Jurassic Park World RPG
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 Six pieds sous terre

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Marcos Shannon

Marcos Shannon


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MessageSujet: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyMer 6 Déc 2023 - 15:41

Spoiler:

Shaélynn s’était glissée à travers le rideau de végétation et disparue, comme happée par cette dernière. L’espace d’un instant, le français se retrouva complètement seul, livré à lui-même devant la grotte et la jungle derrière elle qui couvrait de son immensité le nord de l’île. Ne s’attardant pas davantage, Marcos lui emboita prudemment le pas en faisant en sorte de ne pas arracher les plantes qui pendait en rideau. S'il s’agissait bien de la Chimère qui était en chemin, il ne fallait pas qu’ils puissent suivre leurs traces jusqu’au projet T. Un tas de tiges amoncelé au sol auraient tôt fait de trahir leur présence, et d’inciter les hommes à faire davantage preuve de vigilance.

Il faisait sombre à l’intérieur, mais assez de lumière filtrait à travers le feuillage pour que l'œil n'ait pas à s'adapter à l’obscurité. Sans l’éclairage de l'installation, ils ne pouvaient pas voir à plus d’une dizaine de mètres. Deux couloirs étaient visibles, mais impossible de savoir lequel il fallait prendre. Le paléontologue n’était jamais venu ici. Il ne connaissait donc pas la disposition des lieux, ni la véritable taille de ces derniers. Shaélynn ne semblait pas savoir qu’elle chemin suivre. Malgré celà, 
aucun doute, aucune hésitation ne transparaissait sur son visage. Elle semblait déterminée plus que jamais à aller au bout. Son regard analysait tout, et il était évident pour le jeune homme qu’elle tenterait de mettre en pièce le moindre obstacle qui leur barrerait la route. A moins de retomber sur ce colosse qu’ils avaient croisé à Paris.

Le paléontologue songea un instant à prendre le couloir de gauche tandis que la paléobotaniste prendrait celui de droite. Mais il se ravisa aussitôt. Diviser le groupe, s’était diviser leurs forces, et éventuellement leurs chances de survie s' ils devaient rencontrer quelquesuns, ou quelque chose. L’éclat d’une surface sur le mur suite au passage du faisceau de la lampe de Shaélynn retînt l’attention du français. Il alluma la sienne et la braqua dans la même direction. La lueur provenait de la vitre d’un cadre. En déplaçant légèrement le halo de lumière, il vît alors qu’il s’ agissait d’un plan des lieux, comme tous les bâtiments de l'île en possédaient.

“Là, Shaélynn, un plan des lieux” lui indiqua t-il en se rapprochant à pas de loup pour ne pas être entendu.

A en croire le plan qu’il avait sous les yeux, l’entrée se faisait par le sud, puis les visiteurs prenaient l’allée de gauche qui faisait une boucle et les faisaient revenir à leur point de départ. A mi parcours, au milieu de la boucle, se trouvait indiquée une porte de service. La seule de l’attraction. C’était donc là que les deux paléontologues devraient se rendre. Marcos posa sa main contre sa poche de pantalon droite. Il y sentait toujours le tour de cou auquel était attaché le badge, et le coin plastifié de ce dernier qui appuyait contre sa cuisse. Cette petite carte rigide était leur sésame pour entrer dans les couloirs souterrains qui n’étaient accessibles qu'à quelques élus. Ce si petit badge…

La porte de service qui donnait dans l’attraction ne devait pas nécessiter une accréditation particulière. C’était plus tard, plus loin, que s'avérerait utile. La Grotte des fossiles n'était qu’une attraction visuelle en soi. Une simple boucle où les visiteurs pouvaient voir des squelettes et des gemmes incrustés aux murs. Le but véritable de cette installation relevait bien plus du paraître que de la pédagogie. C’était simplement une vitrine. Une vitrine qu’Hammond mettait à disposition des visiteurs. Sous couvert de vouloir montrer l’ambiance des mines d’extractions d’ambre, il s’agissait en réalité d’en mettre plein la vue à coup de moulages de fossiles et de fausses pierres précieuses plus vraies que nature.

Marcos jetta un coup d'œil sur son téléphone qu’il avait dans sa poche gauche. Le compte à rebours que Chris Nedry leur avait envoyé indiquait que le temps avait défilmé plus qu’il ne l’avait espéré.

“Il nous reste trois heures” lança t-il à demi-mot à l’anglaise. “Avant que la Chimère, ou je ne sais quoi d'autres, arrive ici, je suppose.”

En s’entendant parler à voix haute, le paléontologue se rendit compte de l’absurdité de ses propos. Tout ce qu’ils savaient à propos de ce compte à rebours, c’était que Chris Nedry le leur avait envoyé, avec une photo de cette raclure de Shivak Garland. Et c’était tout en réalité. Qu’allait-il arriver à la fin de ce dernier? La Chimère allait-elle vraiment se pointer sur l’île? Et si oui, où? En quelle proportion? Savait-ils où était le projet T également? Était-elle déjà sur l’île et la fin du compte à rebours signifiait-elle simplement un rassemblement des troupes?

“Tu peux encore changer d'avis, Marcos.”

Le paléontologue se retourna vivement, comme piqué par une abeille. L'irritation sur son visage était visible et le français ne fît rien pour la dissimuler. Inspirait-il si peu la confiance pour qu’elle le lui redemande, encore une fois? Inspirait-il si peu de respect pour qu’on lui rappelle, encore une fois, qu’il avait faillit flancher? Abandonner? Marcos essaya de se mettre à sa place l’espace d’un instant. A sa place, lui aussi n’aurait pas confiance envers un coéquipier qui avait failli prendre ses jambes à son cou quelques minutes plus tôt. Mais n’était-ce pas légitime de mettre en évidence la maigreure des information en leur possession? 


“Bon, arrête de me materner Shaélynn, je compte pas faire demi tour.” trancha le paléontologue. “Faut quand même avouer qu’on a pas trop de contexte sur le compte à rebours. On aurait peut-être dû appeler Nedry quand même. Mais maintenant c’est trop tard.” Il pointa le faisceau dans l'obscurité du couloir de gauche, illuminant ainsi la marche. “Allez, on avance” dit-il finalement pour couper court. Sans attendre la jeune femme, Marcos s’engagea dans l’attraction d’un pas décidé.


Tout était faux dans cette grotte. De la véritable poudre aux yeux à destination des visiteurs. La roche qui les entourait était fausse. Ce n’était qu’une roche reconstituée à partir de poudre de calcaire et de résine pour donner l’impression que les visiteurs cheminaient dans de véritables couches de calcaire. Des fausses strates avaient été taillées pour imiter un véritable front de taille. Ça et là, des ambres et des gros cristaux étaient fichés dans la pseudo roche. Mais même ces artéfacts étaient des faux. Ils n’étaient rien d’autres que des morceaux de résine colorés. Pour les morceaux d’ambre, des insectes divers et variés avaient été insérés dans l’époxy durant le moulage. Ces cristaux et morceaux de résines fossiles auraient dû être éclairés de l’intérieur grâce à des LED dissimulés dans la parois si l’attraction avait été en fonctionnement, formant comme une voûte céleste tout autour des visiteurs. Au lieu de ça, seuls quelques joyaux brillaient sous la lumière des lampes de poche des deux paléontologues lors de leur passage. Des fossiles ornaient également la parois. Des squelettes de raptors, de T. rex ou encore de triceratops. Mais comme tout comme les joyaux fichés dans la roche, ils étaient faux. Ils étaient relativement bien faits pour un œil inexpérimenté de visiteurs. Mais leur patine et leur aspect trop “propre” trahissaient leur origine humaine et leur nature synthétique. Il y avait pas ou trop peu d’émiétage et de parties manquantes découlant d'un séjour de plusieurs millions d’années. Et les squelettes étaient à plat contre le mur, et donc en position debout. Il arrivait que les paléontologues trouvent des dalles de roches avec des fossiles ou des empreintes à la verticale, mais c'était suite à des événements tectoniques qui avaient redressé les couches et les squelettes qui y étaient. Ici, les couches de roches étaient à l’horizontale, visible en tranche, et les squelettes étaient à la perpendiculaire de ces dernières, comme si ces animaux avaient été fossilisés debout. Hammond ne s’était certainement pas foulés avec un conseiller scientifique…
Marcos avait une impression de surdosage devant ce spectacle, comme une image aux couleurs trop saturées, ou un plat aux épices mal dosées. Comme si Hammond, lors de la conception des lieux, avait voulu mettre dans ces lieux tout ce qu’il avait, quitte à faire rentrer des idées et des éléments au chausse-pieds. Il avait, comme à son habitude, dépensé sans compter, quitte à en faire trop, ou à faire mal. Le jeune français ne s’en était pas rendu compte au début. Il avait été, comme beaucoup, enjaillé par l’attrait des lieux, du poste, et des avancées scientifiques qui n’avaient aucun égal dans les années 90 et 2000. Mais petit à petit, le voile s’était levé sur cette machinerie qui semblait si bien huilé. La mort de Brandon Colomes et l’incident avec la Chimère avaient été des éléments décisifs. Le paléontologue avait commencé à percevoir les nuances et John Hammond, qui avant renvoyait une image presque paternelle, donnait aujourd’hui un aspect bien plus nuancé. C’était ses secrets qui étaient à l’origine des massacres qui avaient eu lieu, et de la situation dans laquelle tous se trouvaient aujourd’hui. Mais c’était aussi la personne qui lui avait donné sa chance après le fiasco de sa fin d’étude. C’était une personnalité grise, comme tout en ce bas monde.

Les deux paléontologues s’enfonçèrent au plus profond de la grotte. Ici, loin de l’ouverture par laquelle ils étaient rentrés, l’air était lourd et moite. Sans la ventilation artificielle des installations, ce dernier n’était pas renouvelé. Le sous-sol volcanique chauffait naturellement les lieux, bien qu’il n’y eut pas besoin. Là où à l’extérieur, les murs avaient été colonisés par les racines des plantes grimpantes en émiettant leur surface, seule une pellicule de poussière recouvrait l’intérieur de la grotte, collée aux parois par l'humidité ambiante. Aucunes mousses, aucunes fougères, n’avaient colonisés les lieux, faute de lumière. Cependant, rien n’avait bougé depuis des années, comme un tombeau de l'Égypte antique, immuable dans son linceul de poussière depuis des millénaires. Rien? A part peut-être ces toutes petites empreintes de rongeurs qui serpentaient sur le sol occasionnellement. Des rats ou autres rongeurs tropicaux devaient séjourner ici occasionnellement.

Alors qu’ils marchaient en silence depuis une dizaine de minutes, le faisceau de la torche du paléontologue se refléta sur un objet métallique dissimulé derrière un bosquet de fausses plantes en plastique. En s’approchant de quelques pas, Marcos observa qu’il s'agissait d'une poignée de porte. En braquant à son tour le faisceau de sa lampe dans la même direction que le français, Shaélynn mit en évidence le pourtour de la porte que la poignée ouvrait. A sa gauche, à hauteur d‘homme, un boîtier permettait d’apposer un pass pour l’ouvrir.

Marcos s’approcha prudemment de ce dernier. 

“Tu as toujours le pass rassures moi?” demanda l’anglaise avec comme un soupçon d’inquiétude à demi-mot.


“Eh! Me stresse pas” lui retorqua le paléontologue à voix basse en sortant le pass de sa poche.
 

“Si c’est un putin de placard à balais derrière, j’abandonne”, pensa t-il en appliquant le badge sur la partie du bloc prévu à cet effet. Le cadran digital s’illumina en vert et un déclic métallique se fît entendre indiquant le déverrouillage de la porte.


“Tiens toi prête, au cas où” demanda alors le français en prenant en main la poignée. Cette dernière poissait, mais il était impossible de savoir s'il s’agissait de l’humidité et de la poussière ambiante, où s’il s’agissait d'une sueur froide. Après avoir pris une profonde inspiration, Marcos appuya sur la poignée et ouvrit prudemment la porte. Une odeur de soufre évoquant l'œuf vînt aussitôt chatouiller leurs narines. Elle provenait du complexe géothermal plus loin sous terre.

“Après toi” fît-il à Shaélynn en ouvrant entièrement la porte.

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Shaélynn Moore
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MessageSujet: Re: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyDim 17 Déc 2023 - 19:09

Son d'ambiance:


La grotte débutait par une première cavité circulaire, assez haute de plafond qui tenait lieu de sas d’entrée. La roche semblait, comme à l’extérieur, mêler le vrai et le faux et un œil amateur se laissait sûrement avoir. Face à eux débutaient deux couloirs qui avaient autrefois étaient identifiés par des panneaux car les emplacements des vis subsistaient. Au delà, de quelques mètres les chemins étaient plongés dans la pénombre. Calmement, toujours immobile à l’entrée, Shaélynn ne se laissa pas déborder, prenant le temps d’observer son environnement.

Le problème de la direction était une chose, la sécurité en était une autre. Malgré leur timing serré, il fallait plus que jamais conserver la tête froide. Se précipiter maintenant reviendrait à foncer droit dans le mur, manquer des détails importants et se mettre en danger. L’atmosphère humide et confinée de l’endroit, l’obscurité, la chaleur environnante, lui rappelait furieusement le tombeau en Egypte. Obnubilés par l’idée de se rapprocher de leur but, Shaélynn et Shivak avaient ignoré tous les signes qui leur indiquaient qu’ils n’étaient pas seuls dans la vallée. Après avoir failli mourir sous terre, ils avaient été cueillis par Pearce à la sortie. Un tiraillement dans la chair de sa cuisse ravivait davantage ses souvenirs.

Pas question de refaire les mêmes erreurs.

L’anglaise alluma sa lampe torche et, sans avoir bougé d’un pas, commença à balayer le sol, les murs et les plafonds du faisceau lumineux. L’endroit semblait cependant paisiblement abandonné et désert. Rien n’indiquait que quelqu’un ou quelque chose soit passé ici récemment. Ses muscles se relâchèrent imperceptiblement quelques instants avant qu’un reflet ne se mette à briller brièvement à la lumière de la torche. Elle eut à peine le temps de commencer à le chercher que Marcos avait déjà dégainé sa propre lampe pour le mettre en évidence .

Le français s’approchait à pas feutré de l’endroit qu’il avait repéré et s’empressa de lui indiquer la provenance du reflet.

- Là, Shaélynn, un plan des lieux.

Les deux explorateurs du jour s’approchèrent et elle n’eut besoin que d’un rapide coup d'œil pour s’apercevoir que les deux couloirs formaient en fait l’entrée et la sortie d’une boucle. La “Grotte des fossiles” n’était en fait qu’un circuit. La légende n’indiquait qu’une seule porte de service et ce serait donc celle qu’ils emprunteraient. Shaélynn ne voulait cependant rien laisser au hasard et elle était encore en train de détailler les éléments sur le plan et de se reporter à la légende lorsque Marcos reprit la parole.

- Il nous reste trois heures. Avant que la Chimère, ou je ne sais quoi d'autres, arrive ici, je suppose.

Shaélynn eut à peine le temps de réfléchir que la réponse avait déjà franchi ses lèvres…

- Tu peux encore changer d'avis, Marcos.

Sa voix avait eu une tonalité plus laconique que ce qu’elle aurait souhaité car toute son énergie était tournée vers sa recherche. Shaé regretta immédiatement ses mots et ferma les yeux quelques instants. Évidemment qu’il était vexé et il s’empressa de le faire savoir. Il n’était pourtant pas question de le materner. En vérité, elle en était au stade où elle se fichait pas mal de rester seule ici ou de savoir ce que représentait le chrono.

La jeune femme savait juste qu’elle comptait avoir foutu le camp avant de le découvrir.

- Faut quand même avouer qu’on a pas trop de contexte sur le compte à rebours. On aurait peut-être dû appeler Nedry quand même. Mais maintenant c’est trop tard.

Quant à appeler Nedry… Shaélynn leva les yeux au ciel, profitant que Marcos lui tournait le dos. Même dans l’optique où ils auraient eu le temps de le contacter, elle n’aurait jamais choisi cette option. Dire qu’elle ne portait pas l’informaticien dans son cœur était une façon polie de présenter les choses. Il était indéniablement compétent et il lui avait sauvé la vie à Paris. Mais Chris Nedry avait encore prouvé aujourd’hui, avec l’envoi de la photo et du décompte, qu’il était clairement “Team Shivak”. L’informaticien était donc une variable, un risque qu’elle ne pouvait pas se permettre.

- Allez, on avance, lança-t-il pour attirer son attention. La jeune femme vit que sa lampe désignait le chemin de gauche.

Les yeux de Shaélynn s’attardèrent encore quelques instants sur le plan avant de se décider à suivre le paléontologue. Elle pressa le pas car la lueur de sa lampe commençait déjà à s’évanouir dans l’angle du couloir.

L’intérieur de la grotte des fossiles n’était pas tellement une surprise pour Shaélynn. Elle se souvenait parfaitement la description que Cole lui en avait faite un soir autour d’un repas au Jurassic Garden. Il lui avait décrit avec passion et force détails, l’ambiance impressionnante de la caverne. Les fossiles, les ambres, les gemmes, les multiples types de roches différentes et l’atmosphère magique et impressionnante du lieu.

Elle comprenait que le lieu devait avoir paru magique aux yeux du guide. D’après les photos qu’elle avait réussi à trouver sur internet et le récit de Cole, les parois avaient été rétro éclairées, faisant briller les gemmes de l’intérieur et projetant leurs reflets colorés sur les visiteurs. Aujourd’hui, à la lumière de la lampe torche de l’anglaise et à ses yeux avertis, la réalité était tout autre. Tout ce qui entrait dans le champ lumineux était faux : les pierres, la roche, l’ambre, seuls quelques plantes s’agrippant au paroi apportaient un peu de vie. Au Jurassic Park comme au Jurassic World tout n’était qu’apparence et paraître.

Shaélynn et Marcos devaient regarder au-delà. Distinguer ce qu’on voulait dissimuler. Pour cela, ils avançaient lentement, promenant les lumières de leurs lampes chacun sur un côté du mur, à la recherche d’une porte. Il en existait bien une indiquée sur le plan. Mais rien n’indiquait qu’elle soit la seule d’une part et de l’autre, maintenant qu’ils n’avaient plus le plan sous les yeux il fallait être sûre de ne pas la manquer.

Finalement ce fut Marcos qui la découvrit. Il ne parla pas mais il se stoppa net et la jeune femme l’imita immédiatement, pointant sa lampe dans la même direction que lui. L’anglaise grimaça lorsque la lampe fit briller le plastique des feuilles artificielles. Une moue dégoûtée sur le visage, elle traça le contour de la porte avec le faisceau. De son côté, le français avait repéré le boîtier qui commandait la porte. Par chance, une petite LED verte indiquait que le panneau était toujours alimenté et en fonctionnement. Ce qui aurait été un problème s’il n’avait pas eu le pass de Cole…

- Tu as toujours le pass, rassures moi ? S’empressa de vérifier Shaélynn.

Malgré elle, sa voix avait pris une intonation nerveuse. Elle n’avait pas, plus, peur depuis qu’ils avaient quitté le bungalow mais un petit tressaillement parcourait parfois ses poumons quand elle respirait. Le poignet qui tenait la lampe était douloureux car sa main était fermement serrée sur le caoutchouc. Nerveuse, elle l’était c’était certain et elle n’était pas la seule.  

- Eh! Me stresse pas.

Message reçu. Une main tendue en signe d’apaisement, Shaélynn fit un pas vers l’arrière. De toute évidence, ils prenaient tout les deux sur eux-même pour bosser ensembles. La britannique avait encore du mal à trouver un équilibre. Il ne comptait peut-être plus faire demi-tour, elle savait qu’il n’était pas un danger pour elle mais… Ce n’était pas pour autant qu’elle lui faisait aveuglément confiance. Elle était sûre que Marcos ne la trahirait pas ou ne la mettrait pas en danger intentionnellement, ce qui était déjà un fait appréciable mais il n’était pas comme elle, Shivak ou Noah. Face à la menace, le paléontologue pouvait se montrer imprévisible.

Le clic de la porte lui envoya un nouveau shoot d’adrénaline dans le sang. Main sur la poignée, le français la mit en garde et Shaélynn réagit au quart de tour. Elle enfila sa veste, plaça le bout de la lampe dans sa bouche, entre ses dents, pour dégager brièvement ses mains le temps de prendre son arme et d’en retirer la sécurité. Elle braqua ensuite l’arme sur la porte et reprit sa lampe torche. Poignets croisés l’un sur l’autre, canon et lampe en direction de la porte, elle fit un signe de tête à Marcos tandis qu’il ouvrait la porte.

L’odeur piquante et âcre du soufre se répandit immédiatement dans l’air et la jeune femme ne put s’empêcher de grimacer. Prudemment, Marcos ouvrit cette fois-ci la porte en grand avant de déclarer : “Après toi”.

À pas rapides mais légers, Shaélynn s’engouffra dans ce qui lui avait à première vue semblé être le début d’un couloir. Mais à peine eut-elle contourné Marcos qu’elle constata que la porte donnait en fait sur un escalier entièrement en béton qui s’enfonçait dans l’obscurité. Un coup de lampe et elle put distinguer qu’après une vingtaine de marches, il semblait de nouveau avoir un pallier ou une nouvelle salle. D’un geste prudent, la jeune brune frotta le bout de son pied sur la première marche pour vérifier si le revêtement n’était pas devenu trop poisseux. Cela semblait relativement praticable et avec précaution, elle commença à descendre.

Image escalier:

La cage d'escalier était entièrement en béton et ce dernier s'émiettait déjà par endroit. Elle était fermée et il n'y avait aucune visibilité de ce qui pouvait se trouver en bas, sur les côtés. Arrivée sur la dernière marche, elle s’arrêta et promena rapidement sa lampe à gauche, où la lumière éclaira immédiatement un nouveau mur en béton. En face, il y avait environ un mètre de libre puis un second mur. L’ouverture et donc le danger potentiel était à droite.

Shaélynn se remercia mentalement d’avoir enfilé sa veste quand elle plaqua son dos contre le mur en béton de l’escalier. Elle se pencha un peu sur le côté pour éclairer le couloir. Un rapide examen lui indiqua qu’il s’agissait en fait d’une petite salle, probablement pas plus de 5m² qui donnait sur une nouvelle porte. La jeune femme descendit prudemment des marches et ses épaules s’affaissèrent un peu tandis qu’elle poussait une inspiration soulagée. Marcos dût l’entendre car il accéléra le pas pour la rejoindre.

Un ancien placard métallique dont les portes pendaient à moitié occupait tout le pan de mur opposé à la nouvelle porte. L’éclairage était HS mais la porte était toujours en fonctionnement comme en témoignait la LED. Marcos ne parlait pas non plus mais la jeune femme voyait sur son visage qu’il était parfaitement concentré. Le paléontologue s’empressa d'ailleurs d’aller se placer à côté du panneau et posa le pass sur le panneau quand elle lui fit signe de la tête. Il ouvrit la porte en se plaçant derrière pour laisser le champ libre à Shaélynn.

Lentement, plaçant avec douceur ses pieds sur le sol, la britannique s’approcha de la porte. Cette fois, elle s’ouvrait sur un couloir ou plutôt un large tunnel de presque trois mètres de large, assez haut de plafond. De vieilles lampes à néons grésillantes éclairaient cette fois le passage, d’énormes tuyaux métalliques et d'innombrables chemin de câbles électriques couraient le sur toute la hauteur des parois en béton. Un bourdonnement sourd résonnait dans les couloirs et semblaient émaner des gaines techniques. Il s’agissait probablement de ceux destinés à la géothermie.

Après quelques pas dans le couloir, arme toujours au poing, Shaélynn abaissa un peu son arme et éteignit sa lampe torche, qu'elle rangea dans la poche de sa veste.

- Marcos, tu peux venir. Bonne nouvelle : personne n'a l'air de traîner dans le coin. Mauvaise nouvelle : je ne sais pas dans quelle direction partir et le chrono tourne toujours.

Encore une fois, il fallait choisir entre partir vers la droite ou partir vers la gauche et ils n’avaient aucun indice. Après quelques secondes de flou dont elle ne laissa rien paraître, son cerveau se remit en fonctionnement. Contrairement à la salle précédente et à la grotte des fossiles, l’éclairage était en marche, pas seulement la fermeture des portes. Le sol était propre, il n’y avait pas vraiment de poussière et l’humidité ne prenait pas à la gorge. Avisant les grilles de ventilation et le ronronnement qu’elles émettaient, Shaélynn comprit que là où ils étaient, les tunnels étaient encore utilisés.

