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 Distraction

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Priscilla Kensington

Priscilla Kensington


Messages : 10
Date d'inscription : 07/10/2022

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MessageSujet: Distraction   Distraction EmptyVen 17 Nov 2023 - 21:25

10 juin 2015, 9h30




Musique :
Spoiler:


La jeune femme était restée planter là, les bras le long du corps et un visage qui trahissait son inquiétude. Cole l’avait enlacé pour la rassurer mais ça n’avait pas suffit. Elle était restée quelques instants debout dans le bureau, même après son départ. Si une bonne partie de ses sentiments avait été bien entendu de l’inquiétude et de la peur, elle éprouvait également beaucoup de regrets et de remords.

Elle avait douté de lui. Elle l’avait même mis en garde et avait suggéré qu’il se repose quelques jours. Après tout, il était de plus en plus stressé avec la reprise du travail et cette folle histoire n’arrangerait rien. Pendant un moment, elle avait même envisagé de contacter à nouveau l’hôpital. Cela n’avait duré qu’une fraction de secondes seulement, mais aujourd’hui, à cet instant, elle estimait que c’était déjà trop.

Elle s’en voulait affreusement, elle se sentait terriblement mal. Et constatant la position embarrassante dans laquelle elle se trouvait actuellement, elle retournait derrière son bureau et s’asseyait nonchalamment pour tenter de contenir ses émotions. Elle posa ses deux coudes lourdement sur le rebord et prit sa tête dans ses mains.

“Merde”, pensait-elle.

Elle se sentait odieuse et horrible, elle avait honte. Elle lui avait dit des choses qui, dans le contexte, semblait maintenant presque déplacée. Elle soupira longuement après une grande inspiration, elle avait encore beaucoup de boulots et déjà trop de choses à penser. Elle détachait ses cheveux pour les attacher de nouveau correctement lorsque la porte s’ouvrit soudain en grand. Sans même tourner la tête, le culot de la personne qui venait d’entrer était immédiatement identifiable. Curieusement, Priscilla n’avait pas entendu sa démarche caractéristique et ses talons qui frappaient le sol son air rythmé et endiablé. C’était dire combien elle était perturbée par cette situation.

Claire Dearing avait effectivement une manière de se déplacer qui lui donnait une prestance et qui inspirait le respect, toujours la tête haute, les cheveux parfaitement lisses et des tenues classes. Si son côté coincé et pince-sans-rire avait tendance à énerver Priscilla, elle avait également beaucoup de respect pour cette femme qu’elle admirait. Il n’y en avait pas dix comme elle. C’était bête à dire mais ce n’était pas commun de voir une femme à la tête d’un parc comme Jurassic World, même encore aujourd’hui en 2015.

« Bonjour Mme Kensington ! Comment allez-vous ? »

Priscilla se redressait, s’empressait alors d’afficher son sourire corporate et de lui répondre d’un air enthousiaste.

« Re-bonjour Mme Dearing ! », corrigeait-elle. « On s’est déjà vu ce matin, vous vous en souvenez ? »

La jeune assistante savait que Claire était quelqu’un de très occupée et qu’elle enchaînait les journées sans réellement les différencier. Cette femme était une véritable machine qui ne s’arrêtait jamais, elle incarnait la révolution industrielle à elle-seule. C’était à se demander s’il lui arrivait de dormir ou même si elle n’était pas simplement une créature de la nuit. Cela dit, cela expliquerait son teint blanchâtre.

La réponse de Priscilla avait aussi le mérite d’esquiver la question tragique de si elle allait bien car, entre ce qui venait de se passer avec Cole et le stress permanent que la présence de Mme Dearing lui imposait, elle aurait été incapable de mentir.

« Ah oui, c’est vrai ! Excusez-moi, autant pour moi !  », dit-elle en semblant retrouver soudainement la mémoire.

« Vous vouliez me voir ? », enchainait Priscilla d’un sourire sincère.


Musique :
Spoiler:


Claire balayait le bureau du regard comme pour vérifier qu’il n’y avait personne d’autres dans la pièce avant de se lancer. Elle tenait à la main son portable, comme à son habitude. À vrai dire, Priscilla ne se rappelait pas l’avoir déjà vu une seule fois sans son téléphone et, aussi loin qu’elle s’en rappelait, elle serait incapable de l’imaginer sans.

« J’ai envoyé un message à Cole mais je me suis dis que cela serait plus simple de venir le voir directement pour… »

“Cole ?”, s’interloquait Priscilla.

Elle avait encore des “Mme Kensington” en veux-tu, en voilà et lui avait déjà le droit à des “Cole” ?

Elle tentait de contenir un bref instant de jalousie. Non pas pour l’éventualité qu’elle s’intéresse à son homme mais plus pour la familiarité qu’ils semblaient déjà avoir et entretenir. Après tout, Priscilla n’avait rien fait en ce sens non plus et de toute façon, il ne fallait pas qu’elle se voile la face, il n’y avait aucune chance pour qu’elle tente de la tutoyer un jour.

Claire pianotait sur son téléphone alors qu’elle n’avait même pas terminé sa phrase. Ça aussi c’était quelque chose d’énervant, de malpoli, de particulier voire presque d’arrogant, surtout au début, quand on ne la connaissait pas. Comme pour le reste, on finissait par s’y faire et s’y habituer. De toute manière, avec elle, cela ne pouvait aller que dans ce sens là. Généralement, elle tapotait d’une main et levait l'index de l’autre comme si ce geste arrêtait le temps ou comme si le temps lui était redevable de quelque chose. Vous ne pouviez alors lui adresser la parole uniquement lorsque ce dernier s’abaissait de nouveau. Priscilla, pour ça aussi, avait bien évidemment pris le pli et avait appris à travailler avec elle et ses airs de Miranda Priestly.

Après quelques secondes, le doigt redescendait enfin et la jeune assistante enchaînait alors.

« Non, il me semble qu’il avait oublié quelque chose chez lui. Je peux peut-être vous aider ? », se proposait-elle.

Sa supérieure affichait temporairement un air hésitant qu’elle effaçait rapidement. Elle semblait presque surprise de sa proposition, ce qui vexait par ailleurs un peu Priscilla. Elles avaient déjà travaillé ensemble depuis un bout de temps maintenant, pourquoi cette grimace ? Doutait-elle de ses capacités ? Ou bien estimait-elle que ce n’était pas ou plus à elle de faire ce travail ?

« Oui. », tranchait-elle enfin. « Cole a oublié de me transmettre son rapport pour la réunion avec les actionnaires. Sauriez-vous me dire s’il l’a mis sur le serveur ? »

Elle penchait la tête presque avec un air de défi et Priscilla était évidemment prête à le relever. Toujours souriante, elle lui répondit donc du tac au tac.

« Oui, il me l’a transmis pour correction sur le point n°6. Rien de bien grave. Je venais de terminer, je vous le transmets immédiatement. », fit-elle en se penchant sur son ordinateur.

Se faisant, Priscilla eut juste le temps de voir Claire reprendre son téléphone à nouveau. Elle n’ajoutait rien de plus ou n'acquiesçait pas, elle attendait simplement calmement, tel un vautour au-dessus d’une carcasse. Quelques clics plus tard, la jeune assistante annonçait fièrement.

« Voilà ! C’est envoyé. Je vous ai également fait quelques annotations supplémentaires. »

Claire relevait le téléphone vers sa poitrine en pinçant ses lèvres, un air de remerciements dans le regard.

« Merci Mme Kensington ! À plus tard ! », dit-elle en fermant la porte derrière elle.

Priscilla, qui était désormais plus attentive, l’entendait s’éloigner dans un “clac-clac” rythmé et en répétant en boucle à haute voix: “Hal Osterly, vice-président. Jim Drucker, dégarni. Erica Brand, sous-employée. Hal, Jim, Erica.” La jeune assistante n’avait pas songé que les “annotations supplémentaires”, notamment composée des photographies des actionnaires, seraient aussi rapidement détournées par Mme Dearing. Soit.

Le silence retombait à nouveau dans le bureau et la jeune femme était de nouveau livrée à elle-même. Pour composer avec et pour combler cette solitude, elle attrapait son téléphone portable et envoyait un petit message pour prévenir Cole de la situation. C’était aussi un prétexte pour savoir où il en était et pour avoir des nouvelles de lui.

« Coucou. Tout va bien ? Tu en as pour… Non… » clic-clic-clic, elle effaçait. « Tu penses revenir quand ? Tu me manques déjà… Non… Pff… » clic-clic-clic, elle effaçait de nouveau. « Claire m’a de-man-dé où tu étais, elle est passée pour te parler du rapport pour la réunion de ce matin mais je t’ai trouvé une excuse. » Elle levait la tête pour réfléchir un instant puis replongeait sur son portable. « Tu me remercies plus tard de t’avoir sauvé devant le dragon, je lui ai envoyé ! Je t’aime. J’espère que tout va bien. »

Elle se relisait une dernière fois puis appuyait finalement sur le bouton “envoyer”.

« Voilà. Envoyé. », confirmait-elle.


Musique :
Spoiler:


Elle reposait le téléphone sur son bureau et consultait ses mails, ses yeux virevoltant de temps en temps à l’affût d’une éventuelle réponse qui semblait ne jamais vouloir arriver.

