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 Pour de bon

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Terrence McTaylor

Terrence McTaylor


Messages : 44
Date d'inscription : 06/09/2013

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MessageSujet: Pour de bon   Pour de bon EmptyJeu 29 Sep 2022 - 15:16


 
❝Pour de bon❞

   
Texas.

   

 
Musique : 
Spoiler:

Terrence, visage de marbre, saluait les nouveaux arrivants. Des nouvelles têtes qui étaient d’ailleurs plus attristées que lui. Parce qu’il devait être triste lui ? Plutôt crever que de verser une larme pour cette vieille carne. Il ne les connaissait même pas ces cons. Il n’avait même pas été foutu de reconnaître ses sœurs. Suzanne et Denise... Non. Denise et Suzanne. Non ? Suzanne et Denise ? Merde. Elles avaient pris un sacré coup de vieux.

Le vieil homme fronça les sourcils.

Pourquoi est-ce qu’on l’avait invité ? Pourquoi est-ce qu’il avait accepté l’invitation d’ailleurs ? Il n’avait pas d’autres trucs plus intéressant que ça à faire ? Il avait quitté des fouilles pour ça. Sérieusement ? Il restait son fils après tout et si ça pouvait la faire chier pour son repos éternel il se devait d’être là. Quelle connasse ! Il la détestait. Elle le détestait. Il ne lui devait rien. Et pourtant, il était là. Quel enfer.

« Connasse. », sifflait-il entre ses dents en direction de son portrait.

Les portes se refermaient. La cérémonie allait pouvoir commencer. Un homme sortait d’une pièce sombre et s’installait derrière un pupitre presque trop haut pour lui. Il se penchait respectueusement sur un micro et entama l’énumération de quelques railleries religieuses. Des foutaises à faire bander un moine. Terrence détourna le regard de frustrations. Il serrait les dents et levait les yeux au ciel. Puis c’était au tour de ses sœurs de se lever. Retenant des larmes, elles bavèrent quelques mots entrecoupés de quelques sanglots. Dans l'enchaînement vint le tour de ses nièces. Il ignorait leurs âges, il ignorait leurs prénoms. Elles lisaient un poème sur l’amour ou une autre connerie mielleuse du genre. Bordel. Terrence avait envie de vomir. Le vieil homme avait envie de hurler “remboursé !” mais ça aurait été mal vu. Mal vu ? Comme s’il en avait quelque chose à foutre de ce que ces abrutis pensaient. Personne ici connaissait sa mère comme lui l’avait connu. On aurait même dû le payer pour sa présence. Alors qu’elles récitaient le dernier vers, Terrence ne put attendre une minute de plus pour ces inepties. Il bondit de sa chaise, bouscula quelques genoux et passa devant l'une de ses sœurs qui s'apprêtait probablement à sortir encore une niaiserie. Elles ressemblaient toutes les deux à sa mère. Rien que de les voir provoquaient en lui un mal-être qui le rongeait. Il s'imposait. Elle retournait s’asseoir, frustrée de ce bouleversement. Il s'éclaircissait la gorge. Ce raclement résonna dans les enceintes disposées dans les angles de la pièce alors qu’un silence presque gênant s’installait.

« Je vais dire deux trois mots si ça ne vous dérange pas. »

Il lève maladroitement un verre pour indiquer qu’il allait commencer son toast. De toute façon si ça les avait dérangé ça aurait été pareil.

« Bonjour. Terrence McTaylor. Unique fils de cette jolie fratrie. La plupart ici n’ont probablement jamais entendu parler de moi mais bon passons. Que dire de Mère…Dorothy McTaylor. Né le 4 septembre 1925. Morte le 20 juillet 2014. Que dire de cette femme… Elle fumait comme un pompier. Elle était capable de finir une clope en une seule respiration. Si si, j’vous jure, je l’ai déjà vu faire ! Et je suis sûr que je ne suis pas le seul ici ! »  

Il chercha du regard et vit quelques sourires de confirmation. Il reprit sans s'attarder.