Il n’y avait personne dans le coin mais quelqu’un pouvait se pointer à n’importe quel moment. Il fallait bouger, vite et de manière efficace.

- Ok. Il n’y a personne mais ça risque de ne pas durer. Il faut qu’on trouve un plan des tunnels, il doit bien avoir des consignes d’évacuation. Shaélynn prit quelques secondes pour étirer ses bras tendus, prenant soin de ne pas pointer l’arme vers Marcos, même s’il jetait un regard de désapprobation dans sa direction. On choisit la meilleure piste logique pour l’emplacement du bunker sur l’île et on file dans cette direction ventre à terre.

La situation avait beau être gravissime, la britannique ne cédait pas à la panique. Quelque part, elle retrouvait cet état familier et apaisant de contrôle. Les conversations et les conflits qui s’étaient produits plus tôt dans la journée n'existaient plus. Son passé, son histoire avec Noah, son histoire avec Cole, la mort de Cameron, sa situation avec Shivak, tout était bien contenu dans un petit coin de son cerveau. Il n’y avait qu’à se laisser porter par ce que disait son instinct, ce que lui commandait ses réflexes. C’était là que Shaélynn était la plus efficace et la plus performante. C’était ce qui lui avait permis de s’en sortir lors de la réunion des avocats, lors de la mission de classification face au carcharodontosaurus. C’était ce qui lui avait permis de tenir durant son combat avec Shivak ou de sortir vivante de la cale du yacht. C’était ce qui lui avait permis de survivre aux attentats, à sa fuite du parc.

C’était aussi là, où Shaélynn était la plus dangereuse pour elle et les autres. Elle avait abandonné Cameron, Josh, Cole, tué John Hammond, et laissé Shivak pour mort. C’était un état malheureusement familier et apaisant sur le moment, uniquement sur le moment. Les décisions qu’elle y prenait la gardait en vie mais la poursuivait au-delà. Et ça, elle ne savait pas comment le gérer, elle ne l’avait jamais su. Surtout, elle avait promis à Cole et à elle-même, de protéger Marcos. Il ne fallait pas qu’elle se laisse bouffer par celle que Biosyn avait fabriquée.

- C’est ok pour toi ? Ajouta-t-elle avant que Marcos n’ait répondu.

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Marcos Shannon

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MessageSujet: Re: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyLun 8 Jan 2024 - 23:05

Ses premiers pas dans l’escalier résonnèrent lourdement sous son poids. Le paléontologue arpenta les marches qui suivirent avec plus de souplesse, imitant sa collègue pour rester discret au possible. Lorsque Shaelynn arriva au pied des marches, elle braqua sa lampe dans toutes les directions. Sa stature droite et ses mouvements secs tranchaient avec l’allure affligée qu’elle portait dans le bungalow. Ils faisaient aussi écho au passé d’espionnage de l’anglaise que le paléontologue avait désormais moins de difficulté à imaginer. Les épaules de la jeune femme s’abaissèrent lorsqu’elle eût fini de sécuriser les lieux. Marcos la rejoignit et arriva à son tour dans une petite pièce vide. Une porte métallique menait vers un autre lieu. Mais où ?

Shaelynn se positionne devant l’ouverture, en joug, et indiqua d’un signe de la tête à Marcos de se caler contre la cloison, ce qu’il fît. Le paléontologue, toujours le pass en main, croisa le regard de l’anglaise.

Cette dernière hoche de nouveau la tête et le paléontologue plaqua le pass de Cole contre le boîtier de détection. Après un déclic métallique, la porte s'entrouvrit légèrement vers l’intérieur. Le français la tira doucement vers lui par la poignée, laissant le temps à Shaelynn d'appréhender ce qu’il y avait derrière. Une lumière blanche, laiteuse, s'engouffra dans le petit local.
L’anglaise fût auréolé d’une lumière d’un blanc froid, comme frappée par une aura divine. Était-ce la lumière de l’extérieur? Cette porte donnait-elle en dehors du complexe? Non, car il n’y avait aucun bruit audible dans la forêt. Ni le bruissement d’une branche, ni la brise du vent ou encore le piaillement d'un oiseau. Quel que soit l’endroit où la porte donnait, c’était encore en intérieur. Shaelynn s’engouffra en dehors, sans un bruit.

- Marcos, tu peux venir. Bonne nouvelle : personne n'a l'air de traîner dans le coin. Mauvaise nouvelle : je ne sais pas dans quelle direction partir et le chrono tourne toujours.

Le paléontologue sortit à son tour et fût dans un premier temps aveuglé par l’éclairage des néons qui tranchait avec l’obscurité qu’il avait côtoyé pendant vingt minutes. Lorsque ses yeux s’adaptèrent enfin à l’éclairage après quelques secondes, il reconnut alors les lieux. Ils étaient dans les souterrains au nord du parc. Lorsque Masrani avait agrandi le réseau pour la construction du Jurassic World, il en avait construit des plus récents, avec éclairage LED et air conditionné. La section où ils se trouvaient, comme le reste des souterrains construits en 1993, était éclairée avec de vieux tubes néons.
Certains clignotaient par instant, d’autres étaient complètement éteints, et probablement grillés. De toute évidence, l'entretien de cette zone n’était pas une priorité absolue. Contrairement à John Hammond, Masrani dépensait en comptant. Le minimum était fait ici et là, et les caches misères n’étaient pas rares. Le multimillionnaire préférait dépenser dans de nouvelles attractions, comme l’Indominus rex.

Malgré tout, les équipes de maintenance avaient comme directive d’entretenir un sommairement les lieux, afin qu’ils servent entre autres de stockage. Il était également obligatoire de passer par eux pour rejoindre la station géothermique. Cette dernière n’était pas loin, et la chaleur dégagée par les entrailles de la terre était palpable dans le souterrain. L’air d'une grande moiteur, collant les vêtements sur leur peau et suer leur peau.

- Ok. Il n’y a personne mais ça risque de ne pas durer. Il faut qu’on trouve un plan des tunnels, il doit bien avoir des consignes d’évacuation. Shaélynn prit quelques secondes pour étirer ses bras tendus, prenant soin de ne pas pointer l’arme vers Marcos. Ce dernier s’écarta pour ne pas rester dans le sillage du canon. On choisit la meilleure piste logique pour l’emplacement du bunker sur l’île et on file dans cette direction ventre à terre.

“Ça va, ça va”, rétorqua t-il en agitant les mains en pronation. “Laisse moi une minute pour réfléchir.”

Le paléontologue fît quelques pas, analysant tout ce qu’il avait sous les yeux, toutes les informations qu’il avait en sa possession. Vu le diamètre du tunnel et celui des tuyaux qui longeaient le mur, ils étaient forcément dans l’artère principale qui reliait l’ancien parc et la station géothermique au nord-ouest. Mais sous terre, le soleil ou la topographie, il était difficile de s’orienter. Pour couronner le tout, le paléontologue ne pensa pas à utiliser l’application sur son smartphone. Voyant Shaélynn qui trépignait d'impatience, il continua son raisonnement à voix haute.

“On dans le tunnel principal qui relie la station au nord-ouest d’ici à l’ancien parc, plus au sud”. Où est le nord ou est le sud? Le paléontologue ferma les yeux, essayant de se couper du monde pour réfléchir davantage. Il essaya de se soustraire à l’humidité, qui lui faisait coller son tee-shirt à sa peau, à l’odeur soufrée dans l’air qui piquait ses narines, et aux agaçants bruits de pas faits par les semelles des chaussures de l’anglaise sur le sol bétonné.

“On est arrivé par le sud, on a traversé le village plein nord et l’entrée de la grotte était devant nous, donc au nord”.

Marcos ouvrit les yeux et vît la paléobotaniste le regarder d’un air hagard. Elle ne semblait pas comprendre où il voulait en venir. Marcos comprit qu’à l’évidence, il était seul à essayer de comprendre et de réfléchir avant de simplement agir.

“La position du Soleil. Il se lève à l’Est, passe par le Sud et se couche à l’ouest. L'entrée était éclairée, donc orientation plein sud, et donc on a été vers le nord. Juste de la logique”

Le français fît quelques pas et se positionna au milieu de l’allée. Un soldat de la Chimère aurait pu surgir à tout instant alors qu’il était complètement à découvert, bien en évidence sous les racks de tubes néons. Mais plongé dans ses pensées et son raisonnement, il n’y fît pas attention.

“La porte de service était à l’opposée de l’entrée, en haut du plan de service, donc encore plus au nord. Puis on a descendu l’escalier à gauche, vers l’ouest, puis on a ouvert la porte du placard à balais où on était qui était à notre droite, donc à on a repiqué vers le nord. La station géothermale est donc …” Marcos se retourna et pointa en face de lui. “Par là. Sauf que ça ne nous aide pas. On sait que ta mère…”

Pouvait-il vraiment considérer cette femme comme un modèle de maternité quand on voyait la voie périlleuse que sa fille avait prise ? Shaelynn elle-même ne semblait pas la considérer comme telle. Le français chercha donc brièvement un autre moyen de nommer sa génitrice.

“Mary Moore est passé par où on vient, via le temps de trajet qu’a calculé et le trajet qu’on a estimé. Vu le temps qu’on a mis, elle est forcément partie de pas loin d’ici. Disons qu’elle connaît mieux le chemin que nous et donc qu’elle a été plus rapide de quoi, cinq minutes, qu’elle soit arrivée en direction de la station géothermale ou de l’ancien parc, dix minutes de marche ça reste dix minutes de marche.”

Il avait besoin de réfléchir davantage. Il fît signe de la main en l’air qu’il fallait qu’elle le laisse un instant et il s’adossa contre le mur d’en face. Machinalement, il se mît à frotter son menton sur lequel était une barbe naissante qu’il n’arborait pas souvent. Que savaient-ils des souterrains? Qu’ils couraient le long de l’ancien et du nouveau parc. Ils étaient utilisés pour tout un tas de tâches. Conduire l’électricité, l’eau, le déplacement du matériels et des animaux. Comme des véhicules pouvaient s’y déplacer, les allées étaient en générales droites, comme une autoroute, et les locaux étaient sur les côtés, à l’instar d’un tunnel routier. Les souterrains au nord de l’île ne servaient plus qu’au stockage, mais il n’était pas abandonné pour autant. Du personnel y venait de temps à autre. Et pourtant le projet T était ici? Le paléontologue avait de la difficulté à y croire.

“On est pas dans une partie désaffectée des souterrains ici. N’importe qui peut venir. Ça ne peut pas être comme ça sous le nez des techniciens de maintenance…”.

Et les accréditations alors ? Si les techniciens venaient ici, ils devaient utiliser des locaux qui étaient verrouillés. Donc leur pass pouvait les ouvrir. Si leur pass pouvait le faire, celui de Marcos qui était chef de section pourrait également. Malgré cela, le projet T ne devait pas être accessible au premier chef de section venu. Soudain, il comprit. Nerveusement il claqua des doigts en relevant la tête et croisa le regard de l’anglaise, tenue à ses lèvres.

“J’ai trouvé”. Il se rapprocha de l’anglaise. “Mary est forcément venu d’un accès pas loin, je dirais dans les 10 minutes de marche grand maximum, on sur terrain plat, ça fait 500 mètres on va dire à vu de nez. Que ce soit dans cette direction là, ou dans l’autre. Et elle doit venir d’un accès que seul un pass avec un haut niveau d'accréditation, comme celui de Cole, peut ouvrir. Un chef de section, comme moi, n'est pas censé avoir accès au projet T. Y  que celui qui tient la baraque qui peut.”

- Dans les deux cas, c’est une distance relativement courte… La jeune femme marqua une pause en se mordant les lèvres semblant étudier cette option. Heureusement parce qu’on risque de devoir tester les deux.

“Ouaip. Donc voilà ce qu’on va faire. On va partir dans un sens et tester toutes les portes avec mon badge. Si elle s’ouvre, ce que c’est pas la bonne. Si elle ne s'ouvre pas avec mon pass, mais que le pass de directeur de Cole l’ouvre, c’est que c’est le bon endroit.”

- Ça me va, confirma Shaélynn en acquiesçant d’un geste de la tête. On a pas tellement d’autres options de toute façon. Comment bien de temps on a ?

Le paléontologue jeta un œil sur son téléphone. Il restait un peu moins de deux heures trente avant la fin du décompte. Le temps s’écoulait inlassablement.

“Allez, on y va, on commence par là.”

Le paléontologue sortit de sa poche gauche son badge et se dirigea vers la première porte qui était devant lui à environ vingt mètres. Shaelynn couvrait ses arrières et ne le lâchait pas d’une semelle, pistolet braqué au bout de ses bras tendus vers le sol. Elle semblait plus que jamais dans son élément, entre un temps et impartie précieux qui s'écoulait, et un lieu exigu qui n’était pas censé être visité par eux.

Le paléontologue arriva devant la première porte. Elle était comme toutes les autres de ce complexe: en métal, avec une poignée à serrure magnétique qui se déverrouiller une fois le badge apposé sur le cadran mural. Marcos appuya le badge sur le cadran qui s’éclaira en vert. Un déclic se fit entendre, indiquant que la porte était déverrouillée. Délicatement, le français s'entrouvrit et y glissa le faisceau de sa lampe. Il n’y avait somme toute rien qui sortait de l’ordinaire. Des caisses en bois couvertes de poussières et de toiles d’araignées estampillées Costa Rica, ainsi que quelques palettes.

“Suivante” dit-il en se résignant. “On avait une chance sur combien de toute façon pour la trouver du premier coup?” Il ferma doucement la porte et se dirigea vers la prochaine.

Les portes s’enchainèrent les unes après les autres. Elles se déverrouillèrent toutes avec aisance. Un rapide coup d'œil sur son téléphone lui indiqua qu’un temps précieux et irrécupérable s’était encore écoulé.

“Bon, je ne pense pas que ça serve d’aller plus loin. On a dû faire au moins 400 mètres dans cette direction. Retournons sur nos pas en testons celles du mur d’en face.”

Avec moins d’entrain, les deux scientifiques se dirigèrent vers la direction opposée. Ils arrivèrent bientôt là où ils étaient arrivés dans les souterrains, au niveau du SAS. Si la porte recherchée n’était pas dans la section qu’ils venaient d’arpenter, elle était obligatoirement dans l’autre. Sensiblement irrité, la paléontologue ne préféra pas commenter ce qui lui paraissait évident et se dirigea vers la porte suivante.


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La dernière porte s’ouvrit à son tour sans difficulté. En jetant un bref coup d'œil à l’intérieur, le français vît que c’était un local de stockage de matériel de plomberie, avec des tuyaux de rechange. A bout de nerf, Marcos ferma violemment la porte de toutes ses forces. Le claquement résonna dans le tunnel en se répercutant sur les murs nus.

- Tu devrais la claquer plus fort la suivante, chuchota l’anglais, les bras croisés et un regard condescendant sur le visage. C’est possible qu’ils t’aient pas entendu à la surface.

“Raaahhhh!!! Quoi???” fustigea t-il en se tournant vers elle. Que faisait-elle depuis une heure, à par le suivre? A part critiquer sa façon de faire? “Tu as mieux à proposer? Elles sont où tes astuces de ta carrière d’espionne là, hein?”

Alors qu’il s'attendait à la réaction inverse, Shaelynn ne répondit pas. Le paléontologue se laissa paresseusement tomber en arrière contre la porte et glissa lentement sur le sol, comme si tout le poids du monde appuyait de deux mains fermes sur ses épaules. Il passa mollement les mains sur son visage. Ce dernier, qui quelques secondes plus tôt montrait un énervement prononcé, illustrait à présent une lassitude croissante. Rien ne s’était passé comme prévu depuis l’arrivée sur l’île plut tôt dans la matinée. Lorsque la paléontologue avait pensé rentrer sur Nublar sans problème, Shaelynn et lui-même avaient failli être arrêtés aux quais. Ils avaient finalement été cueillis par Angel Harlowe, et avaient perdu un temps plus que précieux avec Cole. Le regard du français fût attiré par le faible éclat du plastique qui recouvrait le badge pendant au tour de cou qu’il serait dans son poing.

Il se souvenait du jour où il l'avait obtenu. C’était au début du mois d'août 2012, à San Diego, dans le siège social de l’entreprise. A cet instant, tout ce qu’il avait en tête était la chance que InGen, en la personne de John Hammond, lui avait donné.

“Si vos institutions publiques ne savent pas la chance qu’ils ont d’avoir du personnel compétent, tant pis pour eux.” lui avait dit quelques semaines plus tôt le patron d’InGen qui avait pris le temps de l’appeler en personne. “Si l’offre vous tente toujours, il y a une place pour vous chez nous.”

Il avait signé pour un poste d’ingénieur, chargé des fouilles sur le terrain et occasionnellement consultant pour la division soigneurs. Il était parfois nécessaire de demander l’avis des paléontologues et de voir ce que le registre fossile disait pour recréer au mieux les milieux de vie des animaux et adapter leur soins. Le tout, sous la direction de Thaddeus Beck. Mais la prise de poste ne s’était pas passée comme prévu. Faute de personnel disponible, Beck l’avait emmené avec lui sur Sorna pour une mission d’observation. Ce fût un fiasco, avec en prime la mort du directeur de la division paléontologique. Il ne savait pas comment, mais ce fût son dossier qui sortît du lot pour prendre la suite. Ça non plus, il ne l’avait pas prévu. Ce badge qui pendouillait devant lui était comme un pied de nez à la vie tranquille qu’il avait espéré et à côté de laquelle il était passé à côté. C’était également un rappel que cela faisait bien des lustres qu’il n’avait pas eu vraiment le contrôle sur sa propre vie.

“Excuses-moi…” lâcha-t-il finalement dans un soupir sans même la regarder. “Où est-ce qu’on s’est trompé Shaélynn? On a suivi un scénario logique pourtant, non? Si ça se trouve, Mary Moore n’est jamais passée par la grotte des fossiles. On fait fausse route depuis qu’on est rentré ici. Ptete même avant qu’on mette les pieds sur cette île.”

Marcos regarda son téléphone, dépité. Il restait à présent à peine deux heures. Il montra nonchalamment le compte à rebours à l’anglaise avant de le remettre dans sa poche. Il leva les yeux vers elle, prêt à accepter dans son regard le poids de leur échec. De son échec.

“J’étais persuadé d’avoir vu juste pourtant.” Le paléontologue marqua une pause. Shaelynn s’asseya contre le mur d’en face avec la même mollesse dont il avait fait preuve. “Il nous reste deux heures. On n'aura jamais le temps de chercher ailleurs. On peut revenir sur nos pas, sortir de la grotte, prendre le véhicule et arriver au ferry avant que la Chimère arrive, histoire de pas être pris entre deux feux. C’est pas très courageux je sais, mais regardons nous, on n'a rien d'agent de sécurité.”

La paléontologue vit instantanément le visage de l’anglaise pâlir, accompagné par un léger hochement de la tête sur le côté, signe d’une incompréhension quelque part. Il allait se répéter lorsque qu’il aperçu l’éclat dans son regard qui changea et son visage qui reprît des couleurs pour virer au pourpre.

- Tu déconnes j’espère ? Tu repars si tu veux mais ça sera sans moi, Marcos !

Évidemment que l’anglaise ne lâcherait rien. Elle avait perdu sa famille à cause du projet T. Elle avait sombré dans l’espionnage à cause du projet T. Elle avait sur les mains le sang de John Hammond à cause du projet T. Elle avait vécu deux ans et demi de cavale à cause du projet T. Elle avait à mainte reprise risquée la mort, à cause du projet T. Sur de nombreux points, Marcos retrouvait un écho de sa propre histoire, ces deux dernières années. Lui aussi recherchait le projet T.  Lui aussi était en quête de réponse. Lui aussi avait perdu des gens qui lui était cher. Mais la jeune femme devait se faire une raison. Ce plan était de la folie dès le départ, lorsqu’ils l’avaient conçu en France. Le paléontologue n’avait pas eu assez de recul ce jour-là pour s’en rendre compte. Mais maintenant qu’ils étaient dans ce bourbier, si près d’y laisser sa peau, il avait compris que c’était probablement un aller sans retour. Il était encore tant de changer ça, encore tant de rectifier le tir. Il fallait que le français fasse revenir la jeune femme à la raison.

“Tu vas crever si tu restes dans ce souterrain, tu le sais non? Ils vont ratiboiser le réseau, galerie par galerie. Même si je te donne mon pistolet, mes chargeurs, tu crois vraiment que tu vas tenir face à eux? C’est du suicide. C’est un commando Shaelynn, une armée. Et ils ne sont pas régis par la convention de Genève ceux-là.”

Le paléontologue se voyait se lever et sortir de sa poche droite le pass de Cole.
Il se voyait lui plaquer contre sa poitrine si elle ne changeait pas d’avis et lui souhaiter bon courage. Il se voyait lui donner le chargeur qu’il avait en plus dans sa poche ventrale, en sachant pertinemment que ça ne changerait pas ses chances de survie. Mais allait-il vraiment abandonner cette femme seule, qui plus est enceinte, à son sort? Serait-il capable de se regarder dans un miroir après ça? Non. Certainement pas.

“Écoute, voilà ce que je te propose. On retourne sur nos pas, on regarde les trois ou quatre portes qu’on a pas encore regardées. Si ça ne donne rien, on remonte à la surface, on prend la voiture de Cole et s'il nous reste du temps, on passe par l’ancien centre des visiteurs avant de rejoindre les quais. Satisfaite?”

- Non, Le français sentit son visage s’empourprer et la chaleur le gagner. Il allait en remettre une couche mais Shaelynn le coupa. Il est hors de question que je parte maintenant. T’as peut-être vécu ta petite vie tranquille pendant ces deux ans et demi mais c’est pas mon cas. Que ce soit avec mes parents, Biosyn, InGen ou seule, ça fait trop longtemps que… Elle s’interrompit un instant. C’est pas une question de courage, j’ai pas d’autres options et…

“Shaé, merde!” le coupa le français. “Tu es pas toute seule! Et je ne parle pas de moi. Tu veux des réponses, moi aussi, mais pas au prix de sacrifier une mère et son gosse… Soit raisonnable.”

Shaélynn se leva d’un bon, tant bien que mal malgré sa jambe blessée et ouvrit la bouche pour répondre mais se ravisa. Son visage marqua sa fatigue et elle laissa passer quelques instants avant de répondre d’un ton plus calme.

- Ok. On termine les portes de ce côté et ensuite on remonte mais… Elle pointa un doigt vers Marcos d’un ton menaçant. Tu ne redis pas ça, jamais, tu m’entends? A personne, quoi qu’il arrive, tu as…

L’espace d’un instant, c’était une toute autre personne que le français avait en face de lui. Ce n’était plus la paléobotaniste qui avait fait ces quelques pas vers lui, et qui arborait son regard glacial. La chair de ses mains blanchissait sous la pression qu’elle exerçait, et sa respiration, haletante et saccadée, agitait sa cage thoracique sous ses vêtements humides. Marcos ne se souvenait pas avoir vu l’anglaise dans un tel état de rage, mais le paléontologue tressaillit à la pensée de ce qu’elle pourrait lui faire.


“Qu’est-ce que vous foutez là?” leur dit alors une voix masculine un peu plus loin.

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Shaélynn Moore
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MessageSujet: Re: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyDim 14 Jan 2024 - 1:46

Sa tentative maladroite pour se montrer à l’écoute du paléontologue n’eut pas l’effet escompté. À la place, Marcos lui répondit un “ça va, ça va” et réclama un temps de réflexion. Ok, message reçu. Shaélynn prit donc quelques instants pour observer le couloir tandis que le trentenaire faisait les cents pas dans le tunnel, semblant chercher des yeux des indices. L’ancienne paléobotaniste hésita quelques secondes à s’éloigner et à faire ses recherches de son côté mais…

Elle avait beau avoir donné une arme à Marcos, le 9mm décorait seulement sa ceinture. Il l’avait installé là et n’avait pas reposé la main dessus. Il n’était de toute façon pas un as de la gâchette et il n’était pas dit qu’au moment opportun il aurait réussi à s’en servir mais… La responsabilité de la sécurité reposait donc sur elle et pour le moment le français mettait ses nerfs à rudes épreuves en ne partageant pas avec lui son raisonnement. Shaé dût montrer des signes d’impatience car comme s’il l’avait entendu, il déclara :

- On est dans le tunnel principal qui relie la station au nord-ouest d’ici à l’ancien parc, plus au sud. Où est le nord, où est le sud ?