Qu’était-il en train de se passer ? Est-ce que tout se passait comme prévu ? Est-ce que “eux” voulait dire Marcos, Shaélynn et Shivak ? Était-il dans son bungalow ? Pourquoi ne lui répondait-il pas ? Est-ce que Shaélynn était vraiment là, elle aussi ?

Priscilla eut un moment de doute et d’inquiétude. Un moment qui dura malgré tout une bonne demi-heure. Une bonne et longue demi-heure d’attente et de stress.

L’homme qu’elle aimait était-il de nouveau en présence de la femme qui l’obsédait depuis si longtemps ?

Qu’était-il en train de se passer ? Était-il toujours dans son bungalow ? Est-ce que Shaélynn était vraiment là elle aussi ? Pourquoi ne lui répondait-il pas ? Est-ce qu’elle était vraiment là, avec lui ? Étaient-ils vraiment ensembles ?

Les questions tournaient inlassablement quand soudain son portable vibra et provoqua un magnifique bond de sa part. Elle l'attrapa à la volée et ouvrit le message sans plus attendre.

—---------------------------
Coucou !

Tout va bien, ne t’en fais pas.

Merci et bien joué pour le dragon !

Je t’envoie un message dès que je suis sur le retour.

Je t’aime aussi, courage à toi !

À tout de suite.

—---------------------------

Si le message l’avait rassuré sur le moment, la demi-heure suivante lui parut bien tout aussi longue. Elle n’avait toujours pas reçu celui qui annonçait son retour. Priscilla était distraite, elle n’arrivait pas à se concentrer sur son travail, ce qui ne lui ressemblait pas.

« Reprends toi. Tout va bien se passer. », chuchotait-elle pour se rassurer en se frottant la cuisse au-dessus du genou.

Mais les mots ne lui suffisaient plus. Il fallait qu’elle le voit, il fallait qu’elle lui parle. Son inquiétude et son impatience se changeaient peu à peu en peur. Sa jalousie passagère lui semblait alors bien ridicule.

Et si quelque chose de grave arrivait ? Et si le dénouement de cette histoire n’était pas bon ?

Elle se rendait doucement compte que, jusqu’à maintenant, elle ne s’était en réalité pas confrontée aux conséquences et aux risques éventuelles de cette opération. Elle ne s’était pas vraiment posée la question, elle avait juste encore une fois accepté de l’aider sans réellement approfondir davantage. Par amour, sans l’ombre d’un doute mais aussi peut-être parce qu’au fond d’elle, elle n’y croyait pas vraiment. Elle avait douté de lui.

C’était maintenant dos au mur qu’elle se posait désormais véritablement la question et ça lui faisait peur. Elle avait cette sensation désagréable, ce sentiment d’un mauvais pressentiment. Un frisson lui parcourait le dos, rampait le long de sa colonne vertébrale jusqu’à la pointe de sa nuque. Si tout ce que Cole lui avait dit était bel et bien vrai, qu’il n’y avait plus de raisons de douter, qu’est-ce qui la protégeait des dangers qu’il lui avait énoncé ? Qu’est-ce qu’elle pourrait faire pour se défendre ? Qui étaient-ils pour se mettre en travers du chemin de la Chimère ?  

Priscilla était soudain prise de vertige. Elle avait lu les rapports, elle savait ce que les agents de Kimeria Chemistry avaient fait, elle savait de quoi ils étaient capables. Priscilla ne voulait pas mourir. Elle ne pouvait pas se lancer dans ce genre de dangers inconsidérés, elle ne pouvait pas mourir maintenant, pas comme ça.

Elle n’arrivait plus à respirer, il fallait qu’elle se reprenne.

Il fallait qu’elle se reprenne.

Il fallait qu’elle se reprenne… Mais elle n’y arrivait pas.

Elle attrapait son téléphone portable, le déverrouillait et se levait de sa chaise. La position debout lui permettrait peut-être de respirer correctement. Enfin, c’est ce qu’elle pensait sur le moment. Elle ne pouvait pas rester assise. Elle marchait. Elle faisait les cent pas mais elle n’arrivait toujours pas à reprendre son souffle. Son corps avait juste envie de s’écrouler, de s’affaisser sur le sol. Elle était à deux doigts de flancher. Sa respiration était saccadée et elle haletait de plus en plus fort. Elle déverrouillait machinalement son téléphone avec son pouce, elle dut le faire bien à trois reprises mais elle attendait trop longtemps, l’écran redevenait noir. Elle était incapable de quoi que ce soit. Elle ne pouvait pas appeler Cole, elle ne pouvait pas appeler Lili. Surtout pas Lili, elle ne pouvait pas, elle ne devait rien lui dire. Qui pouvait-elle appeler ?

Après quelques minutes d’hésitation, elle ouvrit enfin un contact bien particulier. Elle était suffisamment loin de tout ça pour que ça soit dangereux pour elle non ? Depuis combien de temps elle n’avait pas appelé sa mère ? Trois ? Quatre ? Cela faisait déjà cinq ans ? Déjà ?

Priscilla était partagée. Elle avait fui sa famille, elle avait fui ce contexte familial devenu trop toxique pour elle. Et si elle n’avait pas passé ce séjour à New-York chez sa mère, si elle était restée avec sa grand-mère, les choses auraient été bien différentes. Grand-mère l’aurait probablement déjà jeté dans les bras d’un lord britannique. Elle vivrait sûrement dans un grand manoir. Il serait isolé et joignable seulement par une longue route de terre qui longeait une belle allée d’arbres, des platanes ou des cyprès selon la région. Le domaine serait vaste avec une forêt, un parc fleuri et habillé d’un joli kiosque. Quant à la demeure, elle serait grandiose, au moins sur trois étages. Il y aurait plus de salles de bains et de chambres qu’il n’en faudrait pour deux personnes mais des domestiques entretiendraient la maison. Et puis ils auraient rapidement eu des enfants pour compenser…

Mais plus cette vision grotesque s’étendait dans son esprit et plus elle se dégoûtait. Ce n’était pas la vie qu’elle avait choisie, l’homme à ses côtés dans ce rêve devenait alors évident. L’intervention de sa mère lui avait fait goûter une liberté qu’elle n’avait plus eu depuis longtemps, elle lui avait permis de trouver son envol. Grâce à elle, elle s’était envolée de ses propres ailes jusqu’en France, elle ne pouvait pas le nier.

Sans s’en rendre réellement compte, elle avait retrouvé son calme. Sans savoir comment elle avait atterri là, ni depuis combien de temps elle y était, elle était désormais assise par terre, en plein milieu du bureau. Elle était essoufflée comme si elle venait de courir un marathon. Elle n’avait pas la force de se relever. Elle essuyait la transpiration qui s’était accumulée sur sa nuque sous ses cheveux et s’étirait le dos dans le même geste dans un craquement de vertèbres qui lui fit pincer les lèvres. Elle se demandait ce qu’on penserait si on la trouvait ainsi mais elle était pour le moment au-dessus de tout ça. Elle prit une grande inspiration et composa finalement le numéro. Elle ignorait par quelle force mais elle avait réussi à rejoindre le sofa qui se trouvait à côté d’elle. Elle avait remonté ses genoux et ne formait plus qu’une boule, la tête entre les mains.

Après quelques sonneries seulement, sa mère décrochait enfin. Priscilla n’avait pas encore mis le portable à son oreille qu’elle entendit déjà un “allo ?” incertain, surpris et presque inquiet, tout ça à la fois.

« Maman ? », lâchait péniblement Priscilla en sanglotant.
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Cole Hudson
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Cole Hudson


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MessageSujet: Re: Distraction   Distraction EmptyJeu 30 Nov 2023 - 19:35

Musique :
Spoiler:

10 juin 2015 - 11h45


Ils s’étaient arrêtés aux garages pour déposer la voiture de Angel et elle avait filé immédiatement dans les locaux des rangers sans demander son reste. Elle avait bien évidemment des choses à faire et à préparer de son côté. Cole, lui aussi, marchait d’un pas agité dans les couloirs du centre de contrôle, en direction de son bureau. Il trottinait presque, à la limite de courir. Il en avait envie mais se retenait pour ne pas attirer les regards. Ce n’était pas le moment de paniquer, ni celui d’être impatient, il fallait qu’il garde son calme.

Arrivé devant le bureau, il ouvrit la porte sans frapper, sans plus attendre un instant de plus. Priscilla était là, elle était assise sur le canapé. Elle était au téléphone et, en croisant son regard, Cole sut immédiatement que quelque chose n’allait pas. Il le voyait dans ses yeux, sa tristesse et son inquiétude. Elle affichait cependant un air rassuré, quelques instants mais devant l’agitation du jeune homme, ce dernier disparaissait rapidement.


Spoiler:


« Je vais devoir te laisser… On s’appelle demain si tu veux ? », dit-elle d’un ton bienveillant en s’essuyant les yeux d’un revers de la main.

Elle avait visiblement pleuré, le jeune homme s’inquiétait réellement. Il refermait la porte sans un bruit, s’approchait et s’asseyait à côté d’elle sur le sofa. Ils se tenaient désormais la main.

« Oui. Tu m’as manqué aussi maman. Bisous. », fit-elle en raccrochant.

“Maman ?”, pensait-il étonné.

