Jurassic Park World RPG
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 Perspectives

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Cole Hudson
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Cole Hudson


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MessageSujet: Perspectives   Perspectives EmptyMar 10 Oct 2023 - 19:56

17 mai 2014



Musique :
Spoiler:


« Ne fais pas attention, j’ai pas eu le temps de ranger ce matin… », fit-elle d’un air embarrassé.

Il lui répondit en lui adressant un sourire sincère mais légèrement pincé par la gène.

« Non, non. T’inquiète pas…»

Le cliquetis des clés tournait lentement les deux verrous de la porte d’entrée qui s’ouvrit finalement jusqu’à taper la butée. Celle-ci produit alors un son saccadé, entre le rire d’une hyène et le grincement d’une vieille roue d’un fauteuil roulant. Cole tournait la tête un instant pour regarder le couloir derrière lui, envisageant l’espace d’un instant décliner l’invitation de la jeune femme mais elle était déjà entrée à l’intérieur. Il la suivait donc d’une démarche lâche et penaude. Priscilla posait son sac à main sur un meuble, laissait son parapluie sur le sol et sa veste sur un porte manteau. Le mois de mai était déjà chaud mais la pluie forçait les vestes à ressortir des placards. Cole l’imitait et posait la sienne à son tour. La jeune femme, visiblement tout aussi génée par cette situation, se râclait la gorge et finit par ajouter.

« Hum… La salle de bain est juste là. », fit-elle en pointant du doigt une porte en face d’eux. « Si tu as besoin de te sécher les cheveux, je peux te sortir une serviette. Tu veux boire quelque chose ? Un truc chaud ? »
« Oui merci, je veux bien si ça ne te dérange pas… Merci… », répétait-il d’un air hébété.

Les deux se souriaient bêtement en restant debout les bras le long du corps pendant suffisamment longtemps pour que cela soit embarrassant.

« Oui pardon… La serviette ! », fit-elle en ricanant et esquissant une grimace en coin.

Elle fit volte-face et se dirigea donc vers la salle de bain, il l’entendait d’ici farfouiller dans un placard. Cole en profitait pour jeter un coup d'œil autour de lui. L’appartement n’était pas spécialement grand mais il était plutôt bien aménagé. Une odeur de lavande flottait dans l’air sans que cela soit trop agressif pour le nez. Cela donnait au contraire une atmosphère agréable qui vous enveloppait immédiatement lorsque vous entriez. Une fois le seuil du petit hall passé, une arche donnait sur une seule et grande pièce. Ainsi, de gauche à droite, la cuisine, le salon puis la salle à manger formait alors un seul ensemble. Seule une petite cloison séparait la cuisine du salon et permettait d’isoler un coin pour une télévision et un canapé. Un rayon de soleil timide traversait les nuages et entrait par les fenêtres, ajoutant un peu plus de chaleur encore à ce lieu. Accolé à la salle à manger, deux portes : la salle de bain que Priscilla lui avait indiqué et probablement la chambre. Dans l’ensemble, la décoration y était assez moderne et sobre. Quelques bibelots, des souvenirs et des photos de famille trônaient à quelques endroits sans pour autant surcharger les lieux. Rien d’extravagant. La seule chose qui dénotait, c’était ces plantes visiblement fausses qui habillaient également le mobilier d’une petite touche de vert. Cole ne put s’empêcher un sourire en coin en les observant.

« Qu’est-ce qui te fait sourire ? », s’interloquait-elle en revenant avec une serviette à la main. « Tiens. »

Cole ne s’était pour le moment pas aventuré plus loin, par respect, intimidation mais aussi de peur de tremper le sol.

« Non rien… »
« Thé ? Café ? », dit-il en se dirigeant vers la cuisine. « Tu souris bêtement comme ça sans raison ? »
« Café merci. Non mais c’est tes fausses plantes, ça m’a fait rire c’est tout. », fit-il en soufflant du nez.
« Pfff… Parce que tu crois que j’ai le temps de m’en occuper ? », répliqua-t-elle d’un air vexé. « J’suis là un week-end sur deux et j’vais pas demander à mes copines de passer tous les deux jours pour les arroser ! »
« Ah bah oui… Et de toute façon, tu fais bien la déco que tu veux hein… Enfin, c’est pas moi qui… », bafouillait-il.
« Bon ? Tu comptes rester dans l’entrée et juger mes plantes en plastique ou tu penses éventuellement entrer un jour ? », fit-elle d’un sourire moqueur.
« J’hésite encore… C’est censé être quoi celle-là ? », dit-il en pointant d’une main l’une d’entre elles tandis que l’autre essuyait ses cheveux encore trempés.
« Roh ça va hein ! », fit-elle en retenant son rire.
« Je me serais pas permis d’entrer sans ton accord et j’voulais pas tout mouiller… »

Toujours la serviette sur les cheveux, Cole tirait une chaise sous le mange-debout dans la cuisine et s’y asseyait, déjà plus décontracté par la discussion. Priscilla s’affairait déjà derrière la machine à café et sortait deux tasses d’un placard.

« Du coup… », ajoutait-elle finalement d’un ton plus sérieux. « Redis moi ce que tu m’expliquais avant que la pluie nous interrompt… »

Le jeune homme, s'éclaircissant la gorge en cherchant ses mots, s’élançait de nouveau. Le premier pas qu’il avait fait vers elle lui avait déjà demandé un effort important et un peu de courage mais il fallait désormais qu’il recommence depuis le début. La pluie les avait stoppés et Priscilla lui avait proposé de venir chez elle. Elle avait alors semblé tout aussi surprise que lui par sa proposition et encore davantage quand il avait répondu positivement à son offre. À vrai dire, lui-même ne savait pas pourquoi il avait accepté. Cela s’était juste fait naturellement.

« Je… Où j’en étais ? », réfléchissait-il. « J’ai retrouvé la mémoire, je me souviens de ce que Josh m’a dit avant… Avant… Enfin tu vois…  J’ai des pistes intéressantes et je ne suis pas fou. C’est plutôt un bon résumé ? »

Elle tournait la tête et dégageait ses cheveux pour le regarder dans les yeux.

« Rien que ça ?? », souriait-elle en coin.

Elle déposait les petites tasses blanches sous la machine et appuyait sur un bouton puis ouvrait un petit paquet en carton d’où elle sortait deux capsules. Priscilla portait aujourd’hui un jean et un sous-pull noir qu’elle avait rentré dans son pantalon. Depuis qu’il la côtoyait, il ne l’avait jamais vue habillée ainsi. Sur Nublar, la jeune femme portait majoritairement des robes, des jupes, des tailleurs ou des costumes. Il ne l’avait jamais vu habillé décontracté, en short ou même en jean. C’était donc un style vestimentaire suffisamment rare pour qu’il attire l'œil et Cole ne put s’empêcher de lui adresser un regard avant de reprendre l’observation des lieux. La découverte, la curiosité et la gêne balayaient ses yeux dans la pièce et autour de lui comme s’ils cherchaient un point d’accroche. Ils revenaient systématiquement et inévitablement sur la jeune femme.

Au bout d’une minute qui lui parut durer une éternité, le café avait coulé et elle le rejoignait à la table où elle s’asseyait sur la deuxième et unique chaise haute.

« Voilà votre café Mr Hudson. »

Il lui sourit avant de lui répondre.

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« Merci Mme Kensington. »

Ils posaient leurs mains sur leurs tasses respectives pour se réchauffer tandis qu’un flottement se faisait dans la cuisine. La vapeur s’échappait lentement des mugs et l’odeur du café était plutôt agréable. Priscilla était visiblement dans l’attente d’une suite et ne cherchait pas à le brusquer. Cole en profitait pour trier ses pensées et trouver encore une fois les mots qui lui manquaient terriblement.

« Je… Merci d’avoir répondu à mon appel. », dit-il pour combler le silence.

Elle se contentait d'acquiescer en souriant.

« Josh, avant de… Enfin tu sais. », il n’arrivait que très rarement à prononcer le mot comme si celui-ci était tabou. Le prononcer c’était avoué la vérité, c’était trop concret. Trop brutal.  « Il m’a fait des révélations qui auraient pu tout changer. Vraiment tout. Si je n’avais pas eu cet incident, peut-être que John Hammond ne serait pas... Peut-être que j’aurai pu l’arrêter avant… »

Cole baissait la tête et sentait le regard interrogateur de la jeune femme pesait sur lui.

“Les choses sont ce qu’elles sont et elles seront ce qu’elles seront.”, se répétait-il.

Priscilla posait une main sur son avant-bras comme pour l’encourager à continuer.

« Il m’a parlé du projet T, il m’a demandé de le détruire. J’ignore de quoi il s’agit. Il m’a dit des choses qui semblent complétement folles. Je ne sais même pas si lui-même n’avait pas perdu la tête… Mais j’ai besoin de savoir… Et j’ai… Je vais avoir besoin d’aide. Je ne sais pas jusqu'où tout ça va aller et je ne sais pas sur quoi je vais tomber. Je sais juste que je ne pourrais pas le faire tout seul, je… »
« C’est d’accord. », le coupait-elle franchement.

Il relevait la tête et la regardait désormais dans les yeux. Elle le regardait avec un mélange de compassion, de sincérité et de bienveillance. Cole sentit alors sa poitrine chauffée, son visage roussir, son ventre se bloquer et son cœur s'accélérer. Il balbutia quelque chose d’inaudible et prétexta une gorgée de café pour détourner son regard de la jeune femme. Quelle était cette sensation, ce sentiment qui lui donnait l’impression de perdre le contrôle ? Quelle était cette soudaine décharge d’énergie, comme si son corps s’apprêtait à devoir fuir ?

« Je vais d’abord avoir une course à faire mais tu peux rester chez moi si tu veux. Je devrais rapidement rentrer. »

Elle enlevait enfin sa main de son bras, Cole avait l’impression d’avoir arrêté de respirer depuis tout ce temps et, en même temps, s’était habitué à ce contact agréable. Priscilla se levait et s’éloignait tout en continuant de parler.

« Je te laisse mon pc du boulot si tu veux commencer tes recherches ou tu peux attendre mon retour. C’est comme tu veux. Tu peux aussi allumer la télé si tu préfères. La télécommande, c’est la noire. De toute façon, je ne serais pas longue. »

Elle disparaissait dans la supposée chambre et en ressortit avec son ordinateur qu’elle déposait sur la table basse du salon. Elle se dirigeait ensuite vers le hall d’entrée et enfilait de nouveau sa veste encore mouillée. Avec une certaine incompréhension, Cole ne put s’empêcher de voir qu’elle n’avait même pas touché à son café.

« À tout à l’heure ! »

Et en moins d’une minute, elle avait déjà filé et refermé la porte derrière elle. Cole restait de marbre et ne comprenait pas un instant ce qu’il venait de se passer. L’appartement était désormais plongé dans un silence morbide et le jeune homme se sentait soudainement terriblement seul…

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Priscilla Kensington

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MessageSujet: Re: Perspectives   Perspectives EmptyMar 17 Oct 2023 - 13:26


Priscilla avait refermé la porte derrière elle et était restée plantée debout dans le couloir de l’immeuble, les bras le long du corps, quelques secondes, juste le temps de se sentir bête. Elle était partie si vite qu’elle en avait oublié son parapluie. Hors de question d’y retourner, tant pis pour la pluie. Mais bordel, qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Pourquoi elle l’avait invité chez elle ? Pourquoi elle avait accepté de l’aider dans ses recherches sans même réfléchir ? Et merde, pourquoi elle lui avait touché le bras comme ça ? Elle poussait un petit râle exaspéré en s’éloignant quand la porte derrière elle s’ouvrit soudainement.

« Priscilla ! T’as oublié ton sac à main et ton parapluie ! »

Elle s’arrêta net et rougit malgré elle.

“Merde.”, pensa-t-elle suffisamment fort pour que ça se lise sur son visage.

Elle se retourne et le voit avec ses affaires à la main qu’elle vient finalement récupérer penaude.

« Merci… », bredouilla-t-elle. « À tout à l’heure… »
« À tout à l’heure et merci pour ton ordinateur… »
« De rien… », fit-elle en balançant un doigt devant elle. « Je dois vraiment y aller, désolée. À toute à l’heure hein ! »

Cole acquiesça d’un sourire qui n’améliora pas le teint de la jeune femme. Elle fit à nouveau volte-face pour échapper à son regard et s’éloigna sans se retourner jusqu’à entendre la porte se refermer. Elle s’arrête, plonge sa main dans son sac et pousse quelques affaires pour récupérer son portable.

Elle cherche dans ses contacts et appuie sur “Lili”. Lisa, sa meilleure amie. Elle l’avait rencontré à son arrivée en France où elle avait fait ses études. Elle était américaine et elle avait aussi décidé de faire ses études là-bas. Hormis le contexte familial et le besoin de changer d’air, Priscilla était beaucoup trop fière pour oser lui avouer qu’elle avait aussi décidé de travailler chez InGen pour ne pas perdre contact avec elle. La jeune assistante pianotait sur son téléphone.

—---------
“ Hi Lili ! R u around ?”

“ Hey Lili ! Tu es dans le coin ?”

—---------

“Yeah ! What’s up ?”

“Ouais ! Qu’est-ce qui se passe ?”

—---------

“Save me ! I don’t know what to do !”

“Sauve-moi ! Je ne sais pas quoi faire !”

—---------

“ Ok. Mystic* ? Is that good ? ”

“Ok. Mystic* ? C’est bon pour toi ?”

—---------
* Mystic Mocha Cafe

Priscilla appuyait sur le pouce en l’air pour lui répondre puis remit son téléphone dans son sac. Elle soupirait de nouveau. Dans quoi est-ce qu’elle s’était lancée ? Ça ne lui ressemblait pourtant pas et c’était tellement cliché. Tombé amoureuse de son patron… Sérieusement Cici ? Et puis quoi encore ? Elle avait pourtant bien établi que, après l’épisode de l’hôpital psychiatrique, c’était un redflag plutôt imposant. Ça avait été plutôt clair dans son esprit et elle n’avait pas eu besoin de Lisa pour déterminer ça. Mais à peine l’avait-il contacté qu’elle s’était senti l’âme héroique. Est-ce que c’était sa détresse qui l’avait attendri ? Est-ce que c’était la sensation d’être forte et d’être importante pour quelqu’un ? Ou bien est-ce que c’était juste physique ? Elle l’ignorait complètement mais il y avait définitivement quelque chose qui l’attirait chez lui.

Ambiance :
Spoiler:

Quelques minutes plus tard, Priscilla pénétrait à l’intérieur du café dans lequel elles s’étaient données rendez-vous et son amie l’attendait déjà à une table. À croire qu’elle habitait ici ou bien qu’elle s’était téléportée. Lisa lui fit un signe de la main et la jeune femme le lui rendit bêtement.

« Hey Lili ! »
« Hey Cici ! »
« Comment tu vas ? », fit-elle en s’asseyant en face de son amie.
« Rah ! Je déteste la pluie ! »
« Rien de nouveau finalement ! », dit-elle en souriant.
« Bon alors toi ! Dépêche toi, ça fait 15min que je suis dans le suspense ! C’est insoutenable ! »
« Oui, bon… », souffle-t-elle d’un air penaud. « J’ai invité mon patron à boire le café chez moi… »
« Mais non ! », en se redressant subitement de sa chaise.

Priscilla se contentait d'acquiescer avec un pincement aux lèvres.

« Mais Cici ! »
« Mais je sais ! Rah ! », fit-elle en vautrant ses deux coudes sur la table et en se prenant la tête entre les mains. «  Je suis trop conne ! »
« Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui t’a pris ? »
«  Je sais pas moi… Il m’a appelé, il m’a fait trop de la peine… Et puis on discutait et il s’est mis à pleuvoir, j’ai trouvé ça romantique et… »
« Mais Cici ! »
« Mais je sais ! »
« On n’est pas dans un conte de fées », firent-elles à l’unisson.

Elles se mirent à ricaner pendant quelques instants sous le regard médusé d’un ou deux habitués venus ici pour travailler sur leur ordinateur portable.

« Et du coup… ? », s’interloque-t-elle.
« Eh bah ? »
« Bah racontes ! Il s’est passé quoi ? »
« Bah rien… J’suis partie comme une lâche et je t’ai écris quoi… »
« Attends… Je pige pas. Tu l’as viré du coup ? »
« Non, non… Il est toujours chez moi… »
« QUOI ?! », fit-elle en balançant ses deux bras sur la table d’un air interloqué.

Nouveaux regards sur les jeunes filles.

« Mais j’allais pas le virer quand même… Il a dit qu’il avait besoin de moi et tout… »
« Mais Cici… !  », dit-elle en se tenant le front et en pivotant la tête de gauche à droite d'un air dépité.
« Mais je sais… », s'exclame-t-elle en s'étalant à nouveau sur la table d’une façon désespérée.

Le serveur arrivait finalement avec les boissons que Lili avait déjà commandées pour elles. Celle-ci par-dessus les bras de l’employé qui déposait les latte lui fit les gros yeux et elles se mirent à nouveau à rire bêtement.

« Merci ! », firent-elles encore à l’unisson.

Elles attendirent qu’il s’éloigne pour reprendre la discussion.

« Et qu’est-ce que tu comptes faire ?  »
« Je vais l’aider. »
« Et après ?  »
« Je sais pas. »

Lisa la regardait intensément de ses deux yeux verts et relevait soudainement les sourcils à deux reprises d’un air provocateur.

« Arrête. Ça ne me fait pas rire, j’sais vraiment pas quoi faire... Il a l’air juste paumé, tu le verrais on dirait un chaton égaré. Et quand je le vois,  j’ai l’impression d’être aussi paumé que lui. J’ai juste envie de le prendre dans mes bras et lui dire que tout va bien se passer. Mais j’suis pas sûr qu’il sache réellement ce qu’il veut non plus. Un moment il me regarde avec des yeux, on dirait qu’il va me dévorer et l’instant d’après il m’esquive. Il me rend folle ! Je te jure ! Mais en même temps il est tellement attentionné quand il veut, il est gentil, romantique et gnangnan cul-cul… »

Lisa lui fit un sourire moqueur en tirant une gorgée sur la paille et pencha sa tête d’un air insistant.

« Quoi ? »
« Tu l’aimes le gars en fait. »
« Quoi ? J’ai rien dit qui… Qu’est-ce que tu racontes ? »
« C’est ça en fait, tu m’as juste fait venir pour que je te dise que c’est ok ou que je te dise d’arrêter tes conneries. Tu veux mon autorisation quoi ? »

Priscilla s’apprêtait à lui répondre mais elle balbutiait seulement quelques mots puis tirait à son tour sur sa paille une gorgée pour cacher sa gêne. Elle avait raison en fait. Au fond, elle savait déjà ce qu’elle voulait mais elle voulait juste entendre de la part de quelqu’un qu’elle n’était pas complètement tarée.