Pour des raisons qu’elle ignorait, il semblait d’une importance capitale à ses yeux de localiser les points cardinaux. Shaélynn faillit lui demander s’il avait pensé à vérifier sur quelle face des portes poussaient la mousse avant de se retenir. Un commentaire acerbe n’allait pas spécialement les faire avancer. Distinguer le nord du sud non plus cela dit parce que le tunnel ne leur offrait pour le moment que deux possibilité : gauche ou droite. Et puis surtout… Est-ce qu’il venait vraiment de fermer les yeux ?

La britannique dût se mordre les lèvres pour ne pas hurler. Pour se calmer, elle se remit à déambuler dans le couloir. Elle ne cherchait pas spécialement de solutions à leur problème… Juste une solution pour ne pas céder à l’énervement et lui expliquer qu’il n’était qu’un putain d’inconscient. Ils étaient dans un couloir avec une porte tous les trois mètres, autant d'entrées potentielles de danger et lui fermait les yeux. Elle avait beau réfléchir, Shaélynn n’arrivait à trouver aucune formulation pour lui indiquer ce fait de manière diplomatique. Au contraire, elle prenait sur elle, essayait de faire abstraction de ce qu’il racontait pour surveiller les potentiels bruits aux alentours.

Elle jetait de temps en temps un coup d'œil dans la direction du trentenaire et en le voyant ouvrir de nouveau les yeux, elle crut qu’il avait peut-être trouver une solution. Mais non.

- La position du Soleil. Il se lève à l’Est, passe par le Sud et se couche à l’ouest. L'entrée était éclairée, donc orientation plein sud, et donc on a été vers le nord. Juste de la logique.

Oui, merci le capitaine Marcos. À ce rythme là, il allait enchaîner sur un bulletin météo et un point horoscope. Pour le moment, il était simplement en train de désigner les directions des points importants tel que la station géothermale mais comme il le disait lui-même…

- Sauf que ça ne nous aide pas. On sait que ta mère...

La formulation fit tiquer Shaélynn et Marcos aussi car il se reprit aussitôt.

- Mary Moore est passé par où on vient, via le temps de trajet qu’a calculé et le trajet qu’on a estimé. Vu le temps qu’on a mis, elle est forcément partie de pas loin d’ici. Disons qu’elle connaît mieux le chemin que nous et donc qu’elle a été plus rapide de quoi, cinq minutes, qu’elle soit arrivée en direction de la station géothermale ou de l’ancien parc, dix minutes de marche ça reste dix minutes de marche.

La jeune femme s’apprêtait à parler mais il lui fit un signe de la main et elle préféra s’abstenir. En appui sur l’un des murs, il prenait le temps de la réflexion mais ce n’était ni le moment ni l’endroit. Même si l’anglaise était réfractaire à l’idée de faire encore appel à Cole et Angel, il aurait peut-être été judicieux de réclamer un plan ou des indications. Car les murs et les portes n’en comportaient aucune. Juste des chiffres. Sans indiquer leur position, connaître la destination des pièces qui les entouraient aurait déjà pu leur épargner un temps précieux. Enfoncer les portes ou essayer de les ouvrir étaient exclus. De ce qu’elle voyait, elles tenaient encore solidement à leurs accroches.

Un clac de doigt la fit sursauter et elle se tourna vers lui immédiatement. Il fallait qu’il trouve une autre solution que la sienne.

- J’ai trouvé. Mary est forcément venu d’un accès pas loin, je dirais dans les 10 minutes de marche grand maximum, on sur terrain plat, ça fait 500 mètres on va dire à vu de nez. Que ce soit dans cette direction là, ou dans l’autre. Et elle doit venir d’un accès que seul un pass avec un haut niveau d'accréditation, comme celui de Cole, peut ouvrir. Un chef de section, comme moi, n'est pas censé avoir accès au projet T. Y a que celui qui tient la baraque qui peut.

Il fallait surtout espérer que Cole, qui n’était revenu que récemment, dispose bien d’un tel pouvoir… S’il ignorait l’existence de ces couloirs et qu’il n’avait pas été mis au courant par John Hammond, son pass pouvait-il vraiment leur apporter la solution ? Il y avait cependant une autre réalité à considérer : personne ne savait. Les personnes qui géraient aujourd’hui le parc ignoraient peut-être eux aussi ce qu’était le projet T. Le patron de la Chimère n’avait pas été en mesure d’avoir accès à ces informations alors même qu’il était à la tête du parc. Tout était possible et il ne fallait pas laisser cette option de côté…

Surtout que…

- Dans les deux cas, c’est une distance relativement courte… Elle se mordit nerveusement les lèvres pour ne pas laisser son esprit dériver et se concentrer sur la solution de Marcos. Il avait raison : l’entrée devait se trouver dans le secteur.  Heureusement parce qu’on risque de devoir tester les deux.

- Ouaip. Donc voilà ce qu’on va faire. On va partir dans un sens et tester toutes les portes avec mon badge. Si elle s’ouvre, ce que c’est pas la bonne. Si elle ne s'ouvre pas avec mon pass, mais que le pass de directeur de Cole l’ouvre, c’est que c’est le bon endroit.

- Ça me va. La britannique acquiesça d’un hochement de tête, résignée. On a pas tellement d’autres options de toute façon. Comment bien de temps on a ?

Plus que deux heures trente. Il ne fallait pas perdre de temps et ne surtout pas manquer de prudence. Pour le moment, Marcos ne semblait toujours pas disposé à se munir de son arme. Calmement, la jeune femme décida de le laisser gérer la partie ouverture des portes et de se contenter d’assurer la sécurité.

Évidemment, la première porte ne fut pas la bonne pas plus que les suivantes. Toutes les pièces n’étaient que de vulgaires espaces de stockage. Après avoir ouvert une bonne dizaine de portes sur un côté de couloir puis un nombre équivalent sur celui d’en face, l'adrénaline commença à retomber. Shaélynn sentait une tension douloureuse s’amplifier au niveau de ses épaules. Sa jambe protestait également contre les efforts qui lui étaient imposés. Rester debout aussi longtemps à ne faire que des petites distances ne lui réussissait pas vraiment, pas encore.

La lassitude commençait à se faire sentir mais Shaélynn ne perdit ni espoir ni patience. Même lorsqu’ils repassèrent devant la porte du SAS par lequel ils étaient arrivés. Ils leur restaient encore le double de portes à ouvrir. La bonne se trouvait forcément parmi elles.

Pourtant après avoir parcouru un côté de la nouvelle section de couloir et après avoir découvert un énième stockage, Marcos en claqua violemment la porte. Sur les nerfs, Shaé sentit presque l’onde de choc vibrer dans chacun de ses os, notamment ceux de sa cuisse blessée. En serrant la mâchoire sous l’effet de l’énervement, ses dents claquèrent et elle sentit une douleur se diffuser dans son crâne. Probablement un reste de son récent traumatisme crânien… Tu parles d’une capacité de régénération hors norme…

Agacée par le comportement du paléontologue et après s’être contenue aussi longtemps, Shaélynn craqua. Laissant retomber sa garde, elle croisa les bras, ce qui soulagea un peu ses muscles endoloris.

- Tu devrais la claquer plus fort la suivante. C’est possible qu’ils t’aient pas entendu à la surface.

Evidemment la réaction de Marcos ne se fit pas attendre et il se tourna vers elle pour répliquer. Sans chuchoter.

- Raaahhhh!!! Quoi??? Tu as mieux à proposer? Elles sont où tes astuces de ta carrière d’espionnes là, hein?

Reste à ta place. Shaé s’empressa de prendre une grande inspiration, cherchant à se dominer, à reprendre le contrôle tandis que Marcos se laissait tomber contre une porte. Il n’était pas question de perdre son sang froid maintenant même si la situation commençait à la stresser tout autant que lui. L’espionne, puisque c’était toujours ce qu’elle était à ses yeux, savait que si elle se laissait aller, il craquerait aussi. Il fallait qu’elle se maîtrise si elle voulait se donner une chance de réussite.

Il avait cependant raison. Des solutions à proposer, elle n’en avait pas beaucoup. Appeler Cole et Angel ne servirait pas à grand-chose maintenant qu’ils avaient exploré la plupart des portes. Il en restait quelques-unes bien sûr. Mais si la bonne ne se trouvait pas parmi elles ?

- Excuses-moi… Où est-ce qu’on s’est trompé Shaélynn? On a suivi un scénario logique pourtant, non? Si ça se trouve, Mary Moore n’est jamais passée par la grotte des fossiles. On fait fausse route depuis qu’on est rentré ici. Ptete même avant qu’on mette les pieds sur cette île.

Marcos semblait se calmer et la jeune femme recommença à respirer un peu plus calmement. Il remettait cependant en cause toute la réflexion autour de leur plan.

Pourtant la grotte des fossiles était la seule des structures à proximité. À moins que le parc ne regorge de plus de secrets que prévu ? Et s’il y avait une autre entrée ? Un bunker avec une trappe dissimulée sous un buisson ? Une porte secrète cachée sous une cascade ou avec un bouton planqué dans un rocher. C’était ridicule et très cartoon mais InGen comme Disney excellaient déjà pour cacher leurs enceintes et leurs matériaux techniques à la vue des visiteurs alors…

Un mouvement du côté du paléontologue attira son attention et elle le vit lever son téléphone pour qu’elle regarde le chrono. Oui, ils venaient de perdre une demi-heure et le compte à rebours n’affichait plus qu’un insolent 1:59:45. Et puis ensuite ? Des portes il en restait et du temps aussi. Il ne fallait pas s’avouer vaincu pour autant.

Peut-être avaient-ils mal cherché ? Et si la porte se trouvait bien dans l’une des salles visitées mais dissimulée ? Il fallait tout reprendre depuis le début, réouvrir chaque salle et la fouiller avec des yeux nouveaux. Voir ce que des yeux non avertis ne voyaient pas, ne cherchaient pas.

Marcos n’affichait cependant pas la même détermination. Cédant enfin à l’appel de ses muscles, Shaélynn se décida à s’asseoir quelques instants pour échanger avec le paléontologue et se reposer. Celui-ci avait besoin de vider son sac et elle afficha une mine compatissante. Du moins jusqu’à ce que ses propos prennent une tournure inattendue.

- On n'aura jamais le temps de chercher ailleurs. On peut revenir sur nos pas, sortir de la grotte, prendre le véhicule et arriver au ferry avant que la Chimère arrive, histoire de pas être pris entre deux feux. C’est pas très courageux je sais, mais regardons nous, on n'a rien d'agent de sécurité.

Pardon ? Pas le temps de quoi ? Chercher ailleurs ? Bien sûr que si ! Le parc n’était pas si grand, ils pouvaient encore étendre leur périmètre de recherche. Chercher encore, chercher mieux.

Soudainement Shaélynn comprit aussi que malgré ses affirmations et même s’il avait conscience des enjeux, Marcos n’était pas sur la même longueur d’onde qu’elle. Il parlait de partir, d’abandonner. Et ça, c’est quelque chose qu’elle ne savait pas faire. Pire, quelque chose qu’elle ne comprenait et ne tolérait pas. Oh bien sûr qu’elle était capable de laisser les autres mourir ou se sacrifier pour sauver sa peau. Peut-être était-ce pour cela que le français lui proposait cette option.

Si son instinct de survie était si développé cependant ce n’était pas juste à cause d’un amour démesuré pour sa propre personne, non. Elle savait se mettre en danger et la risquer quand il le fallait. C’est parce que quand elle avait un objectif en tête, elle n’arrivait pas à lâcher. Pour protéger la mission, elle avait laissé Cameron mourir. Pour se donner une chance de réparer ses torts, elle avait abandonné Cole et grillé toute chance avec Biosyn en quittant le parc avec Shivak. Pour continuer à chercher le projet T, elle avait laissé Shivak pour mort.

Tous les moyens étaient bons pour réussir et il fallait que Marcos le comprenne.

- Tu déconnes j’espère ? Tu repars si tu veux mais ça sera sans moi, Marcos !

Mais les deux anciens collègues ne parlaient visiblement pas le même langage.

- Tu vas crever si tu restes dans ce souterrain, tu le sais non ?

Le français commença à lui expliquer en long et en large à quel point ses chances de survie étaient faibles si elle restait. Shaélynn avait envie de le couper pour lui dire “Oui et ?”. Il ne comprenait pas, il ne pouvait pas comprendre. Tout ce qu’elle avait partagé avec lui en France, ce qu’elle avait dit à Cole et lui, elle le pensait. Ce n’était pas des paroles en l’air : elle était réellement prête à tout pour que cela s’arrête.

Elle n’avait pas su se résigner à mourir à Paris faute d’avoir tout tenté. Et pourtant… Shaélynn avait survécu à Pearce, deux fois. Elle n’allait pas s’avouer vaincue parce qu’une porte ne s’ouvrait pas !

- Écoute, voilà ce que je te propose. On retourne sur nos pas, on regarde les trois ou quatre portes qu’on a pas encore regardées. Si ça ne donne rien, on remonte à la surface, on prend la voiture de Cole et s'il nous reste du temps, on passe par l’ancien centre des visiteurs avant de rejoindre les quais. Satisfaite?

Sérieusement ? Comment aurait-elle pu être satisfaite avec une solution qui ne réglait absolument aucun de ses problèmes ?

- Non. Sa voix était ferme, décidée. Il est hors de question que je parte maintenant. T’as peut-être vécu ta petite vie tranquille pendant ces deux ans et demi mais c’est pas mon cas. Que ce soit avec mes parents, Biosyn, InGen ou seule, ça fait trop longtemps que… Trop longtemps qu’elle tenait bon. Elle avait littéralement tout sacrifié pour réparer ses torts.  C’est pas une question de courage, j’ai pas d’autres options et… Même si elle faisait demi-tour maintenant, à quoi bon ? Que lui restait-il ? Rien, pensa-t-elle amèrement. Elle avait perdu ses deux meilleurs amis, son mentor, Lucy, sa famille…

Avant qu’elle n’ait pu continuer, le français l’interrompit.

- Shaé, merde ! Tu es pas toute seule ! Et je ne parle pas de moi. Tu veux des réponses, moi aussi, mais pas au prix de sacrifier une mère et son gosse… Soit raisonnable.

Shaélynn mit bien une seconde à se rendre compte qu’il parlait d’elle. Sa réaction fut immédiate et elle se releva brusquement, sa jambe suivant au mieux. Raisonnable ? C’était lui qui ne l’était pas. Elle était prête à hurler sur Marcos mais une voix la rappela à l’ordre. Si, elle lui disait la vérité maintenant, elle perdrait son soutien. Ce serait terminé. Il comprendrait à quel point elle ne reculerait pas. Il la croirait folle, inconsciente, insensible.

Dans l’état où il était, elle ne pouvait pas lui dire la vérité, il n’entendrait pas raison

La jeune femme ne pouvait pas lui dire que sans avoir tout essayé, elle ne s’accorderait aucune chance de rédemption, qu’elle était prête à mourir plutôt que de renoncer. Même à sacrifier un enfant qui n’existait pas encore vraiment et dont elle n’était pas sûre de vouloir. Qu’elle était sûre de ne pas vouloir mettre au monde dans un monde où KC mettait la main sur le projet T.

La britannique ne voulait pas mettre au monde un enfant pour lui faire vivre la même vie qu’elle. Celle d’une expérience de laboratoire, avec des parents dont le passé louche pèserait sur lui comme une ombre à chaque instant, avec un ou des parents absents.

Raisonnable, c’était lui qui ne l’était pas. Mais Shaélynn ne lui dirait pas. Il fallait le ménager, certes pour le convaincre de continuer mais il y avait quelques points à éclaircir également. Alors elle commença par concéder :

- Ok. On termine les portes de ce côté et ensuite on remonte mais…

Sa voix se teinta de colère. Cet enfant, elle n’était pas sûre de le vouloir. Son cerveau lui donnait l’impression d’exploser quand elle pensait à tout ce que cela impliquait, maintenant, demain. Il était clair que même s’il n’était pas le sien et qu’il ne portait pas spécialement la paléobotaniste dans son cœur, cet enfant était plus déjà plus réel aux yeux de Marcos qu’à ceux de Shaélynn. Il avait déjà impacté certaines de ses décisions et il recommencerait. Si, elle n’avait pas été enceinte, le français aurait peut-être déjà foutu le camp pour sauver sa peau. Il se mettait en danger pour sauver quelque chose qui n’existerait peut-être jamais. Cette réalisation lui prouvait une nouvelle fois à quel point, Marcos et elle ne se connaissaient pas.

Shaélynn avait promis de le protéger et elle ne pouvait donc pas l’accepter. Essayant de maîtriser en vain sa rage, elle pointa un doigt vers lui pour le mettre en garde et le rappeler à ses engagements.

- Tu ne redis pas ça, jamais, tu m’entends? À personne, quoi qu’il arrive, tu as…

La britannique hésita une seconde. Il n’avait pas vraiment promis mais il ne l’avait pas contredit non plus quand elle lui avait demandé de garder le silence sur ce sujet. Ce n’était pas juste qu’elle ne souhaitait pas en parler. Marcos et elle n’étaient même pas amis et il la protégeait à cause de cette grossesse.

Quelle serait la réaction de Cole s’il l’avait su ? L’ancien guide ne l’aurait jamais laissé venir ici, c’était certain. Sous prétexte de la protéger, il aurait pris les décisions à sa place, usant de sa position de directeur pour la contraindre et Shaé n’aurait pas eu son mot à dire. Elle serait déjà sur le bateau, en route pour le continent. Ses espoirs anéantis. On l’avait suffisamment utilisé et manipulé pour qu’elle ne le permette pas à nouveau.

Pire encore. Si KC ou Biosyn l’apprenaient ? Shaélynn n’était pas stupide et elle se souvenait parfaitement de ce qu’avait dit Marcos à son sujet, avant même de savoir qu’elle était enceinte.

- J’ai pas besoin de te faire un dessin de ce que ferait K-C ou Biosyn de toi s’ils l’apprenaient.

Ce qu’ils feraient d’elle. Ce qu’ils avaient déjà fait d’elle. Ce qu’ils feraient d’un enfant portant son patrimoine génétique. La peur que la jeune femme ressentait alimentait sa rage, faisant monter en elle une angoisse sourde et incontrolable. L’oxygène rentrait difficilement dans ses poumons et elle qui ne craignait pourtant pas les atmosphères commençait à manquer d’air.

Cet enfant était un danger pour lui-même, pour elle, sa liberté, pour les autres. Il pourrait être un moyen de pression, une expérience, un impact sur leurs décisions. Il fallait qu’elle se montre plus ferme avec Marcos sur le sujet, qu’il comprenne les enjeux que cela représentait. Elle avait promis à Cole de le protéger et elle refusait de revenir sur cet engagement. Malgré tout, elle ne laisserait pas le paléontologue la mettre en danger. Elle ne le laisserait pas se mettre en travers de ses plans.

Shaélynn ne savait plus quoi faire. Une partie d’elle lui hurlait de retirer Marcos de l’équation maintenant. Comment ? L’enfermer dans l’une des salles et prévenir Angel de venir le chercher ? Lui foutre la trouille, le menacer pour qu’il déguerpisse et  lui laisser le champ libre ? Le français devait sentir que quelque chose l’agitait car l’expression d’horreur qu’il affichait était réelle.

- Qu’est-ce que vous foutez là ?

Passé la surprise, ce fut comme si son angoisse et sa rage se retirait de son corps d’un seul coup. Accaparée par son échange avec Marcos et aveuglée par ses préoccupations, Shaé n’avait pas entendu le danger arriver. S’arrachant à ses muscles, à ses nerfs. Ses poumons prirent enfin une inspiration complète, ses pupilles se dilatèrent et ses yeux se plissèrent pour se protéger de la lumière. Brièvement ses muscles nerveux se lâchent avant de se bander de nouveau. Lorsque Shaélynn vit volte face pour se placer entre l’homme qui venait d’arriver et Marcos. Le nouveau venu portait l’uniforme du Jurassic World et sa mallette d’outils dans une main, il paraissait appartenir à l’équipe d’entretien. Comment savoir si c’était le cas ? N’importe qui aurait pu s’infiltrer, elle était bien placée pour le savoir.

Ils échangèrent un regard rapide et la britannique vit celui de l’homme changer. Quelque chose devait lui indiquer que la situation n’était pas normale. Shaé le vit amorcer un mouvement pour se saisir du talkie qui pendait à sa ceinture et ses réflexes prirent le dessus. La jeune femme ne sentit plus la douleur dans sa jambe et tout son corps semblait avoir oublié l’anémie, la fatigue et les privations.

L’homme avait à peine le talkie en main que l’ancienne espionne avait déjà franchi la distance qui les séparait. Shaélynn attrapa fermement son poignet et le tira vers elle, le déséquilibrant au passage. Elle pivota,  fit passer le bras de son adversaire par-dessus son épaule et donna un accoup sec vers le haut. Ce qui fit tomber le talkie au sol. Même si elle était maintenant persuadée que la personne qu’elle avait en face ne savait pas se défendre, la jeune femme ne pouvait prendre le risque qu’il s’échappe. Elle laissa sa jambe glisser au sol,  s’en servit pour prendre appui et déséquilibrer l’homme qui tomba au sol devant elle.

L’employé d’InGen n’allait évidemment pas se laisser faire et en deux secondes il était à quatre pattes, prêt à se relever. Ce qui ne risquait pas d’arriver. La britannique l'attrapa par le col, le forçant à se redresser sur ses genoux avant de passer ses bras autour de son cou. Sûre d’elle, Shaélynn maintenait sa prise même si sa cible se débattait énergiquement, démarrant un décompte mental. Pourtant plus les secondes passaient plus elle perdait en vigueur et elle commençait à craindre de manquer de force avant lui. Sa vue commençait à se brouiller au fur et à mesure qu’elle épuisait son souffle. Même s’il s’était rapproché d’elle, la voix de Marcos lui parvenait comme en écho et tout semblait flou autour d’elle.

- Arrête, arrête, tu vas le tuer !

Shaélynn ne semblait cependant rien entendre jusqu’à ce qu’elle sente les ongles qui s’enfonçaient dans son poignet lâcher d’un coup. Le corps de l’agent de maintenance faiblit d’un coup pesant de tout son poids et elle dû déployer un effort supplémentaire pour ne pas le laisser tomber lourdement à terre. Elle recula progressivement jusqu’à l’étaler de tout son long dans le couloir.

Le silence retomba enfin dans les souterrains et le seul son que Shaé percevait était celui de sa respiration difficile. La jeune femme tentait tant bien que mal de reprendre son souffle quand Marcos se mit à répéter en boucle, dans un murmure presque hystérique :

- Tu l’as tué, il est mort, tu l’as tué, il est…

Enjambant le corps de l’inconscient, la britannique rassembla ses dernières forces pour se mettre à genoux. D’une main encore tremblante de ses efforts et du stress, elle apposa deux doigts sur la jugulaire de l’homme et elle sentit les pulsations sous eux.

- Non, il est vivant, déclara-t-elle d’une voix affreusement détachée.

Curieusement, la jeune femme avait l’impression que cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas fait “ça”. Se battre ainsi, le cerveau anesthésié par l’adrénaline. Pourtant, cela ne remontait pas si loin. Moins d’un mois que Shivak et elle s’étaient défendus dans le club de l’hôtel où l’étudiante en archéologie passait à l’origine une soirée plutôt tranquille avec Hassan et les autres. C’était à la fois il y a une éternité et seulement hier qu’il lui semblait avoir appris ce mouvement. Baptiste, leur coach de Biosyn, les avait entraînés pour que ces enchaînements, ces actions soient gravés dans leur cerveau, dans leur muscle, dans leur corps. Pour que la survie, l’attaque et la défense deviennent des mécanismes automatiques. Peu importe les efforts qu’elle pourrait déployer pour les oublier, ils ne partiraient jamais. Ils étaient toujours là.