Elle reposait son portable à côté d’elle et poussait un soupir de soulagement. Cole la regardait d’un air surpris car jamais Priscilla ne lui avait vraiment parlé de sa mère et, de manière générale, elle était restée succincte sur sa famille. Il faut dire qu’il ne lui avait jamais vraiment posé de questions non plus ou, en tout cas, pas assez à son goût. Il n’avait pas eu le réflexe de le faire parce qu’elle n’avait globalement rien à lui cacher et qu’il estimait que ce sujet était quelque chose d’intime. Mais il estimait aussi maintenant que c’était une erreur de sa part.

Il l’avait fait avec Shaélynn parce qu’il avait le sentiment au fond de lui qu’elle lui cachait quelque chose, il avait creusé là où il le pouvait pour tenter de comprendre et percer à jour l’ancienne paléobotaniste.

Bien sûr, Cole savait que Priscilla avait eu des soucis avec sa famille et que c’était notamment la raison de son parcours universitaire en France. Il n’en savait malheureusement pas plus mais ça lui avait suffi amplement pour savoir et pour comprendre qu’elle ne souhaitait pas spécialement en parler. Il avait seulement respecté ça et n’avait pas insisté.

Peut-être qu’il aurait dû s’y intéresser davantage, peut-être qu’il aurait dû être plus attentif ?

Il avait alors le sentiment d’en n’avoir pas assez fait, encore une fois, et de n’avoir pas assez fait attention à elle.

Mais Priscilla posait sa tête sur son épaule et d’une certaine façon le rassurait, comme si elle savait ce qu’il pensait actuellement, comme si elle l’avait senti et l’avait compris. Cole enroulait alors son bras autour d’elle pour la rapprocher un peu plus.

Silencieux jusqu’à maintenant car les mots ne semblaient pas nécessaires, il se risquait néanmoins à lui poser la question fatidique.

« Est-ce que ça va mon coeur ? »

Elle soupirait de nouveau, visiblement soulagée, avant de lui répondre.

« Oui et non… Je me suis inquiétée, tu ne me répondais pas… », dit-elle d’un ton plaintif.
« Je sais, je suis vraiment désolé… », s’excusa-t-il avant qu’elle ne poursuive. « Ça a été la course, j’avais plus de réseaux sur mon téléphone… »

Il marquait une pause, réfléchissait un instant à la question qu’il avait en tête et lui demandait finalement.

« Est-ce que c’était… », commençait-il en pointant du doigt le téléphone.
« Oui, c’était ma mère… », fit-elle en terminant sa phrase. « J’ai craqué. J’ai… Tu te rends compte ? Ça faisait 5 ans que je ne lui avais pas parlé… », elle soupirait de nouveau. « Et toi ? Comment ça s’est passé avec “eux” », fit-elle en mimant des guillemets.

Cole se rendait compte de ce que cela représentait et une part, au fond de lui, ne parvenait pas à comprendre comment elle avait pu faire ça. Il ne pouvait que comparer avec sa propre situation et, même s’il y songeait que très rarement, il donnerait probablement tout pour parler à sa propre mère aujourd’hui. Il était peu souvent confronté à ce genre de pensées mais  aujourd’hui, l’espace de quelques instants, il se demandait si ses parents seraient fiers de lui. Mais l’inverse se posait tout autant et c’était sûrement pour cette raison qu’il évitait généralement d’y songer.

Les avait-il déçu ? Les avait-il abandonnés ? Qu’aurait-il dû faire pour qu’ils soient fiers de lui ?

Ils ne s’étaient toujours pas regardés, elle avait toujours sa tête sur son épaule. Pour le moment, ça leur suffisait simplement, c’était ce dont ils avaient besoin.

« Oui et non… », avouait-il à son tour.
« Est-ce que… ? », se risquait-elle également.
« Oui, elle était là. », fit-il sans prononcer son nom, anticipant à son tour directement sa question.

D’une part, Cole n’avait pas la force de le faire devant elle mais d’autre part, il ne fallait pas non plus crier son nom sur tous les toits. Il fallait rester prudent, encore maintenant et malgré les événements qui allaient probablement arriver prochainement. Priscilla tournait lentement la tête dans sa direction, comme pour jauger l’état de son conjoint et le jeune homme s’empressait de lui répondre pour clarifier au moins ce point.

« Non, je vais bien. T’en fais pas. C’était… » Spécial ? Bizarre ? Brouillon ? Un bordel sans nom ? Inespéré ? Entre deux expirations, il choisit finalement son mot. « Particulier. On va dire. Mais c’est pas important pour l’instant… Ta… Ta mère ? Vous avez parlé de quoi ? Tu… veux en parler ? », fit-il en la regardant à son tour.
« Je… », fit-elle hésitante.

Elle détournait le regard comme pour éviter qu’il ne lise dans ses yeux ou qu’il ne la juge. Cole ne se serait jamais permis de le faire. À vrai dire, il avait presque le besoin, voire la nécessité d’avoir son point de vue et son histoire. Indirectement, il avait envie de vivre à travers elle l’émotion et la sensation que l’on pouvait ressentir lorsque l’on avait une mère. C’était égoïste et intéressé de sa part, au point où il en eut honte, suffisamment pour qu’il détourne lui aussi le regard. Toujours le visage porté sur la fenêtre extérieur, Priscilla se lançait finalement.

« Je lui ai parlé de mes études et de mon travail. Je… Je lui ai dit que j’étais désolé de l’avoir quitté brusquement et je l’ai remercié. », elle se tournait à nouveau vers lui.  « Je lui ai même parlé de toi. », souriait-elle sincèrement.

Cole pinçait les lèvres et relevait le menton d’un air surpris.

« De moi ? »

Elle acquiesça et ajouta aussitôt.

« Oui, elle voudrait te rencontrer. »

Le jeune homme souriait bêtement mais restait néanmoins étonné. Il ne voulait pas forcément le dire mais il était flatté par ce geste. Il se risquait tout de même à poser la question.

« Et qu’est-ce que tu lui as dit ? »

Elle lui reprit la main et reposa à nouveau sa tête sur lui.

« Que je me tapais mon patron pour avoir une augmentation. », pouffait-elle à sa propre blague.

Il sentit le visage de la jeune femme s’étirer, comme si son sourire s’étallait sur son épaule puis se tourner vers lui pour jauger la réaction à sa vanne. Elle fut immédiate puisque lui aussi se mit à rire et lui répondit du tac au tac.

« Comme si InGen te payait déjà pas assez ! » Il marquait une pause et reprenait aussitôt. « Tu… Tu lui as dit pour InGen ? »
« Oui, oui ! Elle sait que j’y travaille, que j’ai un bon poste et que je gagne bien ma vie. »
« Et elle s’appelle comment ? », disait-il en ne retenant plus les questions qui lui venaient en tête.
« Mme Brooke Howard-Myers ! », fit-elle fièrement en redressant son dos et bombant la poitrine.

Devant l’étonnement du jeune homme, elle ajoutait immédiatement.

« Elle a repris son nom de jeune fille après avoir quitté mon père. »

Cole mimait un “ah ok” avec ses lèvres et le silence retombait peu à peu dans le bureau. Il était animé par les différents employés qui circulaient dans le couloir à côté, par les dinosaures qu’on entendait au loin mais aussi par la masse de visiteurs qui simplement avec leurs discussions et leurs exclamations étaient capables de créer un brouhaha constant qu’on pouvait entendre malgré le double vitrage.

Le jeune homme soupirait, il n’avait pas du tout envie d’orienter la discussion comme ça. Il aurait pu l’interroger sur sa mère, ses parents, sa famille pendant des heures durant. Programmer sa rencontre avec eux, les rencontrer, leur parler, chercher à faire bonne impression. Il n’avait jamais songé à ce genre d’événements mais c’était en réalité un tournant capital dans une relation, non ?

La question ne s’était jamais posée avec Shaélynn parce que, d’une part - et une évidente qui plus est - ils n’avaient tous les deux plus de parents et d'autre part, ils n’avaient jamais vraiment été à cet endroit dans leur histoire.

Avec Priscilla, c’était différent et même si l’idée était farfelue, Cole s’en voulait presque de ne pas pouvoir lui offrir la même chose. Il s’en voulait de ne pas pouvoir la présenter à ses parents. En vérité, il n’avait même rien à lui dire à leurs sujets. Aucun souvenir, aucune photo, aucun héritage. Ils n’étaient juste qu’une idée, une idée factuelle qu’un jour il avait été leur enfant et que c’était à priori le départ de chaque enfants dans le monde. Deux parents qui donnent naissance volontairement ou involontairement à une progéniture. Il n’était que le concentré chimique de l’amour que deux personnes se sont portées à un point et à un moment donné. Car oui, si c’était le cas de tous, d’une façon ou d’une autre, la plupart des gens en grandissant avait ensuite construit une image, des souvenirs, une personnalité, des objectifs de vie, un tout global autour de ce geste et de cet amour … Ou de son absence.

Ce que Cole n’avait jamais pu faire au final.

Car pouvait-on vraiment manquer de quelque chose que l’on n’avait jamais connu ? Pouvait-on manquer d’une chose si on y avait jamais goûté en premier lieu ? Est-ce que absolument toute la construction d’un être humain reposait intégralement ou en partie sur l’amour qu’on lui portait durant son enfance et durant sa vie ?