« Alors ? Qu’est-ce que je dois faire ? »
« On en a déjà parlé. Je t’ai déjà dis ce que je pensais. Je pense que ce n’est pas une très bonne idée mais si tu l’aimes alors tu n’as pas besoin de moi pour décider quoi faire. Juste, s’il te la met à l’envers n'oublie pas que je t’avais prévenu quoi !  »
« … »
« Je sais pas Priscilla. Qu’est-ce que tu veux qu'j'te dise de plus ? Il est pas de San Diego ton patron, c’est bien ça ? »
« Oui. »
« Bah j’sais pas. Propose lui ton canapé ce soir, commande un truc. Netflix & Chill. Je sais pas. Tu verras bien ce qu’il veut lui à ce moment-là. S’il a déjà accepté de venir chez toi, c'est qu’il doit pas être si perdu que ça le mec. Mais méfies toi quand même. J’veux pas devoir à poster des affiches disparition avec ta trogne dessus. Je ne pourrais même pas les imprimer en couleur, avec ta peau et tes cheveux ça ne vaudrait même pas le coup ! »
« Ah bah super ! », fit-elle en pinçant les lèvres d’un air blasé et moqueur à la fois. « Je disparais et tout ce qui t’inquiète c’est tes cartouches d’encres ! Super la pote quoi ! »

Nouveaux éclats de rire. Nouveaux regards…

Ce rire cachait néanmoins une intense réflexion, un mal-être qu’elle ne saurait expliquer. Elle se sentait prise aux pièges. Elle avait l’impression de prendre des décisions qui allaient à l’encontre de tous ces principes, de toute son éducation et de tout ce en quoi elle croyait. Elle serrait davantage son verre de latte et ne cessait de penser qu’elle se lançait dans une drôle d’histoire.
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Cole Hudson
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MessageSujet: Re: Perspectives   Perspectives EmptyMar 24 Oct 2023 - 12:07

Musique :
Spoiler:


Après avoir hésité plusieurs minutes, le jeune homme s’était finalement resservi un café. C’était bête mais ces quelques mois passés à l’hôpital lui avaient fait oublier à quel point ça lui avait manqué. Et puis le vieux distributeur de la cantine ne valait clairement pas la machine de Priscilla.

Cole avait pris soin de prendre un dessous de verre avant de déposer la tasse sur la table basse. Il pianotait désormais calmement sur le clavier de l’ordinateur. Il lui avait fallu également quelques instants pour se rappeler les mots de passe de ses sessions mais les réflexes lui revenaient assez rapidement. À vrai dire, il était moins dans le brouillard depuis quelque temps maintenant. C’était probablement les cachets qui lui donnaient cette impression et, si au début il était réticent à l’idée de les prendre, cette sensation était plus que bienvenue aujourd’hui. Il y voyait plus clair et reprenait peu à peu le contrôle de sa vie.

Alors pourquoi était-il ici ? Qu’est-ce qu’il foutait ?

Il ne le savait pas tellement. C’était arrivé instinctivement et naturellement. Il avait pensé immédiatement à elle, il l’avait appelé, elle l’avait invité et puis voilà. Mais pourquoi s’infligeait-il ça ? Surtout qu’il devait bien se l’avouer, rien que la présence de la jeune femme le déboussolait clairement.

Il décidait en tout cas de ne plus s’attarder sur tout ça et de se concentrer sur ses recherches. Il s’était servi de tout ce qu’il avait à disposition. De google aux dossiers de l’entreprise, il avait farfouillé dans tout ce qu’il pouvait mais rien de tangible ne ressortait vraiment. Rien ? Pas vraiment. Il y avait tout de même des éléments flagrants qui prouvaient que Josh n’était pas fou. Et ça, ce n’était pas rien. Si les documents qu’il avait sous les yeux disaient vrais, John Hammond était né en Écosse, à Edimbourg en 1913… Ce qui était tout bonnement impossible. Cela voudrait dire que ce vieux excentrique avait 100 ans en 2013. Mais son ami, avant de mourir, lui avait dit que John Hammond cachait “quelque chose capable de donner l'immortalité, de ressusciter ou de cloner des espèces disparues, d'empoisonner n'importe quel organisme sur terre.”

Le concept même d’immortalité ne faisait absolument aucun sens et tout ce qu’il impliquait lui donnait même le tournis. La pause café lui avait au moins permis de prendre du recul. Il lui fallait bien ça. Mais il fallait qu’il accepte l’évidence car malgré tout ce qu’il pouvait penser, les faits étaient là. La date de naissance était écrit noir sur blanc. John Hammond déambulait avec une canne dont il n’avait presque pas l’usage et se pavanait comme s’il avait 30 ans de moins. Pour le reste, le centenaire avait eu une sacrée vie derrière lui. Il avait épousé une femme et avait eu une fille ensemble. Celle-ci avait à son tour eu deux enfants, Alexis et Tim Murphy. Il ouvre sa première réserve naturelle au Kenya en 1969 puis développe au côté de Benjamin Lockwood le projet Jurassic Park. Ils sont rapidement rejoints par le frère de John, Patrick Hammond, par la famille Moore puis par Handréas Lucio de Gardan. Ce que lui avait dit Josh était confirmé par les articles qu’il avait sous les yeux. Mais cela voudrait aussi dire que le chef de la Chimère avait été temporairement à la tête du parc en 2013 et l’idée même faisait froid dans le dos. Les Moore sont décédés, l’une dans un tombeau en Egypte, l’autre au bout d’une corde dans la demeure familiale. Patrick Hammond est décédé lors d’un incident indéterminé au début des années 90. Et pour finir, John Hammond est également décédé… Il ne restait plus que Handréas et Benjamin. Alors ? Heureux hasard ? Coïncidences ? Qu’est-ce que cela faisait d’eux ? Des chanceux ? Des manipulateurs ? Des planificateurs ? Est-ce que Mr Lockwood faisait partie lui aussi de la Chimère ?




Il décrochait temporairement son regard et observait la pluie tomber dehors. Sortis de sa réflexion, ils entendaient de nouveau les bruits de la ville, les voitures rouler dans les flaques en bas dans la rue. Le temps était triste. C’était une de ses journées qui rendait nostalgique et pensif. Il se tournait à nouveau vers l’ordinateur. Factuellement, les informations étaient là sous son nez mais elles venaient poser également tout un tas d’autres questions. D’autres apportaient tout de même son lot de réponses concernant les dires de Josh avant son décès mais aussi ceux de Shaélynn peu de temps avant son départ. Elle lui avait fait des révélations capitales et si le doute persistait toujours, elle s’en était au moins tenue à ce qu’il avait lu aujourd’hui dans ces vieux articles.

Sur ses questionnements se poursuivait donc le fruit de ses recherches. Mais rapidement, les réponses infructueuses et insatisfaisantes lui fermaient des portes. Kimeria Chemistry, l’entreprise, cette secte ou ce groupuscule - Cole ne savait pas réellement comme le qualifier - n’existait tout simplement pas. Même InGen s’était gardé d’effacer toute trace de son existence et on pouvait imaginer que Handréas, aussi court son passage à la direction fut-il, avait trouvé le temps de faire disparaître les informations et les rapports existants sur la Chimère. Josh lui avait dit que si John Hammond mourrait, le secret disparaîtrait avec lui et d’une certaine façon il avait eu raison.

Benjamin Lockwood, philanthrope millionnaire et partenaire de John Hammond, co-créateur de l’entreprise InGen, est né en 1938. Il s’est marié à une femme dont le nom ne figure curieusement pas dans les dossiers et ils ont eu ensembles une fille, Charlotte Lockwood. Elle est décédée dans un accident de voiture en 2009 et laisse une petite fille derrière elle. Benjamin quitte également l’entreprise peu de temps après suite à un désaccord avec son homologue. Si son histoire semblait tragique, rien de pertinent sautait aux yeux de Cole. Sur le papier, c’était juste un autre excentrique aux lubies aussi variés et aussi folles que son comparse.

Quant à Simon Masrani, il est né en 1967 et est le fils ainsi que l’héritier de Sanjay Masrani. Il est donc désormais le directeur de Masrani Global Corporation depuis 1992. Et depuis 1997, elle est l’une des entreprises les plus florissantes et les plus rentables du monde. Rien que ça. Ils avaient investi sur tous les marchés envisageables et bien évidemment, quand on imagine ce que cela représente à l’échelle humaine, dans le Jurassic Park également. Globalement, sa vie était beaucoup trop un livre ouvert pour que cela soit suspect ou que cela cache quelque chose. Il était une personnalité extravagante, extravertie et aussi excentrique que John Hammond. À la tête d’une multinationale aux filiales nombreuses et plus lucratives les unes que les autres, Simon Masrani rachète InGen grâce au soutien de Tim Murphy, petit fils et seul héritier de la famille encore intéressé par le projet et l’entreprise. Ainsi le Jurassic World était né. Et son implication dans les histoires d’Hammond ? Rien n’indiquait quoi que ce soit à ce sujet. Tim Murphy l’avait peut-être mis dans la confidence. Devait-il le contacter pour en savoir plus ? Peut-être que montrer aux yeux du monde toute sa vie permettait de mieux en dissimuler certaines parties ?

Le moment qu’il redoutait allait arriver et il le savait. Il s’était refusé à le faire un an plus tôt et il allait devoir affronter la vérité maintenant. Il allait devoir creuser dans le passé de Shaélynn. Il allait devoir orienter ses recherches sur sa famille. Il allait devoir creuser dans les mensonges qu’elle lui avait probablement dit sur son passé. Un pincement au cœur le ramenait alors à la réalité. Non. C’était le bruit des clés qui provenait de la porte d’entrée. Cole posait l’ordinateur sur la table basse et s’était relevé du canapé. Priscilla était finalement de retour. Combien de temps était-elle partie en fin de compte ? Le jeune homme avait complètement perdu la notion du temps. Notion qu’il retrouvait rapidement en regardant l’heure en bas à gauche de l’écran. Il était déjà 18h passé.

« Coucou ! », fit-elle en pénétrant dans l’appartement.
« Coucou. »
« Ça va ? Vraiment désolé ! J’ai été beaucoup plus longue que prévu ! J’espère que tu m’as pas trop attendu… »
« Non, non t’inquiète pas ! Je n’ai pas vu le temps passé… Et je t’ai piqué un peu de café… », fit-il en grimaçant.
« Bon tant mieux alors ! Tu as bien fait ! »

Elle enlevait ses chaussures, sa veste qu’elle laissait sur le porte manteau et déposait à nouveau le parapluie à l’entrée. Cole était toujours debout et Priscilla entrait timidement dans le salon.

« Pfiou ! J’suis crevée ! Il est bizarre ce temps, il a pas arrêté de pleuvoir des petites gouttes là… », fit-elle pour faire la conversation. Et voyant que le pc portable était ouvert, elle ajoutait. « Alors, du coup ? Tu as trouvé des “choses” ? »

Il haussait les épaules avant de lui répondre.

« Pas vraiment. Oui et non, on va dire. Mais tu arrives à temps pour me sauver ! Je ne vais pas t’embêter plus longtemps… Vraiment merci de m’avoir prêté ton ordinateur en tout cas… Et ton appartement aussi en l'occurrence ! Haha ! », plaisantait-il en attrapant pénaud son avant-bras d’une main hésitante.
« Oh non mais tu ne me déranges pas ! Tu peux rester hein, je te vire pas ! »

Cole, considérant l’espace d’un instant, marquait un blanc en pincant légèrement les lèvres.

« Non mais je voudrais pas abuser de ton hospitalité. Puis tu dois vouloir profiter de ton appartement. C’est ton jour de repos et tout… J’voudrais pas… »
« Non non mais j’insiste. Reste ! Vraiment. Y’a aucun souci, tu ne me déranges pas du tout. Vraiment hein. On… On a qu'à commander quelque chose à manger et on peut continuer les recherches ensembles si tu veux ? Où tu en étais ? », fit-il rapidement d’un air agité.

Elle s’approchait à côté de lui et s’asseyait sur le canapé. Cole l’imitait, tout d’abord à contre-coeur. Sa gorge était serrée et il sentait son coeur s’emballé tandis que, côte à côte, leurs deux cuisses se touchaient. Les mains moites, il se saisissait de l’ordinateur et le remettait sur ses genoux. Il s’éclaircit la gorge avant de lui répondre enfin.

« Je me suis connecté sur le réseau de l’entreprise avec mes ID et je cherche un peu sur google si je trouve des infos. J’allais chercher des choses sur les Moore. », voyant dans son angle périphérique que la tête de la jeune femme s’était relevée d’un air interloqué, il ajoutait. « Les parents de Shaélynn ont participé à l’élaboration du Jurassic Park. Tout ce que je sais déjà, c’est qu’ils sont originaires d’Angleterre. Sa mère  était probablement archéologue ou peut-être paléontologue mais moins sûr. Elle a perdu la vie dans un accident lors d’une fouille archéologique en Egypte quand elle avait trois ans. Son père était investisseur et il s’est donné la mort quand elle avait seize ans après avoir perdu tout l’argent et l’héritage de la famille. Shaé…lynn a fait ses études en Californie, à Berkeley pendant six ans et a été embauché directement à la sortie de ses études. Et je crois que c’est à peu près tout ce que j’ai pour le moment. »


Musique :
Spoiler:


Littéralement tout.

Que savait-il de plus sur le passé de l’ancienne paléobotaniste ? Rien.

Mais durant le temps qu’ils avaient pu vivre ensembles, aussi court fut-il, il avait appris à la connaître malgré tout. Il avait pu par exemple découvrir que l’une des compétences pour laquelle elle avait été aussi embauché par InGen et qui était l’organisation était en vérité quelque chose qu’elle appliquait également à son quotidien. Elle avait cette manière de ranger dans son bungalow bien à elle et lorsqu’une chose n’était pas à sa place, elle s’afférait frénétiquement à le remettre comme elle le souhaitait. Elle rangeait effectivement d’une façon bien précise et triait ses vêtements ainsi que ses chaussures par couleur. Il lui était arrivé d’ouvrir leur dressing et de juste sourire bêtement à cette vue atypique et étrangement ordonnée. Elle était si maniaque du contrôle qu’il lui arrivait de sauter des repas simplement parce qu’elle était trop concentrée dans la tâche qu’elle était en train d’effectuer. Il ne l’avait jamais vu ou en de très rares occasions boire de l’alcool. Il avait appris à ses dépends et à ses nombreuses crises passées devant un écran que la jeune femme n’était pas trés douée en informatique. Il avait aimé l’observer le soir et les week-end s’occuper de ses plantes assis en tailleur sur la terrasse, traîner des pots et de la terre un peu partout et, entre chaque étape, nettoyé frénétiquement tout derrière elle. Il avait aussi remarqué qu’elle n’était pas particulièrement intéressée par les dinosaures et qu’il lui arrivait même de sursauter quand elle entendait ces derniers hurler au loin. Elle lui avait dit avoir sauté deux classes et Cole avait bien vite compris qu’elle n’aimait pas spécialement qu’on lui rappelle son jeune âge. Peut-être que c’était les soucis avec l’informatique ou sa conscience professionnelle qui prenait le dessus mais il avait pu aussi constater qu’elle ne regardait la télévision qu’en de rares occasions.

Non, il ne pouvait pas dire qu’il ne savait rien d’elle. Et pour toutes les raisons qu’il venait d’énumérer il avait appris à aimer cette femme.

Mais qui était-elle vraiment ? Jusqu’à quel point elle lui avait menti ou caché des choses ?

« Cole ? »
« Oui… Pardon ! Excuse-moi, tu disais ? »
« Je te disais que j’allais prendre mon pc, on va chercher à deux, on sera plus efficace ! »
« Ah oui… Super ! Bonne idée ! »

Elle se levait donc et se dirigeait de nouveau vers la chambre d’où elle revenait rapidement avec un autre ordinateur, moins imposant cette fois. Elle le rejoignait et s’asseyait dans le coin du canapé, en tailleur, face à lui.

« Je cherche son père et toi la mère, ça te va ? Tu as leurs prénoms ? »
« Non désolé, je n’ai vraiment rien de plus… »
« C’est pas grave, on va trouver ! », fit-elle en s’attachant les cheveux d’un air à la fois agacé et consciencieux.

La présence de la jeune femme le rassurait et il ne pouvait le nier. Elle dégageait un aura qui lui faisait du bien et qui le calmait. C’était précisément pour cette partie qu’il avait besoin de son aide et elle était arrivée à point nommé. Son timing était étrange, si bien que l’espace d’un instant il se demandait si elle n’était pas le fruit de son imagination. Depuis son arrivée, il y a déjà 8 mois de cela, il s’était régulièrement posé la question quand il se retrouvait seul avec elle. Mais non, Priscilla était comme son ange gardien. Elle arrivait toujours quand il avait le plus besoin d’elle. Elle était là pour lui et l’avait accompagné dans des moments difficiles, au moment où il était au plus bas, le moment où il s’était senti le plus seul. Elle avait été sa lumière, son phare au milieu de la nuit, son étoile dans l’immensité sombre et vide de l’espace. Il la regardait aujourd’hui, se lancer corps et âme dans un projet qui ne la concernait pas le moins du monde, uniquement parce qu’il lui avait demandé de l’aide. Elle savait que c’était important pour lui et elle le faisait sans se poser de questions. Elle pianotait déjà à une vitesse déconcertante sur le clavier d’ordinateur, ses yeux éclairés par la lueur blanchâtre balayaient de gauche à droite et son front se plissait au fur et à mesure qu’elle se concentrait et s’enfermait dans sa bulle. Cole le savait et il l’avait remarqué bien vite, il ne fallait pas la déranger dans ces moments-là mais il pensait du fond du cœur “Merci”.

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Priscilla Kensington

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MessageSujet: Re: Perspectives   Perspectives EmptyDim 29 Oct 2023 - 20:31

« Bon appétit », fit-il en français avec un accent à couper au couteau.

Elle lui sourit et lui répondit dans la même langue mais cette fois à la perfection.

« Je ne savais pas que tu parlais français Cole. »

Il la regardait et ouvrait la bouche d’un air à la fois surpris et ahuris.

