Chapitre I : Le Réveil

       Cole ouvrait péniblement les yeux, il semblait se trouver en plein « déjà vu ». Il ressentait la même douleur, la même peine, le même vide. Il se réveillait sans comprendre ce qui lui arrivait, ce qu’il se passait ni où il se trouvait. Il mit un certain temps avant de réaliser qu’il était allongé et encore davantage avant d’assimiler l’endroit où il était. Reprenant peu à peu ses esprits, il se releva d’un bond puis observa rapidement la pièce et tous les éléments qui se trouvaient autour de lui. La salle semblait aussi vide que lui, tout était bien agencé mais tout était blanc, sans vie et sans aucune esthétique particulière. Ce blanc en était même aveuglant et venait agresser lentement mais sûrement sa rétine. Un profond silence planait dans cette chambre mais un bourdonnement incessant, presque inaudible, venait perturber le calme qui pouvait y régner si bien qu’on aurait tendance à devenir rapidement fou en ces lieux. Des appareils médicaux à sa gauche et droite bipaient des informations de temps à autres sans bouleverser plus que ça le jeune homme. Il se rappelait peu à peu les derniers événements de la soirée, sa tête était brûlante, il parvenait difficilement à garder ses esprits. Il n'y avait personne à son chevet, personne qui l'attendait ou qui venait lui serrer la main, le consoler ou bien simplement venir fêter son réveil. Les infirmiers et infirmières n'avaient pas remarqué encore son réveil. Cole se recouchait doucement, il était encore faible. Que s'était-il passé déjà ? Pourquoi était-il là ? Qu'est-ce qu'il lui était arrivé ? Tout était flou et pourtant... Il faisait tout pour ne pas y penser. Qu'est-ce qu'elle lui avait injecté ? Tout était allé si vite, il ne se rappelait de rien. La prise d'otage, la révélation, le départ de Shaélynn... Une soirée qu'il n'était finalement pas prêt d'oublier.

       Cole fermait les yeux un instant, il ne réalisait encore pas exactement ce qu'il s'était passé, tout ce que cela impliquait. Il ressentait un profond malaise et il ignorait encore réellement pourquoi. Il avait l'impression d'avoir terriblement mal au ventre, sa cage thoracique semblait compresser si bien que son coeur s’emballait. Tout n’était qu’un cauchemar, Shaélynn n’avait pu partir comme ça ! Ce n’était pas possible, Cole n’arrivait pas à se faire à cette idée si bien qu’il se releva d’un bond, décrocha d’un coup sec l’appareil qui était attaché à son doigt. Il tituba un instant vers la sortie, ouvra la porte de la chambre et se dirigea vers la sortie. Avant même qu’il ne puisse arriver jusqu’au bout du couloir, une jeune infirmière l’interpella et tenta de le rattraper. Elle hurlait son nom et d’autres choses qu’il ne saisissait pas. Cole courait maintenant, il était encore un peu sonné par tout ça mais il fallait qu’il sache, c’était plus fort que lui, il devait connaître la vérité. Il se foutait de ce qu’allait penser les infirmières, il se foutait de porter seulement une robe d’hôpital, il se foutait des gens qui l’observaient. Il courait sans s’arrêter. Il traversa en deux trois mouvements le Jurassic Village, passa devant le Jurassic Snack et les boutiques puis bifurqua sur la couche d’un mouvement de bassin. Il manqua de tomber merveilleusement dans l’opération mais il rattrapa rapidement son équilibre.

       Très vite il s'essouffla puis une vive douleur commençait à brûler ses jambes, le stoppant immédiatement dans son élan, le forçant à ralentir. Ce qu’il fit péniblement, il ne voulait pas s’arrêter mais son corps calmait considérablement ses ardeurs. Il  ralentissait la cadence et marchait désormais, poussant encore au-delà des limites. Il boitait involontairement, il haletait et suait. Il allait arriver bientôt, il le verrait au prochain croisement. Voilà, il y était. Son bungalow, leur bungalow. Il avait passé tellement de temps avec elle, comment pouvait-il oublier tout ça d’un coup de baguette. Il entra sans plus attendre à l’intérieur et cria le nom de sa compagne. Une fois, deux fois mais il n’entendit que l’écho de sa voix. Il monta les escaliers deux par deux et se retrouva bien rapidement dans la chambre. Celle ci était vide, sombre et rien n’indiquait sa présence. Il appuya sur l’interrupteur, la lumière ne venait en aucun cas combler le vide mais elle apportait déjà une vision un peu plus clair de la pièce. Rien n’avait bougé, la plupart de ses affaires étaient là et pourtant, Shaélynn manquait à l’appel. L’appel…

       Cole s’empara de son téléphone portable qui traînait sur le sol de la chambre et composa le numéro de téléphone de la jeune femme. Il plaqua le mobile sur son oreille et attendit mais malheureusement pour lui il tomba directement sur la messagerie. Fou de rage, il lança le téléphone de toute ses forces sur le mur derrière lui. Il se mit à hurler et à pleurer, Cole beuglait des choses incompréhensible. Il ne comprenait pas, il ne voulait pas comprendre. Il voulait simplement la revoir, lui parler, la toucher, lui dire ô combien il l’aime. Il s’effondra sur le lit et le silence retomba d’un coup sur les lieux. Il pouvait entendre désormais le bois des poutres et du sol craqué. Il reniflait de temps à autre, réfléchissait puis se re-sombrait dans un nouveau chagrin. Toute ces pensées finissaient par le diriger vers Shaélynn. Que faisait-elle ? Ou était-elle ? Allait-elle bien ? Pensait-elle à lui ? Il se frotta les yeux puis les ferma un instant. Ses pieds saignaient, il avait couru tout ce chemin sans chaussures et il en payait le prix fort. Il se leva rapidement et péniblement pour éteindre la lumière et se recoucha sur le lit pour ne pas dire qu’il s’étala en vérité de tout son long dessus. La douleur physique qu’il ressentait était ridicule par rapport aux restes et même si cela lui faisait terriblement mal, il n’y songeait pas un seul instant. Il se recroquevilla de manière ridicule sous les draps et referma ses yeux à nouveaux. Sans même qu’il ne s’en rende compte il s’endormit, la fatigue prenait largement le dessus mais son sommeil restait tout de même agiter. Il gigotait, grinçait des dents et semblait crisper et son mal-être se lisait sur son visage. Est-ce qu’il allait pouvoir la revoir un jour ?

Les ronces s’accrochaient aux vêtements, griffaient la peau, déchiraient et laceraient. Les branchages, les lianes giflaient, entravaient la progression. La douleur dissuadante n’était pas suffisante pour abandonner, pour ronger la détermination, la persévérance de la jeune femme. Elle voulait de l’action et du risque, ces dernières semaines avaient été riches en couleur et cette soirée pleine de révélations ne dérogeaient pas à la tendance. Vrais ? La ranger poursuivait un homme qu’elle ne connaissait seulement depuis moins d’une heure, cet homme semblant si mal aimé du personnel, de ses collègues. Quel était son rôle dans le parc, vis-à-vis d’Ingen ? Angel se rappelait son recrutement avec la belle Emma sur Isla Nova. Une phrase qu’elle avait prononcée : « Beaucoup d’espions essayent de pénétrer sur nos îles et j’avoue que je suis féroce à leur sujet. Jurez-vous que vous serez fidèle à John Hammond et à moi-même ? ». Cet homme était un espion ? Ou autre chose. Sa filiation avec l’ancienne cheffe des rangers serait la cause principale sa démission ? Marcos Shannon, qui était-il aussi, seulement paléontologue ? Qu’en était-il deux rangers qui l’avaient embarqué ? Et Shaélynn Moore, était-elle la meurtrière dépeinte par l’homme dont elle suivait la trace du mieux qu’elle pouvait ? Depuis combien de temps courait-elle ? Cinq minutes, dix minutes, avait-elle seulement la bonne direction. Cole lui avait-elle seulement indiqué le bon chemin.

L’impression de ne plus rien contrôler, la chute libre, pour seules sensations, la légèreté de son corps, le frein des ronces la retenant, les branches qui la ralentissent puis l’impact. Pas un impact doux comme le plongeon dans une piscine à boule, plus l’impact d’un météore sur la surface de la Terre. Devant son regard autant stupéfait que médusé, son arme prit son indépendance et la devança de quelques mètres. Bien qu’il ne pleuve pas, le fait de travailler dans une des régions du monde des plus humides suffise à faire glisser Angel sur deux à trois mètres avant l’arrêt complet de son corps. Moment de désarroi, trouble qui la propulsa une dizaine d’année plus tôt. Un souvenir qui lui rappelait sa première mission de terrain. Un jeune marin soupçonné du meurtre d’un de ses compagnons de bord. La course poursuite qui s’en suivit, dans une forêt bordant les limites du régiment de mariniers, un jour de pluie. Ce même moment où, perdant l’équilibre Angel s’était étalée devant son patron, Jim, qui continuant sa course eu tout de même le temps de lancer ironiquement une phrase à destination de sa subalterne : « Ce n’est pas le temps de faire une sieste la bleue ! ». La douleur vive qui se dégageait des mains, des coudes de la jeune femme se fit vive, la ramena rapidement sur Terre. Réveille-toi ma grande, on compte sur toi !

L’adrénaline, le sang qui commençait à doucement s’échapper, les mains dans la boue pour reprendre appuie, les genoux endoloris, le redressement et la dextérité d’une vieille femme usée par la vie. Voir la trace dans le sol détrempé, ses vêtements partiellement fraichement rénovés d’une couleur brune et dégageant une odeur légèrement nauséabonde. Se pencher pour ramasser son arme, la frotter rapidement contre les feuillages environnant et la replacer dans son dos.
Reprenant doucement sa course, Angel se recentra sur l’homme à rattraper, plus le temps de divaguer. Les questions attendront. Sortant de la jungle, un croisement se présentait désormais devant elle. Le port ou les bungalows. *réfléchit ma grande, que ferait un malade. Il s’enfoncerait dans l’île en risquant sa vie ou il s’en irait le plus vite possible ?* moment de vive réflexion. Les bungalows seraient surement déjà gardés par les rondes de Ranger et encore plus après les déclarations passées, des fouilles seraient surement organisés, dirigées par les gérants du parc ou d’Ingen, seul un fou s’en irait. La Ranger prit donc la direction du port. Ce Shivak ne doit pas lui échapper, elle était à la tête de la section depuis très peu de temps et le resterait probablement pas très longtemps à ce rythme.

Sur le chemin, un appel de Cole sur son portable. Qu’avait-il de si important à lui dire à ce moment pour l’appeler directement sur son portable ? Ne se souvenait-il plus qu’elle est occupée à pister son agresseur ? Première sonnerie, une seconde, une troisième. Il allait abandonner, forcément ! Quatrième sonnerie, cinquième sonnerie puis plus rien. *Si c’est vraiment important, il laissera un message*

Alors qu’elle arrivait au port, un duo de ranger faisait sa ronde de sécurité.

« Eh ! Vous ! Vous n’avez pas vu Shivak Garland passer par ici. Un grand ténébreux ? »

« Rien à signaler pour le moment madame ! »

« Bien ! Ouvrez l’œil et transmettez aux rangers d’user de tous les moyens à disposition pour le retrouver, vous avez carte blanche. Tous les effectifs sont en alerte à partir de maintenant ! Shivak Garland ne doit pas nous échapper ! »

Angel s’éloignait des deux comparses tandis qu’ils transmettaient les ordres par talkie aux autres membres de la sécurité du parc. Que voulaient Cole, il ne l’avait pas rappelé. Sur l’écran de son téléphone, la sélection de son numéro et le hurlement cette tonalité si familière suivie du message de répondeur typique : « Vous êtes bien sûr le répondeur de Cole Hudson, je ne suis pas disponible pour le moment, veuillez laisser un message après le bip... ». Personne. Que faisait-il, où était-il ? Angel se mit en quête de le retrouver, direction, la salle où avait eu lieu la réunion. Ce serait un bon début !

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De retour à la salle de réception du Jurassic Hotel, cette dernière c’était considérablement vidée. Angel interpella un homme, peut-être un avocat restant sur les lieux pour débriefer rapidement la réunion. Un regard de jugement qui en disait long sur l’état de sa tenue pleine de boue, elle lui arracha tout de même quelques petits renseignements. Apparemment Cole était retourné chez lui. Elle avait également appris qu’aucune voix n’avait été retenue pour sa candidature au poste de PDG d’Ingen mais qu’un certain Handréas Lucio de Gardan. Encore quelqu’un qu’elle ne connaissait pas ! En général, nouveau PDG signifie souvent nouvelle hiérarchie. Les postes à responsabilité allaient probablement observer une chaise musicale dans les jours à venir. Presque systématiquement, les nouveaux responsables ont tendances à placer leurs amis au plus proche d’eux. Mais il allait falloir faire avec. Bien qu’elle n’ait pas réellement eu envie cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, la gestion d’une entreprise étant bien plus compliqué que la gestion d’une section, elle fut tout de même légèrement vexée de n’avoir pu récolter une voix. Angel regarda son portable, sms de Cole Hudson en attente. « Venez au plus vite ou envoyez quelqu’un à mon bungalows ! ». Mettant sa fierté de côté, Angel parti au pas de course en direction des bungalows du personnel.

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Toc Toc Toc, « Monsieur Hudson ! ». Pas de réponse.

Toc Toc toc « Cole ! Vous êtes là ?! ». Rien.

Angel effectua une pression sur la poignée de la porte qui s’ouvrit. Bizarre, pourquoi Cole serait parti sans fermer son bungalow ? Elle passa le seuil de la porte, appuya sur l’interrupteur qui illumina le salon. Un silence de mort. La jeune femme savait de par expérience que ça ne présageait rarement quelque chose de bon. Surtout quand le logement appartenait à une personne qui souhaitait la voir le plus vite possible. Elle sorti son arme, la tenant en joue. Evoluant dans le bungalow, rien dans au rez de chaussée. La pression montait tandis qu’elle grimpait les escaliers. Un impact de balle à côté de la porte de ce qui était probablement la porte de la chambre. Mais que c’était-il donc passé ici ? Elle avait trop souvent vu des meurtres sanglants ou des tueries de masses dans son ancien boulot pour ne pas associer les impacts de balles à la découverte de cadavres. Angel poussa doucement de la paume de sa main la porte de la chambre, une ombre sur le lit se profilait. Tout en chuchotant  « Cole ? », Angel appuyait sur l’interrupteur de la chambre. Scène peu croyable, des sous-vêtements de couleurs vives et une bonne vingtaine de paires de chaussure de femme retournées dans la pièce et au centre, la belle au bois dormant allongée sur son lit. Cole Hudson.

Comment une femme pouvait-elle faire pour détenir autant de paires de chaussures différentes ? Elle qui n’en avait que trois à tout casser, cette scène la laissée sidéré, en état de choc…

Se reprenant rapidement en main, Angel rangea son arme dans son dos en s’approchant du gérant du parc et lui prit le pouls au poignet. Régulier mais extrêmement lent !

« Cole, vous m’entendez ! Vous êtes avec moi ?! » Demandait la ranger en donnant de petites claques à l’ancien guide. Soulevant légèrement la paupière de l’homme, Angel pût s’apercevoir que la pupille était tellement dilatée que l’on aurait pu y placer toute la misère de la Terre. Inconscience, pouls lent et pupille dilatée, cela ne pouvait signifier qu’une chose. Cole Hudson était drogué !

Angel prit son portable pour appeler le service médical de l’île.

« Bonjour, c’est Angel Harlowe au téléphone ! Venez au plus vite avec un véhicule et un médecin. Je viens de retrouver Cole Hudson inconscient dans son bungalow, très probablement sous l’influence d’un narcotique. *repensant furtivement aux indices elle continua* Et si vous pouviez me rapporter des sacs stériles et des outils comme des pointes ou des pinces ce serait génial ! Merci.»