Pas étonnant qu’il soit aussi bousillé.

Le gérant expirait lourdement et lançait finalement la discussion vers un horizon tout aussi joyeux que celui-là.

« Pris’ ? », dit-il pour attirer son attention.
« Hmm ? »
« Il va falloir qu’on se prépare… La Chimère… », la jeune femme relevait la tête et le regardait de nouveau d’un air inquiet lorsqu’il prononçait le nom du groupuscule. « J’ai reçu une alerte sur mon téléphone… On pense qu’ils vont agir aujourd’hui… On ne sait juste pas comment. Angel est parti de son côté pour gérer la sécurité et préparer un plan. »

Priscilla n’avait dit aucun mot et son corps collé contre le sien faisait des soubresauts, comme un mélange de peur et d’hésitation. Sa bouche tentait de prononcer des mots mais ce n’était plus que des balbutiements nerveux.

« Je… Je… », commençait-elle en serrant sa main de plus en plus fort. « Je ne sais pas si je vais pouvoir, Cole… J’ai… Je ne sais pas si je suis prête pour ça… Je… »

Cole plaçait sa main derrière sa tête et la rapprochait à nouveau de lui pour la prendre dans ses bras. Il s’était tourné complètement vers elle et la serrait fort contre lui, comme pour tenter de contenir et capturer la détresse de la jeune femme.

« Je suis désolé… Je n’aurai jamais dû nous embarquer là-dedans… J’ai peur moi aussi… »

Elle tremblait dans ses bras, Cole la serrait de plus en plus fort. Il avait peur de la perdre, il avait peur qu’il lui arrive quelque chose. Il avait peur que tout ça finisse mal et que tout ce qu’ils ont fait n’ait servi à rien.

Il ne pouvait pas la perdre.

Et tout ça, c’était de sa faute. C’était trop tard, ils ne pouvaient plus faire machine arrière.

« J’ai… J’ai peur Cole… », avoua-t-elle finalement elle aussi.
« Je sais…  », concéda-t-il.

Il le savait car lui aussi avait peur. Il le savait car le contraire semblait inconcevable. Qui n’aurait pas peur dans cette situation ? Il n’avait pas envie de lui dire que tout allait bien se passer car il n’en savait rien lui-même mais peut-être que c’était ce dont elle avait besoin à cet instant. Alors, encore une fois, il se risquait à ajouter.

« Tout va bien se passer, on va y arriver. Marc… », il se reprit. « Ils sont en route pour le trouver et ils vont y arriver. J’en suis certain. On doit y croire. Et… Tu sais, j’y ai longuement réfléchi… »

Il devait probablement parler trop lentement pour elle, puisqu’elle le coupa immédiatement. Elle devait sûrement chercher un moyen de se rassurer, quelque chose à quoi se raccrocher. Ou peut-être qu’elle avait simplement besoin de l’entendre lui, besoin de parler.

« À quoi ? », demandait-elle donc d’un ton impatient.

« La Chimère... Tu as déjà lu les rapports. Ils ont échoué la dernière fois, ils ont tenté de passer en force et la sécurité d’InGen a réussi à repousser le gros des attaques. Même si c’était pour faire diversion ou créer une distraction pour récupérer le… »


Il se retenait encore une fois de prononcer un mot. C’était bête mais il avait développé une sorte de paranoïa. Il ne voulait mêler personne de plus à tout ça car personne ne méritait un tel fardeau. Le poids des regrets était déjà trop élevé pour qu’il continue à le faire. Mais la vérité était aussi qu’il ne faisait confiance à personne d’autres que celles qu’il avait déjà mêlées à cette histoire.

« Enfin tu sais quoi… Ils ont malgré tout échoué. Sauf qu’à l’époque, la sécurité était beaucoup plus succincte, moins élaborée et moins équipée qu’aujourd’hui. »

« Hmm… », dit-elle sans trop de conviction pour valider ses propos.

Cole rebondissait donc sur le doute qui planait encore et ajoutait à son argumentation.

« Si K-C attaque aujourd’hui, ça ne sera pas comme la dernière fois. Ok ? », affirmait-il d’un ton convaincant, car lui-même devait se rassurer, lui-même devait y croire au fond. « Surtout s’ils veulent éviter d’attirer l’attention du gouvernement du Costa Rica et avoir l’armée sur le dos. Voire celui des Etats-Unis. »

« Qu’est-ce que tu essayes de me dire ? »

Priscilla ne tremblait plus mais son regard était toujours marqué par l’inquiétude et la peur. Cole ne souhaitait pas pour autant que cela change. La peur n’est pas nécessairement une mauvaise chose et dans les pires des situations pouvaient même sauver des vies. Il fallait qu'elle… qu’ils aient peur. Il ne fallait juste pas flancher et céder à la panique car, pour le moment, il n’y avait de toute façon pas de raisons de le faire. Mais il n’y avait malheureusement qu’un seul pas entre les deux.

« Ce que je veux dire, c’est qu’on ne sait pas à quoi s’attendre mais que dans tous les cas, ils seront forcément plus subtiles. Tu sais combien de visiteurs et combien d’employés il y a sur cette île. La Chimère ne pourra jamais contrôler une foule de cette ampleur. Ils ne pourront jamais agir par la force, tu comprends ? »

Le silence retombait à nouveau. Cole se contentait de caresser la tête de la jeune femme pour la rassurer. Au bout d’un moment, elle lâchait finalement un « Merci » en se tournant vers lui pour l’embrasser. Il le lui rendit et attrapa son visage entre ses mains.

« Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas qu’on ne soit pas sur nos gardes. On ne sait pas ce qu’ils préparent et ça n'en reste pas moins inquiétant. »

Elle tirait la moue à sa réplique et Cole s’empressait alors d’ajouter.

« Mais on va y arriver, on va s’en sortir. Ok ? »


Spoiler:


Elle acquiesça lentement, toujours avec des yeux aussi tristes et inquiets. Cole insistait et répétait avec un sourire cette fois.

« Ok ? »
« Oui… », dit-elle d’une petite voix cassée.

Il embrassait tendrement son front en la rapprochant de nouveau vers lui pour la prendre dans ses bras.

Au fond de lui, Cole était terrifié.

La Chimère, subtile ou pas, serait probablement armée.

La Chimère, subtile ou pas, allait forcément faire des victimes. C’était inévitable.

Cole restait pragmatique, trop même. C’était peut-être ça qui le terrifiait le plus à cet instant. Il avait peur de sa décision et de ses choix, il avait peur de ses pensées et de leurs conséquences.

Un dilemme connu lui taraudait l’esprit et il y avait longuement réfléchi aussi sans jamais trouver de bonnes réponses. Simplement parce qu’il n’y en avait pas. La seule résultante était qu’il faudrait qu’il accepte de vivre avec son choix. Il ignorait encore s’il pourrait le faire. Car il l’avait découvert à ses dépens, ne pas faire de choix en était un.

Valait-il mieux sacrifier quelques personnes pour sauver tous les visiteurs de l’île ? Valait-il mieux sacrifier tous les visiteurs de l’île pour sauver l’humanité ?

Jusqu’où était-il prêt à aller ? Jusqu’où fallait-il aller ?

Est-ce qu’il devait vraiment porter le poids d’un tel raisonnement sur les épaules ?

Cole prit une grande inspiration et d’une voix qu’il tentait de garder calme il ajoutait.

« Bon, je te propose qu’on regarde à nouveau ensemble les protocoles d’évacuation et les différents niveaux d’alertes qui ont été mis en place. On va réfléchir à toutes les éventualités. C’est Claire qui a en partie conçu tout ça, c’est bien ça ? »

« Oui, avec les membres du conseil, les têtes des services de la sécurité donc Vic Hopkins, Hamada et Angel notamment. Les guides ont déjà été briefés en cas d’attaque terroriste, de sujets hors confinement ou de catastrophes naturelles comme une tempête selon sa catégorie. »

Cole semblait assimiler tout ce que lui disait Priscilla en acquiesçant régulièrement. Une dizaine de personnes avait donc conçu tout un système d’opérations et de protocoles de sécurité probablement empaquetés dans un fichier pdf d’au moins 500 pages. Des recueils  et des accords parfois gouvernementaux pour assurer la sûreté des infrastructures, le respect des lois et que globalement tout soit aux normes d’aujourd’hui.

Lorsqu’elle eut terminé de parler, il se leva finalement du canapé d’un bond pour se mettre derrière son ordinateur. Priscilla l’accompagnait et glissait une main sur son épaule.

« Ok ! », dit-il d’un ton optimiste. « Je pense que pour commencer, on va s’assurer que les stations météorologiques de l’île fonctionnent correctement. » Il glissait une main sur sa joue et caressait sa barbe tout en poursuivant son raisonnement. « On va même aller plus loin en vérifiant que les communications n’ont pas été brouillé, altéré ou modifié. On a pas beaucoup de temps mais il faut qu’on exclut l’éventualité qu’un ouragan ou un cyclone nous arrive dessus sans qu’on soit au courant. »

Cette vérification ne serait pas trop longue à réaliser et ça enlèverait déjà une possibilité. Ce n’était pas négligeable et elle n’était pas des moindres lorsqu’on connaissait l’historique du parc.