- Il est vivant. Marcos ne semblait cependant pas convaincu.- Je n’ai pas tenu assez longtemps pour le tuer. Je voulais juste l’immobiliser.

Le français avait un teint cireux et il semblait proche de tourner de l'œil. Elle-même n’était pas en forme mais Shaé avait encore des choses à faire avant de pouvoir reprendre ses esprits. Sa jambe lui fit faux bond lorsqu’elle se remit debout et elle dût prendre appui sur le mur pour ne pas tomber. Un gémissement sourd de douleur lui échappa et elle s’empressa de répéter “ça va, ça va…” . Plus pour elle que pour Marcos car même s’il avait suivi la scène, le jeune homme semblait toujours incapable de bouger et encore moins de l’aider. Il allait pourtant falloir.  

D’un pas décidé, Shaélynn se dirigea vers l’homme, qui devait avoir la cinquantaine et semblait peser son poids. Elle l'attrapa par dessous les aisselles avant de lever la tête vers Marcos.

- Ouvres une des portes s’il te plait. Il la dévisagea un instant sans comprendre. Marcos, ton badge, ouvre une porte et reviens m’aider. Maintenant !

Il s'exécuta presque mécaniquement mais il revient finalement vers eux, l’air hagard.

- Attrapes ses jambes, s’il te plait. La britannique avait pris une voix plus douce, plus calme mais ferme, toujours. Celle-ci semblait donner de meilleurs résultats sur le paléontologue qui s’empressa de se saisir des chevilles de l’homme. Non ! Il releva immédiatement la tête d’un air inquiet. Mets tes mains sous ses genoux, ça répartira mieux le poids.

Déplacer des poids morts, cours 101. C'était aussi quelque chose qu'elle avait appris chez Biosyn. Bien sûr ce n'était pas toujours pour déplacer des agents de maintenance rondouillets mais aussi pour d'éventuels blessés. Ensemble, ils déposèrent “Randy” comme il s’appelait, d’après son badge, dans le local de stockage d’où il était sorti. Méticuleusement, la jeune femme fouilla ses poches ne trouvant rien de compromettant. Elle lui retira son pass électronique, son téléphone portable ainsi que son talkie. Elle baissa le son du talkie avant de s'intéresser au portable. Il se déverrouillait par empreinte digitale et put donc y accéder sans soucis grâce à la participation passive de son propriétaire. Shaélynn régla un minuteur qui se déclencherait d’ici une demi-heure. Du coin de l'œil, elle vit Marcos aller prendre le pouls de leur nouvel ami, pour vérifier par lui-même.

Sans y prêter attention et prenant appui sur un meuble bas, elle se hissa à hauteur de la plus haute des étagères pour déposer le talkie, le badge et le téléphone derrière une boîte.

Marcos était déjà sorti de la salle et se contentait de la suivre du regard depuis la porte. Il était évident qu’il était terrifié. Soit par elle, soit par la situation, soit par les deux. Pour le moment, il ne semblait rien dire mais cela risquait de ne pas durer.

- Il faut qu’on se bouge avant qu’il se réveille et appelle du renfort. Tu peux ouvrir les portes suivantes ?

Le français sembla peser le pour et le contre. De son côté, Shaélynn avait récupéré son arme et la pointait maintenant vers la porte suivante. Poussant un soupir, il s’exécuta cependant de mauvaise grâce. La première porte fut une nouvelle déception et ils échangèrent un regard contrarié. Lorsqu’il apposa son badge sur la seconde cependant rien ne se passa. Elle n’avait pourtant rien de plus que les autres. Comme si de rien n’était, Marcos fit un second essai puis un troisième avant de se tourner vers elle. Cette fois-ci, il sortit le badge de Cole qu’il avait conservé bien au chaud jusqu’ici et d’un geste tremblant le présenta devant le détecteur.

Le clic se fit entendre et la porte s’ouvrit lorsque Marcos fit pression sur la poignée. L’odeur d’humidité se fit cette fois plus intense et le son de leur pas lorsqu’ils franchirent le seuil résonna dans l’obscurité.

Une lumière à sa droite attira son attention. Le français venait de nouveau d’afficher le timer sur son téléphone.

1:44:23


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MessageSujet: Re: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyMer 17 Jan 2024 - 23:18

Aaah... Les souterrains.
Voilà une histoire intéressante à vous racconter.  De toutes celles qu'il m'est été compté d'observer ces dernières années, il s'agit de l'une de mes préférées. Pour le moment, pas de lancer de dés ou d'ennemis au détour d'un couloir sinistre, mais uniquement un escalier menant à un endroit sombre, poussièreux et inhospitalier.

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Et voilà qu'après avoir découvert l'accès secret aux anciens locaux d'InGen, nos deux héros descendent une à une les marches bétonnées, glaciales et rigides qui allait les mener tout droit aux portes de l'enfer. Mais ne brûlons pas les étapes, il faut d'abord que je vous explique ce qu'ils y ont découvert :

Du froid, de l'humidité, une horrible sensation de claustrophobie, l'impression sinistre que quelque chose allait surgir de n'importe quel recoin. De la poussière, en veux-tu ? En voilà ! Une odeur de renfermé de moisissures et de souffre, plus prenante que précédemment. Et ils n'en étaient qu'au début. Les étages négatifs se succèdaient, si bien qu'ils se retrouvèrent plusieurs mètres sous terre. Tandis qu'ils progressaient, ils arrivèrent devant une sorte de hall ou se rejoingnaient plusieurs couloirs et portes d'accès. Toutes étaient vérouillées depuis l'intérieur mais l'une d'entre elle disposaient de signes particuliers : des traces nettes indiquaient la présence de quelqu'un d'autre dans les environs. On pouvait compter au moins trois types de traces de pas différentes. Elles étaient récentes mais de combien de temps ? Minutes ? Heures ? Et si les apparences semblaient indiquer qu'il sagissait de membres de la Chimère, aucun autre indice ne pouvait cependant le confirmer.

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Ils avaient pris la seule direction possible : un long tunnel dont on ne pouvait voir le fond. Métallique, bordé de machines métallurgiques et de long tubes chargés de gaz ou d'électricité. Le matériel semblait obsolète et ne pas avoir été utilisé depuis de nombreuses années, pourtant. Il était bel et bien fonctionnel. Sinon comment expliqué la lumière dans les souterrains ?

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MessageSujet: Re: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyMer 7 Fév 2024 - 22:22



- Qu’est-ce que vous foutez là ?

Cette voix, qui lui était inconnue, le surprit alors qu’ils étaient en pleine discussion. D’un mouvement vif, il tourna la tête dans sa direction pour s'enquérir de son identité. L’individu portait un bleu de travail deux pièces typique du personnel de maintenance. Son badge, accroché à son buste renforçait cette hypothèse, tout comme la boîte à outils qu’il portait en main. Comme beaucoup appartenant au personnel d'entretien de l’île, il s’agissait très probablement d’un costa ricain, à en juger par le teint hâlé de sa peau et son accent hispanique.

Le paléontologue voulait dire quelque chose, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Que devait-il dire? Devait-il seulement dire quelque chose? Il savait que le temps pressait, et une seule mauvaise phrase pouvait avoir des conséquences désastreuses. Shaélynn et lui étaient de surcroît sous les radars. Cet homme pouvait très bien, sans même le faire exprès, réduire à néant leur couverture. Marcos lança alors un regard désemparé vers l’anglaise, en espérant que cette dernière ait une idée voir même mieux, une solution. Cette dernière lui rendit le même regard emplie de stupeur. Il fallait trouver quelque chose pour se sortir de cette situation. Mais quoi? 
Il fallait lui dire quelque chose, le baratiner de telle sorte qu’il passe son chemin. Il fallait vite trouver un speech à raconter, quelque chose d’assez solide pour le convaincre suffisamment et que ce dernier reprenne sa route. Tout bon mensonge était fondé sur un fondement de vérité. Marcos était donc là en tant que chef de la division paléontologique. Avec Shaélynn en charge de la botanique, ils étaient là … pour venir chercher du matériel … dans un des locaux de stockage ici … pour les prochaines fouilles. Il n’y en avait pas de prévues, mais ça, le technicien ne pouvait pas le savoir. Le français estima rapidement que l’histoire tenait la route.

Le costa ricain porta la main à son talkie pour appeler très probablement la sécurité. Marcos, sentant le danger, tendit à l’ouvrier son badge pour lui montrer qu’il était de la maison. L’homme arrêta son geste, prît d’un doute. Le paléontologue se releva d’un bond et allait déclarer son identité lorsque Shaelynn, profitant de l’hésitation du cinquantenaire, se rua sur ce dernier et lui fît une clef de bras avant de le projeter au sol. La caisse à outils métallique et les outils qu’elle contenait claquèrent sur le sol dans un vacarme tonitruant. L’ouvrier bredouilla un juron sur la petite vertue de la mère de l’anglaise, mais ses mots s'étouffèrent dans sa gorge alors que cette dernière le mettait à genoux et utilisait toute sa rage pour l'empêcher de se relever. 

“Mais qu’est-ce que tu fais?” bredouilla le français, hébétée. Elle n’allait quand même pas tuer ce pauvre homme qui n’avait rien fait à par son travail? “Mais arrête enfin!”

Mais Shaelynn ne lui répondait pas. Le regard vague, perdu devant elle, elle se contentait de maintenir sa prise le plus fermement possible. Ce n’était plus la jeune femme frèle que le français avait sous les yeux, mais une lionne, les crocs enfoncés dans la nuque d’un gnou, le clouant au sol avec ses puissants membres supérieurs.

“C’est bon je pense”, souffla t-il du bout des lèvres, n’osant pas s’approcher. “Il fera plus rien là.”

Malgré la peau bronzée du technicien de maintenance, Marcos vît petit à petit son visage s’empourpré sous l’effet de la strangulation. Il vit ses lèvres bouger, appelant à l’aide, mais sans aucun son ne sortant de sa bouche. Les bras arrêtèrent peu à peu de bouger. L’un tomba mollement sur le sol, tandis que l’autre s‘agrippait encore à son agresseuse. Devant ce déchaînement de violence physique brute provenant de la jeune femme, le paléontologue était figé. Son cerveau n’arrivait pas à incorporer ce qu’il voyait. Le français était tout simplement dans le déni du spectacle qui était pourtant sous son nez.
Les paupières commencent à se fermer alors que les yeux eux rougissaient sous l’effet du sang injecté. Le paléontologue vît alors dans un dernier effort le sud américain lui jeter un ultime regard. Lui demandait-il de l’aide? L’accusait-il de rester là à ne rien faire? Le jugeait-il de sa coopération pour ne pas lui venir à son secours?

“Arrête, arrête, tu vas le tuer !” s’écria le français en se jetant vers sa collègue.

Cette dernière relâcha finalement son étreinte, à bout de souffle, et allongea le type sur le sol. Marcos se jetta à genoux à ses côtés, à la recherche du moindre signe de vie. L’homme gisait là, sa cage thoracique complètement inerte. Ses yeux, à peine ouverts, étaient injectés de sang qui mouchetaient de rouge le blanc de la sclère. Une marque nette épaisse d’une dizaine de centimètres soulignait le cou de la victime et montrait où le bras de l’anglaise l’avait enserré.

“Tu l’as tué, il est mort.”  lâcha t-il de stupeur, refusant de croire à ce qu’il avait vu. Et pourtant, le pauvre employé ne montrait aucun signe de vie. Le paléontologue savait qu’il devait se faire une raison, malgré la difficulté que celà impliquait. Notamment, que la jeune femme en qui il avait placé une partie de sa confiance était une meurtrière froide et sans scrupule. Et qu’il était parfois nécessaire de se salir les mains pour arriver à ses fins. Malgré celà, il ne pouvait s’y résoudre.

“Tu l’as tué, il est…”

- Non, il est vivant, répondit l’anglaise à bout de souffle après avoir pris son poul à la carotide et au poignet. Elle se releva et fît quelques pas difficiles plus loin. Marcos s’empressa de vérifier par lui-même les dires de la jeune femmes. - Il est vivant.  répéta-t-elle pour le convaincre. Je n’ai pas tenu assez longtemps pour le tuer. Je voulais juste l’immobiliser.

Il ressentit un profond soulagement lorsqu’il sentit palpiter le sang artériel sous ses doigts. L’anglaise quant à elle était exsangue, mais elle avait encore assez de force pour ordonner au paléontologue d’ouvrir la porte d’à côté avec son badge.

“Pourquoi?” laissa t-il échapper dans un mélange d’imcompréhension et de colère envers la jeune femme. C’était une question à double sens. Pourquoi avait-il besoin d’ouvrir cette porte déjà testée quelques minutes plus tôt? Mais également pourquoi avoir fait preuve d’autant de violence envers cet homme? Pourquoi ne pas avoir utilisé la ruse et une solution plus pacifique?

Marcos, ton badge, ouvre une porte et reviens m’aider. Maintenant !

Sonné, dans l'incompréhension, il se leva en pilotage automatique et apposa son badge sur le boîtier de commande de la porte, la déverrouillant. Il ne trouva rien à dire quand l’anglaise lui demanda de prendre le corps de tel ou tel manière, à tel ou tel endroit. Le français se sentait comme spectateur de ses propres agissements. Des agissements dont il se répugnait d’y participer.
Après avoir enfermé le technicien dans la remise, le français partît tester les deux portes qu’ils restaient à essayer. L’avant dernière s’ouvrit sans résistance. Il ne restait donc qu’une porte à essayer avant de toutes les avoir faites dans le périmètre. Le paléontologue en était arrivé à espérer que cette dernière s’ouvrirait également, sur un placard à balais ou je ne sais quel local de stockage. L’anglaise, à court d’options, serait obligée de s’avouer vaincue et de rebrousser chemin, avant que la Chimère arrive.
Marcos arriva devant l’ultime test de sa patience. La porte qui restait ressemblait à toutes les autres. C’était une lourde porte en métal, verrouillée par un terminal mural à sa droite. Il apposa son badge de directeur de section sur le cadran, mais alors qu’il s’attendait à entendre le même clic caractéristique qu’il avait entendu une vingtaine de fois, rien ne se passa.

La seconde qui s’écoula sembla être des heures. Etait-ce vraiment cette porte? Et dire qu’ils auraient gagné presque une heure en commençant simplement dans l’ordre inverse à tester les portes. Marcos réappliqua son badge sur le boîtier une deuxième fois, puis une troisième. Mais rien. Il sortit alors de sa poche le badge du directeur Hudson.

“C’est presque trop simple…” se dit-il à lui-même en apposant le badge d’Hudson d’une main tremblante et hésitante.

L’aimant relâcha son emprise sur la porte en un bruit métallique rauque. Le paléontologue ressentît une bouffée d’adrénaline remonter en lui. Elle résultait d’un mélange de peur et d’excitation. Il mit une main fébrile sur la poignée et inclina cette dernière. La résistance et le couinement émis indiquait que cette porte n’était pas graissée ou entretenue d’autres façons. La rouille avait dû commencer à grignoter les parties métalliques de la poignée à cause de l’humidité importante. Ni lui ni Shaelynn n’osa briser le silence qui s'était installé. Ils avaient encore une fois franchi une nouvelle étape qui les rapprochait du projet T, et d’une quête avait commencé il y a presque trois ans. Il jetta furtivement un regard au décompte. Il leur restait désormais moins d’une heure et quart. Seulement moins d’une heure et quart…




Shaélynn fût la première à s’y engouffrer, arme en main. Elle lui indiqua qu’il n’y avait pas de danger et le paléontologue s’y engouffra à son tour. Il fît bien attention à refermer la porte derrière lui, pour des raisons évidentes de discrétion et de sécurité. Il faisait très sombre et Marcos dût, comme Shaélynn, rallumer sa lampe torche. La première chose qu’il remarqua fût le contraste de propreté avec les couloirs qu’ils venaient d’arpenter. Ici, à la faible lueur des lampes, tout était maculé de gris, couvert d’une poussière blanchâtre qui perlaient ça et là sous l’effet de l’humidité. Son faisceau croisa ensuite les lignes parallèles d’une rambarde à quelques mètres. En s’approchant de quelques pas, il vît qu’il s’agissait d’une rambarde d’escalier. En passant la lampe par dessus cette dernière et en éclairant vers le bas, il vît que cet escalier en colimaçon descendait sur plusieurs niveaux. Trois ou quatre, mais il était difficile de le savoir avec certitude avec l’éclairage limité qu’ils avaient. Comme à son habitude, Shaelynn s’engagea la première dans l’escalier. Marcos la suivit, quelques mètres derrière elle. 
Dans ce dédale descendant d’étage en étage, le temps semblait comme arrêté. Mais le paléontologue savait que ce n’était que temporaire, et que la menace était loin d’être écartée. Lui et la botaniste étaient dans l'œil du cyclone. Malgré tout, dans le bruit répété des pas sur les marches métalliques, sa concentration se dissipa et son esprit commença à divaguer. Il se mît à repenser aux événements qui avaient eu lieu quelques minutes plus tôt. L’anglaise avait brutalement et subitement mis au sol un employé qui n’avait rien demandé quitte à lui casser quelque chose, avant de lui faire une clef de bras qui l’avait perdre connaissance. Et le paléontologue, stupéfait et sous le choc, n’avait rien fait. Il se souvenait encore du regard plein de supplication et de jugement du costa ricain. Et du regard ferme, à la limite de la haine, que portait Shaelynn.
Pourquoi l’ex-espionne n‘avait pas essayé une approche moins violente, quitte à embobiner le pauvre homme avec une histoire à rallonge ? C’est ce qu’il avait voulu faire, si Shaelynn lui avait laissé le temps. A moins que ce ne soit s'il en avait eu le courage plus tôt. Marcos décida qu’il était nécessaire de crever l’abcès. Il ressentait un profond besoin de dire à voix haute ce qu’il avait sur le cœur. 

“Attend Shaélynn, il faut qu’on mette une chose au point.”

L’anglaise s'arrêta, agacée. Savait-elle qu’il allait lui en parler? Voulait-elle esquiver le sujet?

Qu’est-ce que tu veux? Il est vivant ok? Je ne l’ai pas tué. 

“Et si ça avait été le cas? coupa le français. Et si, sans faire exprès, tu l’avais tué? Tu aurais fait quoi? On aurait fait quoi?”

Je SAVAIS ce que je faisais Marcos ! Au pire ça aurait été sur ma conscience, pas sur la tienne.

“Si justement! Je le porte aussi sur la mienne. J’étais là! Je t’ai regardé sans rien faire. Je t’ai même aidé à porter ce type. Je suis complice.”

Marcos, il est vivant ! interrompit Shaelynn. Et d’ici un moment, il aura plus grave à gérer…

“Tu ne comprends pas Shaelynn…” dit alors Marcos, las. Il descendit une marche et se rapprocha d’avantage de la jeune femme. “Tu sais comment je me suis retrouvé là- dedans? Ici, là?

Shaélynn fît une mimique signalant qu’elle attendait la suite. Elle ne partageait visiblement pas ses priorités et principes moraux.

“Brandon Colomes, un soigneur, s’est fait bouffer devant moi par un mosasaure qui n’ appartenait pas InGen. Puis il y a eu l’attaque il y a deux ans, où tout le monde y a laissé des plumes. Je cherche à mettre fin à ça pour qu’il y ait plus un collègue, un ami ou de la famille à enterrer à cause de cette île. Pourquoi moi? Parce qu’il faut bien que quelqu’un le fasse. Pour qu’il n’y ait plus de Brandon Colomes ou de Emma Beckett BIS.”

Je sais tout ça… l’interrompit la jeune femme. Elle semblait ne pas voir où le paléontologue voulait en venir. Ou faisait-elle semblant de ne pas vouloir le voir.

“Mais moi, je ne suis pas prêt à utiliser les méthodes de nos ennemis. C’est pas une question de peur, de courage, ou de capacité physique. C’est une question de principe.” 


Sauf que comme tu aimes me le rappeler : j'ai été l'ennemie, ok ? Ces méthodes comme tu dis, c'est ce qu’on m’a appris à faire, c’est ce qu’ils savent faire ! Ce mec aurait pu être de la Chimère, de Biosyn ou juste Ingen mais si on se fait griller... Tes petits principes et tout ce qu'on a fait jusqu'ici : ça n’aura servi à rien ! Tes principes ne vont pas te sauver la vie ! Sinon il y a bien des personnes qui seraient encore en vie aujourd’hui : Emma, Brandon ou même mon père. Je fais ce que je peux, ok ? Alors arrête de te plaindre et avance ! Ou fais demi-tour, je m’en fous. 

Pour clore la conversation, Shaelynn reprît la descente jusqu’au dernier niveau. Marcos se remémora les dernières paroles de l’ex espionne. Il était vrai que le technicien aurait pu être un agent de la Chimère ou de Biosyn simplement déguisé. Il admit honteusement et intérieurement qu’elle avait raison. Malgré celà, il avait encore du mal à se résoudre à utiliser ce genre de méthodes.





Lorsqu’ils arrivèrent en bas de l’escalier en colimaçon, Marcos et Shaélynn tombèrent nez à nez devant une porte, mais cette dernière n’était pas verrouillée. C’était une simple porte, tout ce qu’il y avait de plus banal après ce qu’ils venaient de voir. Lorsque le paléontologue l’entrouvît, une raie de lumière en provenance de l’intérieur illuminant la descente d’escalier.

“Si il y a de la lumière, c’est qu’il y a ou qu’il y a eu de l’activité” murmura t-il.

Marcos ouvrît entièrement la porte le plus doucement possible, évitant ainsi tout bruit de grincement des gonds. Il n’y avait personne. La lumière, qui semblait éblouissante dans l’obscurité, n’était en fait qu’un faible éclairage produit par des tubes néons en fin de vie au plafond. Leur couleur polaire instaurait un filtre froid et lugubre sur cet étrange lieu. De gros tuyaux parcouraient les murs de bout en bout du couloirs.

Marcos s’approcha de ces derniers et posa la main dessus. Il ressentît alors la chaleur de la vapeur sous pression qui transitait dans le réseau. Ces tuyaux étaient donc toujours en service, et les lieux qu’ils alimentaient aussi. Son regard se porta ensuite vers le fond du couloir. Ce dernier était à peine visible, faute de tube néons éclairant correctement. Des panneaux de contrôle et de l’outillage scientifique arboraient les murs. Des oscilloscopes et un panel de moniteurs. C’était des écrans cathodiques, ce qui indiquait qu’ils n’étaient pas tous jeunes. Le paléontologue avait un sentiment de déjà vu, mais il n’arrivait pas à savoir où et quand. 

“J’ai déjà vu un équipement similaire” indiqua t-il à Shaélynn, songeur. “Mais je n’arrive pas à me souvenir où.”


Marcos remarqua que l’anglaise s’était accroupie pour mieux observer des traces sur le sol. Il se rapprocha d’elle et l’imita.

Il y a des empreintes. On est pas seuls, ni les premiers. Et elles sont assez récentes, car il n'y a pas de poussière dessus.

Le français fixa son regard sur l’empreinte que Shaelynn touchait du bout du doigt.

“On dirait des empreintes de rangers” fît remarquer Marcos. “Elles se piétinent, donc les types marchaient à la file indienne, comme une meute de loups. C’est des professionnels.”

Bien vu, lui dit-elle en esquissant un sourire. Tu ferais un bon espion avec un peu de pratique tu sais?

“Je te filerai ma convention de stage demain, si on est toujours vivant” lui répondit-il d’un ton blasé. Il esquissa un discret rictus qui trahissait que la boutade l'avait fait rire aussi malgré les apparences. L’anglaise releva en se frottant les mains sur son pantalon pour en retirer la poussière.

On va vraiment devoir être vigilants à partir de maintenant. 


Mais y avait-il seulement quelque chose de normal ou d’humain dans les soubassements de cette île? C’est alors qu’il se souvînt. Il savait exactement où il avait vu des installations quasi identiques.

“Vanthua. On se croirait sur Isla Vanthua. On dirait les installations des labos des années 80”.

Il se releva doucement en fixant l’obscurité au fond du corridor, essayant d’y discerner quelque chose.

“Ceux où tu as trouvé les docs sur le projet T, non? Et sur moi par la même occasion.”