« On prend le matos et on arrive m’dame Harlowe. »

10 minutes plus tard, le médecin, avec un sac de soin en bandoulière, arrivait avec une jeune infirmière et une civière.
« Il est dans la chambre à l’étage ! Et le matériel que je vous ai demandé ? »

« Dans le sac, mais d’abord, le patient si vous le voulez bien !»

Angel précédait les soignants qui arrivaient dans la chambre et commençait à sortir le matériel pour prendre les constantes. La Ranger sorti son portable pour prendre des photos de la pièce pour immortaliser la disposition des objets, que dire, des innombrables paires de chaussures éparpillées dans la pièce accompagnées de lingerie frivole très colorées. Elle alla prendre une photo de l’impact de balles puis allât s’équiper de gants, de deux sacs stériles ainsi que d’une pique métallique et d’une pince. Tandis que les soigneurs s’attelaient à essayer de mettre Cole sur la civière, la jeune femme commençait son opération pour dégager la balle du mur. La pince se frayait un chemin, élargissant le trou pour permettre de saisir la balle, de la faire coulisser à l’extérieur, directement dans le petit sachet plastique qu’elle ferma aussitôt avant de le placer dans l’une des poches de sa veste. La balle venait bien de quelque part. Le pique, insérée dans le trou, indiqué la direction du rez de chaussé. Une photo et la ranger dévala les marches. Elle sorti son arme et pointa le trou à l’étage. La chambre de sortie des douilles étant sur la droite, la douille du tireur ne devrait pas se trouver très loin. Elle devait avoir fière allure à se trémousser à quatre pattes à la recherche de son indice. Regardant sous les meubles, là ! La petite pièce métallique trouvait juste sous ses yeux. Elle avait dû rouler jusqu’ici lorsque le coup de feu était parti. Franchement, autant d’indices, soit c’était le travail d’un amateur, soit le suspect mystère avait été interrompu dans son action.

Angel devrait le déterminer plus tard. Tandis qu’elle se relevait après avoir mis la douille dans un nouveau sachet plastique, le médecin et l’infirmière descendaient le gérant du parc pour le changer dans le véhicule.

« Prévenez-moi lorsqu’il se réveillera, j’aimerais être la première à lui parler. C’est important. Et ne laissez personne le voir hormis le personnel médical pour les soins. Faites lui une prise de sang aussi et faite analyser, j’aimerais connaitre la substance qui l’a mis dans cet état. » Dit-elle suivit de l’acquiescement du médecin.

Le travail était terminé ici, Angel allait en profiter pour soigner ses mains dans son bungalow, prendre une douche et changer de vêtement. Le parc pourrait se passer d’elle quelques heures. Avec les équipes à sa recherche dans toute l’île, Shivak ne pourrait probablement pas leur échapper.


Drr, Drr, Drr…

Sursaut ! Le cœur battant à 1000 à l’heure ! La bouche pâteuse, un léger filet de bave au coin des lèvres. La jeune femme émerge, étalée sur son canapé, à la vibration de son téléphone portable.  Elle porta l’appareil à son oreille tout en essayant d’avoir l’air la plus fraiche possible.

« Harlowe ! »

« Cole Hudson c’est échappé, on ne sait pas où il est parti ! »

«  Comment ça il s’est échappé ?! » Angel avait l’air d’être dans un rêve comique. Un gag. Où est la caméra ? Montrez la moi !

« Il a échappé à la vigilance du personnel, il s’est échappé à pied en courant en robe d’hôpital. On n’a aucune idée de l’endroit où il va ! »

Angel n’en croyait pas ses oreilles, ça semblait surréaliste…

«  Vous êtes en train de me dire qu’un type qui était dans le coltar y a encore 10 minutes, qui était sous narcotique encore très récemment a réussi à vous échapper et qu’il courre désormais le cul à l’air dans le parc ?! » Angel se prenait la tête dans ses mains de désespoir. Comment pouvait-on être aussi mauvais dans son travail ? Il fallait lui expliquer, sérieusement !

« On fait ce que l’on peut vous savez, on est occu… »

«  Allez ciao ! », la ranger ferma son téléphone. Fini de roupiller, elle allait reprendre directement les choses en mains.

La jeune femme se leva et se rendit au quartier général des rangers. Elle se rendit au poste du personnel qui s’occupe de garder une vue sur les caméras du parc. Depuis les attentats, la gestion de ce poste avait été renforcée de telle façon qu’un homme soit en permanence et en pleine capacité de ses moyens devant les caméras. Une sorte de roulement avait lieu toutes les 8 heures de travail pour avoir une sécurité la plus optimale qui soit.

« Montrez-moi les caméras aux alentours de 5 heure du matin autour de l’infirmerie. »

« Bien Madame ! Que cherchons-nous ? »

« On cherche un type qui part en courant en habit d’hôpital. »

Le ranger semblant surpris par la demande s’exécuta sous les yeux attentifs de la jeune brune.

« Là ! » On pouvait voir l’ex-guide dans son trip à la prison break mélangé à une comédie hilarante, s’éloignant des caméras, la robe d’hôpital dans le vent suivi par l’infirmière qui lâcha assez rapidement sa quête.

« Suivez ses déplacements, dites-moi où il va ! »

Le jeune homme faisait défiler les images au fur et à mesure, passant d’une caméra à l’autre essayant de recouper l’itinéraire de fuite effrénée du gérant.

« Au fait, vous avez repéré Shivak Garland ou tout autre comportement suspect depuis la réunion de l’élection du nouveau PDG d’Ingen ? »

« Vous voulez dire, à part l’autre comique qui courre l’oisillon au clair de lune ? » Angel le fusilla du regard, l’obligeant à reprendre sur un ton plus professionnel. « Pardon ! Non ! Rien aux caméras mais, une équipe a retrouvé des vêtements ensanglantés dans l’eau au bas d’une falaise. Ils pensent qu’il s’est très certainement assommé en chutant contre l’escarpement et qu’il s’est noyé mais pour le moment, on n’a pas encore retrouvé de corps. » La jeune femme n’avait pas d’avis particulier sur cette annonce, soit il était mort, soit il était vivant, seul le temps nous le dira. Son boulot est de mener l’enquête, poser des questions, fouiner, avancer des hypothèses, les vérifier. Mais son boulot consistait avant tout à garantir la sécurité de tout le personnel de l’île et des visiteurs du parc le jour où il rouvrira de nouveau.

Devant les images de l’homme en fuite qui avait désormais ralenti dans sa course au point de boiter, l’employé déclara assurément « Il semblerait que notre homme soit allé en direction des bungalows du personnel. »

Ainsi donc, Cole serait retourné dans son bungalow ? Pourquoi faire quelque chose d’aussi stupide que de fuir une infirmerie après ce qui lui était arrivé et surtout de retourner à l’endroit même où on l’avait agressé, qu’un coup de feu avait été tiré ? N’avait-il pas peur de risquer sa vie, se souvenait-il de la personne ayant tiré dans son logement ? Ou avait-il seulement rejoint son lieu de vie, prit de panique à son réveil à l’infirmerie et peut-être était-il amnésique ?

Angel remercie le jeune ranger et partit accompagné et de deux autres de ses collègues à la rencontre de son objectif.
Arrivant au bungalow, on pouvait apercevoir de la lumière s’échappant de l’étage, très probablement de la même chambre où la jeune femme avait retrouvé, complètement shooté, Cole quelques heures auparavant. Les trois rangers sortirent du véhicule, déterminés. Angel son arme au poing énonça son ordre en progressant vers l’entrée.

« Je rentre, vous restez dehors ! La cible n’est pas dangereuse, pas de coup de force. On protège et on escorte. Personne ne doit rentrer ! Compris !? »

Un signe de la tête de ses collègues et Angel pénétra une seconde fois dans l’intimité de l’ex-guide. Allumant la lumière dans le salon et la cuisine, rien, personne. Une lumière en haut des escaliers attira la jeune femme qui monta les marches silencieusement et avec prudence. En haut, la porte de la chambre ouverte. La chambre toujours en désordre, Cole semblait endormi dans son lit en robe d’hôpital, le visage marqué, crispé, un sommeil douloureux et agité. Il n’avait même pas prit la peine de se changer. Faisait-il face à certains de ses démons personnels ? Des traces rouges à la base de ses draps au niveau des pieds, peut-être du sang ? Oui s’était probablement ça, peut-être dû à son échappée de l’infirmerie au sein du parc. Un coup d’œil rapide et Angel rangea son arme. Ils étaient seuls. Tirant le drap, la ranger ne put que constater le sang qui commençait déjà à sécher sous et sur les pieds du gérant. La jeune femme ressentait de la tristesse ou peut-être plutôt de la pitié à la vue de ce que semblait éprouver le gérant de l’île. Angel s’assit au bord du lit et posa sa main sur l’épaule gauche de Cole pour le réveiller.

« Cole, réveillez-vous c’est Angel. »

L’homme semblait émerger doucement, difficilement comme si les maux de son sommeil le suivait jusque dans notre réalité.
Le secouant avec plus d’insistance la ranger poursuivit « Aller ! On se réveille la marmotte ! Il faut que vous preniez une douche ! »

Le redressant sur le bord du lit, elle passa ses bras sous les épaules de l’ex-guide pour le lever et le soutenir. Le dirigeant avec force vers la douche l’homme se déplaçait en boitant. Ses pieds le faisaient probablement souffrir mais il fallait avancer, on n’allait pas rester ici toute la journée à pourrir entre quatre murs. En parlant de souffrir, Angel avait l’impression de porter tout le poids de l’homme qu’elle dirigeait et elle le fit savoir d’une voix traduisant la lourdeur qu’elle ressentait dans ses bras « Cole, tenez-vous un minimum ! Je ne peux pas tous faire toute seule, faites un effort ! »

Arrivant dans la salle de bain, Angel lâchât Cole et alla allumer la douche, s’assurant de laisser une eau chaude mais pas brûlante.  

« Retirez-vous robe ! » en désignant l’habit à moitié ouvert « et prenez une douche. Nettoyez vos pieds, ils en ont besoin ! » ordonna telle avant de quitter la pièce.

Dans la chambre elle allât vers le placard, sorti des sous-vêtements, une chemise, un pantalon et une paire de chaussure et retourna dans la salle de bain où le gérant se lavait. Elle posa les affaires sur le lavabo avant d’annoncer avec un peu de fermeté à l’attention de l’homme.

« Dépêchez-vous de finir de vous laver, habillez-vous et descendez ! À tout de suite ! »
 
Bien quinze minutes à attendre dans le salon s’écoulèrent avant de voir l’ex-guide descendre les marches de l’escalier.

« On doit parler Cole ! »

Angel ouvrir la porte d’entrée. Les deux autres rangers était fidèlement à leur poste, dehors de chaque côté de la porte, attendant les ordres. La jeune femme pria Cole d’entrer dans le véhicule, l’homme, entouré des deux rangers.

Environ quinze minutes plus tard, le groupe arrivé et pénétré dans l’enceinte du QG des Rangers. Déambulant dans les couloirs gris bétonnés du bâtiment, en direction de la salle d’interrogatoire Angel énonça un ordre à l’un des rangers.

« Allez chercher un café et apportez le en salle d’interrogatoire, je veux que monsieur Hudson soit le plus concentré possible. »

Angel ne savait plus où elle l’avait lu mais, le café semblait augmenter la vigilance et la concentration des individus, ce qui pour Cole, ne pouvait pas lui faire du mal. Elle n’allait rien tirer de cet homme s’il restait amorphe, comme une limace, un légume. Elle avait besoin d’avoir toute son attention.

Ouvrant la salle d’interrogatoire, laissant le gérant pénétrer dans la pièce en premier, elle fit un signe discret au ranger qui les accompagnait pour lui indiquer dans aller dans la salle voisine, avant d’entrer à la suite de Cole et de fermer derrière elle. La salle d’interrogatoire n’était pas très chaleureuse, des murs blancs avec au centre, une table noire entourée de deux chaises de part et d’autre. Une lumière faible et tamisée ainsi qu’un miroir sans teint. Une caméra se trouvée dans un coin de la pièce pour permettre d’enregistrer les interrogatoires officiels.

« Asseyez-vous ! » ordonna-t-elle tout en désignant la chaise faisant face au miroir.

S’adossant au miroir, les bras croisés et le regard lourd, elle fixée le gérant dans un grand silence. Un long silence, le temps qu’un ranger arrive et dépose le café qu’elle avait demandé devant Cole, l’invitant à le boire.

De nouveau un silence de quelques minutes.

« Bien ! Monsieur Cole Hudson sachez que cet interrogatoire est filmé. Tout ce que vous direz pourra et sera retenu contre vous ! Si vous souhaitez avoir un avocat pour vous assister, vous pouvez en faire la demande à tout moment lors de cet interrogatoire. » Dit-elle de façon bien audible tout en se rapprochant de l’ex-guide. Appuyant ses bras sur la table elle reprit plus doucement. « Cole, sachez que je ne suis pas ici en ennemie mais avant tout en amie, j’ai juste besoin de quelques réponses à quelques questions. J’ai besoin que vous m’éclaireriez sur certains points. Plus vous serez coopératif et plus vite nous finirons. »

Elle s’assit en face que Cole, de manière assez détendue sur son siège, pour essayer de mettre l’homme le plus en confiance possible. Angel reprit une voix normale avant d’enchainer.

« Bien commençons ! Avant tout, comment allez-vous ? Comment vous sentez-vous ? »

De cette manière, elle souhaitait connaitre l’état d’esprit de l’homme qu’elle allait interroger avant de l’opposer à toutes ses questions.

Cole a passé une bonne journée. Il est heureux. Il sourit. Il a pu s’occuper l’esprit et n’a pas pensé aux mauvaises choses, il n’a pas pensé qu’on l’avait abandonné. Il a regardé la télé. Il a fait beau toute la journée. Il a fait la sieste. Il a bien mangé. Il a profité de l’herbe fraîche dans le jardin. Mais quand finalement ils sont arrivés, il n’a pas pu retenir quelques larmes pour se faire remarquer, pour montrer qu’ils lui avaient manqué. Ils l’ont consolé et il est maintenant rassuré. On s’occupe de lui, on le regarde et on lui parle. Le vrombissement de la voiture le berce, Cole ne peut pas s’empêcher de sourire quand elle lui parle. Il ne sait pas tellement pourquoi mais il sourit. Il est juste heureux. Sa voix rassure et le met en confiance. Des mouvements rapides, de l’agitation autour de lui. Le paysage défile vite mais il n’y prête pas attention puisqu’elle le regarde avec des yeux amoureux. C’est la plus belle chose qu’il n’ait jamais vue. Elle brille, elle brille plus que tout et il l’aime plus que tout au monde. Elle pose sa main sur sa petite tête blonde et elle lui sourit à son tour. Puis, elle s’adresse à l’homme à côté d’elle d’un air agité, inquiet qu’elle essaye de dissimuler.

« Tu as pris son biberon ? »
« Oui, comme tu me l’as demandé. »

La voix de l’homme est grave et surprend. Il arrive qu’elle lui fasse peur mais elle berce. Elle berce et l’endort quand il pose sa tête sur son torse et qu’il lui parle doucement.

« Et son doudou ? »
« Oui, aussi, il est dans le sac ! »
« Et… »
« Oui, il est aussi dans le sac ! T’inquiète pas ma chérie, j’ai rien oublié cette fois et tout va bien se passer ! »

Elle acquiesce avec une moue triste qui le fait sourire d’un air moqueur. Ce soir-là, ils sont attendus pour un dîner un peu particulier. Ils vont annoncer à ses parents qu’ils vont se marier. Elle est inquiète. Il est confiant. Il reprend d’un air assuré.