Cole levait la tête par-dessus son épaule pour regarder Priscilla qui prit la parole à son tour.

« Oui, bonne idée ! », fit-elle en agitant la tête de haut en bas. « Je vais appeler les stations pour vérifier que tout est opérationnel et je vais voir avec les informaticiens que toutes les communications fonctionnent. Je vais leur demander aussi de lancer un scan pour vérifier que nos systèmes n’ont pas été piratés et que les caméras de sécurité fonctionnent. »

Cole validait les propos et tapait bêtement sur le clavier de son ordinateur pour chercher des informations. C’était idiot mais si tout le système reposait sur les éléments transmis par les stations météorologiques de l’île et que celles-ci étaient compromises, cela pouvait rapidement partir en vrille. La panique serait une excellente distraction pour la Chimère et ce n’était pas une chose à prendre à la légère. D’autant plus que les objectifs de K-C n’étaient pas tout à fait clairs et que Shivak ne s’était pas tellement étendu sur les raisons exactes qui poussaient le groupuscule à se procurer le projet T.

« Nickel ! », répondait-il d’un air enthousiaste alors que Priscilla filait à son tour derrière ses écrans. « Ensuite, avec ce que je viens de te dire, je ne pense vraiment pas que la Chimère usera de la force. Ou alors elle serait sacrément mal renseignée… Ce que je doute fort. Il ferait face à de nombreux hommes armés… Je ne pense pas que K-C veulent une grande bataille, ils perdraient beaucoup trop de temps… »

« Tu ne penses pas qu’ils soient assez nombreux ? Et s’ils ont toute une armée ? », dit-elle prise d’un doute que Cole ne pouvait alors se permettre d’avoir.

« Non… Soldats d’élites ou pas… Ce serait un plan d’attaque qui prendrait des mois voire des années à mettre en place. Même le réseau électrique n’est plus distribué comme avant. À l’époque, il n’y avait pas autant d’employés, pas autant de sécurité et surtout pas autant de visiteurs. Il avait suffit de faire… Enfin… » Il marquait une pause, prenait une grande inspiration puis retrouvait rapidement son sang froid. Il reprenait en soupirant pour repousser les mauvais souvenirs. « De faire exploser une seule station électrique pour que tout parte à vau-l’eau. Aujourd’hui, il faudrait attaquer plusieurs points simultanément et il y aurait qu’un seul moyen de faire ça vraiment et… »

C’était quelque chose de tout à fait envisageable en réalité et Cole le réalisait au fur et à mesure qu’il déclinait ses propos. Mais cela aurait nécessité tellement de moyens, tellement de ressources tant matérielles que humaines. C’était insensé et impensable, ce n’était pas possible. Qui serait capable de monter et de mener un plan aussi farfelu ? Un plan dont les imprévus étaient aussi nombreux que les étapes à réaliser ?

Cole n’imaginait pas un seul instant qu’un plan aussi fou puisse être mis en place.

Et si c’était le cas ?

Et si c’était exactement ce que faisait la Chimère ? Et si l’organisation était capable de monter une telle opération ? Combien d’hommes cela nécessiteraient ? Était-il seulement possible que la Chimère possède autant de soldats ?

« Tu penses à quoi en particulier ? », dit-elle interloquée par le silence de Cole qui reprenait ses esprits.

« Je pense à Shivak, je pense à Shaélynn et je me dis… Je me dis que ça ne serait pas la première fois que InGen est  attaqué de l’intérieur. »

« Comment ça ? Tu penses à des espions ? », l’interrogeait-elle en se penchant sur le côté pour se dégager des écrans qui gênaient son champ de vision.

« Non… Peut-être… Je n’en sais rien… C’est bien ça le problème… », il marquait une pause pour réfléchir et se faisant, il continuait à penser à haute voix. « Il y a tellement de possibilités… Je n’arrive plus à savoir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas à vrai dire… »

Elle ne semblait pas savoir répondre non plus et restait de marbre en réfléchissant elle aussi aux éventuelles possibilités. Mais si on supprimait l’option de la catastrophe naturelle et celle de l’attaque terroriste d’ampleur, il ne restait plus que cette solution.

« Même s’ils arrivent à entrer sur l’île, les systèmes de sécurité sont trop élaborés… Ils auront forcément besoin d’une distraction, quelque chose pour détourner l’attention… »

Cole réfléchissait un instant et se forçait à ne pas regarder son téléphone, ne pas regarder le compteur rouge. Ne pas paniquer.

« Il pourrait tout aussi bien prendre contrôle du centre et libérer tous les dinosaures pour que la sécurité ne puisse pas se concentrer sur les hommes de la Chimère. Il n’y aurait pas grand chose de subtile en soit… mais les rangers seraient envoyés pour protéger les visiteurs et pour gérer les sujets hors confinements, surtout si c’est des carnivores… »

« Et la volière ? », ajoutait-elle, un mélange de questions et d'affirmations.

« Oui, et la volière… mais ça serait beaucoup trop aléatoire. Les reptiles pourraient aller n’importe où une fois libérées et les mettre en danger. »

« Oui, c’est vrai aussi… Sauf s’ils trouvent un moyen de les diriger, de les contrôler ? »

Ils marquèrent un silence tous les deux. Rien qu’avec une seule option, les possibilités étaient déjà trop grandes. Qu’est-ce qui était possible ? Qu’est-ce qu’il ne l’était pas ? Quand on voyait les progrès techniques que InGen avait fait, que le monde avait fait et les prouesses qui avaient déjà été réalisées, où est-ce que l’imagination pouvait réellement s’arrêter ? Est-ce que la Chimère serait capable de contrôler les dinosaures ? Cole, d’un air hésitant, se résignait même à cette éventualité.

« Comment ça… ? Tu crois qu’ils… ? », hésitait-il.
« Honnêtement, j’en ai aucune idée Cole… », dit-elle un peu perdue.
« Et la nouvelle attraction ? L’Indominus Rex ? », fit-il perplexe en enchaînant directement.

Cole était là depuis un peu plus d’une semaine maintenant et s’il en avait entendu le nom, il n’avait certainement pas eu l’occasion de se rendre au Nord de l’île. L’Indominus Rex promettait au moins un carnivore d’une taille imposante mais ils en savaient pas plus à son sujet, si ce n’est que les scientifiques l’avaient concoctés dans leur laboratoire.

Priscilla lui fit un “non” de la tête et poursuivit en prenant un air grave.

« “Classifié” », fit-elle en tentant d’imiter Claire Dearing.

En réalité, Claire s’était aussi arrangée pour qu’il ne fasse pas. Il avait lui-même eu droit au même “classifié” que venait de prononcer sa compagne. Cole, malgré ses fonctions et les accès qui allaient avec, ignorait complètement de quoi il en retournait et l’entreprise s’était engagée à garder secret le cocktail de génome qu’ils avaient conçu.

« Mais Cole… », ajoutait-elle pour l’interpeller davantage. « Il n’y a pas que les enclos. Depuis le centre de contrôle, ils auraient accès à l’intégralité de l’île. »

Encore une fois, leur discussion était ponctuée de silences pesants durant lesquels se mêlaient leurs réflexions et leurs inquiétudes. Pour eux, à ce moment précis, la question ne se posait quasiment plus. Le centre de contrôle serait de toute façon un point névralgique. Le projet T ne serait dans l’immédiat par leur mission principale. Ils allaient devoir s’assurer de la sécurité du personnels et des visiteurs, ils allaient devoir protéger le parc pour espérer ralentir au maximum la progression de la Chimère.

Et comme pour s’assurer qu’ils étaient bel et bien sur la même longueur d’onde, Cole ajoutait finalement.

« Quoi qu’il en coûte, il ne faut pas que le centre de contrôle tombe aux mains de la Chimère ou ça en est fini du Jurassic World et de toutes les personnes présentes sur l’île. »

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MessageSujet: Re: Distraction   Distraction EmptyJeu 8 Fév 2024 - 23:11

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L’éventualité que la Chimère s’attaque au centre de contrôle était une idée déroutante et effrayante. Son imagination débordante dessinait déjà des corps inertes, disposés à même le sol dans des sacs mortuaires noirs et qu’on alignait sur des civières blanches. Priscilla en avait des frissons dans le dos, un froid glaçant qui parcourait l’entièreté de son échine.

Rien n’avait vraiment changé depuis le Jurassic Park et c’était peut-être même encore pire aujourd’hui. Encore plus d’automatisation, encore plus de dépendance : clôture électrifiée et parfois même invisibles, puces électroniques, badges magnétiques, géolocalisation, intelligence artificielle, capteurs sensoriels, caméras de surveillance, serveurs locals et backup sur le continent, logiciels et applications pour tout et n’importe quoi ; absolument tout était informatisé. Le fonctionnement de Jurassic World dépendait intégralement de cette foutue salle de contrôle. Aujourd’hui, le nombre d’informaticiens et d’ingénieurs avait doublé voire triplé. Autant dire que les Ressources Humaines avaient largement de quoi faire avec tous les personnels que InGen brassait chaque jour. Et Priscilla savait de quoi elle parlait. C’était tout simplement un enfer administratif sans la numérisation et l’automatisation systématique de toute cette gestion. Mais elle avait maintenant un aperçu des limites, des dangers et des risques que cela représentait.

