Sujet: Pour vivre heureux, vivons cachés Sam 30 Déc 2023 - 19:31
3 Juin 2015
Le détraqué était de retour. Il était revenu de la maison de fou d’Azkabranle pour jouer un mauvais tour au Jurassic World. Aux dernières nouvelles, il était mort au fond d’un lac ou d’un bordel. Tout le monde avait même pensé que les grosses pontes du parc avaient laissé le poste de Cole actif parce que un poste vacant suite à un suicide ça faisait tache dans le décor paradisiaque du parc. Un arrêt maladie aussi long avait signifié pour de nombreuses personnes ici qu’une seule chose : nous avions perdu définitivement Monsieur Hudson. Personne ne s’y attendait et Chris avait espéré ne plus le revoir. Le retour du Directeur était synonyme de problèmes. Le gros informaticien pouvait désormais faire une croix sur son règne prospère. Pendant tout ce temps où les candidats s’étaient enchaînés pour reprendre les reines du parc, Chris en avait profité pour progressivement prendre le contrôle informatique de l’île. Pripri avait bien sûr tenté de mettre quelques baguettes dans ses roues mais Chris obtenait toujours ce qu’il voulait.
Seule l’arrivée de la tyrannique Claire Dearing avait stoppé la progression de l’informaticien. Cette meuf était une obsessionnelle du contrôle et une fine observatrice. Il n’était pas facile de la duper et demandait à ce qu’on lui rende des comptes pour chaque mouches disparues sur le parc. Tromper la vigilance de la rouquine était une tâche ardue et Chris avait dû justifier la présence de la majorité de ses logiciels persos dans les programmes du centre de contrôle. Heureusement, il avait pu compter sur Eddy pour ça. Si le gros informaticien avait écrit un rapport pour expliquer que le programme wonderland.exe lui permettait de bypasser les restrictions imposées par les différents serveurs pour pouvoir naviguer librement parmi les différents dossiers administratifs du parc, il se serait fait probablement viré. Eddy, quant à lui, avait expliqué à Dearing qu’il s’agissait d’une commande de sécurité d’urgence utilisant le codage algorithmique WD5 afin de restreindre les accès administrateurs aux archives sécurisées du parc et dont l’activation devait se justifier en suivant la procédure 37.bis du code de la cybersécurité sur le lieu de travail. Bien jouer mon grand !
La nouvelle directrice s’était montrée très investie quant à la sécurité du parc. C’était donc normal que Christopher devienne son chouchou. Mais l’informaticien avait été surchargé par les nombreuses demandes de Claire, à tel point qu’il ne parvenait même plus à regarder un seul épisode de ses dessins-animés préférés au travail. Quelle emmerdeuse. Si avec cette folle il lui était difficile de se la couler douce, l’informaticien ne pouvait qu’imaginer à quel point se serait pire avec le retour du fils porridge. Il pouvait déjà le voir lui faire toutes sortes de demandes alambiquées du genre “aide moi à retrouver mon ex”, “il faut que tu protèges le parc”, “on doit mettre la main sur Shivak” niah niah niah. Bah ! Au secours ! Le responsable de la protection informatique du parc le plus dangereux et le plus convoité au monde n’avait plus le choix : il devait disparaître ! Et pour ça, il allait devoir redoubler d'ingéniosité.
Aujourd’hui serait une journée tranquille. En fouillant dans l’ordinateur de Pripri (le plan B de Cole au cas où il se ferait jeter à nouveau par la gosse sur qui il avait flashé), Chris avait remarqué que la journée serait plus que chargée pour son némésis. Seul point noir au tableau : une visite du centre de commande. Il allait devoir s’organiser pour être absent à ce moment-là précis. Mais pour l'instant, il avait encore le temps. Le détraqué allait d’abord visiter le parc dont il était à la tête. Ce qui laissait au gros informaticien la matinée pour mettre au point une stratégie d’évitement efficace. Heureusement, l’annonce du retour de Cole ne s’était pas faite hier puisque toutes les démarches administratives avaient débuté la semaine dernière. Chris avait donc eu l’occasion de préparer sa disparition à court terme depuis quelques jours. Et comme à chaque fois, son plan était parfait.
Pour aujourd’hui, la diversion serait simple mais efficace. À en croire les mails et le planning de la demoiselle Kensington, son boss serait trop occupé à s’entretenir avec Angel et à signer divers documents pour véritablement s’attarder dans le centre de commande. Aussi, il suffisait simplement de s’absenter une heure ou deux en début d’après-midi pour s’assurer une journée tranquille. Et pour ce genre d’occasion, Chris avait une excuse parfaite qui fonctionnait à chaque fois. Et comme à chaque fois qu’il comptait préparer un sale coup, Chris sortit son ordinateur portable perso (celui avec les autocollants de boissons énergisantes). Avec ses 367 programmes et logiciels qui le protégeait, Chris était sûr de pouvoir foutre le bordel sur le parc sans laisser de traces. Cet ordinateur était sans doute l’arme la plus dangereuse du Jurassic World pour celui qui savait l’utiliser. Mais pour y accéder, il fallait avoir le génie de Chris. Rien que le mot de passe était ultra compliqué. C’est pour ça que Chris l’avait écrit sur un post-it. Ce serait quand même con s’il ne parvenait plus à avoir accès à l’arme qu’il avait lui-même mis au point.