« On part seulement quatre jours, ça va nous faire du bien et ça ne va pas le casser. Il est pas en mousse notre petit Cole ! »
« Oui je sais… Mais c’est plus fort que moi… Ça m'inquiète », fit-elle en souriant à son enfant.
« Mais tu rigoles ? Qu’est-ce que je t’ai dis ? Mes parents t’adorent ! Ils n’attendent que ça et tu vas voir qu’on va même avoir le droit à des brimades » Il imite « Ah bah c’est pas trop tôt ! »

Elle rigole. Cole rigole aussi. Elle se tourne et s’approche de lui. Elle lui fait des guilis sur le ventre.

« Ça te fait rire toi gros malin ! Ca te… »

La peur. La surprise. Un bruit atroce. Un choc brutal. Puis plus rien. Plus de voix.

L’enfant s’étouffe. Il a mal. Il ne comprend pas. Puis il hurle. Il appelle sa mère. Celle-ci ne lui sourit plus. Elle ne lui répond plus. Elle est méconnaissable. Elle a les yeux ouverts mais elle n’est plus là. Un épais liquide rouge coule sur son visage et tombe sur les jambes de l’enfant. C’est froid et c’est désagréable. L’enfant ne comprend pas. Pourquoi sa mère ne lui répond pas ? Pourquoi elle ne lui sourit plus ? Pourquoi elle ne s’occupe pas de lui ? Pourquoi ne brille-t-elle plus ? L’enfant ne s’arrête plus de hurler. Il ne peut pas bouger. Il est pris au piège sur ce siège. L’homme derrière le volant a l’air de dormir. Sa tête repose sur l’avant du véhicule. Il essaye de se relever. Il tousse. Il crache du liquide rouge. Il relève la tête, des morceaux de verre tombent de ses cheveux et font de la musique.  Il essaye de bouger mais il est piégé lui aussi. Il gémit et pousse des sons que l’enfant ne connaît pas. Le volant de la voiture ne fait plus qu’un avec l’homme. L’enfant hurle. L’homme essaye de se tourner pour le voir mais il ne peut pas. L’homme n’arrive pas à respirer. L’homme panique. La femme ne bouge toujours pas. L’homme essaye de l’appeler mais il n’arrive pas à prononcer des sons. Encore du liquide rouge. Les cris de l’enfant transpercent la nuit.

Puis plus rien. Il ne reste plus que Cole.


Ils ne sont pas mariés. Les parents ne le savent pas. Le mariage posthume est illégal aux États-Unis de toute façon. Les parents sont brisés. Ils n’y arrivent pas. La perte de leurs enfants est trop dure. L’autre enfant rappelle trop de souvenirs douloureux. Les parents se disputent. L’autre enfant porte le nom de son père. Les autres parents ne sont pas d’accord. Les parents se disputent. Les familles sont brisées. Le gouvernement décide finalement à leur place. L’enfant est seul. Et très vite. La vie continue pour chacun. Personne ne se bat pour lui. Personne. Il ne reste plus que Cole.

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Lorsque cette main se pose sur son épaule, il marmonne son prénom avec l’espoir de la voir. Mais ce n’était pas elle. Qui c’était ? Ça n'avait pas d’importance. Il se sent terriblement seul. Il ne lui reste plus rien. Il se sentait brisé, il se sentait terriblement seul. C’était comme si on lui avait arraché une partie de lui.  À cet instant, il n’avait jamais ressenti quelque chose d’aussi fort, d’aussi violent. Il n’avait jamais ressenti quelque chose d’aussi fort pour quelqu’un, tout court. Tout ça est un cauchemar.

« Cole, réveillez-vous c’est Angel. »

Cole émergeait doucement. Cette voix lui disait de se réveiller. Il n’avait pas envie. Il ne voulait pas se réveiller. Pourquoi est-ce qu’on le dérangeait ?

« Aller ! On se réveille la marmotte ! Il faut que vous preniez une douche ! »

On le redressait. Cole obéissait machinalement. Il ne comprenait pas ce qu’on attendait de lui. Il était amorphe, groggy et extrêmement fatigué.

« Cole, tenez-vous un minimum ! Je ne peux pas tous faire toute seule, faites un effort ! »

Cette voix lui semble tout d’abord distante mais elle est autoritaire et directe. Cole, encore une fois, se contentait d’obéir alors qu’on le dirigeait vers la salle de bain. Le jeune homme semblait sous le choc. Mais la voix lui disait de retirer sa robe et de prendre une douche. La voix, elle, faisait sens au moins. Il obéissait sans broncher. Après tout, une douche ne pouvait pas lui faire de mal. Ses pieds lançaient des appels lorsque l’eau coula entre ses orteils. Mais la douleur dans la poitrine était plus forte. Il lui fallut bien cinq minutes pour réaliser et comprendre où il était, ce qu’il faisait et ce qu’il se passait. Les pensées commençaient à refaire surface. Il avait quitté l’infirmerie subitement. On avait probablement dû suivre sa trace. Son comportement avait dû paraître suspect. Cole, de toute façon, de sa relation avec Shaélynn, allait probablement subir un interrogatoire. Il n’avait pas complètement émergé et tout n’était pas rationnel. Devait-il fuir ? Était-il menacé d’une quelconque manière ? Non… Il n’avait rien à se reprocher. Allait-il réellement mentir pour elle ?

Il coupa l’eau, attrapa sa serviette et se séchait rapidement. Le miroir le montrait lui mais il ne se voyait pas. Il ressemblait à un cadavre ambulant. Il s’habillait, sans grande conviction. Descendant lentement les marches, il aperçut Angel Harlowe. Il ne l’avait donc pas rêvé. Embarrassé par l’épisode qu’il venait de vivre, elle confirmait ses inquiétudes.

« On doit parler Cole ! »

La voix autoritaire. Elle ouvrit la porte où deux rangers l’attendaient devant une voiture. Plus moyen d’y couper, plus moyen de fuir. Il allait devoir affronter ça. Il pénétra dans l’habitacle du véhicule. Il se sentait pris au piège. Il se sentait coupable malgré lui. Il avait peur qu’on le juge et qu’on le critique. Il avait peur qu’on le remette en question et qu’on retourne des choses contre lui… Et si Shaélynn avait dissimulé des choses ? Et si malgré lui il était plus impliqué qu’il ne le pensait ?

Après quelques minutes durant lesquelles il faillit sombrer à nouveau, ils arrivèrent finalement au QG des rangers. Il baissait honteusement la tête. Malgré ses fonctions et son poste au sein du conseil, c’était un endroit qu’il évitait. Ce lieu lui rappelait de mauvais souvenirs. Il avait l’impression qu’il était hanté. Il eut même l’impression de revoir son ami l’espace d’un instant, là, poser contre le mur avec son air sérieux et impliqué. Un poids de plus qui pesait sur son cœur. Il poussa un soupir discret alors qu’on le conduisait dans une salle d’interrogatoire. On lui avait épargné ça après les attentats au vue de son état mais il s’imaginait que d’autres avaient dû subir également ce genre de situations désagréables.

« Asseyez-vous ! »

Toujours cette voix autoritaire. Était-il en mauvaise posture ? Il ne saurait le dire. Ses pensées filaient à nouveau vers la jeune femme.  Et alors qu’il obéissait et qu’un café lui était apporté. Elle reprit.

« Bien ! Monsieur Cole Hudson sachez que cet interrogatoire est filmé. Tout ce que vous direz pourra et sera retenu contre vous ! Si vous souhaitez avoir un avocat pour vous assister, vous pouvez en faire la demande à tout moment lors de cet interrogatoire. » Elle appuyait les bras sur la table, avec une assurance et une présence qui était assez déroutante et intimidante « Cole, sachez que je ne suis pas ici en ennemie mais avant tout en amie, j’ai juste besoin de quelques réponses à quelques questions. J’ai besoin que vous m’éclaireriez sur certains points. Plus vous serez coopératif et plus vite nous finirons. »

Cole attrapait des deux mains cette tasse. La chaleur brûlante le ramenait encore un peu plus sur terre. Elle était rassurante et agréable. Angel s’assit désormais en face de lui, se mettant à son niveau. Elle était étrangement détendue. Rien qu’à l’entendre, on pouvait deviner assez facilement qu’elle aimait faire son boulot et que tout ça n’était finalement qu’une formalité de plus pour elle. Une détermination naissante se lisait également sur son visage. La ranger reprend une voix normale mais compatissante pour le jeune homme.

« Bien commençons ! Avant tout, comment allez-vous ? Comment vous sentez-vous ? »

Le jeune homme ne répondit pas tout de suite. Comment est-ce qu’il allait ? La réponse était assez évidente pour lui. Il avait l’impression qu’un camion lui était passé dessus. Il avait l’impression qu’on avait plongé deux mains dans son torse et qu’on essayait de lui arracher côtes, cœur et tout ce qui va avec. Il avait envie de vomir. Il avait envie de crier et de frapper quelque chose sous la colère et la frustration. Comment avait-elle pu l’abandonner ? Il essaye dans un premier temps d’articuler quelque chose mais aucun son ne sort. Tout cela lui demandait un effort considérable. Comme pour essayer de retrouver un minimum de fierté, de dignité et de contrôle, il dit d’une voix fatiguée.

« Bien…»

Et toujours dans cette même optique et pour éloigner les potentiels soupçons le concernant lui et Shaélynn, il ajoute.

« Vous avez retrouvé Shivak ? »

Cet enfoiré. Tout était de sa faute. C’était lui le fautif. C’était de sa faute si elle était partie. Cole n’avait toujours pas touché à son café, ses mains se resserraient un peu plus sur la tasse alors que sa mâchoire se crispait. Pour le moment, personne ne le savait et personne ne devait le savoir. Il devait lui faire gagner du temps. Pour ce que ce connard a dit, elle allait probablement être recherchée. Ils voudraient l’interroger si ce n’est au moins pour tirer les choses au clair et pour l’innocenter. Il devait gagner un peu de temps… Elle l’aime. Elle lui a dit. Elle l’aime. Lui il ne peut pas l’abandonner. Elle lui avait demandé… Elle l’avait abandonné et pourtant il allait encore l’aider…

Son regard est distant. Il évite de croiser celui d’Angel. Son regard est rassurant et invite à la confidence. Mais Cole ne veut plus se faire manipuler.  Les contacts humains sont trop dures pour l’instant. Il veut être seul. Ses yeux cherchent cette solitude dans cette pièce. Il observe cet endroit, il recherche quelque chose sur lequel se raccrocher pour ne pas perdre pied, pour ne pas exploser. La salle est triste et très sobre. Ce n’est pas non plus sa fonction d’être jolie et décorée mais elle est étrangement vide. Le béton est vulgaire et insipide. Pourtant, il avait plus de consistance et une histoire bien plus intéressante que la sienne. Il est complexe et se trouve sous bien des formes. Il est grossier et il subit des transformations auxquelles il s’adapte. Cole est vide. Il ne peut pas s'adapter à une situation comme celle- là. Il n’est plus qu’une coquille fragilisée et brisée. Ses yeux sont fatigués. Tout son corps lui semble terriblement lourd à porter. Il se sent faible, perdu et tourmenté. Il divague suffisamment pour trouver n’importe quel sujet possible dans cette salle pour ne pas affronter le regard de quelqu’un, pour s’intéresser à autres choses pour se changer les idées.

Qu’allait-il lui arriver maintenant ? Comment allait-il faire pour continuer sans elle ? Où était-elle ? Avait-elle réussi à fuir ? Où allait-elle fuir ? Est-ce qu’elle allait s’en sortir ?

Comment allait-elle ?

L’observation. C’est la clé de son métier. Observer les gestes, les lèvres qui tremblent, les pieds qui battent le sol en rythme, les yeux qui se perdent ou qui cherche à dominer. Oui ! Ces yeux qui cherchent à vous intimider, souvent exprimés par des personnes acculées, cherchant désespérément à reprendre de contrôle ou à dominer l’autre. Egalement observer les réactions physiques, corporelles, autant extrêmes que nulle. Les éclats de voix comme les pleurs, les frissons comme les perles de sueurs qui glissent le long des tempes. Tout est matière à analyse. Tout comme l’absence de réaction. Pas de réaction, c’est déjà une réaction. Il suffit juste de replacer le contexte pour en interpréter le sens.

Et la jeune femme excellait dans cette discipline. Sa formation chez les fédéraux, les centaines d’heures passées à interroger des suspects, des criminels entre quatre murs de béton. Les diverses techniques apprises dans les manuels ou à travers son mentor lui permettait de les cerner. Elle réussissait à entrer dans le jeu de ses clients, à les démolir, à les broyer pour en retirer le moindre extrait d’essence de vérité.

Mais si la méthode brusque du mauvais flic faisait souvent ses preuves pour pousser à bout les pires criminels, cette dernière pouvait également refermer, les verrouiller, rendre inaccessible les plus fragiles de ses clients. Le bon flic œuvrait souvent dans cette situation, de manière à avoir la confiance, la coopération aussi fébrile soit-elle du sujet.

Et le sujet du jour n’était autre que le gérant du parc, Cole Hudson. Un jeune homme, cheveux bruns, yeux bleus, grand, qui en imposerait dans une situation probablement plus favorable pour lui. Son visage, semblait être un livre ouvert, prêt à dégueuler à vos pieds les moindres émotions traversant son hôte. Pas très pratique pour les grands sensibles mais pouvant être redoutable pour les maîtres de la manipulation étant conscient de cet atout. La Ranger serait très attentive aux réactions, aux réponses de ce livre ouvert qu’est l’ancien guide.

A la question simple concernant son état émotionnel, Cole restait tout d’abord silencieux. La bouche s’articulant sans qu’aucun son n’en sorte. Rester en retrait, surtout ne pas le brusquer. Jouer au bon flic, rien de servait de le verrouiller. Pas tout de suite…

« Bien…»

Tout un panel de mots, de phrases s’ouvrait à lui pour décrire ce qu’il ressentait. Tout un tas d’émotion et de sentiments qu’il aurait pu confier à la ranger qui essayait de paraitre la plus amicale, la plus compréhensive possible. Mais juste un mot sorti. Un mot paraissant demander tellement d’effort de diction que la voix de son auteur en semblait fatiguée.

« Vous avez retrouvé Shivak ? »

Typique !

Souvent les sujets posaient les premières questions. Souvent, cela signifiait une volonté de maitriser la discussion. Avoir un contrôle, permettre d’éluder un sujet qui pourrait lors faire du tort, leur être douloureux. Les mains de Cole se refermaient autour de la tasse de café, sa mâchoire se crispait. Il se tendait comme un chat que l’on aurait un peu trop brusqué. Le sujet choisi par son client semblait le contrarier. Cole semblait ressentir de la colère mais envers qui, Shivak ? Lui-même ? Quelqu’un d’autre ?

Angel sondait le gérant du parc dont les yeux fuyaient le contact chaleureux et rassurant de ceux de la Ranger. Il était peut-être en colère sur le moment mais son corps, ses yeux rougis, ses traits fatigués semblaient montrer de la tristesse, de la fragilité de la part de l’ancien guide. Angel devait-elle jouer le jeu, livrer des informations, aller dans le sens de la question de Cole au risque de ne pouvoir faire demi-tour plus tard. Devait-elle plutôt ignorer la question et mener la barque comme elle le désirait au risque de le perdre dès le début de l’interrogatoire ? Ne pas l’oublier, le bon flic est essentiel !

SOIT !

Bien une minute se passa. Elle devait avoir à confiance, capter son regard, c’est essentiel. Continuant à toiser du regard le jeune homme, Angel répondit d’une voix pleine de gravité :

« Présumé mort ! » Il n’avait pas besoin d’avoir les détails pour le moment, ces seuls mots devraient déjà faire leur effet sur le visage du gérant.