Alors, à quel point était-il facile de pirater un système informatique ? Elle n'en avait aucune idée et c’était pour ça qu’une partie des informaticiens étaient d’ailleurs embauchés ; pour que jamais elle n’ait à se poser cette question. Et à quel point connaissait-elle vraiment ces employés ? C’était tout juste si elle savait leur nom en réalité. Elle en croisait certains tous les jours mais n’avait jamais eu l’occasion de travailler avec eux. Elle ne gérait pas les employés, ce n’était pas son travail. À quel point serait-il donc aisé d’intégrer l’entreprise et de se fondre dans une masse humaine que représentait InGen ? Elle ne préférait pas chercher à répondre ni même à réfléchir réellement à cette question.

La paranoïa de Cole déteignait doucement sur elle et elle semblait la gérer tout aussi mal que lui. Mais en même temps, jusqu’à preuve du contraire, n’avait-il pas eu raison ? Et pourtant, elle le voyait faire et elle ne comprenait toujours pas comment il parvenait à garder son calme. Il semblait impassible et débordait d’une énergie qu’elle ne connaissait pas. C’était comme s’il s’était préparé à cette éventualité depuis si longtemps qu’il restait aujourd’hui complètement stoïque. Parce que oui, à de nombreuses reprises, elle l’avait vu partir en vrille, elle l’avait vu en pleine crise, elle l’avait vu tenir des propos aberrants et délirants. Mais aujourd’hui, il n’en était rien. Cole était différent, il semblait armé d’une volonté et d’une fermeté qu’elle lui enviait à cet instant. Le jeune américain avait sorti un plan du centre de contrôle et étudiait l’éventualité d’une attaque mais beaucoup de conditions et de critères leur restaient encore inconnus.

Le bâtiment était en réalité un vrai gruyère et semblait tout bonnement indéfendable. Il y avait trois accès principaux ; une devant, sur le toit par l’hélisurface et enfin par le garage. Mais il y avait aussi un ascenseur vitré qui donnait sur l’extérieur et des terrasses pour les bureaux. Le seul avantage dont disposait vraiment le centre de contrôle, c’était son emplacement, à flanc de montagne mais la jungle environnante donnait la sensation qu’il était malgré tout enclavé dans un étau potentiellement mortel. Oui, l’île et cet endroit étaient sécurisés, c’était une certitude qu’elle enlèverait indéniablement pas à Mme Harlowe mais  cette construction n'avait probablement pas été pensé pour tenir un siège. De toute façon, pourquoi ça aurait été le cas ? Ce n’est pas comme si le parc et la compagnie avaient déjà subi une attaque terroriste… Attendez voir… Une sorte de haine assoiffée contre l’architecte de cet édifice naissait doucement dans le creux de sa poitrine. Priscilla faisait les cent pas à la recherche d’une potentielle solution tandis que Cole se frottait inlassablement le menton et glissait ses doigts sur sa barbe en observant son écran d’ordinateur.

Tout ça partait du postulat que la Chimère voudrait prendre le contrôle du parc. Or, rien ni personne ne pouvait réellement prédire les actions du groupuscule. Il y avait beaucoup trop d’incertitudes quant aux événements à venir. Prise d’un élan soudain, l’anglaise s’arrêtait soudainement de marcher, se tournait vers Cole et lançait alors à son conjoint.

« Et si la Chimère décidait d’agir dans l’ombre ? »

Elle avait brisé le silence qui s’était éternisé dans le bureau et elle découvrait à sa voix presque rocailleuse qu’elle ne s’était pas hydratée depuis un certain moment déjà.

« C’est-à-dire ? », répliquait-il interloqué en relevant la tête.

Priscilla se rapprochait jusqu’à appuyer ses mains sur le bureau pour trouver la fermeté dont elle avait besoin. Elle se râclait la gorge avant d’exposer sa théorie à son compagnon.

« Tu l’as dis toi-même. La dernière fois, ils ont tenté de passer par la force et ça n’a pas fonctionné. La sécurité et les dispositions de InGen aujourd’hui sont beaucoup plus importantes qu’il y a deux ans. La Chimère doit le savoir. Et regarde avec quelle facilité tu as fait entrer deux personnes dont une fugitive sur l’île… »

La jeune femme n’avait finalement fait que d’utiliser les propos de Cole pour parvenir à cette conclusion. Ce dernier qui semblait suivre le cours de sa réflexion poursuivait alors à la suite de sa phrase.

« Finalement, la seule vraie difficulté, c’est entré sur l’île et un seul accès est vraiment ultra sécurisé mais pour le reste… Pas vraiment quand on prend du recul. Le seul barrage sont les gardes-côtes en sommes. Une fois ici, il suffit de traverser la jungle et d’éviter les grands axes… », Cole marquait une pause pour réfléchir et ajoutait d’un ton dramatique, et pour cause. « La Chimère pourrait bien être déjà ici sur Nublar qu’on ne le saurait pas… »

Priscilla ajoutait alors immédiatement.

« Ils leur suffiraient de trouver un accès aux souterrains et ils pourraient agir dans l’ombre sans jamais qu’on ne s’en aperçoive. Surtout si ceux de l’ancien parc sont connectés avec ceux du nouveau. Techniquement, ça multiplierait les points d’entrées possibles. »

« Et à notre connaissance, on a pas de plans des tunnels, pas de caméras de surveillance et aucun capteur sensoriel non plus à l’intérieur ? », fit-il en ayant énuméré sur le bout des doigts ce qu’ils n’avaient effectivement pas.

Et au vue de son visage, il connaissait probablement déjà la réponse mais la jeune femme s’empressait malgré tout de lui répondre pour confirmer ses craintes.

« Non, au mieux on a peut-être certaines entrées du parc actuel sous des caméras et encore… »

Le jeune couple échangeait un regard complice, comme s’ils avaient enfin mis le doigt sur quelque chose de concret.

« Mais avec ce qu’il s’est passé en Angleterre, Shivak, Shaé et Marcos… » balayait-il d’un revers de sa main gauche. « La Chimère est probablement au courant de tout ça… Et s’ils savent que nous savons, ils vont trouver un moyen pour détourner notre attention. Mais alors pourquoi aujourd’hui spécifiquement ? Est-ce qu’il y a un truc qui diffère des autres jours ? », fit-il enfin en levant les mains d’un air interloqué.

Priscilla fermait un instant les yeux pour réfléchir puis se glissait finalement derrière son pc en cliquant déjà frénétiquement sur la souris.

« Non… Non rien… Rien… À part… », hésitait-elle en fronçant les sourcils.
« À part la visite de Masrani ! », terminait Cole qui lui aussi semblait avoir cherché de son côté.

Une idée parcourait alors l’esprit déjà bien embué de la jeune femme. Celle-ci ne lui plaisait pas du tout. Elle en avait assez des mensonges, des tromperies et des non-dits. Elle ignorait comme elle pourrait réagir si cette hypothèse s'avérait vérifiée.

« Ouais… Mais est-ce que tu crois que… », commençait-elle alors.

« Non, je ne pense pas qu’il soit impliqué là-dedans. », coupait-il franchement, comme si lui aussi y avait malgré tout songé. « Je crois pas que Tim l’ait mis dans la confidence de quoi que ce soit. »

« Oui mais… Et si… »

« Non. », fit-il à nouveau fermement. « Sinon ça voudrait dire que Tim Murphy aussi en fait partie et ça c’est pas possible. »

« Comment peux-tu en être aussi sûr ? », questionnait-elle ouvertement.

« Parce que je l’ai côtoyé. Il respectait beaucoup trop son grand-père pour ça. Je pense au contraire qu’il suit ses traces. »

Priscilla soupira de soulagement car l’idée que Simon Masrani, qu’elle avait appris à respecter et à apprécier, soit en réalité un membre du groupuscule lui semblait bien amère.

« Alors, est-ce que ça serait une coïncidence ? », fit-elle sans vraiment y croire elle-même.

« Je ne pense pas que la Chimère fasse dans la coïncidence mais je vois pas ce que sa présence pourrait changer. Des accès que lui seul pourrait avoir peut-être ? »

« Honnêtement, Dearing en a bien plus que lui. », répondait-elle du tac-au-tac.

Cole frappa subitement du poing sur son bureau de frustration et fit sauter les crayons dans le pot qui se trouvait devant lui. Priscilla plissait des yeux derrière un petit sursaut qu’elle tentait de dissimuler avec succès vu que le jeune américain poursuivait sa réflexion à voix haute comme si de rien n’était.

« Mais alors pourquoi ?! Rah… Qu’est-ce que Masrani vient foutre là dans toute cette histoire ? Qu’est-ce qu’il a en plus que les autres ? », il marquait une pause derrière un léger soupir et ajoutait. « Le prendre en otage ? Pourquoi faire ? Quel intérêt ? »

L’évidence frappait en revanche immédiatement la jeune femme qui se redressait sur sa chaise et s’empressait d’ajouter d’une petite voix.

« Non, non. Je ne pense pas que cela soit l’idée. », répétait-elle en gigotant sa tête de droite à gauche. « Mais ses décisions restent finales et absolues, au-dessus de celles prises par Dearing. »

Cole relevait à nouveau le menton à mesure que les choses devenaient plus claires et un jeu de ping-pong entre les deux adultes débutait alors qu’ils s’étendaient un peu plus sur l’hypothèse qu’ils étaient en train d’étudier.