« J’ai compris que “français Cole”... », fit-il en ricanant bêtement.
« Je crois que j’ai ma réponse du coup ! », répondit-elle d’un ton moqueur.
« Enfonce le couteau ouais ! Au cas où j’oublierais que tu as fait tes études là-bas haha ! »

Il était déjà un peu plus de 19h et ils avaient finalement décidé de faire une pause pour manger. Priscilla avait insisté mais Cole s’était finalement imposé pour payer le repas. Ils avaient commandé des sushis de chez Sushi Ota, les meilleurs selon elle, et ils avaient tout de même traversé la moitié de la ville pour arriver à destination. Ils avaient donc eu largement le temps de prolonger leurs recherches.

« Merci pour le repas du coup… », fit-elle en séparant les baguettes.
« Y’a pas de soucis, vraiment. Encore merci à toi de m’accueillir chez toi. Franchement, tu me dis hein si ça te dérange… »
« Non non, t’en fais pas ! Tu vas payer l’hôtel et tout… En plus, sans réservation, ça va te coûter une blinde ! Non vraiment ça ne me dérange pas, j’te promets. », fit-elle en posant sa main sur son avant-bras avant de le retirer aussitôt. « Et puis mon canapé est confortable, tu verras ! », lui confiait-elle.

“Pourquoi tu l’as touché ? Arrêtes de faire ça !”, pensait-elle en se frappant mentalement. Elle se mit à rougir et se tournait vers l’emballage encore fermé devant elle. Elle s'éclaircit la gorge avant de reprendre.

« Du coup, on fait le point ? »

Cole acquiesça en plaçant sa main devant la bouche pour cacher la bouchée qu’il venait déjà de prendre. Visiblement, les repas de la cantine à l’hôpital ne devaient pas être fameux au vu de comment il attaquait sa portion.

« Jonathan et Mary Moore. Marié en 1987. Jonathan Moore, né en 1960 et décédé en 2006. Il était investisseur et avait, avant de faire faillite, investi dans de nombreuses compagnies. Son marché était étendu et vaste. Tout s’écroule en 1993, après l’incident du Jurassic Park. D’après l’article que j’ai trouvé, il s’est pendu dans la demeure familiale, comme tu me l’as dit tout à l’heure. C’est sa fille, Shaélynn, qui l’a trouvé alors qu’elle n’avait que seize ans. »

Elle marquait une pause pour prendre une bouchée de chou qu’elle attrapait habilement avec ses baguettes. Cole en profitait pour poursuivre.

« Mary Stanford puis Moore après son mariage. Elle est née en 1964 et est décédée en 1993, la même année que l’incident du Jurassic Park. Jonathan perd à la fois sa femme et sa crédibilité, d’où son suicide. Mary perd la vie… », il secoue la tête en se corrigeant. « Enfin présumée morte dans un éboulement lors d’une fouille archéologique en Egypte, dans un tombeau alors récemment découvert. Son corps n’a jamais été retrouvé dans les décombres. Elle avait à la fois une casquette d’archéologue, de paléontologue et de scientifique. C’était une femme brillante, doctorat et tout ce qui va avec. Pas étonnant que Hammond l'ait embauché aussi rapidement ! »

Priscilla acquiesça à son tour. Elle ne s’était pas rendue compte à quel point elle avait faim et ça lui faisait un bien fou. Par ailleurs, elle réitérait ses propos : définitivement les meilleurs sushis de San Diego.

« Hmm… », fit-elle en terminant sa bouchée. « Ils habitaient dans un manoir en Angleterre. La demeure fait partie du patrimoine historique local. Il y avait tout un article dessus. William Moore, l’arrière-arrière grand père de Shaélynn, achète la propriété en 1890 et fait reconstruire à la perfection, brique par brique, un manoir qui se trouvait sur le terrain mais qui avait brûlé entièrement. Tout a été récupéré par l’Etat quand Jonathan a tout perdu. J’vais être un peu cru mais il a perdu le manoir qui était dans la famille depuis plus de cent ans. Tu m’étonnes qu’il se soit suicidé le pauvre… »

Cole se mordille les lèvres comme s’il était dérangé par quelque chose. Il semble hésiter et Priscilla ne peut s’empêcher de le regarder d’un air dubitatif. Il pose son repas et ses baguettes puis se tourne vers elle. La jeune femme manque d’avaler de travers devant cette réaction à laquelle elle n’était pas prête. Il n’a encore rien dit mais elle sent la tension monter d’un cran subitement. Pourquoi cet air si sérieux et si sombre d’un coup ?


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« Je dois te dire quelque chose mais il faut que tu me promettes que ça ne sortira pas d’ici. »

Elle déglutit et à la gorge sèche. Elle ne sait pas quoi répondre. Elle est inquiète.

« Euh… Est-ce que je dois m’inquiéter ? »
« Promets moi. »
« Je peux rien promettre si je ne sais pas de quoi il s’agit Cole. »

Il baisse la tête et détourne le regard, comme s’il était à la fois déçu et gêné.

« Ça concerne Shaélynn. »

Priscilla effaçait le début de sourire qu’elle avait encore quelques secondes auparavant. Décidément, il n’avait que son prénom à la bouche. Qu’est-ce qu’il pouvait y avoir d’autres à savoir sur cette femme ? Cette fois, elle n’acquieçait pas et se contentait d’attendre l’intervention de son supérieur.

« Promets moi, s’il te plaît…  »

Priscilla soupira. Elle n’aimait déjà pas spécialement cette Shaé-machin-truc mais que Cole lui fasse en plus des confidences à son sujet c’était encore un cran au dessus. Elle avait les sourcils froncés et n’aimait pas du tout la tournure de la discussion, ni qu’il lui force la main pour des promesses qu’elle n’était même pas sûr de pouvoir tenir.

« D’accord Cole… Je te promets. », dit-elle d’un air lassé.

Cole eut en tout cas l’air rassuré mais il semblait encore réfléchir à ses mots, ce qui énerva encore un peu plus la jeune britannique. Elle avait envie de le secouer et de lui dire d’accoucher une bonne fois pour toute. Puis il s’élança enfin.

« Shaélynn travaillait pour Biosyn…  », fit-il d’un murmure simple, presque un chuchotement embarrassé.

C’était juste une affirmation, plate et lourde de sens. Mais Priscilla eut du mal à assimiler tout ce que cela pouvait impliquer. Elle balbutia quelques mots avant de prononcer d’un air hésitant à son tour.

« Oui… Hmm… Il y a une enquête en cours à son sujet mais son implication n’est pas… Enfin… On n’en… », bredouillait-elle.
« Non, je le sais. Je l’ai découvert, elle me l’a dit, me l’a confirmé. Shaélynn travaillait pour Biosyn. », coupait-il sèchement.

Et même si la raison de cette révélation semblait assez évidente, Priscilla ne put s’empêcher de lui demander.

« Pourquoi tu me dis ça, Cole ? »
« Parce que je te fais confiance, parce que c’est important pour nos recherches. Je sais que ça ne justifie pas tout mais elle a dû recommencer à zéro à 16 ans. Elle a tout perdu, elle était fragile. Je n’avais jamais fait vraiment le rapprochement mais elle me l’a dit avant de partir. Elle m’a dit elle-même que Biosyn était venu la chercher. Ils l’ont manipulé, ils l’ont…  »
« Non, tu as raison ! », tranchait-elle. « Ça ne justifie absolument pas tout du tout ! »

Le ton était monté d’un coup et les deux adultes se regardaient d’un air sévère.

« Elle avait 16 ans Priscilla ! Qu’est-ce que tu foutais toi à 16 ans hein ? Mets toi à sa place un peu ! Je sais que tu ne l’apprécies pas, je vois bien ton regard à chaque fois que je parle d’elle. Imagines toi, à son âge, du jour au lendemain tu te retrouves sans argent, sans maison, dans la rue à son âge ! Si une entreprise moderne et florissante vient te proposer son aide quand tu en as le plus besoin, tu crois que tu n’aurais pas fait la même chose ? »

Priscilla refermait la bouche alors qu’elle s'apprêtait à élever le ton encore davantage. Malgré elle et malgré les sentiments plus que négatifs qu’elle portait à l’égard de Shaélynn, Cole avait raison. Bien sur qu’il avait raison. Cici avait fuit la cocon familiale sur un coup de tête et un caprice, certes, mais sa vie avait été plutôt aisée et elle ne pouvait pas le nier. Elle n’avait jamais connu la misère, elle n’avait jamais vécu de drames quelconque. Non, elle avait juste fait un “caprice” comme lui avait dit sa mère, elle avait juste fui les responsabilités que lui incombaient de force sa famille. Elle avait fuit le carcan familial qui était devenu trop pesant. Même si elle ne regrettait pas son geste, peut-être qu’aujourd’hui agirait-elle différemment. Qu’elle le veuille ou non, Cole avait donc raison et ça la contrariait énormément. Son visage tirait une moue presque boudeuse et un silence s’était installé dans le salon.

« Tu as raison… », fit-elle de nouveau mais cette fois d’une voix à peine audible plus pour ne pas le contrarier que par véritable conviction.
« On ne trouvera rien d'autre sur ces parents, comme pour le reste. Et si on doit creuser dans le passé de Shaélynn, j’étais obligé de te le dire… Ça m'enchante pas plus que toi. Biosyn s’est servi aussi de moi à cause de mon poste et de mes responsabilités. Ils l’ont tous autant utilisé elle. », il marquait une pause comme pour observer ses réactions Visiblement, il n’était pas dupe et il devait se douter qu’elle n’approuvait pas tous ses propos. Et il avait raison. « Si je veux comprendre tout ça, si je veux mettre au clair tout ce que Josh m’a dit ce jour-là, je dois aussi chercher de ce côté, j’ai pas le choix… Tu comprends ? »

Mais elle pouvait comprendre malgré tout et c’était légitime de creuser dans cette direction. Qu’elle approuve ou qu’elle n’approuve pas y changerait rien de toute façon. Elle avait bien vite constaté qu’il était tout aussi borné qu’elle. Placer Shaélynn sous l’égide de la victime lui était en revanche difficile et lui restait même en travers de la gorge. On ne pouvait pas blâmer Biosyn pour toutes les décisions qu’elle avait pu prendre. Avait-elle des ordres ? Où s'arrêtait son libre arbitre ? Qu’avait-elle vraiment fait pour le compte de Biosyn ? Ou étaient les limites au pardon que l’on pouvait lui accorder ? Dans le bénéfice du doute, Priscilla ne lui accordait pas. Priscilla acquiesça de nouveau à contre-coeur.

« Oui, je comprends… Mais je ne concède pas. Je ne suis pas d’accord avec tout ce que tu as dit et je ne crois pas que je pourrais l’être un jour. Je comprends ce qu’elle représente pour toi… Je l’ai bien compris. Mais elle n’est pas ta vie, elle n’est pas qui tu es aujourd’hui et elle ne le sera jamais. Elle a été égoïste, elle t’a manipulé, elle t’a menti, elle t’a fait souffrir, elle t’a abandonné et elle ne s’est pas excusée pour tout ce qu’elle t’a fait subir. Elle ne mérite pas ton pardon. »
« Tu crois que je ne le sais pas déjà tout ça ? Je n’ai jamais dit que je lui pardonnais. Mais je parle d’expérience quand je te dis qu’on a tous droit à une deuxième chance. Je sais que ça ne justifie pas tout ce qu’elle a fait, je dis juste que je comprends pourquoi elle a pris certaines décisions. »

Cole la regardait presque avec un air d’incompréhension, comme s’il ne comprenait pas son intervention. Il ne comprenait visiblement pas pourquoi cela prenait autant à cœur la jeune femme. A vrai dire, Priscilla regrettait déjà d’avoir orienté la discussion dans cette direction et d’autant plus avec les propos que Cole exprimait par la suite.

« Shaé et moi c’est terminé mais que tu ne le veuilles ou non elle fait partie de moi et de la personne que je suis aujourd’hui justement. Que je veuille la pardonner ou pas, qu’elle le mérite ou pas, ça ne regarde que moi. Et dans tous les cas, on ne sait pas où elle est, on le saura sûrement jamais alors ce n’est de toute façon pas important, ce n’est pas le sujet de la discussion. »

Inévitablement, Priscilla baissait la tête honteusement. Encore une fois, il avait raison et elle avait dépassé les limites. Elle n’avait pas son mot à dire et elle n’avait pas le droit de s'initier dans sa vie comme ça. Pourtant, c’était lui qui l’avait contacté, c’était lui qui lui faisait des confidences. Pourquoi est-ce qu’il l’impliquait dans toute cette histoire si ce n’était pour pas avoir son avis ? Elle n’avait rien demandé.

Mais c’est elle qui l’avait invité et elle aurait pu stopper la discussion à cet instant mais elle avait surenchéri. Elle se sentait stupide et elle détournait le regard petit à petit quand le contact de sa main sur la sienne lui fit relever la tête. Elle n’osa pas bouger d’un centimètre, comme soudainement paralysé. Son regard était plongé dans les yeux bleus perçants du jeune homme qui le lui rendait. Il n’avait pas l’air fâché et même plutôt bienveillant.

« Je suis désolé de t’entraîner dans cette histoire et je suis désolé de t’avoir imposer ça. Si tu souhaites stopper maintenant, je comprendrais et je t’en voudrais pas. Ça ne change strictement rien à tout ce que je t’ai dis, je te fais confiance. J’espère que tu le sais. »

Il retirait sa main comme si de rien n’était, comme s’il ne s’était rien passé. Elle, en revanche, avait le cœur qui battait la chamade. Elle ne se faisait pas d’illusion sur ces sentiments, sur pourquoi elle avait orienté la discussion ainsi, pourquoi elle détestait Shaélynn sans même l’avoir rencontrée et pourquoi elle était aussi jalouse. Les deux reprenaient leur repas respectifs en main puis se saisissaient de leurs baguettes. Après quelques bouchées silencieuses, Priscilla ajoutait finalement avec une crampe à l’estomac.

« Je suis désolé, je n’aurai pas dû dire tout ça. Et non, je veux vraiment t’aider. J’y tiens vraiment. », fit-elle sans réellement le regarder.

Ce n’était pas dans ses habitudes de s’excuser ou d’avouer ses torts alors de le faire pour lui, lui prouvait qu’il n’était pas n’importe qui pour elle. Il acquiesça en souriant avec une certaine assurance qu’elle ne connaissait pas chez lui. Lui, l’homme qu’elle avait connu au fond du trou, lui souriait désormais d’une façon qui la fit rougir. Il dût se rendre compte puisqu’il détourna lui aussi le regard, prétextant une bouchée d’un maki au saumon pour le faire. Où est-ce que tout ça allait mener ? Priscilla n’était pas encore sûre de le savoir.
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Cole Hudson
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MessageSujet: Re: Perspectives   Perspectives EmptyMar 31 Oct 2023 - 22:24

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« C’est vrai qu’ils étaient quand même super bon tes sushis ! », fit-il enfin pour briser le silence en s’essuyant les lèvres.

Et souhaitant visiblement elle aussi changer de sujet, elle lui répondit d’un air enjoué.

« Tu vois ! Je t’avais dit : une tuerie ! »
« Ouais mais tu dis ça uniquement parce que tu n’as pas goûté ceux de New-York ! Mais qui sait ? Un jour peut-être vous serez à niveau ! »
« Ah ! La carte classique du pro-new-yorkais ! On dirait un parisien ! »

Cole qui ne comprenait pas spécialement la comparaison riait simplement à la répartie immédiate de la jeune femme. Ce n’était pas la première fois qu’il partageait ce genre de complicités et il ne pouvait le nier, cela devenait une habitude qu’il appréciait réellement.

« On s’y remet ? », dit-elle en empilant les différents emballages les uns dans les autres avec une certaine minutie presque compulsive.

C’était sûrement aussi une manière pour elle de lui montrer sa volonté de l’aider, pour de vrai et Cole y voyait plutôt un message positif. Cela venait d’elle et il ne la forçait pas. Il ne souhaitait pas s’imposer ou lui imposer des choses.

En revanche, et il n’y ressentait aucune fierté, il avait volontairement omis des détails de taille et, s’il avait réussi à lui révéler la véritable identité de la jeune femme, une autre vérité semblait plus compliqué à lui avouer. Il s’étonnait d’ailleurs qu’elle n'ait pas mis le sujet sur la table mais il ne s’en plaignait pas, bien au contraire. Peut-être qu’au fond d’elle elle savait ? Peut-être qu’elle ne s'était tout simplement pas posé la question ? Ou peut-être était-elle dans le déni ? Non. Ca c’était quelque chose qui lui était propre, à lui.

Quoi qu’il en soit, il lui répondit par la positive tandis qu’elle se levait pour jeter les détritus et reprenait finalement l’ordinateur sur les genoux. Elle ne tarda pas à le rejoindre en se saisissant également de son pc. Elle s’asseya moins de trente secondes avant de balbutier quelque chose et de se relever subitement en se dirigeant vers la dite et supposée chambre. Sa curiosité piquée l’espace d’un instant, Cole la regardait bien évidemment partir et disparaître derrière la porte en se demandant quelle mouche l’avait piqué. Elle réapparaissait quelques instants plus tard, un style vestimentaire beaucoup plus décontracté mais surtout inédit pour le jeune homme qui, encore une fois, ne l’avait vu au quotidien que dans des vêtements dits de travail. Rien d’extravagant pour autant, juste un jogging à la place d’un jean. La jeune femme eut cependant un petit regard géné évident devant l’homme qui était tout de même son patron. À son regard surpris mais amusé, elle lâchait simplement :

« J’espère que ça ne te dérange pas, question d’habitude… Samedi soir, après manger… Enfin voilà… », rougissait-elle presque.
« Non, t’inquiète pas… Fais comme chez toi ! », fit-il d’un air moqueur. « Littéralement ! »
« Pfff… Gros mâlin ! », fit-elle en s'asseyant de nouveau sur le canapé.

Ils poussaient tous les deux un soupir en même temps. Cette sensation, cette ambiance était plutôt agréable et il ne pouvait s’empêcher de sourire.

« Comment tu veux procéder cette fois ? », dit-il pour continuer la discussion.
« J’sais pas trop… », haussait-elle des épaules.
« Je cherche dans les dossiers de l’entreprise et tu commences sur google, ça te va ?  »
« Ok ! », dit-elle sans trop de conviction.