« Je voulais justement vous parler de Monsieur Garland. C’est une des raisons pour lesquels vous êtes ici Cole. Nous devons éclaircir certains points qui pourraient engager la responsabilité, la sécurité du parc et de ses occupants... »

Reprendre la main et mener la danse, c’est essentiel !

« Si je me souviens bien, Shivak Garland était l’ancien gérant du Jurassic Park avant que vous le remplaciez. Remplacement effectué par le grand patron lui-même, John Hammond juste avant les évènements tragiques que vous et moi avons vécu et qui a mener à la mort de Monsieur Hammond. Un attentat abject qui a coûté la vie à de nombreux membres du personnel. D’ailleurs, à la réunion du personnel d’hier soir, si je ne me trompe pas, vous avez supposé comme un autre homme que monsieur Garland pourrait être un espion, un membre d’une organisation ou d’une entreprise ennemie. Biosyn ou K-C  peut-être ? Ce serait vraiment très inquiétant pour vous et moi de nous retrouver avec des poissons pourris au sein de notre panier.  Vous saisissez ?  D’où les questions suivantes. Que savez-vous sur Shivak Garland, ses liens avec Mademoiselle Beckett et son implication ainsi que celle des rangers dans l’arrestation de l’homme qui s’est opposé son élection ? Que sont Biosyn et K-C ? Je veux tous savoir, dites-moi tout ! »

Angel rentrait directement dans le vif du sujet, sujet que Cole avait lui-même choisi. Elle espérait en allant dans son sens qu’il allait lui parler, qu’il allait se détendre. La jeune ranger attendait, détendu au fond de sa chaise, avec beaucoup d’attention ce que pourrait lui apprendre l’ancien guide.

Le regard du jeune homme arpentait la pièce jusqu’à ce qu’il finisse par croiser celui d’Angel Harlowe. Celle-ci lui répondit avec une voix pleine de gravité qui attira davantage son regard. Si aux premiers abords elle semblait bienveillante, elle avait également un ton sérieux et presque dur, presque intimidant.

« Présumé mort ! »

Cole écarquilla les yeux à cette annonce et sa tête fit un petit bond montrant sa surprise. Comment ça “présumé mort” ? On ne pouvait être présumé mort qu’en présence d’indice qui justifiait une telle conclusion. Alors qu’avaient-ils retrouvé ? Du sang ? Un objet ? Un morceau ? Des vêtements ? Il n’y avait donc pas de corps ?

Shivak avait fui et il savait ce qu’il faisait. Il ne pouvait pas juste être “présumé mort”. Cela ne faisait aucun sens. Il blêmit un peu plus. Il s’était probablement enfui. Mais… Et s’il avait retrouvé la trace de Shaélynn ? Cole avait entendu un coup de feu avant d’arriver dans le bungalow. Elle n’avait rien voulu lui dire mais il s’était imaginé une multitude de scénarios. Avait-elle fait fuir le traître en lui tirant dessus ? Un tir de sommation ?  Pourquoi un seul coup de feu ? Shivak ne se serait pas contenté d’un seul tir. Pourquoi ? Il était armé et il avait l’air prêt à tout… Et si… Non, ce n’était pas possible. Est-ce que Shaé avait tué Shivak ? Ou… Shaé lui avait dit qu’il ne lui avait pas laissé le choix. Alors est-ce qu’elle était partie avec lui ? Cette pensée lui parut insoutenable.

« Je voulais justement vous parler de Monsieur Garland. C’est une des raisons pour lesquelles vous êtes ici Cole. Nous devons éclaircir certains points qui pourraient engager la responsabilité, la sécurité du parc et de ses occupants... »

Cole était désormais attentif et regardait Angel. Il n’y avait pour le moment pas de raisons de s’inquiéter. Il se risquait à boire une gorgée de café et la chaleur de la boisson l’éveillait un peu plus. Ses yeux s’ouvraient un peu plus.

« Si je me souviens bien, Shivak Garland était l’ancien gérant du Jurassic Park avant que vous le remplaciez. Remplacement effectué par le grand patron lui-même, John Hammond juste avant les évènements tragiques que vous et moi avons vécu et qui à mener à la mort de Monsieur Hammond. Un attentat abject qui a coûté la vie à de nombreux membres du personnel. »

Le jeune homme accusait difficilement le coup. Il s’était attendu à des questions exclusivement portées sur Shivak. Elle revenait sur beaucoup d’autres choses. Rien que la prononciation du mot "attentat" lui faisait baisser instinctivement le regard. Il releva malgré tout péniblement les yeux pour affronter à nouveau ceux d’Angel. Même si ce n’était pas son intention et, il le savait, il ressentait de la honte, du regret et de la culpabilité aux mots de la ranger. Elle était détendue, assise au fond de sa chaise et semblait le sonder au plus profond de son âme. Il fut pris d’un léger frisson alors qu’elle reprenait.

« D’ailleurs, à la réunion du personnel d’hier soir, si je ne me trompe pas, vous avez supposé, comme un autre homme, que monsieur Garland pourrait être un espion, un membre d’une organisation ou d’une entreprise ennemie. Biosyn ou K-C  peut-être ? Ce serait vraiment très inquiétant pour vous et moi de nous retrouver avec des poissons pourris au sein de notre panier.  Vous saisissez ? »

Cole avait fait ses recherches sur Shivak. Il avait mis le paquet et avait volontairement exagéré certains points lors de son discours, histoire de peser un peu plus dans la balance. Les seules choses qu’il avait à sa disposition concernaient l’entreprise et il n’avait globalement rien trouvé sur l’historique personnel de cet homme. Des rapports de mission, le témoignage de Shaélynn et une cassette vidéo. Qu’est-ce que Cole savait réellement ? Et que pouvait-il répondre à ces questions ? Évidemment que Shivak bossait pour K-C. La déduction n’avait pas été difficile à faire quand on connaissait la rivalité qu’il entretenait avec Shaélynn et que celle-ci lui avait avoué travailler pour Biosyn. Mais il ne pouvait pas le dire à Angel. Il ne pouvait pas la trahir.

Le souffle horrible de l’homme sur son dos, cette voix calme et détachée, cette révélation brutale que Shivak lui avait fait. Tout ça lui revenait et lui procurait un frisson désagréable. Avait-il essayé de l’effrayer ? Avait-il simplement essayé de le mettre en garde ? Cherchait-il à atteindre Shaélynn ? Cole avait foncé tête baissée et jamais il n’avait imaginé un seul instant qu’il puisse dire la vérité. C’était Shivak Garland, un personnage qui sentait le faux et le mensonge rien qu’à son apparence.

« D’où les questions suivantes. Que savez-vous sur Shivak Garland, ses liens avec Mademoiselle Beckett et son implication ainsi que celle des rangers dans l’arrestation de l’homme qui s’est opposé à son élection ? Que sont Biosyn et K-C ? Je veux tous savoir, dites-moi tout ! »

Cole reprit une gorgée et inspira lourdement. Il tentait de garder son calme mais il bouillonnait. Il ne voulait pas trahir Shaélynn. Son intention n’était pas de mentir pour autant. En revanche, si cela pouvait aider à faire tomber Shivak davantage il n’allait pas se gêner. Il réfléchit quelques instants en faisant traîner ses lèvres sur la tasse. Il ferma les yeux pour profiter un peu du calme qui retombait mais aussi pour humer l’odeur du café qui le réveillait toujours plus à chaque gorgée.

« Je sais très peu de choses sur lui. Pas plus que ce que j’ai énoncé lors des élections à vrai dire. Je… Pour être honnête, je ne l’ai jamais porté dans mon cœur. Il n’a fait que d’apporter des problèmes et les rapports de l’entreprise viennent le prouver. Je suppose effectivement que M. Garland fait partie de K-C. Je pourrais vous fournir les enregistrements vidéos dont j’ai parlé lors des élections. On le voit frapper Terrence McTaylor pour l'assommer. Je n’ai en revanche aucun enregistrement le montrant avec Emma Beckett. Je n’avais pas connaissance de sa relation avec elle avant ce soir et je ne connais pas du tout son niveau d’implication dans toute cette histoire. Je suspecte qu’il ait cherché à l’utiliser pour avoir des informations concernant la sécurité du parc. »

Il marque une pause pour reprendre une petite gorgée. Il tremblait un peu moins mais il n’était pas serein pour autant. Cela devait probablement se voir sur lui. Il pesait ses mots et prenait son temps pour ne pas s’emmêler, pour traiter point par point. C’était aussi sa manière de travailler en général. Ce n’était pas calculé pour autant. Il était fatigué et il essayait de se souvenir de tout. Il se contentait d’énumérer les choses telles qu’elles lui venaient.

« L’homme qui s’est fait arrêter, Marcos Shannon… Je pense que Shivak a essayé de l’évincer mais j’ignore pourquoi. Il est professionnel, appliqué et intègre. Je doute très fortement qu’il chercherait à nuire à l’intégrité de l’entreprise. »

Il avait volontairement omis de parler du rendez-vous que lui, Marcos et Emma avait eu quelques jours auparavant. Il repensait aux propos de la jeune femme. Était-il au courant pour Shivak et elle ? Elle avait caché sa relation avec lui. Bien sûr qu’elle devait être au courant ! Mais à quel point était-elle impliquée ? Quelle était réellement sa position dans tout ça ? Travaillait-elle aussi pour la Chimère ? C’était un tout autre axe de questions. Une autre branche à cet énorme arbre de questions que Cole se posait.Tout ça était trop étrange. Mme Harlowe ne venait pas aider ce sentiment.

Que sont Biosyn et K-C ? Cette question, il n’était même pas sûr de savoir y répondre lui-même. Dans sa réflexion, son visage peignait l’image d’un homme confus. L’une était une entreprise en concurrence avec InGen. L’autre était une bande de terroriste fanatique dont le but semblait encore obscur. Le trouble qui habitait le jeune homme à ce moment était inexplicable. Il n’avait absolument aucun souvenir de ces événements. C’était en partie pour ça qu’il avait passé des heures à visionner les vidéos surveillances à la recherche d'indices pour se rappeler. Cependant, une partie des images de ces événements avait disparu mystérieusement. La fameuse cassette vidéo qu’il avait gardé le montrait avec John Hammond puis avec Josh Solomon. L’explosion puis plus rien. Il y avait environ cinq minutes de vidéo. Le blast, quelques secondes seulement, qui avait finalement effacé 24h de sa vie. Cole appuya une main sur son front pour dissimuler le mal-être qu’il ressentait. Malgré lui, celle-ci tremblait à nouveau et il s’empressa d’attraper la tasse pour boire une nouvelle gorgée, tentant de dissimuler encore tout ça. Se voiler la face et continuer ses explications.

« Je… Pour votre dernière question je n’en sais pas tellement plus. Biosyn est une entreprise en génétique et en concurrence avec InGen qui a connu quelques affaires avec la justice. Vous le savez probablement déjà. K-C, Kimeria Chimestry ou encore La Chimère est une sorte de secte de fanatique dont l’objectif semble sombre et obscure… Je… Je n’en sais pas plus… Pourquoi vous me posez cette question ? Qu’est-ce que Biosyn vient faire là ? »

Pourquoi lui parlait-elle de Biosyn ? Qu’est-ce que Angel savait ? Est-ce qu’elle le testait ? Cole était sur ses gardes et se cramponnait encore à la tasse. Est-ce qu’il allait avoir des problèmes ? Est-ce qu’elle allait le mener sur des sujets encore plus complexes ? Il redoutait les questions qui allaient venir et évitait à nouveau le regard pesant de la jeune femme. Si celle-ci n’était pas imposante physiquement, son esprit et sa présence étaient omniprésente dans toute la pièce. Il devait bien se l’avouer, dans le contexte actuel, elle avait une assurance qui était clairement intimidante.

Tout le long de son discours, Angel avait l’impression de tantôt captiver l’attention du gérant, tantôt l’accabler de toute la misère du monde. Shivak était un sujet qui semblait l’intéresser, le captiver tandis que les évènements qui avaient touché le parc, sortant de la bouche de la ranger, le faisait plier, baisser les yeux. Il semblait épuisé, au bout de lui, tremblant… La jeune femme n’y allait franchement pas très fort pourtant.

À la fin du monologue d’Angel, le gérant prenait son temps, buvant du café, respirant lentement comme quelqu’un qui chercherait les mots juste à donner. Ou se remémorait-il simplement de faits pouvant permettre à la jeune femme de faire avancer ses enquêtes ?

« Je sais très peu de choses sur lui. Pas plus que ce que j’ai énoncé lors des élections à vrai dire. Je… Pour être honnête, je ne l’ai jamais porté dans mon cœur. Il n’a fait que d’apporter des problèmes et les rapports de l’entreprise viennent le prouver. Je suppose effectivement que M. Garland fait partie de K-C. Je pourrais vous fournir les enregistrements vidéos dont j’ai parlé lors des élections. On le voit frapper Terrence McTaylor pour l'assommer. Je n’ai en revanche aucun enregistrement le montrant avec Emma Beckett. Je n’avais pas connaissance de sa relation avec elle avant ce soir et je ne connais pas du tout son niveau d’implication dans toute cette histoire. Je suspecte qu’il ait cherché à l’utiliser pour avoir des informations concernant la sécurité du parc. »

Alors comme ça Shivak serait un espion de K-C et il y aurait peut-être des preuves, Angel devait absolument les obtenir.  Elle devait absolument pouvoir les voir de ses propres yeux pour se faire une idée. Pour pouvoir monter un dossier. Bien que d’après ce qu’il lui racontait, la ranger ne pourrait probablement pas retenir plus qu’une agression en plus de la prise d’otage le soir dernier.

Néanmoins, Cole semblait reprendre possession de ses moyens. Même s’il paraissait fatigué, il tremblait moins. Détail qui n’échappa pas à l’œil affuté de la ranger. Elle le récupérait…. Il semblait faire un réel effort pour ordonner ses dires, alimenter ses propos de souvenirs. Des phrases trainantes ponctuées de promptes pauses. La jeune femme n’avait pas l’habitude de faire preuve de patience mais quelque chose lui disait au plus profond d’elle-même qu’il ne fallait pas le brusquer, le confronter. Son instinct ?! Il fallait qu’il continu en ce sens, il ne faut pas qu’il lâche tout de suite, l’interrogatoire n’est pas terminé. Du nerf !

« L’homme qui s’est fait arrêter, Marcos Shannon… Je pense que Shivak a essayé de l’évincer mais j’ignore pourquoi. Il est professionnel, appliqué et intègre. Je doute très fortement qu’il chercherait à nuire à l’intégrité de l’entreprise. »

Encore des charges accablant directement Shivak, le fugitif présumé mort, des charges directement liées à la soudaine disparition de monsieur Shannon faisant suite à son arrestation arbitraire le soir dernier. Présumé mort par quelques rangers. Présumé mort ou porté disparu ! La frontière est extrêmement mince. Il lui faut voir les preuves, reconstituer la scène. Elle ne savait que très bien qu’un présumé mort pouvait ressusciter à tous moment tant qu’un cadavre n’avait pas refait surface. Dans son ancien travail, combien de chef terroriste du Moyen-Orient ou d’Amérique du Sud avait resurgit une fois la vigilance tombée ? Toujours rester sur ses gardes ... il en va de la sécurité de tous, sa responsabilité !

La confusion semblait se répandre sur le visage de l’ex-guide. Confusion qu’il essayait de cacher de sa main visiblement. Main que recommençait à trembler. Angel se demandait si elle avait finalement bien fait de lui faire porter un café. Bien qu’utile pour le réveiller et le mettre dans une atmosphère de confiance et de confidence, elle se demandait si ça ne finirait pas par la desservir au final. Elle le regardait très profondément à la manière d’un psy sondant l’âme de ses patients pour extirper la moindre essence de sentiment à interpréter.