« Et admettons, en cas de crise, peu importe laquelle, quelle serait la première qu’il ferait selon toi ? »

Priscilla connaissait déjà la réponse car elle l’avait tout simplement déjà vu faire. Sans hésitation, elle répondait alors à son compagnon.

« Il ferait probablement en sorte que le problème soit réglé en interne et que le public ne se doute de rien, que tout rentre dans l’ordre sans jamais qu’il ne soit inquiété. »

Le jeune homme se levait et à son tour commençait à faire les cent pas dans le bureau tandis qu’ils s’échangeaient la balle.

« Donc… Admettons, encore une fois, qu'aujourd'hui ait été choisi pour Masrani, on reste toujours au même point, ça pourrait être n’importe quoi et on a aucune idée de ce que la Chimère pourrait faire… »

« Et je ne suis pas sûr qu’on le sache avant que cela ne se produise en fait… », répondait-elle immédiatement. « Disons que les possibilités de distractions chaotiques dans ce parc ce n’est pas vraiment ce qu’il manque. », ponctuait-elle d’un soupir. « Quoi qu’il en soit, ils peuvent faire n’importe quoi, Masrani préférera toujours sauvegarder l’image de l’entreprise et évitera le scandale quoi qu’il advienne. »

« Quoi qu’il advienne…», répétait-il. « Quoi qu’il fasse, Masrani les aidera sans le savoir. »

Priscilla acquiesça lentement. Le constat était inquiétant et un silence s'installa de nouveau dans la pièce. Le continent ne serait pas alarmé, ou uniquement en cas de dernières nécessités… Donc certainement trop tard. Les rangers seraient mobilisés pour la gestion de crise, la division de sécurité de InGen serait appelée tardivement voire pas du tout, en tout cas bien après l’intervention de la Chimère. Le conventicule aurait toute la place et le temps d’agir comme bon lui semble.

Tout collait… Malheureusement, tout collait.

Car cela voulait dire que la Chimère serait certainement en place avant la fin du compteur rouge.

Car ça voulait dire qu’on ne pouvait peut-être pas se fier entièrement à ce compteur.

Car sa signification restait incertaine.

Car cela voulait dire que la Chimère était peut-être déjà sur l’île, se mettait en place et/ou n’attendait plus que leur diversion.

Alors qu’allait-il arriver à la fin du compteur rouge ?

« Cole… Tu dois prévenir Shaélynn et Marcos. »
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MessageSujet: Re: Distraction   Distraction EmptyMer 6 Mar 2024 - 15:34


Musique :
Spoiler:

Si la Chimère était en place avant la fin du compteur rouge…

Si on ne pouvait pas s’y fier et que sa signification restait incertaine…

Si la Chimère était déjà sur l’île et n’attendait plus que leur diversion…

Cela voulait dire que Shaélynn et Marcos étaient en danger et qu’il les avait conduit tout droit dans la gueule du loup.

Cole était pris d’une bouffée de chaleur qui grimpait depuis ses tripes et soulevait sa poitrine. Il avait l’impression que son costume l’étouffait, que tous ses vêtements étaient devenus subitement trop petits pour lui. Pris’ avait raison, il devait les prévenir. Il devait les mettre en garde et s’assurer que tout allait bien. Il attrapait à la volée le talkie-walkie posé sur son bureau et le portait à sa bouche.

« Shaé, est-ce que tu me reçois ? À toi. », dit-il enfin en tentant de garder son calme.

Long silence. Cole échangeait un regard avec sa compagne. Appeler son ex devant elle pouvait sembler étrange mais après tout ce qu’il avait déjà fait, tout ce qu’elle avait supporté et même aidé à réaliser, cela semblait au final assez banal. Non, cet échange c’était avant tout l’espace d’un instant l’inquiétude partagée d’un potentiel silence radio. Et ce silence laissait beaucoup trop de place à une imagination débordante. Il appuyait sur le bouton et répétait à nouveau en accentuant un peu plus les syllabes.

« Shaé, est-ce que tu me reçois ? À toi. »

*Kssst*

Le son métallique et distinctif du talkie fit presque sursauter le jeune homme qui pourtant n’attendait que ça. La voix de Shaé était presque méconnaissable à cause de l’appareil qui bridait certaines fréquences.

« J’espère que c’est une urgence parce que c’est pas le moment. À toi. »

Cole poussait un soupir de soulagement et il ne put s’empêcher de voir Priscilla l’imiter malgré elle. Elle avait beau ne pas porter dans son coeur la jeune femme, elle semblait tout aussi inquiète à leurs sujets. La réponse de Shaélynn était certes froide et un peu inquiétante au vu de son chuchotement mais il avait au moins eu une réponse de sa part et c’était déjà une petite victoire. Il ne prit cependant pas le temps de lui demander si tout se passait bien et s'empressa donc de la mettre en garde.

« La Chimère est probablement déjà sur l’île et sont sûrement déjà en place. Ne vous fiez pas au compteur, soyez sur vos gardes. À toi. »

Il avait essayé de caler un maximum de mots dans un court laps de temps, comme si chaque milliseconde était précieuse et c’était de toute façon un peu la sensation qu’il avait à cet instant. Le temps était compté comme ce compteur rouge menaçant aimait lui narguer ce rappel pénible à subir.

*Kssst*

« On s’en est douté… Mais merci quand même. Ça sera tout ? À toi. »

Le sarcasme, son air supérieur, antipathique et condescendant. Ouais. Il n’y avait aucun doute, c’était bien Shaé.

Comment ça “on s’en est douté” ?

Interloqué et presque paniqué, ses pensées le dépassaient complètement et sortaient par sa bouche à l’instant où elles avaient atteint son cortex préfrontal.

« Comment ça “vous vous en êtes doutés” ? À toi. », répondit-il alors avec une pointe d’agacement.

Et comme si elle avait déjà anticipé sa question, comme si elle le connaissait déjà suffisamment pour savoir qu’il allait la poser, Shaélynn répondait du tac-au-tac.

*Kssst*

« Des empreintes de pas. Mais c’est vraiment pas le moment Cole... Il y a quelque chose d'autre dans les souterrains. Je coupe les talkies, je t'appellerais après. Terminé. »

« Shaé ! Atte… »

Et avant même que Cole ne puisse répliquer quoi que ce soit, avant même qu’il ne puisse désapprouver, elle avait effectivement coupé définitivement son talkie-walkie.

« Merde ! », fit-il en tapant à nouveau du poing sur le bureau. « Elle fait chier putain… »

« Qu’est-ce qu’elle voulait dire par “il y a quelque chose d’autre” ? Qu’est-ce que tu crois que ça peut-être ? », semblait s’inquiéter Pris’.

« Je sais pas… C’est ce que je voulais lui demander... On… On est d’accord qu’elle a dit “quelque chose” et non pas “quelqu’un” ? », dit-il d’un regard presque implorant.

« Oui oui… », acquiesça-t-elle.

Alors que Priscilla confirmait malheureusement ses craintes, Cole perdait peu à peu la confiance qu’il avait acquise jusque-là. Tout semblait déjà s’effondrer et le compteur n’avait même pas atteint zéro.

Est-ce que c’était pas ça finalement la vraie diversion ?

Un compteur rouge et menaçant sans aucun contexte juste pour occuper les esprits de tout le monde. Il fallait avouer que le concept était machiavélique et était sacrément efficace sur lui en tout cas, si tel était le cas.

« ’Fais chier… », râla-t-il de nouveau. « On sait même pas où ils sont et on sait toujours pas ce qui va se passer à la fin de ce putain de compteur… On n'avance pas ! Fais chier…  »

Cole était désespéré et avait désormais baissé sa tête qu’il avait péniblement placé entre ses mains comme pour ne pas sombrer davantage. Semblant embarrassée par cette situation devenant de plus en plus délicate, sa compagne se rapprochait et serrait la tête du jeune homme contre sa poitrine tout en plongeant ses doigts dans ses cheveux pour le rapprocher encore davantage d’elle. Elle hésitait un instant et le jeune américain le sentait au sursaut dont elle fut prit à deux reprises, comme si elle prenait son souffle avant de dire quelque chose puis se ravisait finalement. Elle se lança malgré tout au bout d’un moment.

« T’inquiète pas, tu sais… Elle sait ce qu’elle fait…», lâchait-elle difficilement.

Écouter les battements de son cœur se jouer dans ses oreilles et résonner dans son crâne était étrangement apaisant. Cole se calmait lentement mais n’en restait pas moins inquiet pour autant.