“Entre autres. Mais j’ai trouvé autre chose aussi.” répondit-il finalement de déglutir. Il prit alors doucement son arme en main, ce qui ne manqua pas de surprendre l’anglaise. Marcos ne se souvenait que trop bien de l’excursion forcée sur Isla Vanthua, et de ce qu’il avait rencontré la-bas. Il pointa subtilement le faisceau de sa lampe vers l’obscurité. Cette dernière était trop dense, et le faisceau pas assez puissant pour l’éclairer. Mais il aperçut malgré tout quelques faibles lueurs, l’espace d’un instant, se mouvoir dans la pénombre avant de disparaître

“J’y ai trouvé un comité d'accueil.”

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MessageSujet: Re: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyDim 11 Fév 2024 - 15:44

Des empruntes de pas, des mouvements dans la pénombre : Marcos avait vu juste, mais il était loin de se douter du terrible secret qui arpentait les murs des souterrains.

Dans le couloirs face à vous, dans l'obscurité, vous avez distingué l'ombre d'un mouvement, mais aucun son, juste une très mauvaise sensation. C'est alors que vous remarquez quelque chose qui attire votre attention : à quelques mètres de là, au sol, se trouve les restes métalliques d'une chaine, ou d'un cadenas qui aurait été brisée. En y regardant de plus prêt, vous vous rendez compte que quelque chose a été gravé sur la porte avec un genre de marqueur tout support :


"DON'T OPEN T INSIDE"

Un genre de plan a même été griffonné, indiquant un dédale de couloirs et plusieurs accès barrés d'une croix rouge. Tantôt, il était inscrit "T", d'autres fois "CM" ou encore la signalétique d'un panneau "sens interdit". Il semblerait que quelqu'un ait déjà exploré ces couloirs avant vous et que cette personne a indiqué de précieuses informations sur ce dessin de fortune.
Visiblement, le bout du couloir est dans une zone "Safe", tandis que la porte forcée est barré d'une croix avec l'inscription "T".

Si l'on suit les griboullis, le bon chemin à emprunté serait un enchainement de plusieurs allées menant à un lieu intitulé "DOOR". Parmis les autres mots explicites on trouve aussi un lieu intitulé "BASE" mais ce dernier traverse deux couloirs avec les lettres "T" et "CM".
Certains chemins sont égalements des croisements qui obligeront peut être à nos héros de se séparer pour couvrir un maximum de terrain...
Pour terminer, le plan indique une impasse, à quelques virages de votre localisation avec un logo ressemblant à une arme à feu et l'inscription "Stock". Qui sait ce que vous pourriez y trouver d'intéressant...



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MessageSujet: Re: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyDim 25 Fév 2024 - 0:03

Musique:

Arme et lampe torche en avant, Shaélynn franchit le seuil et s’avança dans cette nouvelle pièce. Un rapide examen des lieux lui indiqua que personne ne s’y trouvait et elle se tourna pour faire signe à Marcos de la rejoindre. Un bruit métallique dans son dos lui indiqua que le paléontologue venait de refermer la porte. Après quelques secondes et un “clic” plastique, la luminosité augmenta de nouveau car il avait allumé sa lampe à son tour.

Ici, les couloirs n’étaient plus entretenus comme ceux qu’ils venaient de quitter. Le béton transpirait l’humidité et des traces blanches tapissaient les murs. L’odeur et l'humidité dans l’air se renforçaient et commençaient à devenir désagréables, même pour elle qui avait l’habitude.

Après quelques instants d’exploration, et tandis que Shaélynn faisait chou blanc de son coté, Marcos venait de localiser une rambarde, signalant la présence d’un escalier. Le temps qu’elle le rejoigne, il était déjà en train d’en suivre la descente avec sa lampe. Ils ne distinguaient pas le fond mais il s’enfonçait profondément sous terre. La jeune femme sentit son coeur cogner dans sa poitrine et une légère tension lui criait qu’ils touchaient à leur but, qu’ils avançaient dans la bonne direction.

L’anglaise s’empressa de commencer à descendre, Marcos sur ses talons. Elle entendait son pas sur les marches derrière elle et le faisceau de sa lampe se joignait à la sienne pour éclairer le chemin. Ils avançaient rapidement mais à pas légers pour éviter tout écho au milieu de cette vertigineuse cage de béton. L’escalier n’avait pas de pallier et descendait en spirale continue, toujours plus bas. Shaélynn s’arrêta cependant net quand Marcos prit la parole.

- Attend Shaélynn, il faut qu’on mette une chose au point.

La jeune femme se retourna pour observer le paléontologue et identifier un éventuel danger mais en voyant son visage, elle comprit immédiatement. Il n’avait pas l’air effrayé ni apeuré. Marcos avait juste le visage de quelqu’un qui devait aborder un sujet dont il savait qu’il serait mal reçu. Sérieusement ? Il voulait vraiment faire ça maintenant ?

- Qu’est-ce que tu veux ? Lança-t-elle d’un air agacé. Comme elle connaissait déjà la réponse, elle n’attendit pas pour se défendre. Il est vivant, ok ? Je ne l’ai pas tué.

- Et si ça avait été le cas ? Et si, sans faire exprès, tu l’avais tué? Tu aurais fait quoi? On aurait fait quoi?

Et si ? Et si ? Et si ?  Il lui demandait de se justifier sur quelque chose qu’elle n’avait pas fait, qui n’était pas arrivé.

- Je SAVAIS ce que je faisais Marcos ! Sa voix prenait un ton carrément excédé et elle termina par un laconique : Au pire ça aurait été sur ma conscience, pas sur la tienne.

Loin de le calmer, sa riposte enflamma encore plus le paléontologue.

- Si justement! Je le porte aussi sur la mienne. J’étais là! Je t’ai regardé sans rien faire. Je t’ai même aidé à porter ce type. Je suis complice.

Complice de quoi ? Non assistance à personne en danger ? Probablement. La réaction de la jeune femme lui paraissait probablement excessive pour un simple agent d’entretien. Elle l’était, malheureusement au point où ils en étaient, ils ne pouvaient se permettre aucun risque.

- Marcos, il est vivant ! Elle le répétait encore. Elle ne pouvait rien dire de plus. Et d’ici un moment, il aura plus grave à gérer…

- Tu ne comprends pas Shaelynn… Cette fois, il avança vers elle pour appuyer encore son propos. Tu sais comment je me suis retrouvé là- dedans ? Ici, là ?

Shaélynn se contenta d’une grimace. Est-ce que cela avait encore une importance ? Personne de sain d’esprit et de normalement constitué ne s’embarquait dans une aventure pareille, en mettant sa vie en danger, en bafouant ses principes et en reniant ses peurs sans une bonne raison. Elle avait les siennes, il avait les siennes, point. Au stade où ils en étaient, elle ne voyait pas ce que cela changeait.

- Brandon Colomes, un soigneur, s’est fait bouffer devant moi par un mosasaure qui n’ appartenait pas InGen. Puis il y a eu l’attaque il y a deux ans, où tout le monde y a laissé des plumes. Je cherche à mettre fin à ça pour qu’il y ait plus un collègue, un ami ou de la famille à enterrer à cause de cette île. Pourquoi moi? Parce qu’il faut bien que quelqu’un le fasse. Pour qu’il n’y ait plus de Brandon Colomes ou de Emma Beckett BIS.

- Je sais tout ça…

Shaélynn ne tenait plus en place. Pourquoi croyait-il qu’elle était là ? Elle avait participé à tout ça, elle était en partie responsable de ces dégâts, à son niveau. C’était la raison pour laquelle, elle ne s’accordait aucun doute, aucun risque, aucune faiblesse pour arriver à destination. Marcos n’avait cependant pas encore fini.

- Mais moi, je ne suis pas prêt à utiliser les méthodes de nos ennemis. C’est pas une question de peur, de courage, ou de capacité physique. C’est une question de principe.

Les méthodes de nos ennemis ? La formulation aurait presque pu lui arracher un sourire si elle n’avait pas été aussi furieuse. La bouche de la britannique se tordit dans un rictus tendu. L’ennemi, hein ? Voilà qui était particulièrement drôle et qui aurait le mérite de lui remettre un peu les pendules à l’heure.

KC était l’ennemi. Elle avait vu Shivak se battre, elle s’était battue contre Shivak, elle avait vu Pearce à l'œuvre et n’avait même pas eu l’occasion, ni le temps de lui rendre ses coups. Shaélynn était capable de se défendre, même contre plus imposant qu’elle, mais KC et ses agents ne faisaient pas dans la dentelle. Ils frappaient, fort et rapidement. Ils ne posaient pas de question, ne négociaient pas, n’hésitaient pas.

Mais Biosyn aussi était l'ennemi. Leurs consignes leur imposaient surtout la discrétion et l’infiltration, il était prévu qu’ils évitent à tout prix la confrontation. Leurs agents étaient donc plutôt formés pour la défense. Pourtant on leur avait aussi enseigné l’attaque comme leur ancien agent venait de le prouver.

Dans les deux cas, ils étaient formatés pour sauver leur peau, leurs missions et il fallait que Marcos le comprenne. Tout de suite puisque c’était la deuxième fois qu’elle était obligée de revenir sur ce point aujourd’hui.

- Sauf que comme tu aimes me le rappeler : j'ai été l'ennemie, ok ? Ces méthodes comme tu dis, c'est ce qu’on m’a appris à faire, c’est ce qu’ils savent faire ! Ce mec aurait pu être de la Chimère, de Biosyn ou juste Ingen mais si on se fait griller... Tes petits principes et tout ce qu'on a fait jusqu'ici : ça n’aura servi à rien ! Tes principes ne vont pas te sauver la vie ! Sinon il y a bien des personnes qui seraient encore en vie aujourd’hui : Emma, Brandon ou même mon père. Je fais ce que je peux, ok ? Alors arrête de te plaindre et avance ! Ou fais demi-tour, je m’en fous.

Shaélynn ne savait pas si l’argument allait faire mouche mais au point où elle en était et comme elle lui avait dit…  Elle s’en foutait. Ce n’était même pas une formulation pour le convaincre ou le faire réagir. La jeune femme ne comptait pas revenir en arrière, le chronomètre tournait toujours et elle savait maintenant qu’elle approchait de son objectif. Cela faisait bien longtemps que l’anglaise avait balancé ses principes à la poubelle, en comprenant qu’ils ne la protégeaient pas.

Elle poussa un soupir exaspéré, lui tourna le dos et poursuivit sa descente. Elle crut d’abord que le paléontologue allait faire demi-tour mais après une ou deux secondes, Marcos l’avait suivi sans ajouter un mot et Shaé préféra ne pas briser de nouveau le silence. Elle comprenait la position du jeune homme, sa répugnance à agir de la sorte et elle aurait bien aimé pouvoir faire preuve de compassion mais… S’il voulait repartir en vie, il allait devoir s’adapter car aller dans son sens maintenant les mettrait tous les deux en danger.  

En arrivant en bas de l’escalier, ils arrivèrent face à une nouvelle porte. Shaélynn commençait doucement à développer une certaine lassitude pour ces types d’ouverture. Pourquoi pas des arches ou des trappes pour changer ? Au moins, celle-ci n’était pas fermée et une simple pression sur la poignée suffit à l’ouvrir. Immédiatement la lumière qui s’en échappa, illumina les escaliers.

- S’il y a de la lumière, c’est qu’il y a ou qu’il y a eu de l’activité

Le couloir était assez similaire à ceux qu’ils avaient découverts quelques étages plus hauts. Des tuyaux imposants couraient le long des murs mais l’ensemble semblait beaucoup plus ancien et moins entretenu. Elle vit Marcos poser la paume de la main sur les tuyaux et elle l’imita presque immédiatement constatant qu’il s’agissait de ceux du réseau géothermique de l’île. Le paléontologue commençait à éclairer et s’avancer prudemment dans le couloir tout en commentant ce qu’il voyait :

- J’ai déjà vu un équipement similaire. Mais je n’arrive pas à me souvenir où.

Shaélynn allait le suivre quand une trace au sol attira son attention. Des traces de pas pour être exact. Le motif au sol indiquait des bottes probablement des rangers. Les agents du parc auraient pu en porter, elle-même en avait possédé une paire similaire car elles étaient portées par tous ceux susceptibles de déambuler dans la jungle ou les enclos. Cette catégorie incluait bien évidemment les rangers mais aussi les soigneurs, les paléontologues en mission, les guides, les agents de maintenance, les paysagistes, les électriciens etc… Et probablement les agents de KC. Tout ce qu’elle pouvait en dire c’est qu’ils étaient plusieurs et que les traces étaient récentes.

Elle entendit Marcos revenir vers elle et s’accroupir à ses côtés, éclairant un peu plus les empreintes.

- Il y a des empreintes, se sentit-elle obligée de commenter. On est pas seuls, ni les premiers. Et elles sont assez récentes, car il n'y a pas de poussière dessus.

Machinalement, Shaélynn fit glisser l’un de ses doigts le long d’une des empreintes pour confirmer son propos. C’était assez maigre mais elle n’était pas une chasseuse, juste une espionne. La traque n’était pas son domaine d’expertise.

- On dirait des empreintes de rangers. Elles se piétinent, donc les types marchaient à la file indienne, comme une meute de loups. C’est des professionnels.

Shaé s’empressa de reporter son regard sur les empreintes pour constater qu’il avait raison.

- Bien vu, lâcha-t-elle d’un air surprise, sans pouvoir résister à l’envie de le taquiner un peu. Tu ferais un bon espion avec un peu de pratique tu sais ?

- Je te filerai ma convention de stage demain, si on est toujours vivant.

Le ton laconique de Marcos lui fit penser un instant qu’il n’avait pas apprécié la blague. Elle vit cependant une expression amusée sur son visage et la jeune femme afficha un léger sourire en retour. Il s’effaça rapidement alors qu’elle époussetait méticuleusement la poussière qui s’était accrochée à son pantalon.

- On va vraiment devoir être vigilants à partir de maintenant.

Ils en avaient parfois manqué jusqu’à maintenant. La preuve puisqu’ils s’étaient fait surprendre par l’agent de maintenance. Ce qui n’était plus une option à partir de maintenant. La jeune femme reprit son examen de son environnement.

- Vanthua. On se croirait sur Isla Vanthua. On dirait les installations des labos des années 80”.

Isla Vanthua ? Shaé mit quelques secondes à faire le lien. Son cerveau avait dû emmagasiner tellement d’informations ces derniers jours qu’il était parfois compliqué de les organiser ou de le mobiliser. Sans compter que leur discussion concernant ses laboratoires avaient été interrompus par la réception de ses analyses de sang… Avec les révélations qu’elles avaient entraînées. Et auxquelles elle n’avait absolument pas pensé avant de se jeter sur un homme qui faisait deux fois son poids pour le maîtriser.

- Ceux où tu as trouvé les docs sur le projet T, non? Et sur moi par la même occasion.

L’ambiance se fit soudainement plus lourde.

- Entre autres. Mais j’ai trouvé autre chose aussi.

Lui avait-il caché des choses sur cette expédition sur Vanthua ? Qu’avait-il trouvé de plus sur place qu’elle ignorait ?

Pour la première fois depuis que Angel leur avait rendu, Marcos sortit son arme. Était-ce le fait d’approcher du but ? Leur rencontre surprise avec l’agent de sécurité ? Les empreintes de pas dans la poussière ? Ou autre chose ? Le paléontologue avait maintenant adopté la même position de bras que Shaélynn lui avait montré : Arme pointé vers sa cible dans une main et dans l’autre la lampe de poche pour éclairer devant lui. Le jeune homme semblait chercher une réponse dans les ténèbres au loin et durant une fraction de secondes, l’obscurité parût “grouiller”, comme si quelque chose s’y déplaçait et s’évanouit. La déclaration de Marcos ne fit que renforcer sa conviction.

- J’y ai trouvé un comité d'accueil.

Ha oui… Marcos avait effectivement évoqué brièvement un titanoboa de 12 mètres de long. Qui sait ce qui pouvait les attendre ici ? Shaé s’empressa d’imiter son compagnon de galère et avec précaution chercha dans l’obscurité avec sa lampe.

- A priori, c’est pas un titanoboa… murmura Shaélynn d’un air ironique et tendu. Elle perçut un marmonnement du côté de Marcos sans percevoir ce qu’il disait.

- Non, mais ça aurait peut-être été plus simple à gérer.

- Ils ne paraissaient pas si gros… Peut-être des compso ?

- C’est trop gros pour être des compsos… Il marqua une pause, semblant réfléchir puis il se remit à parler. Il était censé ne plus y en avoir sur l’île. Hammond les a fait exterminer. Et connaissant son amour pour les animaux du parc, c’est qu’ils étaient vraiment dangereux.

Il semblait plutôt se parler à lui-même, comme pour se convaincre. Shaélynn n’était pas aussi calée que Marcos en dinosaure. Après tout, c’était lui le paléontologue, pas elle. Et avec les années, sa passion pour les bestioles préférées de son père, s'était changée en désintérêt puis en haine et en peur.

- Tu penses à quoi ?

Qu’avait pu inventer Ingen ? John Hammond s'était visiblement pris pour Dumbledore à utiliser des créatures pour défendre ses secrets… Le vieux sorcier avait choisi Touffu, le chien à trois têtes pour garder la pierre philosophale. Qu'avait choisi John Hammond pour protéger le projet T ? La réponse de Marcos mit fin au suspens.

- C’est des troodons, Shaélynn. Un peu plus petit qu'un raptor, mais tout aussi vif et vivant aussi en groupe. Les éclats qu’on a vus, c’est leurs yeux énormes. Ils voient parfaitement dans le noir. Et ils sont venimeux, en plus de ça… C’est pas un venin mortel, mais il va te faire vriller comme jamais tu as vrillé sous aucune drogue. Puis tu vas retrouver tes esprits, mais ton corps sera complètement paralysé, pendant qu’ils te bouffent. C’est une mort lente et atroce, que je ne souhaiterai pas à mon pire ennemi je crois.

Merde… C’était quelque chose que son père avait déjà évoqué devant elle. Comme souvent ce genre de souvenirs étaient flous, imprécis, incertains. C’était plus un ressenti, une impression qu’un réel souvenir concret. C’était des informations que Shaélynn avait en partie déjà entendu mais que sa mémoire n’aurait pas su mobiliser d’elle-même.

De ce que Marcos décrivait, leurs venins paraissait encore pire que le cry-poison dont elle avait vu Shivak subir par deux fois les effets. Elle fit un signe de tête pour signifier qu’elle avait bien compris. Shaé n’avait pas eu l’occasion de tester le cry poison et elle ne comptait pas avoir affaire à celui-là non plus.

- Peut être que les scientifiques d’Hammond en ont recloné, mais j’en doute. De tout ce que j’ai pu lire dans les rapports, il n'a pas fait semblant pour les éradiquer. Je pense plutôt que certains ont survécu, et qu’ils se sont reproduits par parthénogenèse. C’est vraiment de la vermine très prolifique.

L’anglaise poussa un soupir découragé. Décidement, D’un pas léger mais prudent, Shaé commença à avancer dans le couloir. Elle n’avait pas fait deux mètres qu’un grésillement se fit entendre et la jeune femme s’immobilisa immédiatement. Pendant une longue seconde, elle chercha autour d’elle la provenance du bruit avant d’aviser Marcos. S’il cherchait aussi l’origine du son de son côté, ses yeux à lui étaient tournés vers le bas.

Ce fut à ce moment que l’ancienne espionne percuta. Le talkie du paléontologue pendait à sa ceinture tandis qu’elle avait accroché le sien à la poche de sa parka, prêt de son épaule. Elle fit signe à Marcos de reculer et fourra sa lampe dans sa poche pour pouvoir récupérer le talkie. Pour ne pas avoir à poser son arme, elle remonta le son de l’appareil avec ses dents au moment où la communication reprenait.

- Shaé, est-ce que tu me reçois ? À toi.

La diction de Cole était particulièrement appuyée et heureusement car le grésillement aurait eu tôt fait de rendre la compréhension impossible. Si les talkies étaient faits pour communiquer d’un bout à l’autre du parc y compris dans les souterrains, Shaélynn et Marcos se trouvaient bien plus profondément dans les entrailles de l’île que prévu. La qualité du son en pâtissait gravement.

Passée la surprise, l’anglaise poussa un soupir agacé. Cole et son sens du timing… Shaé fit encore un pas prudent vers l’arrière avant de répondre.

- J’espère que c’est une urgence parce que c’est pas le moment. À toi.

Les lèvres quasiment collées au micro du talkie, Shaélynn avait articulé avec soin tout en parlant à voix basse pour n’alarmer personne. L’intonation ne laissait probablement aucun doute sur la tension de la situation. Il fallait que Cole le sente, que le message passe.

- La Chimère est probablement déjà sur l’île et sont sûrement déjà en place. Ne vous fiez pas au compteur, soyez sur vos gardes. À toi.  

Malgré ce message très simpliste, la voix de Cole marquait sa précipitation. Il devait avoir compris que la situation était tendue pour eux et qu’elle ne comptait pas s’éterniser au talkie. Pourtant le message qu’il venait de passer, ne les avançait pas plus que ça maintenant qu’ils avaient trouvé les empreintes dans les souterrains.

- Ah bon ? Vraiment ? Elle a trouvé quoi d'autre Dora l’exploratrice?

Marcos commençait déjà à donner des signes de nervosité et d’agacement. Ses pieds piétinaient doucement le sol dans un mouvement de balancier nerveux. Elle-même sentait des gouttes de sueur le long de sa tempe. Elle attendit une petite seconde que Cole précise sa déclaration mais en vain. En même temps… Ils savaient car ils avaient trouvé les empreintes de pas. Le gérant du parc arrivait trop tard avec ces informations.

- On s’en est douté… Mais merci quand même. Ça sera tout ? À toi.

C’était poli mais tout juste. La jeune femme voulait abréger au maximum l’échange pour se concentrer sur des problématiques plus immédiates. Elle se doutait cependant que Cole n’allait pas laisser les choses se terminer ainsi. Leur histoire avait été brève mais, contrairement à elle, le guide s’était toujours montré sous son vrai jour. Il était curieux mais également pointilleux.

- Comment ça “vous vous en êtes doutés” ? À toi.

L’ancienne paléobotaniste adressa une moue à Marcos et s’empressa d’appuyer à nouveau sur le bouton pour parler.

- Des empreintes de pas. Mais c’est vraiment pas le moment Cole... Il y a quelque chose d'autre dans les souterrains. Je coupe les talkies, je t'appellerais après. Terminé.

Shaélynn coupa immédiatement son talkie mais elle l’entendit protester dans celui de Marcos. Le français l’imita cependant instantanément et le silence se fit de nouveau dans les souterrains. Seul le ronronnement des tuyaux de géothermie perçait le silence. L’anglaise faillit lâcher un “ok, c’est la merde” mais se retient de justesse.

Les deux explorateurs échangèrent un regard et Shaé leva un sourcil interrogateur. Marcos afficha une mine déconfite et soupira avant de déclarer d’un air fataliste.

- Quand faut y aller…

Lampe et canon en avant, ils reprirent leur progression dans le couloir mais ralentirent leur progression au bout de quelques mètres. Une chaîne se trouvait abandonnée au sol et avait visiblement été coupée. Sa proximité avec la porte faisait craindre à Shaé que, quelque soit la nature de ce qui se pouvait se trouver derrière elle, ce n’était pas supposé être libre. Elle fit courir le faisceau de la chaîne à la porte jusqu’à pouvoir lire l’inscription qui s’y trouvait.

"DON'T OPEN T INSIDE"

Ce n’était qu’une instruction au marqueur. La pièce n’avait donc pas été destinée à accueillir les troodons… Si c’était bien un “T” pour trodon. De toute façon, ce n’était sûrement pas le projet T, cela aurait été…

- Trop facile. Le projet T est sûrement pas au milieu de la salle sur un putain de piedestral en pierre… Ils avaient dû enfermer les troodons dedans.

La formulation lui fit venir en tête des souvenirs des films d’Indiana Jones et la jeune femme fit une grimace amusée. Doucement, elle avança, se plaça à côté de la porte tandis que Marcos lui faisait un geste de tête nerveux, l’air de dire “non, ne fais pas ça” mais elle coinça sa lampe torche entre ses lèvres et de sa main maintenant libre, elle ouvrit la porte d’un coup et recula, prête à tirer.

Mais rien ne sortit.