Il était clair qu’elle n’en avait pas et Cole ne pouvait pas la blâmer pour ça. À vrai dire, il n’en avait pas plus que ça non plus mais, à la manière d’un vieux pansement, il allait s’en débarrasser une bonne fois pour toute…

Ainsi, par le biais des archives de l’entreprise, il avait pu notamment accéder à son curriculum vitae qui lui offrait quelques éléments supplémentaires. C’était des choses qu’il savait déjà pour la plupart mais cela faisait un bon début. Il transmettait les informations au fur et à mesure à Priscilla pour qu’elle puisse entamer elle-aussi des recherches. Il les ajoutait également sur leur document partagé et enregistrait dans un dossier sur l’ordinateur les quelques fichiers qu’il avait pu récupérer. Leurs contenus n’étaient malheureusement pas suffisamment pertinents pour que cela donne réellement quelque chose de concret.

« Non mais sérieux…  », fit soudainement Priscilla en le sortant de ses pensées.

Bien évidemment, Cole décrochait de son écran pour regarder la jeune femme. Celle-ci semblait dépitée, elle avait posé son index le long de sa joue et avait les lèvres pincées, clairement par agacement.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

La jeune femme secouait la tête d’un air dédaigneux en répétant.

« Sérieusement…  »

Elle regardait alors Cole d’un air dépité et tournait l’ordinateur dans sa direction.




Une vidéo Youtube d’à peine vingt secondes se lançait alors sous ses yeux. Elle datait de 2006 et était d’une qualité médiocre, même pour l’époque. Un utilisateur lambda et amateur à la main tremblante avait filmé la représentation d’une troupe de cheerleaders accompagnée d’un orchestre sur un terrain de football américain. Cole regardait ces images avec un air interloqué et haussait les épaules sans réellement comprendre le sens de tout ça.

« Et ? », fit-il en plissant un œil curieux.
« Lis la description de la vidéo… », répondit-elle, comme en pointant une évidence.

Cole obéissait et penchait son regard vers la légende en dessous de la vidéo mais son impatience se faisait déjà sentir. La capitaine des cheerleaders se nommait Ashley Mason. Bien et donc ? Ses yeux suivaient le texte sans vraiment l’assimiler jusqu’à ce qu’il accroche sur un nom qui lui était bien familier : Shaélynn Moore. Le jeune homme fit de grands yeux et relevait sa tête en direction de Priscilla. Voyant son air d’incompréhension, elle mit son doigt qu’elle tapotait sur l’écran sur une des jeunes filles.

« La petite blonde, juste là ! », ajoutait-elle en tapotant son ongle à nouveau sur l’écran.

Le jeune homme plissait les yeux et pendant un instant se demandait comment de ces pixels Priscilla avait pu tirer de telle conclusion. Mais, inévitablement, Cole bondit presque sur lui-même. Le visage était plus arrondis, la couleur de cheveux différente mais il devait finir par l’admettre : cette jeune fille se trémoussant au rythme de la musique, c’était bel et bien Shaé.

« Sérieusement ? Mais qu’est-ce que… », fit-il en tentant de contenir un rire. « C’est une blague ? Comment t’as trouvé ça ? », lui demandait-il, le visage étiré par un sourire incontrôlé.
« J’ai juste tapé “Shaélynn Moore” sur Youtube et j’ai trié du plus ancien au plus récent. », fit-elle avec un mélange de fierté et de dégoût.
« Ah non mais c’est trop drôle… », pouffait-il en posant sa main sous sa bouche.

Priscilla haussait les épaules en mimant un “sûrement” avec ses lèvres. Cole se calmait bien vite devant le pragmatisme de la jeune femme. Son rire n’était en réalité pas uniquement “amusé”. Il était aussi nerveux et halluciné. Ce n’était pas du tout la femme qu’il avait rencontré et qu’il avait côtoyé. Rien de ce qu’il voyait ne présentait les prémices de la personne qu’elle était. Si l’information en elle-même était effectivement drôle, elle confirmait au moins une chose une bonne fois pour toute : Shaélynn avait bien fait ses études à Berkeley. Et inévitablement, tournait en boucle une question qu’il s’était posée et se posait encore aujourd’hui : Qui était réellement Shaélynn Moore ?

Une fois cette information confirmée, il n’était pas si difficile d’obtenir de l’université des points complémentaires sur les années d’études de la jeune femme. Elle était vraisemblablement une étudiante comme les autres. Comme les autres ? Elle avait tout de même été la capitaine des cheerleaders pendant trois années consécutives. Comme les autres ? Pas réellement, puisqu’elle avait aussi décroché son diplôme avec deux ans d’avance et qu’elle était salutatorian (deuxième meilleure diplômée) dans sa promotion de biologie végétale. On pouvait la voir d’ailleurs sur une photo au côté d’un certain Noah Williams, le valedictorian (major de promotion), tirant une tête de déterrée. Connaissant l’égo et les ambitions de la jeune femme, il n’était pas difficile d’imaginer sa déception à se faire coiffer au poteau par un type qui semblait tout aussi fier, voire prétentieux, qu’elle.

Mais alors, est-ce que la jeune fille blonde qu’il venait de voir s’agiter ainsi devant toute une tribune était la même qu’il avait rencontré il y a maintenant deux ans ? Qu’est-ce qui avait changé entre-temps ? Que s’était-il passé dans ce laps de temps ?

« Au moins on sait qu’elle ne t’a pas menti sur ça. », tranchait-elle froidement pour conclure.
« On va creuser un peu plus… Si ce qu’elle a dit concorde, c’est aussi à cette période que Biosyn a dû l’approcher. », dit-il en reprenant son sérieux en se tenant le menton.
« Ouais mais ça si tu veux mon avis ça va pas être marquer noir sur blanc… »
« Oui, c’est vrai aussi… Mais avec ça, on sait que tout ce qu’elle m’a dit sur ses parents et sur son parcours était vrai. »
« C’est pas si sûr… », daignait-elle répondre en levant presque les yeux au ciel.
« Donc quand elle m’a dit regretter ses actions et vouloir corriger ses erreurs, j’ai envie de la croire… »
« Sûrement. », répétait-elle à nouveau en reprenant l’ordinateur sur ses genoux.

Cole s’attardait néanmoins sur son hôte déjà retournée à ses clics intensifs. À quel point pouvait-il être stupide ? Il la connaissait et la comprenait déjà plus que jamais il ne pourrait comprendre Shaélynn. C’était bien ça la différence notable dans la relation qu’il avait entrepris avec l’ancienne paléobotaniste. Avec Priscilla, il n’avait pas eu besoin de partir à la pêche aux informations. Il n’avait pas besoin de se creuser l’esprit et de mettre sur la table celles qui étaient vraies et celles qui ne l’étaient pas. Tout était clair, tout était visible. Il n’y avait pas de filtres, il n’y avait pas de voiles ou de bordures flous. Il n’y avait pas de façades ou de masques à faire tomber. Tout était là. Ce n’était pas un personnage, ce n’était pas une actrice ou bien un pantin animé par une mission providentielle, manipulé par on ne sait quelle vengeance personnelle ou on ne sait quelle force surnaturelle. Priscilla était simple et “simple” était la chose dont il avait le plus besoin aujourd’hui. Rien ne l’avait été pour lui et rien ne le serait pendant encore quelque temps. Il le savait et il ne se faisait pas de fausses illusions. Mais avec Priscilla a ses côtés, tout lui semblait plus facile et il se sentait bien à ses côtés.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »
« Hmm… De quoi ? », dit-il en secouant légèrement la tête pour s’aider à cligner des yeux et ainsi à les réhydrater alors qu’il était perdu dans ses pensées.
« Je… Je sais pas. Tu me regardais alors… »
« Ah… euh… Désolé, j’étais perdu dans mes pensées ! »
« À quoi tu pensais ? », se risquait-elle d’un petit sourire visiblement embarrassé par son regard.
« À toi. », et voyant le regard interloqué devant l’étrangeté de la réponse, il ajoutait. « Enfin, je veux dire…», balbutiait-il d’un ton confus.

Il reprenait assez rapidement et plus sereinement, conscient qu’il avait déjà malgré lui mis les deux pieds dans le plat.

« Je ne t’ai jamais remercié pour tout ce que tu as fait et ce que tu fais encore pour moi. Je ne sais pas pourquoi tu fais tout ça… Alors merci… »

Elle poussait l’ordinateur et le déposait sur la table basse. Ses yeux pétillaient d’une certaine douceur, son regard était sincère, son visage détendu. Et après une inspiration qui semblait lui demander un effort douloureux, elle se lançait finalement.

« Ça te semble pas évident… ? », fit-elle en haussant les épaules, comme elle l’avait déjà beaucoup fait aujourd’hui.
« … », blêmit-il en relevant son menton en pinçant ses lèvres.

Elle ne disait aucun mot supplémentaire et récupérait l’ordinateur, à nouveau, comme si de rien n’était… Cole, lui, restait immobile, ne comprenant pas un seul instant ce qu’il venait de se passer réellement.

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Priscilla Kensington

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MessageSujet: Re: Perspectives   Perspectives EmptyLun 6 Nov 2023 - 20:28

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Spoiler:


Mais pourquoi elle lui avait dit ça ? Mais qu’est-ce qui lui avait pris ?

Elle n’osait plus le regarder, elle n’osait plus détourner son regard de son écran mais sentait son regard toujours posé sur elle. Elle tentait en vain de cacher honteusement le teint rosis de ses joues.

“Mais non, mais non, mais non…”, se répétait-elle en panique dans sa tête.

Pourquoi elle lui avait dit ça ? Est-ce qu’il y avait une faible chance pour qu’il ne l’ait pas entendu ?

Impossible…

Elle entendait d’ici Lili qui lui lançait de sa voix la plus criarde un “Mais Cici !” et elle de lui répondre “Mais je sais !”. C’était nul, c’était ni le moment ni le lieu pour faire cette vieille déclaration pourrie. Elle avait piqué une crise de jalousie et voilà qu’elle lui déballait des dingueries sortis de nulle part. Elle avait envie de mourir. Elle avait envie de fermer la porte à clé et de l'abandonner ici. Fuir et ne jamais revenir. Elle changerait de vie, elle changerait de nom, de ville, de boulot et elle oublierait tout. Elle noierait son chagrin dans l’alcool et ouvrirait un magasin de lithothérapie.

Voilà.

Avec un peu de chance, si elle cessait tout mouvement brusque il finirait par se lasser et oublierait ce qu’elle venait de dire ? Avait-elle perdu toute notion de rationalité en un claquement de doigts ? Est-ce qu’il la regardait encore ? Elle tournait la tête lentement et surtout pas brusquement pour ne pas attirer son regard qui… Il était toujours en train de la regarder.

“Merde, merde, merde…Arrêtes de me regarder, arrêtes !”, bouillonnait-elle intérieurement.

Il était trop tôt pour prétexter d’aller se coucher maintenant et en même temps elle ne voulait pas partir. Mais elle avait l’impression de ne pas pouvoir rester là.

Mais…

Est-ce qu’il fallait dire quelque chose ? Est-ce qu’il y avait quelque chose à ajouter ? Elle avait dit ce qu’elle avait à dire, c’était à lui finalement de parler non ? Est-ce qu’il y avait un manuel pour ce genre de chose ? Priscilla les avait tous en tête. Les protocoles, les formulaires, les solutions aux problèmes des plus simples au plus complexes. Elle gérait environ 2250 employés tous les jours et elle le faisait avec une fermeté qui avait gagné davantage en assurance aux côtés de Mme Dearing. Mais voilà. Face à ce type qui avait été réellement son patron pendant 3 mois - et encore - elle perdait soudainement tous ses moyens. Elle se sentait ridicule. Elle était ridicule. Mais il était bien plus que ça non ?

“Pris’, reprends toi !”, s’encourageait-elle en reprenant une respiration plus contrôlée.

« Je suis désolé. Je n’aurais pas dû dire ça. », finissait-elle par lâcher.
« Non, non mais… »

“Mais quoi ?!”, s’égosillait-elle intérieurement.

« Je ressens aussi la même chose. »

À nouveau, le peu de courage et d’assurance qu’elle avait repris en elle se décomposait instantanément. Pourtant, une part d’elle semblait soulagée. Est-ce qu’elle devait s’en étonner ? Pas vraiment. Ses sentiments ne sortaient pas de nulle part contrairement à ce qu’elle avait  pensé plus tôt et elle s’en était rendue compte bien assez vite. Les révéler de but en blanc comme ça, sans un gramme dans le sang et sans préparation lui faisait l’effet d’un mur de brique en pleine face. Pourtant, ce dernier semblait beaucoup plus doux et moelleux qu’elle ne l’avait envisagé. Pendant un instant, elle s’imaginait dans ses bras musclés, serré tout contre lui. Elle tentait de reprendre son souffle mais son nez soufflait de plus en plus fort si bien qu’elle avait l’impression de n’entendre plus que ça. Ses mains tremblantes glissaient et survolaient de nouveau le clavier pour reprendre les recherches mais ses doigts n’arrivaient plus à bouger.

« Les recherches ne vont mener nulle part, n’est-ce pas ? »

Priscilla étirait son visage avec une moue conciliante et acquiesçait lentement d’un air désolé.

« J’ai passé la journée à entasser un tas d’informations qui n’ont aucune importance. », semblait-il tomber des nues.

Mais qu’attendait-il réellement de ses recherches ? Ne se voilait-il pas la face ? Qu’espérait-il trouver ?

« Mais non ! Dis pas ça ! », fit-elle pour le rassurer. « Tu n’as pas fait ça pas pour rien. Tu l’as dis toi-même, Josh ne t’a pas dit tout ça sans raisons. Il comptait sur toi, il te faisait confiance. Mais ce qu’il t’a dit était injuste. Il n’aurait jamais dû te mettre ce poids sur les épaules. Personne ne mérite ça. », lâchait-elle sèchement.
« Oui… Mais…», il semblait hésiter à trouver les bons mots. « Tu comprends pourquoi je dois savoir ? Tu comprends pourquoi je dois la retrouver ? », dit-il d’un regard insistant, un regard presque fou, cherchant comme une bénédiction de sa part.
« Oui, je comprends. », mentit-elle alors.

Elle comprenait mais pas entièrement. En réalité, Priscilla ne s’était jamais accrochée à quelqu’un comme ça, elle n’en avait jamais eu ni le temps ni l’occasion. Et quelque part, elle enviait Shaélynn d’avoir quelqu’un qui lui était aussi dévouée. Elle l’enviait mais elle était aussi jalouse, elle ne pouvait pas le nier. Elle ne la connaissait qu’à travers ce qu’on lui avait dit, des lignes dans des rapports et des dossiers, qu’à travers les propos de Cole. Elle ne l’avait jamais rencontré, ne connaissait pas le son de sa voix et ne la connaissait tout simplement pas. Pas plus que ce qu’elle avait appris aujourd’hui en tout cas. Elle lui en voulait tellement d’avoir brisé l’homme qu’il devait être. Et pourtant, Priscilla s’était attachée à l’homme qu’il était aujourd’hui. Ce n’était pas pour autant qu’elle allait la remercier…

Est-ce que c’était de la pitié comme lui avait si bien dit Lisa ? Est-ce que c’était juste de l’empathie ? Ou est-ce que c’était de vrais sentiments ? Comment pouvait-elle savoir ?

Elle avait beau tourner la chose dans tous les sens possible et inimaginable, elle n’arrivait pas à définir clairement ce qu’elle ressentait pour lui. Tout du moins, elle n’arrivait pas à définir pourquoi elle le ressentait. Mais de là à dire qu’elle l’aimait comme lui avait dit Lili…

Est-ce que ce n’était pas un peu fort ? Mais est-ce qu’elle l’aimait réellement ? Ou est-ce qu’elle avait juste de la compassion pour lui ?

« Tu veux encore rire ? », dit-elle cette fois avec plus de douceur.

Cole bondissait à nouveau sur le canapé et se rapprochait d’elle, un sourire déjà aux lèvres. La jeune femme tournait légèrement l’écran dans sa direction pour qu’ils puissent voir tous les deux. Il semblait étrangement enjoué de cette trouvaille mais Priscilla l’était beaucoup moins.

« Mais non !? », s’exclamait-il en pouffant de rire tandis qu’une succession d’images sur un tumblr s’affichait sous ses yeux. « Mais comment t’as trouvé ça ? T’es trop forte ! »
« Des années d’exercices de stalkage et un moteur de recherche libre service. Et le tour est joué ! », dit-elle en se jetant des fleurs.

Les photos étaient accompagnées de textes pour la plupart pompeux, philosophiques que Shaélynn avait certainement copié d’autres utilisateurs ou écrits elle-même au vu de la qualité des contenus. Priscilla se mit à scroller de plus en plus rapidement la molette de sa souris sans fil avec un certain ennui sous les pouffements continus de Cole.

« ATTENDS ! », cria subitement Cole suffisamment fort pour que la jeune femme sursaute.
« Mais ça va pas ! Ne crie pas comme ça, il est déjà tard… Qu’est-ce qu’il y a ? », fit-elle en fronçant les sourcils.
« Pardon… ! Excuse-moi ! », se mit-il désormais à chuchoter en plaquant sa main devant sa bouche.
« Non mais les murs ne sont pas en carton non plus, tu peux parler normalement mais ne crie pas quoi… »
« Vraiment désolé ! », dit-il, toujours la main devant sa bouche pour couvrir un ricanement gênant. « Remonte un peu sur la page s’il te plaît… Encore… Encore… Là, stop ! », fit-il au fur et à mesure que Priscilla obéissait à sa demande.

Mais la jeune femme ne voyait pas la différence par rapport aux autres photos qu’ils avaient vu. C’était juste le passé honteux d’une adolescente des années 2000, banale et classique pour l’époque.

« Là ! », répétait-il en pointant du doigt une photo plus précisément. « Lui ! Là ! Cameron ! Ce type là ! James ! C’est Cameron ! », bondissait d’impatience Cole sur le canapé.
« James… Cameron… ?  », s’interloquait-elle. « Hein ?  Mais de quoi tu me parles, Cole ? », s’exaspérait-elle encore.

Quelle mouche le piquait ? Mais qu’est-ce qui lui prenait encore ? Priscilla s’inquiétait légèrement, surtout lorsque la discussion partait dans cette direction. Son inquiétude n'était pas injustifiée. Elle n’avait pas oublié les épisodes, la détresse et les crises du jeune homme. Le convaincre d’aller à San Diego, le faire entrer dans cet établissement, se porter garant pour lui. Tout ce que cela avait impliqué, les papiers qu’elle avait dû remplir, les sacrifices qu’elle avait dû faire. Toute la charge émotionnelle qu’elle avait accumulée. Non, elle ne risquait pas d’oublier.