« C’est bien ça qui m’inquiète… », soufflait-il alors. « Je sais pas si c’est une bonne chose… Je ne sais pas ce qu’elle a prévu, je ne sais pas si je dois me méfier d’elle ou pas… J’ai… J’ai un mauvais pressentiment Pris’. »

Mais Priscilla ne répondit rien et le silence s'installa encore une fois dans le bureau. C’était le genre de silence qui laissait apparaître des nouveaux sons : le souffle des ordinateurs dont les ventilateurs tournaient inlassablement, les portes de l’ascenseur qui s’ouvraient et se fermaient, les pas des employés dans les couloirs, la foule en délire de l’amphithéâtre grotesque où se trouvait Rexy. Mais ce silence en disait aussi long sur ce que l’anglaise devait elle aussi ressentir à cet instant. Il avait beau essayer de la rassurer et de lui dire que tout allait bien se passer, factuellement l’inquiétude et le stress de cette situation perdurait chez les deux adultes. Plus que la peur de perdre à nouveau Shaélynn, Cole avait aussi peur d’avoir causé sa perte. L’ironie d’une boucle qui se voulait cruelle et moqueuse.

Étaient-ils donc voués, quoi qu’il advienne, à se détruire mutuellement ?

Cole rouvrait les yeux et observait le plan du centre de contrôle qui n’avait pas bougé sur son ordinateur. Il y avait beaucoup trop de possibilités et encore une fois Priscilla avait raison, il n’y avait quasiment aucune chance pour qu’il découvre ce qui allait se passer avant que cela ne se passe.

Dans tout ça, dans tout ce capharnaüm de pensées, Cole avait complètement oublié Angel.

Où était-elle ? Que faisait-elle ? Avait-elle pu préparer le terrain de son côté ? Et dans sa position et sa situation, qu’est-ce que cela voulait pouvoir dire ?

Lentement, Priscilla relâcha son étreinte puis retourna derrière ses écrans d’ordinateur. Pour briser ce silence qui devenait oppressant, le jeune américain évoquait alors à voix haute :

« Je vais contacter Angel pour savoir où elle en est. Elle a dû nous entendre au talkie, je suis même surpris qu’elle n’ait pas déjà débarqué dans le bureau. »

« Ok ! », répondait-elle poliment.


Musique :
Spoiler:


Cole, sans plus attendre, se saisit de nouveau de l’appareil et appuya sur le bouton pour parler. De toute façon, il ne pourrait pas déranger les deux destinataires puisque l’ancienne paléobotaniste avait maintenant coupé toute possibilités de communication.

Est-ce qu’elle le faisait juste pour le contrarier ? Est-ce qu’il y avait une explication suffisamment grave et inquiétante pour justifier son geste ? Le new-yorkais devait-il réellement s’inquiéter de leur sort ?

« Angel, ici Cole, est-ce que tu me reçois ? À toi. »

Et à peine eut-il le temps d’expirer que la ranger répondait immédiatement.

*Kssst*

« Ici Angel, j’écoute. À toi. »

Cole décrochait un léger sourire, le ton inquisiteur et autoritaire de son interlocutrice était indétrônable.

« J’imagine que tu as entendu notre discussion. Je viens au rapport, est-ce que tu as appris des choses de ton côté ? Rien de suspect ou de notable à signaler ? À toi. »

*Kssst*

« Rien de suspect, ici ! Je suis dans la salle principale du centre de contrôle pour voir si l'alerte que l'on a eu ne cache rien de suspect. RAS ! Juste les Pachy et Mlle Dearing, fidèles à eux-mêmes ! »

Angel, fidèle à elle-même également, allait droit au but et ne perdait pas un seul instant mais sa voix lui indiquait qu’elle s’était probablement isolée pour parler plus librement. Entendre chuchoter cette femme était quelque chose d’inattendue et de singulier, voire suffisamment inhabituel pour décontenancer l’espace d’un instant le jeune homme.

« Ce n’est qu’une hypothèse mais on a supposé que la fin du chrono signale le moment où la Chimère va agir. Cela suppose qu’ils sont déjà en place… La manière dont ils ont opéré lors de l’attaque en 2013 nous a fait présumer qu’il n’allait pas le faire de la même façon cette fois-ci. Une distraction serait le plus plausible… Je sais que ça fait beaucoup d’incertitudes et que ce… »

Au grésillement soudain, Cole comprit que la jeune femme souhaitait parler et que, s’il avait été l’un en face de l’autre, elle lui aurait probablement couper la parole. Il relâcha donc le bouton pour communiquer et lui laissa la parole.

*Kssst*

« Les empreintes de pas… Tu penses que ça peut être la Chimère ? Ils seraient déjà ici ?! À toi. »

Le jeune homme réfléchissait pendant une fraction de seconde parce que lui-même se posait vraiment cette question. Il levait les yeux au plafond pour chercher un point de réflexion puis lui répondait finalement.

« On n’a aucune idée de où ils se trouvent exactement dans les souterrains. Pour peu qu’on ne sache, ça pourrait être très bien un employé de chez nous… Je suis plus inquiet pour ce “quelque chose”. À toi. »

*Kssst*

« Oui, ce “quelque chose” m’inquiète moi aussi. Il serait bien de se tenir prêt au cas ou quelque chose... », répondit-elle tout d’abord. « Mais pourquoi aurait-elle pris l'initiative de couper les talkies si quelque chose l'inquiétait ? Cole, ça pue ! J’ai un peu peur qu’elle n'essaie de filer à l'anglaise. À toi. »

Cole fut piqué par la remarque de Angel qui semblait s’inquiéter plus de perdre une suspecte que du danger potentiel dans lequel ils se trouvaient. Il leva les yeux au ciel, cette fois de désarroi, et lui répondit malgré tout.

« Non, je ne pense pas. Au vu de l’accueil que j’ai eu je pense que mon timing n’était pas bon et qu’ils sont tombés sur on-ne-sait-quoi… »

À nouveau, il marquait une courte pause pour réfléchir. Shaé avait bien dit “quelque chose”, ce qui pouvait être à la fois tout et rien. Une salle, un objet, n’importe quoi,... Une créature ? Peut-être ? Une seule option lui aurait vraiment forcée à couper ainsi son talkie et c’est bien ça qui l’inquiétait.

« On reste en contact si jamais la situation évolue. Terminé. »

*Kssst*

« Bien reçu. Terminé. »

Et ceci mit fin à cette courte entrevue. Cole reposait l’appareil sur son bureau et soupirait. La situation avec les Pachycephalosaurus n’avait rien d'inhabituelle. À vrai dire, depuis son retour sur l'île, cela faisait déjà la deuxième fois que cela se produisait. Ces dinosaures étaient très territoriaux, ce n’était pas une nouveauté mais les génies qui avaient conceptualisé leurs puces électroniques auraient dû envisager une autre méthode pour les garder dans leur enclos. Effectivement, les Pachys ne cessaient de les détruire à coup de tête en se bagarrant les uns contre les autres. Ce qui était néanmoins plutôt surprenant, c’était ce comportement en lui-même qui, dans le règne animal, était majoritairement propre aux mâles. Les cervidés et les bovidés, pour ne citer que ces deux cas, se battent généralement lorsqu’ils sont en rut, pour un territoire, une harde ou une prétendante. Hors, le Jurassic World était composé intégralement de femelles.

Alors qu’est-ce qui poussait un groupe de femelles à se combattre ainsi ? Est-ce que c’était simplement une question de territoire et de matriarcat ? Ou est-ce que l’absence de mâle dans un groupe détraquait leur comportement ? Qu’advenait-il donc des carnivores auxquels on privait tout instinct de chasse et toute adversité ?

C’était là toute la question difficile et l’éthique qui se posait autour du projet même de ce parc. C’était à ces questions que l’entreprise était déjà contrainte de répondre face à des groupes de protection animale depuis plusieurs années, bien avant même l’ouverture du Jurassic Park. Mais les dinosaures n’étaient pas enlevés des bras de leurs mères, ils n’étaient pas victimes de braconnages ou capturés dans la nature. Les dinosaures du parc n’étaient même pas vraiment des dinosaures à proprement parler d’après les laborantins qui les concoctaient. La ligne était fine pour placer ces créatures dans une case et jusqu’à aujourd’hui, personne n’avait vraiment réussi à trouver une faille pour déjouer les lois derrière lesquelles InGen se cachait depuis tant d’années. Ces animaux n’étaient voués à naître que pour être des attractions vivantes, pour un frisson à la fois temporaire mais inoubliable et un incroyable voyage dans le temps, juste pour satisfaire la curiosité et l’égocentrisme de quelques personnes.

Cole adorait cet endroit, il adorait les dinosaures et cette île, c’était indéniable. Il ne pouvait lui-même pas se le cacher. Il suffisait de voir comment il avait réagi en revoyant toutes ces infrastructures et ces créatures majestueuses pour comprendre à quel point c’était vrai. Mais tout ce qu’il avait vécu ici, toutes les fois où il avait été témoin d’attaques de dinosaures, ses propres expériences ; sans mentionner les actes de la Chimère qui n’était pas responsable de tous les incidents du parc ; toutes ces personnes qui y avaient perdu la vie… Après avoir sombrer, après s’être isolé et puis après sa longue convalescence, le jeune américain avait largement eu le temps d’y réfléchir et de mettre toutes ces choses en perspectives. Priscilla et lui avaient déjà eu l’occasion d’en discuter longuement et ils étaient parvenus à trouver une sorte de compromis, un accord puis un point commun. Une fois que tout ça sera terminé, le jeune couple avait déjà des plans pour la suite. Dès que ce chapitre sera clôturé une bonne fois pour toute et qu’ils pourraient mettre enfin une croix définitive sur la Chimère et sur le projet T, ils avaient une autre cible en tête.

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