Une fois son ordinateur allumé, le gros informaticien écrivit une ligne de code qu’il connaissait par cœur. Et un des écrans se brouilla. Il était temps d’annoncer la nouvelle à ses collègues.
“heu… la caméra numéro 5 est en panne”
“Putain ! C’est bon, j’ai compris, j’y vais.” anticipa son souffre douleur favoris. Sauf que cette fois, c’était pour lui-même qu’il avait saboté la caméra.
“Nan ça va, je vais y aller”
Et soudain, le centre de contrôle du Jurassic World était devenu silencieux. La surprise fût totale. Personne ne s’attendait à une telle réponse. Le soda de Cruthers tomba au ralenti, Alexia vit sa mâchoire se détacher pour finir au sol et l’un des employés mit même en attente un ranger pour contempler la scène. Christopher Dennis Nedry était en train de se lever, et c’était comme si le monde entier assistait à un miracle! Tous les regards étaient braqués sur lui au moment où le gros homme prenait ses appuis sur les accoudoirs de sa chaise. Lentement mais sûrement, le postérieur de l’informaticien quitta ce qui était pour lui sa zone de confort, littéralement. Le craquement plaintif de la chaise résonna dans tout le local avant de laisser place à un couinement de soulagement. Chaque personne, chaque objet, chaque chips se sentait enfin libéré d’un poids : Chris allait partir sur le terrain! Même Jésus marchant sur l’eau n’avait pas retenu une telle attention. Il était debout. Il était debout! Il s’était levé comme un soleil se lève après une nuit sans fin. Il rayonnait tellement dans la pièce que certains employés devinrent aveugle. C’est ainsi que la rumeur qui disait qu’il avait fusionné avec sa chaise de bureau prit fin.
Mais la surprise ne s’arrêta pas là! Parce que Chris ne se contenta pas de se lever. Non! Il marchait aussi! Il MARCHAIT! Et si Chris y était arrivé, alors tous les tétraplégique du monde en était également capable! Il était devenu la preuve vivante que toutes les personnes en rééducation étaient de simples fainéants.
Au moment où il prit l'ascenseur pour se rendre dans les ateliers de la maintenance pour faire semblant de prendre le matériel nécessaire pour “réparer” la caméra, Chris vit au bout du couloir la troupe de lèches cul qui suivait Dearing et Hudson. Et les portes se refermèrent au moment où Cole passait devant lui. Le timing était parfait. Tout était millimétré. Cependant, l’informaticien frotta les quelques gouttes de sueur qui perlaient sur son front. il s’en était fallu de peu.
Chris D. Nedry
Messages : 19 Date d'inscription : 07/12/2015
Sujet: Re: Pour vivre heureux, vivons cachés Jeu 14 Mar 2024 - 1:31
4 Juin 2015
“Soldats, nous sommes en guerre. Et notre ennemi est puissant. Il compte s’emparer du parc et de tout ce que nous y possédons. Et pour ce faire, il mettra en place des moyens peu scrupuleux à la limite de l'indécence. Pour gagner, nous allons devoir ruser. Nous allons devoir exploiter l’ensemble de nos compétences afin de faire tomber notre assaillant dans de multiples pièges et de lui faire perdre toute combativité. Mais qui est cet ennemi ? Est-ce la Chimère ? Est-ce Biosyn ? Pas du tout ! Notre ennemi : le voici !”
Chris sortit alors de sa poche une feuille de papier qu’il mit un certain temps à déplier. Et quand ce fut chose faite, il afficha à l’ensemble de son armée disparate composé de légos, de figurine de chips, et de petits soldats verts une photo de Cole Husdon dont il avait noirci les dents au marqueur noir, mi une moustache iconique, et ajouté un cache-oeil de pirate pour qu’il fasse plus méchant. Mais même avec toute cette customisation, ce sale type était toujours aussi beau gosse. Il était semblable aux gamins dans les écoles avec qui toutes les nanas du bahut veulent sortir. Le retour du directeur ne s’était pas fait sans les soupirs d’admiration de toutes les mouille-faciles du Jurassic World. C’est pourquoi il se devait de mettre son peloton en garde !
“Ne vous laissez pas avoir par cette belle gueule. Il aurait dérobé l’innocence de Shaélyn Moore, une jeune ado de 22 ans, et volé le cœur de nombreuses personnes de sexe féminin. Nous avons affaire à un dangereux psychopathe sexuel. C’est pourquoi nous devrons agir avec prudence et discrétion.”
L’introduction était parfaite. Son unité d’élite était désormais briefée sur la dangerosité de leur ennemi et ses soldats savaient qu’ils allaient devoir faire preuve de ténacité et d’un grand sens du sacrifice. Tous ne sortiraient pas indemnes de cette opération, et ils le savaient tous. Mais c’était pour la bonne cause. Son plan d’évasion intitulé “If you want to be happy, keep your head down” lui permettra d'œuvrer en toute sécurité dans l’ombre du Jurassic World dans un endroit où personne ne pourra le déranger.