« Non non mais laisses-moi t’expliquer ! », s’impatientait-il. « Tu vois ce type là ? Il bossait aussi pour Biosyn. Ce gars, il ressemblait pas du tout à ça, mais il s’était infiltré sur le parc en 2012 et… », il se stoppait net, comme pris d’une révélation soudaine qui le plongeait dans une sorte de réflexion intense.
« Cole ! Explique-moi simplement ! Laisses pas un gros blanc comme ça ! », fit-elle en levant ses deux paumes vers le haut d’une manière désemparée.

Il se penchait et se tournait vers elle d’un air plus que sérieux. Il semblait encore chercher dans sa mémoire avant de finalement se lancer. Priscilla se demandait l’espace d’un instant s’il était possible de mourir de suspenses avant qu’il ne daigne enfin lui répondre

« Cameron s’est fait passer pour un avocat d’InGen qui s’appelait James… Higgins… Fa… Farbs. C’est ça. James Higgins Farbs, lors d’une gestion de crise en 2012. Et cette réunion a été catastrophique. Shivak Garland, tu as dû en entendre parler ? », fit-il en tendant une main vers elle pour avoir confirmation.


Spoiler:


Elle acquiesça et il continua.

« Il s’est pointé comme une fleur à cette réunion et a foutu la merde. Je t’épargne les détails mais James… Enfin… Cameron avait la main posée sur la cuisse de Shaélynn et ça a fait un fiasco. Conflits d’intérêts entre les parties, tout ça et ils se sont justifiés en disant qu’ils étaient des amis d’enfance. »

Cole tapotait la photo de Cameron et de Shaélynn ensemble tout en ajoutant.

« Ce gars a été démasqué et on sait de sources sûres qu’il était un agent de Biosyn. C’est d’ailleurs ça aussi qui a mis à mal la couverture de Shaélynn. »
« Elle n'aurait pas été assez conne pour mettre en ligne des photos avec ses copains de Biosyn sur tumblr si ? », pensait-elle à voix haute.
« Bah… », haussait-il des épaules en remontrant la photo en question. « On ne sait pas quand ou comment c’est arrivé. Peut-être qu’ils n’en faisaient pas encore partie ? Va savoir ? Envoie-moi le lien s’il te plaît, on va chercher tous les deux en même temps, ça ira plus vite. », dit-il en reprenant l’ordinateur qu’elle lui avait prêté sur les genoux.
« Ok ! Et on se note les infos au fur et à mesure. Elle a peut-être marqué d’autres prénoms. », fit-elle en haussant les épaules à son tour.

Mais Cole était lancé dans son élan nostalgique…

« Non mais tu sais le pire dans tout ça…? Roh mais je suis trop con putain… C’était sous mon nez depuis le début… », semblait-il encore s'accabler. « Peu de temps avant son départ, je l’ai confronté à des choses étranges qui s’étaient passées… J’ai jamais fais le lien, je… J’ai jamais voulu voir la vérité en face… Elle m’a parlé de Cameron. J’ai jamais tiqué mais… Bordel… Elle a fait un putain de lapsus et j’ai rien vu… »

Cole se levait, d’une main il tenait le pc et de l’autre il faisait de grands gestes, complètement agités par cette nouvelle révélation. Priscilla le regardait alors sans réellement comprendre les enjeux qui le mettaient dans de tels états. Elle posait l’ordinateur à côté sur le canapé, à la place qu’il venait de libérer.

« J’avais tellement la haine contre Shivak que j’ai rien vu quoi ! Elle m’a dit ouvertement qu’il l’avait écarté de la direction à cause de ses liens avec Cameron. Elle me l’a dit et j’ai rien vu, rien entendu. Putain mais quel con je fais... »

Priscilla se levait à son tour et s’approchait du jeune homme d’un air compatissant. Elle ne pouvait de toute façon pas faire grand chose de plus mais elle pouvait toujours essayer de l’apaiser un peu.

« Cole… Ce qui est fait est fait. Les choses sont ce qu'elles sont et elles seront ce qu'elles seront. »

La phrase eut pour réaction immédiate de lui faire baisser la tête honteusement. Elle n’avait pas choisi cette phrase au hasard. Elle le savait, ça avait été un des éléments centraux de sa thérapie. Cole ressassait sans cesse le passé et se blâmait pour tout ce qui arrivait, tout ce qui était arrivé. Le docteur l’avait mis en garde. Tout ça n’était pas néfaste pour lui mais ce n’était pas bon pour autant, il fallait être vigilant.

« Ne te blâme pas pour des choses que tu ne peux et ne pourras pas changer. On tient quelque chose de gros là ! », fit-elle en pointant du doigt l’ordinateur. « C’est pas le moment de perdre pied. Essaye de rester positif, il y a peut-être des informations qui pourront nous servir pour la suite. »


Spoiler:


« Je dois la retrouver Priscilla. Je dois savoir, je dois m’expliquer avec elle. Je veux voir ce que je n'ai pas vu. Je veux plus être le boulet de personne… Je veux la retrouver et m’assurer qu’elle aille bien. Je… », dit-il en ignorant ce qu’elle venait de lui dire.

Priscilla avait les bras ballants et frottait ses paupières d’un air exaspéré mais avant qu’elle ne puisse réagir il ajoutait immédiatement.

« Je sais qu’elle m’a abandonné. Je sais bien tout ça et je sais ce que tu en penses déjà mais… Je ne sais pas comment t’expliquer ça… J’ai l’impression de l’avoir laissé tomber. Tu comprends ? Elle s'apprêtait à partir et je lui ai proposé mon aide, je lui ai demandé de rester en lui assurant que tout allait bien se passer. Et au moment où elle avait sûrement le plus besoin de moi, tu sais ce que j’ai fait ? »

Priscilla secouait la tête, plus intensément qu’elle aurait voulu le faire. Ce n’était pas une histoire qu'elle souhaitait entendre et son geste s’était légèrement emporté dans l’élan de sa négation. Mais Cole avait besoin d’en parler et, malgré elle, elle allait devoir l’écouter.

« J’allais la dénoncer. J’allais appeler la sécurité. Si Angel avait décroché ce soir-là, Shaélynn serait probablement en prison à cette heure-ci. »

La jeune femme balayait soudainement des deux mains comme pour esquiver les propos de Cole.

« Attends, attends… Oui mais Cole… Tu te doutes bien que ça ne peut pas bien se terminer cette histoire ? Il faudra tôt ou tard qu’elle assume les conséquences de ces actes. De l’espionnage industriel… Biosyn, elle et tous les autres. Ils vont bien devoir payer leurs actions. »

Elle marquait une pause et cherchait dans le regard de Cole une réponse qui allait en ce sens.

« Tu t’en rends bien compte de ça j’espère ? », fit-elle en fronçant les sourcils.

Mais pour son plus grand désarroi, il semblait hésiter avant de lui dire finalement :
« Et si ce n’était pas aussi simple que ça ? »
« Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? », s’offusquait-elle.
« Je ne sais pas… J’ai l’impression que c’est plus complexe que ça… Elle m’a dit que Biosyn était venu la chercher, qu’ils s’étaient au final bien foutu de sa gueule… Elle m’a fait comprendre qu’ils n’hésitaient pas à couvrir leur arrière. »

Il cherchait à son tour dans son regard un signe qu’elle comprenait là où il voulait en venir puis poursuivait.

« Je ne sais pas trop. J’ai l’impression qu’ils ont un truc sur elle, qu’ils lui ont fait du chantage ou qu’elle a été manipulée… Je ne sais pas… »

Priscilla voulait prendre des pincettes pour ne pas le brusquer parce qu’il ne fallait tout de même pas oublier qu’il sortait tout juste d’un long séjour en thérapie. On pouvait le dire, qu’il le souhaite ou non, il était à fleur de peau. Mais elle perdait légèrement patience. Peu importait combien elle pouvait être compréhensive, elle perdait clairement patience et cela se faisait immédiatement sentir dans sa voix.

« Cole, Cole ! Stop ! Comment peux-tu savoir si elle t’a dit la vérité ? Pourquoi elle n’aurait pas dit juste ce que tu voulais entendre pour que tu la laisses partir tranquillement ? », elle marquait une courte pause pour qu’il accuse ces questions et comme pour le secouer, elle ajoutait. « Cole ! Enfin ! Elle est soupçonnée du meurtre de John Hammond ! Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?  », fit-elle avec incompréhension et colère.

Le visage de Cole changea instantanément, il devint rouge écarlate et le ton monta désormais à la hauteur de leurs émotions.

« TU N’Y ÉTAIS PAS ! », s’écriait-il. « TU N’ÉTAIS PAS LÀ ! Tu ne sais pas comment ça s’est passé ! », accusait-il d’un doigt dans sa direction.
« AR-RÊ-TE DE CRIER ! », vociférait-elle en accentuant les syllabes


Musique :
Spoiler:


Priscilla poussait ses poings vers le sol en soufflant un râle exaspéré. Elle le savait, elle devait elle-aussi être actuellement rouge de rage. Ses yeux s’emplissaient de larmes de colère et perçaient de part en part Cole dont le regard semblait aussi sombre et accusateur que le sien. Un nouveau silence pesant s’installait dans le salon avant que le jeune homme ne le brise à nouveau.

« On ne sera jamais d’accord sur ça. », tranchait-il.
« Non, clairement pas ! », pouffait-elle d’une voix tremblante et sarcastique, au bord du sanglot.
« … Qu’est-ce que tu veux faire… ? », dit-il d’un air fataliste.
« Ça ne change rien à tout ce que je t’ai dis… Tant que tu acceptes que jamais… », elle posait un doigt sur son torse et tapotait comme pour lui faire entrer cette information définitivement. « Ja-mais je ne prendrais cette femme en pitié ! »

Cole attrapait son doigt de sa main et le secouait légèrement comme pour conclure un marché.

« Deal. Je t’ai jamais demandé de le faire. Tant que tu comprends pourquoi je fais tout ça. Si tout ça pour toi n’a aucun sens et que je fais ça pour rien… », dit-il en laissant planer le reste de sa phrase.

À nouveau, le ton était descendu aussi vite qu’il était monté. Priscilla, les yeux encore humides, les frottait de sa main libre. Avant qu’il n’ajoute quoi que ce soit, elle le coupait d’un ton froid.

« Deal. Ne me le demande pas. », dit-elle franchement. « Je t’ai toujours soutenu, je t’ai toujours couvert et tu sais très bien que j’ai été la plus compréhensive quand tu en avais besoin. », ajoutait-elle sans se justifier davantage.

Il n’y avait pas besoin de le faire. Il savait qu’elle disait vrai et encore aujourd’hui c’était le cas puisqu’elle avait rappliqué immédiatement quand il l’avait appelé. Lui se permettait encore d’être injuste et ingrat avec elle.

“Quelle conne !”, se dit-elle dépitée.

Nouveau râle de colère. Elle ne se contenait plus. Elle avait envie de le gifler. Elle fit volte-face et contourna la table basse en attrapant son ordinateur. Puis, elle se dirigeait vers sa chambre d’un pas lourd et déterminé.

« Priscilla… », entendit-elle dans son dos.

D’un air las et sans se retourner, elle se contenta de lui répondre.

« Il est déjà tard. Laisses moi tranquille Cole, j’ai besoin de réfléchir. », dit-elle calmement en refermant la porte de la chambre derrière elle.

Elle déposait l’ordinateur sur son bureau puis se dirigeait vers son dressing d’où elle sortait une couverture et un vieux coussin. Elle retournait ensuite à nouveau dans le salon et déposait en silence sur le canapé ce qu’elle avait en main sous le regard désolé de Cole. Il était resté debout l’air idiot et elle ne pouvait pas le blâmer pour ça, certainement pas aujourd’hui.

« Priscilla, attends… »
« Bonne nuit. », soufflait-elle en le coupant.

Puis elle réitérait le même manège avant de soupirer lourdement. Demi-tour et porte fermée. Elle avait l’impression que de l’air s’était accumulé et était resté bloqué dans sa poitrine qui lui brûlait la peau. Elle récupérait l’ordinateur et se glissait dans son lit. Le blog pourri de Shaélynn était encore ouvert sur son ordinateur et elle soufflait à nouveau d’un air exaspéré rien qu’en le voyant.

Pourquoi est-ce qu’elle s’infligeait tout ça ? Pourquoi avait-t-il fallu qu’elle tombe amoureuse de ce mec ? Pourquoi lui ? Pourquoi pas un type normal ?

“Pourquoi lui ?” pensait-elle en regardant la porte qui donnait sur le salon.

Elle détachait ses cheveux et posait son élastique sur la table de chevet avant de pousser un nouveau soupir.
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Cole Hudson
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MessageSujet: Re: Perspectives   Perspectives EmptyVen 10 Nov 2023 - 21:18

Musique :
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Cole était à nouveau installé sur le canapé mais il s’était entouré de la couverture que lui avait donné Priscilla. Il tirait une tête d’enterrement et venait tout juste de reprendre l’ordinateur sur ses genoux mais son regard était plongé dans le vide.

Combien de temps était-il resté dans cet état végétatif ? Quelle heure était-il ?
Un coup d'œil machinal lui indiquait 21h30, à peine.

Il avait entendu l’interrupteur de la chambre et avait décidé de l’imiter. Pourtant, elle était encore connectée sur le doc partagé. Elle venait tout juste de mettre le lien du tumblr de Shaé sur le drive et venait d’écrire “Cameron” accompagné de la photo qu’ils avaient trouvé plutôt. Attrapant le train en marche, Cole ajoutait ensuite quelques éléments supplémentaires.


—--------------------------

Cameron
Nom : inconnu
Âge : inconnu

Biosyn, espionnage industriel
Ami d’enfance ?
Université de Berkeley
2012 : Réunion des avocats, James Higgins Farbs

Disparu ? Mort ?

Université de Berkeley : Lien Biosyn ?

—--------------------------


Cole se retournait machinalement vers la porte de la chambre et voyait une lueur blanche s’échapper sous l’interstice. Priscilla travaillait encore sur le document malgré la dispute qu’ils venaient d’avoir. Elle ne pouvait pas s’en empêcher, quand elle avait une idée en tête, on ne lui enlevait pas.

Le jeune homme eut un sourire en coin qu’il effaçait assez rapidement compte tenu de la situation.

En ce point, ils étaient relativement similaires. Ils étaient tous les deux impulsifs et têtus, ce qui ne facilitait en rien les conflits et les désaccords. Les discussions sur de tels sujets devenaient compliquées, fastidieuses et usantes. Sur de nombreuses choses et de manière générale, la jeune femme était intransigeante voire virulente. Cette dispute témoignait d’ailleurs de sa poigne et de son caractère. Mais, encore une fois, il ne pouvait pas la blâmer. Bien sûr, les points qu’elle avait pointés du doigt étaient pas moins sensés que ce qu’il avait évoqué lui-même mais les conclusions hâtives ne devraient alors pas être tirer plus dans un sens que dans l’autre. Cole avait simplement perdu son sang froid et il s’en voulait déjà.

Évidemment qu’il y avait déjà pensé à tout ça. Évidemment qu’un seul de ses mensonges remettait absolument tout en question. Mais il le répétait encore une fois, Priscilla n’était pas là quand tout ça s’est passé. Tout aurait pu se dérouler autrement. Cole avait été trop près de la vérité, elle aurait pu couvrir ses arrières et le tuer comme Shivak l'avait mis en garde. Non, au lieu de ça, elle lui avait fait de nouvelles révélations.

Comment remettre alors en question les seuls points de stabilités dont il disposait ?

Il soupirait et se plongeait à son tour sur le blog de l’ancienne paléobotaniste pour se changer les idées. Surtout pour s’occuper l’esprit car les idées restaient malgré tout assez fixes.




Une demi-heure plus tard, une liste exhaustive de quelques prénoms trouvés sur le tumblr s'alignait désormais sur le document. Ainsi : Teagan, Mandy, Noah et enfin, Cameron.

La première était une jeune femme blonde avec qui Shaélynn avait visiblement été dans l’équipe des cheerleaders. Teagan était plus grande qu’elle. Elle affichait un sourire éclatant. La description laissait entendre qu’il s’agissait de leur dernier entraînement ensemble avant le départ de Teagan. Rien de suspect. Si on considère et accepte le fait que Shaélynn était cheerleader. Les deux jeunes filles étaient assez proches pour partager la même couleur de cheveux. Quant à son départ, l’étendu des raisons et du pourquoi était trop vaste pour tenter de s’y pencher réellement, en tout cas pour le moment.

La seconde, Mandy, était une jeune femme d’origine hispanique au look particulier. Elle était largement plus petite que l’ancienne paléobotaniste, de presque une tête. Les photos peignaient une relation solide et une amitié sincère. Sur l’une d’entre elles, Cameron était également présent et la description mentionnait “ses deux gnômes préférés”. La proximité avec la jeune femme et la présence de Cameron suscitait au moins la question légitime de “Biosyn ?”.

Le troisième, Noah Williams, était le même type qu’il avait trouvé un peu plus tôt, le premier de la promo de biologie végétal. Si la photographie effectuée pour la fin d'études montrait une certaine rivalité bien présente, les autres montraient une relation saine et complémentaire. Visiblement, elle et lui avaient été en couple pendant une longue période de leurs études. Rien n’indiquait que leur relation s’était arrêtée. Pourtant, rien n’avait indiqué qu’elle et lui étaient encore ensemble quand Shaélynn avait rejoint InGen. Cole se demandait alors si la jeune femme l’avait quitté à cause de Biosyn ou si la raison de leur séparation était tout autre.

Quoi qu’il en soit, creuser dans la vie étudiante de Shaélynn lui en apprenait de plus en plus sur elle et sur la personne qu’elle avait été durant cette période de sa vie.

Est-ce que c’était le but de ses recherches ?

Pas vraiment.

Pour autant, il avait l’impression que ça l’aidait à dessiner un caractère et une personnalité de la personne avec qui il avait vécu. Si cela ne répondait pas entièrement à la question “Qui était Shaélynn Moore ?”, ça l’aidait clairement à se faire une idée de la construction de la personne qu’elle avait été avant tout ça, à ce qui avait pu l’influencer dans les choix qu’elle avait effectué par la suite.

Ce n’était qu’une enfant, une adolescente qui se cherchait et qui avait été influencée, manipulée par des personnes sans scrupules. De toutes ces photographies, aucune ne montrait autre chose qu’une gamine partageant sa vie sur les réseaux sociaux et Cole avait des raisons de croire que ce n’était pas seulement une couverture.

Shaélynn était une adolescente heureuse et épanouie.

Mais peut-être que c’était ça la clé.

Comment une jeune fille venant de perdre son père, sa maison et toutes ses possessions peut se retrouver avec un sourire pareil après seulement un an passé dans cette faculté ?