« Une femme remarquable certains diront.  Elle a vécu toute sa vie dans le Texas. Marié à Robert McTaylor qu’elle rencontre après la Grande Guerre en 1945. Donc mariée tardivement pour l’époque. Elle m’avait d’ailleurs raconté une histoire. Son père, qui avait été gravement blessé pendant la Première Guerre, qui un jour l’avait  battu parce qu’elle traînait à la maison et qu’elle n’avait pas été capable de fonder une famille à son âge. Faut croire que c’était de famille. Ça se transmet de génération en génération. Et elle m’avait raconté ça comme si c’était un exemple, comme si ça justifiait son geste. »

Il imitait la voix d’un vieillard sur un ton un peu moqueur.

« En mon temps, ça f’rait longtemps qu’on t’aurait rayé de la famille et balancé aux cochons. »

Il reprit sa voix normale.

« Et quand il disait cochon, il voulait dire “boche” bien sûr. Bref. Oui. Marié en 1945 à Robert McTaylor. Traumatisé par la guerre. Il ne supportera pas… Et c’est la version officielle… Il ne supporta pas le calme à la maison et se donnera la mort en 1955. Si vous voulez mon avis… »  Il regarde la salle, cherchant quelques réfractaires. « Je vous le donne quand même. Je pense qu'il n'a surtout pas supporté la vieille. Il a quand même tenu dix ans avec elle le bougre. Bravo papa. Mais j’ai battu ton record ! Je suis resté dix huit ans avec elle ! », fit-il en levant le bras et les yeux au ciel. « Ils eurent ensemble quatre enfants. Denise en 1946. Suzanne en 1948. Terrence, moi, en 1952. Eleonore en 1957. »

Il marquait une pause pour trouver ses mots alors que des yeux d’incompréhension s’accrochaient à ses mots, cherchant à comprendre son cheminement. D’autres encore sanglotaient dans leur coin. Comme si ce qu’il disait était émouvant. De l’émotion il allait leur en donner.

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« En dix ans, ils ont construit une ferme. Un patrimoine. Elle y travaille corps et âme jusqu’à la fin. Aujourd’hui donc... J’ai pas grand chose à dire sur ma mère. Elle ne m’a jamais aimé. Elle en a toujours eu que pour mes sœurs. Et pas une seule fois dans sa vie elle m’a donné une once d’appréciation. Je pense que pour elle, j'aurais dû la remercier les jours où elle ne me battait pas… Pour tout vous dire, c’est un peu de sa faute si j’ai fui le foyer familial. C’est carrément de sa faute même. J’ai préféré aller me foutre sur la gueule avec des niakoué à quatorze mille putain de kilomètres de sa putain de gueule. J’ai fait le putain de Vietnam plutôt que de supporter encore ses discours moralisateurs et ses coups de poing ravageurs. Ah ça ! Elle savait cogner la Dorothy. Je sais pas si certains ont déjà tâté de son crochet du droit ? » Il regarde son audience un instant. Cette fois personne ne réagit, il reprend d’un air presque surpris en se tournant vers le cercueil. « Non ? Personne ? Vraiment ? Eh bien. Je me sens privilégié. Merci Mère de m’avoir au moins légué ça. Ton héritage sera bien gardé… Qu’est-ce que t’en penses Mère ? Tu me laisses au moins ça ? Quelque chose à ajouter ? Non ? Une petite dernière raclée pour terminer ? T’es pas d’accord ? Toc une fois si tu es d’accord ! Non ? Bon. Je pense sans vous mentir que je n’ai jamais autant parlé en présence de Mère sans qu’elle me dise de fermer ma gueule et d’aller me faire voir. »

Comme s’il savait que la suite allait être difficile pour lui mais qu’il refusait de se l’avouer, Terrence glissa sa main dans sa poche et sortit son paquet de clopes. Il l’ouvre et l’approche de son visage pour en attraper une. Les gens s’exclament, rouspètent. Il les emmerdait tous ces cons. Il enfonce le paquet dans sa poche et cherche dans l’autre son briquet. *clip* Une profonde inspiration et la cigarette rougit. Après une longue taffe, il disparaît l’espace d’un instant derrière un petit nuage de fumée. Il reprend. Ses mots étaient désormais mâchés par la clope qu’il avait au bec.