Ils poussèrent un soupir soulagé et prirent quelques secondes pour reprendre leur souffle ce qui se révéla être une idée terrible car une forte odeur de carcasse en décomposition s’en échappa, lui donnant un haut le cœur. Shaélynn toussa par réflexe et Marcos lui fit écho. En projetant leur lumière à l’intérieur de la pièce, ils exposèrent successivement plusieurs carcasses putréfiées, dont ils ne restaient plus que quelques os épars, ce qui les rendait inidentifiables. Les murs et le sol étaient striés de nombreuses griffures traçant dans la tête de Shaélynn, des images assez terribles de ce qu’avaient dû vivre ces créatures ici.

- C’est bien des troodons qu’ils ont foutus dedans. Et maintenant ils sont dans le couloir. Bien.

Un nouveau silence vient ponctuer cette déclaration mais elle fut de courte durée car Marcos venait d’éclairer un plan que Shaé n’avait pas vu. Tracé du même marqueur que l’inscription, il semblait donner des instructions sur l’architecture des tunnels. Machinalement, l’ancienne paléobotaniste prit une photo et le français l’imita.

Plan:

Le couloir où il se trouvait était désigné comme “safe” et Shaélynn décida d’emblée de ne pas faire à 100% confiance à ce plan.

- “Safe”, mon cul ouais…

Au moins, Marcos partageait son avis. D’un air décidé, il se lécha le pouce et tenta d’effacer, sans succès, l’inscription “safe”.

- Je propose effectivement qu’on prenne ce plan avec des pincettes, oui…  Fais chier, après le T de troodon,  il y a un “CM” aussi… La porte serait ici d’après le plan, en désignant l'emplacement, mais…

Le trentenaire grogna en regardant ce qu’elle désignait.

- J’aurais tenté d’aller d’aller à la base. Mais s’il y a du monde … J’entends “hostiles”, c’est le premier réflexe qu’ils auront. Les Troodons, tant qu’on leur met la lumière dans la tronche, ça devrait les tenir à l’écart un moment.

Le paléontologue n’avait pas tort sur ce point et le chemin semblait effectivement complexe. En faisant quelques détours, ils pourraient peut-être en éviter la moitié. Hors de question, de se diriger vers certains points clés. Leur objectif c’était la porte et c’est tout.

- Bien noté… Je propose donc qu’on évite ça - elle pointa du doigt la “base” que venait d’évoquer Marocs - et ça encore plus, pour les mêmes raisons - en le plaçant sur le “stock”. On file vers la porte, en choisissant plutôt les couloirs marqués en T et on avise ensuite… Et on serre les fesses pour pas croiser plus de “T” ou même de “CM” en attendant d’avoir identifié ce que c’est. Donc direction…

Shaélynn commença à étudier le plan avec attention mais Marcos fut plus rapide qu’elle. Il abattit son doigt sur le dessin et suivit un chemin jusqu’à la porte. Elle se contenta de valider d’un mouvement de tête et sortit son portable de sa poche pour le prendre en photo, au cas où.

Shaélynn se remit alors mécaniquement en route, jetant un dernier coup d'œil à son portable pour vérifier la netteté de la photo. Alors seulement son cerveau réalisa. La porte du plan, c’était celle du bunker. C’était leur objectif depuis le début, c’était elle qu’ils cherchaient depuis leur entrée ici mais… C’était aussi celle qui lui permettrait enfin de laisser le passé, son passé et celui de sa famille derrière elle.

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Marcos Shannon

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MessageSujet: Re: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyMar 12 Mar 2024 - 23:03


A priori, c’est pas un titanoboa…

Non, ça n’en était pas un de toute évidence. Les légers bruits dans l’ombre semblaient indiquer de plus petites créatures, relativement légères et véloce, qu’un serpent de douze mètres de long.

“ Non, mais ça aurait peut-être été plus simple à gérer.”

Ils ne paraissaient pas si gros… Peut-être des compso ? 

“ C’est trop gros pour être des compsos…” Et les compsognathus n’avaient pas ce reflets dans le regard. De gros yeux globuleux qui voyaient parfaitement dans le noir, qui reflechissaient la lumière avec un tapetum, une couche de cellules au fond de l’oeil qui permettaient d’accroitre la visibilité, même quand la quantité de lumière était infime. Très peu de reptiles, comme les crocodiles, avaient ces yeux si caractéristiques qui brillaient dans le noir à la lueure des torches. De toutes les créatures qu’InGen avait ramenées à la vie, une seule était munie de ces orbites si particulières. Une espèce si dangereuse, qu’Hammond lui-même avait ordonné leur éradication après que la meute étudiée par ses scientifiques se soient fait la malle lors de l’incident de 93.

“Il était censé ne plus y en avoir sur l’île. Hammond les a fait exterminer. Et connaissant son amour pour les animaux du parc, c’est qu’ils étaient vraiment dangereux.”

Marcos avait lu quelques rapports sur le sujet lors de sa prise de poste à la direction du secteur paléontologie. Les quelques rapports qui n’étaient pas classifiés parlaient principalement de la capture et de l’abattage de ses animaux. Hammond avait mis ses meilleurs hommes sur le coup une fois la tempête de 93 passée. Mais la meute d’une dizaine d’individus qui était finalement hors confinement avait établi ses quartiers dans les anciennes installations en surface, mais aussi celles sous terre. C’était des dinosaures qui, à l’instar des rats, se plaisaient dans un environnement urbain. Leur population était passée d’une dizaine à près de 120, divisées en plusieurs meutes ça et là au nord de l’île. Nul ne savait comment leur population avait augmenté aussi vite. Certaines femelles avaient-elles changé de sexe? S’étaient-elles reproduites seules, en se clonant par parthénogenèse comme le faisaient de nombreux animaux actuels ? Impossible à dire. Pour Marcos, ce devaient être un peu des deux.nIls se reproduisaient bien, se cachaient bien, et se nourrissaient des rongeurs, lapins et chèvres qui s’étaient échappés et faisaient leur vie dans la jungle.

Finalement, après plus d’un an de traque, de destruction des nids et de piégeages, le service de sécurité de l’époque avaient annoncé à Hammond avoir éradiqué la menace. Il semblait maintenant évident dans l’esprit du paléontologue qu’ils n’avaient en rien réussi, et que quelque part dans la partie septentrionale de l’île, certains individus avaient réussi à se cacher et à proliférer. Vingt ans après, cette menace refaisait surface dans les profondeurs de l’Isla Nublar.

Tu penses à quoi ? 
Comment lui annoncer qu’ils allaient au devant d’une meute d’animaux malins, pugnaces, et venimeux ? Le venin issu du cryolophosaure avait fait sensation lors de la croisière, deux ans plus tôt, et tout le monde, surtout les soigneurs en charge de l’animal, connaissaient ces effets. Il perturbait les signaux envoyés au cerveau qui ne savait plus à quelle température le corps était. En réaction, il baissait la température du corps en limitant au maximum l’exploitation des muscles. Abusé chimiquement, le cerveau faisait plonger le corps dans un état d'hypothermie jusqu’à ce que les organes, trop froids, s'arrêtent les uns après les autres. Elina Moldovan et sa bande de chimistes avaient appelé la toxine le “Cryo Poison”. L’animal ayant été découvert en Antarctique, celà faisait d’autant plus sens. Mais le venin de la bête qu’il allait devoir affronter était d’un tout autre niveau.

Contrairement à la majorité des serpents, cette dernière n’avait pas de crocs à venins. La toxine était directement dans la salive, comme les varans de Komodo. Une simple éraflure suffisait à ce qu'elle pénètre dans le système sanguin. La toxine perturbait les signaux reçus par le cerveau. Comme dans le cas de toute infection, le sujet développait alors une montée de fièvre pour contrer cette dernière, une fièvre particulièrement puissante ici. Là où la majorité des microbes et toxines se désagrègent sous l’effet de la fièvre, ce n’était pas le cas de la toxine une fois dans le corps de la victime. Les sens complètement confus, sujets à une puissante fièvre, la victime se mettait alors à délirer, avec un comportement et des réactions exacerbés. 

Après quelques heures, la fièvre commençait à s’estomper et la victime à reprendre ses esprits. Mais le corps se paralysait alors, laissant une victime complètement consciente se faire dévorer, ou pire encore. Lors de la traque de ses animaux en 1994, les rangers avaient noté avoir trouvé des œufs de ces satanés bestioles dans des carcasses de chèvres retournées à l’état sauvage. Il utilisait la chaleur des cadavres et probablement des proies vivantes pour incuber leurs œufs… Même Riley Scott n’avait pas osé imaginer une torture aussi atroce pour une proie dans son film Alien de 1979. Ce trait mortel était-il présent chez l’espèce originale du crétacé, ou était-ce le fruit des manipulations génétiques du docteur Serkins sur l’organisme génétiquement modifié IG74726f6f646f6e? Impossible à dire pour Marcos. Cette dernière était morte durant l’incident de 93, et les données relatives à la conception de ces animaux étaient classifiées. Comment expliquer à Shaelynn qu’ils couraient au devant d’un danger pour lequel même ses compétences d’espionnes ne l’avaient probablement pas préparés?

“ C’est des troodons Shaélynn. Un peu plus petit qu’un raptor, mais tout aussi vif et vivant aussi en groupe. Les éclats qu’on a vus, c’est leurs yeux énormes. Ils voient parfaitement dans le noir.” Le paléontologue marqua une pause, essayant de trouver le moyen le plus adéquat d’expliquer la spécificité de cet animal. “ Et ils sont venimeux, comme ça… C’est pas un venin mortel, mais il va te faire vriller comme jamais tu as vrillé sous aucune drogue. Puis tu vas retrouver tes esprits, mais ton corps sera complètement paralysé, pendant qu’ils te bouffent. C’est une mort lente et atroce, que je ne souhaiterai pas à mon pire ennemi je crois.”

Marcos marqua une nouvelle pause dans son propos, le temps de laisser l’anglaise absorber les informations concernant ce qu’ils auraient probablement à affronter.

“Peut être que les scientifiques d’Hammond en ont recloné, mais j’en doute. De tout ce que j’ai pu lire dans les rapports, il n'a pas fait semblant pour les éradiquer. Je pense plutôt que certains ont survécu, et qu’ils se sont reproduits par parthénogenèse. C’est vraiment de la vermine très prolifique.”


Marcos fît quelques pas vers l’avant, mais un grésillement l'arrêta. D’où venait ce bruit atroce qui emplissait l‘espace ? C’est alors que le français comprit qu’il s’agissait de son talkie et de celui de l’anglaise qui s’était mis à strider. Quelqu'un à la surface les appelait, probablement Cole. Shaelynn fût plus rapide que lui et décrocha. De toute façon, l’ex-espionne faisait ce qu’elle voulait du new yorkais. La laisser prendre la parole était en toute logique la meilleure chose à faire. Pour ne pas avoir d’interférence, le paléontologue coupa son talkie. 

Shaé, est-ce que tu me reçois ? À toi.  

Ces quelques mots, bien que grésillants, étaient bien ceux du jeune directeur. Ce dernier, pour prendre le temps et potentiellement le risque de les contacter, avait probablement des informations capitales à leur fournir qui leur permettrait de progresser d’avantages. Leur nombre? Leur niveau d’armement? Leur position exacte?
Non.

La Chimère est probablement déjà sur l’île et sont sûrement déjà en place. Ne vous fiez pas au compteur, soyez sur vos gardes. À toi.  

Le paléontologue n’en revenait pas. Il essayait pourtant de se dire que Cole Hudson avait une utilité, comme lorsqu'il leur avait donné le pass quelques heures plus tôt. Mais il n’y avait rien à faire. L'américain arrivait toujours après la guerre. Il ne leur apprenait rien qu’ils ne savaient déjà..

"Ah bon ?" Lança t-il en direction de l’anglaise en espérant que Cole l’entende. "Vraiment ? Elle a trouvé quoi d'autre Dora l’exploratrice?"

Le français était exaspéré par cet homme qui se targuait d’avoir inventé l’eau tiède. Certes, le directeur n’était pas en bas, avec eux, et ne se doutait pas qu’ils avaient trouvé des empreintes de pas. Mais c’était une évidence que la Chimère allaient arriver, surtout en connaissant l'existence du compte à rebours envoyé par Nedry et Garlande. Comment un type pareil, complètement à l'ouest, avait pu diriger ce parc? Comment un type pareil avait pu sortir avec une femme comme Shaélynn qui était à ses antipodes?

“ Le compte à rebours était assez évidemment je pense” bredouilla t-il. “C’est vraiment du foutage de gueule”.

Alors que Shaélynn expliquait brièvement à son interlocuteur qu’ils étaient déjà au courant, Marcos sembla apercevoir plus loin une silhouette reptilienne s’esquiver. Visiblement, les troodons les avaient à l'œil, tapis dans l’obscurité à l'abri de la lumière de leur torche. Marcos jeta un dernier coup d'œil à la botaniste qui lui répondit pour un hochement de sourcils. Après tout, quelle était la réaction la plus adéquate pour se jeter dans ce traquenard en connaissance de cause? La meilleure chose à faire était encore d’accepter sans broncher. 

"Quand faut y aller…" souffla-t-il finalement du bout des lèvres.



Il n’avait fait que quelques mètres en avant lorsque l’éclat d’une chaîne métallique retînt leur attention. Le cadenas qui l’avait tenu en place avait sauté quelques mètres plus loin. Le paléontologue fît glisser son regard et le faisceau de lampe sur le côté, et aperçut une porte en métal entrouverte vers l'intérieur. Grossièrement écrit au marqueur noir, un message semblait écrit. En se rapprochant davantage, il pût en lire le contenu malgré le trait désastreux.

"DON'T OPEN T INSIDE"


“T” à l’intérieur. A quoi correspondait ce T? Probablement pas le projet T, qui n’aurait pas été placé derrière une simple porte.

“Trop facile", mit en garde le français en faisant un signe négatif de la tête. "Le projet T est sûrement pas au milieu de la salle sur un putain de piedestral en pierre…”

“T” voulait probablement dire autre chose. Mais quoi? Faisait-il référence aux troodons? Si c’était le cas, les troodons qui grouillaient plus loin étaient-ils les mêmes, où la pièce en contenait-elle encore? Alors que Marcos était à ses suppositions, l’anglaise se rapprocha de la porte et se plaça devant cette dernière. Lorsque son regard croisa celui du français, ce dernier comprit aussitôt qu’elle comptait l’ouvrir entièrement pour ce qui se cachait derrière.
Marcos la supplia du regard de ne pas faire quelque chose d’inconsidéré, mais Shaélynn ne fît rien de sa mise en garde. Elle ouvrit d’une main la porte qui grinça légèrement.
Le temps sembla comme s'arrêter. Le paléontologue ressentit les secondes comme des heures, à imaginer qu'à tout instant, un troodon sortirait de la pièce pour se jeter au cou de la jeune femme. Mais il ne se passa rien de tel. Voyant que Shaelynn n’agissait pas, il comprît qu’il n’y avait aucun danger. Il s’approcha donc, en baissant son arme vers le sol. A la lueur de sa lampe, la pièce se révéla être un ancien bureau. Tout le mobilier était retourné et complètement saccagé de griffures et de morsures. Le sol était quant à lui recouvert de feuilles de papiers qui avaient dû voler lorsque la tempête s’était abattue dans la pièce. Par endroit, de grandes taches de sang marquaient le sol et avaient imbibé des documents qui y jonchaient. C’est alors qu’il sentît.
Une odeur qui lui avait paru tout d’abord dérisoire en comparaison de l’odeur de renfermé et de moisissure ambiante. Elle était pourtant omniprésente dans ses narines, allant jusqu’à le faire tousser. Une odeur puissante, difficilement descriptible. Un mélange de soufre et de rouilles, de viande avariée et de sécrétions animales diverses et variées. Les troodons qui avaient vécu enfermés dans cette pièce avaient bien évidemment fait leur besoin ici. Mais ce n’était pas ça. L’odeur était bien plus forte encore que l’acide ornithurique et l’urée de ces animaux. C’était une odeur de mort. Littéralement. En inspectant davantage, le paléontologue aperçut des restes éparpillés de carcasses, principalement des os et des boyaux. Dans la nature, il s'agit des parties du corps que les prédateurs rechignent à manger. Les os pour leur dureté, et les intestins pour les matières fécales qui y résident. Les troodons n’y avaient pas fait défaut. Dans cet espace confiné, les individus avaient d’abord retourné les lieux avant, au fil des heures, puis probablement des jours, de se dévorer entre eux en commençant par les plus faibles.

“C’est bien des troodons qu’ils ont foutus dedans. Et maintenant ils sont dans le couloir. Bien.”

Mais comment ces animaux étaient sortis de leur confinement? La porte ne pouvait s’ouvrir que vers l’intérieur. Autrement dit, les troodons n’avaient aucune chance de l’ouvrir en l'enfonçant vers l’extérieur. S'ils y étaient éventuellement arrivés, les rivets qui tenaient la porte en place auraient indubitablement sautés du mur. Ils étaient pourtant toujours à leur place et remplissaient leur fonction. La porte avait donc bien été ouverte depuis l’extérieur. Quelqu’un avait donc fait sauter le cadenas, ouvert la porte, et laissé sortir ces animaux. Mais qui? Et pourquoi?

Leur libération était relativement récente, au vu de la chair en putréfaction et de la poussière qui ne s’était pas déposée sur le sol. Marcos s’accroupît pour l’observer de plus prêt. Il y avait beaucoup trop d’empreintes tridactyles superposées pour faire le compte des individus. Le français discerna à peine une empreinte de semelle dans tout ce foutoir. Il devait probablement s’agir des trois hommes chaussés de rangers. Des hommes de la Chimère? Probablement. Mais pourquoi avaient-ils ouvert la pièce? N’étaient-ils pas conscients du danger? Ou alors n‘avaient-ils pas compris qu’ils s’agissaient de troodons, pensant qu’il s’agissait d’autre chose. Le projet T?
Pensant avoir atteint leur but, marqué par une porte à la sécurité renforcée par une chaîne et un cadenas, ils avaient ouvert la porte, imaginant vérifié la présence du Graal, et s’étaient fait attaquer par les bêtes enragées. Mais il n’y avait ni sang, ni corps sur le sol en dehors de la pièce. Peut être les troodons les avaient traînés plus loin. Ou les trois hommes avaient peut-être réussi à s’échapper. A l’heure actuelle, ils avaient trop eu d’éléments en leur possession pour savoir ce qui s’était exactement passé.
Le paléontologue était en train de se relever lorsque le faisceau de sa lampe qu’il gardait allumé illumina une sorte de dessin sur le mur. Il reconnut d’abord le trait fait à la main avant de se rendre compte qu’il s'agit d’un plan dessiné succinctement. Il semblait avoir été fait avec le même crayon, et probablement en même temps que le message sur la porte. Après quelques secondes, il reconnut à peu près les lieux. Ils étaient arrivés par l'escalier en haut à droite, et était dans l’espace mentionné “safe”. Il jetta un coup d’oeil vers le fond du couloir non éclairé, où il avait aperçu quelques instants plus tôt un troodon.

“ “Safe”, mon cul ouais…” ne pût-il s'empêcher de laisser sortir.

Pour ne pas induire en erreur d’autres personnes qui pourraient les rejoindre, mais également pour se défouler, il lécha son pouce et essaya d’effacer l'écriteau, en vain, puisqu’il s'agissait d'encre indélébile. Il n’avait plus qu'à espérer que si des renforts comme Angel Harlowe venait à les rejoindre, ils ne baisseraient pas leur garde. Shaelynn n’avait pas à s’inquiéter pour Cole. Il aurait déjà fort à faire à lacer ses chaussures avant de ne serait-ce que mettre les pieds ici. Et puis, c’était le paléontologue qui avait son pass à l’heure actuelle. Beaucoup de temps s’écoulerait avant qu’il n’obtienne un autre pass avec un tel niveau d'accréditation.

Je propose effectivement qu’on prenne ce plan avec des pincettes, oui… répondit l’anglaise en le voyant frotter en vain l’encre.  Fais chier, après le T de troodon,  il y a un “CM” aussi… La porte serait ici d’après le plan, mais…
Il y avait en effet le “CM”. A quoi celà correspondait-il? Est-ce que c’était les bureaux de l’ancien Community Manager d’InGen? Bien sûr que non. Ces derniers étaient à San Diego. Il devait probablement s’agir d’initiales. Mais de quoi? D’une personne? 


“J’aurais tenté d’aller à la base. Mais si il y a du monde … J’entends “hostiles”, c’est le premier réflexe qu’ils auront. Les Troodons, tant qu’on leur met la lumière dans la tronche, ça devrait les tenir à l’écart un moment.”


Bien noté… Je propose donc qu’évite ça, et ça encore plus, pour les mêmes raisons. On file vers la porte, en choisissant plutôt les couloirs marqués en T et on avise ensuite… Et on serre les fesses pour pas croiser plus de “T” ou même de “CM” en attendant d’avoir identifié ce que c’est. Donc direction… 


Par là” indiqua Marcos en pointant du doigt une direction qui correspondait au bas de la carte. “On prend à droite, puis c'est tout droit.”

Shaelynn engagea le pas. Marcos la suivit en imitant tant bien que mal sa démarche féline et silencieuse. Les faisceaux de leur lampe n’éclairait pas trop loin, afin de ne pas se faire remarquer par une possible présence humaine. Les troodons quant à eux savaient déjà que les paléontologues étaient présents.
Ils arrivèrent rapidement à la croisée des couloirs. D’après le plan, celui de gauche menait à l’espace de stockage. Eux devaient prendre à droite, où plus aucun éclairage n’était en fonctionnement. Shaélynn se posta contre le mur de droite, puis jeta un oeil pour voir si la voie était libre.

C’est bon à gauche?

Marcos se glissa contre le mur opposé et regarda à la lueur d’un rare néon fonctionnel. A quelques mètres, une porte avec l’inscription “storage” était entrouverte. Qui l’avait ouvert? La personne était-elle à l’intérieur? Y avait-il des troodons?

Marcos! chuchotta l’anglaise. C’est bon de ton côté?
Décidément, il n’aurait pas le temps de savoir. Il hocha de la tête et s’engagea avec la botaniste dans le long couloir.



Il ne restait désormais que quelques mètres avant d’atteindre la porte. Jusqu'à présent, ils n’avaient rencontré ni les trois hommes à l'origine des empreintes, ni les troodons qu’ils s’avaient dans les parages, à l'épier de loin. Était-ce le fruit de leur raisonnement, ou un simple coup de chance? Ils avançaient dans le corridor à pas de loup. Les bruits de pas légers des troodons résonnaient de plus en plus. Il était cependant impossible de savoir s'ils étaient devant eux, où si ils talonnaient les deux scientifiques. Soit ces derniers se rapprochaient des deux paléontologues, soit les deux humains se rapprochaient de la meute. Peut importait. Les deux scientifiques n’avaient pas le choix que d’avancer. A chaque pas qu’ils faisaient, les couinements et bruits de pas des animaux s’intensifiaient, comme un chien trépignant sur place avant d’aller jouer ou de faire sa balade.

Ils arrivèrent finalement en vue d’une porte avec un cartel “Door”. Le paléontologue braqua sa lampe sur la porte, tandis que l’anglaise sa cala dos au mur en face de cette dernière pour le couvrir.

“C’est là!” chuchota bruyamment le français.

Il essaya mécaniquement d’ouvrir la porte, mais cette dernière était fermée.

Essaie avec le pass de Cole.
Le français fouilla dans sa poche et sortit le précieux sésame. Il l'appliqua sur le boîtier de contrôle et un déclic métallique se fît entendre. L’anglaise avait décidément de bons réflexes. Il posa sa main sur la poignée et appuya sur cette dernière. Un bruit de feulement l'arrêta dans son geste. Il se tourna doucement vers Shaelynn, puis vers le couloir obscur qui était en face de lui. D’innombrables silhouettes se dessinèrent à une quinzaine de mètres, à la lueur de sa torche, les yeux brillants fixant dans leur direction. Le paléontologue essaya de les compter, mais c’était impossible au vu de la noirceur des lieux… et de leur nombre. Marcos déglutit, sentant une sueur froide lui parcourir l’échine. L’une des créatures s’approcha en éclaireur, la tête basse, le museau pointé vers eux. Il avança suffisamment pour que les deux biologistes puissent le voir enfin dans le faisceau de leurs lampes. Shaelynn braqua aussi son arme sur l’animal, prête à en découdre.