Comment une jeune fille ayant perdu toute la fortune familiale pouvait payer des frais de scolarité s’élevant au minimum à 10.000$ annuel ?

Peut-être que ce sourire trahissait déjà l’espoir et l’avenir que Biosyn venait de lui offrir ?

Celui d’une jeune femme ayant tout perdu, se trouvant au fond du trou et cette main lumineuse tendue par une entreprise florissante et plus qu’encourageante dans le domaine de la génétique.

Cole le savait, il avait mis le doigt sur quelque chose de capital.

Et si Shaélynn avait rejoint Biosyn avant de rejoindre l’université, qu’est-ce que cela impliquait ? Qu’est-ce que ça voulait dire de toutes ces personnes ?

Avait-elle vécu des années scolaires plus que classiques ?

Et si Cameron était un agent de Biosyn aussi, est-ce que Teagan, Mandy et Noah étaient eux aussi impliqués ? Devait-il creuser dans la vie de ces personnes aussi ? Mais quel serait le but de cette entreprise difficile ?

Plus les pièces du puzzle s’assemblaient et plus les pièces semblent nombreuses.

Très nombreuses.

Trop nombreuses.

Cole poussa un nouveau soupir et s’étira en reculant contre le dossier du canapé. Il posait ses deux bras derrière sa nuque en contemplant un instant le plafond.

Quelle heure était-il ?

Il ne daignait pas la regarder sur l’ordinateur dont le souffle des ventilateurs brisait le silence de la pièce. Priscilla semblait avoir éteint il y a déjà un moment et le jeune homme ne parvenait toujours pas à décrocher, certainement encore pour ne pas penser à leur dispute.

Tout ce qu’elle avait déjà subi par sa faute, toutes les conneries qu’il avait faites. C’était presque ridicule qu’elle soit encore là aujourd’hui, a commencé par le travail, bien entendu, mais il y avait eu les crises, les épisodes, les colères, la maladie, l’hôpital, on en passe et des meilleurs. Encore aujourd’hui, il s’était emporté et il avait été abjecte avec elle. Mais malgré tout, elle ne l’avait pas viré de chez elle. Elle l’avait simplement remis à sa place, comme elle savait si bien le faire quand il dépassait les bornes.

Tout ça tournait en boucle dans sa tête. Ça tentait de tisser les fils et de recoller les morceaux, ça tentait malgré son esprit vagabond de reconstruire une histoire qui n’était pas la sienne mais tout lui semblait d’une complexité qui le dépassait.

Après quelques instants seulement, Cole avait finalement fermé l’ordinateur, avait changé son jean pour un jogging à son tour et s’était allongé complètement sous la couverture. Elle avait un parfum agréable de fleurs qu’il ne parvenait pas à identifier. C’était terrible comme une simple odeur pouvait ramener à un souvenir précis, comment quelque chose d’aussi banal pouvait marquer un esprit suffisamment pour qu’il ne reste à jamais graver. Cole essayait de se remémorer ce que Shaélynn avait dit le soir de son départ, le soir où elle n’avait plus aucun secret et plus aucun filtre. Tant de choses s'étaient déjà passées depuis. Pourtant, des bribes de leur dernière conversation lui perçaient les tympans.


“Ils m’ont isolé de tout ceux qui m’étaient chers dans leur locaux…”


Ces phrases résonnaient dans sa tête comme un écho douloureux. Des souvenirs qu’il ne préférait habituellement pas ressasser mais qui ne cessait de le ramener à la réalité.


“...Biosyn m’a abandonné après avoir prétendu être ma famille”


Shaélynn s’était vu confier une mission qu’elle avait certainement mené à bien. Une fois celle-ci effectuée, elle n'avait plus eu de nouvelles, elle n’avait plus rien. Et comme toute personne ne vivant que pour un seul objectif, une fois celui-ci accompli, elle s’était attribuée une nouvelle mission.


“La seule chose que j’ai à disposition c’est ma vie…”


Cole aurait pu ce soir-là donner la sienne pour elle mais elle avait fait ses choix. Au fond de lui, il le savait. Il aurait tout fait pour elle. Il avait tout accepté avec une facilité déconcertante, il avait accepté Shaélynn dans son intégralité et peu lui importait ce qu’il allait découvrir par la suite. Mais dos au mur, prise au piège, celle-ci sentant l’étau se refermer sur elle, elle avait fui et disparu à tout jamais. Biosyn avait été une famille pour elle mais la personne qui la dirigeait s'était assuré qu’elle perde à nouveau tout.



“Quand les personnes pour qui je travaillais m’ont lâché, je suis restée.
Et ça n’avait rien à voir avec la mission qu’on m’avait donnée. Je t’aime.”



Et lui, il n’avait pas été à la hauteur.

Il n’avait pas su lui montrer à quel point elle était importante pour lui.

Il n’avait pas su la garder.

Il n’avait pas su lui montrer qu’elle l’avait lui.

Il n’avait été qu’un poids pour elle.

Il n’avait pas su la protéger.

Où était-elle maintenant ? Comment s’en sortait-elle ? Que faisait-elle actuellement ? Était-elle seule ? Avait-elle rejoint Biosyn ? Était-elle seulement encore en vie ?

Oui, il avait été anéanti par les révélations qu’elle lui avait faites ce soir-là mais, au fond de lui, il avait aussi été soulagé. Pendant le court lapse de temps où il avait découvert la véritable Shaélynn, il s’était senti libéré d’un poids et d’un fardeau qui lui avaient longtemps pesé. Il avait découvert ce jour-là qu’il n’était pas seul. La solitude était donc un mal qu’il n’était pas seul à subir. Et si ce n’était pas que lui qui subissait ce mal alors il était possible de le combattre. Sa naïveté avait cru qu’il allait pouvoir le faire avec elle et elle l’avait abandonné à ce moment crucial de sa vie.

À l’instar d’Icare, Shaélynn l’avait catapulté près du soleil sans rien pour se défendre. Il avait été aveuglé, brûlé et avait chuté dans les profondeurs. La solitude l’avait alors rattrapé. Elle s’était vengée. Elle l’avait bouffé, maché, mastiqué, digéré longuement à l’acide. Toutes les minutes, tous les jours. À chaque instant. Tout le temps.

Shaélynn lui avait fait goûter l'espoir et la joie de vivre avant de tout lui retirer d’un coup d’un seul.

Oui, elle l’avait anéanti mais au fond de lui il savait qu’elle l’avait fait dans la contrainte et l’urgence. Il savait qu’elle n’avait pas eu le choix et cela rendait son geste encore plus terrible.

Le court lapse de temps où il avait eu en face de lui la vraie Shaélynn lui avait donné envie de la découvrir davantage. Il savait aujourd’hui que rien ne serait plus pareil mais une part de lui savait aussi qu’il aurait apprécié cette femme.

Cole pouvait compter sur le doigt d’une main les personnes qui lui étaient - et avaient été - chères pour lui et deux d’entre elles avaient tragiquement disparu de sa vie du jour au lendemain. Aujourd’hui, il ne lui restait plus que Priscilla et lui semblait s’engager à faire tout capoter dès que possible. C’était comme si involontairement il n’acceptait plus que quelqu’un l’approche, de peur qu’on l’abandonne de nouveau.

Lui, il n’avait pas pu abandonner Josh. Il était resté avec lui jusqu’à la fin. Et, qu’il le veuille ou non, car c’était plus fort que lui, il en serait de même avec Shaélynn.

Qu’il le veuille ou non, une part de lui se promettait qu’il la retrouverait et que cette fois il la protégerait.

Cette fois, il n’échouerait pas.

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Priscilla Kensington

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MessageSujet: Re: Perspectives   Perspectives EmptyMar 14 Nov 2023 - 17:30

Ambiance :
Spoiler:



Priscilla était en fait plus énervée et frustrée que fatiguée. Mais de le voir travailler également sur le doc comme si de rien n’était avait fini par l’achever. Elle avait donc décidé de fermer l’ordinateur et tentait en vain de s’endormir. Une part d’elle avait envie de le comprendre, elle essayait vraiment mais une autre s’égosillait intérieurement à s’en faire un ulcère. Comment pouvait-il être aussi égoïste ? Comment ne voyait-il pas ce qu’elle ressentait pour lui ?


Et pourtant, l’espace d’un moment, ils avaient été bien, ils avaient même été très proches. Et pourtant, lui aussi lui avait avoué ce soir qu’il ressentait quelque chose pour elle. Mais quand il lui faisait des coups comme ça, ce n’était pas transcendant. Oui, on avait compris, elle avait été spéciale pour lui. Mais de là à lancer une véritable chasse à la sorcière - enfin en l'occurrence à l’espionne - était-ce bien nécessaire ? Et si elle avait été véritablement une espionne pour Biosyn, que InGen avait été incapable de la repérer, si elle avait les compétences que l’on pouvait prêter à sa profession - même si ça relevait de la science fiction que d’imaginer que “espion” était un corps de métier à part entière - ce n’était très certainement pas avec un diplôme, une vieille photo et un tumblr d’adolescente prépubère qu’ils allaient trouvé quoi que ce soit.

Comment savoir de toute façon ce qui était vrai de cette femme ? Pour peu qu’elle le sache, Shaélynn l’avait certainement mené en bateau et l’autre pataugeait encore dans le déni. Tu parles d’une thérapie ! C’était à se demander à quoi tout ça avait bien pu servir.

Priscilla se tournait dans le lit, encore une fois. Ce n’était très certainement pas comme ça qu’elle trouverait le sommeil. Elle avait vraiment espéré que ce long séjour à l’hôpital aurait clarifié certaines choses pour lui mais force est de constater que c’était malheureusement bien le contraire. Ça n’avait pas eu l’effet escompté, Cole était plus que jamais campé sur ses positions, complètement obsédé par l’idée folle de retrouver l’autre co…

« Rah ! Faut que je dorme… », chuchota-t-elle en tapant du talon sur le matelas en signe de protestation.

Elle tentait vainement de penser à autres choses mais tout semblait inlassablement le ramener à lui.

Le travail ?
Non… C’était son patron.

La France, ses études, sa rencontre avec Lili ?
Bien sûr que non… Lui et son stupide “bon appétit”.

L'Angleterre et son enfance ?
Non plus. Déjà parce qu’elle ne souhaitait pas penser à ses parents et à sa famille mais parce que même ça l’autre lui avait piqué. Elle ne voyait plus que son tumblr débile et les articles mortuaires des Moore.

Mais qu’avait-elle d’autres ? Hormis le travail, elle avait quoi dans sa vie finalement ?
On ne pouvait pas vraiment considérer la mode et le shopping comme une passion ou un hobby. Elle se donnait pourtant bien du mal pour être présentable en toute circonstance, probablement des restes de son éducation. Elle n'était pas particulièrement sportive non plus. Mais ce n’était pas les activités qui manquaient et son agenda bien rempli lui empêchait de toute façon de trop planifier sa vie personnelle. Alors pourquoi diable Cole Hudson occupait-il autant de place dans sa tête ?

“Peut-être parce qu’il est actuellement dans ton salon gourdasse !”, lui hurlait son subconscient.

« Rah ! », râlait-elle de nouveau en plaquant le haut du coussin pour se boucher les oreilles.

Priscilla ne parvenait pas à dormir. Elle somnolait, tout au plus. Un moindre son la réveillait. Une voiture qui dérapait dans la rue, le voisin qui imitait un groupe d’éléphant en marchant au-dessus d’elle, une sirène au loin, la pluie, etc. Elle entendit même son invité s’installer dans le canapé pour probablement s’endormir. Quel culot ! Il arrivait à dormir ?! Elle avait envie de se lever et de lui retirer la couverture pour l’en empêcher et le punir de cette injustice.


Musique :
Spoiler:


Mais après un manège qui dura malgré tout plus de deux heures, la jeune femme finissait enfin par s’endormir. C’était le genre de sommeil sans rêves où le lendemain on avait l’impression au réveil de n’avoir dormi qu’une dizaine de minutes. C’était le genre de sommeil qui vous rendait aigri et désagréable. Elle le savait pourtant qu’il n’était pas bon de se coucher en colère ou même stressé. Mais avait-elle réellement choisi cette situation ? D’une certaine façon oui et ça l’énervait encore davantage. Le pire qu’elle avait envisagé de cette soirée, c’était de finir au lit avec lui. C’était pas du tout son genre de faire ça et ça aurait déjà été terrible pour son égo. Mais imaginer une dispute à propos de son ex alors qu’ils n’étaient même pas ensemble et qu’ils étaient à peu près “rien” même, ça elle ne l’avait pas vu venir.

“Mais où tu vas comme ça…”, pensait-elle en se frottant les yeux, déjà dépitée de bon matin.

Elle attrapait son téléphone portable sur la table de chevet en s’étirant. Son t-shirt avait baillé suffisamment pour laisser entrer le froid contre son ventre. Elle frissonnait en se plaquant de nouveau sous la couverture. Elle déverrouillait son portable et commençait son petit rituel. D’abord, les mails. Il était 8h30 et déjà une trentaine de courriers électroniques s'entassaient dans sa boîte de réception, en enlevant déjà bien sûr les quelques spams et arnaques qu’elle avait reçus. Pas de messages, il était un peu tôt pour Lili. Cette garce lui avait envoyé un emoji clin d'œil dans la nuit. Si elle savait ce qu’il s’était véritablement passé, elle ne serait sûrement pas déçue du voyage. Elle l’entendait déjà lui dire qu’elle l’avait prévenu. Et oui, elle aurait raison. Elle lui avait bel et bien dit que c’était une très mauvaise idée.

Bref.

Inutile de s’en mordre les doigts, c’était fait maintenant.

Priscilla se redressait un peu plus sur le coussin au fur et à mesure que son corps se réchauffait. Elle prenait son téléphone et ouvrait temporairement l’application appareil photo d’une main pour constater les dégâts de la nuit et de l’autre main recoiffer quelques mèches sauvages avant de se lever. Elle se levait et soupirait avant de poser sa main sur la poignée. Ils n'étaient pas "rien", elle avait été un peu fort mais quand même... Elle entrait finalement dans le salon, elle avait l’impression de reprendre là où les choses s’étaient arrêtées hier soir. Enfin, ça aurait probablement été le cas si Cole avait été là.

« Sérieusement ?! », lâchait-elle à voix haute après avoir vérifié qu’il n’était pas à la salle de bain.

Il avait replié la couverture et avait débarrassé les derniers vestiges de leur dîner. C’était comme s’il n’avait jamais été là. Elle avait l’impression d’avoir été cambriolée. Elle avait presque envie de vérifier que son portefeuille était encore dans son sac à main. Il était littéralement parti comme ça, comme un voleur.

Soudain, son portable qu’elle avait glissé dans l’élastique de son jogging vibrait. Elle l'attrapa plus rapidement qu’elle l’aurait souhaité, comme si elle avait espéré une réponse providentielle à cette disparition. Mais non. C’était Lili qui la harcelait déjà pour avoir les ragots. Résignée à passer cet interrogatoire qu’elle allait devoir subir de toute façon tôt ou tard, elle se décidait à appeler sa meilleure amie. Elle se dirigeait dans le même temps vers la cuisine pour faire couler le café dont elle avait déjà bien besoin et qui lui ferait sans nul doute le plus grand bien.

« Allo ! », dit-elle d’un ton plutôt formel. « Moui et toi ? »
« Non, il est parti. »
« Bah non, c’est pas une connerie ! Il s’est vraiment tiré le con… »
« Bah si ! Puisque je te le dis ! », répondit-elle agacée.

Elle récupérait une tasse et le plaçait sur le réceptacle puis insérait une capsule tandis que son amie lui répondait en cherchant à comprendre ce qui avait pu mal se passer.

« Mais non, il s’est rien passé mais limite j’aurai préféré, je crois que ça aurait été moins pire pour le coup…. »
« Bah quoi ? »
« Pfff ! », soufflait-elle. « Mais non, tu sais bien que je ne l’aurais pas fait… »
« Mais Lili ! Rah t’es dégueu ! »
« Et ça te fait rire en plus ! », dit-elle plus fort pour tenter de couvrir les éclats de rire de sa copine.

Elle appuyait ensuite sur le bouton de la machine qui avait fini son cycle de chauffage et la vapeur chaude qui s’échappait de la tasse lui était déjà agréable dans les narines.

« Mais non ! Je te filerai pas son numéro, espèce de barjot ! »
« Oui bah c’est ça “tu plaisantes”! », dit-elle en mimant des guillemets, le portable callé contre son épaule, comme si elle se trouvait dans la même pièce qu’elle. « Je te connais, je sais comment ça se finit avec toi hein ! Et avec ton serveur, ça a donné quoi ?  »

Elle attrapait enfin sa tasse et se dirigeait vers le canapé où elle se laissait tomber nonchalamment.

« Oui mais enfin bon, faut que tu arrêtes ces applications aussi… Tu tombes que sur des creep et des weirdos ! »
« Roh mais abuse pas, c’est pas pareil ! T’es con ! »
, dit-elle en levant les yeux au ciel.

Soudain, un bruit sourd contre la porte la fit sursauter. Priscilla se tut un instant pour écouter puis se mit soudainement à chuchoter lorsque son amie, qui continuait de parler toute seule, n’eut aucune réponse de sa part.

« Oui, oui… J’suis toujours là mais… Attends Lili, j’ai entendu un bruit bizarre… »

Elle se levait donc lentement et s’approchait de l’entrée à pas de loup quand un bruit de serrure la fit de nouveau sursauter. Elle commençait à paniquer quand la porte s’ouvrit d’un coup. Nouveau sursaut, à deux doigts de faire demi tour en courant, elle fit tomber la tasse qui s’explosait à ses pieds. Elle hurla, un mélange d’horreur et de surprise.

« Cici ? Cici ?! », hurlait le téléphone qu’elle avait involontairement passé en haut-parleur.
« C’est rien Lili, je te rappelle ok ? À plus ! », bafouilla-t-elle à toute vitesse avant de lui raccrocher au nez.

« Mais Cole ! Putain ! Aïe ! », fit-elle en le regardant avec des yeux furibonds.

Elle regardait ses pieds qui baignaient dans le café bouillant et murmurait un “fais chier” à peine dissimulé. Cole était resté cloué sur place, horrifié dans l’entrée, les mains visiblement chargés. Il balbutiait des mots comme un bambin qui tentait de lâcher son premier mot.

Priscilla fit volte-face et se dirigea en clopinant vers la salle de bain pour passer rapidement ses pieds sous l’eau froide.