« *Pfffffffff*. Hmmm. Laissez-moi vous raconter une histoire sur ma mère. On était au magasin du coin. Je pense que certains d’entre vous le connaissent. J’vois des anciens dans la salle, ça vous parle p't'être. J’sais pas s’il existe encore. Ben&Co que ça s’appelait. Y’en avait pas trente-six de toute façon. Là, j’vois ses superbes chaussures et j’lui dis que je voudrais les avoir. Classique caprice de gamin finalement. Elle me dit, pleine de sagesse comme à son habitude, que l’on a rien sans rien et que je n’avais qu’à travailler pour me les acheter moi-même. Cruel mais plein de bons sens. Une bonne leçon en soi. Alors moi, pleins d’enthousiasme à l’idée de travailler pour m’offrir mes premières chaussures, je me lance ! J’fais des petits boulots, je vais aider les fermes voisines, je ramasse la merde par ci, par là quoi. Les jours passent et PAF ! Ça y est ! J’ai pile poil assez pour m’acheter mes chaussures. Pas une ni deux. Je fonce. Je le dis fièrement à ma mère. »  Il prend une voix faussement fluette. « Mère ! Mère ! Regardez ce que le voisin m’a donné ! » Il reprend sa voix. « Elle m’a foutu une raclée, m’a pris mon argent et est parti s’acheter des paquets de cigarettes qu’elle a fini en trois jours. Et vous savez ce qu’elle m’a dit ? Je cite . On a pas toujours ce qu’on veut sale gamin pourri gâté. C’est clair que j’avais certainement pas souhaité cette trempe qu’elle m’a mise... J’avais gagné cet argent. J’avais sué pour l’avoir. Mais malgré tout. J’étais ENCORE le sale gamin pourri gâté… Je blâme mon père pour être parti trop tôt, pour m’avoir abandonné avec elle. Je blâme ma mère pour avoir été la pire chose qui me soit arrivée dans la vie. Et j’ai fait le Vietnam pour rappel, c’est dire… Je blâme mes sœurs pour l’avoir laissé faire. Et peut-être que si Père avait été là ça aurait été différent. Peut-être. Vous savez le plus drôle dans tout ça ? C’est que je suis là, à salir son image, à vous donner mon opinion, tout ça. Et malgré tout, certains trouvent encore moyen de s’offusquer. La question c’est de savoir qui était la vraie Dorothy ? La vôtre ou la mienne ? Et vous savez la putain de chute à cette blague ? Eh bien on ne le saura jamais. »

Il prit une longue taffe et toussa un peu.

« *tousse tousse* Hmm. Merde. J'sais pas comment elle faisait la vieille. Hmm ! Tiens ! » fit-il comme frapper par une révélation. « Autre chose de drôle tiens ! Je vais vous dire. Quand je suis arrivé à l’armée. Peut-être même pas une semaine après hein. Le capo qui nous entraînait vient me voir, me tapote l’épaule et me dit : mon garçon, tu feras un bon soldat, tu peux être fier ! Une semaine … Il a fallu une seule putain de semaine… Et je vais vous dire une chose, ce capo qui finalement ne faisait que son boulot hein. Il m’a montré plus de compassion que ma mère ne m’a jamais donné. Et elle a eu dix huit ans pour le faire… Il m’a fallu dix huit ans pour entendre mon premier compliment. Le premier contact physique qui n’était pas une beigne dans la pif. J’ai attendu 18 ans au côté de cette femme. J’ai perdu dix huit ans de ma putain de vie. Mais vous savez ce que c’est. On est trop con. J’étais là. J’attendais. Je me disais : Au fond d’elle, elle m’aime. Bien bien, bien enfoui. Quelque part bien au fond de son cœur moisi y’a une partie d’elle qui m’aime. Tôt ou tard ça arrivera. Elle va m’aimer. C’est imminent… J’vous gâche la fin de l’histoire. C’est jamais arrivé. Vous savez, c’est comme quand on va voir un film et qu’on attend le moment, le climax mais qu’il n’arrive jamais…Que ça tourne en rond et que ça va nulle part, qu’au final c’est juste un mauvais film qu’on oubliera après quelques heures de sommeil. Au final on est juste déçu. On se dit que ça aurait pu être mieux. Mais ça le sera jamais. »