« Je… Pour votre dernière question je n’en sais pas tellement plus. Biosyn est une entreprise en génétique et en concurrence avec InGen qui a connu quelques affaires avec la justice. Vous le savez probablement déjà. K-C, Kimeria Chimestry ou encore La Chimère est une sorte de secte de fanatique dont l’objectif semble sombre et obscure… Je… Je n’en sais pas plus… Pourquoi vous me posez cette question ? Qu’est-ce que Biosyn vient faire là ? »

« Simple question Cole ! Durant la soirée, plusieurs personnes ont mentionné ces organisations et se sont accusées d’en faire partie les uns les autres, ce qui pourrait finir par vous rendre totalement paranoïaque si on n’était pas sain d’esprit. Un c… d’informaticien de bas étage m’a même accusé d’être une milicienne de K-C si vous vous souvenez bien ! Rien à me dire sur cet homme d’ailleurs ? Ce Carson McGeady … » finit-elle avec une légère pointe de dégoût.

Angel laissa quelques secondes au gérant pour se souvenir et éventuellement répondre quelque chose puis reprit avec une voix détendue mais sérieuse, pleine de réflexion.

« Récapitulons, Emma Beckett partage la vie de Shivak, mais ce dernier ne serait intéressé par elle que pour pouvoir la main mise sur la sécurité du parc c’est bien ça ? Shivak Garland serait donc un menteur …. Un menteur qui serait, selon vous, un espion de K-C, une secte de fanatique avec des intentions assez obscures, comme créer de gros poissons dinosaures préhistoriques ou commettre les attentats du parc mais pas seulement si j’en crois ce qui a été dit lors de la soirée.  D’ailleurs, il me faut vos preuves, la cassette vidéo, tous les rapports sur cet homme. Savez-vous où on pourrait joindre Elina Moldovan. Si je monte un dossier avec vos preuves, il me faut aussi d’éventuels témoins. Et il me semble avoir entendu le nom d’Elina Moldovan dans la plaidoirie de Shivak. Il faut que je puisse lui parler. »

Angel avait conscience que cette requête pouvait faire croire à un manque de confiance de la ranger envers le gérant, mais il comprendrait peut-être que c’est juste une procédure normale. Consolider un dossier passait également par l’audition d’éventuelles personnes pouvant potentiellement le démonter et innocenter un prévenu.

« Si notre homme est un menteur, quels crédits pensez-vous que je devrais accorder aux déclarations de ce dernier nous affirmant que le parc est en danger et que les terroristes reviendront ? Apparemment, il y aurait quelque chose sur l’île qui les intéresses et qu’ils n’ont pas eue. Un dinosaure ou autre chose peut-être ? »

Angel laissa répondre Cole à son questionnement avant de reprendre avant qu’il n’ait le temps de rétorquer par une nouvelle question comme il savait très bien le faire apparemment.

« Comme vous le savez peut-être du commérage se fait énormément et se répand très rapidement sur une aussi petite île. Il est simple de savoir par exemple que vous entretenez une liaison, ou une relation avec la chef de section des paléobotanistes. Et c’est là que j’ai un problème... Parce que même si Shivak est un menteur comme vous l’insinuez, sa dernière déclaration ne peut pas passer sans qu’une enquête y soit associée. Alors que pouvez-vous me dire sur Shaélynn Moore et pensez-vous qu’elle aurait pu tuer John Hammond comme l'a déclaré Shivak Garland ? »

Question directe, peut-être trop brutale pour l’ancien guide mais elle devait savoir s’il pouvait lui apprendre quelque chose sur cette femme. Même si les probabilités que ses déclarations ne soient pas tronqués par la relation qu’il pouvait avoir avec cette femme, il fallait qu’elle sache ce dont Cole avait connaissance avant de sortir sa dernière carte de sa veste.

Angel enchaînait sans plus attendre et lui répondait du tac-au-tac.

« Simple question Cole ! Durant la soirée, plusieurs personnes ont mentionné ces organisations et se sont accusées d’en faire partie les uns les autres, ce qui pourrait finir par vous rendre totalement paranoïaque si on n’était pas sain d’esprit. Un c… d’informaticien de bas étage m’a même accusé d’être une milicienne de K-C si vous vous souvenez bien ! Rien à me dire sur cet homme d’ailleurs ? Ce Carson McGeady … », finit-t-elle avec une moue qui semblait être du dégoût.

Elle marquait une petite pause. Cole ne connaissait absolument pas cette personne. Il ignorait à vrai dire même qu’il s’agissait d’un informaticien jusqu’à ce qu’elle le lui dise. Il faut croire que ce service n’était rempli que de clowns et d’ahuris. Entre Chris Nedry et Carson McGeady, l’avenir du parc était prometteur…

« Récapitulons, Emma Beckett partage la vie de Shivak, mais ce dernier ne serait intéressé par elle que pour pouvoir la mainmise sur la sécurité du parc c’est bien ça ? »

Le gérant savait que c’était la procédure. Il savait qu’il fallait répéter les questions afin de décerner un potentiel mensonge et de corroborer les faits. Il fallait s’assurer que durant un interrogatoire, le sujet énonce la même version deux fois et n’en change pas au fur et à mesure. Mais malgré cela, Cole était décontenancé et perdait presque patience. Il voulait courir et s’enfuir. Il n’arrivait pas à se concentrer sur tout ça. Il voulait partir à la recherche de Shaélynn. Il voulait la rattraper…

« Shivak Garland serait donc un menteur …. Un menteur qui serait, selon vous, un espion de K-C, une secte de fanatique avec des intentions assez obscures, comme créer de gros poissons dinosaures préhistoriques ou commettre les attentats du parc mais pas seulement si j’en crois ce qui a été dit lors de la soirée.  D’ailleurs, il me faut vos preuves, la cassette vidéo, tous les rapports sur cet homme. »

“De gros poissons dinosaures préhistoriques”. Cole soufflait du nez et affichait un sourire discret. C’était une curieuse façon de les appeler. Angel Harlowe était une femme de terrain, elle n’avait probablement que faire des dinosaures. Quant à cet enfoiré… Shivak était un menteur, c’était aussi une manière de le décrire. De multitudes d’autres termes peu enjôleurs venait à l'esprit du jeune gérant. Quant aux preuves, c’était déjà prévu. Il ne fallait pas que Mme Harlowe s’inquiète pour ça. Une petite ride du lion se dessinait sur son visage alors que ses pensées s’orientaient vers le “journaliste”. Angel continuait.

« Savez-vous où on pourrait joindre Elina Moldovan. Si je monte un dossier avec vos preuves, il me faut aussi d’éventuels témoins. Et il me semble avoir entendu le nom d’Elina Moldovan dans la plaidoirie de Shivak. Il faut que je puisse lui parler. »

Elina Moldovan. C’est vrai que cet abruti de Garland l’avait impliqué elle aussi dans ses propos. Mais est-ce que cela confirmait les suspicions que Cole avait à son égard ? Il repensait à ses altercations avec la jeune femme, à Sorna et à toutes les fois où la tension était montée entre eux deux. L’énervement montait encore un peu plus. Est-ce que cela voulait dire qu’elle bossait réellement pour K-C ou est-ce que c’était juste une coïncidence ? Est-ce que c’était juste une forme de haine qu’il ressentait pour elle et qui l’amenait à ce genre de conclusions peut-être hâtives ? Il fallait bien avouer que rien chez elle ne semblait bien net. Il y avait quelque chose chez elle qui le dérangeait mais il ne savait pas quoi.

En revanche, concernant ce traître, on ne pouvait pas tellement parler de plaidoirie. Shivak n’était juste qu’un chien poussé dans ses retranchements. Capable d’aboyer comme de mordre. L’énervement fit place à la peur. Cole revivait cette soirée encore et encore. Cette arme posée contre lui, le métal froid lui brûlant presque la peau. L’espion aurait pu le tuer sur le champ. Cole serait mort. Juste comme ça. Et pour quoi ? Pour quelle cause ? Simplement parce que Shaélynn lui avait demandé de faire quelque chose ? Cole était-il réellement prêt à mourir pour elle ? Et maintenant ? Que lui restait-il ? Juste de l'amertume et une peur bleue des armes à feu.

« Si notre homme est un menteur, quels crédits pensez-vous que je devrais accorder aux déclarations de ce dernier nous affirmant que le parc est en danger et que les terroristes reviendront ? Apparemment, il y aurait quelque chose sur l’île qui les intéresse et qu’ils n’ont pas eue. Un dinosaure ou autre chose peut-être ? »

Cole était scotché à sa chaise et subissait les questions. Il ne savait pas quoi penser… Si Shivak avait fait fausse route sur les potentiels intentions de Shaélynn envers lui, il avait cependant dit la vérité concernant John Hammond. La jeune femme avait bel et bien tué le fondateur. Et cette idée provoquait un frisson atroce le long de sa colonne. Jusqu’où avait-il dit la vérité ? Pouvait-on croire un seul mot de cette ordure ? Si tout ça était vrai alors le parc serait en danger et les terroristes reviendraient, mais quand ? Pourquoi ? Cela ne pouvait simplement pas être pour un dinosaure. Sorna était un libre-service bien plus discret que Nublar pour récupérer une de ses créatures. Et il y avait peut-être même plus de choix sur Sorna que sur Nublar. Alors de quoi s’agissait-il ?

« Comme vous le savez peut-être du commérage se fait énormément et se répand très rapidement sur une aussi petite île. Il est simple de savoir par exemple que vous entretenez une liaison, ou une relation avec la chef de section des paléobotanistes. Et c’est là que j’ai un problème... »

Le gérant baissa légèrement le regard et ne put s’empêcher de déglutir. Le moment qu’il redoutait arrivait plus vite qu’il ne l’avait anticipé. Angel le prenait de court. Cole commençait à sentir la chaleur montée dans sa poitrine, grimpée sur son visage.

« Parce que même si Shivak est un menteur comme vous l’insinuez, sa dernière déclaration ne peut pas passer sans qu’une enquête y soit associée. Alors que pouvez-vous me dire sur Shaélynn Moore et pensez-vous qu’elle aurait pu tuer John Hammond comme l'a déclaré Shivak Garland ? »

« Non ! », répondit-il immédiatement en se relevant presque de sa chaise. Il se rassit directement en regardant droit dans les yeux de la jeune femme. « Elle n’aurait jamais pu faire ça ! Shivak essayait juste de détourner l’attention portée sur lui…», ajoutait-il en baissant le ton de sa voix qui était subitement montée.

Il se frotta à nouveau le front en tentant de dissimuler sa gêne et en faisant mine de réfléchir. Est-ce qu’il essayait lui-même de se convaincre ? Est-ce qu’il se voilait la face alors qu’il savait pourtant la vérité ?

« C’était quoi votre première question déjà… Je… Je ne connais pas ce Carson McGeady personnellement mais je ne lui fais déjà pas confiance. Il était bien trop enthousiaste aux propos de Mr Garland…»

Rassemblant encore quelques forces et tentant de se contenir, il ne put s’empêcher de penser à Emma Beckett. Est-ce qu’elle savait pour Shivak ? Est-ce qu’elle s’était fait bernée elle aussi ? Et en pensant à elle et à sa situation, il pensa forcément à lui et à la sienne. À Shaélynn… Encore et toujours.

« Je suis quasiment sûr que Shivak a utilisé Emma Beckett pour sa position dans le parc… Je vous fournirais toutes les preuves que j’ai à disposition. Je ne sais pas ce que ces terroristes pourraient chercher et je ne pense pas que cela soit un dinosaure. Il aurait pu le chercher sur Isla Sorna avec plus de discrétion. »

Reprenant à nouveau son souffle, il marquait une courte pause avant de reprendre. Toutes ses émotions et la fatigue lui coupaient la respiration et il avait l’impression que tout ça allait trop vite pour lui. Était-il en train de faire une crise de panique ? Ou peut-être que c’était ce que lui avait injecté Shaélynn ? Il ne savait même pas de quoi il s’agissait…

« Concernant Elina Moldovan… Disons que j’ai eu de nombreuses fois des différends avec elle et que je ne suis pas tout à fait objectif à son sujet. Je serais tenté de vous dire que cela ne vous coûterait rien, à part du temps, de la contacter et d’enquêter un minimum sur elle. Elle est talentueuse et elle a toujours réalisé un travail exemplaire, ça je ne lui enlèverais pas. Mais elle est aussi mystérieuse, j’ai toujours eu la sensation qu’elle dissimulait des choses et… Elle a un égo surdimensionné. Si admettons que j’ai des suspicions à son égard, cela concernerait une seule chose. Si jamais vous arrivez à la rencontrer, interrogez là à propos d’une mission sur Sorna. Demandez-lui ce que contenait la pochette qu’elle a récupérée en octobre 2012. »

Beckett était là aussi ce jour-là… Est-ce qu’elle était déjà au courant pour Shivak ? Est-ce qu’Elina et Emma travaillaient ensemble sur d’autres projets plus secrets ? À qui pouvait-il faire confiance ? Et, se rendant compte que tout ça pouvait donner l’impression qu’il noyait le poisson, Cole surenchérissait aussitôt derrière.

« Hmm hmm… Shaélynn est une employée exemplaire et ses nombreux travaux et projets pourront prouver ce que je vous dis. Elle a toujours été fidèle à InGen. »

Cole hésita un instant puis reprit.

« Elle… Elle m’avait demandé de ne pas en parler mais… hmm… Elle avait des suspicions sur Shivak, j’en suis sûr. Un jour elle est rentrée avec des bleus et des marques. Elle n’a pas voulu me dire ce qu’il s’était passé mais je suis sûr que cet enfoiré l’a frappé et l’a menacé. J’ai essayé de la faire parler mais elle n’a rien voulu me dire et m’a dit de m’occuper de mes affaires. Je pense qu’elle essayait de me protéger. J’ai tenté de lui faire comprendre que j’étais de son côté, qu’elle n’était pas seule et que c'était grave… Je pense qu’il lui a fait du chantage. Je… J’ai été trop maladroit. On s’est disputé et on n’en a jamais reparlé… Je ne pouvais pas savoir… »

Est-ce qu’il en faisait un peu trop ? Ce n’était pas tout à fait un mensonge mais ce n’était pas tout à fait la vérité non plus. Est-ce que ça pouvait incriminer davantage Shivak ? Probablement. Il avait volontairement omis les choses que lui avaient dîtes Marcos Shannon durant cette fameuse soirée. Il voulait éloigner un maximum Shaélynn des potentiels soupçons à son égard…

« […] pensez-vous qu’elle aurait pu tuer John Hammond comme l'a déclaré Shivak Garland ? »

« Non ! »

Question très sensible ! Réponse visiblement sous tension puisque le jeune homme s’est presque levé pour clamé l’innocence de sa demoiselle en détresse. Son regard vint directement chercher celui de la ranger pour le soutenir avec force. « Elle n’aurait jamais pu faire ça ! Shivak essayait juste de détourner l’attention portée sur lui…»

La réponse du gérant était vraiment trop passionnée pour paraitre vraie pour ce genre de personne mais d’un autre côté, il était rare pour un suspect de mentir tout en soutenant du regard l’investigateur. Le regard trahis trop facilement. Une petite faille, un petit tremblement de la pupille suffit à faire douter sur la véracité des faits et à invalider une version.  Des recherches plus poussées seraient probablement nécessaires mais pour le moment, innocente jusqu’à preuve du contraire.