« Merde Priscilla, désolé… Je… Je voulais pas te faire peur… Excuse-moi ! », entendait-elle alors dans son dos.
« Mais merde, Cole ! Putain tu fais chier ! », dit-elle en ouvrant le robinet et en glissant ses jambes dans la baignoire.

Elle avait remonté son pyjama au-dessus de ses genoux pour ne pas le tremper mais elle eut mal au cœur quand elle vit que les revers n’avaient pas été épargné et étaient également tâchés.

« Je t’ai laissé un mot sur la table, je suis juste allé chercher du café et des viennoiseries… », dit-il penaud.
« Mais tu aurais pas pu envoyer un sms comme tout le monde ?! Et t’as pris mes clés en plus ! Aïe aïe… Fais chier… », fit-elle en se frottant les pieds inlassablement, les larmes aux yeux à cause de la douleur. « Mais Cole ! Sérieusement ?! »
« Je… Je suis désolé… Je suis désolé…», répétait-il. « Ça va… tes pieds… ? », lui dit-il depuis le salon d’un air hésitant.

Elle ne daignait pas se retourner et hurlait presque sur le pommeau pour ne pas croiser son regard de chien battu.

« Mais non ça va pas ! Je me suis brûlé et mon patron a piqué les clés de mon appart ! », elle marquait une courte pause avant d’ajouter. « Comment ça pourrait aller ? »
« Mais je t’ai pas piqué tes clés ! », s'offusqua-t-il. « Elles sont là ! », fit-il en les secouant dans sa main. « Et je te l’ai juste emprunté pour acheter… »
« Du café et des viennoiseries ! Ca va ! J’ai compris ! », coupa-t-elle sèchement.

L’eau coulait en continu sur ses pieds déjà rosis et douloureux. Finalement, rien de mieux pour commencer la journée qu’une frayeur et une brûlure au second degré.

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Cole Hudson
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MessageSujet: Re: Perspectives   Perspectives EmptyLun 20 Nov 2023 - 21:30

Musique :
Spoiler:


Priscilla était assise en tailleur sur le canapé et se massait les pieds encore rouges avec une crème hydratante. Elle n’avait évidemment toujours pas touché à son café ni aux viennoiseries et un silence presque morbide régnait désormais dans l’appartement. Entre ce qui s’était passé la veille et ce début de matinée catastrophique, Cole ne savait plus où se mettre. Il était assis à côté d’elle mais il semblait à des années lumières de la situation. Pourtant, et il le savait, c’était bien à lui de faire le premier pas après tout ça. Il avait clairement merdé sur ce coup là… Mais comment tout ça avait pu partir en vrille à ce point ?

Cole était devenu impulsif, il partait au quart de tour. Il le voyait bien, il le savait mais il ne le contrôlait pas le moins du monde. Il se mettait lui-même dans ce genre de situations délicates. Il ne pouvait que se blâmer, lui et personne d’autres. Certes, ça avait été peut-être un peu maladroit mais ça partait d’une bonne intention. Il n’avait pas souhaité lui faire peur, si elle ne s’était pas levée aussi tôt, tout aurait été parfait. Ils auraient dégustés ensemble ce café, il se serait excusé. Fin de l’histoire. Mais non, il fallait que tout soit compliqué…

Prenant son courage à deux mains, il inspira profondément et se lança finalement.

« Je… »

À peine avait-il commencé à parler qu’elle avait relevé la tête et le fusillait d’un air de défi. C’était plutôt attendu mais cela restait virulent, même pour elle. Cole ne se laissait pas démonter pour autant et poursuivait.

« Je suis vraiment désolé pour tout, Pris’... »

“Pris’ ?”, s'interrogeait-il.

D’où est-ce que ça sortait ? Elle aussi semblait surprise par l'appellation mais Cole fit comme si de rien n’était. C’était préférable de ne pas s’y arrêter davantage. Étant donné ce qu’il s'apprêtait à lui dire, ça n’avait pas trop d’importance. Il tentait de rester le plus stoïque possible tout en poursuivant.

« Je suis désolé pour hier soir, pour ce matin et pour tout en fait… Je… Je fais tout de travers… »

Elle levait les yeux au ciel l’air de dire que cela relevait de l’évidence et que cela ne serait pas suffisant d’une certaine manière. En même temps, qu’est-ce qu’elle pouvait répondre à ça, elle ne pouvait pas tellement dire le contraire non plus. Cole ramait déjà à bout de bras et elle n’allait très certainement pas l’aider. Néanmoins, c’était plutôt justifié non ?

« Je te l’ai déjà dit, tu le sais déjà. J’ai une confiance aveugle en toi et… Ça me fait terriblement peur. Parce que…  »

“J’ai déjà donné ma confiance à quelqu’un et elle a été brisée.”, soufflait une petite voix dans sa tête.

Mais les mots restaient bloqués sur ses lèvres. Cole n’arrivait pas à les prononcer et son interlocutrice, encore une fois, ne semblait pas décidée à l’aider sur ce point. Elle attendait patiemment la suite qui n’allait pas tarder à arriver de toute façon.

« Écoute… Je ne sais pas par où commencer… », mentait-il car la réponse était plutôt “comment” que “où”.  Il prit néanmoins une grande inspiration et se lança une bonne fois pour toute. « Je sais très bien que… Ce qu’a fait Shaélynn est horrible… J’en suis bien conscient… Je… Je sais qu’elle n’est pas une bonne personne… Et je sais que tout ça je te l’ai déjà dit, redit et re-redit encore et encore… Je sais bien. », concédait-il.

Elle acquiesça comme pour confirmer avec une certaine lassitude visible du sujet. Cole avait la gorge irritée, il pinçait ses lèvres pour les humidifer car il avait littéralement l’impression de sécher sur place.  Il continuait malgré tout.

« Je sais que ça ne justifie pas tout non plus… Mais il faut que tu comprennes, elle est arrivée à un moment de ma vie où j’étais au fond du trou et… avec les attentats du parc, tout ce qu’il s’est passé, on a vécu quelque chose de fort… »

Il se tournait dans sa direction, montait sa jambe pliée sur le canapé et glissait son pied sous sa cuisse pour trouver une position confortable. Il voulait véritablement lui faire face car ce qu’il avait à lui dire venait de son cœur et puisait toute son énergie. Cela lui demandait un effort mental et physique, ça cherchait dans les tréfonds de son âme, ça tirait à l’intérieur pour lui extirper les mots. C’était dire à haute-voix les vérités qui font mal, celles qu’on garde tout au fond de son esprit dans une malle qui normalement s’entrouve seulement, laissant passer un flot douloureux et déprimant. Normalement, elle déborde et s’entrouve toute seule de temps en temps quand on butait sur quelque chose qui nous y faisait penser. Aujourd’hui, Cole avait décidé d’ouvrir volontairement en grand cette malle et le résultat se marquait immédiatement sur son visage.

« Je ne sais vraiment pas comment te l’expliquer. Peu importe le temps que ça a duré avec elle… Sa rencontre a tout changé pour moi et vraiment… Une part de moi a envie de lui donner autant qu’elle m’a donné. Je ne sais pas comment t’expliquer mais je me sens redevable. Je… Ça va peut-être te sembler stupide mais grâce à elle j’ai découvert que j’avais le droit de ne pas être seul… »

Sans qu’il ne puisse comprendre vraiment pourquoi, elle avait les yeux humides et le regardait d’un étrange regard. Il s’aperçut bien vite qu’il avait lui-même des larmes au bord des yeux. Il se les essuya rapidement avec sa manche. Le sujet était beaucoup plus sensible qu’il ne l’avait pensé. Le flot l'assaillait déjà avec violence, le frappait ici et là. Sa poitrine se pinçait, son coeur se serrait, son souffle se coupait.

« Je… Je sais que tout ça est un peu particulier et que je suis parfois maladroit… »

Elle souriait brièvement en coin, toujours en soulignant l’évidence et il répondit d’un petit soufflement de nez.

« Mais je veux que tu saches que j’étais sincère quand je te disais que je t’appréciais beaucoup… »

Elle baissait un instant le regard puis croisait le sien, un léger sourire se dessinant à nouveau sur son visage. En réalité, il lui avait juste dit qu’il ressentait la même chose en assumant que c’est ce qu’elle avait voulu dire de son côté.

Est-ce qu’il avait tiré des conclusions hâtives ?

Et dans le même temps,  elle n’avait pas cherché à la contredire non plus. Elle s'essuyait encore un œil insistant et reniflait presque sans bruit. Cole profitait encore de son silence pour continuer, tant que la malle était ouverte il fallait en profiter.

« La vérité c’est que je n’ai jamais connu mes parents et que je n'ai pas vraiment eu une enfance facile. », Il marquait une pause pour reprendre son souffle et, une fois lancée, le reste sortait finalement tout seul.  « Je n’ai jamais eu de proches, je n’ai jamais eu de famille, je n’ai jamais eu de relations sérieuses. »

Cole semblait accuser le coup autant que Priscilla le faisait à cet instant. Encore une fois, ce n’était jamais facile de dire à haute voix une vérité aussi factuelle, triste et lourde que celle-ci. Elle venait de lui faire l’effet d’une corde à linge, d’un coup de genoux dans le ventre. Souffle coupé directement, il avait presque envie de porter ses mains à son cou et à son cœur tellement le choc était violent. Cette vérité, elle était certes compliquée à appréhender, elle était aussi compliquée à expliquer ou même à justifier. Mais elle était bien réelle.

Et puis, qu’est-ce qu’il y avait à justifier réellement ?

C’était juste comme ça.

« Ça a toujours été comme ça, moi et moi seul. J’ai toujours été seul, je me suis toujours débrouillé seul et je pensais que quoi qu’il advienne je  ne méritais pas mieux que ça. Et… Shaélynn a changé ça. Et… et… Grâce à elle, je sais aujourd’hui que c’est faux. Tu… Tu comprends ce que je veux dire ? »

Elle balbutia quelques choses entre ses lèvres mais Cole ne lui laissa pas le temps de trouver les mots. Les siens étaient déjà là, il n’avait plus qu’à ouvrir la bouche pour le flot continue.

« Ce que j’essaye de dire c’est que sans elle je ne saurais même pas ce que je ressens pour toi. Et tu… Tu es quelqu’un de très important pour moi et… et…. J’ai besoin de toi. »

Cole se sentait faible et fatigué mais il était aussi soulagé d’avoir pu prononcer ces mots. Il tentait de refermer calmement la malle et de la pousser un peu plus loin au fond mais ce n’était pas une chose aisée à réaliser. Une larme qui avait réussi à faire son chemin sur sa joue glissait lentement et, encore une fois, il s’empressait de l’effacer d’un revers de poignet.

Le silence s’installait dans le salon. Soudain, la ville semblait elle-même les écouter et leur offrait l’espace d’un instant l’intimité dont ils avaient besoin. Et cela donnait immédiatement un poids supplémentaire sur les mots qu’il venait de prononcer. Il ressentait à la fois une délivrance mais une part de lui était doucement en train de paniquer. La peur de perdre la seule personne qui était restée pour lui, la seule personne qui l’avait écouté, accompagné et aidé. La seule personne qui restait dans sa vie.

Dès qu’il avait eu ses révélations à l’hôpital, il avait instantanément pensé à elle. C’est lui qui l’avait appelé et qui l’avait de nouveau impliqué dans ces histoires. Après tout ce qu’il lui avait fait subir, il lui devait bien des explications. Elle ne méritait pas son comportement de la veille, elle ne méritait pas toutes ses conneries qu’il lui avait fait endurer. Tout comme lui ne méritait pas son amitié, sa gentillesse et son aide.

Mais il avait beau lui avoir présenté des portes de sorties, des échappatoires, un moyen de s’échapper de tout “ça”, volontairement ou involontairement encore une fois, elle ne faisait que de revenir. Elle était toujours là.

Et d’un côté, avait-il le droit d’essayer seulement de lui rejeter la faute ? Avait-il le droit de la rejeter tout simplement ?

Lui qui avait tant de fois demandé son aide, avait-il le droit de lui dire qu’elle pouvait partir après lui avoir ouvert son cœur, montrer sa détresse et sa solitude ? Et avait-il le droit de fuir après lui avoir révélé ses sentiments ?  

Est-ce que ce n’était pas injuste ?

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MessageSujet: Re: Perspectives   Perspectives EmptySam 25 Nov 2023 - 22:58

Musique :
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Elle n’avait pas su prononcer un seul mot, elle était juste restée bloquée. Elle ne savait pas quoi lui répondre, elle ne savait pas quoi lui dire. En vérité, il n’y avait rien à dire vraiment. Elle avait juste été profondément touchée par ses mots, elle avait été émue.

Tout lui semblait désormais plus clair, elle avait l’impression de comprendre un peu mieux qui était Cole Hudson.

Shaélynn n’était pas la clé, elle n’était ni la solution, ni le problème. C’était Cole et uniquement Cole. Elle, elle avait simplement été là pour lui à un moment où il en avait besoin. Elle n’avait rien eu à faire de spécifique. Elle ne l’avait pas amadoué, elle ne lui avait pas jeté un sort, elle ne l'avait pas envoûté. Elle n’avait rien eu à faire en réalité et c’était probablement ça qui lui avait facilité la tâche. C’était probablement pour ça qu’il avait été choisi comme poule aux œufs d’or par Biosyn. Cole avait été une proie facile, une cible inévitable, une victime ni plus ni moins.

Mais alors, est-ce qu’il ne se voilait pas la face ? Car selon lui, elle avait été sincère, en tout cas avant son départ. Peut-être que la naïveté et la fragilité de l’américain avait fini par toucher la paléobotaniste ? Mais pouvait-on réellement se contenter d’un “peut-être” ? C’était triste à dire et ça lui faisait mal au cœur de penser ainsi mais devait-elle se fier entièrement aux dires d’une personne malade ?

Bien entendu, Priscilla était partagée et elle aurait été folle de ne pas l’être mais une part au fond d’elle avait envie de le croire. Oui, elle avait terriblement envie de le croire. Lorsqu’on le voyait, lorsqu’il vous parlait, Cole avait cette puissance, il avait cette faculté à vous transmettre ses émotions. Il avait ce pouvoir de persuasion, cette franchise et cette sincérité qui faisaient que vous aviez envie de le croire, quoi qu’il vous dise, que vous aviez envie d’être de son côté, quoi qu’il advienne. Et en ce sens, on pouvait très certainement comprendre pourquoi il avait grimpé aussi vite les échelons au sein de la compagnie. Il avait été à la tête de sa propre entreprise et pouvait comprendre son fonctionnement, ses difficultés et ses compromis. Cole avait en soit tout d’un leader et d’un bon manager mais à la manière dont il se comportait, il était probablement le seul à ne pas le savoir.

Cole Hudson était quelqu’un de seul et le problème lorsqu’on grimpe les échelons aussi vite que lui, c’est que l’on se retrouve rapidement seul au sommet. Encore seul, toujours plus seul.

Encore une fois, Shaélynn avait été là pour lui à des moments compliqués de sa vie. Et peut-être que d’une certaine façon, comme elle aujourd’hui, elle n’avait pas eu la force de l’abandonner. Peut-être que comme elle, elle s’était laissée entraîner par la détresse de cet homme. Car aujourd’hui, Priscilla ne se reconnaissait pas. Elle faisait des choses qu’elle n’aurait jamais faites auparavant. Elle avait posé sa semaine pour l’aider à chercher un appartement, pour l’aider même dans ses recherches, à moindre mesure. Pourquoi est-ce qu’elle avait fait ça ? Elle ne prenait jamais de vacances, jamais de jours de congés, jamais de télétravail. Elle vivait globalement pour ce travail et voilà qu’elle prenait tout une semaine d’un coup, sur un coup de tête.

“Mais qui êtes-vous ? Je ne vous connais pas !”, pensait-elle en se regardant dans le grand miroir de son dressing.

Aujourd’hui, cela faisait trois jours qu’il avait prononcé ces mots et encore maintenant elle était bouleversée. Elle avait tout simplement craqué. Elle l’avait prise dans ses bras et s’était excusée alors qu’elle n’avait rien fait de mal, elle n’avait rien à se reprocher en soit. Il le lui avait dit d’ailleurs mais elle l’avait à peine écouté. Ce contact physique, la sensation qu’il lui procura, ce qu’elle ressentit à ce moment précis. C’était à cet instant qu’elle sut véritablement qu’elle l’aimait vraiment, elle ne pouvait plus se le cacher. Son odeur, sa chaleur, sa peau, sa douceur, ses mains autour d’elle. Elle s’était sentie rassurée, libérée. Elle ne contrôlait plus rien, elle avait lâché prise. Elle avait eu l’impression que tout son stress s’était soudainement envolée, comme si tout serait désormais plus simple après cette étreinte.

Spoiler:


Trois jours plus tôt…



« Co… Cole, je… Je comprends… Je suis vraiment désolée… », bafouilla-t-elle finalement au bout d’un moment en sanglotant légèrement.

Pourquoi s’excusait-elle ? C’était bien naturel de le faire dans ce genre de situations non ?

Non, ce n’était pas juste ça. Elle se sentait bizarre, elle avait l’impression que quelque chose avait pris possession de son corps et se lançait dans l’incroyable idée de lui faire faire n’importe quoi.

Elle se voyait agir et bouger mais elle n’avait pas l’impression de vraiment le faire. Et donc, la seconde suivante, son corps se pencha vers l’avant et se jeta dans ses bras pour l’enlacer. Elle ne s’était pas contrôlée, elle ne se contrôlait plus.

D’abord surpris, Cole ne bougea pas sur le moment puis finit à son tour par entourer ses bras autour d’elle. Il posait ses mains sur son dos, elle posa sa tête contre son épaule. Il la rapprochait contre lui, elle serrait ses bras aussi forts qu’elle le pouvait. Elle entendait son cœur battre la chamade, des larmes coulaient sur ses joues sans qu’elle ne cherche à les rattraper.

Pourquoi est-ce qu’elle pleurait ? Qu’est-ce qui lui prenait ? Qu’est-ce qu’elle était en train de faire ?

Elle ne s’était jamais vue comme ça. Elle n’était pas du genre à se laisser aller comme ça. En réalité, elle n’était habituellement pas du genre à pleurer. Elle gardait toujours le contrôle, elle restait toujours dans les rangs. Elle ne faisait pas ce genre de choses.

Mais qu’est-ce qui lui arrivait ?

Et pourtant, ses larmes étaient agréables. Pleurer lui faisait du bien. Toutes les émotions semblaient s’en aller, toute la rancœur, tout le stress, tous semblaient glisser sur ses joues et s’évaporer pour de bon. Elle pensait évidemment à lui, à ce qu’il venait de lui raconter mais elle pensait aussi à sa propre famille, elle pensait à celle que Cole n’avait pas connu. Elle pensait à tout ce qu’elle avait vécu, à son enfance et à la chance qu’elle avait eu. Elle pensait inévitablement aux souvenirs qu’elle avait et ceux que Cole n’aurait jamais.