Il tira une nouvelle bouffée sur sa cigarette, plus courte cette fois, et souffla sa rengaine dans la pièce. Quelqu’un toussa dans l’assemblée. Tiens, manges ton tabagisme passif connard. Il posa sa main sur le bord du pupitre et s'y accrocha alors fermement comme pour se rassurer, comme pour se donner du courage. Il poursuivait.

« Une fois, ma mère m’a frappé si fort que je suis resté inconscient toute une après-midi dans notre salon. Quand je me suis finalement réveillé. Elle m’a demandé ce que je faisais là allongé comme une feignasse. Elle ne m’avait même pas remarqué… Une fois, ma mère m’a fait dormir dans la grange pendant un an. Je dormais autrement dans le grenier, je cite, pour me voir le moins possible. Une fois, ma mère, pour me punir de l’avoir regardé de travers ; mais pour elle il suffisait de pencher la tête ; m’a enfermé dans une pièce et m’a ordonné de rester cinq heures devant un miroir. J’sais pas ce qu’elle essayait d’accomplir ce jour-là. Elle voulait peut-être que je vois ce qu’elle voyait en moi ? Peut-être qu’elle voyait tout simplement mon père ? Boah. Ça n'a plus tellement d’importance maintenant. Ma mère ne m’aimait pas. J’ai essayé de l’aimer mais j’en avais peur en réalité. Et bien que j’ai essayé durant un temps d’attirer son attention, de faire en sorte qu’elle m’apprécie ; ce qui, quand on y réfléchit, est terrible pour un enfant hein ; j’essayais de la déranger le moins possible. Un rien l’a f‘sait partir au quart de tour de toute façon. J’ai pris des claques parce que je respirais trop fort ou simplement parce que j’étais enrhumé. C’est vous dire. À un point où je sursautais tout seul dans la maison quand j’entendais une porte claquée, de peur que ça soit de ma faute ou que subitement ça le devienne. Juste peur de la frôler par mégarde… Ma mère n’était pas une bonne mère. Ma mère me détestait. »

Malgré lui, il jetait un coup d'œil attristé vers ses sœurs qui le regardaient d’un air désolé. Il ravalait sa fierté et déglutit dans une sorte de hoquet étouffé. Il reprit.

« Ma mère me détestait et elle me détestera pour toujours maintenant. Jamais je ne pourrais avoir mieux que ce que j’ai eu. Jamais je ne pourrais savoir ce qu’elle me reprochait. Jamais on ne pourra changer ça. Ma mère me détestait. C’est un fait. Un point c’est tout. »


Terrence, au regard froid et plein d’amertume, s’approcha du cercueil et y écrasa sa cigarette en la frottant avec insistance. Il la laissait là, trônant fièrement. Debout. Planter comme un pieu.

« Tiens. Dernière clope pour toi Mère. Elles auront enfin fini par avoir raison de toi. Enfin. Merde. Pas la peine de vous emmerder plus longtemps. Ma mère est née en 1925, elle est morte en 2014 et j’ai absolument aucune putain d’idée de ce qu’elle attendait de moi. »

Sous des regards noirs, médusés et offusqués, Terrence sortait de la pièce et claquait la porte derrière lui. Il est accueilli par une grande bouffée d’air frais qu’il laisse pleinement entrer dans ces poumons. Il jette un regard las vers le ciel. La chaleur du soleil lui caresse le visage. Il rallume une cigarette d’une main légèrement tremblante. Jamais plus il ne reviendrait dans ce patelin maudit. Cette fois, il partait pour de bon.


   
   
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