Un paléontologue en 2022, ça fait quoi?

Salut à tous,

Comme vous pouvez le voir, certaines personnes ont réussis à me sortir du bocal de formol dans lequel j'étais et qu'on appelle la vie d’adulte, avec ses aléas, ses factures, ses boulots mal payés, etc… Comme certains le savent, je suis arrivé sur ce forum en 2011 ou 2012. A l’époque, on était encore sur Xooit. Souvenez-vos, les plus anciens… Les partenariats avec le forum Jurassic Park Operation Genesis (JPOG). C’est d’ailleurs comme ça, en cherchant à moder mon jeu, que je suis tombé sur le forum. J’y joue un paléontologue, Marcos Shannon.
On est en 2022 au moment où j’écris ses lignes, à peu de chose près, je suis devenu le personnage que j’ai joué pendant des années. Ce que je vous propose avec ce sujet, c’est de vous présenter un peu ma vie de paléontologue au quotidien en vous montrant mon métier, mes activités en liens, mes lectures, etc.
Il n’y aura pas de rythme régulier. Je posterai juste à la suite de temps en temps.

Pour commencer, je propose de vous expliquer mon parcours depuis le bac jusqu’au métier que j’ai aujourd’hui.

J’ai d’abord fait une licence en Sciences de la Terre et de l’Environnement. J’ai commencé à Orléans, à l’OSUC (Observatoire des Sciences de l’Univers en région Centre). Je suis ensuite partie en deuxième année à Poitiers. La licence en géologie a été une expérience incroyable et il me faudrait des heures pour en parler. Pour résumer, j’ai appris des choses qui en plus de me passionner ont changé parfois ma vision du monde qui nous entoure. J’ai aussi rencontré des gens de tous les horizons. J’ai appris à devenir un homme, à être autonome et aussi à devenir un citoyen. Bref, peu importe la filière, je ne peux que vous pousser à essayer l’université.
J’ai ensuite fait un master en paléontologie, spécialisé dans tous les animaux à squelette. La première année était à Poitiers et la deuxième à Montpellier. J’en tire un souvenir mitigé. Les cours étaient cool pour la plupart, car il s’agit de professionnel qui vous montre leur travail, leurs résultats. J’ai fait un stage en première année de master sur … la phylogénie des superhéros ! On est loin des dinosaures !
En fait, j’ai utilisé une technique qui s’appelle la cladistique et qui sert à faire des arbres montrant des liens de parenté. Sauf qu’au lieu de le faire sur des fossiles, je l’ai fait sur des super héros, afin de démocratiser cette technique au grand public. Ce stage a donné un article publié dans la revue du Muséum de Paris : Espèces. Je vous le mets si vous êtes intéressé.



En deuxième année de master, j’ai fait un stage ou j’étudiais les marques d’usures produites par les plantes sur des dents d’hippopotames il y a 2 millions d’années en Afrique, afin de savoir ce qu’ils mangeaient, et donc les plantes présentes, et donc le climat. Sujet intéressant, mais l’équipe pédagogique a laissé à désirer. Bref. J’ai eu l’occasion pour ça d’aller à Lyon, ou j’ai fait des moulages silicones des molaires des pachydermes, comme un dentiste le ferait sur un humain. Je vous met à quoi ressemble l’usure au microscope. Les trains sont faits par les herbes abrasives et les points par les trucs plus cassants comme les fruits. Les proportions de l’un ou de l’autre vous donnent le régime alimentaire.



Comme j’ai fini avant-dernier de promo avec 11,6 de moyenne générale, je n’ai pas pu candidater à l’école doctorale qui vous donne votre thèse. La thèse c’est un CDD de 3 ans où vous finissez d’être étudiant et où vous commencez à devenir chercheur. J’ai postulé à plusieurs thèses en France et à l’étranger, sans succès. Les places sont rares et les candidats trop nombreux.

Pour me reconvertir, j’ai fait une troisième année de master, mais cette fois en médiation scientifique. L’objectif : apprendre à être la passerelle entre le monde de la recherche, que je connais bien, et le grand public. Cette année s’est mal finie, car ayant obtenu une note éliminatoire à mon stage de M2 (du fait que ça se passait mal avec mes profs), ils m’ont invalidé mon année entière. Donc techniquement, je n’ai pas mon master en médiation scientifique. Mais j’ai quand même appris plein de choses : gérer des projets, organiser et animer des visites, des randonnées, j’ai appris à concevoir et gérer une exposition ainsi que tout un tas d’outils numériques. Ça a également conforté mon idée de devenir médiateur scientifique, mon métier actuel. Durant mon M2, pour faire simple, j’ai travaillé sur les 150 ans du tableau périodique des éléments. J’ai fait des animations et aussi conçu un atelier de création d’atomes, basés sur les atomes fictifs (vibranium, adamantium, unobtanium, etc.). J’ai aussi bossé sur l’élaboration d’un tableau périodique des éléments avec des cartes Pokémon. Oui, j’étais payé pour ça.
Là, vous pouvez me voir faire tester un prototype de jeu de société sur la découverte des atomes à des lycéens.




J’ai ensuite fait un service civique de médiateur scientifique et culturel dans une petite ville de campagne : Montmorillon. C’était plutôt cool et j’ai pu apprendre de nouvelles choses : l’imprimerie 3D par exemple. Ça a surtout été un tremplin pour mon CV et ça m’a permis de rester actif, le temps de trouver mon boulot actuel : médiateur scientifique à Paléopolis !
Mais je vous expliquerai plus en détail mon job actuel prochainement.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Qu’est-ce qu’on fait d’autre dans mon boulot ?
 
Le médiateur scientifique est aussi là en tant que garant que les informations scientifiques soient à jour dans le contenu du parc. Si une exposition est créée ou agrandit, on doit vérifier les figures, les textes pour vérifier que c’est à jour.
On doit également créer des outils pour notre travail. Ça peut être du paléoart (dessin, sculpture) comme un de mes collègues faits. On peut aussi faire de l’impression 3D. On a où je travaille une imprimante 3D qui a couté la peau du cul (2300€) pour imprimer des fossiles si l’on a besoin (dans le cadre de certains ateliers).
Personnellement, j'ai créé des panneaux en dibon pour une mini-expo sur les paléontologues français. J'ai aussi construit un livret, un compagnon de visite, sur InDesign avec des questions, des mini-jeux etc.
La clef de ce boulot: la polyvalence. Même si il faut faire attention car sous couvert de polyvalence, on va vous faire faire parfois des trucs qui ne sont pas votre boulot...


 
Vous allez me dire « quand est-ce que tu vas sur le terrain du coup, chercher des fossiles et tout ? » Et bien pas dans le cadre de mon travail ! Je suis médiateur scientifique, pas chercheur professionnel en contrat pour une université ou le CNRS. Mais ! Je fais bien des fouilles. Je vous expliquerai ça dans le prochain post.