer une portière correctement. »
Il relevait vivement la tête pour voir où se trouvait la gamine quand celle-ci, avec la plus grande innocence du monde, lui fit un coucou de la main qu’il perçut tout juste dans la pénombre.
« Roh putain. Mais regarde moi cette gourdasse. Pitié. Au secours. Se perdre dans la forêt, mais à quoi je pensais ! Tu parles. C’est tout juste si elle sait où sont ses deux pieds. Regarde-moi ces bras tout maigre ! On dirait qu’elle vient de découvrir sa main. Coucou petit singe ! », fit-il imitant son geste en exagérant. « Y’en a tous les mètres carrés maintenant ou quoi ?! Ça devient nawak ! On devrait leur foutre des gyro’ ou j’sais pas quoi. »
Il grillait une nouvelle cigarette en attrapant son téléphone. Il composait finalement le numéro enregistrer dans ses contacts et eut rapidement l’autre personne au bout du fil.
« Ouais ? Allo ! Terrence au bout du fil. » « Salut. T’as pas besoin de me le dire tu sais ? Je sais lire le numéro qui s’affiche mais merci. », dit-elle d’un air agacé. « Ouais bon ça va. Journée de merde pour toi aussi ? » « Yup. M’en parles pas. Bon, qu’est- je peux faire pour toi ? », s'impatientait-elle « Je comptais pas le faire de toute façon mais ok. Alors, dis moi. On a combien de stagiaires en ce moment parce que perso je m’y retrouve plus ? C’est un peu la porte aux recrutements foireux si tu vois ce que je veux dire. Genre foireux de type 2013 si tu vois ce que j’veux dire. » « Ouais… ? J’vais voir ce que je peux faire. Merci du retour Terrence. » « Pas de quoi. Parfait. On s’fait une bouffe un de ces quatre ? » « Yup.» « Ok. Bonne soirée. À plus. » « Plus.» *bip*
Elle avait raccroché plus vite que son ombre et Terrence comprit rapidement que Angel n’avait visiblement pas terminé sa journée non plus. Le vieux paléontologue rangeait désormais son portable dans sa poche et tirait une latte sur sa cigarette. C’était quand même dingue qu’il soit obligé de la tenir au courant de ce genre de problèmes. Harlowe avait triplé la sécurité du parc, c’était factuel. Si bien que Terrence n’aurait pas pu pisser dans un buisson sans qu'elle ne le sache. À peine le crayon à l'air que vous aviez déjà une caméra braquée sur le zigouigoui. Les nouvelles technologies étaient si poussées que le paléontologue n'était pas si étonné si on lui disait qu'elle pouvait vous identifier rien qu'en vous matant le cigare ! Si si… C’est fou ce qu’on fait maintenant ! Un genre de reconnaissance faciale ou on-ne-sait-quoi mais pour la bistouquette ! Mais non, même pas un simple suivi des stagiaires. On engageait n’importe qui ou n’importe quoi à tout va. Depuis le temps InGen aurait dû comprendre que les problèmes venaient de l’intérieur quand même. Alors pourquoi pas un foutu stagiaire ? “Bon… Peut-être pas elle”, pensait-il en fronçant les sourcils. Elle semblait trop quiche mais hey. Sait-on jamais ? Après tout, l’autre tanche de Garland était bien de mêche avec la Chimère. Qui l’aurait cru ? Mais il était aussi possible que les entreprises ou autre culte à la con embauchait aussi des abrutis pour brouiller les pistes. Sur ce trait de réflexion qui tournait en rond et qui faisait juste retarder l’inévitable, le véhicule toujours en marche, Terrence appuyait de nouveau sur l’accélérateur et fit patiner un instant les roues qui, visiblement, galéraient à repartir. Petite manœuvre et hop, direction le QG des paléontologues.
« Bon. Réunion de mes couilles : à nous deux ! », fit-il alors que le véhicule bravait de nouveau la route boueuse et cette pluie qui n’en finissait pas.
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