« C’était quoi votre première question déjà… Je… Je ne connais pas ce Carson McGeady personnellement mais je ne lui fais déjà pas confiance. Il était bien trop enthousiaste aux propos de Mr Garland…»

Ce n’est pas vraiment ce qu’elle espérait entendre… Elle se serait faite une joie d’organiser un interrogatoire pour confronter cet informaticien qui la répugnait tant mais bon… une petite surveillance du phénomène ne serait probablement pas inintéressante….

« Je suis quasiment sûr que Shivak a utilisé Emma Beckett pour sa position dans le parc… Je vous fournirais toutes les preuves que j’ai à disposition. Je ne sais pas ce que ces terroristes pourraient chercher et je ne pense pas que cela soit un dinosaure. Il aurait pu le chercher sur Isla Sorna avec plus de discrétion. Concernant Elina Moldovan… Disons que j’ai eu de nombreuses fois des différends avec elle et que je ne suis pas tout à fait objectif à son sujet. Je serais tenté de vous dire que cela ne vous coûterait rien, à part du temps, de la contacter et d’enquêter un minimum sur elle. Elle est talentueuse et elle a toujours réalisé un travail exemplaire, ça je ne lui enlèverais pas. Mais elle est aussi mystérieuse, j’ai toujours eu la sensation qu’elle dissimulait des choses et… Elle a un égo surdimensionné. Si admettons que j’ai des suspicions à son égard, cela concernerait une seule chose. Si jamais vous arrivez à la rencontrer, interrogez là à propos d’une mission sur Sorna. Demandez-lui ce que contenait la pochette qu’elle a récupérée en octobre 2012. Hmm hmm… Shaélynn est une employée exemplaire et ses nombreux travaux et projets pourront prouver ce que je vous dis. Elle a toujours été fidèle à InGen. »

Angel avait l’impression que le gérant commençait à stresser de la situation, cherchant régulièrement à reprendre son souffle. Peut-être lui en demandait-elle trop ? Mais c’était nécessaire ! Elle en retirerait le maximum. La façon de répondre par le jeune homme était tout de même surprenant. Tout d’abord, défendre brièvement mais avec conviction sa petite amie, puis continuer sur les autres questions de la ranger et revenir sur Shaélynn Moore…. Ça donnait envie de gratter un peu le compte de la jeune paléobotaniste.

« Elle… Elle m’avait demandé de ne pas en parler mais… hmm… Elle avait des suspicions sur Shivak, j’en suis sûr. Un jour elle est rentrée avec des bleus et des marques. Elle n’a pas voulu me dire ce qu’il s’était passé mais je suis sûr que cet enfoiré l’a frappé et l’a menacé. J’ai essayé de la faire parler mais elle n’a rien voulu me dire et m’a dit de m’occuper de mes affaires. Je pense qu’elle essayait de me protéger. J’ai tenté de lui faire comprendre que j’étais de son côté, qu’elle n’était pas seule et que c'était grave… Je pense qu’il lui a fait du chantage. Je… J’ai été trop maladroit. On s’est disputé et on n’en a jamais reparlé… Je ne pouvais pas savoir… »

Si elle savait quelque chose il fallait absolument qu’elle lui parle.

« Il faudrait que je lui parle pour les besoins de l’enquête… pour éclaircir quelques…. Avez-vous une idée de l’endroit où je pourrais la trouver ? Parce qu’elle n’était pas chez vous les deux fois où je suis venu pour vous. En parlant de ça….»

La jeune femme fouilla dans la poche intérieure de sa veste, en ressorti la balle ensachée qu’elle avait extraite du bungalow du gérant quelques heures auparavant et la jeta nonchalamment sur la table devant un Cole qui semblait surpris, dans l’incompréhension la plus totale. Elle recroisa les bras, sondant profondément le moindre geste, la moindre expression du jeune homme avant de continuer sur un ton concerné.  

« J’imagine que vous avez une explication pour ça…. »

Aucune réponse ne s’échappa de la bouche de l’ancien guide. Le regard perdu dans l’espace,  semblant désespérément chercher au plus profond de sa mémoire le moindre petit monceau de souvenir qui pourrait expliquer la situation. Angel, pour l’aider à la réflexion, reprit sur un ton plutôt encourageant qu’infantilisant…

« Il s’est passé quelque chose ce soir-là dans votre bungalow, je ne sais pas quoi mais on ne peut le nier… Une chambre avec des affaires retournées dans tous les coins, une balle retrouvée dans un mur de votre bungalow ! Et vous Cole ! Vous, drogué et inconscient … Qui a bien pu me prévenir de venir chez vous si vous étiez complètement dans le gaz ? Un cambriolage qui a mal tourné … vous avez peut-être surpris la ou les individus qui étaient chez vous… Je peux émettre une multitude de scénarios pour expliquer cette soirée mais j’ai besoin de connaitre votre avis… votre version des évènements. »

Le regard qui se détourne et qui finalement revient soutenir celui de la ranger… Il savait quelque chose… mais quoi ?!

« Que vous a-t-on pris ? Que recherchais-t-on chez vous ? Que s’est-il passé ce soir-là Cole ! »

Sans même lui laisser le temps de respirer, Angel lui répondit d’emblée. Cole se raidit sur sa chaise. Dans le peu de temps où tous ces événements avaient eu lieu et s’étaient déroulés, elle était préparée comme si ce dossier était monté depuis des lustres. Non, moins de 24h s’était écoulé et la ranger avait déjà des questions, des stratégies qui semblaient bien définies. Il ne fallait pas qu’il se démonte. Il fallait qu’il lui fasse face malgré la douleur, malgré la fatigue. Il fallait qu'il lui tienne tête.

« Il faudrait que je lui parle pour les besoins de l’enquête… pour éclaircir quelques… Avez-vous une idée de l’endroit où je pourrais la trouver ? Parce qu’elle n’était pas chez vous les deux fois où je suis venu pour vous. En parlant de ça….»

Cole, tout d’abord perplexe, observait la ranger qui fouillait dans la poche intérieure de sa veste. Elle en ressortit un petit sachet contenant quelque chose qu’il ne vit pas tout de suite. Elle le jeta nonchalamment sur la table, un geste qui semblait presque accusateur et qui surprit le jeune homme qui ne comprenait pas tellement ce qui était en train de se passer. Angel croisait les bras et posait un regard lourd sur lui. Elle semblait presque sonder son esprit et vouloir déceler la moindre faille chez lui. Elle reprit d’un ton sévère.

« J’imagine que vous avez une explication pour ça…. »

Le jeune homme était de nouveau surpris et se penchait légèrement pour voir le contenu de ce sachet. Il n’en avait jamais vraiment vu ailleurs qu’à la télévision mais cela ressemblait à une balle écrasée. Plus précisément celle que la police récupérait sur les scènes de crime, celle qui avait déjà servi. Cole plongeait alors dans ses pensées. Il tenta d’ouvrir la bouche mais aucun son n’en sortit. Que devait-il répondre à ça ? Il n’avait absolument aucune explication. Que cherchait-elle à prouver ? Que devait-il comprendre ?

« Il s’est passé quelque chose ce soir-là dans votre bungalow, je ne sais pas quoi mais on ne peut le nier… Une chambre avec des affaires retournées dans tous les coins, une balle retrouvée dans un mur de votre bungalow ! »


Une balle ? Cole relevait la tête d’un air désorienté puis détournait le regard à ces mots qui indirectement l'effrayait. Cole n’avait donc pas rêvé. Il avait bel et bien entendu un coup de feu ce soir-là. La distance qui le séparait avec le bungalow, le son étouffé, il n'en avait jamais été certain. Il comprit alors soudainement les explications que la jeune femme cherchait, il comprit où elle voulait en venir. Sous ses airs bienveillants et de compassion, la ranger était en réalité une prédatrice en chasse. Un véritable charognard en quête de réponse. Après tout, c’était pour ce genre de compétences qu’elle avait été embauché en premier lieu. Cole n'avait cependant pas envisagé que cela soit à ces dépends. Mais le gérant n’avait pas plus de réponses ou d’explications pour autant à lui donner. Il revient alors soutenir son regard alors qu'elle s'apprêtait à reprendre la parole.

« Et vous Cole ! »

Cette interpellation le fit tout d’abord sursauter, il ne s’y attendait pas. Elle le pointait directement du doigts, c'était lui qu'elle accusait. Son regard redevenait fuyant alors que la ranger continuait son monologue.

« Vous, drogué et inconscient … Qui a bien pu me prévenir de venir chez vous si vous étiez complètement dans le gaz ? Un cambriolage qui a mal tourné… Vous avez peut-être surpris la ou les individus qui étaient chez vous… Je peux émettre une multitude de scénarios pour expliquer cette soirée mais j’ai besoin de connaître votre avis… votre version des événements. Que vous a-t-on pris ? Que recherchais-t-on chez vous ? Que s’est-il passé ce soir-là Cole ! »

Cole eut le souffle coupé. Il ne s’était définitivement pas attendu à cette direction là quand il était entré dans cette pièce. Encore moins quand il s’était assis sur cette chaise et qu’un café lui fut apporté. Elle l’avait définitivement piégé. Elle avait tendu une toile qu’elle avait lentement refermée sur lui. Lui qui pensait témoigner pour inculper pleinement Shivak, était désormais directement impliqué dans cette interrogatoire. Il était sa cible, il semblait devenir le fautif et coupable. Il se sentait au pied du mur alors qu’il n’avait rien fait, ou presque rien fait... Elle l’avait mené par le bout du nez exactement là où elle le voulait. Alors qu’une boule de nerf grimpait en lui, le mal de crâne lui revenait et cette salle austère semblait se faire de plus en plus petite. Angel restait de marbre, aussi froid que le béton qui les entourait. Le bourdonnement du néon devenait insoutenable. Le clignotement rouge régulier de la caméra sur son trépied ne cessait de le menacer d’une image qu’il s’imaginait de lui à cet instant. Et pour finir, ce miroir gigantesque qui l’observait l’inquiétait de plus en plus. Qui se trouvait derrière à cet instant ? Est-ce qu’ils avaient en réalité déjà arrêté Shivak et Shaé ? Est-ce qu’ils étaient en train de tester sa loyauté ? Est-ce que Cole était en réalité directement accusé de quelque chose ? Non, impossible. Il refusait d’y croire.

Cette lumière blanche lui fatiguait encore plus les yeux. Le bourdonnement des néons l'assourdissait. C’est ce qu’elle recherchait. Cherchait-elle vraiment à le briser pour mieux l'interroger ? À quoi bon lui amener du café et le ménager si c'était pour le brusquer maintenant ? Cole était si exténué que, l’espace d’un instant, il crut voir une silhouette se dessiner sur le miroir sans teint. Il fermait instantanément les yeux et ne réfléchissait plus. Il éteignait la petite voix dans sa tête qui le harcelait. Il avait pris sa décision et il fallait à tout prix qu’il la maintienne. Il ne fallait pas flancher, il ne fallait pas donner et montrer une autre version de l’histoire à Angel. Se redressant subitement  sur le siège dans lequel il s’était enfoncé au fur et à mesure que la ranger l’écrasait, il décidait alors de jouer le tout pour le tout. Il lâchait un sanglot qu’il ne parvenait plus à contenir de toute façon et glissait un instant son visage entre ses mains. Prenant une inspiration, il se lançait dans un nouveau récit. Il ouvrait les yeux en grand, feintant la surprise et la détresse, et regardait droit devant lui, comme si une nouvelle révélation venait de le frapper.

« Sha… Shaélynn ! Mon dieu… J’ignore où elle se trouve… Je… Après que Shivak m’ait amené dehors… On… Je lui ai dis que j’avais encore des choses à régler, je lui ai dit de se mettre à l’abri dans notre bungalow… On devait se rejoindre dans mon bungalow… Non… Oh non… Sur le chemin j’ai entendu un coup de feu. Tout me revient maintenant ! J’ai couru aussi vite que je le pouvais et je suis entré. Quand je suis arrivé, il n’y avait personne. Je me souviens que tout était trop calme, j’avais peur qu’il soit arrivé quelque chose de très grave. Je suis monté dans la chambre et… Plus rien. J’ai senti une douleur et plus rien. Je… Ce n’est pas moi qui ait envoyé le message, j’en suis sur… Et je pense que la personne qui l’a fait, l’a fait pour vous éloigner de la piste que vous suiviez ou pour vous faire perdre du temps. Je ne vois que ça. Je… Tout est de ma faute… Mon dieu… Je crois qu’il lui est arrivé quelque chose… Je… Je crois que Shaélynn s’est fait enlever… Si Shivak a mis la main sur elle… Je…J’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose… Mon dieu… Tout est de ma faute… »

Il mit la main devant sa bouche. Puis devant son visage. Nouveau sanglot. L’émotion était réelle, son histoire l’était un peu moins. Et il espérait que cela soit suffisant. Il espérait au fond de lui qu’Angel lui lâche un peu de leste. Il frottait  vivement ses yeux avec ses poignets pour effacer les larmes qui s’y étaient installées. Malgré ce mensonge ou tout du moins cette vérité remaniée, sa crainte et son inquiétude étaient réelles et il doutait que la ranger ne fasse la différence avec le vrai du faux à cet instant précis. C’était peut-être pas la meilleure des décisions qu’il ait prise dans sa vie et il la regretterait probablement plus tard. En attendant, Shaélynn devait déjà être loin. Il l’espérait au plus profond de son être. La reverrait-il un jour ?

Cole avait l’air d’être surpris lorsqu’Angel sortit la balle. Il avait vraiment l’air d’ignorer de quoi il s’agissait, cependant, quand elle dévoila la scène qu’elle avait pu observer lors de la découverte du gérant complètement drogué, il semblait apeuré, fuyant le regard de la ranger. Ce souvenait-il de quelque chose ?  

Et plus elle parlait, plus il s’enfonçait dans son siège jusqu’à fin de la tirade de la jeune femme où il se fondit carrément en sanglot. Shaélynn… visiblement il s’inquiétait pour elle. Beaucoup, trop ! Angel était en train de le perdre. Il se confondait telle une pleureuse et se noyait dans l’auto-apitoiement. Shaélynn avait-elle été enlevée comme il le supposait ? C’était, certes, une piste à explorer mais d’autres pistes étaient à développer, à exploiter. Un résumé des évènements, recoupant les déclarations du gérant,  était  nécessaire pour éclaircir tous les points dont le plus important… Que s’est-il passé ce soir-là et qui était présent ?!

Angel reprit la main de cet interrogatoire dans un discours qui se voulait, tantôt en quête de réponse, tantôt, probablement, assez rude pour le jeune homme.

« Donc si je synthétise, vous avez demandé à mademoiselle Moore de rentrer dans votre bungalow pour se mettre à l’abri  par rapport à la prise d’otage qui venait de se dérouler je suppose, le temps de régler des affaires… J’imagine, que c’était des affaires en rapport avec les avocats présents ce soir-là ou même des consignes directionnelles à la direction des employés du parc n’est-ce pas ? Et quand fût arrivée l’heure de rentrer chez vous, vous avez entendu la détonation d’un pistolet et la seule idée qui vous est venue à l’esprit, VOUS qui vous êtes fait prendre en otage quelques dizaines de minutes plus tôt, a été de courir tête baissée dans ce bungalow. Vous n’avez même pas essayé de fuir loin… J’imagine à cause de la présence de votre bien-aimée dans votre demeure. Dans cette demeure justement… Il y avait plusieurs personnes. Shaélynn y était puisque vous lui avez demandé d’y être. On peut alors imaginer qu’au moins une autre personne y était également présente. Monsieur Garland peut-être ? Suivant le moment où vous êtes arrivé sur place, ça pourrait concorder au niveau timing… mais ça mettrait de nouvelles hypothèses en avant comme, que faisait-il chez vous ? Etait-il seul ou accompagné ? Qui a pu tirer le coup de feu ? Vous pensez que Shaélynn ait pu détenir une arme ? »

« Je ne sais pas... Je ne sais pas... Comment je pourrais savoir...? »

Réponse un peu trop clichée, aller Cole, restez concentré, ce n’est pas fini…

« Même une arme dont-vous n’auriez pas eu connaissance ? »

« Je ne sais pas, peut-être ne se sentait-elle pas en sécurité ici » Déclara-t-il, un regard qui semblait essayer de confondre la jeune femme en accusation. Comme si le fait que ça bien-aimée ne se sentait pas suffisamment en sécurité sur cette ile était entièrement de sa faute et que ça pourrait éventuellement expliquer qu’elle ait pu détenir une arme. Quoi qu’il en soit, Angel voyait qu’il n’en savait rien à sa façon de se braquer… Mais ce n’était pas le plus important désormais… Il fallait qu’elle en tire le maximum avant qu’il se verrouille complètement. Qui était là-bas ? Il fallait qu’elle sache !