L’informaticien avait déjà remarqué l’intérêt grandissant que son patron lui prêtait. Mais même s’il pouvait comprendre que le détraqué soit tombé sous le charme de la personne la plus compétente du parc, il était hors de question pour Chris de tomber sous le joug de ce tyran à la belle gueule. Dieu seul sait la charge de travail colossale qu’il était prêt à lui refourguer. Être vu par le directeur du parc n’était définitivement pas une option.
Il lui fallait une planque. Une Safe Zone. Un endroit que le gros homme pourra squatter sans que cela n’éveil l’attention. Un abri désaffecté ? Non, l’endroit serait trop pénible d’accès. Un vieux local oublié dans les souterrains ? Hors de question ! Il fallait descendre des escaliers. Le seul endroit disponible dans l’esprit de Chris était son propre bungalow qu’il n'avait jamais utilisé en raison de la distance qui séparait le quartier des employés de la cantine du parc. Cependant, même si l’endroit était à l’abandon, il n’y avait aucun doute que tôt ou tard le détraqué s’y pointe.
C’est pour ça que son plan était parfait !
Installant un mikado au chocolat sous son aisselle pour imiter le bâton d’un général d’armée, le Commandant Nedry expliqua à ses fidèles soldats les tenants et aboutissants de l’opération.
“Unité Légo ! Vous serez en charge de la reconnaissance au sol. Votre objectif est de vous faire marcher dessus par notre cible. Il y aura de nombreuses perte parmi vous, mais votre sacrifice ne sera pas vain.”
L’informaticien pointa avec le bout de son mikado une planche en bois qui avait été installée à mi-hauteur à travers la porte.
“Grâce à votre diversion, le détraqué ne verra pas la planche en bois et se cognera la tête. C’est là que vous interviendrez Unité Petit Soldats Verts ! Vous serez en équilibre instable sur cette même planche et le choc vous fera tomber sur la tête de notre ennemi.”
Chris mangea le bâton chocolaté qu’il avait en main, ainsi que les autres présents dans son paquet avant d’arriver à la conclusion de son plan fabuleux.
“Le but de cette manœuvre sera d’attirer l’attention de notre adversaire sur cet écran !” Dit-il en indiquant l’écran dont il était question comme s’il avait toujours le bâton chocolaté au bout des doigts, oubliant qu’il l’avait déjà englouti.
Sur l’écran d’ordinateur, on pouvait y voir une vidéo prise d’une caméra de surveillance où l’on voyait Chris en train de profiter d’un succulent hamburger dans le quartier des employés. Il s’agissait d’une vidéo pré-enregistrée qui rebouclait sans cesse et dont le montage et la résolution avaient été modifiés de telle sorte que l’on ne remarque pas qu’il s’agissait d’un enregistrement.
“En me voyant dans le quartier des employés, ce serial-mouilleur de culotte aura l’idée de venir me débusquer dans mon bungalow et remarquera alors que ce dernier est à l’abandon depuis des années. Il n’aura alors plus jamais l’idée de se repointer là-bas. Et quand il tombera dans ce piège mesquin mais génial, nous pourrons alors entamer la phase deux de l’opération.”
L’incroyable informaticien afficha un air hautement satisfait et il y avait de quoi l’être. Personne d’autre que lui ne pouvait avoir une idée aussi géniale. Il se frotta les mains d’impatience et avait hâte de voir que son plan se déroulerait comme prévu.
“Bien ! Est-ce que vous avez des questions ?”
Et c’est alors que son armée de jouet divers, qui était silencieuse depuis le début, prit enfin la parole.
“Chris. Tu ne serais pas en train de sous-estimer Mr Hudson quand même ?”
C’était exactement ce qu’il était en train de faire. Son larbin était d’une lucidité épatante. Ce n’était pas pour rien d’ailleurs que le mécanicien était son larbin favori. Mais Môssieur le directeur était quelqu’un de prévisible. Il n’était qu’un homme, ses agissements étaient dictés par sa libido et sa soif de reconnaissance. Pour quelles autres raisons serait-il revenu sur ce parc sinon ? Pour sauver le monde ? Sûrement pas.
Mais Francky était inquiet. Il avait des doutes et n’avait qu’une confiance très limitée quant à la réussite de ce plan. Chris allait devoir le rassurer. C’était son rôle de Commandant Suprême de redonner confiance à son sous-sous-sous chef.
“T’inquiète fifrelin, je connais ce lascar depuis l’ancien parc. Il suffit d’être mineur et de battre des cils pour le mener par le bout du nez. Et si ce plan marche pas, j’en ai un tas d'autres ! Il est hors de question qu’il mette le nez dans mes affaires comme cette Dearingosaurousse Rex.“
Cependant, ça ne semblait pas convaincre son associé.
“Chris, c’est le directeur du parc. Tu n’as rien pu faire contre Claire. Et tu ne pourras rien faire contre lui.”
Un visage sombre, une voix lugubre et pleine de rage, un air arrogant et prétentieux… l’informaticien sortit sa plus belle imitation.