“Attends …”. Le paléontologue souffla de lassitude devant le constat qu’il venait de se faire à lui-même. “Je suis pas sûr qu’on aura assez de balles, ni même de temps pour tous les buter.”

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MessageSujet: Re: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyDim 24 Mar 2024 - 14:07

Plus ils avançaient dans les souterrains, plus l’ambiance devenait sombre et menaçante. Ce n’était pas un problème d’électricité, loin de là ; même si certaines ampoules étaient mortes depuis des années ; il y avait quelque chose de sinistre, de pourri, de glauque. C’était tellement pesant que les moisissures sur les murs semblaient avoir atteint l’âme de nos deux héros en pleine exploration.

Il faut préciser que les locaux n’étaient pas très accueillant. Mousse, champignons, lychens, pourritures et manque de nourriture les avaient amaigri énormément. Ils avaient l’apparence de créatures squelettique, affaiblis par plusieurs maladies de peau. Des blessures apparentes comme des morsures, des plaies non soignées, des nécroses… Tout indiquait que ces créatures n’étaient pas logées à la même enseigne que les autres pensionnaires du parc et que celles-ci c’étaient faites expertes de la vie des profondeurs du Jurassic World, évoluant dans les couloirs condamnés. Peut être même qu’elles étaient là depuis des décennies. Mais comment était-ce possible ?

Pour qu’une espèce puisse survivre ici bas, il lui fallait de la nourriture. Ce n’était pas les rats et les rongeurs qui manquaient. Lézards, blattes, insectes… Il y avait de quoi nourrir quelques spécimens, mais pas tout un groupe. Ils avaient donc dû recourir au cannibalisme, mais pas que. Dans ce lieu lugubre, une autre espèce invasive avait fait des souterrains son territoire. Une guerre d’emplacement avait eu lieu entre les résidents et c’était les Troodon qui l’avaient emporté.

-----------------

Les soldats de la Chimère avaient été prévenus que John Hammond avait piégé les lieux à l’aide de diverses créatures. Wellan Wörst leur avait fait rapport de la Carnivora Maxima, une plante démesurée à laquelle ils avaient eu affaire jadis. Les troupes s’étaient donc préparées à affronter ces végétaux à l’aide de balles incendiaires, mais lorsqu’ils étaient entrés sur les lieux, ils s’étaient rendu compte rapidement qu’il n’y avait plus aucune flore dans les souterrains, à part quelques lichens, des ronces et des plantes grimpantes comme le lierre. Les anciennes pensionnaires avaient été déracinées et peut être même consommées par les Troodons.

Les sbires envoyés en reconnaissance par Pearce et Handréas s’étaient rendu compte trop tard de leur erreur. L’instinct les avaient poussé à ouvrir une porte ou il était inscrit « DON’T OPEN « T » INSIDE », pensant trouver quelque chose d’intéressant en corrélation avec le « Projet T » mais tout ce qu’ils avaient trouvé en forçant l’entrée avec l’aide d’une pince à métaux, c’était un monticule de charognes et de chair putride à l’odeur nauséabonde. Inquiets par cette découverte, ils avaient fait le choix de se séparer un peu plus loin, dans le labyrinthe délabré, pour gagner du temps sur leur exploration.

Deux d’entre eux avaient pris à droite, dans un premier temps pour se rentre vers la zone de stockage pour voir si il ne restait pas quelque chose d’utile dont ils pourraient se servir. L’autre était allé à l’opposé en direction des zones « CM ». Mais depuis, plus aucune nouvelle d’eux. La seule chose que l’on pouvait remarquer, c’était sur le sol poussiéreux : la cadence de leur pas avait augmentée et on pouvait trouver quelques munitions usées, au sol, encore chaudes…

--------------------



Ils n’avaient qu’une porte à franchir pour se mettre à l’abri. Les Troodons étaient face à eux, affamés, le regard fou. Une muqueuse verdâtre et mousseuse semblable à la rage ruisselait le long des babines des créatures. Si la lumière semblait les repousser, la faim qui les tiraillait semblait plus forte et prête à leur faire prendre des décisions risquées. Leurs grands yeux globuleux étaient à demi fermés, comme atteint de conjonctivite. Il était clair qu’un faisceau lumineux en plein visage était le seul moyen efficace de les faire reculer de plusieurs mètres. Mais les locaux disposaient d’un autre atout auquel le paléontologue n’avait pas pensé. Une capacité unique qu’ils avaient développer après des années passées dans ces lieux…

Il y en avait 4 face à eux. Seul le leader du groupe avait osé se rapprocher de l’auréole laissée par la lumière, les autres eux étaient reconnaissables dans le noir avec leurs yeux luisant dans l’obscurité.
C’est aussi ainsi qu’ils remarquèrent les trois autres individus qui approchaient par l’Ouest. Ils se retrouvaient acculés dos à la porte, mais ils pouvaient encore courir en sens inverse et rebrousser chemin. Mais bon, la logique voulaient qu’ils empruntent la porte et la bloque pour être à l’abri des carnivores ; ce n’est pourtant pas ce qu’il se produisit.

L’impensable se produisit lorsqu’ils entendirent un feulement au dessus de leur tête, car oui, le danger était partout : les Troodons utilisaient leurs griffes pour s’accrocher aux parois et aux murs. Ils empruntaient les conduits d’aération et se déplaçaient ainsi dans les souterrains en quête de leurs proies. Etait-ce dû aux gènes de Geckos qui avaient comblés les manques d’ADN de leur génome ? Un mauvais réflexe avait fait reculé les deux aventuriers dans le mauvais sens, ce qui avait permis à l’agile prédateur de se positionner entre eux et la porte. Ils étaient maintenant cernés. C’est le moment qui choisit l’un d’entre eux pour passer à l’attaque, forçant Shaélynn à esquiver et la séparant ainsi de Marcos. En y regardant de plus près, ce n’était pas le seul Troodon agrippé au dessus d’eux. Il y avait des dizaines de ces saloperies un peu partout.

Dans ces instants ou l’instinct de survie prime sur tout, la jeune femme avait deux solutions : tenter de se battre avec Marcos au risque de signaler leur position avec l’arme à feu, ou rebrousser chemin, vers l’entrée, en direction des sbires de la Chimère et de plus de luminosité.

Marcos aussi avait un choix à faire : affronter le Troodon et tenter de franchir la porte pour être à l’abri ou tenter de venir en aide à Shaélynn, quitte à se retrouver avec plus d’ennemis autour de lui. Mais attention : il est à distance de morsures et il l’a dit lui même : il faut à tout prix éviter le moindre contact avec eux.

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MessageSujet: Re: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyJeu 4 Avr 2024 - 11:35

Le cœur battant, l’anglaise progressait vers leur destination. C’était plus fort qu’elle. Le fait d’avoir vu ces quatres lettres, “DOOR” sur le mur, l’emplissait de questions. Des questions que Shaélynn ne s’était jamais autorisé à se poser et qui allaient se poser d’ici… Peut-être quelques minutes, une heure tout au plus. Mary Moore était-elle encore seulement vivante ? Était-elle vraiment cachée ici, au cœur de Isla Nublar ? S’ils arrivaient jusqu’au bunker, la scientifique ouvrirait-elle la porte ou les laisseraient-elle à l'extérieur ? La jeune femme avait tellement de questions. C’était comme si jusqu’à aujourd’hui, elle s’était interdite de les poser, de se les poser. Maintenant elles affluaient.

De celles autour du projet T…

Comment avaient-ils découvert la fleur ? Comment avaient-ils découvert ces propriétés ? Quand avaient-ils su qu’elle était malade ? Que s’était-il passé avec Handréas ? Qui avait construit le bunker ? Qu’était-il arrivé à Patrick Hammond ? Pourquoi son père s’était-il vraiment disputé avec Hammond ?

Aux plus personnelles…

Pourquoi les avoir abandonnés ? Pourquoi avoir choisi le projet T au lieu de sa fille ? Mary avait-elle aimé Jonathan ou avait-il été seulement un moyen de financer ses recherches ? Pourquoi avoir feint sa propre mort ? Pourquoi avoir fait croire à son propre époux qu’elle était décédée ?

Plus que jamais, Shaélynn craignait ses réactions face à cette femme qu’elle ne connaissait pas. Allait-elle être émue ? Aurait-t-elle l’impression de la connaître déjà, de retrouver une partie d’elle dont elle ignorait manquer ? Serait-elle en colère de se retrouver face à celle qui les avait abandonnés, son père et elle ? Face à celle qui avait causé tant de peine à Jonathan ?

Nerveusement, elle essuya son front humide avec son avant bras. Il fallait rester concentrée, encore un peu. Shaé avait attendu 25 ans pour obtenir ses réponses, ce n’était pas quelques minutes de plus qui changerait la donne. Bien sûr, c’était plus facile à dire qu’à faire mais l’ambiance l’aidait à rester alerte.

Au bout de quelques instants seulement, ils arrivèrent au premier croisement. Là où les couloirs se séparaient pour mener soit vers le stockage à gauche ou vers la porte à droite. Evidemment, c’était le couloir dont les lumières avaient lâché. Elle poussa un soupir tout en appuyant son dos sur le mur. Tranquillement, elle dégagea sa tête vers la droite pour scruter le couloir, qui était comme tous les couloirs de cet endroit maudit : désespérément sombre et mal entretenu mais heureusement vide. Au moins à première vue.

- C’est bon à gauche ?

Shaélynn profita que Marcos soit en train de regarder de son côté de couloir pour respirer un peu et secouer brièvement ses bras. Quelques secondes passèrent et seuls les bruits agités de son cœur et de sa respiration nerveuse lui parvenaient.

- Marcos ! Gronda-t-elle à voix basse. C’est bon de ton côté ?

Dès qu’il eut fait signe, la britannique s’engagea dans le couloir. La porte qu’ils devaient emprunter était maintenant dans son champ de vision. C’était presque trop beau pour être vrai et une sensation désagréable parcourut sa peau. La porte était cependant fermée. Peut-être les hommes de KC avaient-ils pris à gauche ? S’ils n’étaient pas là à les attendre c’est que quelqu’un ou quelque chose les avaient trouvés avant eux…

Se forçant à ne pas regarder Marcos pour ne pas lui communiquer ses doutes, Shaé continua sa progression. Les bruits environnants semblaient cependant prendre de l’ampleur. Les couinements notamment lui paraissaient de plus en plus présents à ses oreilles. Il aurait été humain de songer à faire demi-tour. Le son était diffusé par les parois en béton et rebondissait. La perception des bruits en étant modifiée et la jeune femme savait qu’elle ne pouvait pas s’y fier entièrement. Voire pas du tout.

Encore un mètre.

- C’est là !

La voix de Marcos trahissait son excitation. Fidèle à leur poste respectif, Shaélynn se remit dos à la porte assurant la surveillance pendant que le français tentait d’ouvrir la porte sans succès. Le bruit des gonds qui résistait et l’absence de son électronique lui indiqua qu’il n’avait pas utilisé le pass. Elle l’entendit s’immobiliser et perçut son stress monter d’un cran.

- Essaie avec le pass de Cole,le rassura-t-elle.

Marcos s'exécuta immédiatement et un son familier agita la porte tandis que le verrou cédait. De son côté, Shaé continuait de surveiller les trois directions. A gauche, c’était encore bon et elle s’empressa de se remettre droite, face au couloir quand il apparut dans son champ de vision. Le français venait de presser la poignée quand le troodon s’anima et poussa un cri sourd. La brune poussa un court soupir pour se calmer avant de prendre une décision quand d’autres silhouettes sortirent à leur tour de l’ombre.

Enfin… Les créatures restaient encore à distance, loin de là où la lumière du faisceau était la plus dense, à part un qui semblait tâter le terrain. Ou plutôt déterminer si risquer de s’exposer à la lumière et prendre des risques pour dévorer les intrus valait le coup. Immédiatement, la jeune femme se mit en position et elle était prête à tirer quand le français la raisonna.

- Attends… Je suis pas sûr qu’on aura assez de balles, ni même de temps pour tous les buter.

Shaélynn les compta rapidement. Elle en apercevait quatre face à eux, face à la porte et trois supplémentaires dans le couloir à sa gauche. La britannique sentait maintenant un filet de transpiration couler le long de son dos et les quelques cheveux qui s’échappaient de sa coiffure se collaient à son front. Marcos avait raison. Lentement, Shaé tendit la main vers l’arrière, vers le mur et à tâtons commença à chercher les contours de la porte.

Des cris firent reculer Marcos et Shaélynn de quelques pas vers l’arrière et elle releva vivement la tête intensifiant la tension. Il y en avait d’autres accrochés au plafond. Savoir comment ils tenaient seraient un problème pour un autre jour mais pour le moment ils étaient là et semblaient à l’aise. Le plus grave était le fait que leur déplacement involontaire avait permis à l’autre troodon de s’approcher, leur barrant l’accès à la porte. Fais chier… Elle n’eut pas le temps de réfléchir davantage qu’un des troodons s’avançait déjà.

Ce fut le raclement de ses griffes sur le sol qui alerta l’ancienne paléobotaniste et elle eut à peine le temps d’esquiver. Elle sentit l’animal frôler le tissu de son pantalon et un rapide coup d'œil lui permit de constater qu’elle n’avait pas été touchée. En revanche, elle n’était plus à côté de Marcos. Techniquement, ils n’étaient pas si loin mais il y avait du monde entre eux.

Shaélynn balaya le plafond de sa lampe cherchant à éloigner quelques-unes des créatures et si cela fonctionna, l’effet ne fut que mimine. Chaque fois que le faisceau glissait ailleurs, les troodons s’approchaient de nouveau. Leurs apparences trahissaient leur mauvais état général mais… S’ils étaient dans une sale condition, ils étaient surtout déterminés à s’alimenter, prêts à tout pour survivre. Il fallait prendre une décision rapidement, se sortir de ce mauvais pas et avancer.

Ses jambes eurent comme un sursaut nerveux, un tressaillement familier. L’adrénaline lui donnait l’impression de gagner son système entier. Tout son corps se préparait déjà à ce qui allait suivre. Shaélynn savait ce qu’elle voulait faire, ce que son corps essayait désespérément de lui faire faire et elle luttait contre. Elle voulait fuir, partir. Elle échangea un regard avec Marcos et les yeux du paléontologue lui firent l’effet d’un coup de couteau. Il savait. Il n’était pas dupe sur ce qui se tramait dans son cerveau. En fait, il lui semblait presque résigné à ce qui allait suivre.

Au point que lorsqu'elle le vit lever son arme, elle crut qu’il allait la pointer vers elle et Shaé leva automatiquement la sienne à son tour. Marcos avait cependant un autre objectif : celui de tirer sur les conduits de géothermie au plafond. Ceux auxquels s’accrochaient partiellement les troodons. D’ici quelques instants de la vapeur brûlante s’en échapperaient. S’il y parvenait il les débarrassait peut-être de quelques créatures mais… Est-ce que cela changeait quelque chose pour lui ? Absolument pas. C’est là que l’idée germa dans son esprit.

Si elle tirait sur le troodon qui séparait Marcos de la porte… Le paléontologue aurait le temps de s’enfuir. Après tout, il avait le pass. Il avait un talkie. Il avait une arme. Il pouvait appeler à l’aide, se défendre et progresser. Et contrairement à elle, il était près de la porte. Si Shaélynn le débarrassait de la majorité des bestioles, il avait une chance. Cette chance cependant, il ne la prendrait pas. Quasiment arrivé à son but ultime, il s’apprêtait à faire demi-tour, non pas pour sauver sa peau non mais pour sauver la sienne.

À cet instant, cela n’avait plus d’importance pour le paléontologue de sauver sa vie ou d’accéder au projet T, non. Ce qui lui importait c’était d’agir pour qu’ils s’en sortent tous les deux. Marcos n’était pas en train de lutter contre ses instincts ou de se demander comment il réagirait face à Mary Moore. Shaé savait qu’il ferait ce qui était juste tandis qu’elle se débattrait avec ses doutes, sa rancune, ses questions et qu’elle prendrait sans doute la mauvaise décision : celle qui arrangeait son égoïsme, tant mieux si elle arrangeait les autres, tant pis si ce n’était pas le cas.

Alors avant que Shannon ne se résigne à presser la détente, la jeune femme aggrippa son talkie et le lança, manquant de lâcher la lampe qu’elle tenait dans la même main au passage. L’objet atterrit dans le couloir, un peu plus loin, à gauche de la porte, passant pile devant le nez de Marcos. Surpris, il fit un pas vers l’arrière, se rapprochant un peu plus de la porte mais également du troodon. Le temps qu’il identifie le projectile et se tourne vers elle, l’air hagard, elle se décala pour avoir le champ libre et avec sa lampe, fit quelques moulinets de bras pour faire reculer un peu les troodons. Avant qu’il ne comprenne, elle lui lança :

- T’as le pass, prends l’escalier. Cours, jusqu’à la porte. Pars… Je te rejoindrai, ok ?
Musique:

C’était très probablement un mensonge, encore, mais elle n’était plus à un près maintenant. Marcos réagit au quart de tour et si elle n’entendit pas bien ce qu’il disait, le premier mot était clair.

- NON…

Shaélynn tira dans le talkie qui explosa dans un bruit sourd de plastique. La batterie produisit un craquement sec et un “pschitt” tandis que l’odeur âcre du lithium sous pression se répandait dans le souterrain.

La flamme qui s’en échappa eut surtout pour effet de faire reculer la majorité des créatures. Certains au fond du couloir, d’autres en direction de Shaélynn, scellant cette fois sa décision. Elle ne pouvait plus retourner en arrière alors elle balança sa lampe dans le second couloir, les éloignant davantage du paléontologue mais les rapprochant d’elle. Marcos était cependant hors d’atteinte maintenant car le leader avait reculé.

L’ancienne espionne n’était pas si loin de l’animal et elle tira en pleine tête, faisant gicler un peu le sang sur le pantalon beige de Marcos. Autour d’eux, les piaillements se firent perçant à cause du coup de feu.

- Fous le camp ! répéta-t-elle d’une voix virulente tandis que la bestiole s’effondrait.

Son expression était insondable mais il ne semblait pas réagir pour autant. Les créatures s’excitaient toujours plus et elle ne savait pas combien de temps la batterie brûlerait. L’une d’elle s’approchait de nouveau dangereusement, ses yeux, quasiment clos à cause d’une infection à l'œil. Shaélynn tira un nouveau coup en direction de Marcos et de l’animal. Surtout de l’animal mais le sursaut du paléontologue lui montra qu’il avait été réellement surpris.

- Ça ira, assura-t-elle d’une voix plus douce. Elle le répéta une nouvelle fois autant pour elle que pour lui : Ça ira.

Le dernier regard qu’ils échangèrent était cependant lourd de sens et de reproche. Malgré toute la conviction qu’elle mettait dans le sien, il était évident que Marcos lui en voulait et la blâmait sûrement de le mettre face à ce choix. Il était clair aussi qu’il ne bougerait pas tant qu’elle était là. Ses jambes devenaient douloureuses, ses muscles étaient tendus. C’était maintenant. Shaélynn allait faire ce qu’elle savait faire de mieux.

Fuir.

L’anglaise vit volte face et retient de justesse un gémissement lorsque sa jambe blessée se déplia. Dans son dos, des cris stridents mais surtout le bruit des gonds de la porte qui grince. Un coup d'œil en arrière lui permit de constater que Marcos avait finalement fait le bon choix et il était en train de refermer la porte sur lui.

Si elle atteignait le début des couloirs, la lumière tiendrait les troodons à distance. Shaé accéléra de plus belle même si sa jambe lui semblait prête à se dérober sous son poids à chaque instant. Dans son dos, des couinements affamés lui indiquaient que les troodons la talonnait. Ils lui semblaient même d’ailleurs un peu plus proches à chaque instant. La jeune femme serra les dents. A cette vitesse, le trajet semblait carrément plus long et elle se sentait même ralentir, affaibli par sa jambe.

Les bestioles dans son dos semblaient cependant décélérer aussi, refroidis par la luminosité qui augmentait. Ils continuaient d’avancer aussi mais à une allure moins vive et Shaé conserva donc son avance. Mais pour combien de temps ?

Elle arriva enfin à l'intersection. A gauche, elle retrouverait le couloir qui menait à l’escalier. Mais où aller ensuite ? A part s’éloigner de Marcos, remonter ne lui servirait à rien. L’anglaise n’avait plus de talkie et à part retourner à pied jusqu’au bureau de Cole… Non, dans son état cela lui aurait pris des heures et l’aurait exposé à des risques inutiles. Surtout que depuis ce temps, l’agent d’entretien avait dû se réveiller et alerter la sécurité.

Séparée du français et mise au pied du mur, elle pouvait se décider à prendre des risques. Elle fila alors tout droit vers le couloir qu’ils n’avaient pas exploré. Tout à l’heure, il était vide mais serait-ce encore le cas ?

Elle eut un premier élément de réponse en manquant de glisser sur les coulées de sang au sol. Marcos ne les avait pas vu car elles n’étaient pas dans le couloir principal mais dans le coude qui tournait vers la gauche. Il s’agissait d’une traînée de sang comme si quelqu’un s’était traîné au sol. Dans la panique, elle faillit rater sa destination et pila pile devant la porte marquée “Stock”. Curieusement le sang ne venait pas de la même direction que Shaé mais de plus loin dans le couloir et continuait sous la porte.

Il y avait donc quelqu’un dans la pièce qu’elle s’apprêtait à ouvrir. Enfin à ouvrir… La porte semblait entrouverte, un raie de lumière s'en échappait. Tant pis ! Elle la poussa et s’y engouffra arme à la main.

Un coup d'œil lui permit de constater qu’elle semblait vide. Shaé fit volte face, s'adossa à la porte et recula prestement pour la claquer. De toute façon, ils semblaient s’être arrêtés un peu plus tôt dans le couloir et elle ne les entendait pas. Pendant quelques instants, elle n’entendit que son cœur qui tapait dans son crâne tandis qu’elle récupérait un peu.

Et puis à mesure qu’il s’apaisait, elle commença à percevoir une respiration sifflante qui n'était pas la sienne. Sa tête se releva lentement et son corps se tendit soudainement aux aguets. Avec prudence, son arme toujours à la main, elle progressa dans la pièce en enjambant parfois des caisses ou des objets au sol. La lumière était encore allumée mais était un peu plus faible que dans le couloir. Derrière l’espèce de bureau qui trônait au centre de la pièce se trouvait un corps. Avec la quantité de sang qui maculait le tissu sombre de sa tenue de combat, il aurait été logique qu’il s’agisse d’un corps.

Mais un sifflement laborieux s’en échappait encore et s’il ne bougeait plus ses membres, sa poitrine se mouvait encore en rythme, juste assez pour le maintenir en vie. Shaélynn avala difficilement sa salive et se força à faire le tour de la pièce, inspectant brièvement l’endroit. A part des armoires de stockage éventrées, le bordel qui jonchait le sol, un bureau et les deux chaises qui allaient avec, la salle était vide. En regardant la porte de plus près, la jeune femme s’aperçut qu’elle avait été forcée et que le verrou ne tenait pas plus que celui de l’entrée. Les troodons ne pouvaient peut-être pas l’ouvrir mais n’importe quel humain n’aurait aucun problème à entrer.

Tant bien que mal, l’anglaise partit au chevet de son nouveau compagnon de galère pour constater qu’il n’y avait rien à faire. Son pouls était faible, son visage livide et le bruit que faisait sa respiration…

Ce son faisait monter lentement mais sûrement une vague d’angoisse chez la jeune femme. Des flash du corps de John Hammond sous la pluie, son visage qui perd en vitalité et cette respiration laborieuse, sifflante… Les larmes aux yeux, elle échangea un regard avec l’agent de KC. Ses yeux semblaient la supplier et elle voyait un léger frémissement de ses lèvres bleues. Il aurait parlé s’il l’avait pu. Pour dire quoi ? Il était trop tard pour le savoir. S’était-il déplacé ici seul ? Quelqu’un l’avait-il déposé là ? Est-ce que quelqu’un viendrait le chercher, l’achever ?