« Soit ! Quelqu’un a tiré et vous êtes entré et rien ! Personne !... Vous vous êtes alors rendu à l’étage et plus rien ! Quelqu’un arrive derrière vous et vous drogue avec une seringue. C’est pratique ! Personne à incriminer, personne à reconnaitre. Etait-ce Shaélynn Moore ? Une autre personne ?! »

Comme victime d’une injustice, Cole répondit de manière quelque peu indignée tout en imprimant des mouvements négatifs de la tête un « Je ne sais pas ! ».

Un « je ne sais pas » de trop pour la jeune femme qui posa ses mains sur la table prête à bondir, comme à la vieille époque où elle confrontait violemment les suspects des affaires criminelles sur lesquelles elle bossait au NCIS.

« Qui d’autre Cole ! »

« Mais de quoi vous m'accusez à la fin ? Qu'est-ce que vous attendez de moi ? J'entends un coup de feu, j'accours, c'est comme ça ! Vous auriez fait la même chose à ma place ! Vous ne me connaissez pas, vous ne savez pas ce que j'ai déjà fait pour ou à cause d'InGen ! Vous pensez peut-être que je suis arrivé où je suis aujourd'hui comment ? En me cachant et en fuyant ? Vous pouvez m'accuser d'être courageux ou d'être stupide... j'entends un coup de feu, j'accours... C'est comme ça ! Oui ça aurait pu mal finir et oui je me suis fait prendre par surprise... qu'est-ce que je peux vous répondre de plus... »

Impasse… le gérant avait été plus agressif dans sa réponse, comme une forme d’agacement qui le gagnait de minute en minute.  Le point de blocage était atteint et Angel n’en tirerait probablement plus rien à ce jour. La jeune ranger se leva, s’arrêta devant le miroir sans teint, son regard perçant comme pour essayer de le transpercer, de voir ce qui se cachait derrière. Elle avait beau tourner la situation dans tous les sens dans sa tête, elle était allée trop loin avec un homme exténué, semblant instable psychologiquement. Il ne lui restait qu’une chose à faire.

La jeune brune se déplaça jusqu’à la porte de la salle d’interrogatoire et ouvrit cette dernière. Elle se tourna vers le gérant, l’invitant dans la gestuelle à prendre congé.

« Vous pouvez partir Cole Hudson…. Essayez de vous reposer, de prendre soin de vous… Vous avez l’air d’en avoir besoin. »

« Donc si je synthétise,...»

Cole relevait la tête d’un air interloqué alors que la ranger se lançait dans un nouveau raisonnement.

« …vous avez demandé à mademoiselle Moore de rentrer dans votre bungalow pour se mettre à l’abri  par rapport à la prise d’otage qui venait de se dérouler je suppose, le temps de régler des affaires… J’imagine, que c’était des affaires en rapport avec les avocats présents ce soir-là ou même des consignes directionnelles à la direction des employés du parc n’est-ce pas ? »

Le jeune homme acquiesça brièvement. Pour le moment, il ne voyait pas tellement où elle voulait en venir. C’était en somme la vérité. Aussi, il écoutait attentivement et se contentait de suivre son cheminement de pensées qui semblait être à la fois un récapitulatif et un interrogatoire.

« Et quand fût arrivée l’heure de rentrer chez vous, vous avez entendu la détonation d’un pistolet et la seule idée qui vous est venue à l’esprit, VOUS qui vous êtes fait prendre en otage quelques dizaines de minutes plus tôt, a été de courir tête baissée dans ce bungalow. Vous n’avez même pas essayé de fuir loin… »

Il fronçait des sourcils, incertain de comprendre ce que ces propos voulaient réellement dire, alors qu’elle continuait. De quoi l'accusait-t-elle précisément ? De foncer tête baissée ? De stupidité ? Que comprenait-elle pas dans son acte ?

« J’imagine à cause de la présence de votre bien-aimée dans votre demeure. Dans cette demeure justement… Il y avait plusieurs personnes. Shaélynn y était puisque vous lui avez demandé d’y être. On peut alors imaginer qu’au moins une autre personne y était également présente. Monsieur Garland peut-être ? Suivant le moment où vous êtes arrivé sur place, ça pourrait concorder au niveau timing… mais ça mettrait de nouvelles hypothèses en avant comme, que faisait-il chez vous ? Était-il seul ou accompagné ? Qui a pu tirer le coup de feu ? Vous pensez que Shaélynn ait pu détenir une arme ? »

Des questions légitimes dont Cole n’avait pas entièrement les réponses. La dernière, qui le tourmentait le plus, l’irritait. Que cherchait-elle à prouver ? Que pouvait-elle réellement reprocher à Shaélynn ? Les accusations de Shivak étaient-elles suffisantes pour la lancer sur cette piste ? Il était sûr que c’était une piste qu’elle ne pouvait pas négliger mais aussi bien Shaé aurait pu très bien être enlever.

« Je ne sais pas... Je ne sais pas... Comment je pourrais savoir...? », dit-il d’un air agacé.
« Même une arme dont-vous n’auriez pas eu connaissance ? »
« Je ne sais pas, peut-être ne se sentait-elle pas en sécurité ici », déclarait-il cette fois d’un regard accusateur.
« Soit ! Quelqu’un a tiré et vous êtes entré et rien ! Personne !... Vous vous êtes alors rendu à l’étage et plus rien ! Quelqu’un arrive derrière vous et vous drogue avec une seringue. C’est pratique ! Personne à incriminer, personne à reconnaître. Était-ce Shaélynn Moore ? Une autre personne ?! »

Irrité, frustré et exténué, Cole se contentait de répondre un nouveau “je ne sais pas” accompagné d’un mouvement de tête. Il ne comprenait pas ce qu’elle essayait de lui reprocher et le traitait comme s’il était coupable. Angel frappait ses deux mains sur la table, comme si elle allait bondir d’un moment à l’autre et lançait sur un ton réprobateur :

« Qui d’autre Cole ! »

Gonflé à bloc par cette injustice et cet élan que ça lui procurait, il ne parvenait plus à se contenir. Il manquait à son tour de se lever. Son ton était désormais agressif et interrogateur.

« Mais de quoi vous m'accusez à la fin ? - lâchait-il promptement -  Qu'est-ce que vous attendez de moi ? J'entends un coup de feu, j'accours, c'est comme ça ! Vous auriez fait la même chose à ma place ! Vous ne me connaissez pas, vous ne savez pas ce que j'ai déjà fait pour ou à cause d'InGen ! Vous pensez peut-être que je suis arrivé où je suis aujourd'hui comment ? En me cachant et en fuyant ? » Il marquait une courte pause pour jauger la ranger avant de reprendre. « Vous pouvez m'accuser d'être courageux ou d'être stupide... J'entends un coup de feu, j'accours... C'est comme ça ! Oui ça aurait pu mal finir et oui je me suis fait prendre par surprise... Qu'est-ce que je peux vous répondre de plus... »

L’agacement et la fatigue gagnait encore du terrain et appuyait lourdement sur les épaules du gérant qui après cet éclat de colère s’affaissait légèrement sur sa chaise. Angel semblait alors elle aussi las de cette interrogatoire qui n’allait plus nulle part. La jeune brune se leva et se déplaça jusqu’à la porte de la salle d’interrogatoire et ouvrit cette dernière. Elle se tourna vers le gérant, l’invitant dans la gestuelle à prendre congé.

« Vous pouvez partir Cole Hudson…. Essayez de vous reposer, de prendre soin de vous… Vous avez l’air d’en avoir besoin. »

Est-ce que c’était un piège ? Est-ce que cela clôturait toute cette histoire ou est-ce que cela l'incriminerait davantage ? Cole restait un instant béat avant de finalement se lever à son tour. Il toisait la ranger comme si elle allait lui annoncer une mauvaise blague et lui faire une clé de bras derrière pour l’embarquer. Il n’en était rien. Au contraire, elle semblait même s’impatienter de sa lenteur et donc il accélérait le pas pour ne pas se retrouver à nouveau bloqué dans cette salle devenue torture. Cette dernière lui donnait un relent désagréable, un air de déjà vu qu’il ne pouvait pas expliquer. Elle lui donnait une étrange sensation qui parcourait sa colonne vertébrale jusqu’à sa nuque, jusque derrière ses oreilles. Un froid intense et mordant qui lui hérissait les poils. Cole n’était pourtant pas claustrophobe mais cette pièce le mettait mal à l’aise. C’était seulement en en sortant qu’il s’en rendit réellement compte. Plus que l’aspect “espace confiné”, c’était ces murs ternes et maussades, d’un ennui terriblement désoeuvrant. C’était cette facilité déconcertante avec laquelle on simplifiait l’utilisation de cette salle. Une pièce vide destinée à une seule fonction : l'interrogatoire.

Cole s’arrêtait et d’un air navré il se tournait vers la ranger.

« Je suis sincèrement désolé de ne pas pouvoir plus vous aider. J’espère que vous retrouverez ce fumier. »

Où est Shaélynn ? Est-elle encore en vie ? Est-elle avec Shivak ?

Il secouait la tête pour effacer ses pensées et se contenir encore un peu. Angel se contentait d'acquiescer, toujours avec cet air peu convaincu. Cette pièce était austère. L’était-elle à cause des personnes qui l’occupaient ? Ou bien à cause de ce gris d’un anthracite qui la rendait neutre ? Et tout le reste du temps, est-ce qu’elle avait une autre utilité ? Probablement pas. Non, on affectait une pièce dès le début de son existence sur un plan. Et finalement, est-ce qu’il en était de même pour les Hommes ? Est-ce qu’on entrait nous aussi dans des cases dans lesquelles on nous mettait sans nous demander notre avis dès notre plus jeune âge ? Ou est-ce qu’on y entrait sans même s’en rendre compte au fur et à mesure des décisions qu’on prenait tout au long de notre vie ? Qui définissait ces cases ? Est-ce qu’elle se formait toute seule à mesure que l’Homme évoluait technologiquement et culturellement ? Les peuples sans hiérarchie et sans chef se comptaient sur les doigts d’une seule main. Est-ce qu’ils ont eux aussi “des cases” ? Ceux sans aucune religion n’existaient tout simplement pas. Alors est-ce que ces cases étaient définies par une puissance divine avec un excel et un complexe de l’organisation sur-développé ? Est-ce que c’était ça, la volonté du Divin ? Est-ce que le dessein de Dieu ne serait pas seulement une excuse utilisée lorsque quelque chose n’avait pas d’explication ? Ou bien est-ce que tout ça était la cause d’un mania du contrôle ? Est-ce qu’un simple humain pouvait être derrière tout ça ? Le capitalisme sous sa forme la plus celestiale dont le profit serait totalement inconnu encore aujourd’hui. La manufacture de l’homme à l’échelle astronomique.

Cole sortait ainsi de ce bâtiment en se posant la question que tout humain se poserait dans sa situation : “Pourquoi ? Pourquoi tout ça m’arrive à moi ?”

À qui s’adressait cette question pour quelqu’un qui n’avait aucune croyance religieuse ? L’univers ? Une entité quelconque, dans le doute d’une potentielle existence divine ? À soi-même ?

Il n’en savait rien. Comme la plupart des gens sur cette planète. Il se contentait de la poser et de la subir.
Pourquoi est-ce qu’elle l’avait abandonné ? Pourquoi n’était-il pas arrivé plus tôt dans son bungalow ? Pourquoi n’avait-il pas réussi à la retenir ? Pourquoi devait-elle partir si brusquement ? Pourquoi n’avait-elle pas cherché une autre solution ? Pourquoi est-ce que tout devait finir ainsi ?

Pourquoi ?

L’homme semblait surpris du dénouement de cet entretien. La lenteur de son déplacement, son air hébété donnait l’impression qu’il s’attendait à un revirement de situation qui pourrait lui causer du tort et qui serait à l’avantage de la jeune femme. Comme elle l’avait annoncée, l’interrogatoire était terminé, cela n’apporterait rien de plus que de le garder ici ce jour. Le temps de réaction du gérant faisait perdre son temps à la ranger qui commençait à s’impatienter sur le seuil de la porte. La crispation des muscles du visage de la jeune brune suffit à Cole pour se lever et accélérer le mouvement vers son échappatoire.

Sur le fils de son départ, l’homme s’arrêta quelques secondes et annonça doucement d’un air navré : « Je suis sincèrement désolé de ne pas pouvoir plus vous aider. J’espère que vous retrouverez ce fumier.»

Seule réponse d’Angel fût un signe de la tête peu convaincu par cet interrogatoire et par sa conclusion.

La Ranger fermait la porte de l’austère salle d’interrogatoire tandis que le gérant s’éloignait, l’air épuisé. La jeune femme regagna son bureau. L’heure du rapport de situation avait sonné. La jeune brune s’installa derrière son ordinateur de bureau. Le jour commençait à se lever et un filet de soleil nappant la cime des arbres traversait la grande fenêtre de la pièce pour venir s’écraser dans le dos de l’américaine. Des rapports, elle en avait déjà fait des tonnes… cela lui rappelait doucement ses quelques années passées en tant qu’agent fédéral des Etats-Unis au NCIS. L’exercice n’était pas si différent sur un parc de loisir. Il y avait seulement moins de meurtres à résoudre mais Isla Nublar avait tout de même sa dose d’intrigue qui la rendait intéressante.

Quelque chose dit durant la réunion chiffonnait la jeune Ranger. Il fallait qu’elle vérifie une information avant de passer à la rédaction de son rapport. Dans la barre de recherche de l’ordinateur, qui lui permettait accéder au serveur local des rangers et de toutes les opérations et rapports qu’il contaminait, Angel cherchait un fichier faisant état du décès de l’ancien président d’InGen, John Hammond. Lorsqu’elle trouva le fichier qui semblait correspondre, elle l’ouvra avant de tomber des nues :


Ce que la ranger voyait la rendait mal à l’aise. Comment ça la cause du décès du responsable d’InGen est classifiée. Pour elle qui avait désormais les accréditations nécessaires pour consulter les activités des rangers. Du moins elle le pensait… Elle mettrait cette affaire au clair plus tard. Il était maintenant venu le temps de remplir de nouveaux rapports.

Devant une page de traitement de texte vierge, l’interrogatrice commençait à taper frénétiquement sur son clavier afin de retranscrire au mieux les évènements.

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Lieu : Isla Nublar.
Rapporteur : Angel Harlowe, Chef de la section Ranger du Jurassic Park.

Presque un mois après les attentats qui ont secoués InGen et l’ile d’Isla Nublar, une réunion élective demandée par InGen suite à la dissolution de son conseil d’administration, la mort de son PDG John Hammond, et dirigée par Ed Regis (Avocat et représentant d’InGen) a été conduite le 28 janvier 2013 au soir dans la salle de réception du Jurassic Hôtel.