« Tu n’as rien à te faire pardonner, tu n’as rien fait. C’est moi, c’est ma faute. Je suis désolé Priscilla. », chuchotait-il.

Sa voix et son souffle sur son oreille lui donnaient un frisson dans le dos. Son odeur était agréable, sa peau était douce. Elle aurait bien pu rester encore un peu plus longtemps dans ses bras si sa conscience ne lui disait pas que ça devenait un peu long comme étreinte, justement. Elle relâcha ses bras et le regarda dans ses yeux qui étaient aujourd’hui presque d’un bleu aigue-marine. C’était plus fort qu’elle, elle lui attrapait la main, elle avait besoin de ce contact. Elle se rendait compte que depuis tout ce temps ce contact lui avait manqué et elle avait l’impression qu’elle ne pourrait plus s’en passer.

Au fond, elle savait pourquoi elle pleurait. La solitude de Cole la plaçait inévitablement face à la sienne. La différence est qu’elle avait choisi d’être seule, elle avait tout fait pour être seule. Elle avait abandonné ses amis et sa famille en Angleterre, elle avait abandonné sa mère. Elle avait fui dans un autre pays pour échapper à tout ça et être enfin seule. Pour pouvoir vivre seule et décider seule.

Cole n’avait pas eu le choix. Il avait subi la solitude et avait simplement vécu avec ce bagage lourd sur les épaules.

Mais malgré sa fuite, elle avait encore des amis, elle avait encore Lili. Elle avait beau fuir à l’autre bout du monde, elle avait encore des gens sur qui compter. Elle avait ses collègues de boulot, elle avait son travail. Il y avait quoi qu’il advienne toujours du monde pour et derrière elle.

Cole, lui, était seul. Il n’avait pas de famille, il n’avait pas de parents, il n’avait pas de proches. Il n’avait pas d’alternatives. Il n’avait personne.

Elle avait en face d’elle un homme que tout le monde adorait mais dont personne ne se préoccupait, que personne n’aimait.

Cole Hudson était seul au monde.

Il était resté suffisamment seul pour même penser qu’il ne méritait que ça, pour penser que c’était normal sans pour autant le comprendre ou l’accepter.

Au plus profond d’elle, elle ressentait ce besoin de combler le vide qui habitait son cœur.

« Je… »

Elle marquait une pause d’un soupir en s’apercevant qu’elle avait tout ce temps oublié de respirer puis elle reprenait son souffle un instant avant de finalement se lancer véritablement.

« Tu peux rester chez moi… », prononçait-elle d’une seule traite, avec une certaine forme de soulagement, comme si les mots avaient été compliqués à dire.
« Qu…Quoi ? », bégayait-il, pris au dépourvu.

Ça, elle aurait dû le voir venir. En même temps, ça sortait de nulle part et puis sans contexte sa phrase voulait tout et rien dire. Elle repassait donc à l’attaque sans plus attendre.

« Le temps que tu te trouves un appart’, quelque chose de mieux qu’une chambre d’hôtel.»
« Priscilla… Je… Je ne peux pas… », répétait-il du tac au tac en baissant le regard.
« Non attends, écoute moi… », coupait-elle à nouveau sèchement.
« Mais… »
« On y gagne tous les deux ! », s’exclamait-elle désormais en l’ignorant.
« … »

Cole gardait la bouche ouverte sans ne pouvoir prononcer un seul mot mais Priscilla continuait encore sans en tenir compte.

« Je ne suis là que le week-end et pendant mes vacances. Mon appart’ est toujours vide, je paye les charges pour rien. Je suis toujours inquiète de savoir si j’ai bien fermé la porte, si j’ai bien coupé le chauffage ou le gaz, si je n'ai pas laissé une fenêtre ouverte ou même un robinet ouvert... »

Elle avait lâché sa main et comptait sur ses doigts au fur et à mesure qu’elle énumérait les possibles oublis pour les accentuer.

« Bref ! », balayait-elle des deux mains. « Tu m'enlèverais une grosse épine du pied ! Vois ça plutôt comme un service que tu me rends en retour. »

Cole s'apprêtait à lui répondre mais elle ajoutait encore à son argumentaire quelques phrases supplémentaires.

« Je serais plus rassuré de savoir qu’il y a quelqu’un chez moi pour gérer tout ça. Et puis toi, ça te laisserait le temps de te chercher un appartement, ça te laisserait même du temps pour tes recherches. »

Il était resté bouche bée. Elle s’était lancée dans un monologue beaucoup plus enthousiaste qu’elle ne l’aurait imaginé ni même souhaité en réalité. Elle avait juste vomi les mots sans s’arrêter si bien que même le jeune homme semblait surpris car encore une fois ce n’était pas spécialement son habitude. Son argumentaire n’était pas pour autant illuminé et faisait même sens quand on y réfléchissait bien. Il aurait juste fallu que ça ne sorte pas de nulle part. Après tout ça, après tout ce qu’il venait de lui dire et si à l’origine ça lui avait traversé l’esprit, elle ne voulait tout simplement pas le virer de chez elle.


. . .




Cole avait largement les moyens financiers, trouver un appartement dans une ville comme San Diego n’avait pas été bien difficile. Il était même mieux placé que le sien, plus grand, plus lumineux, mieux agencé, plus tout en fait. Dès lundi, il avait déjà eu un rendez-vous et il ne lui restait plus qu’à envoyer un dossier. Qui aurait pu croire qu’après la crise des Subprimes, l’immobilier connaîtrait un tel regain ? Ça en était si ridiculement rapide qu’à la fin de la semaine il aurait probablement déjà les clés voire il aurait déjà emménagé.

Maintenant qu’il était là, encore dans le salon, elle ne pouvait plus que se l’avouer : elle n’avait pas envie qu’il parte. Son corps criait par tous les pores de sa peau pour qu’il reste. C’était cette étrange sensation, comme si son aura se trouvait à côté de son corps, à quelques centimètres en avant comme pour la propulser, comme pour lui dire qu’elle faisait une erreur en le laissant partir.

Elle ne voulait pas qu’il parte. Elle s’était assise sur le bord de son lit et elle avait dû mal à respirer. Elle avait l’impression qu’on lui arrachait un truc à l’intérieur, elle avait l’impression qu’on lui tordait les boyaux, qu’on lui soulevait les côtes pour lui enlever ses poumons et son cœur. Elle avait l’impression que ces tripes étaient reliées à Cole par une corde et que s’il s’en allait, tout partirait à vau-l’eau.

Au bord de l’explosion, elle se levait d’un bond déterminé et ouvrait d’un coup la porte de sa chambre. Elle tombait nez à nez avec Cole et ils sursautèrent tous les deux. Ils cafouillèrent ensemble à l’unisson un “pardon” de surprise, manquant de peu de s’être rentrés dedans. Mais Cole, qui fut plus rapide, commença à parler avant elle.

« Pardon… Je voulais te dire que… »
« Je veux pas que tu partes ! », le coupait-elle sèchement presque en hurlant.

Cole clignait des yeux, surpris par cette soudaine déclaration et, après un court silence, il ajoutait enfin d’un air hésitant.

« Je… Je vais juste faire quelques courses pour te racheter ce que j’ai utilisé, je remonte juste après ! », bredouillait-il en souriant d’un air presque embarrassé.

Elle lui attrapait à la volée sa main pour le retenir, son visage était marqué d’un cocktail unique et singulier d’inquiétude, de panique, de confusion et d’exaspération. Et avec une certaine détresse dans la voix qu’elle n’arrivait plus à dissimuler, elle continuait non sans difficulté à prononcer des mots pour le garder encore près d’elle.

« Non, je… »

Son regard balayait d’un œil à un autre sur le visage du jeune homme, elle ne tenait pas en place. Elle était agitée et n’arrivait décidément pas à trouver les mots qu’elle avait sur le cœur.

« Non, non, je veux dire… Je… »

D’un air inquiet, Cole posait tendrement la main sur sa joue pour la calmer et Priscilla relevait immédiatement ses yeux qui se fixèrent une bonne fois pour toute sur son visage.

« Hey ? Qu’est-ce qu’il y a ? Ça ne va pas ? », fit-il comme s’il ne comprenait pas où elle voulait en venir.

“Gros malin !”, pensait-elle, persuadée qu’il le faisait exprès pour la laisser ramer.

Priscilla avait les joues toutes rouges. Elle le sentait à la chaleur sur son visage, à ses mains devenues moites et à sa poitrine qui se compressait de plus en plus.

« Je… », elle soupira d’un souffle saccadé en sautillant presque sur place, sans jamais décoller les pieds du sol, un mélange d’impatience et d’hésitation et lâcha finalement « Et puis merde… »

Priscilla lançait alors son visage vers l’avant, vers celui du jeune homme et l'embrassa sur les lèvres. Elles étaient surprenamment douces et agréables mais elle sentit un instant l’hésitation de Cole. Elle s'apprêtait à reculer pour s’avouer désespérément vaincue lorsque celui-ci posait finalement son autre main sur son autre joue pour l’embrasser encore plus intensément, pour se rapprocher encore un peu plus. Emportée par le baiser, elle glissait alors ses deux mains sur son dos pour se coller encore davantage contre lui.

Elle avait l’impression d’avoir la tête qui tourne, elle se sentait complètement enivrée mais les mains du jeune homme l’aidaient à garder les pieds sur Terre. Le temps ne s’était pas arrêté du tout comme dans les films qu’elle avait vu, tout se passait au contraire bien plus vite, tout s’était soudainement accéléré. Elle n’entendait plus que le battement de son cœur et son propre souffle qui s’emballaient. Elle était simplement emportée par le moment, il n’y avait plus rien autour d’elle. Il n’y avait plus le capharnaüm de la ville, il n’y avait plus ses voisins bruyants et désagréables, il n’y avait plus ce bourdonnement incessant du frigidaire ou ceux des néons. Il n’y avait plus qu’une énorme bulle dans laquelle leurs deux cœurs battaient à l’unisson l’espace d’un instant.

Puis elle les entendait s’emballer, elle entendait leurs souffles subir ce trop plein d’émotions. Ses mains descendaient lentement puis se glissaient sous son t-shirt pour toucher son dos, pour toucher sa peau. Elles touchaient lentement jusqu’à sentir une imperfection qui stoppa le baiser instantanément. Cole s’était raidi et avait saisi son bras pour qu’elle stoppe son mouvement. Il l’avait fait avec une force qui l’avait surprise mais prenant conscience de son geste, il l’avait relâché immédiatement. Il baissait la tête presque honteusement puis fit un pas en arrière en s’éloignant de ses bras pour se dégager. Et devant la surprise de la jeune femme, d’un mouvement vif, Cole retirait complètement son t-shirt pour lui révéler son torse nu. Il cherchait alors dans son regard une réaction, quelque chose où se raccrocher. Il n’y avait rien d’étrange dans son geste, c’était juste la décision drastique de compenser son action par une autre, celle de justifier son attitude en en montrant la raison.

Sa première réaction fut bien évidemment la surprise, elle n’avait pas les mots et restait un instant choquée par ce qu’elle voyait. Par endroit, des cicatrices conséquentes, des brûlures qui avaient laissé des lésions assez importantes. Son corps était marqué par un passé douloureux. Chaque fois qu’il se voyait dans un miroir, chaque fois qu’il se déshabillait, chaque fois qu’il se voyait nu,... À chaque fois, ce n’était qu’un souvenir marqué sur son corps d’un passé qu’il tentait d’oublier mais qu’il ne pouvait que ressasser car son corps était toujours là pour le lui rappeler.  



[ATTENTION [-18] :
Les scènes décrites ci-dessous contiennent des éléments de nature sexuelle susceptibles de heurter la sensibilité des plus jeunes.
Vous voilà prévenu.]


Spoiler:


Priscilla s’approchait à nouveau de lui, posait ses deux mains sur son torse musclé et l’embrassait encore une fois, encore plus intensément. Elle décrochait un moment ses lèvres pour à son tour enlever son haut puis se rapprochait à nouveau de lui. La douceur de ses doigts dans son dos lui donnait un frisson qui parcourut toute son échine. Sans qu’ils ne s’en rendent réellement compte, les baisers les avaient désormais poussé jusqu’au lit. Ils ne contrôlaient plus rien, c’était comme si les objets et les meubles venaient à eux sans qu’ils ne le réalisent. Ils étaient désormais allongés, elle se trouvait désormais au-dessus de lui et se redressait, la poitrine vers l’avant. Elle passait une main dans son dos pour se libérer de ce vêtement devenu encombrant et le lançait sur le côté sans se préoccuper de l’endroit où il atterrissait. La fraîcheur de la pièce ne suffisait pas à refroidir son corps ébouillanté. Elle attrapait alors la main de l’homme qu’elle aimait et la posait délicatement sur son sein. Elle fut parcouru d’un frisson de plaisir lorsque ses doigts frôlaient son téton puis elle se penchait de nouveau sur lui pour l’embrasser langoureusement. Sa poitrine contre son torse lui prouvait au moins que ce n’était pas son corps qui était chaud et que c’était seulement l’excitation qu’elle ressentait qui la trompait. Leurs peaux étaient froides et leurs contacts seuls suffisaient à provoquer un petit gémissement d’appréciation. Puis, leur étreinte se fit de plus en plus forte et…

Musique :
Spoiler:


*bzzzz bzzzz*
♫ Non, rien de rien ! ♫

Priscilla se stoppa un instant, les lèvres suspendues à celle de Cole tandis que la musique continuait de plus belle.

*bzzzz bzzzz*
♫ Non, je ne regrette rien ! ♫

Elle tentait de s’approcher à nouveau de son visage mais la sonnerie continuait encore. Ses yeux virevoltant un instant sur le téléphone qui se trouvait actuellement sur la table de chevet mais dont les vibrations menaçaient une éventuelle chute.

*bzzzz bzzzz*
♫ Ni le bien, qu’on m’a fait… ♫

« Rah… », râlait-elle en s’écroulant sur le torse de Cole.

Ils avaient tous les deux des petits yeux, le souffle court, les sens en éveil et la frustration en suspens mais Cole parvint malgré tout à chuchoter par-dessus la mélodie.

*bzzzz bzzzz*
♫ Ni le mal, tout ça m’est bien égal !♫

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

Priscilla se redressait et se penchait vers le portable qu’elle attrapait d’une main d’un air complètement dépité.

« J’ai… J’ai menti… J’ai pas vraiment posé ma semaine… Je suis censée être en télétravail… », fit-elle en tirant une moue décomposée.

*bzzzz bzzzz*
♫ Non, rien de rien ! ♫

« Mais… Mais pourquoi tu me l’as pas dit ? », dit-il d’un air embêté.
« Je t’expliquerai après… Il faut vraiment que je réponde à cet appel ! Je suis désolé ! », dit-elle en montrant le numéro qui s’affichait, sincèrement désolé et une frustration notable sur le visage.

*bzzzz bzzzz*
♫ Non,... ♫


« Mais… »
« Bonjour Mme Dearing ! », dit-elle en plaquant un doigt sur la bouche du jeune homme pour le faire taire.

Priscilla s’était redressée, toujours seins nus et s’adressait avec son interlocutrice avec le professionnalisme qui faisait sa réputation mais avec un code vestimentaire qui contrariait son intégrité.

« Bien sûr ! … Très bien ! … D’accord Mme Dearing ! … Oui, bien sûr ! … Je m’en occupe et je vous envoie ça rapidement ... Au revoir Mme Dearing…  », terminait-elle en reposant le téléphone.

Elle s’écroulait finalement sur le torse de Cole. Il posait alors ses mains sur son dos, sans rien dire, sans prononcer aucun mot. En même temps, il n’allait pas se plaindre, elle était à moitié à poil dans ses bras. Priscilla non plus d’ailleurs, en tout cas, pas de ce contact physique…

« Je suis désolé de ne pas te l’avoir dit… Je suis désolé mais je dois aller travailler… », soupira-t-elle en écoutant le cœur du jeune homme.

Le lundi avait été plutôt calme et elle avait pu travailler dans la soirée, avant d’aller se coucher. Elle avait espéré qu’aujourd’hui serait une journée tranquille et similaire mais c’était sans compter Claire Dearing, Mme Tue-l’ambiance.

« Il faudra que je rencontre cette Mme Dearing un jour, elle a l’air fantastique ! », souriait-il en coin, presque d’un air moqueur.
« Mais oui ! Le pire, c’est qu’elle est géniale mais elle est terrifiante aussi ! InGen l’a embauché après ton départ… », avouait-elle.

Priscilla rougissait subitement, elle s’était à nouveau redressée et avait tourné la tête. Elle avait fait face à son reflet dans le miroir de son dressing qu’elle avait laissé ouvert. De se voir aussi peu vêtue, au-dessus de lui, comme ça, l’avait à la fois gênée et excitée. Et d’un côté, elle avait trouvé ça incroyablement sexy. Elle avait envie de cacher sa poitrine et elle hésitait à le faire l’espace d’un instant. Lui ne semblait pas spécialement se gêner pour les regarder en tout cas !

Elle posa une main pour lui cacher les yeux et l'embrassa à nouveau avant de se lever pour de bon. Elle attrapait son t-shirt puis l’enfilait ensuite sans remettre son soutien-gorge, au point où ils en étaient après tout... Elle se saisit ensuite de son ordinateur portable et ouvrit sa session en s’asseyant derrière son bureau. Puis elle prit un élastique qui traînait sur le meuble, attacha méticuleusement ses cheveux et secoua la tête vivement pour dégager ceux qui osaient encore la déranger. Et puis, comme prenant conscience de la situation actuelle, elle marqua une pause et se retourna vers le jeune homme. Cole n’avait pas bougé d’un pouce et la regardait avec une attention bien trop insistante. Son regard était doux, ses yeux attendrissants. Il semblait très calme et il l’observait comme s’il la voyait pour la première fois.

« Quoi ? », souriait-elle alors.

Cole lâchait le bras sur lequel il s’était appuyé et se laissait tomber lourdement vers l’arrière. Il posait sa tête sur le coussin et glissait un bras derrière sa nuque. Il souriait bêtement et chuchotait doucement un “Non, rien” dans un français maladroit.
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Priscilla Kensington

Priscilla Kensington


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MessageSujet: Re: Perspectives   Perspectives EmptyDim 26 Nov 2023 - 0:06

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