En s'agrippant au bord du bureau pour se relever, Shaélynn entreprit d’explorer la pièce. Avec l’aide d’une caisse vide et avec précaution, elle fit le tri dans le merdier qui jonchait le sol. Il était évident que la pièce avait déjà été mise à sac, plus tôt dans la journée ou dans le passé, mais il n’y avait plus grand chose à sauver. Tout ce qu’elle avait trouvé, c'était une grosse paire de lunettes à vision nocturne, l’un des côtés était cassé mais c’était mieux que rien, un bâton électrique si vieux qu’elle n’était pas sûre qu’il soit en état de fonctionnement et un gros pistolet tranquillisant. Il était évidemment vide mais en fouillant plus attentivement elle trouva deux cartouches qui avaient roulé sous un placard.

Le jeu n’en valait pas forcément la chandelle car elle avait dû se coucher au sol pour les récupérer et l’effort l’avait épuisé. Shaélynn reprit alors son arme et s'affaissa quelques instants dans le fauteuil de bureau. Malgré son poids plus que raisonnable, la jeune femme entendit les ressorts de l’assise grincer. L’ancienne espionne n’était pas certaine que ça soit une bonne idée de se poser maintenant mais son corps en avait terriblement besoin.

L’adrénaline commençait tranquillement à refluer et elle sentait maintenant beaucoup plus nettement la douleur dans sa jambe. Prise d’un doute, Shaélynn déboutonna son pantalon sans grande conviction et le fit glisser le long de ses hanches, juste le temps de vérifier sa blessure. La plaie ne s'était pas rouverte mais elle n’en demeurait pas moins violemment douloureuse comme si les chairs à l’intérieur n’étaient pas encore consolidées. Ce qui était probablement le cas. Plus préoccupant encore, les muscles de son bassin la tiraillaient comme des milliers de petits couteaux tranchants. Prudemment, elle referma son pantalon et du bout des doigts, elle commença à palper la région douloureuse.

Cela ne semblait être que musculaire et n’annonçait à priori rien de plus grave mais après tout qu’est-ce qu’elle en savait ? Il était évident qu’elle n'allait pas tenir longtemps à ce rythme. Elle était toujours anémiée, se remettait d’une blessure par balle, d’un traumatisme crânien, de deux ans et demi de cavale tout en… Même si elle tentait de l’ignorer, Marcos avait raison sur ce point, elle était également enceinte de trois semaines.. Avec des symptômes et des sensations, que Shaélynn ressentait beaucoup plus intensément à cet instant, dans la solitude des souterrains d’Isla Nublar, l’ancrant dans la réalité.

Musique:


Sa tête bascula en arrière sur le dossier, les yeux clos et un profond soupir passa ses lèvres. Comme souvent, Shaé avait déjà fait l’état des lieux et son cerveau avait tracé une route à suivre. Elle savait ce qu’elle devait faire, quelle était la meilleure solution, celle qui lui sauverait encore la vie. Elle avait juste besoin de quelques secondes pour se préparer. Quelques larmes coulèrent sur ses joues et ses lèvres étaient pincées tandis qu’elle chargeait les cartouches dans l’arme. Elle fit rouler la chaise en direction de l’homme et l’abaissa un peu pour se mettre à sa hauteur. Il sembla comprendre et lui aussi avait maintenant le regard humide.

- Ça va aller.

Il ferma les yeux comme dans l’attente et Shaélynn tira. La balle alla se loger dans son épaule et ses yeux ne se rouvrirent pas. La dose était probablement prévue pour des dinosaures tels que les troodons. Mélangés à leur venin, l’homme ne devait probablement n’être déjà plus conscient. Il fallait faire vite. L’anglaise l'attrapa par les jambes, le tira à reculons pour le positionner devant l’ouverture et ouvrit la porte. Avec précaution, elle le tira en direction du couloir qui partait vers l’escalier et le laissa là. Prenant quelques instants pour soulager ses jambes tremblantes.

- Ça va aller.

Après tout, ce ne serait que la deuxième fois qu’elle achevait un homme en fin de vie avant de laisser son corps en pâture à des dinosaures. Elle prit une inspiration et avec son arme, elle donna un coup franc contre un tuyau pour attirer les bestioles vers lui. Grâce à l’écho du béton et des tuyaux, elle les entendit affluer. Avec un peu de chance, ils allaient venir dans cette direction et libérer l’accès jusqu’à la porte où se trouvait Marcos.

A pas de louve et le cœur lourd, la brune fit le chemin en sens inverse, lunettes sur le nez. Elle n’avait eu que le temps de faire quelques pas lorsque la détonation retentit. Arme en avant, elle se retourna. L’homme qui se tenait au-dessus du cadavre de l’agent de KC et dont elle ne distinguait que les contours à cause de ses lunettes, Shaélynn l’aurait de toutes façons reconnus entre mille autres.  

Pearce Sanders.

Abandonnant toute prudence, la fille Moore prit ses jambes à son cou. Envolée, la peur des troodons, elle refit le chemin en sens inverse et ne s’arrêta qu’une fois la porte du stock refermée sur elle. Envolées les douleurs, il fallait barricader la porte. Son regard avisa le bureau mais elle eut beau le pousser de toutes ses forces, il ne bougea pas d’un millimètre. Elle se précipita alors de nouveau jusqu’à la porte et le dos collé à la surface métallique, elle scrutait les bruits dans le couloir. Sans succès. Sa respiration était toujours nerveuse mais s’apaisait peu à peu quand la porte s’ouvrit violemment.

Si elle parvient malgré tout à rester debout en s’accrochant à une armoire, son arme lui glissa des mains dans la précipitation. Sans réfléchir, elle se laissa glisser à genoux au sol, une main fermement plaquée sur le béton et l’autre tendue pour s’étirer au maximum en direction de l’arme sans trop s’exposer. Sa vision troublée par la vision nocturne des lunettes, elle tâtonne jusqu’à ce que le bout de ses doigts effleure enfin la crosse de l’arme.

La grosse semelle de la botte de Pearce s'écrase alors sur sa main, la bloquant au sol. La jeune femme poussa un gémissement rageur.

- J’ai ordre de te ramener vivante…

Shaélynn lui adressa un regard mauvais. Ha ouais ? Voilà qui arrangeait ses affaires ! Elle s’apprêtait à bouger et commença à faire peser son poids vers l’arrière quand la pression s’accentua sur sa main…

- Je n’ai pas de consignes particulières concernant l’état dans lequel je te ramène par contre…Le clic de son arme se fit entendre et il précisa : Ça dépendra de toi et de ta coopérativité.

La tête baissée vers le sol, les yeux fixés sur sa main, Shaélynn avait maintenant un nouveau choix à faire…

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MessageSujet: Re: Six pieds sous terre   Six pieds sous terre EmptyMer 10 Avr 2024 - 0:22


Lorsque leur regard se croisèrent, Marcos sût que ses craintes étaient sur le point de se réaliser. Allait-elle vraiment le trahir, ici et maintenant? Il s’était déjà posé cette question un grand nombre de fois. Lorsqu’il avait accepté de la suivre, en France, lorsqu’ils étaient à l’arrière de ce SUV, quelques heures plus tôt. A chaque fois, il en était arrivé à la conclusion que non, c’était impossible. Elle le lui avait pourtant bien mise à l’envers avec Cole, dans cette réunion improvisée deux ans plus tôt. Mais c’était il y avait si longtemps… et en même temps comme si c’était hier. La confiance était, bien que fragile, présente. Mais le doute quant à ses intentions persistait également. Ce même doute qui avait occulté l'essentiel. L’anglaise était un chat sauvage, un chien fou, dont les actions n’étaient plus dirigées que par un instinct de conservation de survie. La raison de la jeune femme semblait être partie pour de bon. Mais alors que le temps semblait suspendu, et que les troodons les avaient isolés l’un de l’autre, il n’était plus sûr de rien. La seule chose dont il avait la certitude à présent était sa volonté de survivre. Si l’anglaise partait en courant et en l’abandonnant, il ne pourrait pas y faire grand chose. Il ne devait plus compter sur elle, ni sur qui que ce soit. Le français ne pouvait avoir confiance qu’en lui-même. 
La lumière des lampes semblait incommoder les reptiles, bien que ces derniers semblaient, pour certains, s’y habituer petit à petit. Il remarqua un raptor accroché au plafond aux tuyaux. A l’intérieur circulait l’eau chaude sous pression qui remontaient des profondeurs de la croûte terrestre et rejoignait la centrale plus en aval. Il eût alors une idée. Une idée folle, mais qui, en cet instant, semblait des plus rationnelle.

“Si je tire dedans, la vapeur et nos lampes devraient les gêner suffisamment pour pouvoir passer la porte.”

Le paléontologue commença à lever son arme vers le plafond lorsque Shaelynn, le visage crispé par la peur, braqua son arme vers lui d’un geste brusque. Que faisait-elle? Marcos jeta vers elle un regard interrogateur. Elle n’allait quand même pas l’abattre, afin de se servir de lui comme diversion pour s'enfuir?

“Vraiment?” pensa-t-il en la regardant droit dans les yeux.

Il baissa inconsciemment son arme, résigné. C’était finalement la nature humaine qu’il avait essayé de défendre qui aurait raison de lui au bout du compte, dans les entrailles de cette île. Quelle histoire raconterait-t-on à son sujet? Serait-il mort en se sacrifiant? Aurait-il été abattu par un membre de la Chimère? Quelle histoire l’ex-espionne de la Chimère raconterait-elle en remontant à la surface? D’un geste brusque, Shaelynn baissa son arme vers le bas. Elle allait donc lui tirer dans la jambe, pour le ralentir. Elle n'avait donc aucune pitié. Le temps qu’il se débattrait face aux sauriens serait davantage de temps qu’elle utiliserait pour se sauver. Aucune pitié certes, mais elle faisait preuve de bon sens. Le paléontologue ne pût s'empêcher de penser pragmatiquement qu'elle avait raison, et qu’il aurait éventuellement fait pareil à sa place.

Au lieu de ça, la botaniste agrippa son talkie et le lança d’un geste sûr dans le couloir à gauche de la porte. Le projectile passa devant le nez du paléontologue avant de s’écraser dans un bruit sec sur le sol. Le bruit du choc fit taire un instant les théropodes alors que les éclats en plastique ricochèrent le sol. Mais très vite, les piaillements et feulements reprirent avec aplomb. Les dinosaures avaient craint le projectile quelques secondes, avant de comprendre qu’ils n’en risqueraient rien.



- T’as le pass, prends l’escalier. Cours, jusqu’à la porte. Pars… Je te rejoindrai, ok ?

Que faisait-elle? Une diversion pour lui permettre de survivre? N’allait-elle donc pas l’abattre pour sauver sa vie, comme elle l’avait fait avec John Hammond? Le doute qu’il avait éprouvé et traîné comme un boulet depuis des jours, depuis des lieux… Faisait-il fausse route à son sujet depuis le début?

Mais le ton qu’elle avait emprunté, et le son de sa voix… Marcos savait. Il savait qu’il n’en serait rien. Jamais, s'il partait sans elle, cette dernière n’aurait la moindre chance de survie. Les troodons auraient tôt fait de l’encercler et de la dévorer. Quant à ses propres chances de survie, tout dépendait de ce qui se cachait derrière la porte. Encore une mauvaise surprise et s’en était fini. Il était évident que la meilleure chance de survie était de rester grouper.

“NON…” dit-il d’un vif geste de la tête. “C’est du suicide” pensa-t il.

Shaelynn tira un coup de feu, qui fît exploser la batterie du talkie. Une fumée commença à sortir de la carcasse en plastique, suivie par une flamme d’un orange vif qui imbiba le corridor d’une lumière chaude et crépusculaire. Une odeur âpre et métallique piqua aussitôt les narines du paléontologue et le fît plisser des yeux. La flamme, vive au début, repoussa une grande partie des raptors dans les couloirs, les prenant par surprise. Certains, en voulant fuire la lumière, se rapprochèrent davantage de Shaelynn. Cette dernière, dans la foulée, tira un deuxième coup de feu en direction de Marcos. Le troodon étourdi par la lumière qui lui faisait face s'écroula lourdement sur le sol, le corps tressaillant de spasmes cadavériques. Il releva la tête et pose son regard sur la jeune femme qui affichait un visage ferme et déterminé.

- Fous le camp ! lui hurla t-elle dessus.

Marcos comprit alors qu’elle voulait attirer les troodons vers elle, pour lui laisser le temps et une chance de passer la porte. Il lui jeta un regard sévère en agitant la tête négativement, comprenant ce qu’elle essayait de faire.

- Ça ira, lui affirma-t-elle d’une voix faussement rassurante. Ça ira.

Elle s’élança dans le couloir, avec une majorité des troodons à ses trousses. Seul un individu se tourna vers Marcos, l’identifiant comme une proie facile. L’anglaise était en train de s’éloignait, seule. Que pouvait-il faire? Lui courir après? C’était le meilleur moyen d’y rester dans la confusion ambiante. Si les deux scientifiques y laissaient leur peau, alors rien n'empêcherait la Chimère de mettre la main sur le projet T, de cultiver la tulipe, et de l’utiliser à des fins offensifs. Marcos le savait: il devait accepter d’aller de l’avant, seul. Même si celà signifiait la mort de Shaélynn. La survie de la population l’emportait sur la survie de l’individu. Marcos le savait. Et pourtant, il était dûr de payer le tribut. Une femme et son enfant, contre le controle de la plus dangereuse des armes biologiques. Le français jetta un dernier coup d'œil à Shaelynn dont la lueur de la lampe disparaissait derrière les silhouettes des animaux qui la traquaient.

Marcos se retourna vers la porte qui n’était qu’à deux petits mètres. Il se glissa dans l’ouverture, l’agrandissant d’un coup d’épaule. L’adrénaline l'inonda et il ne ressentît aucune douleur en enfonçant la lourde porte. Une fois à l’intérieur de la pièce sans lumière, il lui restait encore à refermer la porte avant que les deux sauriens ne le suivent! Il attrapa le battant de la porte pour la fermer. Elle heurta malheureusement la tête du troodon qui essayait de rentrer.  Le coup de tête de l’animal fît reculer le français dont les semelles crissèrent sur le sol bétonné. Il poussa de toutes ses forces, alors que le raptor de l’autre côté griffait et frappait pour se frayer un chemin dans l’interstice. Pour avoir plus de force, il se retourna et se mît à pousser avec son dos. Le dessous de ses chaussures manquaient d'adhérence et glissaient sur le sol lisse et poussiéreux de la pièce où il était. Il décida alors d’appuyer appuya ses pieds sur le mur qui faisait face, et, le dos trempé de sueur collé au battant de la porte, il poussa sur ses jambes de toutes ses forces pour fermer cette dernière. Le français voulait se servir de son arme, mais il était dans une position qui lui empêchait d’avoir une quelconque visibilité. Tirer avec le bras dans le dos lui assurait une mauvaise prise et aurait tôt fait de lui déboiter l’épaule avec le recul également. Il n’était plus question de compter sur Shaelynn ou qui que ce soit pour lui sauver la vie. Ce ne serait qu’à la force de ses muscles et de sa propre volonté qu’il fermait cette porte et se sauverait la vie. L’effort intense le faisait suer à grosses gouttes sous ses vêtements, et il sentait la sueur ruisseler sur ses tempes. Les secondes semblaient des heures. Il ne restait qu’un petit effort, que quelques centimètres à pousser pour fermer cette satané porte. Quelques centimètres qui le séparaient de la vie ou de la mort. Marcos sentait les troodons frappaient la porte avec plus de sagacité, et il sentait ses jambes plier davantage, perdant du terrain. Rassemblant ses dernières forces, il poussa sur ses pieds en laissant échapper un râle qui couvrait les feulements du troodon, emplissant la pièce. Le loquet métallique se mît finalement en place dans un bruit sec et le paléontologue ne ressentit plus que sa propre résistance contre la porte.


Il avait réussi. Mais à quel prix? Shaelynn s’était sacrifié pour qu’il s’en sorte, sans aucune chance de survivre. Pour sauver possiblement des millions de personnes, il l’avait laissé se sacrifier. Il l’AVAIT sacrifié. Sacrifié elle, ainsi que la vie qu’elle portait en elle. Tant d’autres dénouements avaient été possibles pourtant. Si seulement il avait refusé de l’aider lorsqu’elle l’avait retrouvé en France. Si seulement il avait refusé de revenir sur Isla Nublar et ainsi la mettre en danger lorsqu’il avait appris qu’elle était enceinte. Certes, l’anglaise était une femme majeure et vaccinée. Mais Marcos sentait à présent le poids de ses décisions qui l’avait conduit à cet instant où lui était en vie, et eux probablement pas. Des décisions qu’il avait prises pour trouver le projet T, en dépit du danger que lui et son entourage encourait. Des décisions qu’il regrettait à présent amèrement.

“Mais qu’est-ce que j’ai fait?” pensa-t-il à voix haute, alors qu’il sentait ses yeux s’humecter.

Exténué, les bras ballants et engourdis, Marcos laissa tombé la lampe torche qui roula plus loin, éclairant un grand escalier qui semblait descendre on ne savait où. Le paléontologue se retrouva dans l’obscurité. Il se laissa glisser le long de la porte dont les martèlements avaient cessé, et porta ses mains crasseuses à son visage. Sans qu’il puisse les contenir, des larmes perlèrent sur ses joues, des larmes lourdes de culpabilité.

“Je suis désolé” hoqueta t-il. “Je suis tellement désolé…”

Le paléontologue se remémorra encore et encore les derniers événements. A quel moment aurait-il pû changer les choses ? En France, il le savait, en refusant de la rejoindre, de la suivre. Ou était-ce en refusant qu' ELLE le suive? Après tout, il voulait en savoir autant qu’elle sur le projet T. Son enquête avait d’ailleurs commencé avant la sienne, juste après l’incident avec le mosasaurus inconnu qui avait coûté la mort à son collègue, Brandon Colomes. Il avait enquêté, fouiné et retrouvé la piste du reptile marin qui conduisait à Isla Muerta. Il n’avait pourtant jamais mis les pieds sur cette île à cause d’une suite d'événements. Si seulement ce jour-là, il n’avait pas cherché à savoir d’où venait l’animal, jamais aucuns de ces événements n’auraient suivi. Marcos savait que repenser à ces événements et à des futurs hypothétiques ne servait à rien, à part le faire souffrir et avoir des remords. Pourtant, en cet instant, le français était dans l’incapacité de faire autrement. Il prît ses jambes dans ses bras, plaque sa tête contre ses genoux et se répéta plusieurs fois à quel point il était désolé.

Dans l’obscurité quasi totale, les minutes semblèrent des heures et le paléontologue perdit la notion du temps. Il ne savait pas combien de temps s’était écoulé, assît en boule au pied de cette porte.

“Et maintenant, on fait?” pensa-t-il. “JE fais quoi?”

Il y avait peu de chance qu’il réussisse à sortir vivant de cet endroit. L’unique voie de sortir était envahi de troodons. Autant aller jusqu’au bout et percer les secrets de ces lieux. Peut-être trouverait-il au moins un moyen de faire remonter des infos jusqu’à la surface. La surface… Il y avait la Chimère à la surface qui allait bientôt prendre possession des lieux. Il y avait aussi Cole Hudson, qui s’occupait de l’évacuation des visiteurs. Il devait essayer de le contacter. Non pas pour envoyer des secours, et d’avantages de monde au casse pipe face aux raptors, mais pour condamner les lieux, définitivement. Bétonner l’accès sur plusieurs dizaines de mètres suffirait. Ou alors le dynamitage et l’ensevelissement. Celà permettrait de condamner le projet T, et d'empêcher les troodons de se répandre à la surface. Privé de nourriture et peut être même d'air, ils pourraient en quelques jours.
Il devait aussi lui dire pour Shaelynn. Bien qu’il n’ait aucune preuve de sa mort, sa survie était hautement improbable, au vu de la horde de dinosaures qu’elle avait eu à ses trousses. Le paléontologue savait qu’il devrait faire face aux reproches du directeur de site. Shaélynn était son amante, qu’il venait tout juste de retrouver. Le new-yorkais aurait probablement de la rancoeur envers le français pour le restant de ses jours. Mais Marcos savait qu’il devait assumer ses choix si lourds à porter maintenant. L’américain ne savait également pas qu’elle était enceinte. Devait-il lui dire? Il prît le talkie a qui était à sa ceinture et le porta à sa bouche d’une main tremblotante.

“Cole, ici Marcos, tu me reçois? Cole?”

Le seul son qui lui revînt fût le grésillement de l’appareil qui s'amplifiait entre les murs nus qui l’entourait.

“Cole?” insista t-il une dernière fois.

Rien à faire. Le signal ne passait pas. Il réaccrocha le talkie à sa ceinture et entreprit d’essayer de l’appeler avec son téléphone qui pouvait peut-être envoyer un signal plus puissant. Lorsqu’il l’alluma, l’éclairage de l’écran l’aveugla dans l’obscurité. Il plissa des yeux et le verrouilla par réflexe. Il se frotta les paupières de ses yeux tuméfiés. Il ralluma le téléphone, mais cette fois en le reculant davantage de son visage. Le paléontologue lança un appel, mais aucun réseau n’était disponible. Il décida alors de faire autrement. Marcos enregistrerait un message à l’attention du directeur Hudson, et l’enverrait en pièce jointe. De cette manière, il le recevrait dès qu’un minimum de réseau percerait à travers le sol.

Une fois le message enregistré en envoyé, le paléontologue ferma ensuite l'application vocale et ouvrit le navigateur internet pour prendre connaissance du temps qu’il lui restait avant l'arrivée de la Chimère. Il n’arrivait pas à lire les chiffres qui défilaient, alors le français rapprocha le téléphone contre sa poitrine. Il plissa les yeux pour réduire la quantité de lumière qui l'éblouissait toujours. Malgré celà, il n’arrivait pas bien à lire les nombres. Quinze minutes? Vingt minutes? Pourquoi n’arrivait-il pas à lire correctement?
Un point rouge apparut sur l’écran LED, suivi d’un second. En appuyant dessus avec son index, il vît qu’il laissait une trace. C’est alors qu’un troisième point apparut sur l’écran, ainsi qu’un chatouillement au bout de son nez. Il passa la main pour le frotter, et observa que le dos de cette dernière était marqué d’une trace rouge. Il comprit alors que c’était du sang, son sang, qui gouttait de son nez. Pourquoi saignait-il? S’était-il blessé? Il n'avait pas souvenir de s’être pris un coup dans le visage pourtant. Le français réflechissa de plus belle. On ne saigne pas du nez sans raison. Après quelques secondes de raisonnements, il comprît. A la lueur de son écran de téléphone, il inspecta d'abord ses bras, puis ses flancs. Il découvrit une entaille dans le tissu de sa patte droite de pantalon, au niveau du mollet.

Marcos soupira profondément. Il savait pertinemment ce qu’il allait trouver sous le tissu entaillé. Avec sa main libre, il écarta précautionneusement les deux pans de l’ouverture, et découvrit une petite égratignure. Superficielle, mais bien là.

“Tout s’explique” soupira t-il en posant l’arrière de sa tête sur la porte qui le maintenait.

Pourquoi il était sensible à la lumière plus que de raison, pourquoi il saignait du nez, pourquoi il avait cette sensation pâteuse dans la bouche et cette interminable bouffée de chaleur. Dans la cohue, un des troodons avait réussi à lui agripper le mollet, et il ne s’en était pas rendu compte sous l’effet de l'adrénaline. Le paléontologue avait lu les dossiers non classifiés sur ces bestioles. Il connaissait les effets du poison contenu dans leur salive sur le corps humain, sur son corps à présent. Il savait par quels états il passerait, combien de temps son calvaire allait durer et combien de temps il lui restait. Il savait également qu’il ne servait à rien de paniquer. Non seulement celà ne le soignerait pas, mais celà aurait pour effet d’augmenter son rythme cardiaque, la diffusion de la toxine dans son système sanguin et l’épuisement précoce de son organisme. Etait-ce dû à une hallucination produite par sa fièvre grandissante, ou par une culpabilité se cristallisant, mais le paléontologue ne pu s'empêcher d’évoquer à son esprit que peut-être le méritait-il un peu, pour avoir sacrifié une femme enceinte sur l’hotel de la conaissance et de la bien pensance.


“Ça va me gacher ma journée.”

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