Environ trois heures de discours présentant les problèmes inhérent au parc, comme la gestion du virus qui s’était déclaré au sein de quelques populations de dinosaure de l’île, à la gestion des dinosaures encore en liberté jusqu’à l’exposition des chiffres trimestriels et les problèmes inhérents au poste de PDG que pourraient subir les futurs candidats à l’élection.

Au moment où un avocat d’InGen a ouvert les candidatures, un homme dénommé Shivak Garland, ex-PDG d’InGen, est monté sur scène pour se porter candidat. Une grande partie de l’audience est devenue instantanément menaçante et posant un problème de sécurité immédiat envers le candidat fraichement volontaire, je me suis identifiée à l’auditoire et utilisé la persuasion par dissuasion afin de rétablir le calme et la sécurité au sein de la salle. J’ai également invité Shivak Garland à se présenter et exposer ses projets pour InGen et le parc.

Un homme répondant au nom de Docteur Carson McGeady a pris la parole pour proférer quelques assertions insignifiantes et mensongères à l’encontre de la direction d’InGen, de son personnel et de son service de sécurité.

Le chef de la section des Paléontologues, Marcos Shannon, a pris la parole à la suite dans un discours accusateur à l’encontre de M.Garland concernant une affaire de Mosasaurus ayant possiblement appartenu à une organisation terroriste et sur des faits d’espionnages pour La Chimère ou Biosyn.

Shivak Garland a répondu aux accusations, confirmant la présence de deux Mosasaurus dont l’un fut capturé et abattu.  Il s’agissait apparemment d’une affaire confidentielle dont Marcos Shannon n’aurait pas dût avoir connaissance d’après M.Garland.  Ce dernier a accusé M.Shannon de l’homicide par négligence de Brandon Colomes, soigneur au parc, d’être un espion de la chimère, et a fait procéder à son arrestation illégale.  Shivak Garland a par la suite décrit ses projets pour InGen et le Jurassic Park à l’auditoire avant de proférer une accusation de meurtre de l’ancien PGD d’InGen sans donner de nom concernant un éventuel assassin.  

Un homme parmi les employés, prit la parole pour dénoncer le discours de M.Garland et ses actions périlleuses et illicites.
Ed Regis prit la parole à la suite pour recentrer le débat sur l’élection du nouveau PGD d’InGen et émettant le souhait à ce que ce dernier se close rapidement.  

Face à la non réaction des employés du parc et à la menace d’une élection par défaut de M. Garland au plus haut poste de l’entreprise, j’ai dénoncé auprès de l’auditoire les agissements illégaux du premier candidat et ait présenté ma candidature.
Le Docteur McGeady a repris la parole pour discréditer ma candidature, proférer de fausses accusation d’espionnage pour la chimère et de non-appartenance à InGen par la preuve d’un dossier numérique qui n’existerait pas ainsi que des menace envers la haute chaine de responsabilité de la sécurité, moi-même.

Le gérant parc à ce jour, monsieur Cole Hudson, prit la parole à la suite, discréditant toutes les paroles et actions de M.Garland, l’accusant d’avoir agressé physiquement monsieur Terrence McTaylor, argumentant ses projets pour l’entreprise avant de lui-même déposer sa candidature au poste de PDG d’Ingen puis d’inviter les employés présents au vote.

C’est à ce moment que M.Garland sorti une arme à feu, probablement un 9mm, et prit en otage M.Hudson. Tous les rangers présents dans la salle avaient dégainés leur arme de service et tenaient en joug l’individu hostile. Il était impossible de neutraliser l’individu sans porter atteinte au gérant du parc. M.Garland à clamer son innocence tout en se déplaçant vers une sortie de secours. A proximité immédiate de la porte,  M.Garland a accusé une certaine Shaélynn Moore du meurtre de John Hammond. Profitant probablement d’une baisse de vigilance, l’individu armé se propulsa avec M.Hudson à l’extérieur du bâtiment avant de verrouiller l’issue.  

J’ai immédiatement donné l’ordre aux Rangers de se mettre à la recherche de Shivak Garland en vue de son arrestation puis, j’ai rejoint le gérant à l’extérieur qui se tenait seul à proximité du lieu où avait fui M. Garland. J’ai pris connaissance de l’état de santé du gérant puis je suis parti à la poursuite du fugitif dans la direction que m’a fourni M.Hudson.

J’ai progressé dans la jungle jusqu’à arriver à une route permettant d’une part d’atteindre les bungalows des employés et d’autre part de joindre le port d’Isla Nublar. Dans la mesure où je poursuivais un fugitif, j’ai pris la direction du port. J’ai retrouvé sur place, une équipe qui faisait une ronde de surveillance et que j’ai décidé de donner l’ordre de mettre tous les effectifs de l’île en état d’alerte et de donner carte blanche pour retrouver Shivak Garland. J’ai ensuite rejoins le Jurassic Hôtel où j’ai pris connaissance de la nomination d’un nouveau PDG à la tête de l’entreprise.

J’ai reçu un sms du gérant du parc me demandant de le retrouver au plus vite à son bungalow ce que je fis. Lorsque que je suis arrivé au logement du gérant du parc, je n’ai reçu aucune réponse après m’être annoncée et la porte d’entrée n’était pas verrouillée. J’ai dégainé mon arme et je suis entré dans le logement pour sécuriser les lieux. J’ai découvert un impact de balle dans l’encadrement de la porte de la chambre au premier étage dont la porte était tirée. J’ai ouvert doucement la porte et ai découvert le gérant probablement drogué sur le lit au milieu de la chambre qui avait été retournée.  

J’ai immédiatement dépêché une équipe médicale sur place pour porter assistance. A l’arrivée du l’équipe médicale, j’ai pris des photos de la scène de crime et récupéré quelques indices avec le matériel stérile à disposition puis j’ai quitté les lieux.  
J’ai appris quelques heures plus tard qui des vêtements ensanglantés de Shivak Garland ont été retrouvé dans la mer, au pied d’une falaise et sans corps. Il est pour le moment porté disparu.

Fin du rapport

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Angel ne voyait pas l’utilité de notifier la fuite de Cole Hudson, quasiment à poil, de l’infirmerie du parc si ce n’ai pour l’humilier dans un rapport auquel il pourrait lui aussi avoir accès. Cette petite omission qui relevait plutôt d’un acte de morale ne ferait aucun mal à qui que ce soit…

Il était désormais temps d’écrire le second rapport. Celui de l’interrogatoire qui ouvre et alimentera l’enquête qui vise le gérant du parc Cole Hudson, le chef de section des paléontologues Marcos Shannon, l’autre crétin d’informaticien Carson McGeady, l’ancienne responsable de la section des Rangers Emma Beckett, Shivak Garland et Shaélynn Moore cheffe de section des paléobotanistes.

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Lieu : Salle d'interrogatoire du QG des Rangers sur Isla Nublar
Interrogateur : Angel Harlowe, Chef de la section Ranger du Jurassic Park

L’interrogatoire de Cole Hudson fait suite à la prise d’otage réalisé par Shivak Garland (ex-gérant du Jurassic Parc) lors de l’élection du nouveau PDG d’Ingen, de l’arrestation non autorisée de Marcos Shannon (Responsable des paléontologues) orchestrée par Shivak Garland, aux déclarations de Shivak Garland de soupçons d’assassinat envers John Hammond par Shaélynn Moore (Responsable des paléobotaniste), de la fuite de Shivak Garland et de la disparition de Shaélynn Moore . Cole Hudson a été retrouvé  inconscient quelques heures auparavant dans son bungalow, probablement drogué. Un coup de feu a probablement été tiré. Une balle et une douille de 9mm ont été retrouvées.

L’interrogatoire a été filmé et ne sera donc pas retranscrit à l’identique. Ce rapport mentionne principalement les questions qui ont été abordée, l’état d’esprit de l’interrogé ainsi que les conclusions. L’interrogé a été informé de ses droits à se faire assister d’un avocat.

Biosyn est une entreprise de génétique concurrente à InGen et K-C ou la Chimère serait une sorte de secte fanatique. Le gérant n’a aucune idée de ce que cherchait K-C lors des attentats ou pourraient encore chercher aujourd’hui sur Isla Nublar.

Questionné sur Marcos Shannon, le responsable des paléontologues arrêté illégalement lors de l’élection du nouveau PDG d’InGen, le gérant décrit quelqu’un d’intègre, appliqué et qui ne causerait probablement aucun tort à l’entreprise. Il est possible, d’après les dires du gérant que M.Garland aurait cherché à l’évincer pour une raison qui est inconnu du premier.

En ce qui concerne Emma Beckett, précédente responsable des rangers, il semblerait qu’elle entretienne une relation amoureuse avec Shivak Garland. Ce dernier se serait possiblement servit de sa proximité avec l’ancienne n°1 des Rangers pour obtenir des informations sur la sécurité du parc. De par ses antécédents et de ce que rapporte le gérant du parc, il est peu probable qu’Emma Beckett ait une quelconque implication dans l’arrestation illégale de Marcos Shannon.

Carson McGeady, informaticien, un margoulin qui ne serait apparemment pas une personne digne de confiance et supporte Shivak Garland avec beaucoup de ardeur ce qui mériterait une enquête interne et approfondie le concernant pour vérifier son éventuel lien avec Biosyn ou K-C.

Shivak Garland serait probablement affilié à K-C d’après le gérant. L’homme aurait agressé physiquement Terrence McTaylor et Cole Hudson fournira une preuve vidéo de cette agression. M.Garland aurait également agressé physiquement Shaélynn Moore. D’après les dires du gérant, M.Garland n’aurait posé que des problèmes à l’entreprise durant son mandat de gestionnaire.

Pour assurer sa défense et prouver son innocence, Shivak Garland a, durant l’élection du nouveau PDG d’InGen, fait mention d’Elina Moldovan. D’après M.Hudson, cette femme serait talentueuse, exemplaire mais serait dotée d’un égo surdimensionné. Quelques zones d’ombres semblent entourer cette femme et apparemment, une affaire louche concernerait une pochette récupérée sur Isla Sorna en octobre 2012. Le gérant ne semble pas connaitre sa localisation actuelle mais, une entrevue avec Mme Moldovan pourrait être autant bénéfique que nécessaire pour éclairer cette enquête.

Enfin, concernant Shaélynn Moore, conjointe de Cole Hudson et responsable des paléobotanistes, elle serait décrite comme une employée exemplaire et fidèle à InGen. Il semblerait que Mme Moore ait eu quelques suspicions envers M.Garland. Elle aurait supposément subit du chantage de la part de l’ancien gestionnaire d’InGen d’après Cole Hudson. Concernant le coup de feu entendu dans le bungalow de M.Hudson et Mme Moore, le gérant n’a aucune idée de qui aurait pu le tirer mais n’écarte pas non plus l’idée que Mme Moore ait pu posséder une arme à feu, possiblement pour se protéger. Concernant la mort de John Hammond le gérant la pense incapable d’avoir pu l’assassiner. La cause du décès de John Hammond étant classifiée, Shaélynn Moore pour le moment innocente jusqu’à preuve du contraire. Un entretien serait néanmoins nécessaire pour éclairer cette enquête.

Shaélynn Moore est introuvable sur l’île pour le moment, le gérant suppose que sa disparition soudaine pourrait être liée à Shivak Garland et qui s’agirait d’un enlèvement orchestré lors de la fuite de ce dernier.

Fin du rapport

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Angel respira profondément après avoir terminé ses deux rapports. Une nouvelle tâche réalisée avec succès ! Maintenant, l’enquête pouvait sérieusement débuter. Elle n'avait été responsable de la section des Rangers que depuis la démission surprise de sa prédécesseure, Emma Beckett, moins d'un mois auparavant mais elle prenait toutes ses nouvelles attributions avec le sérieux qu’exigeait sa fonction. C’était une chance pour elle d’accéder à un poste de cette importance aussi rapidement dans l’entreprise, elle qui avait toujours rêvé de diriger sa propre équipe. Son passé chez les fédéraux y avait probablement été pour quelque chose…

Toc ! Toc ! Toc !

Le regard circonspect de la jeune femme se porta sur la porte d’entrée. Deux ombres, deux hommes pénétrèrent dans le bureau de la jeune leadeur. L’un d’eux, un dossier en papier craft, précieusement gardé dans ses bras. Le visage sévère des deux hommes n’annonçait probablement rien de bon pour le futur. Angel qui avait levé les yeux de son écran, fixait maintenant intensément les nouveaux arrivants.

La Ranger se leva, soutenant le regard de ses messieurs, les mettant au défi avant de briser le silence d’un ton autoritaire « Messieurs, que puis-je faire pour vous? »

L’homme asiatique, respirant l’autorité, referma doucement la porte derrière lui. « Je me présente, Katashi Hamada et voici Maître Regis que vous connaissez probablement déjà. Angel, je me suis renseigné sur vous depuis que vous êtes arrivée. Vous avez accompli un travail honorable en tant que responsable des Rangers à la suite de madame Beckett depuis ces quelques semaines plutôt difficiles, mais je pense qu'il est temps d'apporter un changement. »

Le cœur d'Angel s'emballa, une inquiétude grandissait en son sein. « Un changement? Qu'entendez-vous par là? »

Katashi s'installa dans le siège en face du bureau d'Angel, prenant une profonde inspiration avant de continuer. « À partir d'aujourd'hui, je prends la responsabilité de la section des Rangers. Vous êtes relevée de vos fonctions. »

Le choc figea momentanément Angel. A peine avait-elle été à la sécurité du parc, et voilà qu'on la destituait sans avertissement. « Sur quelles bases me relevez-vous de mes fonctions? J'ai fait de mon mieux pour assurer la sécurité du parc depuis que Mademoiselle Beckett a quitté ses fonctions après les attentats. »

Hamada esquissa un sourire subtil à la limite du sadisme. « C'est une décision qui vient d'en haut, Angel. Nous avons besoin d'un nouveau regard, de nouvelles stratégies. Je suis ici pour mettre en place des changements significatifs. »

La Ranger sentait une violente colère monter en elle, mais elle la réprima. « Et qui a pris cette décision? »

« Le nouveau PDG d’InGen Handréas Lucio de Garden, le conseil d'administration, en collaboration avec les actionnaires majoritaires. Ils pensent qu'il est temps d'explorer de nouvelles pistes pour assurer la pérennité du parc. »

Ces personnes n’avaient donc aucune confiance en elle, en ses compétences pour la remiser ainsi au placard ?! Pouvait-elle se battre ou était-ce peine perdu ? Angel lança un profond soupir.

« Je m'attends à ce que la transition se fasse en douceur. Vous serez rétrogradé au retournerez au rang d'agent au sein de la section des Rangers. »

Les paroles de Katashi résonnaient dans la pièce comme un verdict inexorable. Elle était vaincue. La Reine est morte, vive le Roi ! Angel acquiesça, masquant difficilement sa déception. « Bien sûr, Monsieur Hamada. Je ferai en sorte que tout soit en ordre pour la transition. »

L’avocat, qui se tenait à l’écart depuis le début de l’entrevue, s’approcha du bureau pour y déposer le dossier qui tenait. Les deux hommes prirent ensuite de chemin de la sortie. Sur le seuil, Hamada lança à la désormais ex-responsable « Vous avez jusqu’à demain pour rassembler et mettre en ordre vos affaires agent Harlowe ! » avant de définitivement quitter la pièce.

Le regard dans le vide, elle tourna lentement la tête vers l’immonde dossier sur son bureau. Elle le prit, parcourant distraitement les pages qui officialisaient sa rétrogradation au sein de l'équipe des Rangers.

Elle avait beau être une femme forte, des larmes silencieuses commençaient à noyer ses yeux couleurs ébène tandis qu’elle commençait doucement à débarrasser les lieux.